dimanche 24 novembre 2019

SELFIE



Comédie/Un film marrant par ses côtés mordants et sa critique comportementale, mais irrégulier pour maintenir l'intérêt de son sujet jusqu'au bout

Réalisé par Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque
Avec Blanche Gardin, Elsa Zylberstein, Finnegan Oldfield, Manu Payet, Sébastien Chassagne, Max Boublil, Julia Piaton, Fanny Sidney, Maxence Tual, Thomas de Pourquery, Esteban et Sam Karmann...

Long-métrage Français
Durée: 01h47mn
Année de production: 2018
Distributeur: Apollo Films

Déconseillé aux moins de 10 ans

Date de sortie sur nos écrans : 15 janvier 2020


Résumé : dans un monde où la technologie numérique a envahi nos vies, certains d’entre nous finissent par craquer. Addict ou technophobe, au travail ou dans les relations amoureuses, Selfie raconte les destins comiques d’Homo Numericus au bord de la crise de nerfs…

Écrit et réalisé en quintette, le film propose cinq récits mordants dans lesquels des personnages sincères se débattent avec les lois du nouveau monde numérique, jusqu’à la lisière de la folie. Jusqu’à creuser leur propre tombe.

Une comédie contemporaine, au casting impeccable, qui explore de manière grinçante la thématique de l'édition 2019 des Utopiales. #thuglife (Source : Utopiales)

Teaser "Influenceurs" (Blanche Gardin) (VF)



Teaser "Stalker" (Elsa Zylberstein, Max Boublil) (VF)



Ce que j'en ai pensé : SELFIE a été projeté lors de l'édition 2019 du festival UTOPIALES. Il a été introduit, avant la projection, par Philippe Lux, Thomas Bidegain, l'un des réalisateurs, et Julien Sibony, l'un des scénaristes.


SELFIE a été réalisé par cinq réalisateurs Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque et écrit par cinq scénaristes Bertrand Soulier, Julien Sibony, Hélène Lombard, Noé Debré, Giulio Callegari.

C'est une belle performance d'autant que le ton des réalisations et des écritures forment un ensemble cohérent dont certains éléments se recoupent pour créer un fil rouge entre les différents groupes de personnages. 

Alors que le film part fort en abordant la thématique de l'impact de la vie numérique sur la réalité d'un point de vue non politiquement correct à la fois satirique et mordant, au fur et à mesure que les scènes s'enchaînent le scénario tape moins dans le mille. 

On apprécie le portrait de la dynamique familiale bizarroïde emmenée par les parents interprétés par Blanche Gardin et Maxence Tual, les traits d'esprit de la prof de littérature interprétée par Elsa Zylberstein, ou l'humour noir du manque de chance amoureux du personnage interprété par Finnegan Oldfield. 




Mais la seconde partie du film peine à maintenir le niveau. Il se met à tirer un peu en longueur et perd de la force dans son propos qui se pose en miroir exagéré et ironique de nos attitudes smartphoniennes. Le message passe toujours - le réseau étant fort heureusement accessible - mais il a moins d'impact.

Source et copyright photos @ Apollo Films

SELFIE a le mérite de renvoyer une image pas si déformée que ça de notre relation au numérique à notre époque. On rit, de bon cœur, des travers des protagonistes interprétés par de supers acteurs. Même si ce film est inégal et que sa fin ne tient pas toutes ses promesses, on passe tout de même un bon moment.


NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Aux origines de SELFIE 
par Julien Sibony, co-producteur et co-scénariste 

SELFIE (de l’influence du numérique sur les honnêtes gens) propose cinq récits mordants dans lesquels des personnages sincères se débattent avec les lois du nouveau monde numérique. Jusqu’à la lisière de la folie. Jusqu’à creuser leur propre tombe. 

En 2007, s’imposait l’expression web 2.0 pour désigner les nouveaux usages numériques. 

L’internaute ne serait plus spectateur derrière son écran mais une personne active sur la toile. S’est entamé alors un dialogue nouveau entre l’homme et ses écrans. Like, big, data, match, vlog, wall, leak, troll, selfie, emoji, followers… Toute une novlangue est apparue pour tenter de rendre compte de ce nouveau monde. 

Douze ans plus tard, Homo numericus a le vertige. 

Qui n’a jamais eu l’impression que nous twittons ou instagrammons d’abord puis réfléchissons ensuite ? 

Qui n’a jamais été témoin du désarroi d’un digital native privé de réseaux sociaux ? 

Qui n’a jamais été phubbé (contraction de phone et snober) par quelqu’un préférant manifestement son écran à une conversation I.R.L (in real life) ? 

Et oui, il existe désormais un terme pour désigner la « vraie vie »... 

A l’ère numérique, la liberté, le secret, le narcissisme, la rencontre amoureuse, et même la mort, ne s’appréhendent plus tout à fait comme avant. 

Or, si le 2.0 est désormais omniprésent dans nos vies comme dans les récits, la comédie traitant de ce nouveau monde n’avait pas encore été faite. 

Seul un format original pouvait rendre justice au projet. Une structure classique aurait rendu le film didactique et l’aurait emprisonné dans un carcan narratif. Le format dit à sketchs nous permettait d’être plus percutant dans la satire mais aussi de décliner les thématiques, les arènes et les genres... 

Il induisait un autre rythme plus moderne et plus approprié pour parler de l’univers connecté. 

Nous ressemblons tous un peu à ces personnages déboussolés plongés dans la sauvagerie des réseaux et ne sachant plus à quel Dieu se vouer. 

Le numérique est notre nouvelle idole ! 

Il était donc urgent de nous moquer de nous. 

Thomas Bidegain 
réalisateur de Vlog 

Noé Debré, un des scénaristes de Selfie, m’a parlé du projet en 2016. Je sortais de ma première réalisation, Les Cowboys, il m’a fait lire le scénario, et j’ai trouvé certains sketchs vraiment grinçants. L’idée de faire un court-métrage m’amusait, le thème aussi. 

Les nouvelles technologies sont peu représentées au cinéma. Or, à l’époque, on parlait de taxer les GAFA. Je me suis dit : « commençons par en parler ». J’avais envie de faire de la comédie depuis un moment. J’aime beaucoup la comédie à l’italienne où l’on commence à rire puis à certains moments, ouh la… on se demande si c’est vraiment drôle. Les personnages de Vlog vont de plus en plus loin, avec un côté « affreux, sales et méchants ». Tout l’intérêt était de montrer qu’ils sont victimes d’un système pour qu’on finisse par les aimer, de se rapprocher d’eux pour les rendre attachants. J’avais trois enjeux de mise en scène : que ce soit drôle, qu’on aime bien cette famille et que Blanche Gardin soit belle. Je connais Blanche depuis un moment, on rit des mêmes choses. J’avais très envie de la filmer parce qu’elle ressemble à Lauren Bacall : mêmes yeux clairs, mêmes pommettes hautes. Je lui ai dit que je voulais que les gens se rendent compte qu’elle est très belle. J’espère qu’à la suite de ce film, on lui proposera des grands rôles romantiques ou des tragédies. 

Maxence Tual, je voulais qu’il joue dans Les Cowboys mais il était en tournée avec les Chiens de Navarre et n’avait pas pu se libérer. Avec Blanche et lui, j’avais le ton du film : ils sont dans la vie tout en étant un peu barrés, et ils ont l’habitude d’improviser. Des répliques comme « si t’étais pas allergique aux chats, on ferait des millions de vues » ou « les enfants bulles, c’est hors-compétition », sont nées de l’improvisation. Comme le temps de prises de vues était court, on a beaucoup répété et réécrit ensemble en amont pour que l’on croit à cette famille. Le tournage fut très joyeux. Il y avait un petit concours entre Blanche et Maxence à celui qui ferait marrer l’autre. Je disais « coupez ! » quand on ne pouvait plus se retenir de rire. 

Au fond, ce qu’on montre est très réaliste. Des vlogs d’enfants malades, il y en a plein. 

D’enfants bien portants, aussi. Ils participent de ce besoin très contemporain de partager les choses avec des inconnus. Avec Blanche et Maxence, on en a beaucoup regardé. 

Certains sont fous, on y voit les parents pleurer devant la caméra. A moins qu’ils pleurent parce qu’il y a une caméra, qui sait ? 

Marc Fitoussi 
réalisateur de Le Troll (roman épistolaire) 

C’est la première fois que je mets en scène un scénario qui n’est pas de moi. J’y ai retrouvé une écriture qui m’est proche : la femme qui se rêve une autre vie, les personnages qui sont comme des grands enfants en quête d’échappatoire. Bettina, que joue Elsa Zylberstein, est prof de français, elle mène un quotidien un peu morne. Elle se réveille grâce aux réseaux sociaux et vit une aventure inattendue avec un comportement très adolescent. Elle, qui a sûrement rédigé une thèse sur le roman épistolaire, a la sensation d’en vivre un, non par le biais d’une correspondance écrite à la plume mais grâce à son téléphone portable. 

Mon film est un portrait, on est avec elle au quotidien, dans son intimité, alors que les autres sketchs sont davantage des portraits de groupe, au sein d’une famille ou à l’occasion d’un mariage. 

Il y avait un défi de mise en scène à présenter ce personnage dépendant des réseaux sociaux qui est dans le dialogue, mais toujours seule dans un coin, chez elle ou dans des couloirs de collège. Et il fallait une actrice de la trempe d’Elsa Zylberstein pour, dans un même plan, réagir à des textos, en écrire un autre, réagir de nouveau. Elsa est une actrice de comédie assez géniale et une grande bosseuse. J’ai retrouvé chez elle le souci du détail d’Isabelle Huppert : le choix du doigt où son personnage porte une bague a son importance. L’idée était aussi de la transformer, de la réinventer, de s’amuser avec elle. La première fois qu’on s’est rencontré, je lui ai parlé de comédies et de personnages féminins que j’adore. On s’est découvert une passion commune pour Judy Davis, en particulier chez Woody Allen. D’où son look, ses cheveux un peu bouclés à la Judy Davis dans Maris et Femmes. On s’est dit que Bettina en était assez proche : une femme cultivée mais très énergique qui peut basculer dans une forme d’hystérie. 

J’avais trouvé Max Boublil formidable dans Le Nouveau. Il est éminemment sympathique, avec une fraîcheur, un naturel, qui étaient parfaits pour le rôle. Toon est une sorte de YouTubeur que le succès amène au one-man show. Max ayant eu un parcours assez proche, cela permettait d’identifier très vite le personnage, un gros atout sur un format court comme celui-ci. Toon est vraiment très proche de Max, jusque dans son inclinaison à s’écarter de son univers du one-man show pour s’essayer à un cinéma un peu plus « auteur ». On l’imagine bien s’ennuyer avec ses fans, avec les nanas qu’il rencontre, et être charmé par une prof qui lui fait découvrir un autre monde. Il fallait croire en leur histoire, au fait que l’on est dans une comédie romantique et que, peut-être, ces deux personnages vont s’aimer. Je trouve le couple que forment Elsa Zylberstein et Max Boublil très plausible. 

Tristan Aurouet 
réalisateur de 2,6 / 5 

Mon sketch traite des applis de rencontre et de la notation à travers le parcours d’un jeune type qui fantasme sur une de ses collègues. Il la croise tous les jours au bureau mais il a besoin de passer par une appli pour l’approcher. Comme il lui faut une certaine note pour pouvoir se connecter à son profil, il va tout mettre en oeuvre pour l’obtenir. Tout cela pour s’apercevoir, en parvenant à ses fins, que les notes n’ont rien à voir avec la vraie vie. C’est un sketch construit sur une ascension et une chute. En vingt minutes, le personnage suit une vraie trajectoire. On est dans la comédie, avec un ton décalé mais crédible. Tout ce qui se passe pourrait réellement arriver. 

Florian est interprété par Finnegan Oldfield que j’avais dirigé dans mon deuxième film, Mineurs 27. Se retrouver huit ans après fut un plaisir, surtout dans un registre si différent. Mineurs 27 était un film très noir, dans la lignée des drames que Finnegan a l’habitude de tourner. Or, dans la vie, Finnegan est assez solaire et très drôle. Et c’est le roi du troll : souvenez-vous de sa réaction quand le César du Meilleur Espoir Masculin lui a échappé ! On l’imagine très facilement en couple avec Fanny Sidney. Il y a, entre eux, quelque chose de concret et touchant. Alma Jodorowsky, elle, a cette beauté de la fille intouchable, inaccessible, ce qu’elle n’est pas du tout en vrai. Son personnage est une it-girl, autour d’elle, tout est beau mais fake. Alma lui apporte un naturel qui évite de tomber dans le cliché. 

On pense forcément aux Nouveaux Sauvages ainsi qu’à la série Black Mirror, série qui est davantage dans l’anticipation. Selfie colle à notre époque, c’est plus une critique d’aujourd’hui que de ce qui se pourrait se passer dans quelques années. 

Le fait que certains personnages se croisent d’un sketch à l’autre permet une continuité du récit et ajoute au plaisir du spectateur. En tant que réalisateur, la dynamique de travail est très proche de celui de la série. On participe au choix des acteurs, des décors, mais le texte est là, il faut se mettre au service des auteurs. J’ai cherché une cohérence d’un décor à l’autre, que j’ai voulu à la fois étonnants et réalistes, de l’espace de coworking de la start-up aux bars où Florian fait ses rencontres. En termes de mise en scène, j’ai voulu associer le mouvement de la caméra à celui de mon acteur principal. Quand Finnegan bouge, la caméra bouge, quand il ne bouge pas, elle reste fixe. Pour créer quelque chose d’organique. De connecté à lui. 

Cyril Gelblat 
réalisateur de Recommandé pour vous 

Parmi ces cinq sketchs sur notre rapport aux nouvelles technologies, le mien traite de l’approche marchande et consumériste. Romain, qu’interprète Manu Payet, se trouve possédé par un algorithme pour des raisons assez psychanalytiques. Il considère que cet algorithme, par ses suggestions d’achats, voit en lui des choses qu’il avait refoulées et oeuvre pour son bien-être. C’est une réflexion autour du déterminisme, de la prédictibilité des choses et du libre arbitre, sur un ton de comédie assez noir, cynique et burlesque. 

On n’est pas dans le rapport à la machine mais aux recommandations d’un algorithme, c’est beaucoup plus moderne et immatériel. Je voulais ramener cela à des considérations sur le couple, sur la famille. La comédie se joue sur le décalage entre le degré de conscience et d’inconscience du personnage. On a beaucoup travaillé là-dessus avec Manu Payet. Tout en allant chercher le portrait de couple. Quand Romain associe sa femme à ses lubies, on se demande si c’est de la douce folie ou de la bêtise. Romain finit même par parler de l’algorithme comme si c’était une société vivante. Il dit : « les gars insistent », « les gars sont forts » ou « je ne veux pas leur céder ». Dans la mise en scène, j’utilise donc son rapport à l’écran, comme dans un duel : Romain mène un combat contre l’algorithme. 

Avec Manu Payet, cela s’était très bien passé sur mon précédent film, Tout pour être heureux. J’étais ravi de le retrouver mais sur une toute autre énergie et des mécanismes de comédie très différents. Là, je le dirigeais plus sur la musique du dialogue, sur les ruptures de ton, sur le rythme. On y est très attentif avec Manu. 

Pour jouer la femme de Romain, j’ai très vite pensé à Julia Piaton. On ne se connaissait pas, elle fait partie de ces gens qui naviguent dans des univers très différents du mien, or je voyais chez elle, dans ses autres films, une justesse et une musique, un rythme de comédie. J’en ai parlé à Manu sans savoir qu’ils étaient amis et qu’ils cherchaient depuis longtemps à travailler ensemble. J’espère qu’elle abordera des registres très différents parce qu’elle en a vraiment sous la pédale. 

Marc Fraize, je l’ai découvert dans Problemos. Je me suis dit : « mais qui est ce type ? » Il sonnait si juste que je me demandais s’il ne faisait pas vraiment partie d’une communauté de zadistes. Les producteurs de Selfie, qui avaient vu son spectacle, m’ont parlé de lui. On a fait une lecture et il a amené une fantaisie immédiate, un côté hirsute à ce rôle de curé. La journée où on a tourné la scène de l’incendie a été très lourde et Marc a beaucoup facilité les choses. 

Les rapports entre les sketchs me rappellent la trilogie de Lucas Belvaux (Un couple épatant / Cavale / Après la vie), un vrai cas d’école sur le point de vue : un personnage ou des informations secondaires dans une histoire deviennent primordiaux dans une autre. Ce qui fonctionne très bien dans Selfie. 

Vianney Lebasque 
réalisateur de Smileaks 

J’ai tout de suite été attiré par le projet, par sa thématique et par sa qualité d’écriture. On est dans une comédie grinçante, tendre par moments et vraiment très actuelle. Le ton est assez rare et le sujet, la dérive des comportements humains face aux nouvelles technologies, poussé à fond. Chaque sketch est complémentaire. Le choix de Smileaks s’est imposé à moi : c’est le plus choral, un point commun à mes deux premiers films et à ma série, Les Grands. Qui plus est, l’idée que toutes nos données personnelles fuitent sur le web me plaît beaucoup. Imaginez le désordre si nous avions accès aux données personnelles de tous les chefs d’état ! Ajoutez-y le décor, cette île coupée du monde. Tout cela m’a tout de suite inspiré des images, une cinématographie. 

Traiter cette catastrophe planétaire à l’échelle d’un mariage, sur une île, est très symbolique et permet de rendre les personnages prisonniers de la situation. On est au moment le plus précieux de la vie des mariés et la peur qui gagne l’assemblée prend plus d’importance que l’événement. Qu’un objet, le téléphone portable, puisse vous révéler la face cachée de la personne avec laquelle vous vivez est une donnée très perturbante. Elle me parle parce qu’elle touche au secret et à l’intime, des thèmes qui me passionnent. On les retrouve dans mes deux premiers films, Les Petits Princes et Chacun pour tous. Qu’a-t-on besoin de savoir de l’autre ? Préfère-t-on considérer la personne qui partage notre vie pour ses actes et ce qu’elle donne à voir d’elle ? Ou préfère-t-on aller fouiller dans son jardin secret ? C’est une question morale qui se pose dans tout couple. 

Visuellement, l’île représente l’isolement et le lieu post-apocalyptique de retour à la nature. Elle contraste avec les téléphones portables, symboles de nos névroses. D’ailleurs, le réseau passe mal, il faut aller sur la plage pour capter, ce qui permet cette image très forte des personnages qui vont dans l’eau en brandissant leur téléphone au-dessus de la tête pour chercher le signal. Image ô combien absurde et parlante de notre dépendance aux nouvelles technologies. Au centre de la mise en scène, il y a ce bâton planté dans le sable, qui indique l’endroit où ça capte. Quant à la marée qui monte et l’ensevelit peu à peu, elle symbolise le leak envahissant la planète et matérialise la pression qui pèse sur les personnages. L’eau monte, la panique grandit, il fallait donc créer un crescendo. La gradation, le dosage de chaque scène étaient d’autant moins évidents à obtenir qu’on a tourné dans le désordre. 

Autour de Sébastien Chassagne, que j’adore dans la série Irresponsable et que je voulais faire tourner depuis longtemps, mon sketch réunit de nombreux personnages des quatre autres sketchs. Il fallait donc équilibrer les informations données dans les sketchs précédents pour qu’arrivé au mien, le spectateur sache qui est qui. C’était un des éléments intéressants du projet : on ne faisait pas chacun un film de notre côté. Les histoires se répondent, des personnages reviennent d’une histoire à l’autre. Faire que tout soit cohérent a nécessité un vrai travail d’équipe. 

Source et copyright des textes des notes de production @ Apollo Films

  
#Selfie

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