Historique/Drame/Un très beau film
Réalisé par Josie Rourke
Avec Saoirse Ronan, Margot Robbie, Jack Lowden, Joe Alwyn, David Tennant, Guy Pearce, Gemma Chan, Martin Compston...
Long-métrage Américain/Britannique
Titre original : Mary Queen of Scots
Durée : 02h05mn
Année de production : 2018
Distributeur : Universal Pictures International France
Date de sortie sur les écrans américains : 21 décembre 2018
Date de sortie sur les écrans britanniques : 18 Janvier 2019
Date de sortie sur nos écrans : 27 février 2019
Résumé : le destin tumultueux de la charismatique Marie Stuart. Épouse du Roi de France à 16 ans, elle se retrouve veuve à 18 ans et refuse de se remarier conformément à la tradition. Au lieu de cela elle repart dans son Écosse natale réclamer le trône qui lui revient de droit. Mais la poigne d’Élisabeth 1ère s’étend aussi bien sur l’Angleterre que l’Écosse. Les deux jeunes reines ne tardent pas à devenir de véritables sœurs ennemies et, entre peur et fascination réciproques, se battent pour la couronne d’Angleterre. Rivales aussi bien en pouvoir qu’en amour, toutes deux régnant sur un monde dirigé par des hommes, elles doivent impérativement statuer entre les liens du mariage ou leur indépendance. Mais Marie menace la souveraineté d’Elisabeth. Leurs deux cours sont minées par la trahison, la conspiration et la révolte qui mettent en péril leurs deux trônes et menacent de changer le cours de l’Histoire.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : avec MARIE STUART, REINE D'ÉCOSSE, la réalisatrice, Josie Rourke, nous offre une superbe fresque historique. Sa mise en scène majestueuse fait cohabiter, entre autres, de magnifiques plans larges des paysages d’Ecosse, avec des scènes en clair-obscur à la façon des grands peintres classiques, ainsi que des moments donnant la sensation de voir une pièce de théâtre.
Sa narration est fluide et elle nous fait rentrer dans cette histoire, a priori abrupte, en s’intéressant de près au ressenti et aux caractères bien trempés de ses héroïnes, les rendant au passage attachantes tant elle nous explique les implacables épreuves, difficultés et décisions qu’elles ont dû endurer en étant femmes de pouvoir dans une époque dirigée par des normes sociétales masculines. Elle dépeint un drame qu’elle rend passionnant parce qu’elle imbrique l’intime et les intrigues politiques sans fausses notes.
Ce film a reçu deux nominations aux Oscars - meilleurs costumes ainsi que meilleur maquillage et coiffure – qui ne sont absolument pas usurpées. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point dès les premières images, on est transporté dans l’époque à la fois grâce à la maîtrise des ambiances et des décors, mais aussi grâce à la beauté et à la cohérence des costumes et des coiffures.
Saoirse Ronan, qui interprète Marie Stuart, surprend par sa sincérité. Elle exprime sous un dehors fragile, une intelligence aiguë et une force intérieure rayonnante. Elle est admirable dans ce rôle.
Face à elle, Margot Robbie interprète la Reine Elizabeth I avec une grande crédibilité. Les deux actrices sont la pierre angulaire du film et de formidables représentantes de ces femmes battantes à la destinée incroyable.
Elles sont entourées d’acteurs qui savent parfaitement mettre en avant les objectifs et les travers de leurs protagonistes tout en leur insufflant des personnalités bien spécifiques. Il y a notamment Jack Lowden qui interprète Lord Darnley, Joe Alwyn qui interprète Robert Dudley, David Tennant qui interprète John Knox et Guy Pearce qui interprète Sir William Cecil.
MARIE STUART, REINE D'ÉCOSSE est un très beau film qui impressionne autant par l’histoire prenante qu’il raconte, que par son épatante réalisation soignée ou encore par le jeu impeccable de ses acteurs.
Sa narration est fluide et elle nous fait rentrer dans cette histoire, a priori abrupte, en s’intéressant de près au ressenti et aux caractères bien trempés de ses héroïnes, les rendant au passage attachantes tant elle nous explique les implacables épreuves, difficultés et décisions qu’elles ont dû endurer en étant femmes de pouvoir dans une époque dirigée par des normes sociétales masculines. Elle dépeint un drame qu’elle rend passionnant parce qu’elle imbrique l’intime et les intrigues politiques sans fausses notes.
Ce film a reçu deux nominations aux Oscars - meilleurs costumes ainsi que meilleur maquillage et coiffure – qui ne sont absolument pas usurpées. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point dès les premières images, on est transporté dans l’époque à la fois grâce à la maîtrise des ambiances et des décors, mais aussi grâce à la beauté et à la cohérence des costumes et des coiffures.
Saoirse Ronan, qui interprète Marie Stuart, surprend par sa sincérité. Elle exprime sous un dehors fragile, une intelligence aiguë et une force intérieure rayonnante. Elle est admirable dans ce rôle.
Face à elle, Margot Robbie interprète la Reine Elizabeth I avec une grande crédibilité. Les deux actrices sont la pierre angulaire du film et de formidables représentantes de ces femmes battantes à la destinée incroyable.
Elles sont entourées d’acteurs qui savent parfaitement mettre en avant les objectifs et les travers de leurs protagonistes tout en leur insufflant des personnalités bien spécifiques. Il y a notamment Jack Lowden qui interprète Lord Darnley, Joe Alwyn qui interprète Robert Dudley, David Tennant qui interprète John Knox et Guy Pearce qui interprète Sir William Cecil.
Copyright photos © Universal Pictures International France & FOCUS FEATURES LLC. ALL RIGHTS RESERVED
MARIE STUART, REINE D'ÉCOSSE est un très beau film qui impressionne autant par l’histoire prenante qu’il raconte, que par son épatante réalisation soignée ou encore par le jeu impeccable de ses acteurs.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
DANS LES LIVRES
D’HISTOIRE
Marie Stuart nait le 8 décembre 1542. Elle n’a que six jours quand son père, le roi
Jacques V, meurt et lui laisse le trône d’Écosse. Elle passe une grande partie
de son enfance en France, terre natale de sa mère, tandis que l’Écosse est
gouvernée par des régents. En 1558 elle épouse le dauphin de France, qui
devient le roi François II en 1559. Marie n’est reine consort qu’une seule
année avant que François ne meure. En 1561, elle retourne en Écosse pour
s’installer sur le trône qui lui revient.
Sa signature :
Élisabeth, née le 7 septembre 1533, est la fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn (qui
est exécutée alors qu’Élisabeth n’a que deux ans). Son demi-frère Édouard VI
succède à Henri VIII sur le trône d’Angleterre, puis c’est le tour de sa
cousine Jeanne Grey (pendant neuf jours), suivie par sa demi-sœur la catholique
Marie Ière (qui était le premier enfant d’Henri VIII, avec Catherine d’Aragon).
Élisabeth devient reine en 1558.
UN RÉCIT
HISTORIQUE SUR LES FEMMES ET LE POUVOIR
À L’INTENTION DU
MONDE D’AUJOURD’HUI
En
s’appuyant sur la biographie de John Guy, MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE rompt
avec la fausse idée selon laquelle Marie fut une monarque faible ou une femme
aux moeurs légères. Pour ses débuts de réalisatrice de cinéma, Josie Rourke,
connue au théâtre pour ses mises en scènes inspirées, montre dans MARIE STUART,
REINE D’ÉCOSSE les trahisons et la rébellion au sein de la cour, tandis que les
hommes qui entourent Marie n’ont de cesse de conspirer pour sa perte. Avec, en
toile de fond, la relation de Marie et de sa cousine, la reine Élisabeth. Ces
deux femmes qui, de manière inattendue, se comprennent, se fascinent l’une
l’autre et se lancent des défis, se trouvent dans l’obligation de faire
d’importants sacrifices qui les opposent dans un monde dominé par les hommes,
et de payer la rançon du pouvoir.
Pour
les producteurs Tim Bevan et Eric Fellner (cofondateurs et coprésidents de
Working Title) et pour la productrice Debra Hayward, ce film marque le retour à
un sujet inépuisable, puisque ce sont eux qui ont déjà porté à l’écran
l’histoire d’Élisabeth Ière,
en 1998 dans Elizabeth,
et en 2007 dans sa suite, Elizabeth : L’Âge d’or. Ces
deux films réalisés par Shekhar Kapur, avec Cate Blanchett dans le rôle-titre,
ont été récompensés aux Oscars. « Les films sur Marie Stuart existent depuis les
débuts du cinéma »,
déclare Tim Bevan, «
parce que c’est un personnage particulièrement fascinant. J’avais déjà produit
les deux films sur Élisabeth, et c’est un monde qui m’intéressait. J’ai toujours
pensé que Marie méritait un film à elle seule. Que ces deux femmes aient pu
exister et gouverner dans un monde aussi masculin est incroyable. Pendant les
dix ans que Marie passa en Écosse, sa vie fut particulièrement riche, avec deux
mariages, deux batailles… On avait là beaucoup d’éléments dramatiques à
exploiter ».
Les
producteurs se sont aussi rendu compte que l’histoire de Marie, y compris sa
relation avec Élisabeth, trouve un surprenant écho dans le monde contemporain. «
Nous voulions centrer le film sur ces deux femmes qui s’imposent dans un monde
masculin et qui apprennent à exercer le pouvoir »,
poursuit Tim Bevan. « Pour,
à la fin, voir l’une se faire dominer par l’habilité de l’autre. J’ai senti que
c’était pertinent, aujourd’hui, alors qu’on parle d’égalité au travail et de
tous ces sujets dans les journaux, chaque jour. Voilà des femmes fortes qui se débattent
avec le pouvoir, la politique et l’amour, des choses avec lesquelles nous nous
débattons encore aujourd’hui ».
Pour
cette production particulièrement ambitieuse qui embrasse les ressorts
dramatiques les plus profonds des relations humaines, les producteurs savaient
qu’il leur fallait un réalisateur hors du commun. À Londres, la directrice artistique
du prestigieux théâtre The Donmar Warehouse, Josie Rourke, avait déjà signé des
mises en scène révolutionnaires avec quelques-uns des meilleurs acteurs du
moment. Diplômée de l’Université de Cambridge en littérature anglaise, elle
s’imposa immédiatement comme la personne capable d’apporter au projet un regard
raffiné et une inspiration visuelle originale.
«
Malgré les limites imposées par les dimensions du théâtre, j’ai toujours trouvé
le travail de Josie au Donmar fantastiquement visuel »,
dit la productrice Debra Hayward. « Il y a toujours eu quelque chose de saisissant
dans son travail qui nous a menés à penser qu’elle pouvait passer derrière une
caméra sans aucun problème. Et puis que ce soit une femme qui puisse raconter
cette histoire nous paraissait particulièrement justifié aujourd’hui ».
Josie
Rourke a tout de suite adhéré au projet. Selon elle, pour améliorer la vie des
femmes d’aujourd’hui, il faut commencer par « renouveler l’image que
nous avons de femmes célèbres, pour mieux raconter la vérité émotionnelle, historique
et politique de la vie de ces femmes ». Elle était enthousiasmée à la fois par les
possibilités artistiques qu’offrait cette histoire de femmes, et par la
perspective de travailler avec l’actrice Saoirse Ronan, nommée aux Oscars, qui
avait déjà signé pour interpréter Marie. « Ce qui m’a d’abord plu, c’était que Saoirse joue
ce rôle, un rôle que je connais bien de par mon travail au théâtre, ajoute
Josie Rourke. Saoirse est absolument extraordinaire et possède le registre nécessaire
pour incarner le pouvoir, la cruauté, la souffrance et le sacrifice de Marie
Stuart ».
Et
puis l’idée de tourner une chronique de la relation entre Marie et Élisabeth plaisait
à la réalisatrice. «
J’ai vraiment eu envie que deux femmes dominent le récit et qu’elles mènent
l’histoire. Il faut chercher longtemps pour trouver des films où les deux
protagonistes qui font avancer l’histoire sont des femmes. Il doit y avoir CAROL,
MULHOLLAND DRIVE, THELMA ET LOUISE… Ce film s’intéresse à l’obsession que ces deux
femmes nourrissent l’une pour l’autre. Il aboutit à leur rencontre imaginaire,
mais pendant tout le film Élisabeth a Marie dans la tête, qui envahit sa
conscience et qui influence ses choix dans tous les domaines de l’existence.
Les deux femmes ne peuvent que se comprendre sincèrement et totalement. Bien
qu’elles fassent des choix très différents, Marie et Élisabeth sont les deux
faces d’une même médaille. Le film est centré sur Marie, mais comme Batman a le
Joker ou Sherlock Holmes a Moriarty, Élisabeth s’inscrit dans ce genre de
relation psychologique intense. Et j’ai trouvé que ce serait extrêmement intéressant
que ce soit, ici, deux femmes ».
Riche
de ces idées précises sur la manière d’aborder la vie de Marie Stuart, Josie
Rourke se tourne alors vers le scénariste et dramaturge Beau Willimon, nommé
aux Oscars, auteur notamment en 2011 des Marches du pouvoir d’après
sa propre pièce « Farragut North », puis de la série Netflix « House of Cards
». «
Beau et moi avions l’envie de travailler ensemble depuis très longtemps »,
dit Josie Rourke. « Il
compose brillamment les personnages de femmes, avec une grande complexité
psychologique. C’est aussi un auteur très politique. Il est sensible à la
rançon du pouvoir, qui est le thème essentiel du film. Ce que les gens aiment
tant dans « House of Cards », c’est que ça ressemble aux drames de la
Renaissance, au théâtre de la vengeance. Tout le monde conspire et complote.
D’une certaine façon, c’est la période de notre histoire pendant laquelle fut
inventée la politique moderne ».
À
la recherche d’un regard fiable sur le parcours de Marie Stuart et sur ses
relations avec ceux qui l’entouraient au plus près, Beau Willimon choisit la
biographie de l’historien John Guy, "Queen of Scots : The True Life of Marie Stuart",
un ouvrage qui détaille les revendications de Marie pour le trône et les
répercussions de cette menace sur le règne d’Élisabeth. À sa sortie, le livre et
les éléments qu’il dévoilait avaient été salués comme étant particulièrement nouveaux
sur Marie et sur son histoire. John Guy y expliquait combien la réputation de
Marie avait été abîmée par son entourage. Son livre cherchait à la sortir de
ces clichés de souveraine médiocre aux mœurs légères.
«
John Guy a le talent de rendre l’Histoire vivante »,
dit le producteur Tim Bevan. « Ce livre, ce n’est pas que de la pure érudition, il
est palpitant. John se met à la place de Marie Stuart pour raconter son
parcours avec son point de vue à elle, d’une manière très étayée. Beau et Josie
ont adoré utiliser cet ouvrage comme point de départ ».
John
Guy espérait que son livre apporte un regard nouveau, différent des précédents
sur le même sujet. « Je
me suis rendu compte qu’une bonne compréhension du rapport de force entre les
deux reines brisait complètement les préjugés que nous avions sur Marie Stuart
», dit-il.
«
Marie a été soumise à une campagne systématique des Anglais pour la
discréditer, orchestrée par William Cecil. Il a trafiqué les archives de
manière à ce qu’à première vue, on arrive aux conclusions qu’il voulait. Mais
évidemment, comme dans l’affaire du Watergate, si on regarde de plus près, on
découvre une histoire toute différente. C’était très important pour moi de dire
la vérité sur Marie qui, dans l’Histoire, a souvent été comparée à Élisabeth, mais
à son détriment. Les documents historiques existent, et ils n’attendaient
qu’une chose : de venir étayer une version nouvelle de cette histoire ».
«
John Guy avait mené une recherche implacable des détails et des faits historiques
»,
ajoute Beau Willimon. «
Dans son livre, il n’inventait rien. J’ai pu en tirer beaucoup de conclusions,
en particulier sur la vie affective de Marie et sur celle d’Élisabeth. John m’a
aussi beaucoup aidé dans mon travail par ses conseils quand je voulais prendre
certaines libertés, ou bien condenser les faits afin de rendre la narration
plus fluide. Son aide a été indispensable quand il a fallu faire certains choix
qui nous éloignaient de la pure vérité historique mais qui ajoutaient une
vérité, une émotion ou une atmosphère au service du cœur de l’histoire de ces
deux femmes ».
Le
scénario de Willimon s’empare de toutes les complexités des deux cours royales
et des deux souveraines qui y régnaient. « Il a brillamment centré l’histoire autour de ces
deux femmes et de ce que chacune imagine que l’autre a dans la tête », dit
Tim Bevan. «
Toutes les intrigues et les manigances autour d’elles sont bien là, ainsi que
des personnages très bien campés ».
« Je
crois que ce qui m’a le plus motivé dans ce projet, c’est la solidarité féminine
entre Marie et Élisabeth », ajoute Beau Willimon. «
Ces deux jeunes femmes étaient les seules à pouvoir comprendre ce qu’être à la
place de l’autre voulait dire. Il existait donc un lien profond entre elles, en
même temps qu’une rivalité. Chacune veut le trône de l’autre : on a ainsi ce
va-et-vient continuel entre la solidarité féminine et la rivalité, entre
l’amour pacifique et l’hostilité qui mène à l’intrigue et à la guerre ».
Bien
que la productrice Debra Hayward connaisse bien cette période, puisqu’elle
avait déjà travaillé avec Tim Bevan et Eric Fellner sur les deux films sur
Élisabeth, elle avoue que ce projet l’a aidée à mieux apprécier ces deux femmes
parmi les plus mal comprises de tous les temps. « Je
connaissais les moments forts : les mariages et évidemment l’enfant,
l’emprisonnement, la décapitation et la relation avec Élisabeth. Pourtant, ce
n’est que lorsque nous nous sommes plongés dans le livre de John Guy qu’une
autre facette de sa vie nous est apparue, et c’est ce que nous avons mis à
l’écran. Nous présentons Marie, c’est certain, sous une nouvelle lumière ».
«
C’était une époque de patriarcat, ajoute Josie Rourke. En cela, c’est une histoire
assez moderne. Le film parle de la force féminine, mais aussi du prix que ces
deux jeunes femmes ont eu à payer, avec une immense responsabilité sur leurs épaules,
en faisant beaucoup de sacrifices pour régner».
LE CASTING DU
FILM : DONNER VIE À L’HISTOIRE.
L’actrice
irlandaise Saoirse Ronan est destinée à interpréter Marie Stuart depuis des
années, la première fois, elle avait à peine 18 ans, quand elle a signé pour
une ancienne version d’un biopic de la malheureuse souveraine. “Déjà à
l’époque, je me suis sentie des affinités pour l’Écosse et son histoire, probablement
parce qu’il y a, je pense, beaucoup de points communs entre l’histoire de
l’Écosse et celle de l’Irlande” précise Saoirse, qui a maintenant 24 ans. “L’idée
de jouer une reine si importante pour les Écossais et qui a un tel parcours
était vraiment passionnante. Je savais que son histoire méritait d’être racontée.
En tant qu’actrice, c’était un rôle exceptionnel et je savais combien j’avais
de la chance qu’on me fasse confiance. Ce n’était pas quelque chose que j’allais
laisser tomber. J’ai toujours cru que cette chance se représenterait en temps voulu”.
Tim
Bevan et Eric Fellner de Working Title connaissaient Saoirse Ronan depuis le
tout début de sa carrière, car en 2007 ils avaient produit REVIENSMOI
qui
avait valu à l’actrice une nomination aux Oscars dans le rôle de Briony Tallis.
“J’ai
pensé que Saoirse avait, en tant qu’actrice, toutes les qualités requises pour
incarner Marie Stuart”, dit Tim Bevan. “Elle a surtout une
volonté de fer. La seule personne à qui je peux la comparer est Cate Blanchett
quand elle a tourné Elizabeth. Nous avons connu Saoirse quand elle était toute
jeune, sur le tournage de REVIENS-MOI, et nous avons vu
évoluer sa carrière. Depuis, Saoirse a fait un travail remarquable et elle est
capable d’incarner n’importe qui. D’une certaine manière, nous avons eu de la
chance de devoir attendre quelques années car elle a probablement désormais
l’âge du rôle”.
Il
était compliqué de trouver une actrice qui puisse incarner Élisabeth en s’imposant
à l’écran comme Saoirse Ronan. Dès le début, Josie Rourke pensait que Margot
Robbie serait le bon choix. L’actrice australienne avait engrangé un immense
succès critique et commercial avec Le Loup de Wall Street et Suicide
Squad, avant
d’être nommée pour la première fois à l’Oscar pour le rôle principal du biopic
de Tonya Harding en 2017, Moi, Tonya. Josie Rourke écrivit à Robbie personnellement en
lui expliquant sa vision du film et pourquoi elle avait besoin d’elle pour
interpréter Élisabeth.
Pourtant,
au début, Margot Robbie éprouva de l’inquiétude à l’idée d’endosser le rôle de
l’icône. “J’étais
vraiment intimidée par le projet, d’autant plus que la dernière à avoir incarné
Élisabeth était l’actrice que j’admire le plus, Cate Blanchett”,
dit-elle. “Mais
Josie m’a expliqué qu’elle voulait que je la joue comme une simple jeune femme.
Dès que j’ai cessé de penser à Élisabeth comme à une reine et que je l’ai
abordée comme étant d’abord une femme, j’ai été capable de la comprendre. Je
supposais naïvement qu’elle avait eu une existence très facile, alors que
l’enfance d’Élisabeth fut éminemment traumatisante. Et bien sûr, ça ne s’est
pas arrêté quand elle est arrivée au pouvoir. J’ai passé beaucoup de temps avec
John Guy qui m’a raconté les choses dans le détail, et qui m’a expliqué ce qu’Élisabeth
avait vécu personnellement et intimement”.
“J’étais
très enthousiaste à l’idée de travailler avec Josie, Saoirse et Debra, ces femmes
qui sont respectivement réalisatrice, actrice principale et productrice. Le
rôle me faisait un peu peur, mais le projet était en lui-même une perspective tellement
formidable”.
Tout
aussi importants que les deux reines au centre du film, Josie Rourke et les
producteurs allaient choisir des dizaines d’acteurs pour interpréter tous les
autres rôles historiques. À commencer par le demi-frère de Marie Stuart, Moray,
qui dirigea l’Écosse pendant les dernières années de son absence. Moray
accueille Marie avec suspicion à son retour de France en 1561, après la mort de
son mari.
“Au
début du film, Moray est régent d’Écosse et espère que Marie ne sera qu’une
marionnette à sa merci”, raconte le comédien James McArdle. “Il
a durement oeuvré à la paix et à la stabilité du pays, et le peuple l’apprécie.
Aussi est-il un peu choqué par la force et par l’énergie que montre Marie dès
son arrivée. Moray sous-estime aussi son intelligence et son pragmatisme. Lui,
c’est un animal politique. Astucieux et farouchement intelligent, il se démène
avec les sentiments qu’il éprouve pour sa soeur. Le problème de Moray, c’est
qu’il est illégitime et qu’il a besoin d’être reconnu. Il sait au plus profond
de lui-même qu’il est le meilleur dans cette situation”.
Mais
Marie n’a pas la moindre envie de se conduire en simple figure de proue. Elle
souhaite gouverner et rester fidèle à sa foi catholique. Elle est cependant
suffisamment habile pour promettre de respecter toutes les religions. Elle reconnaît
même sa parente, Élisabeth la protestante, comme reine d’Angleterre. Tout ce
que demande Marie, c’est d’hériter du trône d’Angleterre si jamais Élisabeth
n’a pas d’enfant. C’est un brillant compromis, un geste fraternel que les
hommes autour d’Élisabeth, en particulier son principal conseiller Cecil (Guy
Pearce), tentent immédiatement d’empêcher. Les décisions de Marie contrarient
aussi immédiatement les hommes de pouvoir à sa cour, et parmi eux Lord
Maitland, interprété par Ian Hart.
“Maitland
était le secrétaire d’État, le représentant du gouvernement à la cour d’Écosse”,
précise Hart. “En
réalité, il gouvernait le pays en l’absence de Marie. Il y avait le régent,
mais le régent recevait les ordres du parlement et pas l’inverse. Marie arrive
alors avec ses propres projets. John Guy a décrit mon personnage comme étant un
Machiavel écossais. Il n’était certainement pas très sympathique, mais sa
famille se maintenait au pouvoir. Pour être si malin, pour s’en sortir alors que
tous les autres se font assassiner, il faut une bonne dose de ruse et
d’esprit”. Marie
avait un autre puissant ennemi en la personne de John Knox, à la tête de
l’Église protestante d’Écosse, interprété par David Tennant. “Il
a consacré sa vie à chasser le catholicisme, aussi arrive-t-il à la cour de
Marie Stuart avec quelques réserves, parce qu’elle ramène le catholicisme en
Écosse, et aussi parce qu’il refuse que les femmes accèdent au pouvoir,” dit
Tennant à propos de Knox. “Si on considère le personnage aujourd’hui, il
apparaît comme un dinosaure d’avant la Réforme, mais c’était un homme persuadé
qu’il avait Dieu de son côté”.
Dans
les deux cours royales, les hommes se demandent si Marie ne va pas se remarier.
En Angleterre, Cecil presse Élisabeth de trouver un mari et d’avoir un enfant.
Pour lui, le retour de Marie en Écosse rend le mariage d’Élisabeth plus
nécessaire encore. Il craint que Marie donne naissance à un héritier avant Élisabeth.
Mais Élisabeth résiste au mariage, craignant, à juste titre, qu’un époux quel
qu’il soit tente de la dominer et d’usurper le trône. Élisabeth se satisfait de
sa relation intime avec Dudley (Joe Alwyn), un courtisan qui a compris qu’elle
ne se mariera jamais.
“Robert
Dudley et Élisabeth ont grandi ensemble et ont souffert ensemble”, raconte
Joe Alwyn. “Ils
ont été emprisonnés au même moment dans la Tour de Londres et ils ont chacun
traversé des épreuves depuis leur plus jeune âge. Il est loyal envers
Élisabeth, et son amour pour elle est plus fort que tout”. “Ce qui m’a marqué,
c’est la bonté et la fidélité dont il était capable. Tout le monde se doutait
bien qu’ils étaient amoureux, mais personne ne savait à quel point. Elle était
à l’évidence sa préférée. Il passait beaucoup de temps dans sa chambre à
coucher, ce qui créait des frictions dans l’entourage”.
De
même, l’affection que Marie Stuart porte au musicien David Rizzio (Ismael Cruz
Cordova), dont elle préfère la compagnie à celle des nobles et de la famille
royale autour d’elle, est perçue avec suspicion et profonde inquiétude. “David
Rizzio fait son entrée comme musicien à la cour de Marie Stuart”,
précise Ismael Cruz Cordova. “Il devient rapidement le confident et le bras
droit de la reine. Rizzio est un peu comme un caméléon avec ses couleurs, son
mystère, son côté charmeur et séducteur. Il a l’esprit rebelle et il est très
en avance sur son temps”.
Cecil
dépêche l’ambassadeur d’Écosse, Lord Randolph (Adrian Lester), pour suggérer à
Marie d’épouser un Anglais, ce qui permettrait à l’Angleterre de contrôler en
partie ses décisions. Marie repousse cette idée avec beaucoup d’habileté
politique et d’élégance, ce qui impressionne Randolph et lui fait dire que
Marie est “redoutable”.
“Jouer
un second rôle n’est gratifiant que si votre personnage pèse dans l’intrigue et
si certains enjeux dramatiques sont entre ses mains, dit Adrian Lester. Le
scénario m’offrait les deux. Thomas Randolf se trouvait dans une position
particulièrement délicate entre les deux monarques. Il devait obéir aux instructions
de l’une tout en courtisant et manipulant la volonté de l’autre. En n’oubliant
jamais que Marie était reine”.
Suite
au Compte rendu de Lord Randolph, Élisabeth envoie Dudley comme prétendant
auprès de Marie. Dudley est récalcitrant, mais Élisabeth lui fait remarquer que
s’il épouse Marie, ils pourront, ensemble, contrôler la reine d’Écosse. Marie
repousse très vite Dudley et insiste pour rencontrer Élisabeth, comme il était
prévu, pour discuter de son offre de reconnaître la légitimité d’Élisabeth si
celle-ci accepte de lui céder son trône après elle. Élisabeth contracte la
variole et annule la rencontre. Apprenant la maladie potentiellement mortelle
d’Élisabeth, Marie lui envoie une missive dans laquelle elle propose maintenant
d’épouser Dudley à condition d’être nommée héritière de la couronne d’Angleterre.
Élisabeth
guérit de la variole. Marie trouve un nouveau prétendant, Lord Darnley,
interprété par Jack Lowden. Darnley fait partie de la noblesse anglaise, mais
il est catholique et ses racines sont écossaises. Lui aussi est prétendant à la
couronne anglaise.
En se mariant, ces deux catholiques qui revendiquent l’un et
l’autre le trône d’Angleterre vont présenter une réelle menace pour Élisabeth.
Les Anglais tentent d’empêcher le mariage. Moray aussi s’oppose à ce que l’on
défie la volonté anglaise. Il se retire de la cour pour protester et menace de
se rebeller. Marie épouse Darnley malgré toutes ces désapprobations. Mais
Darnley n’est pas exactement un mari idéal. Il veut gouverner à la place de
Marie, en tant que roi d’Écosse. Il a aussi une soif inextinguible de plaisirs.
“Darnley
était déjà l’un des prétendants de Marie Stuart alors qu’il convoitait le trône
pour lui-même”,
précise Jack Lowden. “Il
est l’héritier présomptif d’un immense domaine en Écosse. Son père est
écossais, mais Darnley est né dans le Yorkshire, en Angleterre. La cour
anglaise pensait que c’était une bonne idée d’envoyer un Anglais pour garder
Marie sous contrôle. Mais Darnley a ses propres ambitions. Il n’est jamais
passif dans un coin, il est toujours au centre de l’attention. C’est un homme
politique efficace, du moins le pense-t-il, mais il a ses faiblesses : les
femmes, les hommes, la boisson, le pouvoir”.
“Il
y a en ce moment toute une pépinière de nouveaux acteurs britanniques incroyablement
prometteurs”,
dit la productrice Debra Hayward. “Nous avons eu beaucoup de chance pour le casting
des rôles masculins. Avec Joe Alwyn, James McArdle, et Jack Lowden, nous avons
les trois meilleurs jeunes comédiens anglais de leur génération”.
Marie
se rend vite compte que son nouveau mari est plus intéressé par Rizzio que par
elle-même. Elle est trahie par son mari et par Rizzio, son ami le plus proche.
Son mariage est en ruines, son trône en danger. Élisabeth est persuadée par
Cecil de fomenter une rébellion contre Marie. Cecil procure les fonds dont Moray
a besoin pour alimenter la guerre civile dans le royaume de Marie. Guy Pearce
était très heureux d’interpréter Cecil qui fut, pendant 40 ans, le premier
conseiller de la reine Élisabeth. “C’était un politicien fin et subtil, mais certainement
impitoyable aussi”,
précise Guy Pearce. “Son
principal objectif était de soutenir Élisabeth dans son rôle mais aussi de
soutenir le protestantisme et de débarrasser la monarchie de tout catholicisme.
Cecil et Élisabeth se connaissaient bien avant qu’elle ne devienne reine. Leur
relation était devenue presque comme celle d’un père et d’une fille. Il était
par ailleurs aussi un mari respectueux et aimant, et je pense qu’elle admirait
autant cette loyauté que son habileté politique”.
Avec
l’aide de Bothwell (Martin Compston), son fidèle lord grand-amiral, Marie
commande les troupes écossaises et en finit avec la rébellion dirigée par
Moray, son demi-frère. Marie est un chef charismatique et efficace qui réunit sous
la même bannière les catholiques et les protestants.
Son
nouvel acte politique va être de fournir un héritier qui assurera ses droits au
trône d’Angleterre si jamais Élisabeth disparaissait sans descendance.
Elle
oblige Damley à remplir son contrat et à lui faire un enfant. Marie tire de son
statut de reine enceinte la grande autorité de celle qui va donner naissance à
un héritier. Cette grossesse affaiblit Darnley, car une fois l’enfant né Marie n’aura
plus besoin de mari. Son autorité sur les hommes de sa cour est aussi renforcée,
ce qui nourrit encore la rancoeur de leur part envers cette reine et son
pouvoir accru.
John
Knox et le père de Darnley, le comte de Lennox, sont déterminés à faire tomber
Marie. Lennox rend visite à Moray qui se cache dans la clandestinité. Moray,
Lennox, Maitland et Knox répandent ensemble la fausse nouvelle que Marie est la
maîtresse de Rizzio. Ils persuadent Darnley d’accepter ce mensonge et de signer
une entente avec une quarantaine de lords selon laquelle Rizzio doit être
éliminé pour ce prétendu adultère. Rizzio est sauvagement assassiné dans les
appartements de Marie par les lords écossais, en présence de la reine sur le
point d’accoucher. Elle est placée en résidence surveillée et Moray est de
nouveau au pouvoir. Marie, en manipulant l’orgueil et la faiblesse de Darnley,
arrive à défaire cette seconde rébellion et, avec l’aide de Bothwell qui a
évité l’assassinat, réunit une armée qui oblige son frère et Maitland à se
rendre.
Une
fois de plus victorieuse des rebelles qui mettent son trône en danger, Marie
donne naissance à Jacques, héritier des couronnes d’Angleterre et d’Écosse.
Faisant acte de fraternité et dans une avancée politique de génie, Marie écrit
à Élisabeth en lui proposant une réconciliation et de devenir la marraine de
Jacques. Ceci pousse Élisabeth à envisager de nommer Jacques son héritier, ce
qui met Cecil hors de lui.
Marie
pardonne Élisabeth, Moray et Darnley. Malgré les pressions exercées par sa cour
et par Bothwell pour qu’elle bannisse Darnley, Marie lui sauve la vie mais le
condamne à vivre isolé et sous surveillance. C’est alors que s’organise le
troisième complot contre Marie. Maitland fait croire à Bothwell que Marie a
besoin de lui en tant que mari solide. Bothwell organise en secret l’assassinat
de Darnley et profite de la situation pour enlever Marie et la forcer à
l’épouser. Pendant ce temps, Knox et Maitland font courir le bruit que Marie
est impliquée dans le meurtre de Darnley et la traitent de putain pour s’être
mariée avec Bothwell.
Pour
Martin Compston, “Lord
Bothwell était le troisième mari de Marie. Historiquement, il était son
protecteur. Puis il l’enleva et la força au mariage, pensant que lui-même
pourrait être roi. J’ai bien aimé son aversion silencieuse et son mépris pour
tous les comploteurs, pour les coups de poignards dans le dos, pour les
stratégies. Bothwell, c’est quelqu’un de très "cash" ”.
En
Écosse, la réputation de Marie est mise à mal. Les fausses informations de Knox
se sont répandues dans l’imaginaire du peuple et il est impossible à Marie de
lever une armée pour combattre Maitland et son frère qui, une fois de plus,
s’est retourné contre elle. Moray a aussi enlevé son fils Jacques. Il a l’intention
de gouverner l’Écosse en tant que protecteur de l’enfant, comme il l’avait déjà
fait pendant l’absence de Marie quand elle était plus jeune.
Pour
James McArdle, “ce
film, c’est bien plus que l’histoire de la décapitation d’une monarque. Il est
terriblement pertinent et contemporain. Il aborde de grands thèmes universels
tels que la famille, l’amour et la trahison. L’histoire raconte comment ces
femmes de pouvoir combattent le patriarcat, la misogynie et la phallocratie qui
les entourent”.
Le
film raconte la trajectoire de Marie à travers l’Écosse. Pour l’apogée du film,
Beau Willimon et Josie Rourke ont imaginé la rencontre entre les deux reines.
Dans cette scène inventée, elles se trouvent face à face pour la première fois.
Marie plaide auprès de sa cousine pour une aide militaire contre les forces qui,
à nouveau, menacent son trône. Élisabeth se trouve devant un problème de
conscience. Ses sentiments envers Marie sont fraternels, mais ne peuvent contrer
les lords protestants. Le sentiment de supériorité de Marie se dévoile quand
elle se décrit comme étant la souveraine d’Élisabeth. Élisabeth quitte alors la
réunion secrète. Ce sera le début du long emprisonnement de Marie Stuart en
Angleterre.
Cette
scène représente ce que Beau Willimon considère comme la “vérité émotionnelle”
de l’histoire. Elle s’inspire des nombreuses lettres que les deux femmes
échangèrent, y compris celle découverte par John Guy qui montre que leur
fraternité perdura même quand Marie fut retenue en captivité.
Dans
la scène finale du film, Élisabeth signe le mandat ordonnant l’exécution de sa
cousine. Des lettres ont été découvertes, que l’on pense de la main de Marie,
qui prouvent qu’il y eut un complot pour attenter à la vie d’Élisabeth. Marie
est exécutée pour trahison en 1587. Nous voyons la scène telle que se la figure
Élisabeth. Tandis qu’elle-même approche de l’image qui nous est si familière,
Marie, dans l’imagination d’Élisabeth, demeure la jeune reine dont elle avait
découvert le portrait quelque vingt ans auparavant. Élisabeth aura régné
pendant presque quarante-cinq ans. Marie finira la tête sur le billot et passera
à l’immortalité, celle d’une martyre catholique, d’une icône, la mère du premier
monarque qui réunira sous la même couronne le royaume d’Écosse et celui
d’Angleterre, Jacques Ier.
“Il
y a tant de façons de se projeter dans cette histoire”,
ajoute Margot Robbie. “C’est
vraiment une étude de caractères. On oublie vite qu’ils sont tous d’origine royale.
Ils deviennent des êtres humains comme les autres. Et il faut ajouter que les
questions de politique des genres sont on ne peut plus actuelles. C’est amusant
d’explorer un monde et une époque dont on ne sait presque rien, mais c’est
aussi important de pouvoir faire le lien et de reconnaître les qualités très
humaines de ces personnages. C’est une histoire très émouvante et importante
dans le contexte actuel”.
“Marie
a eu sur moi un effet comme peu de personnages depuis très longtemps”, confie
Saoirse Ronan. “Je
me suis sentie plus forte grâce à elle. On est souvent confrontés à des
décisions difficiles à prendre, et c’est véritablement rassurant de voir une
jeune femme dans une telle position, de pouvoir éprouver les mêmes doutes. Que
vous ayez le pouvoir par la grâce de Dieu ne vous empêche pas d’avoir peur et
d’être vulnérable. Ce que j’ai retenu de Marie, c’est qu’elle a pris ses
responsabilités et qu’elle a tracé son propre chemin. J’ai trouvé que c’était
un rôle très stimulant”.
LA RENCONTRE DES
DEUX REINES
Dans
la tradition plusieurs fois centenaire des représentations de la vie d’Élisabeth
et de Marie Stuart, MARIE
STUART, REINE D’ÉCOSSE imagine
à son tour une scène de rencontre entre les deux souveraines. Cette scène est le
coeur du film, c’est le grand moment paroxystique de ce drame historique. Le
choix d’amener Marie et Élisabeth à un face-à-face permet d’exprimer une
humanité entre ces deux femmes de pouvoir qui n’étaient pas ennemies mortelles
et qui cherchaient plutôt le compromis. Cette version va à l’encontre de la
perception habituelle des deux rivales qui se crêpaient le chignon, et propose
un regard nouveau sur leur histoire.
Bien
qu’il n’existe aucune preuve historique d’une telle rencontre, les dramaturges
ont voulu l’imaginer depuis bien longtemps. Dans le passé, elle a été décrite
entre autres dans la pièce de Friedrich Schiller “Marie Stuart” et dans l’opéra
de Donizetti “Maria Stuarda”. “La scène s’est avérée absolument nécessaire”,
dit Josie Rourke, la réalisatrice. “Car, jusqu’à ce moment où leurs regards se
croisent, on ne peut pas comprendre ce que Marie et Élisabeth ont traversé, ce
qu’elles ont vécu et enduré”.
“Quand
j’ai commencé à parler du projet, j’ai beaucoup fait allusion à HEAT
de
Michael Mann. En quelque sorte, notre film se réclame de la même dynamique. Et
il y a bien sûr dans HEAT cette scène énorme, ce véritable morceau de
bravoure où deux grands acteurs s’affrontent”.
Et
l’historien John Guy d’ajouter : “Marie a toujours soutenu, comme Élisabeth à
quelques reprises, que si elles avaient une conversation en tête à tête, elles réussiraient
à surmonter leurs différends. C’était en quelque sorte la fraternité selon les
Tudor. Les deux femmes avaient affaire aux mêmes situations, tensions religieuses
et conspirations”.
“La
façon dont la rencontre se déroule dans le film est extraordinaire. Et elle n’est
pas si éloignée que ça de la vérité historique”. En
2010, de nouveaux documents apparurent, dont une lettre dans laquelle Élisabeth
s’adresse à Marie en tant que femme, en parlant de “reines-soeurs”. Elle se
rappelle la profonde affection qu’elle éprouvait autrefois à l’égard de Marie
et évoque l’idée de deux reines qui gouverneraient en voisines sur la même île.
Élisabeth déplore les luttes et les jalousies qui les ont éloignées. Elle termine
en disant que si jamais Marie souhaite une ultime réconciliation, elle lui
enverra un de ses secrétaires afin d’entamer un dialogue. Pour John Guy, “bien
que nous sachions que la rencontre des deux reines n’a jamais eu lieu, il y avait
certainement là un espoir”.
Pour
Saoirse Ronan et Margot Robbie, tourner cette séquence fut une inoubliable
expérience. “D’un
commun accord nous avions décidé qu’il était préférable de ne pas nous croiser
pendant que nous incarnions nos personnages. Le jour du tournage, nous nous
sommes évitées autant que possible”, dit Saoirse. “Ils se sont arrangés
pour que je sois d’un côté du plateau et elle de l’autre. Quand nous nous
sommes enfin vues après des semaines de répétitions, trois semaines de tournage
pour elle et cinq ans d’attente pour moi, nous ne pouvions nous empêcher de
trembler. C’était bien plus que de partager un gros sanglot pendant la scène. Nous
sentions que le moment nous dépassait. C’était extraordinaire de sentir un tel lien
avec quelqu’un alors que nous n’avions qu’une seule scène en commun”.
“Ce
fut l’un des moments les plus mémorables de ma vie d’actrice”,
ajoute Margot Robbie. “Nous
n’avions encore jamais vu l’autre en perruque, en costume et maquillée. C’était
mon dernier jour de tournage et c’était extrêmement fort. J’en étais arrivée
là, et c’était si profond et si énorme que j’ai complètement oublié que j’étais
sur un plateau de cinéma. Pendant une minute, la situation a dépassé tout ce
qui nous entourait. C’était intense, magique et bouleversant”.
Cette
séquence n’est, bien sûr, pas le seul choix artistique important qu’a fait
Josie Rourke et qui marquera MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE.
Elle pense profondément que le secret d’un bon casting est de trouver les
acteurs qui conviennent aux rôles sans tenir compte de leur appartenance
ethnique. Elle est donc allée chercher des acteurs d’origines très différentes
pour incarner des personnages de l’histoire anglaise ou écossaise.
“En
auditionnant certains acteurs, il était assez émouvant d’entendre beaucoup
d’entre eux exprimer qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de jouer dans un fi
lm en costume d’époque”, dit la réalisatrice. “Ce
sont parmi nos meilleurs acteurs britanniques, de grands talents classiques.
Ils ont interprété sur scène, dans beaucoup de pièces de Shakespeare, des rôles
semblables mais n’ont jamais pu le faire au cinéma. Pour certains, c’était
l’aboutissement inespéré du rêve de toute une vie. Et pour moi c’était simplement
l’occasion de profi ter de réels talents”.
Le
propos artistique de Josie Rourke pour décrire l’histoire de Marie, s’étend aussi
à la vie personnelle des gens de la cour, et en particulier à la description, dans
le fi lm, de la relation de la reine avec Rizzio. Historiquement, Rizzio était très
important à la cour de Marie Stuart. Il participait aux différents jeux et aux mascarades
avec les “Four Maries”, les dames de compagnie de Marie (jouées par Maria
Dragus, Izuka Hoyle, Eileen O’Higgins et Liah O’Prey). Certains de ces jeux se
faisaient très intimes et alimentèrent la rumeur selon laquelle Rizzio était
trop proche de Marie.
Pour
John Guy, ce qui est concrètement montré à l’écran, c’est la relation de Rizzio
avec Darnley, l’époux de Marie. “On a la preuve historique d’une courte relation
sexuelle entre Darnley et Rizzio”, dit-il. “Darnley était bisexuel comme c’était la mode parmi
les jeunes courtisans hédonistes en France. Les contemporains avaient leur
manière de divulguer les excès sexuels, et quand Darnley était décrit, les
allusions n’étaient pas gratuites. Peu de temps après le mariage de Marie avec
Darnley, Rizzio fut décrit comme “le seul maître de Darnley” et l’homme qui
“s’occupe de tout”. Rizzio fut l’amant de Darnley pendant quelque temps et on
les surprit ensemble au lit”.
Notes de production
Avant
que le tournage ne commence, la réalisatrice Josie Rourke insista pour obtenir
deux semaines complètes de répétitions. C’est une méthode qu’elle juge
essentielle pour aider les acteurs à prendre la mesure des personnages
historiques hors normes qu’ils vont devoir incarner. “Josie
a une manière très fine de puiser dans les personnages et de rapprocher les
acteurs”, raconte
Saoirse Ronan. “Elle
nous a rappelé que nous incarnions de jeunes personnes qui éprouvent l’amour,
ou la peur, ou l’insécurité pour la première fois. Elle a tout ramené à des
proportions humaines et nous a fait oublier que nos personnages étaient des
têtes couronnées. Nous interprétions des gens normaux qui éprouvaient des
sentiments humains. C’était fascinant, et nous avons pris tout le temps
nécessaire pour nous en imprégner”.
Pour
Saoirse, le temps partagé avec John Guy pendant cette période de répétitions fut
lui aussi extrêmement utile. “John a une connaissance encyclopédique de toute
cette période. Je n’oublierai jamais d’avoir lu dans son livre que quand Marie
a été exécutée, ce ne fut pas d’un coup de hache net… Ils ont mal visé, et la
lame s’est fracassée contre son crâne. Ce fut une décapitation atroce. Marie
était en train de réciter une prière en latin quand finalement la tête s’est
détachée de son corps. Dans la salle, le public a vu sa tête rouler, et tout le
monde a pu constater que la bouche remuait encore. Je me suis dit que c’était
le truc le plus incroyable du monde. C’est aussi une belle métaphore de la détermination
de Marie. Elle a tenu bon jusqu’à la fin”.
Pendant
les répétitions, les comédiens travaillaient aussi avec le chorégraphe Wayne
McGregor et la movement
coach Sarah
Dowling. “80
% de ce que nous communiquons ne passe pas par les mots”,
souligne Wayne McGregor. “La posture du corps et ses mouvements sont donc
particulièrement importants. Surtout quand on traite d’une période historique.
Mon travail a consisté à faire dialoguer le langage du corps avec les mots
écrits. Nous cherchions à proposer aux acteurs des pistes à explorer
corporellement pour dire leur texte. Cela commence évidemment par les scènes de
danse, mais cela concerne aussi les scènes d’amour physique et de violence. Le
corps ne ment jamais. Nous essayons de trouver tout ce qui peut aider la
justesse de la scène”.
Margot
Robbie avait déjà travaillé avec Wayne McGregor en 2016 sur LA LÉGENDE
DE TARZAN.
Elle avait trouvé ses conseils particulièrement utiles. “Tout
a changé pour moi dans mon rapport avec le costume et le corset”,
dit-elle. “Je
m’étais jurée de ne jamais accepter de rôle où il faut porter un corset. Je
déteste ça. C’est tellement contraignant. Mais Wayne m’a fait changer d’avis.
Il m’a dit de m’en servir comme d’une cage protectrice, comme d’une sorte
d’armure. Il m’a dit aussi qu’un corset peut vous aider à garder vos distances,
qu’il vous donne une stature, elle-même symbole de beaucoup de choses. Il m’a
appris à en jouer”.
À
l’écran, les scènes de danse sont une création de Wayne. “Ce
ne sont pas de véritables danses du XVIème siècle,
précise-t-il. Josie ne voulait pas de danses d’époque. La mascarade est une
suite de figures qui raconte l’histoire, populaire pendant la Renaissance, de
Diane et d’Actéon. Nous souhaitions mettre ce mythe en mouvement, d’une manière
très rapide, en à peine deux minutes. Les autres danses sont des créations à
partir du rythme de la pavane, une danse lente et processionnelle, mais avec
une gestuelle toute différente. On a commencé par chercher avec les comédiens
ce qui dans la physionomie de leur personnage se rapprochait de la manière dont
ils envisageaient leur rôle. Nous sommes partis de là. Au lieu d’imposer la
danse à l’acteur, on trouve le moyen de révéler l’identité de son corps par la
danse, et de raconter quelque chose”.
Pour
Josie Rourke et le scénariste Beau Willimon, il était important de rendre
compte des nombreuses langues parlées dans les deux cours. Quand Saoirse Ronan
s’exprime avec un accent écossais, c’est pour eux le moyen d’évoquer l’écossais
des Lowlands, la langue principale à la cour d’Écosse. À d’autres moments,
Saoirse Ronan et ses dames de compagnie parlent français, pour témoigner du
temps que Marie a passé en France. Saoirse Ronan a d’ailleurs impressionné
toute l’équipe en apprenant le français pour le film. Josie Rourke, la
réalisatrice, aimait aussi l’idée que c’était pour Marie Stuart la langue de
l’intimité et du secret.
Il
y a en tout cinq langues parlées dans le film : l’anglais, à la cour
d’Angleterre, prononcé avec l’accent “RP” (Received Pronunciation) ;
l’anglais avec l’accent écossais, qui représente la langue écossaise des
Lowlands ; le français (Josie Rourke a travaillé avec un spécialiste de la
Renaissance française pour s’assurer de son exactitude) ; le latin (pour les
prières de Marie, au début et à la fin du film) ; l’italien (Rizzio prononce
une phrase dans sa langue maternelle) et enfin le gaélique écossais du jeune
soldat qui arrive des Highlands.
Saoirse
Ronan profita du temps consacré aux répétitions pour améliorer son accent. “Je
parle avec l’accent écossais tout au long du film, quand je ne parle pas
français. Marie parlait écossais et français la plupart du temps, et
s’exprimait rarement en anglais. Nous avons donc dû faire quelques petits
ajustements. Je voulais que Marie ait un accent écossais plutôt doux, qui la
distingue de tous. David Tennant, qui est originaire d’Écosse, m’a dit que mon
accent écossais était très réussi. Son avis m’a vraiment fait plaisir. Il y
avait beaucoup d’acteurs écossais sur le plateau : Jack Lowden, James McArdle,
Martin Compston. Ça m’a vraiment aidée”.
Pour
Josie Rourke et ses producteurs, il était important de tourner en décors naturels,
en Écosse et en Angleterre. Et de filmer de célèbres monuments comme la
cathédrale de Gloucester, utilisée dans le film pour représenter le cloître et
les couloirs de Hampton Court. La crypte de la cathédrale figure dans le film
la cellule où Marie est enfermée avant son exécution.
“C’est
bien connu, BRAVEHEART
n’a
jamais été tourné en Écosse, bien que ce soit l’un des grands récits du
patrimoine écossais”,
remarque la productrice Debra Hayward. “Nous étions déterminés à tourner sur place. Cela a
été très stimulant d’emmener une équipe aussi importante, en costumes d’époque,
avec des voitures à chevaux et des armes, jusque dans des lieux les plus
reculés. Marie Stuart a beaucoup voyagé à travers l’Écosse et a séjourné dans
de nombreux châteaux. Nous avons voulu en donner l’idée et nous assurer que le
film serait bien enraciné, spirituellement et géographiquement, en terre
écossaise”.
“Si
vous faites un film sur Marie Stuart, il faut le tourner en Écosse”,
ajoute le producteur Tim Bevan. “Elle était très proche de sa terre, la campagne
écossaise est donc primordiale. Au contraire, pour Élisabeth, nous souhaitions
montrer un univers très renfermé. C’est pour cela qu’on ne la voit jamais à
l’extérieur, dans le film. Élisabeth évolue toujours dans les décors plutôt
conventionnels d’une cour très ordonnée, alors que le monde de Marie, c’est un
véritable terroir”.
Josie
Rourke décrit la fabrication du film comme une véritable révélation.
“Mener
concrètement un récit en plein air, dans des décors naturels, a été pour moi une
expérience des plus extraordinaires, stimulantes et palpitantes. Nous voulions tourner
le plus de choses possible en Écosse, afin de montrer comment Marie évolue au
contact de son pays. À mesure que le film avance, son empathie et son amour pour
cette terre se font plus profonds. Dans le film, il nous fallait la voir, en
extérieurs, ressentir le souffle épique des paysages. À certains moments du
film, la spectaculaire campagne écossaise fait écho aux enjeux de l’histoire et
au destin de Marie. Nous avions véritablement à coeur de montrer l’Écosse dans
toute sa splendeur”.
Si
l’Écosse est bien connue pour la beauté de ses paysages immaculés, ses grands
espaces et ses terres escarpées, la fiabilité de son climat est une tout autre
paire de manches. Ce qui a posé quelques problèmes à la production. “Pour
ne pas se retrouver coincés financièrement”, raconte Josie Rourke, “nous
avions convenu de tourner quelles que soient les conditions climatiques. Un
matin, le brouillard était tel qu’on ne voyait pas sa propre main devant son
visage… Nous avons dû attendre quelques heures. Je n’avais jamais été sous une
pluie battante dont les gouttes vous rentrent à l’intérieur des oreilles. C’est
étrange, comme sensation. Difficile à traduire en langage cinématographique,
mais d’une certaine façon ça dit quelque chose. On ressent une sorte d’euphorie
à tourner en extérieurs. Quand tout fonctionne, j’en tire une émotion que je
n’avais encore jamais éprouvée”.
Saoirse
Ronan est bien d’accord : “L’énergie que l’on ressent quand on se retrouve au
milieu des montagnes de Glen Coe est stupéfiante. Marie est véritablement en
phase avec cette nature. Elle fait corps avec ce monde-là. C’était extraordinaire
de pouvoir nous nourrir de ces paysages”.
Dans
les studios de Pinewood, le chef décorateur James Merifield était chargé de
construire des décors qui fonctionnent avec les perspectives grandioses de la
nature écossaise. “J’ai
pensé dès le début que pour rendre ce film encore plus spectaculaire, il
fallait s’inspirer de l’extraordinaire paysage écossais”, raconte-t-il.
“Par
exemple, à Pinewood, le décor de Holyrood est gigantesque. Il est très haut,
très large et il surgit des rochers, comme s’il était une prolongation du
paysage. De la même façon, les proportions extraordinaires de l’immense cour de
la cathédrale de Gloucester devaient se retrouver dans celles des appartements d’Élisabeth.
Rien n’aurait été pire que de simplement mettre bout-à-bout des décors naturels
et des décors construits. Pour moi les décors naturels et les décors en studio
doivent fonctionner ensemble, sans que cela se voit”.
Merifield
s’est inspiré en particulier de l’imposant château de Blackness, près
d’Édimbourg. “Ce
qui m’a frappé, c’est l’évidence du lieu. La construction semble jaillir de la
roche. Du coup, j’ai fini par construire des décors à Pinewood qui ont l’air de
sortir des rochers. Je voulais que Marie soit partie prenante d’un espace
naturel vivant, qui respire”.
Ce
qui a aussi facilité le tournage, c’est la fraternité qui s’est installée entre
les acteurs et la réalisatrice. “Saoirse et Margot atteignent aujourd’hui le summum
de leur expressivité à l’écran”, confie Josie Rourke. “Elles
ont accepté de travailler avec une réalisatrice débutante, de comprendre ce
dont nous pourrions avoir besoin pour nous tirer d’une scène compliquée, et de
partager tout leur talent avec moi pour atteindre ce but. Elles m’ont toutes
les deux profondément motivée par leur maturité et par leur générosité”.
Margot
Robbie n’est pas avare de compliments envers Josie Rourke : “Elle
est tellement fine, intuitive et perspicace… Tout ce qu’on espère trouver chez une
réalisatrice. Josie est très attentive. Elle va fouiller très profond dans les personnages
et dans leurs échanges. Ça m’a fait comprendre les choses d’une tout autre
façon. Elle est une source intarissable de connaissance. Elle sait exploiter le
potentiel psychique et émotionnel des personnages, ce que j’apprécie beaucoup”.
“Josie a été formidable”, ajoute Adrian Lester. “J’avais
du mal à croire que c’était son premier long-métrage. Elle avait son fi lm en
tête, très précisément. Elle a très bien su communiquer cela car l’image, les
costumes, les décors, le maquillage, tout est resté dans chaque scène très fi
dèle à son idée. D’ailleurs le fi lm est absolument magnifi que. Prenez
n’importe quel arrêt sur image, et vous obtenez un tableau du XVIème siècle.
Et puis, personnellement, j’ai beaucoup aimé travailler sur ce projet parce que
c’était la première fois que je jouais dans un fi lm en costumes”.
David
Tennant, qui interprète John Knox, a lui aussi apprécié les propositions et la
mise en scène de Josie Rourke : “Il me semble que la grande force de Josie, c’est
son aisance avec le récit. Elle sait trouver la clé des personnages au service de
chaque situation. Le danger, avec les fi lms d’époque, c’est que ça devienne une
série de chamailleries grandiloquentes entre mecs déguisés. Josie ne voyait clairement
pas les choses comme ça”.
Saoirse
Ronan et Margot Robbie ont aussi gagné le respect de leurs partenaires. Ian
Hart, qui joue le rôle de Lord Maitland, parle ainsi de Saoirse : “Je
pense que c’est la meilleure actrice avec qui j’ai jamais travaillé. Elle a quelque
chose d’exceptionnel. On est en présence de quelqu’un qui sait exactement ce
qu’elle fait. C’est limpide, c’est précis. Je la trouve incroyable, immensément
douée”.
Ismael
Cruz Cordova, qui incarne Rizzio, est du même avis. “Je
partage la plupart de mes scènes avec Saoirse. Ce fut un plaisir et une
expérience très enrichissante. C’est magnifi que de rester ensuite sur le
plateau pour la regarder jouer. Grâce à elle je suis devenu un meilleur acteur”.
“Saoirse
est certainement l’une des meilleures comédiennes du monde”, ajoute
Jack Lowden, qui joue Darnley. “On n’aurait pas pu trouver meilleure actrice pour
ce rôle, et pourtant elle est encore si jeune ! Elle se glisse parfaitement dans
le personnage d’une reine, tout en restant fantastiquement vulnérable. Elle
n’incarne pas seulement un costume ou un rang. Elle joue d’abord un être humain”.
Guy
Pearce, qui interprète William Cecil, est tout aussi impressionné par le
travail de Margot Robbie dans le rôle d’Élisabeth. “Margot
est merveilleuse. Elle est décontractée et très drôle. Elle s’ouvre très
sincèrement sur ce qu’elle sait ou ne sait pas. Travailler avec elle dans la
bonne humeur et la suivre pas à pas a été passionnant”.
COSTUMES,
MAQUILLAGES ET PERRUQUES
La
créatrice des costumes Alexandra Byrne n’est pas étrangère à la période élisabéthaine.
Elle a reçu l’Oscar pour son travail sur ELIZABETH : L’ÂGE D’OR. “J’ai
grandi à Stratford-upon-Avon où j’ai baigné dans l’univers de Shakespeare”, raconte-t-elle.
“Pour
moi, c’est une période particulièrement intéressante. Elle est suffisamment
éloignée dans le temps pour qu’on ne puisse pas tout connaître. On peut donc
lui être fidèle historiquement tout en gardant une liberté d’interprétation, un
esprit créatif”.
Alexandra
Byrne avait déjà travaillé sur les deux ELIZABETH, mais pour MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE,
elle cherchait un tout autre style. “Ma réaction au scénario a été instinctive. Il nous
fallait des costumes très différents puisqu’il s’agit d’une approche
différente. Josie m’a confié que mon instinct était en accord avec le sien, et
nous sommes parties de là”.
“Le
film alterne les scènes tournées dans les deux cours royales, ce qui encourage les
comparaisons entre les deux reines. J’ai eu le sentiment qu’Élisabeth avait un
style très stratégique : elle réalise la première opération majeure de
relations publiques de l’Histoire… Elle était parfaitement consciente du
pouvoir de son apparence. Tandis que Marie Stuart, il me semble, était bien
plus pragmatique. C’est comme si on lui avait distribué des cartes à jouer et
qu’elle se demandait comment les utiliser”.
Bien
que les vêtements majestueux des deux reines aient été une priorité, Alexandra
Byrne a aussi porté une grande attention aux vêtements des hommes en leur
imprimant une allure contemporaine. “J’avais envie que ces hommes du XVIème siècle
soient séduisants, et je voulais leur trouver un tissu qui s’améliore à l’usage”,
raconte-t-elle. “Tout
comme nos jeans préférés, les vêtements du XVIème siècle
finissaient par se modeler sur le corps de ceux qui les portaient, à force de sueur,
de pluie et de vent. C’est ce qui m’a orientée vers la toile denim. Elle
apportait aussi une certaine modernité au récit. La plupart des comédiens
arrivaient aux essayages en appréhendant le costume élisabéthain. Ils pensaient
que ça n’allait être que talons, hauts de chausse et collants. C’était super de
les voir s’approprier le denim et trouver, par leur costume, leur attitude et
leur aplomb”.
“Le
costume influence mon appréhension du personnage”,
avoue Ismael Cruz Cordova. “Ici, sa structure impose une certaine rigidité, et
en même temps on reste décontracté, parce que le denim accompagne le corps. Les
films historiques, c’est souvent guindé, contraignant… Mais là, ces costumes
nous permettent de vivre le personnage, de lui apporter peut-être une touche
plus contemporaine et plus humaine”. Debra Hayward qualifie les costumes d’Alexandra
Byrne d’extraordinaires.
“Alex
a créé pour ce film un univers d’une richesse que je pense n’avoir jamais vue
auparavant”.
La
coiffeuse et maquilleuse Jenny Shircore, qui a remporté l’Oscar pour ELIZABETH, a
collaboré étroitement avec Alexandra Byrne. “C’est toujours formidable
de travailler avec Alexandra”, avoue-t-elle. “Elle a une approche intelligente
et contemporaine du costume, ce qui nous a permis de prendre quelques libertés
avec les coiffures, de leur donner un petit air moderne, en particulier pour
Marie. Nous avons représenté les hommes écossais légèrement plus velus, en harmonie
avec leur environnement naturel. À la cour d’Angleterre, les hommes sont par
contre plus apprêtés”.
Jenny
Shircore souhaitait, avec le maquillage de Margot Robbie, représenter les
effets de la maladie qui défigure Élisabeth. “Cette variole dont elle souffre”, dit-elle,
“nous
a permis de partir dans une toute autre direction que celle que nous avions
choisie pour Cate Blanchett. Nous voulions être très clairs : voici notre
Élisabeth. C’est Margot Robbie, c’est elle qui incarne le personnage”.
Pour
Margot, les costumes, la coiffure et le maquillage contribuent toujours à la
construction d’un personnage, mais leur influence fut toute particulière sur MARIE
STUART, REINE D’ÉCOSSE. “C’était
formidable de travailler avec Jenny Shircore et Alex Byrne. Ce sont bien sûr
des artistes qui ont reçu beaucoup de récompenses, mais elles avaient aussi
déjà exploré le personnage d’Élisabeth dans les précédents films. Cette immense
connaissance de la femme nous a permis d’aller plus loin, et dans une direction
différente de ce qui avait déjà été fait”.
“Je
mesure toutes les recherches qu’elles ont effectuées et dont les spectateurs n’auront
sans doute jamais idée, continue Margot. Alex Byrne s’est
documentée sur les monstres marins auxquels les gens croyaient, à l’époque. Et
on les retrouve dans les motifs brodés sur les robes d’Élisabeth. Chaque point
de couture a un sens, il contient sa part d’émotion. Savoir cela faisait une
grande différence à chaque fois que j’enfilais un costume. De même, les
coiffures et les maquillages de Jenny m’ont vraiment aidée, en tant qu’actrice,
à percevoir l’évolution d’Élisabeth. Ils ont énormément participé au
cheminement émotionnel de la personne qu’elle devient”.
Saoirse
Ronan ne dit pas le contraire. “Ces vêtements vous obligent à vous tenir
différemment, à cause du corset, des lourdes jupes et des bijoux”,
dit-elle. “La façon
dont je marchais dépendait complètement de ce que je portais. Alex et Jenny ayant
travaillé sur Elizabeth, elles possédaient une réelle maîtrise de l’époque et souhaitaient
la traiter différemment. Nous sommes allées assez loin, en évitant le ridicule.
Nous sommes restées dans le domaine du vraisemblable, mais jusqu’aux limites,
ce que j’ai vraiment apprécié”.
“Marie
était célèbre pour ses cheveux auburn”, continue-t-elle, “mais
pour accentuer le contraste entre Élisabeth et moi-même, nous avons choisi un
roux franc, presque flamboyant. Les couleurs que porte Marie changent tout au
long du film. Alex traduit magnifiquement son parcours. D’abord sur la plage en
Écosse, elle est en bleu pâle et puis, à mesure que le film avance, elle porte
des couleurs de plus en plus sombres”.
David
Tennant était lui aussi très conscient de son maquillage et de la manière dont
celui-ci l’aiderait à construire son personnage. “John
Knox avait une allure tout à fait singulière”, dit-il. “Dans
le centre d’Edimbourg, il y a une célèbre statue qui le représente et que j’ai
souvent observée, ayant grandi dans cette ville. Il a des attributs physiques
que l’on ne peut pas éviter : la vieille barbe en bataille et aussi la
chasuble. C’est très révélateur du personnage, et c’est devenu incontournable
pour le représenter. Pour un personnage historique qui a une apparence bien
identifiée, il faut en tenir compte. Même si cela exige quelques heures sur un
fauteuil de maquillage pour qu’on vous colle une barbe… Ça fait partie du jeu.
Et puis cela peut servir la vérité du personnage. Mais c’est au spectateur de
décider si je me sers de la barbe ou si c’est la barbe qui se sert de moi !”
Le
souci du détail s’est appliqué à tous ceux qui apparaissent à l’écran, y compris
au grand nombre de silhouettes à l’arrière-plan. “Les
costumes des figurants étaient tous différents”, précise
Alexandra Byrne. “Il
n’y avait pas d’uniformes à l’époque, et je ne voulais surtout pas
d’uniformité. Entre la cour d’Angleterre et celle d’Écosse, il y avait plus de
25 tenues possibles. Nous avons fait appel à des ateliers en Pologne, en
Angleterre et en Inde pour fabriquer ces costumes”.
Laura
Solari a supervisé les coiffures et le maquillage des figurants. Elle a trouvé
que le climat pouvait poser de sérieux problèmes, en particulier les jours de
grands rassemblements avec des dizaines de silhouettes. “Nous
avons dû utiliser du maquillage waterproof pour faire face aux intempéries en Écosse”, dit-elle,
“puisqu’il
pleuvait toute la journée. Les gars rentraient avec les postiches qui se
décollaient à cause de l’eau, et leurs cheveux étaient devenus tout raides ! Nous
avons dû constamment sécher, friser et recoller”.
Avec
plus de 200 figurants qui s’ajoutaient parfois sur le tournage aux nombreux acteurs,
Laura Solari a dû travailler avec une rigueur quasi-militaire pour préparer les
silhouettes à passer devant les caméras. “J’ai estimé que nous avions besoin de 20 minutes
pour chaque personne”,
précise-t-elle. “On
les faisait arriver en deux vagues à partir de 5 heures du matin. Chaque séance
durait à peu près trois heures pour que chacun soit prêt avec sa perruque, son
maquillage, sa barbe et sa moustache. Un look élisabéthain, c’est complexe et
ça demande du temps. Dans les scènes écossaises, certains avaient les genoux
découverts puisqu’ils portaient le kilt. Nous devions les salir pour les
assortir aux costumes”.
Un
de ces acteurs de complément n’était autre que l’historien John Guy. Il se
souvient de cette expérience avec émotion : “Ça m’a vraiment amusé. Mon
personnage s’appelait “Évêque numéro 1”. Il n’avait pas de nom précis parce
qu’on ne connaît pas l’identité de l’évêque qui a marié Marie et Darnley. Étonnamment,
les archives ne nous le disent pas. Je suis dans la scène du banquet, coincé à
côté de la grande table. Chaque minute de cette expérience a été un moment
inoubliable”.
Source et copyright des textes des notes de production
© Universal Pictures International France
#MarieStuart
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