Policier/Thriller/Une réalisation qui réserve de bonnes surprises avec de superbes actrices, mais un scénario qui a du mal à ménager le suspense et qui tire en longueur
Réalisé par Paul Feig
Avec Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding, Rupert Friend, Linda Cardellini, Jean Smart, Eric Johnson, Sarah Baker...
Long-métrage Américain
Titre original : A Simple Favor
Durée : 01h58mn
Année de production : 2018
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie sur les écrans américains : 14 septembre 2018
Date de sortie sur nos écrans : 26 septembre 2018
Résumé : Stephanie cherche à découvrir la vérité sur la soudaine disparition de sa meilleure amie Emily.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : le réalisateur Paul Feig mélange humour et thriller. Sa mise en scène de ces styles réussit à faire mouche pour nous faire rire ou mettre en valeur les aspects mystérieux de cette histoire. Dès le début, il choisit d'intégrer un média moderne pour retranscrire les pensées d'une des protagonistes ce qui colle bien au personnage et apporte un petit côté décalé à la narration.
Cependant, bien que le film soit sympathique à regarder, le spectateur n'arrive pas à vraiment rentrer dans cette aventure entre deux genres dont on ne sait jamais vraiment s'il faut la prendre sérieusement ou à la légère. La première partie réserve finalement plus de surprises avec la découverte des deux protagonistes féminines principales, Anna Kendrick qui interprète Stephanie Smothers, et Blake Lively qui interprète Emily Nelson. Ces deux actrices font un superbe travail pour imposer des personnalités marquées et intrigantes à leur personnage. Leurs échanges sont aussi particuliers qu'enthousiasmants.
La seconde partie du film déroule ses rebondissements qui ne parviennent ni vraiment à surprendre ni à convaincre. Il y a une baisse de rythme et l'ensemble tire un peu en longueur.
L'OMBRE D'EMILY commence en pétillant puis perd de son panache dans les méandres de son développement. La réalisation est bien travaillée et les actrices sont supers. Si on aime les films de Paul Feig et/ou les actrices Anna Kendrick et Blake Lively alors on peut se laisser charmer par ce film, cependant, il ne faut pas en attendre trop de son scénario.
Cependant, bien que le film soit sympathique à regarder, le spectateur n'arrive pas à vraiment rentrer dans cette aventure entre deux genres dont on ne sait jamais vraiment s'il faut la prendre sérieusement ou à la légère. La première partie réserve finalement plus de surprises avec la découverte des deux protagonistes féminines principales, Anna Kendrick qui interprète Stephanie Smothers, et Blake Lively qui interprète Emily Nelson. Ces deux actrices font un superbe travail pour imposer des personnalités marquées et intrigantes à leur personnage. Leurs échanges sont aussi particuliers qu'enthousiasmants.
Copyright photos @ Metropolitan FilmExport
La seconde partie du film déroule ses rebondissements qui ne parviennent ni vraiment à surprendre ni à convaincre. Il y a une baisse de rythme et l'ensemble tire un peu en longueur.
L'OMBRE D'EMILY commence en pétillant puis perd de son panache dans les méandres de son développement. La réalisation est bien travaillée et les actrices sont supers. Si on aime les films de Paul Feig et/ou les actrices Anna Kendrick et Blake Lively alors on peut se laisser charmer par ce film, cependant, il ne faut pas en attendre trop de son scénario.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
″Les secrets, c’est comme la confiture : c’est facile à étaler, mais c’est mauvais pour le cœur″ -- Stephanie
Malgré les apparences, les gens ne
correspondent pas toujours à l'image qu'on en a. La protagoniste de
cette histoire est une improbable héroïne de film noir, la
blogueuse Stephanie (Anna Kendrick), mère de famille enjouée et
organisée, vivant dans une banlieue résidentielle. Dans sa quête
de bonheur conjugal, d’amitié et de recettes à tomber par terre,
Stephanie se retrouve malgré elle prise au piège d'un imbroglio de
sombres secrets et de terribles mensonges lorsqu’elle fait la
connaissance de la maman ultra-glamour Emily (Blake Lively).
Lorsque Stephanie est invitée pour la
première fois chez Emily pour que leurs enfants jouent ensemble, sa
curiosité est tout de suite aiguisée. Emily, au mode de vie
particulièrement chic, est à la fois mystérieuse et séduisante :
elle occupe un poste important dans le milieu de la haute couture,
son mari est un écrivain britannique particulièrement séduisant et
elle habite une maison ultra moderne qui ressemble à un décor de
cinéma. Stephanie est très flattée lorsqu’Emily commence à se
confier à elle et à la considérer comme sa nouvelle meilleure
amie. Elle semble fréquenter les cercles les plus fermés, et
Stephanie a l’impression, grâce à elle, de pouvoir pénétrer cet
univers somptueux digne de ses rêves les plus fous.
″J’ai besoin que tu me rendes un
petit service″, lui demande un jour Emily. Sans hésiter, Stephanie
accepte avec enthousiasme de récupérer son fils Nicky à l’école.
Pourtant, la situation se complique lorsqu’Emily disparaît sans
laisser de traces et que Stephanie doit assumer la responsabilité de
son fils, sans le moindre indice pour la guider. Suivant son credo
qui veut que ″les mamans se débrouillent toutes seules″,
Stephanie se charge ellemême de retrouver son amie disparue avec
l’aide de ses followers. Elle n’a aucune idée de la tournure que
vont prendre les événements : son amitié et sa loyauté vont être
mises à l’épreuve, de redoutables secrets révélés au grand
jour. Stephanie est sur le point de s'engager dans un périple
angoissant, ponctué de trahisons, d’impostures, de transgressions
dont elle sera parfois à l’origine.
Paul Feig (MES MEILLEURES AMIES, SPY,
la série FREAKS AND GEEKS) s’éloigne ici des comédies grand
public pour lesquelles il s'est fait connaître. Il se consacre à un
thriller à suspense, qui relève également de la satire de la
tendance actuelle à vouloir exposer sur les réseaux sociaux une vie
en apparence parfaite. La productrice Jessie Henderson, qui a
également produit SPY, explique : ″Ce film ne ressemble à aucun
autre et c’est ce qui va plaire aux spectateurs. Globalement on a
vraiment l’impression d'un projet inédit qui puise dans de
nombreux genres différents″.
Paul Feig s’est intéressé à
L’OMBRE D’EMILY parce qu’il lui semblait que le scénario
possédait tous les ingrédients lui permettant de repenser le genre
du thriller : une intrigue haletante, une imagination diabolique, de
l’humour pince-sans-rire, des personnages à la complexité
psychologique infinie et un décor de banlieue résidentielle
faussement paisible. ″J’adore jouer avec différents genres,
casser les codes et tordre le cou aux clichés cinématographiques
pour me les réapproprier″, raconte Paul Feig. ″Lorsque j’ai
reçu le scénario de L’OMBRE D’EMILY, je me suis dit : ‘Bingo
!’ C’est exactement ce que j’attendais. J’ai toujours
beaucoup aimé les thrillers, si bien que j'avais hâte de m’essayer
à ce genre. Stephanie est l’un des personnages que j’ai le plus
apprécié de porter à l’écran″.
Paul Feig s’est emparé du personnage
de Stephanie pour déconstruire l’héroïne dure à cuire et
cynique qu’on attend dans un thriller. Il remarque : ″On connait
tous une personne comme elle : la mère de famille qui consacre sa
vie à essayer de faire plaisir aux autres et dont on profite parce
qu’elle est trop serviable. Ce que je voulais avant tout, c’est
qu’on soit de son côté, même lorsqu’elle ouvre soudain les
yeux et découvre la noirceur du monde dans lequel elle vit″.
Pour Anna Kendrick, incarner la jeune
femme qui tente de plaquer son optimisme à toute épreuve sur la
plus sombre des machinations s’est avéré être un vrai numéro
d’équilibriste qu’elle a savouré. ″C’est une histoire qui
repousse les limites de genre ; on y trouve à la fois des gags, un
meurtre à élucider, beaucoup de rebondissements et de surprises.
Stephanie est sans aucun doute l’un des personnages les plus
optimistes que j’aie jamais joués, mais elle a tendance à se
voiler la face et la réalité finit par lui sauter au visage
violemment à partir du moment où Emily disparaît, et c’est ça
qui est intéressant″, estime l’actrice.
Paul Feig remarque que l’équilibre à
maintenir dans le film entre divertissement et frénésie à la fois
psychologique et sociale l’a poussé à explorer un domaine qu’il
ne connaissait pas. C’est exactement ce qu’il recherchait : ″Le
film est vraiment drôle mais il vous fait aussi ressentir toutes
sortes d’émotions et propose des rebondissements que je n’avais
jamais envisagés auparavant. Je dois remercier Darcey Bell, l’auteur
de ce fantastique roman, mais aussi la scénariste Jessica Sharzer
qui a fait un travail remarquable, sans oublier nos formidables
acteurs ainsi que toute l’équipe qui nous a accompagnés pour
raconter cette histoire″.
DU RIRE ET DES FRISSONS : UNE
ADAPTATION PLUTÔT COMPLEXE
″Disparue″, le premier roman de
Darcey Bell publié en 2017, a rapidement été élevé au rang des
romans les plus addictifs de l’année, tenant les lecteurs
insatiables en éveil jusque tard dans la nuit. Si les critiques
l’ont comparé aux "Apparences″ de Gillian Flynn, le roman a
tout de même quelque chose de résolument singulier et d’actuel.
En effet, cet enchevêtrement de trahisons et de vengeances renferme
aussi une analyse sans concession du personnage de la maman blogueuse
qui explore le monde déroutant de la maternité à l'époque
actuelle : ses principales caractéristiques sont un instinct
protecteur à toute épreuve, une redoutable compétition sur les
réseaux sociaux, une vraie solitude, une certaine jalousie et une
quête sans fin de la perfection.
Grâce à ses retournements de
situation complètement inattendus et à une histoire se prêtant
particulièrement bien à une adaptation pour le grand écran, les
droits du film ont été achetés avant même la parution du roman.
Peu de temps après, la scénariste Jessica Sharzer (NERVE, SPEAK,
DIRTY DANCING) s’est attelée à son adaptation. Dès le début,
Jessica Sharzer a cherché à renverser l’intrigue de la femme en
détresse, devenue un classique du film de divertissement. Elle a
plutôt tenté d’explorer ce schéma qui nous est si familier pour
mieux le subvertir.
″On a vu beaucoup de ces histoires où
on découvre tout à coup que le narrateur n’était pas fiable″,
reconnaît Jessica Sharzer, ″mais ce qui m’a plu dans le roman de
Darcey, c’est qu’elle aborde ça différemment. Il reste
profondément pince-sans-rire d’un bout à l’autre, et c’est
surtout ça que je voulais montrer. Je tenais à ce que le film
respecte les codes du genre, avec tout un tas de retournements de
situation, mais qu’on le fasse de façon très consciente″.
Si Jessica Sharzer a abordé le rythme
effréné de l’intrigue avec un côté malicieux, elle a aussi été
largement inspirée par les thèmes sous-jacents. ″C’est une
histoire sur la nature des secrets, la façon dont ils se répandent
et finissent par avoir des conséquences sur notre vie et nos
relations avec les autres″, note-t-elle. ″Mais on parle aussi des
choix qui s’offrent aux femmes″.
C’est le sujet qui a le plus inspiré
Jessica Sharzer et qui sous-tend la popularité grandissante du film
noir "domestique", devenu un véritable phénomène
culturel. On demande aux femmes de choisir un rôle à jouer dans la
société et on les sanctionne lorsqu’elles tentent d’en sortir.
Jessica Sharzer poursuit : ″Ce que j’aime, c’est que cette
histoire s'attache à plusieurs femmes qui choisissent entre leur
carrière et leurs enfants. Quels sont les compromis qu’on doit
faire d’un côté et de l’autre ? Et qu’estce qu’on perd
quand on fait ces choix ? Ce sont des sujets dont on discute tout le
temps avec mes amies. Ce sont des questions importantes à se poser,
je trouve ça très motivant de pouvoir aborder ce sujet dans un
thriller″, ajoute-t-elle. ″Stephanie et Emily représentent deux
types de femmes très différentes : une mère au foyer et une
carriériste ambitieuse, qui ne seraient jamais devenues amies sans
leurs fils. Je suis très intéressée par leurs différences et par
le fait que les femmes se sentent encore à l’heure actuelle
forcées de choisir l’une ou l’autre de ces options″.
Afin de rendre le film plus intéressant
visuellement, Jessica Sharzer a fait de Stephanie la blogueuse une
"vlogueuse". Si le livre alterne les points de vue, Jessica
Sharzer a décidé que Stephanie serait au centre de l’action dans
toutes les scènes. On suit donc son parcours, à mesure que sa
personnalité de maman battante est confrontée à un déluge sans
fin de soupçons, de catastrophes et de conflits psychologiques. La
scénariste éprouvait une affection sincère pour le personnage de
Stephanie. ″Je l’adore parce que c’est une vraie geek par
certains côtés″, dit-elle en riant. ″Elle se donne beaucoup de
mal, et pourtant elle sait que les autres mamans se moquent d’elle.
Ses seuls vrais amis sont ses followers mais ce ne sont que des amis
de substitution. Elle se sent donc seule, hantée par ses erreurs
passées ; c’est ce qui la pousse à tenter d’être une maman
parfaite″.
Ceci étant dit, le personnage d’Emily,
la dure à cuire rusée aux antipodes de Stephanie, s’est avéré
tout aussi intéressant à écrire. ″Emily est très élégante et
sophistiquée mais dans son cas aussi ce n’est qu’une façade.
Curieusement, toutes les deux ont un lourd passé qu’elles
dissimulent de façon très différente : Stephanie confectionne des
cookies allégés, tandis qu’Emily travaille dans la haute couture,
un univers où tout est une question d’apparences et de mystère″,
explique Jessica Sharzer.
Tout est allé très rapidement entre
le moment où Jessica Sharzer a commencé à travailler sur le
scénario et le début du tournage. Elle a été particulièrement
flattée que ce soit Paul Feig qui se charge de la réalisation car
elle adore ses comédies centrées sur des personnages féminins. ″Je
me suis dit que j’avais beaucoup de chance, parce qu’on voit bien
dans le travail de Paul qu’il a un vrai talent pour puiser dans ce
qui rend les femmes drôles mais jamais de façon caricaturale ou
pour s’en moquer″, remarque-t-elle.
Sa première lecture du scénario a
beaucoup secoué Paul Feig. ″Je me souviens, j’étais dans mon
jardin, assis dans un fauteuil confortable et je m’exclamais : ‘Oh
mon Dieu ! Oh mon Dieu !’. Cette sensation ne m’a jamais quitté
et m’a guidé tout au long de la fabrication du film″.
Paul Feig a décelé dans le scénario
de Jessica Sharzer une occasion unique de déjouer les attentes des
spectateurs. ″On a tendance à ranger les femmes dans des
catégories bien spécifiques. L’épouse parfaite ou la connasse
autoritaire. Mais dans ce film, si on croit au début que Stephanie
est la maman pleine d’entrain dont on a envie de se moquer, on se
rend vite compte qu’on s’est un peu trompé. Stephanie a bien
d’autres facettes mais aussi des secrets. J’aime l’idée qu’on
est en permanence pris de court″, résume Paul Feig. C’est l’idée
qu’il a décidé d’explorer et qu’il a suivie jusqu’au bout.
Le producteur associé Mike Drake
(RIDDICK) commente la démarche de Paul Feig : ″Paul n’a pas du
tout abordé l’histoire comme un thriller classique ; l’intrigue
ne cesse de se complexifier, tout en conservant une part de légèreté.
Paul se consacre entièrement à l’art de la narration, et Jessie
Henderson, productrice du film, est pour lui une partenaire
inestimable. Ils savent très exactement ce qu’ils veulent et c’est
ce qui a convaincu des acteurs d’un tel talent de s'associer au
projet″.
Si Paul Feig a largement exploité le
potentiel comique de la personnalité enjouée de Stephanie, prise
dans un enchevêtrement de sombres secrets, il était aussi résolu à
mettre la barre encore plus haut en matière de suspense. Le film
adopte une tonalité susceptible de basculer en un instant du rire
aux frissons.
″J’adore les films où on rit la
moitié du temps et où on est terrifié le reste du temps″, révèle
Paul Feig. ″C’est exactement comme dans la vie. On se demande
souvent : ‘Est-ce que cette personne est vraiment sérieuse ?
Est-ce qu’elle cache quelque chose ?’ Dans ce film, ce sont des
questions centrales″.
Afin de renforcer le contraste entre
humour et angoisse, Paul Feig a décidé de tourner le film à la
manière d’une comédie enjouée au cœur d’une banlieue
résidentielle, plutôt qu’un drame au réalisme cru, malgré toute
la paranoïa et l’adrénaline qui se dégagent de l’histoire.
″Dans ce film, les scènes les plus palpitantes se passent en plein
jour plutôt que dans des pièces mal éclairées″, notet-il. ″Dans
les banlieues résidentielles, on ne peut rien cacher derrière les
murs blancs et les grandes fenêtres. On voit ce qui s’y passe, du
moins en apparence. C’est ça qui est aussi intéressant″.
ANNA KENDRICK ET BLAKE LIVELY : DEUX
MAMANS AU STYLE TRÈS DIFFÉRENT
On sait déjà à quel point Anna
Kendrick est une actrice éclectique. Pourtant, le rôle de Stephanie
s’est avéré très nouveau pour elle. Stephanie ressemble en
partie à Anna Kendrick, notamment en raison de son exubérance et de
sa très grande gentillesse. Mais la prestation de l’actrice va
bien au-delà car elle témoigne d'un sens inné du sarcasme, d'une
grande complexité émotionnelle et d'une audace folle.
Paul Feig ne pouvait imaginer aucune
autre actrice dans ce rôle. ″J’adore les prestations d’Anna de
manière générale mais j’aime surtout quand elle interprète des
rôles de personnages gentils, serviables et sincères, exactement
comme Stephanie. Chaque fois qu’elle apparaît à l’écran, on
tombe sous son charme″, remarque-t-il. ″Et pourtant, elle a un
côté particulièrement acerbe qui est à mourir de rire, si bien
que j’étais certain qu’Anna ferait tout pour que Stephanie n’ait
pas l’air de se faire marcher sur les pieds″.
Il poursuit : ″C’est elle qui
connaît la plus grande évolution au cours du film : au début, elle
nous donne l’impression d’être la maman parfaite, jusqu’au
moment où elle a vraiment le sentiment de se faire avoir. À ce
moment-là, elle commence à se révéler et à adopter les plus
grandes qualités d’Emily — une personne motivée, ambitieuse,
pour qui il n’y a pas de non qui tienne. Elle commence à remettre
en question sa conception de la nature humaine et elle met à profit
cette découverte. Ce que j’aime beaucoup dans le travail d’Anna,
c’est qu’à la fin du film, on a vraiment l’impression qu’elle
a évolué″.
Anna Kendrick s’est attaquée à un
personnage de femme qui semble être un peu bonne poire, mignonne,
gentille mais qui refoule d'insondables peurs, regrets et émotions
qu’elle ne parvient pas à affronter.
Jessie Henderson raconte : ″C’était
très impressionnant d’observer Anna se glisser chaque jour dans la
peau de Stephanie. Elle maîtrise de subtiles expressions du visage
qui en disent long. Elle est tellement chaleureuse qu’elle attire
les gens mais elle prend un soin particulier à dévoiler les fêlures
de Stephanie de façon à la fois nuancée et captivante″. C’est
Feig qui a convaincu Anna Kendrick d’accepter ce rôle exigeant.
"Je savais que L’OMBRE D’EMILY serait un film peu
conventionnel", dit-elle. Elle a également apprécié que des
destins de femmes soient au cœur du projet, au-delà des codes du
genre. "Les femmes ont des rapports si fusionnels, complexes,
déroutants, que c'était formidable d’avoir la chance d’explorer
cette dimension dans un thriller truffé de rebondissements".
Anna Kendrick a pris un vrai plaisir à
jouer Stephanie et à creuser les méandres d'un personnage en
apparence insouciant mais qui possède en réalité une seconde
personnalité sur les réseaux sociaux. Selon l’actrice, bien que
son personnage joue au détective lorsqu’Emily disparaît, elle
n'en reste pas moins une mère célibataire seule et angoissée,
encombrée d'un passé qu’elle cherche désespérément à oublier.
"Stephanie est pleine d’entrain et voit toujours les choses du
bon côté, ce qui la rend un peu irritante", déclare Anna
Kendrick en riant. "Mais elle dégage aussi une certaine
tristesse car elle est véritablement seule. Dans sa relation avec
Emily, elle est prête à encaisser pas mal de choses car tout est
préférable à la solitude. Stephanie cherche aussi l’approbation
d’Emily. C’est, à mon avis, ce que vivent beaucoup de femmes
dans certaines relations amicales".
Feig a laissé Anna Kendrick explorer
les nombreuses aspérités de Stephanie et donner encore plus
d’ampleur au rôle. "C'était formidable de travailler avec
Paul, car il vous donne l’impression que tout est possible",
reprend l’actrice. "On peut essayer n’importe quoi et il
sait y déceler quelque chose : c’est une expérience très
libératrice".
Pour la comédienne, un autre temps
fort de cette collaboration a été de pouvoir forger un rapport
complexe et tendu avec Blake Lively. "Dans la réalité, Blake
est vraiment adorable, ouverte et chaleureuse", souligne Anna
Kendrick, "si bien que c’était merveilleux de la voir
témoigner de son sens de l'humour et de sa part d'ombre sous les
traits d’Emily".
Blake Lively a elle aussi été
heureuse de découvrir Anna Kendrick. "Anna peut rendre le
moindre geste électrique. Elle est charmante, très intelligente et
élégante", souligne Blake Lively. Pour celle-ci, ce projet lui
a permis d'explorer une dimension nouvelle. "En incarnant Emily,
c’était la première fois que j’avais la chance de jouer les
méchantes, ce qui était drôle et un vrai plaisir".
L’actrice estime que cette histoire
renvoie aux thrillers de l’âge d’or hollywoodien, teintés
d'humour et un rien déstabilisants. "L’OMBRE D’EMILY me
rappelle certains de mes vieux films préférés, où on ne sait pas
ce qui va se passer jusqu’à la dernière minute",
poursuit-elle. "J’adore LAURA, HANTISE, QU’EST-IL ARRIVÉ À
BABY JANE ? et ÈVE. L’OMBRE D’EMILY rend hommage à ce genre de
films stylisés et palpitants, aux intrigues tendues et aux
personnages volontiers excessifs".
"On projette différentes facettes
de soi dans la vie, que l’on soit sur les réseaux sociaux, dans la
sphère privée ou dans le travail", ajoute Blake Lively. "Dans
ce film, c’est intéressant de se pencher sur qui l’on est par
opposition à l’image de soi que l’on renvoie au monde. Les
femmes sont éduquées dans l’idée qu’il faut tout faire pour
maintenir un certain niveau de perfection, que ce soit intérieurement
ou extérieurement, mais l’imperfection est de ce monde et c'est
d'ailleurs beaucoup plus intéressant que la perfection. Les
personnages du film finissent par dévoiler leur véritable identité,
ce qui les rend d'autant plus attachants à mes yeux".
Avec Emily, Blake Lively a incarné un
personnage extrêmement manipulateur et sûr de soi mais aussi
fragile psychologiquement. Emily donne l’impression de contrôler
sa vie mais malgré ses airs de réussite, sa vie ne se révèle pas
du tout stable. "Quand on découvre Emily à l’écran, elle
est très aguichante et imperturbable mais l’on comprend qu’elle
est aussi particulièrement vulnérable", reprend l’actrice.
"Sa personnalité est à l'image des nombreuses vies qu’elle a
vécues. Elle me fait penser à un chat".
Blake Lively a poussé ce côté fuyant
résolument félin à son maximum. "Ça a été génial de voir
Blake s'imprégner totalement de ce personnage car elle est connue
pour camper des femmes auxquelles on s’attache", signale Feig.
"Ici, elle est totalement inattendue. Elle s’est dépassée
avec brio".
Pour Blake Lively, sa profonde
fascination pour Emily et ses nombreuses facettes l’a amenée à
collaborer avec plaisir avec les différentes équipes concernées
pour concevoir sa coiffure, son maquillage et sa garde-robe. "Blake
a beaucoup d'imagination et a apporté beaucoup d’idées sur la
caractérisation de son personnage, quelles qu'en soient ses
manifestations, de sophistiquée à beaucoup moins soignée",
souligne la productrice Jessie Henderson.
Dès le départ, Blake Lively a voulu
que les spectateurs envisagent d’abord Emily comme une femme
audacieuse et sans respect pour les conventions avant que cette
façade ne s’effondre et révèle une personne résolument
différente. "Quand j’ai lu le scénario, j’ai senti qu’il
fallait donner à Emily une allure plus emblématique, contrairement
au livre ou au scénario", développe l’actrice. "C'est
le style auquel les spectateurs qui la connaissent s’attendent, si
bien que, si elle venait à disparaître, ce serait plus simple. Elle
est mystérieuse. Personne ne sait à quoi s’attendre de sa part.
Ainsi, si elle suscite des attentes et que les spectateurs ont
l’impression de la connaître ou peuvent deviner ses décisions,
cela lui offre la liberté de se réinventer bien plus facilement. Ça
n’a pas été facile d’imaginer quelque chose qui n’ait pas
déjà été fait cent fois. Il fallait que ça lui soit propre,
presque comme une caricature d’elle-même. Je voulais une allure
bien spécifique. C’est alors que je me suis dit, 'pourquoi ne pas
l’habiller exactement comme Paul ?' Pas la version féminine et
sexy avec la chemise déboutonnée. Non. En costume trois-pièces
bien mis, avec nœud papillon, pochette et boutons de manchette. Je
voulais jouer avec les canons de la sexualité féminine car je crois
sincèrement qu’il n’y a pas besoin de montrer de la peau pour
évoquer la sexualité. C’est quelque chose que l’on dégage.
L’intensité d’un personnage peut le suggérer, avec ou sans peau
et quand on aperçoit enfin quelques centimètres de chair, le
sentiment d’être un voyeur n’en est que plus stupéfiant.
L’expérience n’en est que plus enivrante. Elle en a parfaitement
conscience. Chez elle, tout est question de pouvoir : il s’agit de
sa façon d’utiliser son pouvoir sur les autres et de jouer avec
eux. C’est un personnage franchement intéressant à incarner".
Pour le producteur exécutif Mike
Drake, le scénario repose, de manière imprévisible, sur la
relation d’amitié et de haine entre Blake Lively et Anna Kendrick.
"Il y avait là matière à travailler pour ces deux actrices.
On comprend combien elles ont toutes les deux adoré explorer les
différentes facettes de leurs personnages et laisser les spectateurs
découvrir la vérité", résume-t-il.
LES SECONDS RÔLES
Alors que les univers de Stephanie et
d’Emily, aux antipodes l’un de l’autre, commencent à se
croiser, il en est de même de leurs familles. C'est ce qui a rendu
exaltant les auditions pour dénicher de nouveaux acteurs
susceptibles de les incarner. L’un des rôles les plus complexes à
distribuer a été celui de Sean, le mari d’Emily fringuant mais
désabusé, qui semble désemparé par sa disparition et qui se
tourne de plus en plus vers Stephanie en quête de réconfort et de
soutien… voire plus si affinités.
Pour camper ce personnage à la fois
attirant et complexe, Feig a engagé Henry Golding, acteur
malaysien-britannique et star montante à l'affiche de CRAZY RICH
ASIANS. "Henry est séduisant, possède une voix superbe et est
d’une incroyable décontraction. Plus important encore, Henry est
aussi un acteur réellement passionné et talentueux", déclare
le réalisateur.
Golding a été intrigué par le
triangle incertain entre son personnage, Emily et Stephanie. "J’ai
été fasciné par le changement de dynamique entre ces trois
personnages et la rapidité avec laquelle ce changement se produit
parfois au cours de l’histoire", admet-il sans détour. "J’ai
aussi été intéressé par Sean, cet écrivain raté qui se
redécouvre une vie quand sa femme disparaît".
"À une époque, Sean était un
écrivain reconnu et tout New York parlait de lui, ce qui lui a valu
l’attention d'Emily", explique Golding en évoquant ce qui
attire son personnage chez Emily, puis chez Stephanie. "C’était
une femme d’influence très séduisante et forte mais leur relation
est devenue toxique, car il a fait d’Emily le centre de son univers
quand il a cessé d’écrire. À sa disparition, il est totalement
perdu et cherche compassion et réconfort auprès de Stéphanie –
autant de sentiments inédits pour lui".
Golding et Feig se sont inspirés de
l'allure à la fois élégante et décontractée de Cary Grant pour
le personnage mais l’acteur n’hésite pas à vanter le talent
d’Anna Kendrick et de Blake Lively grâce à qui il a pu donner son
maximum. "Anna et Blake sont toutes les deux des forces de la
nature à prendre en compte", rapporte-t-il. "Certes, j’ai
été intimidé de jouer avec elles mais elles se sont toujours
montrées très encourageantes. Ça a été une chance merveilleuse
de les voir jouer. Elles vous font croire à tout ce qu'elles font".
Pour ajouter encore aux rebondissements
du film, Miles et Nicky, les fils respectifs de Stephanie et d’Emily,
nouent eux aussi une rivalité à mesure que l’intrigue se
complexifie. Pour se glisser dans la peau de ces personnages
exigeants, le réalisateur a choisi les jeunes acteurs Joshua Satine
et Ian Ho, respectivement Miles et Nicky. Ils ont tous deux décroché
ces rôles après avoir passé des auditions. "Tous les deux
sont d’excellents comédiens qui ont vraiment investi leurs
personnages", déclare Felg. "Nicky est colérique et en
sait plus qu’on ne le croit, Miles est comme un prolongement de
Stephanie à force d'avoir été tenu à l’écart de tout ce qui
est triste et sombre par sa mère".
Jessie Henderson a également été
impressionnée par ces stars montantes. "Joshua et Ian sont si
jeunes que c’est absolument hallucinant qu’ils aient pu apprendre
leur texte et encore plus d'insuffler une telle émotion à leurs
personnages. On a eu beaucoup de chance de les trouver car ils
ajoutent à l’authenticité de l’histoire", reconnaît-elle.
Pour compléter cette distribution,
Andrew Rannells (LE NOUVEAU STAGIAIRE, la série GIRLS) campe Darren,
un parent d’élève très moralisateur ; Linda Cardellini, de la
série FREAKS AND GEEKS créée par Felg, interprète Diana Hyland,
qui fait partie du passé mystérieux d’Emily ; Jean Smart (les
séries FARGO et 24 HEURES CHRONO) incarne la mère excentrique
d’Emily, Mme McLanden ; Rupert Friend (LA MORT DE STALINE, la série
HOMELAND) le patron d’Emily, à la tête d’un empire de la mode à
son nom, Dennis Nylon ; et Bashir Salahuddin (SNATCHED, la série
GLOW) interprète l’inspecteur Summerville chargé de l’enquête.
Les producteurs avaient envie de
travailler avec Rannells depuis longtemps. "Je trouve Andrew
plein de talent et Paul et moi voulions tourner avec lui depuis un
moment", raconte Jessie Henderson. "Il joue Darren, qui est
un peu susceptible et se montre toujours méfiant des autres. Andrew
le campe à merveille, avec beaucoup de légèreté en prime".
C’est comme si Darren se retrouvait
au centre d’un chœur grec, aux côtés de Sona (Aparna Nancherla
de MASTER OF NONE) et de Stacey (Kelly McCormack de la série
KILLJOYS). "Darren fait partie d’un groupe de parents qui
critiquent beaucoup, adorent les ragots et se montrent malveillants
envers Stephanie", développe Rannells. "Ils voient en elle
une sorte de Martha Stewart constamment en train de s'investir dans
les activités de l’école, à leur grand désespoir. Elle a
toujours les encas qu’il faut et les jeux qui conviennent. Darren
et ses amis passent leur temps à faire des commentaires désagréables
et à critiquer Stephanie, jusqu’à ce qu’ils s'aperçoivent que
c’est peut-être elle qui a raison".
Pour Feig, c'était l’occasion de
collaborer de nouveau avec Linda Cardellini après plusieurs années.
"L’une des plus grandes expériences de ma carrière a été
de diriger Linda sur FREAKS AND GEEKS", raconte-t-il. "Et
c’était il y a dix-sept ans ! C’est une actrice formidable et
son personnage n’a rien à voir avec la Lindsey de [la série]. Ça
a donc été drôle de la voir adopter une personnalité sombre et
imprévisible. On s’est bien amusés et elle sera toujours mon
idole".
L’actrice remarque que Diana Hyland
sert de catalyseur pour comprendre le passé d’Emily. "La vie
entière de Diana s’effondre à cause d’Emily, si bien que quand
elle entend à nouveau parler d’elle, elle se sent comme hantée
par un fantôme. Elle passe par toutes sortes d’émotions en un
très court laps de temps", signale-t-elle.
La présence de Jean Smart au générique
s'est révélée tout aussi importante aux yeux du réalisateur.
"J’ai eu la chance de connaître personnellement la
merveilleuse Jean Smart pendant quelques années et c’est un vraie
pro", poursuit-il. "Elle a beaucoup contribué à la
création de son personnage, notamment avec l’idée que Mme
McLanden puisse porter un survêtement chic, car elle cherche à
maintenir l’illusion qu’elle est riche et élégante malgré son
état de déliquescence".
Ce personnage a été une révélation
pour l’actrice. "Elle a eu une vie très mouvementée et elle
est devenue un peu excentrique", évoque Jean Smart. "Et ça
a été fantastique de pouvoir travailler une fois de plus avec Anna
Kendrick".
Pour l’extravagant Dennis Nylon, les
producteurs ont eu la chance que Rupert Friend lise le scénario et
les sollicite pour le rôle. "Ça m’a surpris que Rupert soit
intéressé", reconnaît Feig, "mais à la seconde où il a
joué le personnage et proposé des idées, il a été parfait. On
s’est bien amusés à changer et à enrichir son rôle".
L’inspecteur Summerville se joint lui
aussi à la mêlée. Il essaie à la fois de retrouver Emily et de
comprendre pourquoi l’histoire ne tient pas debout. "Bashir
Salahuddin est parfait pour ce rôle", poursuit Jessie
Henderson. "Il est incroyablement drôle et possède l’air
sérieux nécessaire. Entre lui et Stephanie, c’est le jeu du chat
et de la souris et il a toujours l’air de surgir au mauvais moment.
Bashir permet de vraiment détendre l'atmosphère, même si cela a
tendance à rendre Stephanie et les spectateurs plus anxieux".
LES APPARENCES PEUVENT S’AVÉRER
TROMPEUSES : LES DÉCORS
Situé dans une région rurale
verdoyante du Connecticut aux allures faussement tranquilles, L’OMBRE
D’EMILY est un film solaire et chatoyant, tout en appartenant à un
registre très sombre. Dès le début, Feig a su qu’il voulait
jouer avec l’idée d’une atmosphère contemporaine de film noir
se déroulant en banlieue : la beauté et la légèreté de l’univers
visuel du film tranchent violemment avec les constants soubresauts de
l’histoire de Stephanie et d’Emily.
Feig a collaboré avec une équipe de
choc pour y parvenir. À commencer par le directeur de la
photographie nommé aux Oscars John Schwartzman, notamment connu pour
sa magnifique lumière sur PUR SANG : LA LÉGENDE DE SEABISCUIT,
ROCK, JURASSIC WORLD et PEARL HARBOR. Amis de longue date, ils se
sont connus à l’école de cinéma et Schwartzman avait apprécié
leur première collaboration.
Dès le départ, Schwartzman et Feig
ont envisagé de faire appel aux dispositifs traditionnels du
suspense tout en s’en éloignant. "Il était primordial de
continuer à jouer avec le fait que personne ne sait ce qui se passe
vraiment jusqu’à la fin du film. C’est pour cette raison que je
ne voulais pas recourir à l’habituelle ombre sur le mur typique du
genre. C’était trop flagrant et ça dévoilait beaucoup trop
l’histoire", insiste Schwartzman.
En explorant d’autres représentations
de la paranoïa, Schwartzman s’est inspiré de l'univers néo-noir
de BLUE VELVET de David Lynch comme ligne directrice. "Je me
suis intéressé aux couleurs éclatantes de ce film et je m’en
suis nourri", raconte le directeur de la photographie. "Je
ne cherchais pas à cacher quoi que ce soit dans les ombres. J’ai
préféré mettre en valeur les décors et les accessoires et laisser
les spectateurs comprendre leur signification".
À l’aide de la caméra dernier cri
Panavision DXL équipée d'objectifs Panavision Primo 70mm,
Schwartzman tenait à jouer avec l’immédiateté des événements
et faire partager aux spectateurs la stupeur que ressent Stephanie à
la disparition d’Emily. Il s'est également amusé avec la
dimension visuelle des blogs vidéo d’Emily. "On voulait que
les spectateurs aient l’impression de suivre le blog de Stephanie",
explique-t-il, "j’ai dit à Paul 'Filmons Anna en train de
tourner les scènes du blog et je les refilmerai ensuite en très
haute définition sur écran géant'. C’est ce qui a donné cette
texture pixellisée. Il y a aussi de petits clins d’œil dans
chacune de ces scènes de blogs, ce qui les rend très drôles. Leur
ton évolue au même rythme que le mystère".
"Ce qui est merveilleux au début,
c’est que Stephanie livre au spectateur ses commentaires par
l’intermédiaire des blogs vidéo", reprend Feig, "ce qui
permet de savoir ce qu’elle pense et de voir comment ses fans la
perçoivent. Mais le blog se transforme ensuite en outil dont
Stephanie se sert contre Emily, lui envoyant des messages cryptés à
l’insu de ses fans".
Un autre temps fort pour Schwartzman a
consisté à éclairer la maison de verre d’Emily, ultra-moderne –
lieu de tournage découvert par le chef décorateur Jefferson Sage,
qui travaille avec Feig depuis FREAKS AND GEEKS et qui a collaboré à
MES MEILLEURES AMIES. "La maison d’Emily devait être
immaculée et haut de gamme. Elle est tout en volume, pleine
d’espaces vides, avec de grandes baies vitrées et un simple jeu de
lumière", souligne Sage.
Les producteurs ont eu de la chance
pendant les repérages. "La maison que l’on a fini par trouver
possède un merveilleux sol en béton que l’on a pu utiliser pour
déplacer les caméras dans toutes les directions", explique le
réalisateur. " il y avait beaucoup d’espace, ce qui était
important car John Schwartzman est le roi des mouvements de caméra".
La palette de couleurs à l’intérieur
de la maison d’Emily – des gris et des blancs froids – tranche
avec celle de la demeure de banlieue plus modeste de Stephanie faite
de couleurs vives. "Ces deux maisons nous racontent visuellement
les histoires très différentes de ces personnages, nous renseignant
sur leur identité et leurs origines", fait remarquer Sage.
L’un des décors préférés de Sage
reste la propriété délabrée de Mme McLanden, filmée sur les
terres vastes et inquiétantes d’un ancien domaine ayant appartenu
à de riches entrepreneurs canadiens. "On s’est amusés à
créer ce décor, car Mme McLanden était riche autrefois mais la
situation s'est renversée et on a donc voulu suggérer que sa
grandeur et sa richesse passées se résument à un tas de
vieilleries. C’est drôle et effrayant tout à la fois",
poursuit-il.
Le réalisateur a surtout été
impressionné par le travail de Sage pour créer les bureaux en
enfilade de la Dennis Nylon construits de A à Z dans un entrepôt
désaffecté. "Le décor de la Dennis Nylon est le chef d’œuvre
de Jeff", déclare Feig, admiratif. "L’aménagement en
open space est visuellement exaltant, surtout quand on y voit
Stephanie s’y déplacer furtivement. Elle est exposée aux yeux de
tous".
Tout comme Schwartzman, Sage s’est
amusé à enfreindre les règles. "On voulait créer une tension
extrême mais en même temps, on souhaitait que les spectateurs
puissent prendre du recul et rient", ajoute-t-il. "C’est
ce qui a influencé les lignes et nous a fait en exagérer un peu le
style. Alors qu’on aurait tendance à montrer des endroits peu
reluisants pour donner une touche de réalisme au décor, on a ici
choisi de rendre le moindre recoin impeccable".
Il fait également remarquer que le
film est d'une fluidité inhabituelle. "L’un de nos principaux
objectifs a été de faire en sorte que les scènes de transition
soient aussi fortes que le reste de l’action, on passe d’une
scène à une autre en préservant la tension narrative",
reprend Sage.
Autre élément fondamental : les
tenues confectionnées par Renée Ehrlich Kalfus, qui a récemment
élaboré les costumes d’époque pour le film oscarisé, LES
FIGURES DE L’OMBRE. Feig s’est montré très clair dans ses
directives. "Je voulais que Stephanie porte des tenues très
colorées", se souvient le réalisateur. "C’est sa façon
de camoufler ses démons intérieurs en s’entourant de couleurs
joyeuses et elle porte des vêtements vraiment décalés. Renée est
une créatrice épatante et elle a fait un travail fabuleux avec Anna
et Blake".
La chef costumière estime que les deux
personnages principaux ont beaucoup plus de choses en commun qu’au
premier abord. "Elles sont intelligentes et se réfugient
derrière une sorte d’armure et cela a servi de ligne directrice
pour leurs costumes. Le personnage de Stephanie se pose en mère
pétillante qui vit en banlieue et fait tout elle-même. Sa
garde-robe évoque donc son côté banlieusard et attachant mais ses
tenues s’assombrissent à mesure qu’elle comprend ce qui se
passe. Emily est tout le contraire et s’habille presque comme Paul
Feig : en costumes pour homme extraordinairement emblématiques.
C’est un style percutant que l’on a accentué. On espère
qu’elles conservent toutes les deux leur part de mystère, car
cette histoire parle justement du fait que les gens ne sont pas
toujours tels qu’on les imagine".
Les exigences vestimentaires du film
ont été considérables : Anna Kendrick se change à elle seule 39
fois, mais Renée Ehrlich Kalfus a particulièrement apprécié de
travailler avec les deux actrices. "Elles attirent chacune l’œil
à leur façon. Je me suis bien amusée à voir comment leurs
costumes nous renseignent sur ces personnages", déclare-t-elle.
Orchestrant le plateau avec un planning
très serré, Feig avait une vision très précise du film et a
réussi à l’imposer malgré l'évolution délirante de l’histoire.
”Paul excelle dans sa direction car c’est un réalisateur
formidablement déterminé”, indique la chef décoratrice. ”Il
est intelligent, intuitif, toujours très élégant en costume
trois-pièces. Il possède aussi un merveilleux sens du comique”.
Acteurs et membres de l’équipe
technique confondus étaient heureux de témoigner à l’écran de
ce mélange d’intelligence et de finesse d’esprit. ”Grâce à
Paul, tout le monde a pu s’aventurer sur de nouveaux territoires
tout en se sentant encouragé”, intervient Mike Drake.
”Paul a mis en place un environnement
propice à la créativité en toute quiétude. Les gens s’y
révèlent encore meilleurs dans leur domaine qu’ils ne le sont
déjà”, ajoute Jessie Henderson. ”Sur ce film, on a réuni des
acteurs et des techniciens merveilleux, que Paul a amenés à
repousser leurs limites. C’est l’un de ses talents”.
Résultat : un film qui place les
spectateurs dans l’expectative qui permet de ressentir chaque
émotion, jusqu’à la toute dernière seconde. ”Chaque révélation
du film est plus amusante et choquante que la précédente et laisse
les spectateurs sur le quivive”, résume la productrice. ”C’est
le genre de film ponctué de ces petits détails qui passent
inaperçus mais qui laissent présager que ce sera vraiment génial
de le revoir encore et encore”.
#lombredemily

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