jeudi 28 novembre 2019

CLUB JOKERS #8 - FREAKS & PIFFF


FREAKS & PIFFF

Pour le huitième CLUB JOKERS, le 28 novembre 2019, The Jokers nous ont proposé de (re)découvrir FREAKS sur grand écran et de débattre sur « C’est quoi, organiser un festival de film indépendant ? Pourquoi ne pas plutôt ouvrir une paillote en Corse ? » avec Fausto Fasulo et Cyril Despontin, organisateurs du PIFFF.



Avant la projection, nous avons fait la connaissance de Cyril Despontin et Fausto Fasulo, organisateurs du PIFFF, où le film avait remporté trois prix l’année dernière. 

Tous ceux qui ont découvert FREAKS en festival se sont demandés quand ce petit film indépendant américain, qui a pris la forme d'un coup de cœur général et qui a remporté des prix partout où il est passé, allait sortir au cinéma. Finalement, c'est en vidéo qu'il va sortir en janvier 2020, ce qui est une bonne nouvelle, car cela permettra à tous de pouvoir le voir.

Mon avis sur FREAKS que j'avais découvert pendant le festival UTOPIALES en 2018 est ici.

Un film de Zach Lipovsky et Adam B. Stein
Avec Emile Hirsch, Lexy Kolker, Bruce Dern, Amanda Crew, Grace Park, Matty Finochio... 

En Blu-ray, DVD et VOD • 8 JANVIER 2020


Résumé : Chloé a 7 ans et n’a jamais vu la lumière du jour. Son père la maintient à l’écart du monde extérieur, ne cessant de lui répéter qu’elle est différente, et que tout ce qui se trouve de l’autre côté de la porte d’entrée représente une menace. C’est en bravant tous les interdits que Chloé va pouvoir découvrir la vérité sur sa condition.

Bande-annonce (VOSTFR)


À propos du film (Source : The Jokers)

POUVOIRS SURNATURELS OU IMAGINATION DÉBORDANTE ?

À la frontière entre le film de super-héros, le huis-clos, le film d’épouvante et la science-fiction, Freaks surprend par son regard porté à hauteur d’enfant.

Un choix tout à fait justifié pour le duo de réalisateurs / scénaristes Zach Lipovsky et Adam B.Stein : « En grandissant, les enfants ont une vision particulière du monde. Ils ne font pas vraiment la différence entre la réalité et la fiction. En prenant le point de vue de Chloé dans le film, nous avons placé le spectateur dans sa position. Ce qui le pousse à s’interroger au fur et à mesure de l’histoire sur la réalité de ce qu’il observe. »

Le genre même du film évolue au gré des émotions de Chloé pour révéler petit à petit la réalité du monde qui l'entoure.

Pour incarner cette toute jeune héroïne, les réalisateurs ont fait appel à Lexy Kolker , une actrice de 7 ans à la maturité étonnante. A ses côtés, Emile Hirsch (Once upon a time in Hollywood, Into the wild) dans le rôle du père (sur)protecteur et Bruce Dern (Les Huit salopards, Nebraska) dans celui de l’étrange marchand de glace.

LES MUTANTS SONT PARMI NOUS

A la fois film de genre et réflexion sur la différence et la parentalité, Freaks a déjà séduit de nombreux spectateurs lors des 40 festivals qu’il a parcouru à travers le monde.

En France, le film a remporté le Prix du Jury aux Utopiales (Nantes) et surtout le "triplé gagnant" au PIFFF l’an dernier : Œil d’or long-métrage, Prix des lecteurs Mad Movies, Prix Ciné+ Frisson – en présence des réalisateurs et de leur comédienne venus tout spécialement des Etats-Unis pour l’occasion !







Zach Lipovsky et Adam B. Stein • Réalisateurs / Scénaristes / Producteurs


Ils se rencontrent lors de l’enregistrement de l’émission On the lot, un programme de télé-réalité produit par Steven Spielberg visant à révéler de nouveaux metteurs en scène.

Après la coréalisation du court-métrage Itsy Bitsy Spider (2012), de plusieurs épisodes des séries Ingress Obsessed (2014) et Mech-X4 (2016-2018), ils signent Freaks, leur 1er long-métrage en tant que producteurs, scénaristes et réalisateurs.

Ils viennent de terminer pour Disney l’adaptation en prises de vues réelles de la série animée Kim Possible.

DVD

Blu-Ray

SUPPLÉMENTS
> Commentaire audio des réalisateurs
> Making of (20 min.)

Langues : Anglais / Français • Sous-titres : français

Image : 16/9 - 2.39 - Couleur

Son Blu-ray : DTS-HD Master Audio 5.1

Son DVD : Dolby Digital 5.1

Durée Blu-ray : 1h46 • Durée DVD : 1h42

Interdit aux moins de 12 ans

Prix de vente conseillés : Blu-ray : 19,99€ • DVD : 14,99€

Edité par LONESOME BEAR



LE DÉBAT

« C’est quoi, organiser un festival de film indépendant ? Pourquoi ne pas plutôt ouvrir une paillote en Corse ? »

Cyril Despontin et Fausto Fasulo, organisateurs du PIFFF, était donc présent pour répondre à nos questions sur le PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival), dont la 9ème édition approche.


La conversation a débuté par la question : comment démarre-t-on un festival ?
Cyril a raconté les débuts. À la base, il avait créé un festival à Lyon. En venant à Paris, il en a parlé à Fausto et en en discutant en juin, ils ont réussi à en monter un en novembre la même année. Ils avaient trouvé le nom PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival). C'est une association association loi 1901, à laquelle participent plein de gens qui viennent des métiers du cinéma. Un festival de genre fantastique, à l'époque, il n'y en avait pas.

Fausto a enchaîné en expliquant que chez Mad Movies, ils avaient essayé de faire des séances de minuit, mais qu'il n'y avait pas de spectateurs. Donc l'envie de créer un vrai événement dédié était là et ils avaient un bon contact avec le Gaumont Opéra capucines. Les salles étaient parfaites, mais il était difficile de réserver tout le ciné pour eux. Ils avaient tout de même réussi à réserver une partie du cinéma au festival, cela permettait à certains clients du cinéma de découvrir le festival de cette façon. Mais ils avaient envie de faire un événement spécifique dans un lieu unique, ils ont donc changé de cinéma. Ils ont fait évoluer le festival pour montrer de plus en plus de film et lui faire prendre ainsi de l'ampleur.

Sur la question de la sélection des films, ils ont expliqué qu'ils voient 600 films pour en sortir 21. Certains pays sont compliqués pour avoir les films, d'autres moins. Depuis 3 ans, ils ont une équipe qui vont voir plein de films et ils se font confiance pour choisir des pépites. Mais ils en voient beaucoup de mauvais aussi. Et puis, il y a aussi des longs-métrages qu'ils ne peuvent pas avoir parce qu'ils sont montrés dans d'autres festivals. Ils ont déjà eu un film d'ouverture qui a été annulé à la dernière minute. Il y a aussi les majors (studios américains) qui disent parfois non ou oui au dernier moment ce qui peut influencer le catalogue. Ils avaient eu le cas avec GET OUT notamment, le oui est arrivé après l'impression du catalogue et ils ont dû recommencer les impressions.

Ils doivent gérer la préparation de 21 films d'un coup. Ils sont tous bénévoles et travaillent dessus en plus de leur travail, c'est donc vraiment de la passion.

Le PIFFF dure une semaine cette année. Comment la programmation s'organise-t-elle ? En général, ils prévoient une avant-première à 14h et une le soir avec un film de patrimoine entre les deux. Le public souvent reste pour les trois films du coup. Les longs-métrages les plus attendus sont programmés le soir et le week-end. Le dimanche matin, ils passent un film assez cool et sympa pour attirer les spectateurs. Parfois ce sont les durées de film qui font le programme. Il y a beaucoup de sujets logistiques à gérer.

La grille du programme est une première vie du festival à chaque édition, puis vient le catalogue et voir les spectateurs qui sortent contents des séances est une vraie récompense pour ces passionnés qui aiment le cinéma de genre et veulent le partager.

Gérer la communication signifie annoncer une vague de 10 films fin septembre/début octobre, puis annoncer les films cultes, des invités, le jury, et enfin le site est lancé et tout le programme est en ligne.

Pour le financement, les bénévoles ne sont pas payés. Des partenaires privés aident pour la logistique, le catalogue, les billets d'avion, les chambres d'hôtel... Dès qu'ils ont un peu de sous, ils investissent dans le festival. Le budget représente 20 000 euros. Cette année, c'est la première fois que la Mairie de Paris les aide après 9 ans de festival, cela montre bien que le festival a grandi.

Leur but est d'avoir l'air d'un festival professionnel pour les spectateurs.

Plus le festival grossit et plus des films veulent être présents. Même si certains sont payants, les films gratuits permettent de mettre un peu de budget sur ceux qu'ils veulent vraiment.

Cyril a un profil dynamique, il embarque les talents avec lui pour faire le festival, pourtant c'est parfois dur face à tout le travail à faire en peu de temps, comme les sous-titres par exemple.

Ce qui fait un bon festival, c'est la sélection et il y a des années sans grand nom. Cette année, il y a plein de bons films de premier réalisateur. Il veulent vraiment faire de la qualité, même si de ce fait ils font un festival plus petit avec une trentaine de séances.

Selon Fausto, avant le comité de visionnage, c'était compliqué, notamment les cinq premières années, parce qu'ils n’étaient que deux pour tout faire. En anecdote, il y a eu un délire expansionniste à la seconde édition. À l'époque le financement venait de Mad Movies. Le festival est passé de 4 à 10 jours entre la première et la seconde édition. Pour la seconde édition, la soirée d'ouverture s'est faite au Dernier Bar Avant La Fin Du Monde qui a été en partie privatisé. Ils avaient aussi loué deux navettes pour transporter les invités. Tout cela a été arrêté par la suite. À la première édition, ils ont monté un jury international grâce à des contacts. Donc à la deuxième édition, ils se sont dit que ce serait aussi facile, mais ça n'a pas été le cas. Le second jury a fini par être franco-français pour limiter les frais, mais ils ont invité toutes les personnalités possibles en une fois. Alors, les années suivantes, ils ont abandonnée l'idée. Dès la troisième édition, ils ont limité le jury aux courts métrages avec des personnalités du cinéma et du monde artistique en général.

Pour eux, par expérience, mieux vaut mettre le budget sur les invités qui viennent présenter leur film.
Le prix du public est l'équivalent d'un grand prix pour un festival populaire.

Il n'y pas beaucoup de films de genre en France, donc il n'est pas toujours évident d'en avoir. Cette année, il y a deux documentaires français, mais pas de films.

Gagner un prix dans un festival n'est pas forcément synonyme de succès en salle. La Palme d'or, les Oscar et le César du meilleur film attirent le public. Pour le reste, les prix ont peu d'impact financier, c'est plus une question d'aura.

Au PIFFF, ils peuvent encore passer des films d'horreur qui tâchent, à l'ancienne.
Des films sans distributeur au départ peuvent trouver ensuite des distributeurs grâce au festival, c'est déjà arrivé.

Depuis deux ans, ils ont mis en place un prix des lecteurs de Mad Movies. Le jury est recruté via les réseaux sociaux du magazine. L'idée est d'avoir un jury incarné au yeux du public. Ceux qui sont intéressés pour en faire partie doivent faire une lettre de motivation avec deux critiques contenant un nombre de signes défini. Ils sélectionnent trois personnes qui les ont marqués par leur point de vue par exemple.

Les nuits cinéma ne fonctionnent pas dans le cadre du festival. Ils ont essayé à plusieurs reprises, mais le public ne suit pas. C'est très fatigant physiquement pour les organisateurs et il n'y a pas assez de spectateurs dans la salle. Mais ils sont toujours tentés, notamment avec des nuits patrimoines, mais cela n'a pas de succès.

À propos de FREAKS (qui a été projeté pendant le PIFFF en 2018), ils nous ont raconté que les deux réalisateurs du film, Zach Lipovsky et Adam B. Stein, se sont rencontrés six ans avant la réalisation du film. Ils ont parlé de leurs échecs successifs et ont décidé de faire une oeuvre très dense. La jeune actrice, qui tient le rôle principal, était venue au PIFFF et elle était vraiment impressionnante, autant que dans FREAKS. Les réalisateurs maîtrisaient vraiment les effets spéciaux et ils ont trouvé un super cast pour transmettre l'histoire. Ils étaient présents au PIFFF et étaient vraiment touchés d'avoir reçu le prix du public et le prix des lecteurs de Mad Movies. Ils voulaient donner du corps et du sens à leur vision, malgré un petit budget (deux ou trois millions de dollars) comparé aux budgets habituels des films américains.

Pour conclure, ils ont donné des conseils pour se lancer dans un festival : il faut du bon sens et commencer avec une soirée ou un week-end et si ça mort auprès du public, il faut persévérer. Il faut trouver des films à passer en avant première et compléter avec des films de patrimoine.



Merci à The Jokers et aux invités Cyril Despontin et Fausto Fasulo pour ce moment cinématographique et de partage très sympathique !

  
#ClubJokers

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