Réalisé par John Crowley
Avec Ansel Elgort, Nicole Kidman, Oakes Fegley, Aneurin Barnard, Finn Wolfhard, Sarah Paulson, Luke Wilson, Jeffrey Wright...
Long-métrage Américain
Titre original : The Goldfinch
Durée : 02h30mn
Année de production : 2019
Distributeur : Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 13 septembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 18 septembre 2019
Long-métrage Américain
Titre original : The Goldfinch
Durée : 02h30mn
Année de production : 2019
Distributeur : Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 13 septembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 18 septembre 2019
Résumé : Theodore "Theo" Decker n'a que 13 ans quand sa mère est tuée dans une explosion au Metropolitan Museum of Art. Cette tragédie va bouleverser sa vie : passant de la détresse à la culpabilité, il se reconstruit peu à peu et découvre même l'amour. Tout au long de son périple vers l'âge adulte, il conserve précieusement une relique de ce jour funeste qui lui permet de ne pas perdre espoir : un tableau d'un minuscule oiseau enchaîné à son perchoir. Le Chardonneret.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : LE CHARDONNERET est adapté du roman éponyme écrit par Donna Tartt. Le titre du roman fait référence à une toile de Carel Fabritius, Le Chardonneret, peinte en 1654, représentant un oiseau qu'elle a découverte lors d'une exposition à Amsterdam et qui l'a alors obsédée pendant des années (source Wikipedia).
Le réalisateur John Crowley nous raconte l'histoire d'un jeune homme depuis son adolescence jusqu'à l'âge adulte qui doit gérer un traumatisme terrible. Autant, il suscite notre intérêt par un montage qui fait des allers-retours entre passé et présent, autant, il a du mal à vraiment nous entraîner dans cette aventure. Pour ce que le scénario raconte au final, et bien que ce soit un entremêlement de vies qui nous interpelle, son long-métrage est trop long et ce ressenti s'installe dès le début. De plus, il y a de petites incohérences ici et là qui ne permettent pas vraiment d'adhérer franchement à l'ensemble. Pourtant, il travaille l'ambiance pour que les codes couleurs soient en cohérence avec le monde des antiquités et que l'omniprésence de l'art sous toutes ses formes vienne enrichir l'image. Il nous fait aussi voyager dans différents endroits. Il maîtrise l'atmosphère de son film de bout en bout. Les acteurs sont convaincants. Ansel Elgort interprète Theo Decker à l'âge adulte. Il apporte sa sensibilité à son protagoniste.
Oakes Fegley interprète Theo jeune. Sa bouille sert très bien le décalage entre ce que sa vie aurait dû être et ce qu'elle a été en réalité. Les trahisons et la recherche de parents dans les adultes qu'ils croisent sont ressentis en continuité entre les deux acteurs qui se complètent de façon adéquate.
D'ailleurs, les duos qu'ils forment avec Boris interprété par Finn Wolfhard à l'adolescence, qui apporte une personnalité bien distincte à son protagoniste, puis par Aneurin Barnard à l'âge adulte ont une dynamique convaincante et demeurent cohérents.
Les seconds rôles sont solides que ce soit Nicole Kidman qui interprète Mrs. Barbour, une femme qui se retrouve en Theo au travers de sa sensibilité à l'art, Jeffrey Wright qui interprété James "Hobie" Hobart, un homme qui aime les objets anciens inconditionnellement, Luke Wilson qui interprété Larry, le père de Theo et Sarah Paulson, qui est assez drôle et efficace dans le rôle de Xandra, la compagne de Larry.
Peut-être y a-t-il trop de thèmes effleurés, toujours est-il que LE CHARDONNERET réussi à plaire par son style, mais ne passionne pas par son rythme lent et sa narration qui nous laisse un peu sur le bord de la route. Un beau tableau en somme, mais qui ne nous fait pas ressentir les émotions qu'on espérait.
Le réalisateur John Crowley nous raconte l'histoire d'un jeune homme depuis son adolescence jusqu'à l'âge adulte qui doit gérer un traumatisme terrible. Autant, il suscite notre intérêt par un montage qui fait des allers-retours entre passé et présent, autant, il a du mal à vraiment nous entraîner dans cette aventure. Pour ce que le scénario raconte au final, et bien que ce soit un entremêlement de vies qui nous interpelle, son long-métrage est trop long et ce ressenti s'installe dès le début. De plus, il y a de petites incohérences ici et là qui ne permettent pas vraiment d'adhérer franchement à l'ensemble. Pourtant, il travaille l'ambiance pour que les codes couleurs soient en cohérence avec le monde des antiquités et que l'omniprésence de l'art sous toutes ses formes vienne enrichir l'image. Il nous fait aussi voyager dans différents endroits. Il maîtrise l'atmosphère de son film de bout en bout. Les acteurs sont convaincants. Ansel Elgort interprète Theo Decker à l'âge adulte. Il apporte sa sensibilité à son protagoniste.
Oakes Fegley interprète Theo jeune. Sa bouille sert très bien le décalage entre ce que sa vie aurait dû être et ce qu'elle a été en réalité. Les trahisons et la recherche de parents dans les adultes qu'ils croisent sont ressentis en continuité entre les deux acteurs qui se complètent de façon adéquate.
D'ailleurs, les duos qu'ils forment avec Boris interprété par Finn Wolfhard à l'adolescence, qui apporte une personnalité bien distincte à son protagoniste, puis par Aneurin Barnard à l'âge adulte ont une dynamique convaincante et demeurent cohérents.
Les seconds rôles sont solides que ce soit Nicole Kidman qui interprète Mrs. Barbour, une femme qui se retrouve en Theo au travers de sa sensibilité à l'art, Jeffrey Wright qui interprété James "Hobie" Hobart, un homme qui aime les objets anciens inconditionnellement, Luke Wilson qui interprété Larry, le père de Theo et Sarah Paulson, qui est assez drôle et efficace dans le rôle de Xandra, la compagne de Larry.
Crédit photos © Macall Polay & Nicole Rivelli
Copyright photos © 2018 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC.
AND AMAZON CONTENT SERVICES LLC
Peut-être y a-t-il trop de thèmes effleurés, toujours est-il que LE CHARDONNERET réussi à plaire par son style, mais ne passionne pas par son rythme lent et sa narration qui nous laisse un peu sur le bord de la route. Un beau tableau en somme, mais qui ne nous fait pas ressentir les émotions qu'on espérait.
Source image Wikipedia
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Source et copyright des textes des notes de production @ Warner Bros. France
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
"Avant et après. Il y a toujours un avant et un après. Et entre les deux, il y a un tableau". ~ Theo Decker
"À Amsterdam, j'ai rêvé que je revoyais ma mère… Les événements auraient mieux tourné si elle était restée en vie. Mais il se trouve qu'elle est morte quand j'étais enfant. Et lorsque je l'ai perdue, j'ai perdu tout repère qui aurait pu me conduire vers une vie plus heureuse". ~ Theo Decker
Le destin poignant de Theo Decker a vu
le jour sous la plume de Donna Tartt dans son célèbre roman LE
CHARDONNERET. L’ouvrage publié à l’automne 2013 a immédiatement
remporté un vif succès et s’est classé en tête des ventes dans
le monde entier, raflant de nombreuses distinctions au passage, dont
le prestigieux Prix Pulitzer.
Le réalisateur John Crowley compte
parmi les fans inconditionnels du roman : “Je fais partie des
millions de personnes qui adorent ce livre”, affirme-t-il. “Je
l’ai lu à sa sortie et j’ai trouvé que c’était un mélange
très réussi de beaucoup de choses. Le livre porte un regard
intéressant sur les sentiments de chagrin et de honte : on découvre
un enfant qui reste bloqué à un moment de sa vie correspondant à
la mort de sa mère, et ce blocage ne fait que devenir plus profond
et complexe lorsqu’il devient adulte”.
“J’ai trouvé que c’était un
roman puissant et marquant”, poursuit-il. “C’est un critère
important lorsqu’on adapte un livre au cinéma car il faut
conserver cette première impression de lecture et s’en nourrir”.
Ansel Elgort, qui joue le rôle de
Theo, partage cet avis : “C’est un drame magnifique et fort qui
vous captive”, déclare-t-il. “C’est l’histoire d’une vie
volée et des conséquences en cascade qui découlent de ce seul
événement tragique”.
Theo Decker et sa mère n’auraient
pas dû se trouver au musée ce jour-là. La mère du garçon avait
été convoquée à l’école en raison du comportement de son fils,
mais ils étaient arrivés en avance et il s'était mis à pleuvoir,
si bien qu'ils avaient décidé de se réfugier à l’intérieur.
Tandis que sa mère s’éloignait en direction de l’exposition des
chefs-d’œuvre de la peinture flamande, Theo a aperçu une jolie
jeune fille rousse. Quelques secondes plus tard… un brouhaha…
puis une explosion terrible s'était produite. Theo s'est réveillé
au milieu d’un paysage gris et lunaire dominé par la poussière,
les débris et la mort. Parmi les décombres, il découvre le tableau
préféré de sa mère, celui qu’elle lui a montré quelques
secondes avant la catastrophe : “Le Chardonneret” de Carel
Fabritius. Dans un râle, un vieux monsieur supplie le jeune garçon
de “le prendre”. Encore sonné et sous le choc, Theo enfonce le
précieux tableau au fond de son sac et quitte le musée. Ce geste va
bouleverser le cours de sa vie et entraîner de nombreuses
conséquences.
Brad Simpson, qui a produit le film
avec sa partenaire de Color Force Nina Jacobson, remarque : “Au
début, voilà un jeune garçon qui perd sa mère d’une façon
brutale et inattendue, et qui passe le reste de sa vie à tenter de
renouer des liens avec autrui. Mais à chaque fois qu’il y arrive,
cette nouvelle relation lui est arrachée. Il finit donc par
s’accrocher à cet objet, ce tableau qui symbolise pour lui
l’univers qui s’est écroulé. Cet impitoyable sentiment de deuil
et cette quête de complétude font partie des thèmes centraux du
roman. Pour Theo, 'Le Chardonneret' n’est pas seulement un
tableau”.
Juste après l’attentat, Theo est
confié à la famille d’un de ses camarades de classe, les Barbour,
et Theo tisse peu à peu une relation avec la mère, jouée par
Nicole Kidman : “Je pense que c'est grâce à leur intérêt commun
pour l’art qu'ils se rapprochent”, estime-t-elle. “Le film
montre que la mémoire s’attache à certains objets et à certaines
œuvres d’art, pas tant pour l’objet en lui-même que pour les
sentiments qu’il provoque et qui peuvent vous transporter très
loin”.
“C’est fou à quel point on peut
investir un objet de la mémoire d’un être cher”, renchérit
Jeffrey Wright, qui incarne Hobie, un antiquaire et restaurateur
d’œuvres qui va jouer un rôle majeur dans la vie de Theo. “Le
chemin parcouru par Theo tout au long du récit est tragique et
d’autant plus complexe qu’on ne lui laisse jamais le choix”.
De même, Ansel Elgort remarque que son
personnage “s’attache aux objets anciens car il trouve un certain
réconfort dans l’idée qu’ils sont là depuis bien plus
longtemps que nous et qu’ils seront encore là longtemps après
nous. Il envisage la vie humaine comme une étape transitoire car sa
propre existence a été marquée par un traumatisme. En revanche, un
objet est fait pour durer, ce qui le rassure. En l’occurrence,
l’objet qu’il chérit le plus – et qui le hante le plus – est
‘Le Chardonneret’”.
Brad Simpson se souvient de sa lecture
du roman que Nina Jacobson découvrait elle aussi : “Ce qui nous a
captivés, c’est le périple de Theo, depuis l’Upper East Side de
New York jusqu’à la banlieue de Las Vegas, de Greenwich Village à
Amsterdam – et l’incroyable galerie de personnages qui traversent
sa vie. C’est tout ce qu’on recherche dans un livre : un récit
haletant avec une histoire riche et émouvante”.
Néanmoins, Nina Jacobson affirme : “On
savait aussi que ce serait difficile de condenser plus de 700 pages
dans un film d’environ deux heures. Il nous fallait une plume hors
du commun extraordinaire et Peter Straughan est un des scénaristes
les plus reconnus d’Hollywood, notamment pour avoir adapté des
œuvres littéraires ambitieuses comme LA TAUPE et DANS L’OMBRE DES
TUDORS. Dès le début, il a senti que la seule façon de raconter
cette histoire, c’était de la fragmenter puis de la reconstruire à
travers un récit non linéaire. Quand j’ai lu le scénario de
Peter, j’ai été ébahi par sa complexité, chaque détail faisant
écho à d’autres pour constituer une histoire complète. Peter a
réussi quelque chose d’assez unique”.
John Crowley acquiesce : “En
abandonnant la structure linéaire au profit d’allers-retours entre
les deux temporalités de la vie de Theo, Peter a créé une œuvre
beaucoup plus cinématographique. L’alternance entre les deux
temporalités met en évidence le fait que le jeune homme est chargé
du poids de son passé, qui ne l’a jamais quitté”.
Brad Simpson et Nina se sont attelés
au CHARDONNERET peu de temps après la sortie de BROOKLYN, drame
romantique de John Crowley. “C’est un très beau film et une
adaptation littéraire réussie qui a conquis le public”, affirme
Brad Simpson. “On a rencontré John à plusieurs reprises et
c’était formidable : on a apprécié sa personnalité, sa
sensibilité et sa compréhension très fine du livre, jusque dans
ses moindres détails. Dès lors, on a su qu'il était l'homme de la
situation pour 'Le Chardonneret' à l’écran”.
John Crowley a eu la chance de
s'entourer des meilleurs collaborateurs de création, comme le
légendaire directeur de la photographie Roger Deakins, le chef
décorateur K. K. Barrett, la chef-monteuse Kelley Dixon, la
chef-costumière Kasia Walicka Maimone et le compositeur Trevor
Gureckis.
Le réalisateur déclare : “Ce qui me
plait le plus quand je tourne un film, c’est de trouver de vrais
collaborateurs qui savent remettre en question vos propositions, les
détourner ou suggérer une idée dix fois meilleure. C’était un
cadeau d’être entouré d’artistes de cette envergure pour
s’atteler à une histoire d’une telle ampleur”.
Pour porter cette saga à l’écran,
outre Ansel Elgort, Nicole Kidman et Jeffrey Wright, le casting
réunit Oakes Fegley, Aneurin Barnard, Finn Wolfhard, Sarah Paulson,
Luke Wilson, Ashleigh Cummings, Willa Fitzgerald, Aimee Laurence,
Denis O’Hare et Boyd Gaines. John Crowley ne tarit pas d’éloge
sur cette distribution “composée de stars et de jeunes talents
incroyables, ainsi que d’acteurs formidables qui ont des rôles
plus modestes mais tout aussi marquants. La richesse de leur jeu
donne une vraie profondeur à l'ensemble. C’était formidable
d’être accompagné d’acteurs aussi investis et talentueux”.
LES ACTEURS
“C’est comme s’il m’avait envoyé exactement là où je devais être, et avec qui je devais être” ~ Theo Decker
LE CHARDONNERET alterne entre deux
temporalités distantes de 14 ans et c’est pourquoi plusieurs rôles
ont dû être interprétés par des acteurs de générations
différentes. C’est le cas notamment du personnage central de Theo
Decker qui, adulte, est campé par Ansel Elgort et, enfant, par Oakes
Fegley.
Ansel Elgort reconnaît que l’un des
plus grands enjeux du rôle était d’incarner le traumatisme qui
hante Theo. Sur le plan métaphorique, il reste attaché au jour de
l’explosion comme le minuscule oiseau enchainé à son perchoir sur
le tableau volé. L’œuvre est un talisman secret et caché qui le
réconforte autant qu’il le tourmente. La douleur qu'éprouve Theo
est soustraite au regard, tout comme le tableau.
“En apparence, Theo semble s’être
remis”, remarque Ansel Elgort. “Mais au fond de lui, il est
toujours aux prises avec un sentiment de deuil et de culpabilité
qu’il porte comme un fardeau depuis l’enfance. Je devais trouver
cette part d'ombre en mon for intérieur, ce qui a représenté un
défi de taille pour moi”.
“J’avais justement besoin que John
Crowley soit très présent à mes côtés”, poursuit l’acteur.
“On a beaucoup parlé de Theo car il a une vision très pertinente
de l’histoire et des personnages et je lui fais entièrement
confiance”.
John Crowley explique qu’il avait
tout autant confiance en Ansel Elgort : “Ansel s’est donné corps
et âme dans son jeu d’acteur. Il arrive à nous faire ressentir de
la compassion pour ce personnage et les épreuves qu’il a
traversées”.
“On lui pardonne les erreurs qu’il
commet en tant qu’adulte, et qui sont pourtant loin d’être
insignifiantes, car on sait ce qu’il a vécu dans son enfance”,
explique Nina Jacobson.
Partant de ce principe, les auteurs ont
compris que l’empathie suscitée par Theo était en grande partie
liée à l’acteur qui le jouerait à l’âge de 13 ans, quand son
monde s’écroule. Oakes Fegley rappelle : “La mère de Theo était
sa seule vraie famille. Son père est parti et ne s'est jamais occupé
de lui. À la mort de sa mère, il se retrouve donc démuni, à un
âge où il lui est impossible de prendre sa vie en main, sans même
parler de la détresse et de la culpabilité qui l'assaillent. Il
passe par un large éventail d’émotions, et c’est ce qui m’a
plu dans le rôle”.
“On a passé en revue des centaines
et des centaines de candidatures pour Theo”, se souvient John
Crowley. “Petit à petit, on a affiné la sélection mais on
revenait toujours à Oakes. Il était très bon, émouvant et en même
temps, il dégageait l’impression d’avoir un certain vécu, ce
qui collait parfaitement au personnage”.
Nina Jacobson renchérit : “Oakes
Fegley est un acteur exceptionnel, surtout pour son âge. Son jeu est
tout en subtilité, débordant d’émotions et de vulnérabilité”.
Après la tragédie, Theo ne peut pas
rentrer chez lui. Quand les assistants sociaux lui demandent si
quelqu’un pourrait l’aider, le seul nom qui lui vient à l’esprit
est celui de Mme Barbour, la mère de son copain d’école Andy.
Les auteurs étaient enchantés que
Nicole Kidman accepte de jouer le rôle de l’élégante
maîtresse-femme de Park Avenue, qui règne sur la famille Barbour,
particulièrement dysfonctionnelle. L’actrice explique que son
choix a été en grande partie motivé par le réalisateur : “J’ai
vu BROOKLYN et j’avais très envie de travailler avec John Crowley
: c’est ça qui m’a décidée. Ensuite, j’ai lu le scénario et
le livre, et j’ai vraiment eu envie de me lancer dans l’aventure”.
“Que dire de plus sur Nicole Kidman”,
s’enthousiasme John Crowley, “si ce n’est que c’est une
personne formidable, une présence chaleureuse sur le plateau et
qu’elle a apporté une richesse extraordinaire au personnage ? À
chaque prise, elle voulait aller plus loin pour approfondir le
message de la scène. Aucune actrice n’aurait pu incarner le
personnage mieux qu’elle. Elle nous a tout simplement donné un
cours d'art dramatique”.
Ansel Elgort confirme : “Quand j’ai
su que j’allais jouer avec Nicole Kidman, j’ai dû me pincer pour
le croire. Elle m'impressionne énormément. Elle a beaucoup d'idées,
elle dégage une force émotionnelle incroyable et il y a en même
temps quelque chose d’assez brut et concret dans son jeu. Nous
n’avons partagé que quelques scène mais c’était une expérience
inoubliable”.
Nicole Kidman évoque son personnage :
“Ce que je trouve intrigant chez Mme Barbour, c’est qu’elle ne
s’intéresse pas tout de suite à Theo. Elle l’accueille chez
elle parce que c’est la chose normale à faire, malgré une
certaine réticence. Elle fait preuve de stoïcisme et d’une
certaine passivité. Elle n’arrive pas vraiment à ouvrir son cœur
à cet enfant, et c’est intéressant que cela soit le point de
départ de leur relation”.
John Crowley poursuit : “Il aurait
été facile de la représenter sous les traits d’une femme froide
et hautaine, mais ce n’est pas ce qu’a choisi Nicole. Nous
voulions suggérer qu'une sensibilité se cache derrière son
attitude cassante, et on sent bien qu’il y a toute une vie
intérieure sous la surface, en particulier dans la première
temporalité”.
Des années plus tard, lorsque Theo,
devenu plus âgé, retrouve Mme Barbour, le changement est palpable.
“On dirait presque qu’elle n’arrive pas à contenir ses
émotions”, décrit John Crowley. “Quand Theo revient, Mme
Barbour voit là une opportunité de se racheter, même si c’est
peut-être trop tard. Elle le voit comme le fils adoptif qu’elle
n’a jamais réussi à intégrer à sa famille à première vue
parfaite, mais en réalité sur le point d’éclater”.
Il y a bien une raison pour laquelle
Mme Barbour n’a pas su intégrer le jeune Theo dans sa famille. Au
moment où le garçon commence enfin à se sentir chez lui, le destin
cruel s’abat à nouveau sur lui. Larry, son irresponsable de père,
débarque et emmène son fils au milieu du désert, dans une banlieue
de Las Vegas où il n’y a pas âme qui vive.
Luke Wilson, qui campe le rôle du
père, raconte : “Larry avait quitté sa famille très tôt, mais
il revient dans la vie de Theo après les événements tragiques du
Met. On ne sait pas très bien quelles sont ses intentions. Vient-il
pour s'occuper de son fils ? Est-ce qu’il a enfin décidé de
changer pour devenir quelqu’un de bien ? Ou cherche-t-il autre
chose ?”
Pour creuser le personnage, Luke Wilson
s’est appuyé sur le livre : “Le roman est une ressource
essentielle car il explique les raisons de son comportement, son
passé, ses addictions, ses dérives”, explique-t-il. “Grâce au
livre, qui m’a beaucoup aidé, et aux répétitions avec John,
Oakes et Sarah, j’ai eu l’impression de bien cerner le
personnage”.
“Luke a très bien appréhendé ce
bel homme qui n’est pas encore décati mais dégage déjà une
certaine sensation d’échec”, remarque John Crowley. “Larry est
assez sympa pour qu’on se dise qu’il y a peut-être une chance
que sa relation avec Theo s’améliore… avant qu’on comprenne
que ce n’est pas quelqu’un de très bien”.
En tant qu'admiratrice absolue du
livre, Sarah Paulson a milité pour obtenir le rôle de Xandra, la
petite amie de Larry qui vit avec lui. Elle affirme : “Ce serait un
euphémisme que de dire que je suis fan du livre. Pendant que je le
lisais, je disais tout haut ‘Si un jour il y avait une adaptation,
je voudrais jouer Xandra’. Quand j’ai vu qu’il y allait avoir
un film et qu’une des productrices était Nina Jacobson, avec qui
je venais de collaborer sur AMERICAN CRIME STORY, je lui ai tout de
suite dit : ‘Il faut que je joue Xandra’”.
L’actrice a finalement décroché le
rôle après avoir démontré à John Crowley qu’elle avait aussi
bien cerné la psychologie du personnage que son allure. Dans la
vidéo qu’elle a filmée, elle apparaît en effet vêtue en Xandra
des pieds à la tête. Le réalisateur explique qu’il n’avait
aucun doute sur les talents d’actrice de Sarah Paulson : “J’ai
déjà vu ce dont elle est capable et je l’apprécie beaucoup, mais
je savais que ce film était différent de tout ce qu’elle avait
fait avant. Tous les acteurs ne peuvent pas se métamorphoser
totalement, mais un bon acteur peut le faire et en l’occurrence
elle l’a très bien fait. En plus, Sarah adore le livre, elle s’est
imprégnée de tous les détails de son personnage et on le ressent
dans son jeu”.
Xandra a du mal à cacher son agacement
lorsqu’un tiers s’immisce entre elle et Larry : “Je comprends
qu’elle se sente sur la défensive”, reconnaît Sarah Paulson.
“Tout à coup, sa vie est bouleversée. Elle était libre et
heureuse de sillonner les rues de Las Vegas avec son petit ami canon
– c’est en tous cas comme ça qu’elle voit Larry – et tout à
coup un petit crétin vient mettre un coup de pied dans son existence
débridée et sans attache. En soi, elle n’a rien contre Theo, mais
il détourne l’attention de son homme. Elle n’a pas signé pour
devenir belle-mère, il n’en a jamais été question. De ce point
vue, on ne peut pas en vouloir à Xandra d’être un peu jalouse”.
Theo se retrouve donc perdu dans les
confins de Las Vegas, au milieu du sable et des rangées de maisons
vides dont les biens ont été saisis. Il se découvre alors un
nouvel ami en la personne de Boris, un adolescent d’origine russe,
rebelle et débrouillard, qui a grandi trop vite. Non seulement Boris
et Theo sont les deux seuls gamins à des kilomètres à la ronde,
mais ils ont traversé la même épreuve : leurs mères sont mortes
tragiquement, et leurs pères sont irresponsables et violents.
Finn Wolfhard, qui joue le jeune Boris,
explique que celui-ci a dû inventer ses propres règles de survie :
“Il a tout compris tout seul. Il a aussi connu des épreuves, mais
il a réussi à l’accepter et il vit la vie à cent à l’heure.
Il lit Dostoïevski, fume, boit et raconte n’importe quoi. C’était
amusant à jouer : être allongé par terre et dire tout ce qui vous
passe par la tête. Mais Boris est aussi très malin pour son âge,
et lorsque Theo débarque dans sa vie, il trouve enfin quelqu’un
avec qui partager tout ce qu'il a appris”.
Mais en dehors de ses connaissances,
Boris est loin d'exercer une bonne influence sur Theo, avec qui il
partage aussi son penchant pour l’alcool, la drogue et le vol à
l’étalage.
Tout comme pour le rôle de Theo, les
auteurs ont rencontré plusieurs acteurs pour celui de Boris. “Aucun
d’eux n’avait le charisme du personnage. Il est à la fois assez
sournois pour vous causer de sérieux problèmes, et assez rusé pour
vous sortir d’affaire. Finn réunit toutes ces qualités”,
affirme le réalisateur.
La complicité entre les deux garçons
était aussi un facteur important au moment du casting, mais les
auteurs ont compris qu’ils avaient trouvé le duo parfait quand
Oakes Fegley et Finn Wolfhard se sont rencontrés pendant les
auditions. “C’était très amusant car ils n’arrêtaient pas de
parler. Je pouvais à peine placer un mot”, signale John Crowley en
riant. “Ils se sont tout de suite entendus, ils ont joué et se
sont amusés d’une façon qu’on ne peut pas feindre. J’aurais
toujours pu essayer de recréer cette relation en tant que
réalisateur, mais on ne peut pas forcer deux jeunes à s’entendre
aussi bien naturellement. C’était un plaisir de les voir et ils
ont continué comme ça pendant tout le tournage. À eux deux, ils
nous donnaient une énergie folle”.
Theo et Boris sont totalement livrés à
eux mêmes jusqu’à ce qu’un retournement de situation inattendu
oblige Theo à quitter Las Vegas. N’ayant nulle part où aller, il
achète un ticket de bus pour retourner au seul endroit qui lui soit
familier : New York. Des années plus tard, un Theo adulte joué par
Ansel Elgort recroise le chemin de Boris, campé cette fois-ci par
Aneurin Barnard, et c’est comme si rien n’avait changé.
“Ça se passe souvent comme ça entre
les vrais amis”, remarque Aneurin Barnard. “Même si on a passé
beaucoup de temps sans se voir ou se parler, on se retrouve
immédiatement. Et l’amitié entre Theo et Boris… c’est presque
une relation entre deux âmes sœurs, mais sans la dimension
amoureuse. Ils sont liés à jamais”.
John Crowley explique : “Boris est un
jeune homme qui a fait beaucoup de choses dans sa vie, mais la chance
ne lui a pas toujours souri. Il est rongé par le remord et la
culpabilité en raison d’événements s'étant produits il y a
longtemps, et il est bien décidé à réparer ses erreurs. On
voulait un acteur avec une certaine densité et une touche de
mélancolie. Anuerin ne manque ni d’étoffe, ni d’expressivité,
ni de sensibilité et en plus il est plein d’esprit”.
Aneurin Barnard ajoute : “Dans sa
jeunesse, Boris s’est rebellé à coup de drogue et d’alcool.
Quand on le retrouve des années plus tard, il est toujours aux
prises avec la drogue et l’alcool et il trempe dans des activités
assez dangereuses, mais il a le sourire aux lèvres”.
Aneurin Barnard est Gallois et Finn
Wolfhard est Américain, les deux acteurs ont donc dû s’entrainer
à parler avec un accent russe. Ils ont travaillé avec la coach
linguistique Kristina Nazarevskaia pour maitriser cet accent.
Ansel Elgort et Oakes Fegley jouent
tous les deux Theo, tout comme Aneurin Barnard et Finn Wolfhard
campent tour à tour Boris. Pourtant, John Crowley n’a eu aucune
appréhension s'agissant de leur ressemblance physique, et il s’est
plutôt attaché à la psychologie du personnage. Ce qui lui
importait le plus, c’est que “chacun arrive à incarner la vérité
du personnage dans une situation particulière, et ensuite c’était
à moi d’assurer la cohérence en matière d’image et
d'atmosphère. Je voulais qu’on sente que la vie a marqué
durablement Theo et Boris et que au fond, ce qui les rapproche, c’est
une immense tristesse”.
L’une des personnes les plus
importantes pour Theo reste sans conteste Hobie, incarné par Jeffrey
Wright. Hobie est un antiquaire qui vit et travaille à Greenwich
Village, et c’est à la fois une figure paternelle et un mentor
pour le garçon. Plus tard, il devient son employeur et la voix de la
conscience pour l’adulte qu’il est devenu. Jeffrey Wright
remarque : “D’une certaine façon, Hobie est comme un refuge pour
Theo : la première fois juste après la disparition de sa mère,
puis à nouveau quelques années plus tard. Hobie est une source de
vie dans un monde qui est en grande partie dépourvu d’amour pour
Theo”.
Brad Simpson note : “Jeffrey a
toujours été notre premier choix pour le rôle d’Hobie, que
beaucoup de gens considèrent comme l'âme du livre. Jeffrey est un
des acteurs les plus estimés aujourd’hui et on savait que le
public se sentirait aussitôt rassuré par sa présence”.
C'est tout aussi vrai du jeune acteur
qui lui donne la réplique. Oakes Fegley déclare : “Au début,
j’étais un peu intimidé de jouer avec des icônes comme Jeffrey
et Nicole. Mais ensuite, je me suis rendu compte que c’était des
personnes géniales, bienveillantes et modestes et ça m’a beaucoup
rassuré. Ils m’ont énormément appris”.
Au départ, Theo va voir Hobie pour
remplir une mission. Le vieil homme qu’il a rencontré dans les
décombres du musée et qui, à l’article de la mort, l’a supplié
d’emporter Le Chardonneret, lui a aussi remis une bague en
prononçant des paroles mystérieuses : “Hobart et Blackwell –
fais sonner la cloche verte”. Blackwell, aussi surnommé Welty,
était l’oncle de la jeune Pippa (Aimée Laurence), la jolie jeune
fille qui avait retenu l’attention de Theo quelques secondes avant
l’explosion, et qui a été grièvement blessée par la bombe.
Quand Theo s'aventure enfin dans la
boutique et qu’Hobie l’invite chez lui, le jeune garçon renoue
avec un sentiment de paix pour la première fois depuis l’attentat.
On comprend donc pourquoi, lorsqu’il s’enfuit de Las Vegas, Theo
se précipite chez Hobie qui devient, au sens propre comme au figuré,
un phare dans la tempête.
Jeffrey Wright remarque :“Theo
retourne à la boutique dans le froid et sous la pluie et il trouve
un endroit chaleureux, qui stimule son imagination et sa curiosité.
Il se sent chez lui”. L’acteur poursuit : “Je crois qu’on
peut établir un parallèle entre la capacité d’Hobie à redonner
vie à des meubles anciens et des pièces abandonnées, et sa
relation avec Theo : Hobie tente par tous les moyens d’offrir une
nouvelle vie à Theo”.
Theo reste auprès d’Hobie : il
devient son apprenti puis, une fois adulte, un partenaire de
confiance. Mais les choix de vie de Theo, ponctués d’erreurs et de
trahisons, mettront bientôt à l’épreuve la relation entre les
deux hommes, d’une manière qu’ils n’auraient pu imaginer.
Grâce à Hobie, Theo retrouve Pippa
avec qui il entretient un lien très fort, qui s’est noué au cœur
de la tragédie. Devenu un homme, Theo tombe amoureux de la jeune
femme, mais celle-ci comprend mieux que lui que l’expérience
commune qui les rapproche est aussi ce qui les empêchera d’aller
au-delà de l'amitié.
Ashleigh Cummings, qui campe Pippa
adulte, déclare : “Theo et Pippa ont une relation très complexe.
Ils vivent dans un monde qu’eux seuls peuvent comprendre et,
pourtant, un immense fossé les sépare qu’ils ne parviennent pas à
combler… en tous cas Pippa refuse de le faire. Je pense qu’elle
se connaît suffisamment bien pour savoir que tous les deux – 'deux
âmes attirées par la mort', d'après le livre – pourraient
s’entrainer mutuellement dans une spirale destructrice. Et
pourtant, il y a peut-être encore de l’espoir…”
Parmi les acteurs du CHARDONNERET, on
compte aussi Willa Fitzgerald sous les traits de Kitsey Barbour
adulte, dont la relation avec Theo le ramène enfin au sein de la
famille Barbour. Luke Kleintank joue son grand frère Platt, Boyd
Gaines interprète M. Barbour et Ryan Foust incarne le jeune Andy
Barbour. Denis O’Hare campe quant à lui Lucius Reev, un client qui
menace de révéler les mensonges de Theo … dans le passé et dans
le présent.
Hailey Wist joue la mère de Theo : on
ne la voit que brièvement, ce qui était tout à fait intentionnel
de la part de Nina Jacobson :“C’est un personnage important, mais
Peter Straughan voulait qu’elle soit absente la majeure partie du
film, pour qu’on ressente clairement le vide qu’elle a laissé à
sa mort”.
DES REPRODUCTIONS PLUS VRAIES QUE
NATURE
“Perdre quelque chose qui aurait dû être immortel” ~ Hobie
Le “personnage” éponyme du film
n’est que rarement visible : enveloppé maladroitement dans du
papier journal, il est caché mais jamais oublié. “Tout au long de
l’histoire, certains objets exercent une attraction sur les
personnages, tout comme Le Chardonneret exerce une attraction sur
Theo”, souligne John Crowley. “Quelle que soit notre définition
de l’art, la plupart des gens s’accordent à dire que c’est
quelque chose qui doit être vu. L’idée de dissimuler une œuvre
d’art, d’en priver l’humanité, va complètement à l’encontre
de l’élan créatif. Si une œuvre parvient, en dépit des
différences culturelles et du temps qui passe, à toucher quelqu’un,
à le faire se sentir moins seul et davantage en paix avec lui-même
et proche d'autrui, alors cette œuvre a forcément de la valeur”.
L’œuvre d’art inestimable qui est
au cœur du récit fait partie des collections permanentes du Musée
Mauritshuis de la Haye, aux Pays-Bas. Heureusement, le Mauritshuis a
réussi à fournir une copie parfaite du tableau. Le chef décorateur
K. K. Barrett explique :“Le musée a utilisé une imprimante 3D
pour scanner la surface du tableau et la reproduire à l’échelle,
couche par couche. J’avoue que j’avais des doutes. Je craignais
que cela ressemble à une reproduction de mauvaise qualité, mais
quand j’ai pu la comparer à l’œuvre originale, j’ai été
très impressionné par la ressemblance. Pour certaines prises, on a
zoomé numériquement sur l’œuvre, et ensuite un artiste
décorateur a peint par-dessus le visuel pour reproduire les coups de
pinceau et les textures du tableau d’origine”.
Au cours de leur visite au Mauritshuis,
les auteurs étaient aux premières loges pour découvrir le
chef-d’œuvre bien aimé de Carel Fabritius, qui a survécu à
l’explosion du baril de poudre qui a tué son créateur en 1654.
“C’était une expérience très forte de voir Le Chardonneret”,
se souvient John Crowley. “On a l’impression qu'une lumière
émane de lui, et où que vous soyez, vous avez l’impression que ce
petit oiseau vous regarde. Je pense que quiconque se retrouve face à
ce tableau ressent forcément une émotion difficile à expliquer.
Pour moi, c’est ce qui caractérise une véritable œuvre d’art”.
Les conservateurs du Mauritshuis ont
généreusement proposé à toute l’équipe une conférence sur les
maîtres flamands, thème de l’exposition du Metropolitan Museum de
New York que Theo et sa mère visitent le jour du drame.
De l’autre côté de l’Atlantique,
le Met a aussi joué un rôle déterminant pour permettre à l’équipe
de K. K. Barrett de créer l’exposition dans le film. La
productrice exécutive Mari Jo Winkler-Ioffreda déclare :“Il y
avait évidemment quelques réticences à présenter une attaque
terroriste dans un musée, mais ils savaient que c’était une
fiction tirée d'une œuvre littéraire majeure et reconnue. John
Crowley a parfaitement exposé sa vision du film et a convaincu ses
interlocuteurs. Ils ont accepté de nous présenter leurs
conservateurs, qui nous ont permis de mettre en place une exposition
crédible”.
Les copies des œuvres d’art exposées
ont été créées à partir d’images en haute définition fournies
par le Met, le Mauritshuis, le Rijksmuseum et d’autres musées. Les
départements du graphisme et des décors ont effectué des tirages
photographiques de ces visuels et y ont ajouté de la texture pour
leur donner l’aspect d’une œuvre ancienne. Plus de 80
reproductions, dont la célèbre “Leçon d’Anatomie” de
Rembrandt, on été créées pour la séquence au musée.
LE TOURNAGE
“Je ne l’ai pas fait exprès… mais j’ai éteint une lumière au cœur du monde”. ~ Theo Decker
NEW YORK
Il n’était pas possible de filmer à
l’intérieur du Met puisque une explosion est censée s'y produire.
Le département artistique de K. K. Barrett a donc reconstitué
plusieurs salles du musée dans un grand entrepôt à Yonkers,
souvent utilisé pour des tournages.
Qu’il soit endormi ou réveillé,
Theo fait souvent des cauchemars où lui reviennent des images de la
terrible explosion et de la scène qui s’en est suivi. Le directeur
de la photographie Roger Deakins explique son approche de cette
séquence essentielle : “Ce qui importe, c’est la façon dont
Theo se remémore l’événement. On s’est dit que ça
fonctionnerait mieux si on voyait surtout des détails, et pas
forcément l’explosion dans son ensemble. John voulait qu’au
réveil de Theo, il se retrouve dans la poussière, dans un champ de
ruines, comme pour faire écho à ses sensations. On a donc travaillé
à partir de ça”.
“Roger pense par images”, relate
John Crowley. “Il est comme moi : il aime comprendre tout ce qui se
passe dans l’histoire et tout ce qui se déroule en arrière-plan
de la scène. On a lu le scénario ensemble et on a décidé dès le
départ qu’on allait jouer avec la mise au point pour suggérer le
rapport de Theo à ses propres souvenirs et sa peur de perdre ceux de
sa mère. L’image de sa mère qui s’éloigne revient sans arrêt
dans le film : c’est un repère visuel qui révèle d’autres
aspects du film”.
La scène en extérieur qui suit
l’explosion a été tournée sur les marches devant le musée. On y
voit l’arrivée des secours tandis que Theo, encore sous le choc,
émerge des décombres sous une pluie battante. Cette scène est
courte mais elle a été complexe sur le plan logistique car il a
fallu tourner très tôt le dimanche matin et boucler la séquence à
temps pour l’ouverture du Met au public.
Pour le grand appartement des Barbour,
où Theo se réfugie en premier, les équipes ont d’abord cherché
des logements sur Park Avenue. Roger Deakins reconnaît cependant
:“On s’est rendu compte que ce ne serait pas pratique de filmer
dans les étages en raison de tous les câbles dont on avait besoin”.
K. K. Barrett et son équipe se sont
donc installés dans une maison à Rye, dans l'État de New York, qui
selon le chef décorateur “ressemblait à certains appartements
qu’on avait repérés. On a veillé à supprimer tout indice qui
aurait pu révéler qu’on était dans une maison, et c’est devenu
l’appartement des Barbour”.
K. K. Barrett a composé cet intérieur
dans des tonalités froides, avec une palette de bleus qu’on
retrouve, selon John Crowley, dans la garde-robe de Mme Barbour,
pendant la première partie du film. Dans la seconde moitié, on sent
que la maison a été négligée depuis quelques années.
Le réalisateur poursuit : “Notre
costumière Kasia Walicka Maimone a fait un travail formidable. Elle
ne s’est pas contentée d’habiller les acteurs : elle a exprimé
la personnalité de leurs personnages en concevant individuellement
chaque garde-robe, depuis le choix des couleurs jusqu’à l’aspect
plus ou moins usé des vêtements”.
Le magasin d’antiquités de Hobie est
bien loin de Park Avenue : il est niché dans Greenwich Village avec
un atelier au sous-sol et un appartement à l’étage. K. K. Barrett
remarque :“On a deux visages distincts de New York : le centre plus
bohème et les quartiers résidentiels plus chics”.
Ansel Elgort ajoute : “En tant que
New-Yorkais, j’apprécie de voir différents aspects de la ville.
Quand Theo vit chez les Barbour, il vit au cœur de l’Upper East
Side, riche et guindé. Puis, quand il va à Greenwich, on ressent
une ambiance beaucoup plus artistique et bohème. Mais dans les deux
cas on est bien à New York, et cela forme un tout”.
L’atelier encombré a été construit
dans l’entrepôt de Yonkers tandis que le magasin en lui-même a
été reconstitué dans un restaurant de la 7e avenue. Les scènes en
extérieurs ont été tournées à Greenwich Village. Pendant le
tournage du CHARDONNERET à New York, le studio et les auteurs ont
noué un partenariat avec NYC Film Green, dispositif précurseur qui
attribue aux films des labels de développement durable.
Pendant tout le tournage – y compris
les scènes à Albuquerque et Amsterdam – l’équipe du tournage
s’est conformée aux recommandations du Guide de tournage
éco-responsable de la Producers Guild of America. Les acteurs et
l’équipe technique ont soutenu cette initiative et y ont largement
contribué.
Sous l’impulsion de Mari Jo
Winkler-Ioffreda, leurs efforts conjoints ont permis de réduire les
déchets et la consommation d’énergie et de bénéficier aux
habitants, ce qui en fait un des tournages les plus écologiques de
l’histoire. Parmi les réussites du film, on peut citer : 74% de
déchets évités à New York grâce au recyclage, au compostage et
au don de matériaux, 68 000 bouteilles en plastique non consommées
grâce à l’utilisation de bouteilles réutilisables, 4270 repas
offerts aux centres d’accueil et banques alimentaires,
l’utilisation de véhicules hybrides pour réduire la consommation
de carburant, la réutilisation de matériaux utilisés sur de
précédents tournages… Par conséquent, le film a été récompensé
par le NYC Green Film remis par le Maire de New York, et un EMA Gold
Seal décerné par la Environmental Media Association.
LAS VEGAS À ALBUQUERQUE
Quand le père de Theo arrive et
l’emmène avec lui, le jeune garçon se retrouve coupé du monde
dans la lointaine banlieue de Las Vegas, à plus de 4000 kilomètres
de la vibrante métropole new-yorkaise. K. K. Barrett explique : “Il
est passé des quartiers résidentiels aux coins bohèmes de New
York… avant de sortir complètement de la ville. Pour un gamin qui
a grandi en ville, c’est un vrai choc non seulement d’être dans
le désert, mais d’habiter dans un lotissement perdu au milieu de
nulle part. Les maisons sont immenses mais elle n’ont aucun
personnalité et aucune âme”.
Elles n’ont pas vraiment d’habitants
non plus. Theo, son père et Xandra ont échoué au bout d’un
cul-de-sac désert.
Pour les scènes à Las Vegas, tournées
aux alentours d’Albuquerque, John Crowley voulait créer un
environnement “totalement dépourvu d'histoire, dépouillé et d’un
beige délavé”. Il précise :“Je voulais qu’aucun objet ne
soit plus vieux que Theo et Boris et que tout, autour d’eux, ait un
air totalement étranger. Cette partie du film est une sorte de
parodie d’une vie de famille qui aurait été détournée et dénuée
d’émotions. Ces deux enfants sauvages se retrouvent donc livrés à
eux-mêmes”.
Roger Deakins explique comment lui et
son équipe ont accentué la différence entre la métropole et le
désert : “La plupart des scènes à Las Vegas ont été tournées
volontairement sous un soleil de plomb, pour obtenir cet effet ardent
et décoloré. Les intérieurs étaient aussi éclairés avec une
lumière crue par opposition aux scènes new-yorkaises qui ont une
atmosphère plus sombre et feutrée”. Au-delà de l’éclairage :
“Nous avons aussi choisi des objectifs un peu plus larges pour
composer des paysages plus ouverts, stériles et hostiles aux yeux de
Theo”.
Dans une scène mémorable qui se
déroule la nuit, le réalisateur a fait un choix différent. Theo et
Boris sont livrés à eux-mêmes le soir de Thanksgiving. Après une
conversation bouleversante sur leur sentiment d’abandon et de
culpabilité, ils sautent dans la piscine plongée dans le noir. Pour
réussir cette scène sous l’eau, Roger Deakins raconte : “On
s’est servi d’un système HydroFlex monté sur une grue, une
sorte de protection sous-marine pour la caméra Alexa. Je pouvais
piloter la caméra depuis la grue, si bien qu'on n’avait pas besoin
d’un plongeur. La piscine n’était pas très profonde, à peine 3
mètres, mais on devait installer la caméra au fond de la piscine
pour obtenir un angle suffisamment large”.
Un autre défi s’est présenté pour
Oakes Fegley et Finn Wolfhard. John Crowley se rappelle : “La nuit,
il fait un froid glacial à Albuquerque. On a chauffé un peu la
piscine, mais on ne voulait pas qu’il y ait de la vapeur qui sorte,
car la piscine n’est pas censée être chauffée. La scène était
difficile pour les deux acteurs parce qu’on attendait des gestes
très précis de leur part mais ils ne pouvaient pas voir sous l’eau
et devaient y aller à tâtons. On s’y est repris à plusieurs
fois, et on a donc installé une sorte de jacuzzi de fortune avec de
l’eau chaude pour qu’ils se réchauffent entre les prises”.
AMSTERDAM
Amsterdam était le dernier lieu de
tournage, et pour les auteurs il était impossible de se contenter
d’un substitut. K. K. Barrett confirme : “On ne pouvait pas
filmer ailleurs qu’à Amsterdam. Il n’y a aucune ville qui y
ressemble même si au départ New York s’appelait la
Nouvelle-Amsterdam. C'est l'intrigue qui nous y a conduits et on
était emballés d’y aller”.
Roger Deakins se souvient : “À un
moment donné, il était question de construire la chambre d’hôtel
sur un plateau et d’utiliser un Translight en arrière-plan, mais
pour moi il était important que l’arrière-plan soit réel.
Finalement, on a tourné dans un appartement que K. K. Barrett a
aménagé en chambre d’hôtel. On avait une vue magnifique sur les
canaux qui sont tellement typiques d’Amsterdam et donnent au film
une vraie authenticité”. L’aide des équipes néerlandaises a
aussi été précieuse pour les auteurs qui ont pu tourner tout ce
dont ils avaient besoin en seulement cinq jours.
“Le film commence à Amsterdam et
atteint son dénouement au même endroit”, note John Crowley.
“C’est à cet endroit que le monde de l’art se mêle à celui
du crime. C’est Le Chardonneret qui emmène Theo loin du monde
raffiné des antiquités de New York, dans un milieu louche et
véreux… et plus précisément dans un parking sous-terrain
d’Amsterdam”.
LA RÉSOLUTION
“Miracle après miracle, il réussit finalement à survivre.” ~ Hobie
Après le tournage, John Crowley s'est
attelé à la postproduction, en collaboration avec la monteuse
Kelley Dixon et le compositeur Trevor Gureckis.
Le réalisateur remarque : “Nous
avons eu la chance de travailler avec Trevor, une étoile montante de
la musique, pour la bande originale du film. En guise d’audition,
il a écrit douze minutes de musique pour le film, alors qu’il
n’était même pas sûr d’être engagé. Mais c’est bien sûr
lui qu’on a retenu”.
Trevor Gureckis raconte :“Je voulais
créer un maillage musical avec de la musique électro moderne et un
orchestre pour souligner le travail remarquable accompli dans les
scènes. Je voulais saisir ce que ressentent les personnages”.
Selon lui, le thème central de la
musique est inspiré du parcours de Theo : “Il essaie toujours
d’atteindre quelque chose. De la même façon, la musique poursuit
toujours sa propre résolution : tout le cadre de la composition est
conçu autour d’un accord qui n’est jamais résolu jusqu’à un
moment paroxystique bien particulier”.
“Trevor a transcrit musicalement
l’idée que Roger et moi-même avions eue pour exprimer le rapport
de Theo avec les souvenirs de sa mère au Met”, affirme John
Crowley : “Il a composé une phrase musicale répétitive qui
s'achève à chaque fois sur une note qui n’apporte pas de
conclusion mais maintient une certaine tension. Puis, quand on voit
le jeune Theo et sa mère, qu’on l’entend parler et qu’on
découvre son visage pour la première fois, Trevor laisse en quelque
sorte la musique s’envoler”.
Le réalisateur remarque : “C’est
une façon de reconnaître tout ce que la mère de Theo lui a
transmis avant ce jour fatal – un événement terrible et
irréversible. Elle lui a appris à déceler la beauté, la façon
dont les beaux objets peuvent s’immiscer dans nos vies et créer
des liens entre les êtres à travers le temps. Selon moi, c’est un
message très important sur ce qui fait l’essence de notre
humanité”.
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