dimanche 16 février 2020

LE CAS RICHARD JEWELL


Drame/Efficace et bien mené

Réalisé par Clint Eastwood
Avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates, Jon Hamm, Olivia Wilde, Nina Arianda, Ian Gomez, Mike Pniewski...

Long-métrage Américain
Titre original : Richard Jewell
Durée : 02h10mn
Année de production : 2020
Distributeur : Warner Bros. France 

Date de sortie sur les écrans américains : 13 décembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 19 février 2020


Résumé : En 1996, Richard Jewell fait partie de l'équipe chargée de la sécurité des Jeux d'Atlanta. Il est l'un des premiers à alerter de la présence d'une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté... de terrorisme, passant du statut de héros à celui d'homme le plus détesté des Etats-Unis. Il fut innocenté trois mois plus tard par le FBI mais sa réputation ne fut jamais complètement rétablie, sa santé étant endommagée par l'expérience.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : afin de retranscrire cette histoire vraie, le scénariste Billy Ray s'est inspiré à la fois du travail de la journaliste Marie Brenner et du livre écrit par Kent Alexander and Kevin Salwen intitulé "The Suspect: An Olympic Bombing, the FBI, the Media, and Richard Jewell, the Man Caught in the Middle". Il décide d'adopter le point de vue de l'intéressé, Richard Jewell, et de son avocat, pour nous raconter la tourmente. Clint Eastwood a donc choisi un nouveau cas d'étude sur les fêlures de l'Amérique en réalisant LE CAS RICHARD JEWELL et il en explique les mécanismes parfaitement avec sa caméra.

Les premières scènes se centrent sur la rencontre entre Richard Jewell et son futur avocat. Elles servent à poser un contexte relationnel. La narration débute vraiment juste après, au moment où la retranscription des évènements qui sont à l'origine du démarrage de l'engrenage prend forme. Clint Eastwood nous plonge alors dans son récit en nous faisant vivre la montée en tension et la rapidité de changement d'opinion. Il fait varier les atmosphères avec intensité. La scène de l'attentat est d'ailleurs stressante et traumatisante tant son rendu et l'épaisseur du choc sont bien illustrés. Le réalisateur est ainsi capable de passer d'une très forte tension à des moments plus légers, alors que se déroule en permanence un enjeu dramatique en toile de fond. Son film conserve toujours la même tonalité tout en intégrant des variations qui dépendent de la personnalité des protagonistes.

Dans la seconde partie de son long-métrage, des longueurs s'installent parfois parce qu'il nous fait ressentir le poids de toute cette période d'accablement sur son protagoniste central. Notre intérêt est cependant toujours capté, car on s'attache aux personnages concernés et on veut savoir comment ils vont se sortir de cette situation. Clint Eastwood montre très franchement l'implication du FBI et des médias, en lien direct avec les manipulations et les ambitions qui posent la question du pouvoir et de son utilisation.

Paul Walter Hauser interprète de manière très convaincante Richard Jewell, un homme simple, immature mais sans mauvais fond, trop zélé, avec des côtés fragiles, mais aussi une force de caractère inattendue.




Sam Rockwell est excellent dans le rôle de l'avocat Watson Bryant. Il sait rendre son personnage tout à fait réaliste. Il sait être drôle sans jamais pour autant impacter les aspects dramatiques de l'histoire ou créer un décalage par rapport aux enjeux.




Kathy Bates est surprenante et touchante dans le rôle de Bobi Jewell, la mère de Richard.



Jon Hamm est impeccable dans le rôle de l'agent du FBI Tom Shaw et Olivia Wilde est très crédible dans celui de la journaliste Kathy Scruggs.


Nina Arianda apporte un plus dans le rôle de Nadya grâce à sa personnalité franche et amusante à la fois.

Crédit photos : Claire Folger & Photos Courtesy Warner Bros. Pictures
Copyright: © 2019 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

LE CAS RICHARD JEWELL traite son sujet de façon directe, en adoptant la vision des concernés par les impacts de cette affaire. La réalisation maîtrisée apporte du sens contextuel et un traitement performant des sujets que ce récit aborde. On en sort secoué parce qu'il soulève des manquements inquiétants à plusieurs niveaux et que beaucoup de malheur, et donc de gâchis, ressort de cette affaire. C'est un film efficace et bien mené.

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

BRYANT
Richard, vous êtes désormais un héros national.


RICHARD
Merci, m'sieur, mais je ne faisais que mon boulot.

Le 27 juillet 1996, pendant les Jeux Olympiques d’été à Atlanta, un vigile du nom de Richard Jewell découvre un sac à dos suspect caché derrière un banc. Très vite, on se rend compte qu’il contient un dispositif explosif. Sans perdre une minute, il fait évacuer les lieux et sauve plusieurs vies en limitant le nombre de blessés. Il est acclamé en héros. Mais trois jours plus tard, la vie de ce modeste sauveteur bascule lorsqu’il découvre, en même temps que le monde entier, qu’il est le principal suspect de l'attentat aux yeux du FBI.

Cette histoire, qui évoque la trame d’un thriller à suspense, n’est pas le fruit d’une imagination fertile : il s'agit des événements effroyables qui se sont produits dans la vie de Richard Jewell. Paradoxalement, alors que son acte était désintéressé, il a fait l'objet pendant 88 jours d'une enquête poussée du FBI et a été dans le collimateur de médias particulièrement acharnés. Il n’avait alors aucune certitude d’être disculpé ou de voir sa vie revenir un jour à la normale.

Interpelé par ces faits, Clint Eastwood a souhaité porter à l'écran l’histoire tragique de cet homme bienveillant, dont la vie a été bouleversée par la presse et par les forces de police qu’il idolâtrait. “On entend souvent parler de gens puissants qui se font accuser de choses et d’autres, mais ils ont de l’argent, ils font appel à un bon avocat et échappent aux poursuites”, déclare-t-il. “L’histoire de Richard Jewell m’a intéressé parce que c’était quelqu’un de normal, un monsieur tout-le-monde. Il n’a jamais été poursuivi, mais il a été largement persécuté. Les gens se sont empressés de l’accuser ; il n’a pas pu échapper à ces accusations et pendant longtemps il est resté trop naïf et idéaliste pour se rendre compte qu’il devait sauver sa peau”.

C’est pour cela que je voulais faire ce film”, poursuit-il, “pour réhabiliter l’honneur de Richard. C’est un homme comme les autres, qui aspirait à devenir policier avant tout pour contribuer au progrès de l’humanité. Le jour où il a commis un acte héroïque, il l’a payé au prix fort et a été jeté en pâture aux lions”.

Qu’ils soient ou non au courant de l’innocence de Richard Jewell, la plupart des gens continuent de l’appeler le terroriste d’Atlanta, bien qu’il ait été innocenté. “Les gens ne cherchent pas à comprendre”, estime le réalisateur. “Il ne font pas le lien avec l’arrestation du vrai terroriste six ans plus tard, avec ses aveux et sa condamnation. J’espère que le public en prendra conscience en voyant le film et qu’il comprendra qu’en tant que société, nous pouvons agir autrement. Si Richard peut nous enseigner cette leçon, tout n’est pas perdu et cela fait déjà de lui un héros”.

Malpaso, la société de production de Clint Eastwood, réfléchissait au projet depuis quelques années. Le producteur Tim Moore raconte : “Je faisais du repérage pour un autre projet à Hawaï et quand je suis rentré, Clint m’a dit : ‘Tu ferais mieux d’enlever ta chemise hawaïenne, on va à Atlanta pour tourner l’histoire de Richard Jewell. C’est le moment de le faire. Cette histoire, il faut la raconter’. Et sans transition, on s’est retrouvés à Atlanta pour préparer le tournage’”.

La productrice Jessica Meier ajoute : “Clint trouvait que c’était important, car bien que cela se soit passé il y a 20 ans, cela pourrait arriver de nouveau aujourd’hui. N’importe qui peut se retrouver plus bas que terre en quelques secondes, par une simple affirmation, qu’elle soit vraie ou fausse”.

L’équipe a mené de nombreuses recherches pour définir l’histoire qu’ils allaient raconter sous forme de long métrage. “Il y avait énormément d’informations”, raconte Jessica Meier. “On a décidé de s'attacher au point de vue de Richard et au binôme qu’il forme avec son avocat Watson Bryant, la première personne à le croire après sa mère. Selon nous, c’était l’angle le plus porteur”.

Le scénariste Billy Ray déclare : “J’ai toujours rêvé d’écrire pour Clint Eastwood, j’imagine que tous les scénaristes en rêvent, mais c’était particulièrement le cas pour un film comme celui-ci car il aborde des thèmes que Clint Eastwood a explorés pendant toute sa carrière : la justice, les luttes de pouvoir au sein du système judiciaire américain, le fait pour un homme ordinaire de se retrouver dans une situation extraordinaire. Clint était l'homme de la situation”.

Billy Ray est parti d’un article de Vanity Fair écrit par Marie Brenner en 1997. La journaliste était sur place juste après le drame et elle a passé du temps avec Richard, sa mère Bobi Jewell et son avocat Watson Bryant. Elle se souvient : “En 1996, la police était obsédée par le 'profilage', et dans la frénésie qui devait régner au sein des bureaux de la police après l’attentat, ils ont regardé ce brave gars un peu excentrique qui avait trouvé la bombe et ils se sont dit : ‘C’est la théorie du terroriste solitaire !’. Ça s’est transformé en une chasse aux sorcières, un terme aujourd’hui galvaudé mais qui désigne parfaitement ce qui est arrivé à Richard. Avec Bobi, ils ont subi une pression démesurée et auraient pu craquer à tout moment. De nos jours, la société tire très vite des conclusions sur les gens, fondées sur leur physique ou sur les apparences, sans chercher à voir plus loin”.

Le séjour que j’ai passé à Atlanta et mes rapports avec Richard ont eu un profond impact sur moi en tant que journaliste”, ajoute-t-elle. “C’est rare qu’une histoire m'obsède à ce point et c’est encore plus rare que je reste en contact avec les personnes sur lesquelles j’ai enquêté. J’ai fini par me donner pour mission de rendre justice à cet homme. C’est très fort de voir son histoire racontée par un réalisateur au talent immense”.

Quand Marie Brenner a appris que Clint Eastwood souhaitait porter cette histoire à l'écran, elle n’en revenait pas : “J’étais abasourdie et folle de joie. Pour moi, c’est presque inimaginable que, 23 ans après l’attaque, une icône comme Clint Eastwood, qui s’est maintes fois intéressé aux droits des héros invisibles de la société, décide de raconter cette histoire-là avec le talent qu'on lui connaît, et ainsi de rendre enfin justice à Richard et Bobi Jewell”.

Bien qu’il n’y ait aucune preuve à charge contre lui, Richard Jewell correspondait au profil recherché par le FBI et il avait découvert la bombe, ce qui lui a porté préjudice. La police l’a comparé à d’autres criminels dans des affaires récentes. Elle a aussi appris que Richard Jewell avait commis quelques erreurs au cours de ses précédents emplois et a utilisé cette information contre lui.

Tout le monde voulait résoudre l’enquête et les différents médias et agences de presse sont entrés en compétition les uns avec les autres pour être les premiers à le faire”, raconte Clint Eastwood. “Beaucoup d’organisations de très bon niveau ont mal géré la situation quand tout cela s’est produit. Leur dilemme était que, s’ils ne résolvaient pas l’affaire rapidement, les Jeux Olympiques dans leur ensemble en seraient impactés et ils perdraient les millions de dollars investis dans les préparatifs déjà réalisés”.

Étant donné que Richard Jewell était considéré comme un suspect, il a été accusé en place publique et avec le recul, constate que ces accusations n’ont jamais été officiellement retirées, même s’il a été totalement blanchi après ces 88 jours éprouvants et les aveux du véritable coupable.

Clint Eastwood affirme : ‘C’est une histoire vraie mais elle n’en est pas moins pleine de suspense et on a envie de soutenir le protagoniste”.

Pour incarner les rôles principaux, le réalisateur a engagé Sam Rockwell dans le rôle de l’avocat Watson Bryant, Kathy Bates dans celui de Bobi Jewell, Jon Hamm dans celui de Tom Shaw, l’agent du FBI qui mène l’enquête (un personnage fictif) ; Olivia Wilde dans celui de la journaliste Kathy Scruggs, et enfin Paul Walter Hauser dans celui de Richard Jewell.

RICHARD
Je veux vous aider les gars. Je suis de la police, tout comme vous.

LE CASTING

Dans le film, dès l’instant où Richard est désigné comme suspect de l’attentat dans les médias, le public suit le mouvement, bien qu’il n'y ait qu'un faisceau de présomptions contre lui. Face à cette situation, quiconque aurait eu le réflexe de se défendre, mais Richard, certain de son innocence et surtout déterminé à se fier au système judiciaire, accorde une confiance excessive à ses accusateurs.

Paul Walter Hauser, qui incarne le rôle-titre, déclare : “C’est l’histoire d’un outsider d’une certaine façon. Alors que Richard aurait voulu être policier, il est vigile et il a travaillé pour un shérif mais sans jamais être respecté comme il l’aurait souhaité et comme lui-même respecte l’autorité. Quand il sauve la vie de centaines de personnes au concert de Centennial Park, tout commence comme un moment de gloire. Il s’imagine qu’il va enfin être respecté, mais même à ce moment-là il reste en retrait. Puis, dans un retournement de situation tragique, sa tête se retrouve sur le billot. Très rapidement, la situation empire car il refuse de croire que le FBI et la police l’accusent, lui qui se sait innocent”.

Il poursuit : “En tant qu’acteur, j’ai apprécié que le scénario montre l’envers de l’enquête et la façon désastreuse dont Richard a été traité. C’est une rédemption pour cet homme dont la vie a été bouleversée, voire anéantie par ces circonstances tragiques”.

Paul Walter Hauser a travaillé d’arrache-pied pour s’approprier les mimiques et l'élocution de Richard Jewell, car il voulait lui rendre justice, ainsi qu’à ceux qui l’ont connu. “La production m’a donné des vidéos et des images d’archives à visionner. Avec en plus l’article de Marie Brenner, le scénario et ma rencontre avec Bobi et Watson, j’avais de quoi faire”, raconte-t-il. “C’est un privilège de rendre hommage à quelqu’un comme Richard mais il ne s’agit pas de l’imiter : l’idée est plutôt d’évoquer ce qu’il a été à ce moment-là et à cet endroit-là. Finalement, j’ai simplement regardé Richard et j’ai essayé de cerner sa voix, sa personnalité, son air de ‘bon géant’ et le fait qu’il était un peu un bon petit soldat qui croyait fermement dans le système. Il était pétri de bonnes intentions – on a parfois du mal à croire que des personnes comme ça existent encore – et c’est pour ça qu’on a envie de prendre sa défense dans la vie et, je l’espère, également dans le film”.

Paul Walter Hauser avait envie de raconter l’histoire du point de vue de Richard Jewell. Il était aussi impatient d'endosser ce rôle : “J’ai toujours rêvé de travailler avec Clint Eastwood et maintenant que je l’ai fait, je comprends pourquoi les acteurs l’adorent. Il est charmant, intelligent et il sait ce qu’il fait en tant que réalisateur. Il a une vision bien définie. C’est vraiment lui le chef, on s’en remet à lui dès qu’on a besoin d’un conseil, d’un peu d’aide ou d’une nouvelle idée. Mais en même temps, il nous laisse assez libre : il veut qu’on trouve le personnage qu’on veut interpréter. Il nous fait entièrement confiance et j’en ai été personnellement très flatté”.

Clint Eastwood remarque : “J’ai eu de la chance à plusieurs reprises de faire des films où tout fonctionnait à merveille et dans le cas présent on peut dire que Paul est né pour jouer ce rôle. C’est un acteur exceptionnel. Il s’est effacé et a interprété Richard comme l’homme appliqué et candide qu’il était”.

Quand Richard se rend compte qu’il a besoin d'être défendu, il se tourne vers le seul avcoat qu’il connaisse : Watson Bryant, indépendant et contestataire, qu’il a rencontré lorsqu’il s'occupait de trier le courrier dans un cabinet quelques années auparavant. Ils ne se sont pas parlés depuis près de dix ans, mais Watson Bryant se souvient encore de Richard comme le gentil garçon qui lui glissait toujours des Snickers en douce.

Acteur très recherché, Sam Rockwell interprète l’avocat au tempérament bien trempé qui est pris au dépourvu lorsque son client est la cible de forces qui les dépassent. Il explique : “J’ai d’abord accepté le rôle parce que c’était un film de Clint Eastwood. Ensuite, quand j’ai appris que Paul Walter Hauser allait jouer Richard, j’étais ravi car je savais que c’était la bonne personne pour le rôle. J’ai beaucoup aimé le personnage de Watson Bryant. C’était un rôle nouveau pour moi, un personnage très intéressant et un type profondément intelligent. Sans compter que le scénario était fantastique”.

Sam Rockwell s’est tout de suite intéressé au personnage et à la relation entre Richard et lui : “Watson est l’avocat idéal pour Richard parce qu’il représente une figure paternelle ou une sorte de grand frère. Il y a entre eux de l’amitié mais Watson est aussi comme un mentor pour lui et je pense qu’en un sens cette relation est au cœur du film”.

Dans la vraie vie, Richard a fini par s’entourer d’autres avocats, mais Sam Rockwell rappelle : “Il a commencé avec Watson et ils avaient noué un lien affectif très fort. Watson était toujours celui en qui Richard et Bobi avaient confiance”.

Watson Bryant, qui est toujours en vie et reste proche de Bobi Jewell, a rappelé à Sam Rockwell “un personnage tout droit sorti d’une pièce de Tennessee Williams, une version moderne d’un personnage du vieux sud, assez acariâtre et véhément. Comme on le voit dans le film, il portait des bermudas et un chapeau, pas vraiment le style costume cravate. J’ai passé environ sept heures avec lui et sa femme quand je suis arrivé à Atlanta ; je lui ai posé des questions et je lui ai demandé d’enregistrer mes répliques. Cela m’a beaucoup aidé à construire mon personnage dans le film”.

Avant de se rendre en Géorgie, Sam Rockwell a également passé du temps avec Paul Walter Hauser pour préparer le tournage. “Paul et moi sommes allés ensemble à New York environ dix jours avant le tournage. On a passé trois jours ensemble : on était inséparables et on lisait le scénario à voix haute toute la journée. On a aussi pris un café avec le scénariste Billy Ray pour parler de l’histoire. Ensuite, j’ai travaillé avec ma répétitrice sur différents accents. C’était vraiment très utile de faire tout ce travail avec Paul parce que ça nous a permis de mieux nous connaître, et je pense que cela se ressent à l’écran”.

Tout comme Paul Walter Hauser, Sam Rockwell a adoré travailler avec Clint Eastwood : “Quand on tourne avec un réalisateur qui est aussi acteur, il se montre souvent très compréhensif parce qu’il sait ce que c’est que d’être devant la caméra, et à quel point cela peut être angoissant. Clint est un directeur d’acteur incroyablement humain : il fait totalement confiance aux comédiens et les laisse s'exprimer. J’admire sa volonté sincère de raconter des histoires d’injustices, de personnes sous-estimées qui se montrent à la hauteur d'événements exceptionnels, comme Richard Jewell”.

J’ai toujours admiré Sam”, déclare Clint Eastwood. “Il arrive à s’approprier ses rôles et à en faire quelque chose de très personnel. Je me suis dit qu’il serait formidable pour le rôle de Watson et en effet il l’a incarné à la perfection”.

Paul Walter Hauser était aussi fan de l’acteur depuis longtemps. Il explique : “On a travaillé ensemble et maintenant on est devenus amis. Ça m'a fait drôle de tourner avec les personnes que j’admire le plus dans le métier. Cela vaut aussi pour Kathy Bates qui a un talent incroyable. Elle fait partie des plus grands, si bien que c’était assez intimidant de travailler avec elle et Sam, mais ce sont des personnes bienveillantes qui apprécient le travail d’équipe et ne vous méprisent à aucun moment. Quand on travaille ensemble, tout devient naturel et ça ne fait plus du tout peur”.

Paul Walter Hauser évoque un de ses souvenirs de Kathy Bates, qui incarne Bobi Jewell : “Quand j’ai lu le scénario, je me suis tout de suite dit : 'ça, c'est pour Kathy Bates ! Kathy Bates doit jouer ma mère'. Et je me suis dit ça avant même de savoir qu’elle était dans le film ! C’était évident. Kathy est une actrice incroyable et là, elle a vraiment mis le paquet. Elle donne au rôle une dimension toute particulière”.

Kathy Bates a également eu plaisir à donner la réplique à Paul Walter Hauser : “Je l’avais vu dans MOI, TONYA et je m’étais dit : ‘Il est fantastique. Il est jeune, marrant et un peu grande-gueule’. Cette fois-ci, je suis vraiment tombée amoureuse de lui. En plus, c’est quelqu’un de bien, donc je n’ai eu aucun mal à jouer sa mère”.

Kathy Bates a derrière elle une longue carrière qui force le respect, mais c’est la première fois qu’elle tourne avec Clint Eastwood : “Je dois avouer qu’au départ, j’ai eu envie de faire le film pour travailler avec Clint Eastwood. J’étais enchantée d’avoir enfin une telle opportunité” confie-t-elle. La première question qu’elle a posée à ce réalisateur prolifique était : “Pourquoi avez-vous voulu faire ce film ?” et il lui a répondu que c’est un film qu’il aurait envie de voir. “Il a dit que c’était une tragédie que cet homme ait été si mal traité par le FBI et qu’on lui ait tendu un piège pour l’amener à renoncer à ses droits Miranda [droit à garder le silence, NdT]. Ça m’a sidérée. J’avais entendu parler de l’attentat mais je n’avais pas idée à quel point la suite avait été dévastatrice pour Richard Jewell et sa mère. Quand j’ai lu le scénario, j’ai été horrifiée”, déclare Kathy Bates.

Tout comme Sam Rockwell et Walter Bryant, Kathy Bates a eu la chance de rencontrer Bobi Jewell : “Quand je lui ai parlé, elle m’a dit qu’elle pensait que les épreuves de Richard avaient contribué à son décès prématuré et que cela pouvait arriver à n’importe qui. C’est un homme qui a rêvé toute sa vie de devenir policier et d’aider les autres. Cela lui tenait tellement à cœur que les gens ont commencé à déformer la réalité en disant que c’était bizarre, que c’était mal et qu’il avait tout à fait le profil d’un tueur”.

Kathy Bates raconte que la véritable Bobi Jewell est une vraie pile électrique : “Elle a maintenant plus de 80 ans mais comme c’était mon anniversaire quand on s’est rencontrées, elle m’a fait un quatre-quarts”.

Dans le film comme dans la vraie vie, la persécution de Richard a ôté toute tranquillité d’esprit à Bobi. Kathy Bates explique : “Elle s’est assise à côté de moi sur le canapé, on a regardé le scénario page par page et, à chaque fois, elle m’a expliqué ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là. Elle m’a dit ce qu’elle avait éprouvé quand 15 ou 20 agents du FBI ont débarqué chez elle pour fouiller son appartement : ses papiers, ses carnets et ses journaux intimes, et même son tiroir à sous-vêtements”.

Tim Moore déclare : “Je crois qu’on a tous été marqués par l’idée que ce n’est pas seulement la vie d’un individu qui a été détruite mais aussi celle de sa mère : au lieu de pouvoir être fière de son fils (et elle l’a été), Bobi l’a vu se faire traiter comme l’homme le plus détesté des États-Unis. Tout le monde l’a haï sans aucune raison”.

Pendant un repérage à Atlanta, Tim Moore a pris contact avec Bobi Jewell et Watson Bryant au nom de la société de production Malpaso. “Quand je leur ai dit que ce serait un film de Clint Eastwood, ils étaient surexcités parce qu’ils savaient que Clint saurait raconter la véritable histoire et qu’il saurait présenter Richard comme le héros qu’il méritait d'être”.

Clint Eastwood avait à cœur de faciliter la rencontre entre ses acteurs et ceux qu'ils sont censés camper : “D’une part, je voulais aider Sam et Kathy à mieux comprendre qui ils incarnaient”, souligne Clint Eastwood. “Et d’autre part, je voulais m’assurer que Bobi Jewell et Watson Bryant étaient satisfaits de notre travail, par respect pour eux et pour Richard, et je voulais recueillir leur avis. C’était aussi important qu’ils rencontrent Paul Walter Hauser évidemment”.

Le réalisateur se souvient du jour où Bobi a fait la connaissance de l’homme qui allait jouer son fils : “Watson Bryant et Bobi Jewell étaient présents dans le studio et notre directeur de casting leur a présenté Paul. Ça a été un choc pour elle car Paul ressemble beaucoup à Richard. Une fois passée cette première impression, elle a admis que Paul serait parfait pour le rôle”.

Bobi Jewell se souvient précisément de ce jour-là : “Watson et moi avons pris l’avion pour la Californie le 1er mai. On nous a emmenés faire un tour des bureaux de Clint Eastwood. Dans l’une des pièces, il y avait le portrait de Richard au mur, puis ils ont amené le portrait de Paul. J’ai donné un coup à Watson, il s’est retourné et m’a dit : ‘Mon dieu, il ressemble tellement à Richard’. Ensuite j’ai rencontré Paul et ça m’a fait tout drôle. J’ai compris qu’il avait beaucoup visionné les vidéos car il avait même adopté sa démarche”.

Ça m’a plus intimidé de rencontrer Bobi Jewell que de rencontrer Clint Eastwood parce qu’elle est la mère du héros de notre histoire. Elle aurait pu se méfier de moi ou être distante”, souligne Paul Walter Hauser. “Elle a été tout le contraire et la seule assurance dont j’avais besoin c’était de savoir que la mère de Richard était d’accord pour que je joue son fils”.

Watson Bryant, qui a également approuvé le choix de Paul Walter Hauser, déclare : “Richard était un gars normal qui aspirait à devenir un policier normal. Il n’était ni Colombo, ni l'inspecteur Harry, ni même un policier de la Crim, juste un policier de quartier qui arrête des conducteurs ivres et aide les victimes d’accidents. C’était quelqu’un de bien et pas du tout le genre à poser une bombe dans un parc. Paul a fait un boulot formidable. Il a parfaitement cerné Richard et quand je le regarde, je vois que ce n’est pas Richard mais qu’il s’en approche beaucoup. Sa prestation a aussi beaucoup touché Bobi”.

Avec Sam, ils sont tous les deux géniaux, ce sont des hommes formidables et on s’est très bien entendus”, poursuit-il. “Le fait que ce soient ces deux acteurs ainsi qu’un des meilleurs réalisateurs au monde qui fassent le film, c’est tout simplement dément. D’un côté, c’est très dur de se replonger dans cette époque, mais de l’autre, je veux qu’on se souvienne de Richard comme d’un héros et c’est ce qu’il mérite. Je ne pourrais pas rêver mieux”.

L'AGENT SHAW
On s’intéresse toujours à celui qui a trouvé la bombe… Tout comme on s’intéresse toujours à celui qui a trouvé le corps.

Pendant l’enquête du FBI, Watson Bryant a eu du mal à empêcher son client d’apporter de l’eau au moulin de la police, qui essayait de trouver des preuves contre lui. Quand Richard explique à son avocat qu’il a toujours été élevé dans le respect de l’autorité, celui-ci rétorque : “Là, les autorités essaient de te manger tout cru”.

Jon Hamm incarne l’agent Tom Shaw du FBI. Ce n’est pas une personne réelle mais un personnage composite, écrit à partir de plusieurs agents présents au moment des faits. Le scénariste en a fait un symbole du zèle de la police qui a soumis Richard à une forte pression. Jon Hamm affirme : “Ce que je trouve incroyable dans cette histoire, c’est qu’elle s’est produite il y a 20 ans mais qu'elle semble toujours autant d'actualité aujourd'hui. En 1996, quand ces événements se sont produits, c’était assez nouveau d’avoir des infos 24h/24 et il était encore rare que les journalistes se précipitent sur un sujet pour sortir l’information en premier. Aujourd’hui, on vit dans une époque où les choses se sont accélérées à l’infini : il suffit d’une connexion internet pour dire en quelques secondes au monde entier comment on se sent et pour que cela soit répété et amplifié. C’est difficile dans ce contexte de garder la tête froide. Et justement dans le film, je joue quelqu’un qui se trompe”.

Jon Hamm campe un personnage qui croit dur comme fer à ses hypothèses, qui se révèlent finalement erronées, mais il nuance : “Je connais beaucoup de gens dans la police et ils doivent souvent travailler dans des conditions très incertaines. Ils font de leur mieux pour réduire la liste des suspects sous la pression du public, de la presse et des pouvoirs publics. L’information circule à toute vitesse et dans ce cas précis, il y a un faisceau de présomptions qui a biaisé leur opinion. La police n’a pas forcément fait du mauvais travail, elle a fait un travail incomplet”.

Mon personnage Tom Shaw se fait harceler par tout le monde, sa hiérarchie le presse de résoudre l’affaire car les Jeux Olympiques arrivent et on ne peut pas les annuler”, poursuit-il. “Il est en charge de l’affaire et subit beaucoup de pression extérieure, c'est la course contre la montre et tout le monde lui demande sans cesse ‘Qui est le coupable ?’. Puis voilà qu’un homme arrive qui colle à 85% avec le profil recherché par le FBI. Du coup, Tom Shaw se dit : ‘Voilà le coupable” alors qu’il aurait dû se dire “Voilà ce qu’on a de mieux’”.

Le FBI et plus particulièrement Tom Shaw déploient des efforts insensés pour trouver des preuves concrète et confondre Richard, mais une fois que Watson Bryant a convaincu son client d’arrêter d’aider la police pour commencer à se défendre, ils se retrouvent bredouille. Richard n’a jamais été accusé du crime, mais comme le note Jon Hamm, “L’opinion publique l’avait déjà condamné”.

Dans le film, on découvre que le jugement hâtif du public est dû en partie à une violation de la confidentialité de la part de Tom Shaw qui confie des détails de l’enquête en cours avec la journaliste Kathy Scruggs. En effet, la jeune femme, inspirée de la véritable journaliste qui a révélé l’affaire, est à l’affût d’un scoop. Lorsqu’elle apprend que Richard Jewell correspond au profil du terroriste solitaire, en tant qu’homme blanc frustré de ne pas être devenu policier et en quête d'occasion de se comporter en héros, elle n'hésite pas deux secondes à l'idée de faire les gros titres.

Olivia Wilde joue le rôle de Kathy Scruggs : “L’histoire m’a fascinée car elle raconte la tendance de notre société à tirer des conclusions hâtives et à faire des suppositions sur les gens quand on recherche désespérément des réponses. Quand l’inimaginable se produit, comme par exemple cet attentat qui intervient peu de temps après le massacre de Munich, on se met naturellement à chercher la réponse la plus évidente. Ce n’est pas un bon réflexe, surtout quand il s’agit du système judiciaire”.

Olivia Wilde explique pourquoi elle tenait tant à ce rôle : “Je suis issue d’une famille de journalistes. Mes grands-parents, mes parents, mes oncles et tantes, mes cousins… J’ai un immense respect pour le courage des journalistes, pour leur capacité à tenir tête au pouvoir et je pense que le premier amendement joue un rôle essentiel pour notre démocratie”.

Olivia Wilde décrit en ces termes le personnage qu’elle incarne : “Elle est incroyablement dynamique et nuancée, elle est culottée, effrontée et intrépide”. Elle s’est inspirée de son engagement en tant que journaliste : “Elle se dit que le public a le droit de savoir et que c’est son devoir de raconter l’enquête qui, de son point de vue, semble fondée sur des preuves solides”.

Jon Hamm et Olivia Wilde jouent les “adversaires” de Paul Walter Hauser à l’écran mais celui-ci déclare malgré tout : “J’ai adoré jouer avec Olivia et Jon. Ce sont des acteurs exceptionnels et ils ont été très généreux avec moi. Ils n’ont aucun égo. Ils ont été comme un frère et une sœur pour moi pendant le tournage”.

Pour compléter la distribution, les auteurs ont confié le rôle de Nadya Light, l’assistante juridique de Watson Bryant qui deviendra plus tard sa femme, à Nina Arianda. Ian Gomez campe le partenaire de Tom Shaw, Dan Bennet, un autre agent du FBI fictif. Enfin, Niko Nicotera incarne David Dutchess, un ami de Richard.

Clint Eastwood affirme : “Je trouve que tous les acteurs ont très bien travaillé. Même ceux qui avaient des petits rôles étaient très justes. Ils sont tous allés faire des recherches pour compléter ce qu’on leur avait donné et cela m’a fait plaisir car on cherchait à aller très loin dans le réalisme”.

RICHARD
Évacuez les lieux !
Il y a une alerte à la bombe près de la tour.

LIEUX DE TOURNAGE /DÉCORS/ CADRAGES / COSTUMES

Le tournage du CAS RICHARD JEWELL s'est déroulé à l'été 2018 à Atlanta et dans ses environs où les faits se sont déroulés. Comme le signale le réalisateur, "quand on raconte une histoire vraie, il faut la restituer en étant fidèle à la réalité".

Pour faire en sorte que le film évoque les événements avec le plus grand réalisme, le cinéaste a fait appel à ses fidèles collaborateurs comme le chef-opérateur Yves Bélanger, le chef-décorateur Kevin Ishioka et le régisseur d'extérieurs Patrick O. Mignano. Ce dernier, accompagné des producteurs, a obtenu les autorisations de tournage sur plusieurs des sites des événements, à commencer par Centennial Park où a eu lieu l'explosion.

Pour redonner au parc l'allure qu'il avait en 1996, il fallait mobiliser trois à quatre semaines en pleine saison estivale. Un vrai défi mais, par chance, la production a pu disposer du même laps de temps que la durée des JO d'été de 1996. Ishioka et son équipe, chargés de reconstituer les concerts de Kenny Rogers et de Jack Mack & the Heart Attack – sans oublier la foule – qui avaient lieu au moment où Richard Jewell était de service, a sollicité les conseils de Rebecca Jones, organisatrice de l'événement à l'époque.

"Étant donné les délais qui nous étaient impartis, avoir Rebecca comme chef de projet à nos côtés était une bénédiction", remarque le chef-décorateur. "En effet, elle était parfaitement aguerrie en matière d'organisation de ces concerts de rock".

Les changements survenus dans la configuration des lieux au cours des vingt dernières années ont représenté un formidable défi pour Ishioka. "Le parc a été redimensionné depuis ces événements, si bien qu'on a dû procéder à pas mal d'aménagements pour concevoir le pavillon", raconte-t-il. "La scène a été agrandie d'environ 30 m et il a donc fallu en réduire les dimensions. La surface de la scène où ont eu lieu les concerts pour les besoins du film est assez proche de l'original – un quadrilatère de 12 m sur 12, avec les éclairages et les projecteurs LED pour éclairer les artistes".

"C'était incroyable", poursuit-il, "parce qu'on avait deux moyens différents de représenter les concerts à l'écran : la retransmission en direct de Kenny Rogers et la vidéo en playback du véritable concert de Jack Mack & the Heart Attack. On a installé des combos de playback pour que nos interprètes du groupe Jack Mack puissent s'appuyer sur un repère visuel et imiter les gestes des vrais chanteurs".

Dans le film, la structure Son et Lumière AT&T, supervisée par Richard, est parfaitement authentique, affirme Ishioka. "Nous en avons conservé toutes les dimensions pour être fidèle au moment où Richard court dans tous les sens pour alerter les spectateurs", dit-il. "Nous avons tout reproduit à l'identique en nous appuyant sur les plans d'origine. Du coup, tout est conforme à la réalité".
Eastwood a apprécié le travail de ses équipes : "Kevin, notre directeur artistique, et tous ceux qui ont participé à la reconstitution de Centennial Park ont réussi à lui redonner son allure de 1996 – et je dois dire qu'ils ont fait un boulot épatant".

"Se retrouver à Centennial Park au moment de l'anniversaire de l'attentat était assez dingue", souligne Hauser. "C'était très étrange et évocateur d'être là – et de sentir qu'on avait une vraie responsabilité en racontant cette histoire sur les lieux mêmes des faits. J'ai d'ailleurs consulté des photos du site le soir de l'attentat – et il est identique au nôtre. L'équipe a magnifiquement reconstitué ce lieu et cette époque".

Par ailleurs, la production a réussi à obtenir l'autorisation de filmer l'extérieur du lotissement où vivaient Bobi et Richard Jewell en 1996. En raison de l'importante mobilisation de journalistes et de camionnettes des chaînes de télé et de l'agitation inhérente à la séquence, la production a réquisitionné le parking du lotissement tout entier pendant trois jours. Pour compenser la gêne occasionnée, elle a proposé aux habitants des solutions de stationnement alternatif et de transport au départ ou à destination de leur logement.

L'appartement, en revanche, a été filmé en plateau : l'équipe d'Ishioka l'a construit en partant du plan d'origine, même si elle a dû l'adapter un peu pour le rendre "plus compatible avec les contraintes du cinéma", selon les mots du décorateur. "C'est amusant parce que tous ceux qui connaissaient l'appartement d'origine nous disaient qu'il était beaucoup plus grand – alors qu'en réalité, il est plus petit. Bien entendu, je me suis appuyé sur quelques photos afin de restituer le cachet de l'appartement et le soin qu'y apportait Bobi. Elle était très méticuleuse sur la propreté et très organisée, et on a cherché à conserver le style de déco propre à chaque pièce, afin qu'on ait l'impression d'être chez elle".

Enfin, la production a pu tourner dans le cabinet occupé par Watson Bryant en 1996 pour la scène où Sam Rockwell et Nina Arianda (Nadya Light) reçoivent l'appel de détresse de Richard.

L'équipe artistique a reconstitué tous les autres décors, comme la salle de rédaction où travaille Kathy Scruggs, menant systématiquement des recherches approfondies pour que l'architecture des lieux ne soit pas anachronique, puis en l'aménageant pour les besoins du film. "Quand on s'attaque à des périodes récentes, comme les années 80 et 90, le plus difficile, c'est que la plupart des spectateurs se souviennent parfaitement de ces époques – les tendances vestimentaires, les couleurs, les voitures – si bien qu'on ne peut pas faire de l'à-peu-près : il faut être précis", note Ishioka. "Par chance, mon décorateur de plateau, Ron Reiss, est un vrai pro. C'est un formidable partenaire d'une totale efficacité. Par exemple, il a aménagé le décor de l'Atlanta Journal Constitution avec des accessoires comme des fontaines à eau, des horloges de l'époque, des machines à écrire – tout ce qui permet d'ancrer notre histoire dans un espace comme celui-là. Le spectateur ne fera peut-être pas attention à chacun de ces détails, mais il remarquera l'authenticité de la scène. Nous nous sommes beaucoup documentés parce qu'on voulait témoigner un profond respect à toutes les parties prenantes à ces événements et raconter l'histoire telle qu'elle s'est déroulée. Et ça, c'est la méthode Eastwood", ajoute-t-il en souriant.

Le cinéaste reprend : "Tout était conforme à la réalité des événements. Kevin est extrêmement précis et il a fait un boulot formidable. Pendant la prépa, il ne cessait de m'envoyer des images de ce qu'il faisait pour que je me rende compte de la manière dont ça évoluait pendant que, de mon côté, je peaufinais l'intrigue. Et quand je suis arrivé à Atlanta, j'ai été émerveillé".

À l'image, le chef-opérateur Yves Bélanger a collaboré avec le cadreur/opérateur Steadicam Stephen S. Campanelli, qui travaille avec Eastwood depuis 24 ans. Le directeur photo indique qu'Eastwood ne lui a donné qu'une consigne : "'Je veux retrouver le style du film noir'", raconte-t-il. "Je lui ai que ça m'allait parce que j'aime travailler avec peu d'éclairage. Il s'agissait de fermer le diaphragme de l'objectif et de créer des contrastes, comme si c'étaient des éclairages pour du noir et blanc, mais en couleurs ! On a un peu joué avec les caméras Alexa et on a tourné en vidéo pour retrouver la qualité Betamax de l'époque, en utilisant un format 4:3, ce qui nous a facilité la tâche en postproduction pour y intégrer les images d'archives".

Les authentiques images de l'interrogatoire de Richard Jewell par le FBI ont aussi servi d'inspiration à la production. "Notre scène d'interrogatoire s'en rapproche énormément, en matière d'axes de caméra et de dialogues", précise Moore. "Clint tenait à ce que la séquence soit parfaitement conforme à la réalité pour que le spectateur qui se demande si cet interrogatoire a vraiment eu lieu – et si ces policiers ont vraiment traité Richard de cette manière – comprenne que nous n'avons pas triché : tout cela a bel et bien eu lieu. À partir du moment où on raconte une injustice subie par un être humain, il s'agit d'être d'une précision absolue. Quand on visionne l'enregistrement de l'interrogatoire d'origine, on constate que Clint en a respecté le déroulement quasiment à la lettre".

La chef-costumière Deborah Hopper s'est, elle aussi, abondamment documentée pour rester fidèle à la mode de l'époque. Par chance, sa longue collaboration avec Eastwood s'est révélée des plus utiles pour se plonger dans les années 90. "Le département Costumes de Malpaso comporte de nombreux vêtements des années 90 que j'ai amassés au fil des années", dit-elle, "si bien qu'on en empruntés quelques-uns et qu'on les a emmenés à Atlanta". Ses préférés, pourtant, proviennent de sa propre garde-robe. "Les tenues de Kathy Scruggs m'ont éclatée !", confie-t-elle. "Il y a une tenue que j'ai moi-même portée dans les années 90 : il s'agit d'un pantalon plissé taille haute en soie naturelle couleur chair, d'un chemisier de la même teinte avec des manches 'Dolman', et ma ceinture préférée. C'est un style typique de l'époque et qui, bien entendu, allait à merveille à Olivia Wilde".

Pour Watson Bryant, incarné par Sam Rockwell, Deborah Hopper ajoute : "Pour la scène de 1986, où il travaillait pour un cabinet plus important, il porte des chemises habillées et des costumes, et puis on passe à 1996, une fois qu'il a monté son propre cabinet. À ce moment-là, il porte des shorts de randonnée, un polo, des sandales Teva – le genre de tenue qu'il arbore pendant presque toute la durée du film".

Tout au long des scènes où il fait l'objet d'une enquête – et où on le voit dans son appartement – , Richard porte des tenues décontractées. Pour les passages critiques de Centennial Park, "nous avons eu l'autorisation de reproduire l'uniforme de Richard quasiment à l'identique", ajoute la chef-costumière. "Du coup, Paul Hauser porte ce que Richard Jewell et ses collègues vigiles portaient, le logo de la société de sécurité en moins".

Les séquences du parc mobilisaient des centaines de figurants que Deborah Hopper et son équipe ont dû habiller. "C'était considérable : on en avait quelque 600 par jour", dit-elle. "Sans parler des sosies des membres de Kenny Rogers et Jack Mack & the Heart Attack". 

Pour les figurants, "seuls certains d'entre eux avaient besoin des mêmes tenues en plusieurs exemplaires au cas où ils se salissaient ou se faisaient des taches de sang après l'attentat", poursuit-elle. "Pour la plupart d'entre eux, étant donné qu'on avait visionné des images de la foule au cours de nos recherches, c'étaient des tenues décontractées – on est à Atlanta en pleine période estivale, ne l'oublions pas – si bien qu'on a opté pour des robes légères, des shorts, des t-shirts, bref tout ce qu'on porte par un soir d'été".

Deborah Hopper indique que s'agissant des nombreux figurants que son équipe n'a pas habillés, "on leur a envoyé un petit document en leur précisant ce qu'ils pouvaient apporter, sans logo apparent. On a tout vérifié scrupuleusement et si l'un d'entre eux avait un style trop contemporain, on avait une réserve de vêtements pour qu'ils puissent changer de tenue ou ajouter un accessoire à leurs propres tenues".

RICHARD
Trois jours, Watson. En tout et pour tout, elle aura été fière de son fils pendant TROIS JOURS. Et maintenant, elle doit subir tout ça. C'est pas juste.

BRYANT
Vous êtes prêt à riposter ?

LE CAS RICHARD JEWELL permet de révéler la vérité d'un homme – un homme qui, au bout de 88 journées atroces – dont aucune en prison – comprend la notion de culpabilité jusqu'à preuve du contraire.

Si l'équipe du film a souhaité porter l'affaire Richard Jewell à l'écran, c'est notamment parce que sa mère, Bobbi Jewell – qui l'a soutenu au cours de ces 88 jours –, tenait à ce que l'histoire de son fils soit racontée, que son nom soit réhabilité et que ses actes héroïques soient enfin immortalisés. Quand elle a su qu'Eastwood était aux commandes du projet, et que Hauser camperait le rôle-titre, elle a été parfaitement rassurée. Son rêve allait bientôt se concrétiser.

Hauser signale : "Je pense que cette histoire est importante parce qu'on vit dans une société où chacun se prend pour un petit procureur et condamne autrui de manière expéditive avant même que les faits soient tous connus. Richard a été jugé par les médias et c'est pour ça que tout ce qu'il avait accompli dans sa vie – sa formation à l'école de police, la période où il entraînait une équipe de base-ball, sa volonté d'être un citoyen exemplaire – a été balayé avec un gros titre. C'est une vraie prise de conscience parce que, à l'heure actuelle, on n'a toujours pas vraiment réparé ces injustices. Et cela peut arriver à n'importe qui. J'espère que ce film poussera les gens à ne pas caricaturer les autres et à ne pas nier leur humanité. J'espère que ce film permettra de rendre hommage à l'humanité de Richard et à son geste courageux".

"Il suffit d'une mauvaise information, même minime, pour faire de la vie de quelqu'un un véritable cauchemar, et quand la vérité finit par éclater, personne n'est prêt à l'affronter – et c'est regrettable", conclut Eastwood. "Il n'est jamais trop tard pour rendre hommage à nos héros et je pense qu'il était grand temps de le faire. Espérons que ce film reconnaisse Richard à sa juste valeur".

Source et copyright des textes des notes de production @ Warner Bros. France

  
#LeCasRichardJewell

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