vendredi 29 novembre 2019

IT MUST BE HEAVEN


Comédie/Drame/Une proposition originale, mais qui laisse le spectateur trop perplexe

Réalisé par Elia Suleiman
Avec Elia Suleiman, Gael García Bernal, Tarik Kopty, Kareem Ghneim, Ali Suliman, Yasmine Haj, Nael Kanj, Asmaa Azai, Grégoire Colin, Vincent Maraval...

Long-métrage Français/Qatarien/Allemand/Canadien/Turc/Palestinien
Durée: 01h42mn
Année de production: 2019
Distributeur: Le Pacte

Date de sortie sur nos écrans : 4 décembre 2019 


Résumé : ES fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil, avant de réaliser que son pays d'origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d'une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l'absurde. Aussi loin qu'il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie.

Un conte burlesque explorant l'identité, la nationalité et l'appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir " chez soi " ?

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : le réalisateur Elia Suleiman nous propose une expérience cinématographique décalée avec son IT MUST BE HEAVEN qui était présenté en compétition au Festival de Cannes 2019. Le fait qu’il veuille sortir des codes narratifs habituels de la comédie afin d’y insuffler une personnalité particulière est tout à fait appréciable et louable. 

Elia Suleiman est un réalisateur palestinien qui dédit son film à la Palestine alors que son film ne parle pas vraiment de la Palestine dans le fond, ce qui est certainement un pied de nez par rapport à ce qu'on attend de lui en général. Il utilise l’humour comme vecteur de communication. Il se pose comme héros de cette aventure dans laquelle il est sans cesse spectateur. Dans cette histoire, il ne traverse pas la vie, c’est la vie qui le traverse. Il se met en scène dans son propre rôle donc, fort bien au demeurant, dans une suite de petites scènes dans trois pays différents. Le but est certainement de passer non pas un message, mais une multitude de messages. Le souci est que ce n’est pas clair, ni sur le contenu de ce que l’on doit en déduire, ni sur la globalité de l’idée exposée. 





On se retrouve donc à regarder une personne en train d’observer de micro- événements sans vraiment être sûr de ce qu’il veut nous transmettre comme information à chaque fois. Les scènes sont parfois drôles, ou bien croquée, il y a de l’imagination et souvent une volonté d’appuyer le trait à la limite du burlesque. On finit par se demander s’il ne fantasme pas les moments, pris entre un onirisme latent et une réalité qui dépasse peut-être parfois la fiction. On se dit aussi qu’on aimerait bien monter à bord de son train de pensée pour l’accompagner dans son voyage intérieur, mais on reste désespérément au bord de la route comme des auto-stoppeurs délaissés par un conducteur trop rêveur. 

Bien qu’un brin longuet, son IT MUST BE HEAVEN n’est pas désagréable, mais il laisse un peu trop perplexe pour en faire un film qu’on conseille de voir sur grand écran.

Copyright photos @ Rectangle productions Nazira films Pallas film Possibles Media Zeyno film
Source photos et affiches @ Le Pacte

NOTES DE PRODUCTION

NOTE D’INTENTION
L’homme qui trouve sa patrie douce n’est qu’un tendre débutant ;
celui pour qui chaque sol est comme le sien propre est déjà fort ;
mais celui-là seul est parfait pour qui le monde entier est comme un pays étranger.
Le tendre a fixé son amour en un seul point du monde ;
le fort a étendu son amour à tous ;
le parfait a anéanti le sien.

Hugues de Saint-Victor (12ème siècle)
Où s’envolent les oiseaux après le dernier ciel ?
Mahmoud Darwich
Si dans mes précédents films, la Palestine pouvait s’apparenter à un microcosme du monde, mon nouveau film, It Must Be Heaven, tente de présenter le monde comme un microcosme de la Palestine.

It Must Be Heaven donne à voir des situations ordinaires de la vie quotidienne d’individus vivant à travers le monde dans un climat de tensions géopolitiques planétaires. La violence qui surgit en un point est tout à fait comparable à celle qui s’observe ailleurs. Les images et les sons qui véhiculent cette violence ou cette tension imprègnent tous les centres du monde, et non plus seulement, comme autrefois, quelques coins reculés du monde. Les checkpoints se retrouvent dans les aéroports et les centres commerciaux de tous les pays. Les sirènes de police et les alarmes de sécurité ne sont plus intermittentes mais constantes.

Plutôt que de se focaliser sur une vision d’ensemble, du type de celles dont les médias n’ont de cesse de nous abreuver, faites de généralisations, d’occultations et de falsifications, ce film se penche sur des instants banals, décalés, restant habituellement hors-champ. Par là même, il s’immisce dans l’intime, le tendre, le touchant. Des histoires humaines et personnelles qui, par un processus d’identification, posent question et suscitent de l’espoir.

Comme dans mes précédents films, il y a peu de dialogues. Ce qui est dit est plutôt de l’ordre d’un monologue visant à insuffler du rythme et de la musicalité. Le récit se tisse par un montage subliminal, des scènes s’articulant autour de mouvements chorégraphiques ; un burlesque tiré de l’univers de l’absurde ; des images ouvrant à la poésie du silence qui est au cœur du langage cinématographique.

Elia Suleiman

Source et copyright des textes des notes de production @ Le Pacte

  
#ItMustBeHeaven

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