Drame/Choquant et touchant avec des interprétations convaincantes
Réalisé par Joel Edgerton
Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Joel Edgerton, Joe Alwyn, Flea, Théodore Pellerin, Xavier Dolan...
Long-métrage Américain
Durée: 01h55mn
Année de production: 2018
Distributeur: Universal Pictures International France
Date de sortie sur les écrans américains : 2 novembre 2018
Date de sortie sur nos écrans : 27 mars 2019
Résumé : l’histoire de Jared, fils d’un pasteur dans une petite ville américaine, dont l’homosexualité est dévoilée à ses parents à l’âge de 19ans. Jared fait face à un dilemme : suivre un programme de thérapie de reconversion – ou être rejeté pour toujours par sa famille, ses amis et sa communauté religieuse.
BOY ERASED est l’histoire vraie du combat d’un jeune homme pour se construire alors que tous les aspects de son identité sont remis en question.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : avec BOY ERASED, le réalisateur Joel Edgerton s’attaque à un sujet terrible qui est de croire qu’on peut changer l’orientation sexuelle d’une personne en lui faisant faire une thérapie. Le film est basé sur une histoire vraie. Ce n’est pas la première fois que cette thématique est abordée au cinéma, elle n’en reste pas moins choquante, d’autant que le réalisateur raconte les faits étapes par étapes faisant un écho entre expériences du passé et vécu au présent. Sa narration est claire. Il nous fait comprendre les enjeux, les risques, la pression communautaire, la culpabilité, la souffrance et les liens qui unissent une famille. Il évoque aussi les aspects purement financiers de ce business intolérable, ainsi que la façon dont on peut réussir à se mentir honteusement parce qu’on refuse d’affronter la réalité, même si on provoque des dommages collatéraux graves au passage.
Le réalisateur reste sur un chemin classique dans sa mise en scène, utilisant un ton direct qui est en adéquation avec le sérieux avec lequel il veut traiter son histoire. Il laisse la pénombre s’installer à l’écran tant que le tourment qui occupe l’esprit du personnage principal demeure. La thématique est traitée de bout en bout au travers du prisme d’une expérience personnelle spécifique. Le contexte nous paraît fou et pourtant, il existe vraiment, ce qui est déstabilisant.
Les acteurs sont impeccables pour nous transmettre le point de vue et le ressenti des personnages. Lucas Hedges interprète Jared Eamons, un jeune homme qui va devoir injustement affronter une situation qui n’a pas lieu d’être. Il y a une grande justesse dans son jeu. C’est un rôle délicat qu’il aborde avec sensibilité.
Nicole Kidman interprète Nancy Eamons, une épouse et une mère qui est déchirée entre son amour pour son fils et celui pour son époux. Elle sait apporter un équilibre crédible entre force et fragilité.
Russell Crowe interprète Marshall Eamons, un Pasteur, un époux et un père qui va prendre une décision horrible. Il compose parfaitement avec ce personnage pris dans une anxiété intérieure et qui est décontenancé parce qu’il ne sait pas faire face.
Joel Edgerton interprète avec conviction Victor Sykes, un homme dangereux.
Les seconds rôles sont également tous intéressants, notamment celui de Jon interprété par Xavier Dolan, qui montre à quel point le jugement des autres peut influer sur le fait de ne plus vouloir être soi.
BOY ERASED dénonce des pratiques immorales dissimulées sous un diktat soi-disant bien-pensant. Il est touchant parce qu’il nous explique une histoire personnelle tout en ne ménageant pas le fond. Il informe et éveille les esprits, ce sont de bonnes raisons pour aller le découvrir.
Le réalisateur reste sur un chemin classique dans sa mise en scène, utilisant un ton direct qui est en adéquation avec le sérieux avec lequel il veut traiter son histoire. Il laisse la pénombre s’installer à l’écran tant que le tourment qui occupe l’esprit du personnage principal demeure. La thématique est traitée de bout en bout au travers du prisme d’une expérience personnelle spécifique. Le contexte nous paraît fou et pourtant, il existe vraiment, ce qui est déstabilisant.
Les acteurs sont impeccables pour nous transmettre le point de vue et le ressenti des personnages. Lucas Hedges interprète Jared Eamons, un jeune homme qui va devoir injustement affronter une situation qui n’a pas lieu d’être. Il y a une grande justesse dans son jeu. C’est un rôle délicat qu’il aborde avec sensibilité.
Russell Crowe interprète Marshall Eamons, un Pasteur, un époux et un père qui va prendre une décision horrible. Il compose parfaitement avec ce personnage pris dans une anxiété intérieure et qui est décontenancé parce qu’il ne sait pas faire face.
Joel Edgerton interprète avec conviction Victor Sykes, un homme dangereux.
Copyright photos @ Universal Pictures International France
Les seconds rôles sont également tous intéressants, notamment celui de Jon interprété par Xavier Dolan, qui montre à quel point le jugement des autres peut influer sur le fait de ne plus vouloir être soi.
BOY ERASED dénonce des pratiques immorales dissimulées sous un diktat soi-disant bien-pensant. Il est touchant parce qu’il nous explique une histoire personnelle tout en ne ménageant pas le fond. Il informe et éveille les esprits, ce sont de bonnes raisons pour aller le découvrir.
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
NOTE
DE GARRARD CONLEY - Auteur
"Boy Erased : A Memoir of Identity, Faith, and
Family" (Penguin Random House, 2016)
Quatorze
ans se sont écoulés depuis ma thérapie de conversion à Love in Action,
cependant les images, les bruits et les impressions de mon séjour là-bas
demeurent intacts : le brillant des 12 étapes de conversion plastifiées sur le
blanc des murs nus, la cadence des instructions dans la bouche de mes
thérapeutes, le contact des chaises rembourrées contre ma chemise immaculée.
Ces quatorze années n’ont pas complètement effacé la douleur du traumatisme,
mais elles m’ont apporté une grande lucidité. Mon père ne tient plus le rôle du
bourreau et moi, celui de la victime. Les employés de Love in Action ne sont
plus de simples tyrans. Ma mère n’est plus une simple femme de pasteur
tiraillée entre deux extrêmes irréconciliables. Nos histoires, comme toute
histoire dûment considérée, sont devenues bien trop complexes et humaines.
Quand
Joel Edgerton, Lucas Hedges et l’acteur et coproducteur David Joseph Craig sont
venus rendre visite à ma famille dans l’Arkansas, au début de leurs recherches
pour l’adaptation de mon récit au cinéma, je me suis reconnu dans la sincérité
avec laquelle ils ont parlé à mes parents baptistes. Ils prenaient mon
histoire, et celle de ma famille, au sérieux. La thérapie de conversion n’était
plus un sujet de moqueries, ni un problème qui se limitait au monde rural et à
ses bourgades isolées, mais une pratique redoutable issue de notre passé
colonial et dont les effets durables n’ont pas seulement dévasté la vie de
patients « anciennement gay » mais celle de leur famille et de leurs amis. Les
préjugés nuisent à tous, victimes et adeptes.
J’espère
que le film transmettra ce pour quoi j’ai écrit ce livre. En racontant mon
histoire, nous voulons exprimer notre solidarité aux personnes qui ont vécu une
thérapie de conversion, mais il nous est tout aussi important d’interroger la
façon dont une telle intolérance peut être perpétuée par des gens qui en leur
for intérieur célèbrent l’amour de leur prochain. Nous espérons contextualiser
le problème pour montrer aux spectateurs que ces injustices ne sont pas
toujours perpétrées par des monstres, mais par des gens proches de nous, des individus
tourmentés dont les actions outrepassent souvent la morale.
« Je veux
convaincre votre père que ce qu’il a fait est mal », m’a dit Joel dans la
voiture qui le reconduisait à l’aéroport. « Et je veux le faire dans un langage
que lui et des gens comme lui, pourront comprendre.»
NOTE DE
JOEL EDGERTON – Réalisateur
J’ai
rencontré Garrard Conley pour la première fois dans un café à Brooklyn, un
après-midi de février 2017. Depuis lors, l’ambition de ce film a toujours été
de sensibiliser le public aux effets néfastes de la thérapie de conversion et
de rendre justice à l’histoire personnelle de Garrard à l’écran.
Quand
j’étais petit, mes plus terribles peurs et une source fréquente de mauvais
rêves, étaient liées à des situations dans lesquelles je pourrais me retrouver
privé de liberté : la guerre, la prison, les sectes, les enlèvements par des
extraterrestres, être séparé de mes parents…
Ces
appréhensions ont également motivé mes prières de petit garçon quand j’ai
découvert le catholicisme.
En
tant que spectateur et réalisateur de films, ces histoires me parlent toujours.
C’est cette peur de perdre ma liberté qui a résonné en moi quand la productrice
Kerry Kohansky-Roberts m’a suggéré de lire "Boy Erased". Tout
y était, et plus encore. Et c’est ce « plus encore » qui m’a donné envie de
porter ce récit à l’écran.
Cette
histoire d’injustice, cette chronique qui expose et documente la perte de
liberté de l’auteur, les jugements auxquels il a été soumis, et son combat pour
s’accepter et se faire accepter, étaient empreints de tant d’amour, de
souffrance et de confusion : un drame de la vie qui naît entre des gens dont
les idées sont dissonantes et opaques. Et au coeur même de cette incroyable
situation, le fait que tous ceux qui s’opposaient à Garrard étaient persuadés
de bien faire.
Ainsi
motivé par l’envie de mettre en images l’histoire de Garrard, je me suis donné
pour mission de lui rendre pleinement justice. J’étais résolu à prendre en
considération l’opinion et les convictions de chacun des personnages. Il
n’était pas question de diaboliser qui que ce soit, cela aurait été simpliste
et mensonger. Compte tenu des événements décrits dans BOY ERASED, certains
jours de tournage seraient sans aucun doute éprouvants pour l’équipe mais
l’objectivité et l’honnêteté passaient avant tout. Le « jeu » en valait la
chandelle, Garrard avait retrouvé espoir, après tant de souffrances. Son
cheminement et sa détermination à se forger sa propre identité et un avenir à
lui, en dépit de l’hostilité, étaient édifiants, forçant ceux qui l’entouraient
à évoluer positivement. Il a réellement su faire changer les mentalités.
Compte
tenu de mes angoisses de jeunesse, il semble logique que VOL AU-DESSUS D’UN NID
DE COUCOU soit devenu un de mes films fétiches. Bien qu’il ait été réalisé en
1975, le livre de Ken Kesey dont il est tiré, a été écrit en 1962, soit 5 ans
avant l’interdiction de la lobotomie aux États-Unis. Comme celui de Garrard
Conley, ce livre mettait en lumière des pratiques contestables. À ce jour, les
thérapies de réorientation sexuelle sont encore pratiquées impunément dans certains
États du pays.
Si
nous réussissons à faire correctement notre travail avec ce film, nous aurons
la chance de pouvoir stimuler le débat autour d’un problème qui se doit d’être
adressé. Il existe de nombreuses thérapies de conversion, dans des centaines de
pays. Elles peuvent prendre différentes formes, sur des bases religieuses ou
séculières. Certaines intègrent la psychothérapie. Leur seule constante est
d’être terriblement néfastes et dangereuses pour les individus qui y sont
soumis. Mais comme tous les « films de prison », notre film est d’abord un film
sur le désir de liberté. Or la liberté est toujours fonction de l’acceptation.
On ne s’adresse pas seulement aux personnes qui ont suivi une thérapie de
conversion mais également à leurs proches, leur famille. J’espère que notre
message sera entendu par des parents en proie à ce genre de questionnement et
de tourment face à leurs enfants. L’orientation sexuelle ne peut pas être
changée ou « guérie », mais heureusement, on peut apprendre à accepter.
En faisant
ce film, j’en ai tellement appris sur l’amour de notre prochain et sur
moi-même. Ce projet m’a donné la chance de rencontrer des individus incroyablement
ouverts d’esprit, passionnés et aimants, et m’a ouvert les yeux et le coeur sur
des mondes que j’ignorais. Il m’a fait reconsidérer ma foi et a renforcé mon
attachement à la tolérance et l’acceptation de l’autre. J’espère que les
spectateurs ressentiront la passion que nous y avons tous mise, car l’amour est
le sentiment qui nous unit, tous.
NOTES
DE PRODUCTION
“J’aime dieu, dieu m’aime aussi. Et j’aime aussi mon fils. C’est simple.”Nicole Kidman "Nancy Eamons"
Il
aura fallu presque 10 ans à Garrard Conley pour affronter ses peurs et
entreprendre le récit de son expérience personnelle de thérapie de conversion.
Comme beaucoup de victimes de traumatismes, Garrard Conley était prisonnier de
sentiments de culpabilité, de honte et de remords pour des événements dont il
n’était pas responsable. Grâce à la multiplication des nouveaux réseaux
sociaux, il a commencé à lire de nombreux témoignages d’autres victimes de ces
thérapies, comprenant alors qu’il n’avait plus le choix : il devait raconter
son histoire. Dominant ses peurs, il a mis toute son énergie dans la rédaction de
Boy Erased : A Memoir of Identity,
Faith, and Family. La réaction de la communauté lesbienne,
gay, bisexuelle, trans & en questionnement (LGBTQ) ne s’est pas fait
attendre dès la parution de son livre, en mai 2016. Garrard Conley avait réussi
à donner un visage, un nom et une voix aux horreurs endurées au nom des
thérapies de conversion et en ce faisant, à offrir une planche de salut aux
autres adolescents et adultes LGBTQ en proie aux mêmes souffrances et au même
combat.
Sans
qu’il le sache, son récit a atterri entre les mains de la productrice Kerry
Kohansky-Roberts et du producteur et fondateur de la société Anonymous Content,
Steve Golin. La productrice se souvient l’avoir dévoré en quelques heures et
l’avoir immédiatement recommandé à Joel Edgerton sur lequel il eut le même
effet. « C’était comme de regarder par une
fenêtre à laquelle on n’est pas censé avoir accès et de voir des choses dont on
a seulement entendu parler »,
raconte Joel Edgerton. Comme beaucoup d’entre nous, il n’avait jamais
personnellement été exposé à ce que sont les thérapies de conversion.
Présentées comme un refuge et une opportunité d’éveil spirituel et religieux,
ces « thérapies » se rapprochent en réalité plus d’une forme de détention ou
d’une secte, où l’on dit à des enfants et des adultes que quelque chose ne
tourne pas rond chez eux et qu’ils peuvent être « guéris » de leurs pensées et
comportements immoraux.
Quelques
semaines plus tard, Joel Edgerton se retrouvait face à Garrard Conley dans un
café à Brooklyn. Ne sachant pas s’il était réellement la bonne personne pour
adapter son récit à l’écran, l’acteur/réalisateur s’est octroyé du temps pour y
réfléchir, mais avant même d’en prendre conscience, il avait déjà rédigé le
premier jet du scénario et le soumettait à l’auteur pour son avis et ses
suggestions.
À
ce rythme et avec le soutien constant de Garrard Conley, le film obtenait
bientôt le feu vert de la production. Restait maintenant à trouver les
interprètes.
Pour
le réalisateur comme pour les producteurs, il était primordial de ne pas tomber
dans une vision manichéenne des personnages, mais de les présenter comme des
individus complexes en proie à leurs propres croyances. Ils ont alors dressé
une liste de leurs premiers choix d’acteurs, n’ayant pas conscience qu’elle
allait être satisfaite à la lettre. Pour le rôle de Jared, la productrice et le
réalisateur ont tous les deux pensé à Lucas Hedges, à sa sensibilité de jeu et
sa capacité à capter l’attention des spectateurs, même sans dire un mot. Avant
d’accepter officiellement le rôle, le jeune acteur a contacté l’auteur du
livre. Ils ont convenu d’une promenade dans le quartier de Dumbo à Brooklyn.
Garrard Conley se souvient de la volonté de son futur interprète de réellement
comprendre ce que lui avait vécu. Au terme de leur discussion, l’auteur n’avait
plus de doute : Lucas Hedges prendrait le plus grand soin de son histoire.
Après
le fils, les parents : Nancy et Marshall, deux personnages forts aux opinons
bien tranchés.
La
mère de Jared, interprétée par Nicole Kidman, joue un rôle clé. Mariée à un
pasteur baptiste et très attachée à son fils, elle est tiraillée entre ce que
les hommes décident pour Jared et ce qu’elle estime juste dans son for
intérieur. Quand elle constate la douleur et le tourment dans lesquels la
thérapie qu’il « entreprend » plonge son fils, elle sait qu’il lui faut prendre
position. Nancy passe de chaperonne à complice et Nicole Kidman incarne à
merveille les souffrances de cette mère aimante, digne et d’une nature candide.
Le réalisateur nous confie : « J’aime
voir une mère protéger son enfant, quelle que soit sa corpulence. Voir la force
de Nancy émerger de sa fragilité physique est extrêmement stimulant et
libérateur. »
Il
était également important que la dynamique entre Nancy et Marshall fonctionne
comme une évidence. Marshall Eamons mène une vie pieuse et étriquée. En tant
que pasteur baptiste, il ne regarde pas au-delà d’une interprétation littérale
de la Bible et est contrarié par le soi-disant choix que fait son fils d’être
homosexuel. Russell Crowe interprète Marshall avec une grande authenticité, le
rendant aussi robuste que sensible.
L’acteur avoue avoir appréhendé le rôle avec
compassion, à partir de son expérience personnelle de père et de son amour pour
son fils, indépendamment d’un jugement binaire sur les croyances et les
convictions du personnage. En préparation du rôle, il s’est rendu, sans
prévenir, à l’église de Conley, à Moutain Home, en Arkansas, écoutant son
sermon du fond de l’église et prenant méticuleusement des notes. Durant le
tournage, l’acteur s’est efforcé de sortir le moins possible de son personnage,
même en dehors des prises. Issu d’un milieu social et religieux qui s’apparente
à celui du pasteur, il incarne avec force le père de Jared dans toute la
motivation qu’il met à ce que son fils suive une thérapie de conversion.
Ayant
bien conscience que le personnage de Victor Sykes serait le plus difficile à ne
pas diaboliser, Joel Edgerton souhaitait bien se documenter avant de se lancer
dans l’aventure. Il a rencontré John Smid, qui dirige Love in Action (LIA), le
programme qu’a suivi Garrard Conley, au cours d’un déjeuner. À la tête de
l’organisation depuis de nombreuses années, il y est entré quand il était
encore étudiant et en a rapidement gravi les échelons jusqu’à devenir le représentant
principal des thérapies de conversion. Joel Edgerton déclare : « Quand j’ai pris conscience qu’une majorité du personnel de
LIA se considérait comme d’ "anciens gays", ça m’a interpellé. J’ai
compris qu’il s’agissait d’un cycle de maltraitances. »
Avec
les producteurs, ils ont longuement considéré qui pourrait interpréter Victor
Sykes, mais ils revenaient toujours à la même conclusion : Joel Edgerton
s’imposait comme une évidence. Si le fait d’endosser les deux fonctions n’était
pas chose facile, l’acteur/réalisateur s’en acquitta brillamment, réussissant à
incarner un homme responsable d’actes de haine qui est cependant lui-même une
victime. Ce faisant, il parvient à exposer la réalité intrinsèque des thérapies
de conversion. Mais avant même de réunir les acteurs, producteurs et
réalisateur s’attachèrent à constituer leur équipe technique en s’assurant la participation
de collaborateurs précieux comme Eduard Grau (directeur de la photographie),
Chad Keith (chef décorateur), Trish Summerville (cheffe costumière) et Kim
Santantonio (cheffe maquilleuse et coiffeuse). Pour rendre justice au récit de
Garrard Conley et au scénario de Joel Edgerton, et donner aux spectateurs la
représentation la plus fidèle de cette histoire, l’équipe créative discuta
longuement avec l’auteur et sa famille et s’inspira de nombreuses photos.
Un
investissement affectif était indispensable pour mener à bien un tel projet.
Pour Eduard Grau, le film devait rester brut et réaliste, beau dans sa
simplicité. Il a ainsi utilisé le maximum de lumière naturelle ainsi que des
vitraux pour bon nombre des séances de thérapie en groupe. Cette tendance au
naturalisme et à l’uniformité a également influé sur les décors, le choix des
lieux de tournage, les costumes, le maquillage et la coiffure. Chad Keith, le
chef décorateur, devait réussir l’impossible : créer des décors neutres et
naturels tout en donnant aux spectateurs une impression de malaise physique lié
au lieu. Avec un nombre restreint de décors, il privilégia des couleurs pâles
pour laisser à l’histoire le devant de la scène.
Pour
la cheffe costumière Trish Summerville, le premier défi à relever était de
parvenir à distinguer les « étudiants » du personnel de Love in Action. Sachant
que le bleu serait une couleur récurrente dans le film, elle et son équipe déclinèrent
cette palette pour habiller Victor Sykes et ses collègues. Le personnage
incarné par Joel Edgerton s’habille essentiellement en chemise, cravate et
veste sport, cherchant à projeter une image rassurante qui ne suffit cependant
pas à masquer sa haine de lui-même et des autres.
Dans
le même esprit, le reste du personnel porte polos bleus et pantalons ou longues
jupes beiges. Pour les « étudiants », l’uniforme consiste en une chemise blanche
impeccable, avec un peu plus de marge de manœuvre pour caractériser chacun
d’eux. Cameron, le « sportif » du groupe, porte toujours des baskets, alors que
Jared a ses chaussures du dimanche et une chemise boutonnée, ces petites
nuances servant à rendre compte de l’individualité de chacun qui ne peut être
masquée. Pour incarner Nancy Eamons, Nicole Kidman a subi une véritable
transformation : costumière, coiffeuse et maquilleuse ont collaboré pour
recréer ses ensembles parfaitement assortis et souvent ornés de strass et de pressions
cousus à la main, sa perruque blonde et son maquillage voyant.
Neuf
mois après que la productrice ait ouvert le livre de Garrard Conley, les droits
d’adaptation de Boy Erased avaient été acquis par Anonymous Content, Joel Edgerton en
avait finalisé le scénario, les acteurs avaient été choisis et engagés et le
film, tourné à Atlanta, était dans la boîte.
Alors
que techniciens et acteurs s’engageaient dans de nouveaux projets, le
réalisateur poursuivait l’aventure aux côtés du monteur Jay Robinowitz : il
s’agissait maintenant de réunir 38 jours de tournage, soit plus de 400 heures
de rushes. Ensemble, ils s’appliquèrent à rendre justice au récit de Garrard
Conley et à faire la lumière sur ce en quoi consistaient réellement les
thérapies de conversion.
Parallèlement
au montage du film, la composition de la musique fut entreprise. Joel Edgerton
se tourna vers Troye Sivan, qui interprète Gary dans le film, pour lui demander
s’il avait des idées pour une chanson-titre. Comme ce fut souvent le cas dans
l’élaboration du film, la musique s’imposa d’elle-même. Troye Sivan et Jónsi,
du groupe de rock islandais Sigur Rós, collaborèrent pour composer « Revelation
», dont la jeune star sud-africaine déclare : « La chanson parle de se chercher et se découvrir soi-même,
et de trouver la paix intérieure. On l’a écrite en quelques heures. »
Pour
toutes les personnes engagées dans ce projet, raconter cette histoire n’était
plus un choix mais une nécessité. Ils avaient conscience que des individus
étaient en danger, pouvant aller jusqu’à la mort, et que leur engagement
personnel dépassait le cadre normal d’un film. Nous avons tous la
responsabilité de dénoncer et faire cesser les injustices. Nous avons le droit
de choisir qui nous aimons, comment nous aimons et ce que nous voulons faire de
notre vie.
Mais nous
n’avons pas le droit de choisir pour les autres. Avec toutes les incertitudes
qui nous entourent, ce film se donne pour but de changer les mentalités,
d’ouvrir les coeurs et, en définitive, de sauver des vies. BOY ERASED est une
histoire d’amour pour tous ceux qui choisissent l’amour et la bonté en dépit
des différences.
LES
THÉRAPIES DE CONVERSION OU
THÉRAPIES RÉPARATRICES AUX ÉTATS-UNIS
Actuellement,
36 États ne disposent pas de loi interdisant les thérapies de conversion. 14
États, plus Washington D.C., ont passé des lois protégeant les jeunes LGBTQ contre
ces formes de thérapie.
•
D’après Human Rights Campaign (HRC), les jeunes gens LGBTQ, largement rejetés, sont
8 fois plus susceptibles de faire une tentative de suicide, 6 fois plus
susceptibles de souffrir de grave dépression, et plus de 3 fois plus susceptibles
de prendre des drogues et de courir le risque d’être séropositifs ou de
contracter une MST.
•
L’Association Américaine de Psychiatrie (AAP) a déclaré comme risques possibles
liés à la pratique de « thérapies réparatrices » : la dépression, l’angoisse et
les comportements autodestructeurs, dans la mesure où l’adoption par le
thérapeute des préjugés sociaux contre les personnes LGBTQ renforcerait la
haine de soi ressentie par les patients.
•
De nombreux patients ayant suivi des « thérapies réparatrices » déclarent qu’on
leur a affirmé à tort que les personnes LGBTQ étaient tristes, solitaires,
insatisfaites et frustrées.
• La
possibilité d’être heureux et d’avoir des relations humaines satisfaisantes en
tant qu’homosexuel n’est pas évoquée, pas plus que d’autres façons de faire
face à la stigmatisation sociale.
Mettre
un visage et un nom sur ces pratiques
Vidéo
: Ancienne victime LGBTQ d’une thérapie de conversion : « Ils prenaient un malin plaisir à torturer des enfants »
(HRC) https://www.youtube.com/watch?v=i13JbzSnk94
Commentaires
d’associations médicales contre
les thérapies de conversion
•
Association Médicale Américaine (AMA)
L’AMA
est opposée à la pratique de thérapies de "conversion"ou « réparatrices
» basées sur l’hypothèse que l’homosexualité en soi est une maladie mentale ou
que le patient doit changer d’orientation sexuelle.
•
Association Américaine de Psychiatrie (AAP)
En
1997, l’AAP a publié une fiche d’information sur les questions d’homosexualité
et de bisexualité, déclarant qu’il n’existe aucune preuve scientifique de
l’efficacité des "thérapies réparatrices" comme traitement pour
changer l’orientation sexuelle d’un individu.
•
Association Américaine de Psychanalyse (ApsaA)
Comme
avec tout autre préjugé social, les a priori contre des individus basés sur
leur orientation sexuelle réelle ou perçue, leur identité sexuelle ou
l’expression de leur genre ont un effet négatif sur leur santé mentale et
contribuent à perpétrer un sentiment de honte et une non-acceptation de soi via
l’intégration de tels préjugés.
La
pratique psychanalytique ne comprend pas de tentatives intentionnelles de
"convertir", "réparer" ou changer l’orientation sexuelle, l’identité
sexuelle ou l’expression de genre d’un individu. De telles tentatives vont
contre les principes fondamentaux du traitement psychanalytique et ont souvent
pour effet de provoquer une souffrance psychologique en renforçant une
intériorisation néfaste du comportement.
•
Association Américaine de Psychologie (APA)
L’Association
Américaine de Psychologie affirme que l’attirance sexuelle, les sentiments
amoureux et les comportements sexuels et amoureux entre personnes du même sexe
sont des variantes normales et positives de la sexualité humaine quelle que
soit l’identité sexuelle des personnes.
L’Association
Américaine de Psychologie affirme que l’homosexualité en soi n’est pas une
maladie mentale et s’oppose à la représentation d’individus comme des malades
mentaux du fait de leur orientation sexuelle.
L’Association
Américaine de Psychologie en conclut qu’il n’y a pas de preuve suffisante pour
encourager des interventions psychologiques dans le but de faire changer
d’orientation sexuelle.
L’Association
Américaine de Psychologie encourage les professionnels de la santé mentale à ne
pas fallacieusement présenter l’efficacité des tentatives de changement
d’orientation sexuelle en promouvant ou promettant un tel changement quand ils
viennent en aide à des personnes en détresse face à leur propre orientation sexuelle…
•
Association Américaine des Conseillers en Orientation (ASCA)
Le
conseiller professionnel en orientation travaille avec tous les étudiants au
cours des différentes étapes du développement de leur identité et comprend que
ce développement peut être plus difficile pour les jeunes gens LGBTQ. Il ne
fait pas partie du rôle du conseiller professionnel en orientation d’essayer de
changer l’orientation ou l’identité sexuelle d’un étudiant mais d’apporter de
l’aide aux étudiants LGBTQ dans le but de promouvoir leur réussite scolaire et
leur bien-être individuel.
Les
conseillers en orientation reconnaissent le profond préjudice propre aux
thérapies qui prétendent changer l’orientation ou l’identité sexuelle des
individus (SAMHSA, 2015) et recommandent d’en protéger les étudiants LGBTQ.
•
Association Nationale des Travailleurs Sociaux (NASW)
Les
personnes sollicitent les services d’aide psychologique pour de multiples
raisons. Il est donc juste d’affirmer que les homosexuels sollicitent une
thérapie pour les mêmes raisons que les hétérosexuels. Cependant, le
développement de campagnes médiatiques, souvent associées à des messages de
contrainte de la famille et des membres de la communauté, a créé une situation
dans laquelle les homosexuels sont souvent poussés à solliciter des thérapies
de conversion ou thérapies réparatrices, qui ne peuvent pas changer et ne
changeront pas l’orientation sexuelle d’un individu. En accord avec la position
de l’Association américaine de psychologie (1997), le comité national sur les
questions homosexuelles de la NASW estime que de tels traitements peuvent
potentiellement causer de graves préjudices psychologiques et mentaux. Plus
particulièrement, les ministères de transformation se nourrissent de la
stigmatisation des homosexuels qui à son tour crée un climat social qui pousse
ces personnes à solliciter un changement d’orientation sexuelle. Il n’existe
aucune preuve fiable que les thérapies réparatrices ou de conversion soient efficaces,
elles sont même potentiellement dangereuses.
•
Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) : Bureau régional de
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Les
services qui prétendent « soigner » les personnes d’orientation sexuelle
non-hétéro manquent de preuves médicales et représentent un sérieux danger pour
la santé et le bien-être des personnes concernées, a déclaré l’OPS dans un
communiqué publié le 17 mai 2012, la journée internationale contre
l’homophobie. Cette déclaration appelle les gouvernements, les établissements
scolaires, les associations professionnelles et les médias à dénoncer ces pratiques
et à promouvoir le respect de la diversité.
•
Association Mondiale de Psychiatrie
Il n’existe
aucune preuve scientifique que l’orientation sexuelle innée peut être changée.
En outre, ces prétendus traitements contre l’homosexualité peuvent créer un
cadre au sein duquel les préjugés et la discrimination pourraient se développer
et être néfastes (Rao et Jacob 2012). Proposer toute sorte d’intervention
prétendant "soigner" quelque chose qui n’est pas une maladie est
parfaitement contraire à l’éthique.
Source et copyright des textes des notes de production
@ Universal Pictures International France
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