Comédie dramatique/Une belle histoire émouvante, humaniste et universelle
Réalisé par Shubhashish Bhutiani
Avec Adil Hussain, Lalit Behl, Geetanjali Kulkarni, Palomi Ghosh, Navnindra Behl, Anil K. Rastogi...
Long-métrage Indien/Britannique
Titre original : Mukti Bhawan
Durée : 01h42mn
Année de production : 2016
Distributeur : Jupiter Films
Date de sortie sur nos écrans : 2 mai 2018
Résumé : Daya, un vieil homme, sent que son heure est venue et souhaite se rendre à Varanasi (Bénarès), au bord du Gange, dans l'espoir d'y mourir et atteindre le salut. A contrecœur, son fils Rajiv l'accompagne, laissant derrière lui son travail, sa femme et sa fille.
Arrivés dans la ville sainte, les deux hommes louent une chambre à l'Hôtel Salvation, un endroit réservé aux personnes en fin de vie. Mais le temps passe et Daya ne montre pas de signe de fatigue. Or le directeur de l'établissement a été formel : au bout de quinze jours, ils devront laisser la place aux nouveaux arrivants. Cette attente inopinée est enfin l'occasion pour le père et son fils de se connaître et de se comprendre.
Hotel Salvation n'est pas une question de mort, mais de vie et de relations qui font de nous ce que nous sommes.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : HOTEL SALVATION semble nous parler de la mort, mais en réalité son sujet est bien la vie. Celle sur sa fin et celle qui se profile dans la continuité.
Le réalisateur, Shubhashish Bhutiani, avait seulement 26 ans lorsqu'il a tourné ce film et sa sensibilité aussi bien que sa réflexion sur l'acceptation et la transmission face à la mort est surprenante. Il prend le temps de paver image après image, situation après situation, mot après mot, le chemin lumineux vers la mort et l'espoir pour la vie qui continue.
Ce long-métrage a une empreinte culturelle extrêmement forte. Elle nous fait formidablement voyager, cependant certaines symboliques nous échappent, ce qui est frustrant, car on voudrait toutes les comprendre afin de se laisser encore plus envahir par l'émotion qui nous étreint. La beauté des paysages et des célébrations trouvent encore plus d'écho au son de la musique qui les accompagne, habilement, avec force. C'est presque une expérience sensorielle que le réalisateur nous propose par instant. Pas de grandes révélations, pas de pic dramatique, c'est tout en subtilité que le scénario déroule cette histoire. Bien que l'émotion soit présente, l'humour, lui, ne se fait pas oublier et apporte par petites touches une légèreté qui n'enlève rien au message de fond.
Les acteurs sont touchants. Le père, Daya, est interprété par Lalit Behl. Il fait ressortir la joie de vivre de son personnage qui ressent plus fort chaque instant qu'il sait probablement être le dernier.
Son fils, Rajiv, est interprété par Adil Hussain. Cet acteur sait nous faire ressentir le stress de la vie qui engloutit son personnage et son jeu par rapport à l'évolution à petit pas de son protagoniste est remarquable.
Geetanjali Kulkarni interprète Lata, la femme de Rajiv. Avec Adil Hussain, elle forme un duo convaincant et crédible de couple marié depuis longtemps et qui se titille sans cesse.
Palomi Ghosh personnifie la jeunesse ainsi que le changement. Elle est radieuse dans le rôle de Sunita, la fille de Rajiv et la petite-fille de Daya. L'interaction de son personnage avec les deux hommes est réaliste. Le grand-père a une relation privilégiée avec sa petite fille contrairement au père qui est préoccupé par son avenir et son éducation.
HOTEL SALVATION est une ode à la vie. Elle est humaniste et complètement universelle. Je vous le conseille absolument si vous aimez les films émouvants, à la sensibilité exacerbée, qui prennent le temps de poser leur belle histoire.
Le réalisateur, Shubhashish Bhutiani, avait seulement 26 ans lorsqu'il a tourné ce film et sa sensibilité aussi bien que sa réflexion sur l'acceptation et la transmission face à la mort est surprenante. Il prend le temps de paver image après image, situation après situation, mot après mot, le chemin lumineux vers la mort et l'espoir pour la vie qui continue.
Ce long-métrage a une empreinte culturelle extrêmement forte. Elle nous fait formidablement voyager, cependant certaines symboliques nous échappent, ce qui est frustrant, car on voudrait toutes les comprendre afin de se laisser encore plus envahir par l'émotion qui nous étreint. La beauté des paysages et des célébrations trouvent encore plus d'écho au son de la musique qui les accompagne, habilement, avec force. C'est presque une expérience sensorielle que le réalisateur nous propose par instant. Pas de grandes révélations, pas de pic dramatique, c'est tout en subtilité que le scénario déroule cette histoire. Bien que l'émotion soit présente, l'humour, lui, ne se fait pas oublier et apporte par petites touches une légèreté qui n'enlève rien au message de fond.
Les acteurs sont touchants. Le père, Daya, est interprété par Lalit Behl. Il fait ressortir la joie de vivre de son personnage qui ressent plus fort chaque instant qu'il sait probablement être le dernier.
Geetanjali Kulkarni interprète Lata, la femme de Rajiv. Avec Adil Hussain, elle forme un duo convaincant et crédible de couple marié depuis longtemps et qui se titille sans cesse.
Palomi Ghosh personnifie la jeunesse ainsi que le changement. Elle est radieuse dans le rôle de Sunita, la fille de Rajiv et la petite-fille de Daya. L'interaction de son personnage avec les deux hommes est réaliste. Le grand-père a une relation privilégiée avec sa petite fille contrairement au père qui est préoccupé par son avenir et son éducation.
HOTEL SALVATION est une ode à la vie. Elle est humaniste et complètement universelle. Je vous le conseille absolument si vous aimez les films émouvants, à la sensibilité exacerbée, qui prennent le temps de poser leur belle histoire.
Copyright Photos @ Jupiter Films
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Mot du distributeur
Depuis très longtemps, l’Inde nous enrichit de sa spiritualité, de ses traditions millénaires, de sa musique et de ses danses, de son raffinement gastronomique, des pratiques de bien-être comme le Yoga, l’Ayurveda, etc, etc.
La liste est si longue… et tellement positive ! Lorsque nous avons découvert HOTEL SALVATION ce fût un coup de foudre pour ce bijou précieux qui véhicule toute la complexité du pays avec une légèreté impressionnante par rapport aux thèmes traités.
Comme toutes les oeuvres distribuées par Jupiter, ce nouveau film nous fait du bien. Il montre que la mort est l’aboutissement naturel d’une vie vécue sereinement et en harmonie avec la famille incluant toutes les générations. HOTEL SALVATION nous invite aussi à ne pas négliger les relations avec nos concitoyens, et à vivre dans le respect des traditions en restant ouvert au progrès et aux technologies. Ce film écrit et réalisé par Shubhashish à seulement 26 ans expose son plus important message, l’Amour, ce ciment de notre passage sur Terre, avec une clarté et une simplicité cristalline.
Dans notre monde cartésien, très matérialiste, à une époque qui voit s’éclipser les certitudes les plus ancrées, ce film est une perspective d’espoir, de courage et de sagesse.
Jan Roelof
Le mot du réalisateur
Lorsque j’ai entendu parler de ces hôtels à Vârânasî (Bénarès), j’ai dû me rendre sur place pour y croire. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre d’un lieu où les clients viennent dans l’espoir de trouver la mort.
À ma grande surprise, ces hôtels étaient tous très modestes, s’intégrant parfaitement au décor de la ville, cachés entre deux allées, parfois difficiles à trouver, avec chacun son propre règlement qui régissait l’ensemble tel un microcosme. Mais la véritable surprise venait des conversations que j’entretenais avec les clients, lorsque j’apprenais leurs histoires respectives.
L’une de ces histoires, celle d’un fils qui dut accompagner son père pour ses derniers jours, a changé ma perception de ces hôtels. J’ai compris que l’Hotel Salvation n’était pas un lieu à proprement parler, mais un endroit façonné par les relations qu’entretenaient ses habitants. Alors que le film aurait pu s’intéresser à n’importe quel client de l’hôtel, Hotel Salvation traite de l’impact de ce lieu sur une famille. Le film explore l’idée de la libération de l’âme et de sa signification au travers de trois générations différentes, à commencer par le patriarche.
Ironiquement, Hotel Salvation n’est pas une question de mort, mais de vie et de relations qui font de nous ce que nous sommes, dans une ville où la mort est parfois vue comme faisant partie intégrante des choses, et parfois même comme une célébration.
Vârânasî (Bénarès)
HOTEL SALVATION se traduirait par Hôtel
du Salut. Le salut est une notion spirituelle qui signifie «
délivrance et libération ». Le croyant qui possède le salut se
trouve ainsi délivré et libéré du péché, de l’insatisfaction
et de la condamnation éternelle (enfer). Il bénéficie d’une
relation avec Dieu et a ainsi accès au paradis. La notion de salut
est présente dans le christianisme, le judaïsme, l’islam,
l’hindouisme et le bouddhisme.
La région de Vârânasî
(anciennement Bénarès) est la destination de pèlerinage de
prédilection des hindous de tous âges. Vârânasî est une des
villes les plus anciennement habitées du monde. Les hindous croient
que celui qui a la chance de mourir sur les terres sacrées de
Vârânasî atteint le salut et la libération du cycle de
réincarnations (Samsara).
Les origines de Vârânasî, demeure de
Shiva et Parvati, sont à ce jour encore inconnues. Il est dit que
l’eau du Gange traversant Vârânasî a le pouvoir de laver les
mortels de leurs péchés.
On raconte que le Gange prend sa source
dans la chevelure de Shiva et en traversant Vârânasî devient le
fleuve sacré que nous connaissons. La ville est un centre de culture
et de civilisation depuis plus de 3000 ans. Avec Sarnath, à 10 km,
le lieu où Bouddha fit son premier sermon après avoir atteint
l’illumination, Vârânasî a été le symbole de la renaissance de
l’hindouisme. Connaissance, philosophie, culture, dévotion aux
dieux, arts indiens et artisanat y ont prospéré pendant des
siècles. Également un lieu de pélerinage pour les Jaïns, on dit
que Vârânasî est le lieu de naissance de Parsavanath, le 23ème
Tirthankar.
Le Vishnouisme et le Shivaïsme ont coexisté à Vârânasî
en harmonie. Avec ses nombreux temples, Annie Besant a choisi
Vârânasî comme berceau de sa “Société Théosophique” et
Pandit Madan Mohan Malviya y a instauré l’Université Hindoue de
Bénarès, la plus grande université d’Asie. Il est dit que
l’Ayurveda est originaire de Vârânasî et qu’elle est à la
base des médecines scientifiques modernes, comme la chirurgie
plastique ou l’arithmétique. Maharshi Patanjali, le précepteur de
l’Ayurveda et du Yoga est également associé à la ville sacrée
de Vârânasî.
La ville est également connue pour son commerce, et
particulièrement pour sa soie fine et ses brocarts d’or et
d’argent depuis ses premiers jours. La ville est également un
centre d’apprentissage depuis ses origines. Elle est généralement
associée à la spiritualité, au mysticisme, au Sanskrit, au yoga, à
l’Hindi et à de nombreux auteurs reconnus, comme les grands
romanciers Prem Chand et Tulsi Das, le poète saint à qui l’on
doit Ram Charit Manas. Définie avec justesse comme étant la
capitale culturelle de l’Inde, de nombreuses activités culturelles
se sont développées au sein de la ville.
De nombreuses formes de
musiques et de danse ont vu le jour à Vârânasî. Le maître
sitariste internationalement connu, Ravi Shankar, et le maestro du
shehnai, Ustad Bismillah Khan sont tous deux originaires de cette
ville sacrée.
Interview du réalisateur
Quels sont les thèmes centraux de
votre film ?
Le thème important pour moi était
d’abord la libération. Il y a la libération spirituelle du père,
la libération plus matérielle du fils, prisonnier de son travail et
de la technologie, et la libération de la petite fille vis à vis de
la tradition, en choisissant de se marier par amour et de travailler.
La réconciliation est aussi un thème
central. À la fin votre vie, vous avez tendance à penser à toutes
les erreurs que vous avez pu faire. En Inde, et d’autant plus à
Vârânasî, c’est important de se délivrer de ces choses-là et
de se réconcilier, et c’est exactement ce que cette aventure
permet au père et son fils.
Le film évoque également les conflits
entre monde moderne et traditions. L’Inde n’a pas encore trouvé
l’harmonie entre le respect des traditions ancestrales,
représentées dans le film par le père et la ville sainte, et le
monde toujours plus moderne, sur-connecté et capitaliste, représenté
par le fils et la petite-fille.
Hotel Salvation touche toutes les
générations et c’est essentiellement un film sur la vie, la
famille et l’amour dans toutes ses dimensions.
Comment le film a-t-il été reçu en
Inde ?
En Inde, les films qui restent à
l’affiche sont des gros blockbusters hollywoodiens ou
Bollywoodiens. Je me suis dit que si mon film tenait deux semaines,
je serais content. Il a tenu cinq semaines dans les salles et n’a
eu que des bonnes critiques et un excellent bouche à oreille. J’ai
voulu faire un film qui toucherait tout le monde, en espérant qu’en
sortant de la salle, les spectateurs éprouvent l’envie d’appeler
leur famille.
Comment est née l’histoire du film ?
Après mes années d’école de cinéma
à New-York, je voulais réaliser mon premier long-métrage en Inde.
En rentrant chez moi, j’ai décidé de me rapprocher de ma famille
que j’avais l’impression de ne plus connaître, puis de renouer
avec mon pays en voyageant du sud de l’Inde jusqu’à Vârânasî
(Bénarès). C’est là que j’ai découvert les hôtels du Salut
où les mourants louent une chambre pour 15 jours et repartent chez
eux s’ils ne sont pas morts entre temps. Je n’en revenais pas que
cela puisse exister. Et j’ai décidé d’écrire un film
là-dessus.
Adil Hussain est un acteur très connu.
Comment avez-vous réussi à l’engager sur le film ?
Mon père qui
est l’un des producteurs du film a réussi à le contacter et lui a
pitché l’histoire. Adil a accepté de me rencontrer autour d’un
thé. Je lui ai dit « Je n’ai pas fini le scénario, mais voilà
le film que je veux faire et voilà ton personnage. On tourne dans
deux mois, non négociable ». C’est un homme très philosophique,
et après dix minutes, il m’a dit « Envoie-moi le script une fois
terminé et faisons-le ». J’étais très heureux, et il a été
d’un grand soutien.
En Occident, la mort est pour beaucoup
un sujet tabou. Comment est-elle perçue en Inde ?
C’est dur à dire car on est 1.3
milliards d’habitants en Inde et chacun a sa propre philosophie et
sa propre religion, donc je parlerai spécifiquement de Vârânasî
où nous avons tourné le film.
C’est un endroit magnifique pour
explorer la mort, peut-être le lieu le plus approprié pour cela.
Les enfants vont à l’école et croisent les morts au quotidien
sans être dérangés. C’est tellement inhérent à l’air de la
ville.
Vârânasî est un lieu où les gens
célèbrent la mort, car ils la voient comme un succès. Mourir dans
cette ville sainte offre le Salut et, en Inde, cela signifie libérer
son âme du cycle des réincarnations. La mort n’est donc plus un
tabou. C’est davantage une source de bonheur, une célébration, un
succès.
Vârânasî est très ouverte à la
mort, mais ce n’est pas partout comme cela dans le pays. Nous, les
humains, sommes très sensibles au sujet et ne voulons pas trop en
parler...
Comment expliquez-vous la maturité de
votre réalisation ?
J’aimerais vous dire que j’ai tout
fait tout seul, mais c’est vraiment un travail collaboratif. Le
scénario s’est construit avec les précieux conseils de mon
entourage puis de mon équipe pendant le tournage. J’ai aussi
beaucoup discuté avec des personnes âgées pour enrichir mes
personnages et les rendre plus authentiques.
Était-ce important pour vous de
traiter le sujet avec humour et légèreté ?
Oui. Quand j’ai entendu parler de cet
hôtel du Salut, où au bout de 15 jours, tu retournes chez toi si tu
n’es pas mort, ça m’a fait rire. Sur place, il y avait même un
règlement intérieur. Tu dois manger de la nourriture végétarienne,
être silencieux... presque comme à l’école ! En réalité, je
n’avais pas vraiment besoin de créer des gags. L’humour venait
naturellement de l’endroit et des circonstances : mes personnages
devant vivre ensemble malgré leurs différences.
À peine 26 ans et déjà un
long-métrage à succès... avez-vous des films préférés qui vous
ont influencé ?
C’est toujours la question la plus
difficile pour moi… mais un film français en particulier a changé
ma vie : Les Quatre Cents Coups. Je l’ai découvert très jeune et
il a changé ma façon de voir les choses et les films. Le cinéma
français m’a beaucoup influencé. J’ai adoré étudier la
Nouvelle Vague en école de cinéma et beaucoup de ces films font
partie de mes préférés. Je pourrais en parler des heures durant.
#HotelSalvation
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