Policier/Thriller/Drame/Un film sombre, dont le rythme souffre de quelques longueurs, mais dans lequel l'interprétation de Nicole Kidman est impressionnante
Réalisé par Karyn Kusama
Avec Nicole Kidman, Toby Kebbell, Tatiana Maslany, Sebastian Stan, Scoot McNairy, Bradley Whitford, Toby Huss, James Jordan...
Long-métrage Américain
Durée : 02h03mn
Année de production : 2018
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2018
Date de sortie sur nos écrans : 20 février 2019
Résumé : jeune détective de la police de Los Angeles, Erin Bell (Nicole Kidman) infiltre un gang de braqueurs, mais sa mission se termina de façon tragique.
Des années plus tard, Erin est une femme détruite et isolée. Elle tente sans succès de renouer contact avec sa fille, qu’elle a trop longtemps délaissée, et qui la rejette.
Lorsque le chef de la bande refait surface, Erin va reprendre l’enquête pour comprendre les événements qui ont conduit au drame, pour apaiser ses démons intérieurs et finalement régler ses comptes avec celui qui l’a anéantie.
Bande annonce (VOSTFR)
Extrait - "Mieux que moi" (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : avec DESTROYER, la réalisatrice Karyn Kusama nous propose un long-métrage sombre sur la culpabilité et ses impacts. Elle veille à la cohérence du style et soigne sa narration afin de nous guider pas à pas dans le présent et le passé pour nous permettre de reconstituer le puzzle. Le film manque un peu de rythme, car la réalisatrice s'étend trop sur certaines scènes qui auraient pu être raccourcies. Cependant, on sent qu'elle mène sa barque de la façon dont elle l'entend et le résultat est convaincant.
Le scénario est bien travaillé et, même si ses rebondissements demeurent classiques, il est en cohérence avec le genre de ce film. De plus, il raconte une histoire de bout en bout. On ressent par l'ambiance particulière qui ne laisse jamais d'ouverture à l'optimisme, l'épuisement de la protagoniste principale et son envie d'en finir avec un chapitre de sa vie qui l'a changée négativement à jamais.
Ce qui est vraiment réussi est le fait que tout cela se reflète dans le physique d'Erin Bell, une inspectrice de police qui a renoncé, il y a fort longtemps, à respecter les règles face aux ordures qu'elle doit côtoyer. Elle est interprétée par Nicole Kidman qui est méconnaissable physiquement dans la majeure partie du film. Elle joue ici un rôle difficile parce qu'il fallait une très bonne actrice pour rendre ce personnage attachant malgré sa souffrance et ses défauts. Elle nous embarque dans le voyage intérieur d'Erin qui s'exprime souvent extérieurement par la violence dans un environnement qui ne répond qu'à cela. Elle est crédible dans la force comme dans la faiblesse et réalise un beau tour de force.
L'intrigue tient sur ses épaules, même si les personnages secondaires sont tous interprétés par des acteurs qui construisent une personnalité marquante et identifiable pour leurs protagonistes.
DESTROYER suit une logique en terme de style, d'histoire et mise en scène. Bien que des longueurs viennent le desservir, il parvient à capter l'attention des spectateurs par son ambiance tourmentée et l'impressionnante performance de son actrice principale.
Le scénario est bien travaillé et, même si ses rebondissements demeurent classiques, il est en cohérence avec le genre de ce film. De plus, il raconte une histoire de bout en bout. On ressent par l'ambiance particulière qui ne laisse jamais d'ouverture à l'optimisme, l'épuisement de la protagoniste principale et son envie d'en finir avec un chapitre de sa vie qui l'a changée négativement à jamais.
Ce qui est vraiment réussi est le fait que tout cela se reflète dans le physique d'Erin Bell, une inspectrice de police qui a renoncé, il y a fort longtemps, à respecter les règles face aux ordures qu'elle doit côtoyer. Elle est interprétée par Nicole Kidman qui est méconnaissable physiquement dans la majeure partie du film. Elle joue ici un rôle difficile parce qu'il fallait une très bonne actrice pour rendre ce personnage attachant malgré sa souffrance et ses défauts. Elle nous embarque dans le voyage intérieur d'Erin qui s'exprime souvent extérieurement par la violence dans un environnement qui ne répond qu'à cela. Elle est crédible dans la force comme dans la faiblesse et réalise un beau tour de force.
L'intrigue tient sur ses épaules, même si les personnages secondaires sont tous interprétés par des acteurs qui construisent une personnalité marquante et identifiable pour leurs protagonistes.
Copyright photos @ Metropolitan FilmExport
DESTROYER suit une logique en terme de style, d'histoire et mise en scène. Bien que des longueurs viennent le desservir, il parvient à capter l'attention des spectateurs par son ambiance tourmentée et l'impressionnante performance de son actrice principale.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
L'écriture du
scénario de DESTROYER s’est étalée sur une longue période.
Pendant plusieurs années, alors qu’ils travaillaient par ailleurs
sur d’autres projets, l’auteur et producteur Phil Hay et son
fidèle coscénariste Matt Manfredi ont rassemblé des idées pour
écrire un script inspiré par leur passion commune pour le film noir
et leur intérêt pour la diversité des quartiers et des habitants
de Los Angeles. “Ce
qui me motivait”,
déclare Matt Manfredi, “c’était
d’écrire un film romanesque axé sur un personnage, dans un style
qui ne serait pas sans rappeler les polars classiques des années
1970 comme SERPICO et FRENCH CONNECTION”.
Tout en commençant
à élaborer l’histoire et à concevoir les détails de l’intrigue,
les deux auteurs ont imaginé le personnage principal, un flic
solitaire entouré de secrets professionnels et personnels.
“L’histoire
a évolué en plusieurs intrigues qui se déroulent entre le passé
et le présent du personnage principal”,
décrit Phil Hay. D’un point de vue technique, ce postulat n’était
pas dénué de défis logistiques, étant donné que le film se
déroule à différentes époques et que “même
les scènes situées dans le passé ne sont pas toujours
chronologiques”,
remarque Matt Manfredi. “Ça
nous a pris un certain temps de rendre les détails de l’intrigue
fluides et limpides. À plusieurs reprises, on a pris nos distances
avec le projet pour clarifier nos idées avant de s’y remettre”.
Tandis qu’ils
peaufinaient l’histoire, les deux hommes ont eu un éclair de génie
inspiré par Karyn Kusama qui avait déjà accepté de réaliser le
film. “Depuis
des années, Phil et Matt élaboraient un récit policier reposant
sur des schémas et un principe de répétition dans l’intrigue et
les thèmes abordés”,
explique Karyn Kusama. "À
travers ce dispositif, il y avait une plongée dans la conscience du
personnage. Une fois qu’on s’est mis à en discuter tous les
trois, on s’est rendu compte que le film devait raconter l’histoire
d’une femme. C’était ça la révélation. C’est de là qu’est
née Erin Bell”.
Les scénaristes
ont particulièrement veillé à ce qu’Erin Bell ne soit pas
simplement un flic en difficulté représenté sous les traits d’une
femme. “Comme
d’habitude, Matt et moi-même avons essayé de créer des
personnages dont la vie correspond à une réalité en dehors de
l’intrigue du film, avec des problèmes qui leur sont propres”,
explique Phil Hay. Résultat : une histoire complexe mêlant
plusieurs temporalités dans laquelle “une
femme tente d'assumer ses choix passés et d’aller de l’avant”,
poursuit-il. “Mais
c’est aussi un thriller policier sur quelqu’un qui, pendant ses
jeunes années, a connu une situation dangereuse qu’elle n’a pas
réussi à gérer et ne cesse depuis d’en subir les conséquences.
C’est également une chasse à l’homme menée par une femme qui
cherche à accomplir une mission obsessionnelle et destructrice, dont
on découvre peu à peu les conséquences”.
Dans le film, Erin
Bell est une femme désagréable et intransigeante, le plus souvent à
ses dépens. Un des défis a consisté à repérer le cœur
émotionnel de ce personnage avec qui le public n'est peut-être pas
immédiatement en empathie selon les scénaristes. “Erin
n’arrête pas d’enfreindre les règles. C’est une mauvaise
partenaire et une mauvaise mère, mais même si elle fait tout rater,
elle ne baisse pas les bras”,
raconte Matt Manfredi. “On
peut facilement s’identifier à sa ténacité même si, malgré ses
bonnes intentions, ses plans finissent souvent par échouer. On a
cherché à la dépeindre comme une personne charismatique, une force
de la nature, de sorte qu’en dépit de ses choix contestables, on
continue à espérer qu’au bout du compte elle arrivera à soigner
cette blessure qui la fait souffrir depuis si longtemps”.
Dès la première
version du scénario, Karyn Kusama a été fascinée par la relation
mère-fille que Phil Hay et Matt Manfredi avaient intégrée à
l'intrigue. Un thème qu’elle n’avait jamais vu abordé dans un
thriller. “Ça
m’a semblé très original, très nouveau. C’est un véritable
atout pour l’esthétique du film et cela a permis d’élargir le
champ des possibles sur le plan des émotions et des personnages”,
affirme-t-elle. “Les
spécificités de l’histoire d’Erin Bell permettent de dépasser
le fantasme hollywoodien du flic solitaire”.
“En réalité,
c’est rare de trouver quelqu’un qui n’a pas d'attaches en
dehors de son travail”,
remarque Karyn Kusama. “J’étais
fascinée par les difficultés qui s’accumulent sur Erin, prise au
cœur d’une chasse à l’homme et en conflit avec sa fille dont
elle s’est éloignée. On voit bien que, même si elle fait bien
son boulot, elle est complètement perdue. Sa vie part à vau-l’eau.
J’ai trouvé ça génial que Phil et Matt la laissent s’enfoncer
et nous incitent à toucher le fond avec elle. Peut-être que
certains retrouveront dans cette détresse un écho d’eux-mêmes”.
L’histoire est
ponctuée de personnages dont les motivations sont proches de celles
d’Erin Bell, mais la ville de Los Angeles et les quartiers
désertiques avoisinants ont également un rôle à jouer selon Karyn
Kusama et ses scénaristes. L’environnement dans lequel Erin Bell
traque ses ennemis, tente de réparer le lien avec sa fille et lutte
avec ses démons intérieurs met en valeur l’histoire, lui donne un
caractère et un cachet incomparables.
Lorsque la
détective aux cheveux grisonnants poursuit son ennemi juré et ses
complices, elle passe le plus clair de son temps au volant. À bord
de sa voiture, elle explore la ville et ses environs et pénètre
dans des coins qui n’ont rien d’un paysage de carte postale, et
où beaucoup d’habitants de Los Angeles n’ont jamais mis les
pieds.
“Le scénario
offre une vision réaliste de Los Angeles”,
estime Phil Hay. “Les
quartiers ont une vraie identité, et les trajets d’Erin d’un
bout à l’autre de la ville sont presque une épopée. Même les
autoroutes ont chacune leur raison d’être et leur personnalité”.
Tourner un film
noir en plein soleil (ainsi que dans des intérieurs glauques et
sordides) était, selon Karyn Kusama, un atout sur plan
cinématographique. Ce dispositif n’était pas sans rappeler
d’autres grands polars situés à Los Angeles comme LE PRIVÉ de
Robert Altman et POINT BREAK de Kathryn Bigelow. Karyn Kusama
raconte : “Quand
j’étais étudiante, j’ai dû aller voir POINT BREAK au moins
vingt fois au cinéma. J’ai toujours aimé les histoires policières
épiques, avec de nombreux personnages à explorer. Cette histoire
m’a permis de le faire. J’ai senti qu’elle me tendait les
bras”.
Contrairement à
ce qui se passe dans la plupart des films indépendants, et bien que
l’écriture du scénario ait pris du temps, la recherche de
financements puis du premier rôle féminin a été relativement
rapide. Le producteur Fred Berger, qui admirait depuis longtemps le
travail de Karyn Kuasama, est venue la voir avec plusieurs projets :
“J’envoyais
de nombreuses propositions à Karyn parce que sa filmographie reflète
une compréhension profonde du grand cinéma, avec un point de vue
très personnel. J’ai toujours été frappé par sa passion et son
goût pour l’humain”.
La réaction de
Fred Berger au scénario de DESTROYER a été instantanée : “J’ai
eu le souffle coupé”,
témoigne-t-il. “Je
peux compter sur les doigts d’une main le nombre de scénarios qui
ont eu cet effet sur moi dès la première lecture. Le début m’a
fait l’effet d’un coup de poing et ça ne s’est jamais arrêté.
L’écriture, la maitrise du langage, du ton et du rythme étaient
pleinement convaincants et prenants. Du point de vue
cinématographique, le scénario tenait ses promesses, et du point de
vue des personnages, il sondait en profondeur le passé et le présent
de l’héroïne. Pour moi, c’était comme un manège à sensation,
une expérience forte en adrénaline, où on ne voit jamais arriver
les rebondissements. Et en filigrane, il y a une véritable analyse
du personnage, qui est nuancée à la fois sur le plan éthique et
psychologique. Je mourrais d’envie d’en être !”
Fred Berger était
particulièrement convaincu par le fait que l’histoire repousse les
limites du genre policier, alterne les époques, les scènes
d’actions et les coups de théâtre sans perdre de vue un
personnage principal complexe “qui
est au mieux un anti-héros, et en tous cas quelqu’un qui a fait
des compromis sur le plan moral. Malgré tout cela, il n’y a pas
une seconde de perdue dans l’histoire, pas un personnage inutile”.
LA “BELL CURVE”
La quête censée
permettre de dénicher l’actrice idéale pour Erin Bell s’est
terminée avant même d’avoir commencé. Grâce à leur palmarès,
les auteurs de DESTROYER avaient déjà bouclé le budget du film, et
cherchaient à présent une actrice ayant l’étoffe de s’attaquer
au personnage complexe d’Erin Bell, quasi constamment à l'image.
“On
n’a jamais pensé à solliciter une actrice connue pour obtenir des
financements, ou une star pour avoir son nom sur l’affiche”,
affirme Fred Berger. “On
cherchait quelqu’un pour qui le rôle serait une révélation”.
Les auteurs
commençaient tout juste à réfléchir aux différentes possibilités
quand Nicole Kidman, actrice aux multiples talents récompensée par
un Oscar et nommée à quatre reprises, a demandé à rencontrer
Karyn Kusama après avoir lu le scénario. “Je
connaissais la carrière de Karyn, et j’étais très intéressée
par ce que pourrait donner un mélange entre son travail et le sujet
du film”,
explique Nicole Kidman. “Je
voulais la rencontrer et comprendre quelle était sa vision. Quand je
l’ai fait, j’ai tout de suite ressenti sa passion et son
implication. J’adore participer à un projet mené par quelqu’un
de complètement intransigeant et passionné par son travail”.
Karyn Kusama
avoue : “J’étais
sous le choc qu’une artiste du niveau de Nicole Kidman s’intéresse
à notre film. Il est tellement éloigné du reste de sa
filmographie. Cela prouve son audace et sa curiosité, et c’est
grâce à cela qu’elle est devenue l’artiste qu’on connait”.
Évidemment, les auteurs ont tout de suite été partants. “Nicole
Kidman est une actrice qui n’a jamais fait des choix évidents ou
faciles”,
note Fred Berger. “Au
cours des dernières décennies, elle a livré des performances
remarquables au cinéma et plus récemment à la télévision avec
son interprétation bouleversante dans la mini-série BIG LITTLE
LIES, qui lui a valu un Emmy Award”.
“Une des
premières choses que Nicole a dites c’était ‘Je ne veux pas que
les gens me voient à l’écran. Je veux qu’ils voient Erin Bell’.
Et quand elle a commencé à parler du personnage, nous nous sommes
rendu compte qu’elle savait, grâce à un instinct clair et
viscéral, qui était cette femme”,
raconte Phil Hay. “Ce
qui m’a notamment fascinée, c’est que Nicole n’avait jamais
joué ce genre de rôle”,
rappelle Karyn Kusama. “Ça
semblait inédit, et j’étais très enthousiaste à l’idée
qu’une actrice capable d’une telle variété et d’une telle
profondeur de jeu se confronte à toute cette animosité et cette
agressivité”.
Nicole Kidman
explique qu’elle perçoit Erin Bell comme “une
femme blessée et terrifiée par ses propres choix et par ce que le
sort lui a réservé. Tout au long du film, elle suit sa route dans
la douleur, mais c’est comme ça qu’elle trouvera son salut. Ses
sentiments complexes de colère et de honte, son incapacité à
exprimer ses émotions, sa carapace, ses freins… tout cela était
très puissant. Il en va de même pour son incapacité à dire à sa
fille ce qu’elle ressent pour elle, alors même qu’elle tente de
lui offrir une vie meilleure. J’ai été touchée par sa
souffrance”.
Une fois que
Nicole Kidman a confirmé sa participation, d’autres grands
comédiens ont exprimé le désir de travailler avec elle, selon
Karyn Kusama. Sans compter que “Karyn
est une vraie réalisatrice”,
salue Fred Berger. “Avec
Mark Bennett, le directeur de casting, ils ont trouvé des comédiens,
y compris pour les plus petits rôles, qui avaient l’étoffe pour
jouer face à Nicole Kidman et aux autres acteurs de renom”.
Le rôle central
de Chris, ancien détective privé et partenaire d’Erin Bell dans
le travail comme dans la vie, a été confié à Sebastian Stan,
acteur aussi séduisant qu’expérimenté. Comme l’explique Fred
Berger, “cela
fait plusieurs années que Sebastian fait un travail remarquable,
mais pas forcément sur des projets tape-à-l’œil, qui attirent
plus facilement l’attention. Il suffit de voir son travail dans
MOI, TONYA : il a joué face à deux actrices nommées aux
Oscars”.
Phil Hay ajoute : “Dès
la première conversation entre Karyn et Sebastian, on a su qu’il
fallait qu’il soit dans le film”.
Pour le rôle de
Silas, la proie insaisissable d’Erin Bell, un ancien chef de gang
qui la hante depuis près de vingt ans, c’est Toby Kebbell qui a
été engagé, après s’être fait remarquer récemment dans LA
PLANÈTE DES SINGES : SUPRÉMATIE et KONG : SKULL ISLAND.
“Toby
est un véritable artiste”,
déclare Phil Hay. “Il
a apporté des éléments aussi variés qu’intéressants au rôle.
Il est drôle et charmant, mais il a aussi une forte présence
physique et dégage un vrai sentiment de puissance”.
Tatiana Maslany
était toute disposée à jouer Petra, une membre du gang toxicomane,
riche et pourrie gâtée qui, tout comme son ex-petit ami Silas, est
sur la mauvaise pente. “Quiconque
a vu la série ORPHAN BACK sait qu’elle est capable de tout”,
affirme Fred Berger. Karyn Kusama ajoute : “Ce
que j’adore chez Tatiana, c’est que c’est un vrai caméléon.
Elle peut tout faire”.
Les
autres rôle clés ont été confiés à Bradley Whitford, Scoot
McNairy (GODLESS, HALT AND CATCH FIRE), et Jade Pettyjohn (UNITED
STATES OF TARA et la série télévisée ROCK ACADEMY).
LES COLLABORATEURS
DESTROYER a été
entièrement tourné à Los Angeles et dans ses environs, selon un
planning serré qui aurait fait frémir jusqu’au réalisateur le
plus efficace. Karyn Kusama ne s’est pas laissée impressionner
pour autant, selon le producteur Fred Berger. “Karyn
est une des réalisatrices les plus professionnelles et les mieux
préparées que j’aie jamais rencontrées”,
déclare-t-il. “Elle
connaît tous les aspects de la réalisation du début à la fin, de
la préparation au tournage en passant par la postproduction”,
ajoute Matt Manfredi. “Ce
qui est génial chez Karyn c’est qu’elle est incroyablement
méticuleuse et concentrée. Elle aime travailler en équipe, mais en
même temps elle sait exactement ce qu’elle veut et comment elle
veut l’obtenir”.
Nicole Kidman a
également été impressionnée par la méthode de travail de Karyn
Kusama : “Karyn
est très rigoureuse, mais elle demande pourtant à entendre nos avis
et nos idées, afin de les intégrer à sa propre vision. Elle a un
profil de leader et elle sait parfaitement ce qu’elle fait. Elle
est bien préparée, réfléchie, maternelle, mais elle peut aussi
travailler de façon décousue et elle n’hésite pas à y aller.
C’est son mari, secondé par son meilleur ami, qui a écrit le
scénario. C’était génial de les voir tous les trois, ils
n’hésitaient pas à se soutenir et s’encourager”.
Karyn Kusama a
réalisé elle-même les storyboards des différentes scènes, mais
elle était prête à les ajuster pour répondre aux changements
qu’un tournage en extérieurs impliquait inévitablement. La
principale exception est la scène du hold-up à la banque, qui
devait être composée avec la plus grande attention “parce
qu’on a utilisé des vraies armes à feu et des effets réels, si
bien qu'on ne pouvait pas refaire la scène à l’infini. Vous avez
une ou deux chances au mieux, avant d’être à court de temps ou de
munitions”,
précise Karyn Kusama.
Cette préparation
au cordeau a permis à Karyn Kusama de travailler au plus près de
ses acteurs, en particulier Nicole Kidman qui incarne l’Erin Bell
aigrie du présent ainsi que son alter-ego du passé, une détective
du FBI infiltrée. “Cela
fait partie de mon boulot d’être aux côtés des acteurs”,
rappelle Karyn Kusama. “Nicole
n’arrêtait pas de penser, ressentir et essayer des choses autour
du personnage. Il fallait que je puisse communiquer avec elle et avec
les autres acteurs car, en incarnant Erin Bell, elle vivait dans cet
univers sombre, même en dehors du plateau”.
“Dès le
premier jour, travailler avec Nicole a été un vrai bonheur”,
se remémore Fred Berger. “Quand
elle est sur le plateau, il n’y a pas de chichi, il n’y en a que
pour le travail. Elle était au front avec nous dès le départ, elle
a été une vraie partenaire tout au long du projet. On faisait un
film avec des contraintes de temps et de budget, et elle était
toujours présente pour nous aider dans les moments de crise”.
Karyn Kusama poursuit : “Nicole
est une vraie artiste dans la mesure où elle canalise son énergie,
elle vit avec cette énergie puis elle la quitte à la fin de la
journée. J’imagine que ce n’était pas facile mais en tous cas
c’était fascinant. Parfois, je me contentais de la regarder donner
à la scène une force supplémentaire. Avoir la chance de voir une
actrice sonder de telles profondeurs était extrêmement gratifiant”.
“Nicole
possède une profonde intelligence émotionnelle qu’elle met en
œuvre à chaque scène. Quand on regardait plusieurs prises d’une
même scène, on la voyait explorer et interroger chaque réplique,
ce qui nous offrait de nombreuses options. Son jeu est intelligent et
audacieux”,
estime Matt Manfredi. Selon Fred Berger, “c’était
incroyable d'assister à la transformation physique de Nicole, de
voir sa démarche, d'entendre sa voix, et de déceler l’humanité
qui se lisait dans ses yeux. Elle apporte une tension supplémentaire
à l’histoire en s'attachant à camper une mère qui a commis de
terribles erreurs. Erin est minée par la culpabilité et tente de
trouver des moyens de rédemption, et Nicole n’a pas abordé le
rôle de façon classique, mais plutôt tout en subtilité et en
nuance. Ce n’est rien de moins qu’une performance virtuose. Et
quand en plus c’est une personne de grand talent comme Karyn qui
est à la réalisation, on a affaire à un duo qui insuffle au récit
une vision féminine unique”.
Pour incarner Erin
Bell, Nicole Kidman a dû apprendre à tirer, à se servir d’armes
à feu et à se comporter comme quelqu’un qui est à la fois
prédateur et proie : “elle
voit le monde à travers les yeux d'un être qui est menacé en
permanence”,
dit-elle. Nicole Kidman précise que cela a même influencé sa façon
de marcher, de rentrer ou de sortir d’une pièce : “Erin
sait tout de suite si elle doit protéger ou attaquer. C’était
nouveau pour moi et je voulais que cela soit crédible et juste. Ça
m’a pris du temps, mais j’ai fini par adopter une démarche
différente, une attitude différente, et même une autre façon de
réfléchir quand je jouais le personnage”.
Nicole Kidman
évoque le processus qui lui a permis de faire émerger la
psychologie du personnage : “Pour
certains rôles, je joue quelqu’un qui est tellement éloigné de
ce que je suis du point de vue physique et émotionnel, que je dois
me déplacer ailleurs, sortir de ce qui serait une simple
‘performance’ d’acteur, et qui ne m’intéresse pas du tout.
On est alors dans les limbes. C’est un état inconfortable et assez
désagréable que je n’aime pas. Mais je suis aussi profondément
impliquée dans ma démarche artistique, et il se trouve que cela en
fait partie. On peut ressentir de la joie avec certains rôles.
D’autres sont plus inconfortables, et là on raconte l’histoire
d’un personnage très mal dans sa peau. Karyn et moi-même avons
éprouvé nos limites mentales en suivant le personnage jusqu’au
bout. On portait la voix de femmes comme Erin Bell qui ont une vie
compliquée, des femmes qui ont dû faire de nombreux compromis”.
Dans le rôle
essentiel de Chris, Sebastian Stan ne disposait que d’un temps
limité à l’écran pour faire grande impression. Selon les
auteurs, il a été à la hauteur. Il est même allé plus loin en
devenant la “pierre
de touche émotionnelle”
du film, selon Phil Hay. “Sebastian
a dépassé mes attentes avec le personnage de Chris, et il a pris
une place énorme dans la trame du film”,
commente Phil Hay. Comme il l’a récemment prouvé dans MOI, TONYA,
le fait de jouer face à des actrices de haut niveau ne fait
qu’amplifier ses compétences déjà remarquables. “L’alchimie
entre Sebastian et Nicole est palpable, c’est une vraie connivence
électrique”,
se réjouit Fred Berger. “Il
est face à elle dans chaque scène, et quand on pense à l’aura
qu’a sa partenaire, c’est plutôt impressionnant. Dès les
premières scènes, leurs rapports étaient naturels et fluides.
C’est une de ces attirances magnétiques qu’on ne peut pas créer
artificiellement. C’est ça, la magie du cinéma”.
Karyn Kusama n’a
pas de mots assez forts pour faire l’éloge du travail de Sebastian
Stan : “Ce
qui est magnifique dans son jeu, c’est que dès l’instant où il
apparaît à l’écran, Sebastian dégage l’image d’un type
réfléchi et fiable, un homme chargé d’une mission, et qui est là
pour faire son devoir. Il a conféré au rôle de Chris le charisme
de celui d’un personnage principal, mais sans jamais en faire trop.
Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, on découvre que
Chris est aussi humain : il commence à apprécier cette mission
secrète et sa tendresse pour Erin devient bien réelle. A l’écran,
on voit peu de choses de cette relation naissante, mais Nicole et
Sebastian dégageaient une telle complicité qu’ils ont réussi à
se comprendre à demi-mot d’une façon sublime. On comprend alors
que la relation qui s’est nouée entre eux est authentique”.
La prestation de
Toby Kebbell dans le rôle de Silas a aussi pris une dimension qui a
ravi les auteurs : “Toby
a donné à son personnage imprévisible et explosif un soupçon
d’humour inattendu et de légèreté, tout à fait en adéquation
avec les intentions de Karyn qui voulait jouer sur l’effet de
surprise”,
explique Fred Berger. “Il
aurait vraiment pu se contenter d’être un méchant de base, mais
il a apporté une énergie imprévisible qui donne au film une
dimension supplémentaire. C’est un ennemi digne d’Erin Bell”.
Karyn Kusama enchaine : “Ce
qui est génial avec Toby, c’est qu’il est allé à l’encontre
de tous les stéréotypes qu’on a sur ce genre de personnage :
au lieu de jouer Silas comme un génie diabolique, il a exploré son
côté minable et véreux. C’est quelqu’un qui n’hésite pas à
s’autoglorifier mais il se trompe et n’est rien de plus qu’un
escroc à la petite semaine. Cette mesquinerie amène les spectateurs
à se poser plus largement la question des véritables motivations
d’Erin”.
Quand elle s’est
attaquée au personnage de Petra, que Phil Hay décrit comme “une
vaurienne pleine aux as qui a malheureusement choisi le mauvais
chemin, pour des raisons qui ne sont pas complètement de son fait”,
Tatiana Maslany lui a prodigué “un
sentiment de souffrance tout humaine, qui a donné de la profondeur à
son propos”.
Karyn Kusama remarque : “Petra
est une jeune fille aisée de Beverly Hills qui, dès ses 18 ans, a
totalement perdu pied à cause de la drogue. Quand on la retrouve
dix-sept ans plus tard, elle n’est que l’ombre d’elle-même,
tout comme Erin. Non seulement la drogue a eu à force un effet
ravageur sur son corps, mais elle n’a même plus toute sa tête.
Tatiana a adoré l’idée de jouer quelqu’un qui n’a plus
complètement pied dans la réalité. Le plus impressionnant, c’est
que malgré les effets durables de la drogue sur Petra, Tatiana a
réussi à puiser dans l’instinct de survie du personnage. Survivre
aussi longtemps dans un tel état demande une énergie folle. Grâce
à sa façon de la jouer, Petra apparaît comme un personnage
tragique et on finit par ressentir une certaine compassion pour elle.
Jusqu’à la fin, elle se perçoit toujours comme quelqu’un de
privilégié”.
D’après leur
travail en commun, Nicole Kidman estime que Tatiana Maslany est très
douée et a contribué à créer une relation naturelle entre Petra
et Erin. “On
s’y est mis et on a construit les choses petit à petit”,
explique-t-elle. “C’était
très intuitif, très direct. Tatiana, c’est le top !”
Karyn Kusama a eu
l’intuition de confier le rôle de Shelby, la fille adolescente
d’Erin en pleine rébellion, à une actrice du même âge et ce
pari a été payant. En dépit des limites de temps qui doivent être
respectées avec un acteur de moins de 18 ans, Jade Pettyjohn, “dont
le CV est déjà très impressionnant”
selon Karyn Kusama, “était
non seulement totalement prête pour le rôle, mais en plus elle
avait encore ses joues de gamine. On aurait dit quelqu’un qui
sortait tout juste de l’enfance. Je voulais que les spectateurs se
souviennent que malgré son comportement rebelle, elle est encore une
petite fille qui réclame l’attention de sa mère”.
Fred Berger ajoute : “Jade
était épatante dans le rôle de Shelby, et c’est probablement le
rôle le plus complexe du film. C’était exceptionnel de trouver
une jeune fille de 16 ans capable de comprendre la profondeur et les
enjeux de cette scène finale avec Erin, mais dès la première
lecture de Jade, on était tous en larmes”.
Tous les
interprètes de seconds rôles sont fantastiques. Même Bradley
Whitford, qui fait une brève apparition sous les traits de Dennis
DiFranco, un adepte du blanchiment d’argent, s’est donné à fond
pour le rôle. “Tout
comme Toby, Bradley est allé chercher la laideur et la faiblesse de
ce personnage mégalomane. Il est vraiment entré dans la peau du
personnage et a pris plaisir à le jouer”,
déclare Karyn Kusama.
CE VISAGE, CE VISAGE
Au cours d’un
film riche en images, la plus frappante et la plus choquante d’entre
elles est la première apparition d’Erin Bell à l’écran. On
reconnaît Nicole Kidman, mais elle est métamorphosée. Le visage et
l'allure du personnage laissent deviner des années de négligence et
de détresse. Son regard est tourmenté. L’aspect extérieur du
personnage est devenu pour Nicole Kidman une feuille de route pour
déchiffrer son état psychologique. C’est le pouvoir de
transformation phénoménal de Bill Corso, récompensé par un Oscar
et nommé à trois reprises, qui lui a permis de révéler le
personnage. Par le passé, Bill Corso a exercé son talent magique de
maquilleur dans des films comme FOXCATCHER, DEADPOOL et sa suite,
STAR WARS : LE RÉVEIL DE LA FORCE et LES DÉSASTREUSES
AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE, qui lui a valu un prix.
“Quand Bill
a commencé à composer le style d’Erin Bell – à transcrire sa
vie sur mon visage et mon corps – j’ai compris à quel point elle
était brisée et désespérée. Il fallait que je la rende autant
authentique à l’intérieur qu’à l’extérieur”,
raconte Nicole Kidman, “non
seulement sur ma peau, mais dans ma silhouette, ma façon de me
déplacer. C’était effrayant mais en même temps très
libérateur”.
Karyn Kusama avoue qu’elle a été sous le choc la première fois
qu’elle a vu Nicole Kidman complètement maquillée, “d’autant
plus que Nicole prend vraiment bien soin d’elle, elle a une peau de
porcelaine absolument sublime. Sous les traits d’Erin, sa peau a un
aspect tanné, comme cela arrive souvent dans le climat désertique
de Los Angeles, où le soleil brille en permanence”.
Karyn Kusama et
Nicole Kidman s’accordent sur le fait que cet aspect négligé
permet de comprendre visuellement l’état psychologique du
personnage : “Le
visage d’Erin reflète le passage du temps et les regrets”,
commente Karyn Kusama. “Sans
oublier l’alcool”,
complète Nicole Kidman. “Elle
a choisi d’abîmer son corps, on voit qu’elle a envie de se faire
du mal”.
Ce contraste ressort tout particulièrement dans les scènes du
passé, où Erin est un agent secret du FBI. “Quand
on la voit dans les flashbacks au cours des événements qui ont eu
lieu dix-sept ans auparavant, on est encore plus frappé par son
déclin”,
observe Karyn Kusama. “Au
cours des flashbacks, elle est ouverte et en pleine santé, elle
dégage une sorte d’enthousiasme téméraire. A l’époque, elle
est infiltrée, et finit par tomber vraiment amoureuse de son
partenaire, avec qui elle devait camper un couple. On voit une
lumière dans leur regard, tandis que dans le présent, on voit ce
qu’elle est devenue après avoir tout perdu”.
“Le
maquillage devait être planifié et testé bien à l’avance pour
s’assurer qu’il ait l’air naturel dans les deux temporalités”,
précise Karyn Kusama. “Dans
les séquences de flashback, Bill Corso a donné à Erin un teint
frais, de légères taches de rousseur, et une sorte d’éclat. Pour
les scènes qui se déroulent dans le présent, il a accumulé les
couches sur son visage pour lui donner un aspect irrégulier, et a
utilisé des pigments pour les taches de soleil, des prothèses pour
les poches sous les yeux, un nez brisé et des taches sur les dents.
Bill Corso a créé les rides de son visage à l’aide de pointillés
qui tirent la peau et tracent des rides de vieillesse. Nicole Kidman
détestait rester assise dans le fauteuil de maquillage, mais Bill
Corso a réussi à réduire la séance à quarante ou quarante-cinq
minutes. C’était aussi long de retirer le maquillage que de
l’appliquer”.
Source et copyright des textes des notes de production @ Metropolitan FilmExport
#Destroyer
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