Drame/Efficace et bien mené
Réalisé par Clint Eastwood
Avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates, Jon Hamm, Olivia Wilde, Nina Arianda, Ian Gomez, Mike Pniewski...
Long-métrage Américain
Titre original : Richard Jewell
Durée : 02h10mn
Année de production : 2020
Distributeur : Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 13 décembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 19 février 2020
Résumé : En 1996, Richard Jewell fait partie de l'équipe chargée de la sécurité des Jeux d'Atlanta. Il est l'un des premiers à alerter de la présence d'une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté... de terrorisme, passant du statut de héros à celui d'homme le plus détesté des Etats-Unis. Il fut innocenté trois mois plus tard par le FBI mais sa réputation ne fut jamais complètement rétablie, sa santé étant endommagée par l'expérience.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : afin de retranscrire cette histoire vraie, le scénariste
Billy Ray s'est inspiré à la fois du travail de la journaliste Marie Brenner et
du livre écrit par Kent Alexander and Kevin Salwen intitulé "The Suspect:
An Olympic Bombing, the FBI, the Media, and Richard Jewell, the Man Caught in
the Middle". Il décide d'adopter le point de vue de l'intéressé, Richard
Jewell, et de son avocat, pour nous raconter la tourmente. Clint Eastwood a
donc choisi un nouveau cas d'étude sur les fêlures de l'Amérique en réalisant
LE CAS RICHARD JEWELL et il en explique les mécanismes parfaitement avec sa
caméra.
Les premières scènes se centrent sur la rencontre entre
Richard Jewell et son futur avocat. Elles servent à poser un contexte
relationnel. La narration débute vraiment juste après, au moment où la
retranscription des évènements qui sont à l'origine du démarrage de l'engrenage
prend forme. Clint Eastwood nous plonge alors dans son récit en nous faisant
vivre la montée en tension et la rapidité de changement d'opinion. Il fait
varier les atmosphères avec intensité. La scène de l'attentat est d'ailleurs
stressante et traumatisante tant son rendu et l'épaisseur du choc sont bien
illustrés. Le réalisateur est ainsi capable de passer d'une très forte tension
à des moments plus légers, alors que se déroule en permanence un enjeu
dramatique en toile de fond. Son film conserve toujours la même tonalité tout
en intégrant des variations qui dépendent de la personnalité des protagonistes.
Dans la seconde partie de son long-métrage, des longueurs s'installent parfois parce qu'il nous fait ressentir le poids de toute cette période d'accablement sur son protagoniste central. Notre intérêt est cependant toujours capté, car on s'attache aux personnages concernés et on veut savoir comment ils vont se sortir de cette situation. Clint Eastwood montre très franchement l'implication du FBI et des médias, en lien direct avec les manipulations et les ambitions qui posent la question du pouvoir et de son utilisation.
Dans la seconde partie de son long-métrage, des longueurs s'installent parfois parce qu'il nous fait ressentir le poids de toute cette période d'accablement sur son protagoniste central. Notre intérêt est cependant toujours capté, car on s'attache aux personnages concernés et on veut savoir comment ils vont se sortir de cette situation. Clint Eastwood montre très franchement l'implication du FBI et des médias, en lien direct avec les manipulations et les ambitions qui posent la question du pouvoir et de son utilisation.
Paul Walter Hauser interprète de manière très convaincante
Richard Jewell, un homme simple, immature mais sans mauvais fond, trop zélé,
avec des côtés fragiles, mais aussi une force de caractère inattendue.
Sam Rockwell est excellent dans le rôle de l'avocat Watson
Bryant. Il sait rendre son personnage tout à fait réaliste. Il sait être drôle
sans jamais pour autant impacter les aspects dramatiques de l'histoire ou créer
un décalage par rapport aux enjeux.
Jon Hamm est impeccable dans le rôle de l'agent du FBI Tom
Shaw et Olivia Wilde est très crédible dans celui de la journaliste Kathy
Scruggs.
Nina Arianda apporte un plus dans le rôle de Nadya grâce à
sa personnalité franche et amusante à la fois.
Crédit photos : Claire Folger & Photos Courtesy Warner Bros. Pictures
Copyright: © 2019 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
Copyright: © 2019 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
LE CAS RICHARD JEWELL traite son sujet de façon directe, en
adoptant la vision des concernés par les impacts de cette affaire. La
réalisation maîtrisée apporte du sens contextuel et un traitement performant
des sujets que ce récit aborde. On en sort secoué parce qu'il soulève des
manquements inquiétants à plusieurs niveaux et que beaucoup de malheur, et donc
de gâchis, ressort de cette affaire. C'est un film efficace et bien mené.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
BRYANT
Richard,
vous êtes désormais un héros national.
RICHARD
Merci,
m'sieur, mais je ne faisais que mon boulot.
Le
27 juillet 1996, pendant les Jeux Olympiques d’été à Atlanta, un
vigile du nom de Richard Jewell découvre un sac à dos suspect caché
derrière un banc. Très vite, on se rend compte qu’il contient un
dispositif explosif. Sans perdre une minute, il fait évacuer les
lieux et sauve plusieurs vies en limitant le nombre de blessés. Il
est acclamé en héros. Mais trois jours plus tard, la vie de ce
modeste sauveteur bascule lorsqu’il découvre, en même temps que
le monde entier, qu’il est le principal suspect de l'attentat aux
yeux du FBI.
Cette
histoire, qui évoque la trame d’un thriller à suspense, n’est
pas le fruit d’une imagination fertile : il s'agit des événements
effroyables qui se sont produits dans la vie de Richard Jewell.
Paradoxalement, alors que son acte était désintéressé, il a fait
l'objet pendant 88 jours d'une enquête poussée du FBI et a été
dans le collimateur de médias particulièrement acharnés. Il
n’avait alors aucune certitude d’être disculpé ou de voir sa
vie revenir un jour à la normale.
Interpelé
par ces faits, Clint Eastwood a souhaité porter à l'écran
l’histoire tragique de cet homme bienveillant, dont la vie a été
bouleversée par la presse et par les forces de police qu’il
idolâtrait. “On
entend souvent parler de gens puissants qui se font accuser de choses
et d’autres, mais ils ont de l’argent, ils font appel à un bon
avocat et échappent aux poursuites”,
déclare-t-il. “L’histoire
de Richard Jewell m’a intéressé parce que c’était quelqu’un
de normal, un monsieur tout-le-monde. Il n’a jamais été
poursuivi, mais il a été largement persécuté. Les gens se sont
empressés de l’accuser ; il n’a pas pu échapper à ces
accusations et pendant longtemps il est resté trop naïf et
idéaliste pour se rendre compte qu’il devait sauver sa peau”.
“C’est
pour cela que je voulais faire ce film”,
poursuit-il, “pour
réhabiliter l’honneur de Richard. C’est un homme comme les
autres, qui aspirait à devenir policier avant tout pour contribuer
au progrès de l’humanité. Le jour où il a commis un acte
héroïque, il l’a payé au prix fort et a été jeté en pâture
aux lions”.
Qu’ils
soient ou non au courant de l’innocence de Richard Jewell, la
plupart des gens continuent de l’appeler le terroriste d’Atlanta,
bien qu’il ait été innocenté. “Les
gens ne cherchent pas à comprendre”,
estime le réalisateur. “Il
ne font pas le lien avec l’arrestation du vrai terroriste six ans
plus tard, avec ses aveux et sa condamnation. J’espère que le
public en prendra conscience en voyant le film et qu’il comprendra
qu’en tant que société, nous pouvons agir autrement. Si Richard
peut nous enseigner cette leçon, tout n’est pas perdu et cela fait
déjà de lui un héros”.
Malpaso,
la société de production de Clint Eastwood, réfléchissait au
projet depuis quelques années. Le producteur Tim Moore raconte : “Je
faisais du repérage pour un autre projet à Hawaï et quand je suis
rentré, Clint m’a dit : ‘Tu ferais mieux d’enlever ta
chemise hawaïenne, on va à Atlanta pour tourner l’histoire de
Richard Jewell. C’est le moment de le faire. Cette histoire, il
faut la raconter’. Et sans transition, on s’est retrouvés à
Atlanta pour préparer le tournage’”.
La
productrice Jessica Meier ajoute : “Clint
trouvait que c’était important, car bien que cela se soit passé
il y a 20 ans, cela pourrait arriver de nouveau aujourd’hui.
N’importe qui peut se retrouver plus bas que terre en quelques
secondes, par une simple affirmation, qu’elle soit vraie ou
fausse”.
L’équipe
a mené de nombreuses recherches pour définir l’histoire qu’ils
allaient raconter sous forme de long métrage. “Il
y avait énormément d’informations”,
raconte Jessica Meier. “On
a décidé de s'attacher au point de vue de Richard et au binôme
qu’il forme avec son avocat Watson Bryant, la première personne à
le croire après sa mère. Selon nous, c’était l’angle le plus
porteur”.
Le
scénariste Billy Ray déclare : “J’ai
toujours rêvé d’écrire pour Clint Eastwood, j’imagine que tous
les scénaristes en rêvent, mais c’était particulièrement le cas
pour un film comme celui-ci car il aborde des thèmes que Clint
Eastwood a explorés pendant toute sa carrière : la justice,
les luttes de pouvoir au sein du système judiciaire américain, le
fait pour un homme ordinaire de se retrouver dans une situation
extraordinaire. Clint était l'homme de la situation”.
Billy
Ray est parti d’un article de Vanity
Fair
écrit par Marie Brenner en 1997. La journaliste était sur place
juste après le drame et elle a passé du temps avec Richard, sa mère
Bobi Jewell et son avocat Watson Bryant. Elle se souvient : “En
1996, la police était obsédée par le 'profilage', et dans la
frénésie qui devait régner au sein des bureaux de la police après
l’attentat, ils ont regardé ce brave gars un peu excentrique qui
avait trouvé la bombe et ils se sont dit : ‘C’est la
théorie du terroriste solitaire !’. Ça s’est transformé
en une chasse aux sorcières, un terme aujourd’hui galvaudé mais
qui désigne parfaitement ce qui est arrivé à Richard. Avec Bobi,
ils ont subi une pression démesurée et auraient pu craquer à tout
moment. De nos jours, la société tire très vite des conclusions
sur les gens, fondées sur leur physique ou sur les apparences, sans
chercher à voir plus loin”.
“Le
séjour que j’ai passé à Atlanta et mes rapports avec Richard ont
eu un profond impact sur moi en tant que journaliste”,
ajoute-t-elle. “C’est
rare qu’une histoire m'obsède à ce point et c’est encore plus
rare que je reste en contact avec les personnes sur lesquelles j’ai
enquêté. J’ai fini par me donner pour mission de rendre justice à
cet homme. C’est très fort de voir son histoire racontée par un
réalisateur au talent immense”.
Quand
Marie Brenner a appris que Clint Eastwood souhaitait porter cette
histoire à l'écran, elle n’en revenait pas : “J’étais
abasourdie et folle de joie. Pour moi, c’est presque inimaginable
que, 23 ans après l’attaque, une icône comme Clint Eastwood, qui
s’est maintes fois intéressé aux droits des héros invisibles de
la société, décide de raconter cette histoire-là avec le talent
qu'on lui connaît, et ainsi de rendre enfin justice à Richard et
Bobi Jewell”.
Bien
qu’il n’y ait aucune preuve à charge contre lui, Richard Jewell
correspondait au profil recherché par le FBI et il avait découvert
la bombe, ce qui lui a porté préjudice. La police l’a comparé à
d’autres criminels dans des affaires récentes. Elle a aussi appris
que Richard Jewell avait commis quelques erreurs au cours de ses
précédents emplois et a utilisé cette information contre lui.
“Tout
le monde voulait résoudre l’enquête et les différents médias et
agences de presse sont entrés en compétition les uns avec les
autres pour être les premiers à le faire”,
raconte Clint Eastwood. “Beaucoup
d’organisations de très bon niveau ont mal géré la situation
quand tout cela s’est produit. Leur dilemme était que, s’ils ne
résolvaient pas l’affaire rapidement, les Jeux Olympiques dans
leur ensemble en seraient impactés et ils perdraient les millions de
dollars investis dans les préparatifs déjà réalisés”.
Étant
donné que Richard Jewell était considéré comme un suspect, il a
été accusé en place publique et avec le recul, constate que ces
accusations n’ont jamais été officiellement retirées, même s’il
a été totalement blanchi après ces 88 jours éprouvants et les
aveux du véritable coupable.
Clint
Eastwood affirme : ‘C’est
une histoire vraie mais elle n’en est pas moins pleine de suspense
et on a envie de soutenir le protagoniste”.
Pour
incarner les rôles principaux, le réalisateur a engagé Sam
Rockwell dans le rôle de l’avocat Watson Bryant, Kathy Bates dans
celui de Bobi Jewell, Jon Hamm dans celui de Tom Shaw, l’agent du
FBI qui mène l’enquête (un personnage fictif) ; Olivia Wilde dans
celui de la journaliste Kathy Scruggs, et enfin Paul Walter Hauser
dans celui de Richard Jewell.
Je
veux vous aider les gars. Je suis de la police, tout comme vous.
LE CASTING
Dans
le film, dès l’instant où Richard est désigné comme suspect de
l’attentat dans les médias, le public suit le mouvement, bien
qu’il n'y ait qu'un faisceau de présomptions contre lui. Face à
cette situation, quiconque aurait eu le réflexe de se défendre,
mais Richard, certain de son innocence et surtout déterminé à se
fier au système judiciaire, accorde une confiance excessive à ses
accusateurs.
Paul
Walter Hauser, qui incarne le rôle-titre, déclare : “C’est
l’histoire d’un outsider d’une certaine façon. Alors que
Richard aurait voulu être policier, il est vigile et il a travaillé
pour un shérif mais sans jamais être respecté comme il l’aurait
souhaité et comme lui-même respecte l’autorité. Quand il sauve
la vie de centaines de personnes au concert de Centennial Park, tout
commence comme un moment de gloire. Il s’imagine qu’il va enfin
être respecté, mais même à ce moment-là il reste en retrait.
Puis, dans un retournement de situation tragique, sa tête se
retrouve sur le billot. Très rapidement, la situation empire car il
refuse de croire que le FBI et la police l’accusent, lui qui se
sait innocent”.
Il
poursuit : “En
tant qu’acteur, j’ai apprécié que le scénario montre l’envers
de l’enquête et la façon désastreuse dont Richard a été
traité. C’est une rédemption pour cet homme dont la vie a été
bouleversée, voire anéantie par ces circonstances tragiques”.
Paul
Walter Hauser a travaillé d’arrache-pied pour s’approprier les
mimiques et l'élocution de Richard Jewell, car il voulait lui rendre
justice, ainsi qu’à ceux qui l’ont connu. “La
production m’a donné des vidéos et des images d’archives à
visionner. Avec en plus l’article de Marie Brenner, le scénario et
ma rencontre avec Bobi et Watson, j’avais de quoi faire”,
raconte-t-il. “C’est
un privilège de rendre hommage à quelqu’un comme Richard mais il
ne s’agit pas de l’imiter : l’idée est plutôt d’évoquer ce
qu’il a été à ce moment-là et à cet endroit-là. Finalement,
j’ai simplement regardé Richard et j’ai essayé de cerner sa
voix, sa personnalité, son air de ‘bon géant’ et le fait qu’il
était un peu un bon petit soldat qui croyait fermement dans le
système. Il était pétri de bonnes intentions – on a parfois du
mal à croire que des personnes comme ça existent encore – et
c’est pour ça qu’on a envie de prendre sa défense dans la vie
et, je l’espère, également dans le film”.
Paul
Walter Hauser avait envie de raconter l’histoire du point de vue de
Richard Jewell. Il était aussi impatient d'endosser ce rôle : “J’ai
toujours rêvé de travailler avec Clint Eastwood et maintenant que
je l’ai fait, je comprends pourquoi les acteurs l’adorent. Il est
charmant, intelligent et il sait ce qu’il fait en tant que
réalisateur. Il a une vision bien définie. C’est vraiment lui le
chef, on s’en remet à lui dès qu’on a besoin d’un conseil,
d’un peu d’aide ou d’une nouvelle idée. Mais en même temps,
il nous laisse assez libre : il veut qu’on trouve le personnage
qu’on veut interpréter. Il nous fait entièrement confiance et
j’en ai été personnellement très flatté”.
Clint
Eastwood remarque : “J’ai
eu de la chance à plusieurs reprises de faire des films où tout
fonctionnait à merveille et dans le cas présent on peut dire que
Paul est né pour jouer ce rôle. C’est un acteur exceptionnel. Il
s’est effacé et a interprété Richard comme l’homme appliqué
et candide qu’il était”.
Quand
Richard se rend compte qu’il a besoin d'être défendu, il se
tourne vers le seul avcoat qu’il connaisse : Watson Bryant,
indépendant et contestataire, qu’il a rencontré lorsqu’il
s'occupait de trier le courrier dans un cabinet quelques années
auparavant. Ils ne se sont pas parlés depuis près de dix ans, mais
Watson Bryant se souvient encore de Richard comme le gentil garçon
qui lui glissait toujours des Snickers en douce.
Acteur
très recherché, Sam Rockwell interprète l’avocat au tempérament
bien trempé qui est pris au dépourvu lorsque son client est la
cible de forces qui les dépassent. Il explique : “J’ai
d’abord accepté le rôle parce que c’était un film de Clint
Eastwood. Ensuite, quand j’ai appris que Paul Walter Hauser allait
jouer Richard, j’étais ravi car je savais que c’était la bonne
personne pour le rôle. J’ai beaucoup aimé le personnage de Watson
Bryant. C’était un rôle nouveau pour moi, un personnage très
intéressant et un type profondément intelligent. Sans compter que
le scénario était fantastique”.
Sam
Rockwell s’est tout de suite intéressé au personnage et à la
relation entre Richard et lui : “Watson
est l’avocat idéal pour Richard parce qu’il représente une
figure paternelle ou une sorte de grand frère. Il y a entre eux de
l’amitié mais Watson est aussi comme un mentor pour lui et je
pense qu’en un sens cette relation est au cœur du film”.
Dans
la vraie vie, Richard a fini par s’entourer d’autres avocats,
mais Sam Rockwell rappelle : “Il
a commencé avec Watson et ils avaient noué un lien affectif très
fort. Watson était toujours celui en qui Richard et Bobi avaient
confiance”.
Watson
Bryant, qui est toujours en vie et reste proche de Bobi Jewell, a
rappelé à Sam Rockwell “un
personnage tout droit sorti d’une pièce de Tennessee Williams, une
version moderne d’un personnage du vieux sud, assez acariâtre et
véhément. Comme on le voit dans le film, il portait des bermudas et
un chapeau, pas vraiment le style costume cravate. J’ai passé
environ sept heures avec lui et sa femme quand je suis arrivé à
Atlanta ; je lui ai posé des questions et je lui ai demandé
d’enregistrer mes répliques. Cela m’a beaucoup aidé à
construire mon personnage dans le film”.
Avant
de se rendre en Géorgie, Sam Rockwell a également passé du temps
avec Paul Walter Hauser pour préparer le tournage. “Paul
et moi sommes allés ensemble à New York environ dix jours avant le
tournage. On a passé trois jours ensemble : on était inséparables
et on lisait le scénario à voix haute toute la journée. On a aussi
pris un café avec le scénariste Billy Ray pour parler de
l’histoire. Ensuite, j’ai travaillé avec ma répétitrice sur
différents accents. C’était vraiment très utile de faire tout ce
travail avec Paul parce que ça nous a permis de mieux nous
connaître, et je pense que cela se ressent à l’écran”.
Tout
comme Paul Walter Hauser, Sam Rockwell a adoré travailler avec Clint
Eastwood : “Quand
on tourne avec un réalisateur qui est aussi acteur, il se montre
souvent très compréhensif parce qu’il sait ce que c’est que
d’être devant la caméra, et à quel point cela peut être
angoissant. Clint est un directeur d’acteur incroyablement humain :
il fait totalement confiance aux comédiens et les laisse s'exprimer.
J’admire sa volonté sincère de raconter des histoires
d’injustices, de personnes sous-estimées qui se montrent à la
hauteur d'événements exceptionnels, comme Richard Jewell”.
“J’ai
toujours admiré Sam”,
déclare Clint Eastwood. “Il
arrive à s’approprier ses rôles et à en faire quelque chose de
très personnel. Je me suis dit qu’il serait formidable pour le
rôle de Watson et en effet il l’a incarné à la perfection”.
Paul
Walter Hauser était aussi fan de l’acteur depuis longtemps. Il
explique : “On
a travaillé ensemble et maintenant on est devenus amis. Ça m'a fait
drôle de tourner avec les personnes que j’admire le plus dans le
métier. Cela vaut aussi pour Kathy Bates qui a un talent incroyable.
Elle fait partie des plus grands, si bien que c’était assez
intimidant de travailler avec elle et Sam, mais ce sont des personnes
bienveillantes qui apprécient le travail d’équipe et ne vous
méprisent à aucun moment. Quand on travaille ensemble, tout devient
naturel et ça ne fait plus du tout peur”.
Paul
Walter Hauser évoque un de ses souvenirs de Kathy Bates, qui incarne
Bobi Jewell : “Quand
j’ai lu le scénario, je me suis tout de suite dit : 'ça,
c'est pour Kathy Bates ! Kathy Bates doit jouer ma mère'. Et je
me suis dit ça avant même de savoir qu’elle était dans le film !
C’était évident. Kathy est une actrice incroyable et là, elle a
vraiment mis le paquet. Elle donne au rôle une dimension toute
particulière”.
Kathy
Bates a également eu plaisir à donner la réplique à Paul Walter
Hauser : “Je
l’avais vu dans MOI, TONYA et je m’étais dit : ‘Il est
fantastique. Il est jeune, marrant et un peu grande-gueule’. Cette
fois-ci, je suis vraiment tombée amoureuse de lui. En plus, c’est
quelqu’un de bien, donc je n’ai eu aucun mal à jouer sa mère”.
Kathy
Bates a derrière elle une longue carrière qui force le respect,
mais c’est la première fois qu’elle tourne avec Clint Eastwood :
“Je
dois avouer qu’au départ, j’ai eu envie de faire le film pour
travailler avec Clint Eastwood. J’étais enchantée d’avoir enfin
une telle opportunité”
confie-t-elle. La première question qu’elle a posée à ce
réalisateur prolifique était : “Pourquoi
avez-vous voulu faire ce film ?”
et il lui a répondu que c’est un film qu’il aurait envie de
voir. “Il
a dit que c’était une tragédie que cet homme ait été si mal
traité par le FBI et qu’on lui ait tendu un piège pour l’amener
à renoncer à ses droits Miranda [droit à garder le silence, NdT].
Ça m’a sidérée. J’avais entendu parler de l’attentat mais je
n’avais pas idée à quel point la suite avait été dévastatrice
pour Richard Jewell et sa mère. Quand j’ai lu le scénario, j’ai
été horrifiée”,
déclare Kathy Bates.
Tout
comme Sam Rockwell et Walter Bryant, Kathy Bates a eu la chance de
rencontrer Bobi Jewell : “Quand
je lui ai parlé, elle m’a dit qu’elle pensait que les épreuves
de Richard avaient contribué à son décès prématuré et que cela
pouvait arriver à n’importe qui. C’est un homme qui a rêvé
toute sa vie de devenir policier et d’aider les autres. Cela lui
tenait tellement à cœur que les gens ont commencé à déformer la
réalité en disant que c’était bizarre, que c’était mal et
qu’il avait tout à fait le profil d’un tueur”.
Kathy
Bates raconte que la véritable Bobi Jewell est une vraie pile
électrique : “Elle
a maintenant plus de 80 ans mais comme c’était mon anniversaire
quand on s’est rencontrées, elle m’a fait un quatre-quarts”.
Dans
le film comme dans la vraie vie, la persécution de Richard a ôté
toute tranquillité d’esprit à Bobi. Kathy Bates explique :
“Elle
s’est assise à côté de moi sur le canapé, on a regardé le
scénario page par page et, à chaque fois, elle m’a expliqué ce
qu’elle avait ressenti à ce moment-là. Elle m’a dit ce qu’elle
avait éprouvé quand 15 ou 20 agents du FBI ont débarqué chez elle
pour fouiller son appartement : ses papiers, ses carnets et ses
journaux intimes, et même son tiroir à sous-vêtements”.
Tim
Moore déclare : “Je
crois qu’on a tous été marqués par l’idée que ce n’est pas
seulement la vie d’un individu qui a été détruite mais
aussi celle de sa mère : au lieu de pouvoir être fière de son fils
(et elle l’a été), Bobi l’a vu se faire traiter comme l’homme
le plus détesté des États-Unis. Tout le monde l’a haï sans
aucune raison”.
Pendant
un repérage à Atlanta, Tim Moore a pris contact avec Bobi Jewell et
Watson Bryant au nom de la société de production Malpaso. “Quand
je leur ai dit que ce serait un film de Clint Eastwood, ils étaient
surexcités parce qu’ils savaient que Clint saurait raconter la
véritable histoire et qu’il saurait présenter Richard comme le
héros qu’il méritait d'être”.
Clint
Eastwood avait à cœur de faciliter la rencontre entre ses acteurs
et ceux qu'ils sont censés camper : “D’une
part, je voulais aider Sam et Kathy à mieux comprendre qui ils
incarnaient”,
souligne Clint Eastwood. “Et
d’autre part, je voulais m’assurer que Bobi Jewell et Watson
Bryant étaient satisfaits de notre travail, par respect pour eux et
pour Richard, et je voulais recueillir leur avis. C’était aussi
important qu’ils rencontrent Paul Walter Hauser évidemment”.
Le
réalisateur se souvient du jour où Bobi a fait la connaissance de
l’homme qui allait jouer son fils : “Watson
Bryant et Bobi Jewell étaient présents dans le studio et notre
directeur de casting leur a présenté Paul. Ça a été un choc pour
elle car Paul ressemble beaucoup à Richard. Une fois passée cette
première impression, elle a admis que Paul serait parfait pour le
rôle”.
Bobi
Jewell se souvient précisément de ce jour-là : “Watson
et moi avons pris l’avion pour la Californie le 1er
mai. On nous a emmenés faire un tour des bureaux de Clint Eastwood.
Dans l’une des pièces, il y avait le portrait de Richard au mur,
puis ils ont amené le portrait de Paul. J’ai donné un coup à
Watson, il s’est retourné et m’a dit : ‘Mon dieu, il
ressemble tellement à Richard’. Ensuite j’ai rencontré Paul et
ça m’a fait tout drôle. J’ai compris qu’il avait beaucoup
visionné les vidéos car il avait même adopté sa démarche”.
“Ça
m’a plus intimidé de rencontrer Bobi Jewell que de rencontrer
Clint Eastwood parce qu’elle est la mère du héros de notre
histoire. Elle aurait pu se méfier de moi ou être distante”,
souligne Paul Walter Hauser. “Elle
a été tout le contraire et la seule assurance dont j’avais besoin
c’était de savoir que la mère de Richard était d’accord pour
que je joue son fils”.
Watson
Bryant, qui a également approuvé le choix de Paul Walter Hauser,
déclare : “Richard
était un gars normal qui aspirait à devenir un policier normal. Il
n’était ni Colombo, ni l'inspecteur Harry, ni même un policier de
la Crim, juste un policier de quartier qui arrête des conducteurs
ivres et aide les victimes d’accidents. C’était quelqu’un de
bien et pas du tout le genre à poser une bombe dans un parc. Paul a
fait un boulot formidable. Il a parfaitement cerné Richard et quand
je le regarde, je vois que ce n’est pas Richard mais qu’il s’en
approche beaucoup. Sa prestation a aussi beaucoup touché Bobi”.
“Avec
Sam, ils sont tous les deux géniaux, ce sont des hommes formidables
et on s’est très bien entendus”,
poursuit-il. “Le
fait que ce soient ces deux acteurs ainsi qu’un des meilleurs
réalisateurs au monde qui fassent le film, c’est tout simplement
dément. D’un côté, c’est très dur de se replonger dans cette
époque, mais de l’autre, je veux qu’on se souvienne de Richard
comme d’un héros et c’est ce qu’il mérite. Je ne pourrais pas
rêver mieux”.
L'AGENT
SHAW
On
s’intéresse toujours à celui qui a trouvé la bombe… Tout comme
on s’intéresse toujours à celui qui a trouvé le corps.
Pendant
l’enquête du FBI, Watson Bryant a eu du mal à empêcher son
client d’apporter de l’eau au moulin de la police, qui essayait
de trouver des preuves contre lui. Quand Richard explique à son
avocat qu’il a toujours été élevé dans le respect de
l’autorité, celui-ci rétorque : “Là,
les autorités essaient de te manger tout cru”.
Jon
Hamm incarne l’agent Tom Shaw du FBI. Ce n’est pas une personne
réelle mais un personnage composite, écrit à partir de plusieurs
agents présents au moment des faits. Le scénariste en a fait un
symbole du zèle de la police qui a soumis Richard à une forte
pression. Jon Hamm affirme : “Ce
que je trouve incroyable dans cette histoire, c’est qu’elle s’est
produite il y a 20 ans mais qu'elle semble toujours autant
d'actualité aujourd'hui. En 1996, quand ces événements se sont
produits, c’était assez nouveau d’avoir des infos 24h/24 et il
était encore rare que les journalistes se précipitent sur un sujet
pour sortir l’information en premier. Aujourd’hui, on vit dans
une époque où les choses se sont accélérées à l’infini :
il suffit d’une connexion internet pour dire en quelques secondes
au monde entier comment on se sent et pour que cela soit répété et
amplifié. C’est difficile dans ce contexte de garder la tête
froide. Et justement dans le film, je joue quelqu’un qui se
trompe”.
Jon
Hamm campe un personnage qui croit dur comme fer à ses hypothèses,
qui se révèlent finalement erronées, mais il nuance : “Je
connais beaucoup de gens dans la police et ils doivent souvent
travailler dans des conditions très incertaines. Ils font de leur
mieux pour réduire la liste des suspects sous la pression du public,
de la presse et des pouvoirs publics. L’information circule à
toute vitesse et dans ce cas précis, il y a un faisceau de
présomptions qui a biaisé leur opinion. La police n’a pas
forcément fait du mauvais travail, elle a fait un travail
incomplet”.
“Mon
personnage Tom Shaw se fait harceler par tout le monde, sa hiérarchie
le presse de résoudre l’affaire car les Jeux Olympiques arrivent
et on ne peut pas les annuler”,
poursuit-il. “Il
est en charge de l’affaire et subit beaucoup de pression
extérieure, c'est la course contre la montre et tout le monde lui
demande sans cesse ‘Qui est le coupable ?’. Puis voilà
qu’un homme arrive qui colle à 85% avec le profil recherché par
le FBI. Du coup, Tom Shaw se dit : ‘Voilà le coupable”
alors qu’il aurait dû se dire “Voilà ce qu’on a de mieux’”.
Le
FBI et plus particulièrement Tom Shaw déploient des efforts
insensés pour trouver des preuves concrète et confondre Richard,
mais une fois que Watson Bryant a convaincu son client d’arrêter
d’aider la police pour commencer à se défendre, ils se retrouvent
bredouille. Richard n’a jamais été accusé du crime, mais comme
le note Jon Hamm, “L’opinion
publique l’avait déjà condamné”.
Dans
le film, on découvre que le jugement hâtif du public est dû en
partie à une violation de la confidentialité de la part de Tom Shaw
qui confie des détails de l’enquête en cours avec la journaliste
Kathy Scruggs. En effet, la jeune femme, inspirée de la véritable
journaliste qui a révélé l’affaire, est à l’affût d’un
scoop. Lorsqu’elle apprend que Richard Jewell correspond au profil
du terroriste solitaire, en tant qu’homme blanc frustré de ne pas
être devenu policier et en quête d'occasion de se comporter en
héros, elle n'hésite pas deux secondes à l'idée de faire les gros
titres.
Olivia
Wilde joue le rôle de Kathy Scruggs : “L’histoire
m’a fascinée car elle raconte la tendance de notre société à
tirer des conclusions hâtives et à faire des suppositions sur les
gens quand on recherche désespérément des réponses. Quand
l’inimaginable se produit, comme par exemple cet attentat qui
intervient peu de temps après le massacre de Munich, on se met
naturellement à chercher la réponse la plus évidente. Ce n’est
pas un bon réflexe, surtout quand il s’agit du système
judiciaire”.
Olivia
Wilde explique pourquoi elle tenait tant à ce rôle : “Je
suis issue d’une famille de journalistes. Mes grands-parents, mes
parents, mes oncles et tantes, mes cousins… J’ai un immense
respect pour le courage des journalistes, pour leur capacité à
tenir tête au pouvoir et je pense que le premier amendement joue un
rôle essentiel pour notre démocratie”.
Olivia
Wilde décrit en ces termes le personnage qu’elle incarne :
“Elle
est incroyablement dynamique et nuancée, elle est culottée,
effrontée et intrépide”.
Elle s’est inspirée de son engagement en tant que journaliste :
“Elle
se dit que le public a le droit de savoir et que c’est son devoir
de raconter l’enquête qui, de son point de vue, semble fondée sur
des preuves solides”.
Jon
Hamm et Olivia Wilde jouent les “adversaires”
de Paul Walter Hauser à l’écran mais celui-ci déclare malgré
tout : “J’ai
adoré jouer avec Olivia et Jon. Ce sont des acteurs exceptionnels et
ils ont été très généreux avec moi. Ils n’ont aucun égo. Ils
ont été comme un frère et une sœur pour moi pendant le tournage”.
Pour
compléter la distribution, les auteurs ont confié le rôle de Nadya
Light, l’assistante juridique de Watson Bryant qui deviendra plus
tard sa femme, à Nina Arianda. Ian Gomez campe le partenaire de Tom
Shaw, Dan Bennet, un autre agent du FBI fictif. Enfin, Niko Nicotera
incarne David Dutchess, un ami de Richard.
Clint
Eastwood affirme : “Je
trouve que tous les acteurs ont très bien travaillé. Même ceux qui
avaient des petits rôles étaient très justes. Ils sont tous allés
faire des recherches pour compléter ce qu’on leur avait donné et
cela m’a fait plaisir car on cherchait à aller très loin dans le
réalisme”.
RICHARD
Évacuez
les lieux !
Il
y a une alerte à la bombe près de la tour.
LIEUX
DE TOURNAGE /DÉCORS/ CADRAGES / COSTUMES
Le
tournage du CAS RICHARD JEWELL s'est déroulé à l'été 2018 à
Atlanta et dans ses environs où les faits se sont déroulés. Comme
le signale le réalisateur, "quand
on raconte une histoire vraie, il faut la restituer en étant fidèle
à la réalité".
Pour
faire en sorte que le film évoque les événements avec le plus
grand réalisme, le cinéaste a fait appel à ses fidèles
collaborateurs comme le chef-opérateur Yves Bélanger, le
chef-décorateur Kevin Ishioka et le régisseur d'extérieurs Patrick
O. Mignano. Ce dernier, accompagné des producteurs, a obtenu les
autorisations de tournage sur plusieurs des sites des événements, à
commencer par Centennial Park où a eu lieu l'explosion.
Pour
redonner au parc l'allure qu'il avait en 1996, il fallait mobiliser
trois à quatre semaines en pleine saison estivale. Un vrai défi
mais, par chance, la production a pu disposer du même laps de temps
que la durée des JO d'été de 1996. Ishioka et son équipe, chargés
de reconstituer les concerts de Kenny Rogers et de Jack Mack &
the Heart Attack – sans oublier la foule – qui avaient lieu au
moment où Richard Jewell était de service, a sollicité les
conseils de Rebecca Jones, organisatrice de l'événement à
l'époque.
"Étant
donné les délais qui nous étaient impartis, avoir Rebecca comme
chef de projet à nos côtés était une bénédiction",
remarque le chef-décorateur. "En
effet, elle était parfaitement aguerrie en matière d'organisation
de ces concerts de rock".
Les
changements survenus dans la configuration des lieux au cours des
vingt dernières années ont représenté un formidable défi pour
Ishioka. "Le
parc a été redimensionné depuis ces événements, si bien qu'on a
dû procéder à pas mal d'aménagements pour concevoir le pavillon",
raconte-t-il. "La
scène a été agrandie d'environ 30 m et il a donc fallu en réduire
les dimensions. La surface de la scène où ont eu lieu les concerts
pour les besoins du film est assez proche de l'original – un
quadrilatère de 12 m sur 12, avec les éclairages et les projecteurs
LED pour éclairer les artistes".
"C'était
incroyable",
poursuit-il, "parce
qu'on avait deux moyens différents de représenter les concerts à
l'écran : la retransmission en direct de Kenny Rogers et la vidéo
en playback du véritable concert de Jack Mack & the Heart
Attack. On a installé des combos de playback pour que nos
interprètes du groupe Jack Mack puissent s'appuyer sur un repère
visuel et imiter les gestes des vrais chanteurs".
Dans
le film, la structure Son et Lumière AT&T, supervisée par
Richard, est parfaitement authentique, affirme Ishioka. "Nous
en avons conservé toutes les dimensions pour être fidèle au moment
où Richard court dans tous les sens pour alerter les spectateurs",
dit-il. "Nous
avons tout reproduit à l'identique en nous appuyant sur les plans
d'origine. Du coup, tout est conforme à la réalité".
Eastwood
a apprécié le travail de ses équipes : "Kevin,
notre directeur artistique, et tous ceux qui ont participé à la
reconstitution de Centennial Park ont réussi à lui redonner son
allure de 1996 – et je dois dire qu'ils ont fait un boulot
épatant".
"Se
retrouver à Centennial Park au moment de l'anniversaire de
l'attentat était assez dingue",
souligne Hauser. "C'était
très étrange et évocateur d'être là – et de sentir qu'on avait
une vraie responsabilité en racontant cette histoire sur les lieux
mêmes des faits. J'ai d'ailleurs consulté des photos du site le
soir de l'attentat – et il est identique au nôtre. L'équipe
a magnifiquement reconstitué ce lieu et cette époque".
Par
ailleurs, la production a réussi à obtenir l'autorisation de filmer
l'extérieur du lotissement où vivaient Bobi et Richard Jewell en
1996. En raison de l'importante mobilisation de journalistes et de
camionnettes des chaînes de télé et de l'agitation inhérente à
la séquence, la production a réquisitionné le parking du
lotissement tout entier pendant trois jours. Pour compenser la gêne
occasionnée, elle a proposé aux habitants des solutions de
stationnement alternatif et de transport au départ ou à destination
de leur logement.
L'appartement,
en revanche, a été filmé en plateau : l'équipe d'Ishioka l'a
construit en partant du plan d'origine, même si elle a dû l'adapter
un peu pour le rendre
"plus compatible avec les contraintes du cinéma", selon
les mots du décorateur. "C'est
amusant parce que tous ceux qui connaissaient l'appartement d'origine
nous disaient qu'il était beaucoup plus grand – alors qu'en
réalité, il est plus petit. Bien entendu, je me suis appuyé sur
quelques photos afin de restituer le cachet de l'appartement et le
soin qu'y apportait Bobi. Elle était très méticuleuse sur la
propreté et très organisée, et on a cherché à conserver le style
de déco propre à chaque pièce, afin qu'on ait l'impression d'être
chez elle".
Enfin,
la production a pu tourner dans le cabinet occupé par Watson Bryant
en 1996 pour la scène où Sam Rockwell et Nina Arianda (Nadya Light)
reçoivent l'appel de détresse de Richard.
L'équipe
artistique a reconstitué tous les autres décors, comme la salle de
rédaction où travaille Kathy Scruggs, menant systématiquement des
recherches approfondies pour que l'architecture des lieux ne soit pas
anachronique, puis en l'aménageant pour les besoins du film. "Quand
on s'attaque à des périodes récentes, comme les années 80 et 90,
le plus difficile, c'est que la plupart des spectateurs se
souviennent parfaitement de ces époques – les tendances
vestimentaires, les couleurs, les voitures – si bien qu'on ne peut
pas faire de l'à-peu-près : il faut être précis",
note Ishioka. "Par
chance, mon décorateur de plateau, Ron Reiss, est un vrai pro. C'est
un formidable partenaire d'une totale efficacité. Par exemple, il a
aménagé le décor de l'Atlanta
Journal Constitution
avec des accessoires comme des fontaines à eau, des horloges de
l'époque, des machines à écrire – tout ce qui permet d'ancrer
notre histoire dans un espace comme celui-là. Le spectateur ne fera
peut-être pas attention à chacun de ces détails, mais il
remarquera l'authenticité de la scène. Nous nous sommes beaucoup
documentés parce qu'on voulait témoigner un profond respect à
toutes les parties prenantes à ces événements et raconter
l'histoire telle qu'elle s'est déroulée. Et ça, c'est la méthode
Eastwood",
ajoute-t-il en souriant.
Le
cinéaste reprend : "Tout
était conforme à la réalité des événements. Kevin est
extrêmement précis et il a fait un boulot formidable. Pendant la
prépa, il ne cessait de m'envoyer des images de ce qu'il faisait
pour que je me rende compte de la manière dont ça évoluait pendant
que, de mon côté, je peaufinais l'intrigue. Et quand je suis arrivé
à Atlanta, j'ai été émerveillé".
À
l'image, le chef-opérateur Yves Bélanger a collaboré avec le
cadreur/opérateur Steadicam Stephen S. Campanelli, qui travaille
avec Eastwood depuis 24 ans. Le directeur photo indique qu'Eastwood
ne lui a donné qu'une consigne :
"'Je veux retrouver le style du film noir'", raconte-t-il.
"Je
lui ai que ça m'allait parce que j'aime travailler avec peu
d'éclairage. Il s'agissait de fermer le diaphragme de l'objectif et
de créer des contrastes, comme si c'étaient des éclairages pour du
noir et blanc, mais en couleurs ! On a un peu joué avec les caméras
Alexa et on a tourné en vidéo pour retrouver la qualité Betamax de
l'époque, en utilisant un format 4:3, ce qui nous a facilité la
tâche en postproduction pour y intégrer les images d'archives".
Les
authentiques images de l'interrogatoire de Richard Jewell par le FBI
ont aussi servi d'inspiration à la production. "Notre
scène d'interrogatoire s'en rapproche énormément, en matière
d'axes de caméra et de dialogues",
précise Moore. "Clint
tenait à ce que la séquence soit parfaitement conforme à la
réalité pour que le spectateur qui se demande si cet interrogatoire
a vraiment eu lieu – et si ces policiers ont vraiment traité
Richard de cette manière – comprenne que nous n'avons pas triché
: tout cela a bel et bien eu lieu. À partir du moment où on raconte
une injustice subie par un être humain, il s'agit d'être d'une
précision absolue. Quand on visionne l'enregistrement de
l'interrogatoire d'origine, on constate que Clint en a respecté le
déroulement quasiment à la lettre".
La
chef-costumière Deborah Hopper s'est, elle aussi, abondamment
documentée pour rester fidèle à la mode de l'époque. Par chance,
sa longue collaboration avec Eastwood s'est révélée des plus
utiles pour se plonger dans les années 90. "Le
département Costumes de Malpaso comporte de nombreux vêtements des
années 90 que j'ai amassés au fil des années",
dit-elle, "si
bien qu'on en empruntés quelques-uns et qu'on les a emmenés à
Atlanta". Ses
préférés, pourtant, proviennent de sa propre garde-robe. "Les
tenues de Kathy Scruggs m'ont éclatée !",
confie-t-elle. "Il
y a une tenue que j'ai moi-même portée dans les années 90 : il
s'agit d'un pantalon plissé taille haute en soie naturelle couleur
chair, d'un chemisier de la même teinte avec des manches 'Dolman',
et ma ceinture préférée. C'est un style typique de l'époque et
qui, bien entendu, allait à merveille à Olivia Wilde".
Pour
Watson Bryant, incarné par Sam Rockwell, Deborah Hopper ajoute :
"Pour
la scène de 1986, où il travaillait pour un cabinet plus important,
il porte des chemises habillées et des costumes, et puis on passe à
1996, une fois qu'il a monté son propre cabinet. À ce moment-là,
il porte des shorts de randonnée, un polo, des sandales Teva – le
genre de tenue qu'il arbore pendant presque toute la durée du film".
Tout
au long des scènes où il fait l'objet d'une enquête – et où on
le voit dans son appartement – , Richard porte des tenues
décontractées. Pour les passages critiques de Centennial Park,
"nous
avons eu l'autorisation de reproduire l'uniforme de Richard quasiment
à l'identique",
ajoute la chef-costumière.
"Du coup, Paul Hauser porte ce que Richard Jewell et ses
collègues vigiles portaient, le logo de la société de sécurité
en moins".
Les
séquences du parc mobilisaient des centaines de figurants que
Deborah Hopper et son équipe ont dû habiller. "C'était
considérable : on en avait quelque 600 par jour",
dit-elle. "Sans
parler des sosies des membres de Kenny Rogers et Jack Mack & the
Heart Attack".
Pour les figurants, "seuls
certains d'entre eux avaient besoin des mêmes tenues en plusieurs
exemplaires au cas où ils se salissaient ou se faisaient des taches
de sang après l'attentat",
poursuit-elle. "Pour
la plupart d'entre eux, étant donné qu'on avait visionné des
images de la foule au cours de nos recherches, c'étaient des tenues
décontractées – on est à Atlanta en pleine période estivale, ne
l'oublions pas – si bien qu'on a opté pour des robes légères,
des shorts, des t-shirts, bref tout ce qu'on porte par un soir
d'été".
Deborah
Hopper indique que s'agissant des nombreux figurants que son équipe
n'a pas habillés, "on
leur a envoyé un petit document en leur précisant ce qu'ils
pouvaient apporter, sans logo apparent. On a tout vérifié
scrupuleusement et si l'un d'entre eux avait un style trop
contemporain, on avait une réserve de vêtements pour qu'ils
puissent changer de tenue ou ajouter un accessoire à leurs propres
tenues".
RICHARD
Trois
jours, Watson. En tout et pour tout, elle aura été fière de son
fils pendant TROIS JOURS. Et maintenant, elle doit subir tout ça.
C'est pas juste.
BRYANT
Vous
êtes prêt à riposter ?
LE
CAS RICHARD JEWELL permet de révéler la vérité d'un homme – un
homme qui, au bout de 88 journées atroces – dont aucune en prison
– comprend la notion de culpabilité jusqu'à preuve du contraire.
Si
l'équipe du film a souhaité porter l'affaire Richard Jewell à
l'écran, c'est notamment parce que sa mère, Bobbi Jewell – qui
l'a soutenu au cours de ces 88 jours –, tenait à ce que l'histoire
de son fils soit racontée, que son nom soit réhabilité et que ses
actes héroïques soient enfin immortalisés. Quand elle a su
qu'Eastwood était aux commandes du projet, et que Hauser camperait
le rôle-titre, elle a été parfaitement rassurée. Son rêve allait
bientôt se concrétiser.
Hauser
signale : "Je
pense que cette histoire est importante parce qu'on vit dans une
société où chacun se prend pour un petit procureur et condamne
autrui de manière expéditive avant même que les faits soient tous
connus. Richard a été jugé par les médias et c'est pour ça que
tout ce qu'il avait accompli dans sa vie – sa formation à l'école
de police, la période où il entraînait une équipe de base-ball,
sa volonté d'être un citoyen exemplaire – a été balayé avec un
gros titre. C'est une vraie prise de conscience parce que, à l'heure
actuelle, on n'a toujours pas vraiment réparé ces injustices. Et
cela peut arriver à n'importe qui. J'espère que ce film poussera
les gens à ne pas caricaturer les autres et à ne pas nier leur
humanité. J'espère que ce film permettra de rendre hommage à
l'humanité de Richard et à son geste courageux".
"Il
suffit d'une mauvaise information, même minime, pour faire de la vie
de quelqu'un un véritable cauchemar, et quand la vérité finit par
éclater, personne n'est prêt à l'affronter – et c'est
regrettable",
conclut Eastwood. "Il
n'est jamais trop tard pour rendre hommage à nos héros et je pense
qu'il était grand temps de le faire. Espérons que ce film
reconnaisse Richard à sa juste valeur".
Source et copyright des textes des notes de production @ Warner Bros. France
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