Aventure/Drame/Un film à découvrir pour son histoire, sa réalisation et son duo d'acteurs principaux
Réalisé par Michael Noer
Avec Charlie Hunnam, Rami Malek, Eve Hewson, Tommy Flanagan, Roland Møller, Michael Socha, Yorick Van Wageningen, Nina Senicar, Ian Beattie...
Long-métrage Américain
Durée : 01h57mn
Année de production : 2017
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie sur les écrans américains : 24 août 2018
Date de sortie sur nos écrans : 15 août 2018
Résumé : Henri Charrière, dit "Papillon", malfrat de petite envergure des bas-fonds du Paris des années 30, est condamné à la prison à vie pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Il est envoyé sur l'île du Diable, en Guyane. Il va faire la connaissance de Louis Dega qui, en échange de sa protection, va aider Papillon à tenter de s'échapper...
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : ce PAPILLON version 2018 sait voler de ses propres ailes. Il convainc. Le scénario est basé sur celui de son aîné éponyme de 1973, donc il n'y a rien à redire sur ce front puisque l'histoire nous plonge dans l'enfer carcéral d'un centre pénitencier situé en Guyane en nous montrant tous les aspects horribles des conditions de détention de l'époque. Il dépeint surtout le destin d'un homme lié à ce pénitencier ainsi que sa loyauté en amitié vis-à-vis d'un autre prisonnier dont les chances de survie sont si réduites qu'il se met au défi, intéressé au départ, de le protéger. Le réalisateur, Michael Noer, réussit à mettre en scène les différents lieux du film en leurs donnant des personnalités propres qui s'inscrivent en continuité avec la narration des événements. Son long-métrage est donc bien équilibré et agréable à regarder parce qu'on suit l'évolution des situations et de la psychologie des personnages de façon logique. Les décors et les costumes apportent leur part de crédibilité à l'ensemble. La Guyane est moins un personnage à part entière que dans la version de 1973, où la chaleur et la crasse en faisait un bourreau de plus. Cependant, dans ce film, les conditions de vie des prisonniers sont clairement établies tout de même.
Une des grandes réussites de ce PAPILLON est son duo d'acteurs principaux. Charlie Hunnam interprète Henri „Papillon“ Charrière. L'acteur fait une performance physique et sur ce point il assure sur tous les aspects du changement de son personnage. Mais en plus, il apporte un mélange de force de caractère et de vulnérabilité à Papillon qui le rendent attachant.
De son côté, Rami Malek interprète Louis Dega. Il sait doser le décalage entre l'intelligence et l'inadaptation totale de son protagoniste à cet environnement pour le moins hostile. On comprend pourquoi Papillon s'attache à Louis.
Le duo fonctionne très bien et à partir du moment où leur sort nous tient à cœur, alors le film nous tient pour nous entraîner dans cette aventure qui ne manque ni de rythme, ni de moments durs.
L'histoire de PAPILLON dénonce toujours avec autant d'efficacité les erreurs judiciaires, les conditions carcérales et les tortures physiques et psychologiques qui y sont pratiquées. Pour les jeunes qui n'ont pas forcément envie de voir des films qui datent à leurs yeux, le destin d'Henri Charrière mérite d'être à nouveau découvert, car il parle de volonté, de résilience, d'amitié et de violence inutile avec franchise. Toute la souffrance est parfois difficile à supporter, mais le réalisateur ne verse jamais dans le larmoyant et nous raconte une amitié et une histoire de survie qui nous touche. Si vous ne connaissez pas PAPILLON, n'hésitez pas à aller à sa rencontre en allant voir ce film au cinéma.
Une des grandes réussites de ce PAPILLON est son duo d'acteurs principaux. Charlie Hunnam interprète Henri „Papillon“ Charrière. L'acteur fait une performance physique et sur ce point il assure sur tous les aspects du changement de son personnage. Mais en plus, il apporte un mélange de force de caractère et de vulnérabilité à Papillon qui le rendent attachant.
De son côté, Rami Malek interprète Louis Dega. Il sait doser le décalage entre l'intelligence et l'inadaptation totale de son protagoniste à cet environnement pour le moins hostile. On comprend pourquoi Papillon s'attache à Louis.
Le duo fonctionne très bien et à partir du moment où leur sort nous tient à cœur, alors le film nous tient pour nous entraîner dans cette aventure qui ne manque ni de rythme, ni de moments durs.
L'histoire de PAPILLON dénonce toujours avec autant d'efficacité les erreurs judiciaires, les conditions carcérales et les tortures physiques et psychologiques qui y sont pratiquées. Pour les jeunes qui n'ont pas forcément envie de voir des films qui datent à leurs yeux, le destin d'Henri Charrière mérite d'être à nouveau découvert, car il parle de volonté, de résilience, d'amitié et de violence inutile avec franchise. Toute la souffrance est parfois difficile à supporter, mais le réalisateur ne verse jamais dans le larmoyant et nous raconte une amitié et une histoire de survie qui nous touche. Si vous ne connaissez pas PAPILLON, n'hésitez pas à aller à sa rencontre en allant voir ce film au cinéma.
Copyright photos @ Metropolitan Filmexport
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Les histoires vraies de détenus ont
souvent donné lieu à des films captivants. De JE SUIS UN ÉVADÉ
(1932) de Mervyn LeRoy au PRISONNIER D'ALCATRAZ (1962) de John
Frankenheimer et à AU NOM DU PÈRE (1993) de Jim Sheridan, le public
a toujours vibré au rythme des récits authentiques de prisonniers
tentant de survivre malgré la violence du milieu carcéral.
Mais dans le genre, c'est sans doute
PAPILLON (1973) de Franklin J. Schaffner, avec Steve McQueen et
Dustin Hoffman, qui a le plus fasciné les spectateurs : triomphe
commercial, ce film s'inspire des mémoires de Henri Charrière,
voleur français accusé à tort de meurtre et condamné aux travaux
forcés à perpétuité au bagne de Guyane en 1931.
Ponctué de détails atroces sur l'un
des pires environnements au monde, l'ouvrage autobiographique de
Charrière est devenu un best-seller mondial dès sa parution en 1969
et reste un classique du genre.
Le producteur Joey McFarland souhaitait
porter à l'écran une nouvelle adaptation cinématographique du
livre depuis longtemps. "La version de 1973 était l'un de mes
films préférés quand j'étais gamin et je l'ai vu des dizaines de
fois", se remémore-t-il. "Mais dans le même temps, je me
disais qu'on pouvait faire découvrir cette histoire à une la
génération actuelle grâce à une nouvelle adaptation".
Producteur du LOUP DE WALL STREET et
producteur exécutif des BRASIERS DE LA COLÈRE, McFarland admet que
son projet était sujet à polémique. "Dès qu'on s'attaque au
remake d'un classique, la plus grande difficulté consiste à se
démarquer de l'original sans trahir l'intrigue", reconnaît-il.
Il s'est alors rendu compte que le
mieux était de revenir à l'œuvre littéraire de Charrière et de
s'attacher à brosser un portrait plus complet du célèbre voleur de
bijoux : "Il a en réalité écrit deux romans, 'Papillon' et la
suite, 'Banco', qui retrace sa vie à Paris, puis au Venezuela, avant
et après son incarcération", reprend McFarland. "Du coup,
on souhaitait davantage évoquer tout un parcours que se focaliser
uniquement sur l'évasion. On a fini par puiser dans ses livres des
éléments nouveaux qui n'avaient pas été abordés jusque-là".
Pour autant, la nouvelle version
reprend certaines situations qui avaient contribué à la popularité
du film de Schaffner. "On lui rend hommage à bien des égards,
mais dans le même temps on adopte une vision plus contemporaine qui
parlera davantage à un public actuel", explique McFarland.
DU SCÉNARIO À LA MISE EN SCÈNE
Dès que McFarland a acquis les droits
d'adaptation, il s'est mis en quête d'un scénariste capable de
transposer les romans de Charrière. "On a rencontré plusieurs
scénaristes à Hollywood et on a eu la chance de tomber sur Aaron
Guzikowski", note le producteur. "Non seulement il était
aussi emballé que nous par l'intrigue, mais son style est d'une
grande richesse. En outre, il avait lu le premier ouvrage de
Charrière quand il était plus jeune. On était certains d'avoir
déniché le partenaire qu'il nous fallait".
Guzikowski s'est sans doute fait
connaître pour avoir écrit le script de PRISONERS (2013) de Denis
Villeneuve. Retraçant le calvaire d'un père dont la fille a été
kidnappée, PRISONERS a été classé parmi les dix meilleurs films
de l'année de sa sortie.
"Dans PRISONERS, Aaron a su mêler
émotion, suspense et humour, ce qui n'est pas évident",
témoigne McFarland. "Grâce à cette dimension humoristique,
les rapports entre les deux protagonistes ont évolué de manière
très naturelle".
Pour mettre en scène un film aussi
chargé en émotions que PAPILLON, McFarland savait qu'il lui fallait
un réalisateur à même d'éviter le glamour hollywoodien et de
privilégier un réalisme sans concession. Le cinéaste danois
Michael Noer correspondait à ses exigences. "Michael a insufflé
une formidable âpreté au film, mais il est aussi très attaché à
la psychologie des personnages", souligne le producteur.
Documentariste primé dont le premier
long métrage, R, se passait également en prison, Noer devait
trouver un difficile équilibre : "On voulait réaliser un film
spectaculaire qui ménage des scènes plus intimes et réalistes, et
c'est parfois très complexe d'y parvenir", confie McFarland.
"Mais on savait que Michael était à même de respecter ces
deux exigences – et on ne s'était pas trompés".
Même si l'histoire se déroule entre
1931 et 1945, Noer a notamment été séduit par l'actualité de ses
thèmes.
"Malheureusement, PAPILLON est
toujours actuel car de nombreux hommes et femmes sont incarcérés
dans des conditions épouvantables, et qu'on a recours à l'isolement
comme moyen de torture", relève le réalisateur. "C'est le
cas dans le monde entier, si bien que ce qui m'a intéressé dans ce
projet, c'était la possibilité d'aborder ce sujet dans un contexte
historique, tout en montrant qu'il est extrêmement actuel".
Noer souhaitait aussi montrer comment
les détenus s'en sortent en milieu carcéral pour rester en vie. "Ce
qui m'a également intéressé, ce sont les masques que les hommes
doivent porter en prison pour résister aux longues périodes
d'incarcération", reprend-il. "Derrière ces murs, on n'a
pas d'autre choix que de jouer un rôle pour ne pas montrer sa
faiblesse. À cet égard, la prison est un peu comme une scène de
théâtre".
Au-delà de ses résonances
sociologiques, PAPILLON offrait à Noer la possibilité d'explorer le
parcours de deux protagonistes particulièrement charismatiques.
"Même si j'aime les films de prison, ce projet me permettait de
m'attacher à un tandem de personnages magnifiques. Ils ont noué une
relation très forte qui s'est encore renforcée dans les conditions
atroces de détention de la Guyane".
C'est cette densité émotionnelle qui
reste l'un des aspects du film préférés du réalisateur. "En
apparence, il s'agit d'une aventure captivante", dit-il. "Mais
pour moi, il s'agit surtout de la relation entre Papillon et Dega
qui, au départ, se haïssent, mais qui ont totalement besoin l'un de
l'autre vers la fin de l'histoire".
Contrairement à McFarland qui connaît
très bien la version de 1973, Noer a délibérément évité de
visionner le film d'origine pendant la préparation.
"Ce film s'inspire essentiellement
des ouvrages de Charrière", commente-t-il. "Plusieurs
passages sont tirés du film d'origine, mais je me suis dit que le
pire aurait été de voir la première version. Du coup, pour rester
aussi libre que possible, je ne l'ai pas regardé. J'ai préféré
relire les livres que j'avais découverts quand j'étais tout jeune".
"Quand j'ai entendu parler de ce
projet la première fois, c'est d'abord le nom d'Aaron Guzikowski qui
m'a séduit", ajoute-t-il. "J'avais adoré PRISONERS, si
bien que c'était un bonheur de collaborer avec l'une des personnes
que j'admire le plus à Hollywood à l'heure actuelle".
LE CASTING
Charlie Hunnam, connu pour avoir
interprété Jax teller dans la série SONS OF ANARCHY, s'est imposé
dans le rôle-titre. "En réfléchissant au casting, Charlie
correspondait à tous nos critères", déclare McFarland. "Il
est plus proche de l'âge du véritable Henri Charrière à l'époque
de son incarcération que ne l'était Steve McQueen, si bien qu'il
incarne une version plus juvénile – et donc plus authentique –
du personnage ".
Dès leur première rencontre,
McFarland était convaincu d'avoir trouvé "son" Papillon :
"Charlie est un comédien féroce et un véritable mâle
dominant", assure le producteur. "Il est intrépide
lorsqu'il s'attaque à un rôle, et quand on l'a rencontré, il nous
a tout simplement époustouflés. Au bout du compte, il a su faire de
Papillon un être de chair et de sang".
Si Hunnam a accepté un rôle aussi
exigeant, c'est parce qu'il y voyait l'occasion de tourner sous la
direction de Noer. "C'est la présence de Michael qui m'a
convaincu de faire ce film", affirme le comédien. "Je suis
fan de son travail depuis longtemps, et j'avais très envie de
travailler avec lui. Du coup, quand il a évoqué la possibilité de
mettre en scène une nouvelle adaptation des ouvrages de Charrière,
je ne pouvais qu'accepter".
Même s'il n'avait pas vu le film
depuis plusieurs années, la version de Schaffner l'avait marqué
enfant et reste l'un des meilleurs souvenirs de cinéma de Hunnam.
"C'est un film qui a beaucoup compté pour moi quand j'étais
jeune", dit-il. "Je l'ai souvent vu et j'ai lu le livre au
moins deux fois. D'ailleurs, j'ai d'abord refusé le rôle. Mais je
ne pouvais plus m'empêcher d'y repenser par la suite. Par chance,
Michael m'a recontacté et m'a demandé si on pouvait passer deux
heures ensemble".
Finalement, les deux hommes ont discuté
pendant près de 15 heures et Noer a réussi à convaincre Hunnam
d'accepter le rôle. "Il m'a démontré que ce ne serait pas un
remake", reprend l'acteur. "Au contraire, il souhaitait
signer une adaptation résolument nouvelle et libre de l'ouvrage. On
a passé la journée ensemble et il était évident qu'on allait
tourner ce film".
Malgré les encouragements du
réalisateur, Hunnam a d'abord été intimidé à l'idée de
reprendre un rôle rendu célèbre par l'une des plus grandes stars
hollywoodiennes : "À certains égards, c'était une aventure
risquée", reconnaît-il. "Steve McQueen avait été
merveilleux dans ce rôle. Il ne s'agissait donc pas d'être en
rivalité avec lui. C'est l'un des plus grands acteurs – et les
plus cool – de tous les temps. Du coup, pour nous approprier le
sujet et nous sentir libres, on s'est dit, avec Michael, que le
premier film n'avait jamais existé !"
Pour Hunnam, le parcours de
documentariste de Noer explique la touche de réalisme du film. "Il
a une approche anthropologique de la narration", raconte Hunnam.
"Il est très observateur et il aime les moments inattendus où
il se passe quelque chose qu'on n'avait pas prévu. On a tourné de
longues scènes d'improvisation qui se sont retrouvées dans le
montage final".
RAMI ET PERSONNE D'AUTRE !
Pour le rôle de Louis Dega, faussaire
timide, la production recherchait un acteur dont la présence à
l'écran tranche avec la figure imposante de Hunnam.
"J'ai rencontré plusieurs
comédiens à Hollywood et ils étaient tous formidables, mais Rami
Malek m'a particulièrement intrigué", confie le réalisateur.
"Quand on s'est vus, on était tous les deux un peu nerveux,
mais j'ai vraiment eu un coup de foudre. Sa vulnérabilité et
l'ambiguïté et l'émotion qui se dégagent de son regard sont
extraordinaires".
McFarland renchérit : "Rami est
incroyablement doué. Il insuffle une bonne dose d'humour au
personnage et a un sens du rythme sidérant. Pour autant, on n'oublie
jamais, grâce à son jeu, que Louis Dega n'a pas été, lui,
injustement condamné à la réclusion car c'était un vrai
criminel".
Si l'ensemble des collaborateurs de
PAPILLON souhaitaient confier le rôle à Malek, il a bien failli ne
pas pouvoir faire le film en raison de son emploi du temps bien
rempli : "Il y avait des incompatibilités d'agenda, si bien
qu'il n'a pas pu se libérer facilement", explique Hunnam. "Mais
j'avais le sentiment qu'il nous fallait Rami et personne d'autre !"
Lorsqu'il s'est avéré que Malek
risquait bien de ne pas être disponible, Hunnam l'a contacté
directement : "On a d'abord bien cru qu'il ne pourrait pas se
libérer", dit-il. "Du coup, je l'ai appelé et je lui ai
dit : 'Mon pote, tiens le cap ! Je sais que ça va le faire !'
Le plus drôle, c'est qu'à ce
moment-là on ne se connaissait pas très bien et que je lui mettais
vraiment la pression. Mais par chance, il s'est rangé à mes
arguments".
Comme d'autres, Malek avait une
affection particulière pour le livre. "Je l'avais adoré quand
j'étais gamin", note-t-il. "Et j'ai souvent vu le film à
la maison avec mes parents. Il m'avait beaucoup marqué et je me suis
donc dit que faire une nouvelle adaptation était un projet
enthousiasmant".
Se réapproprier un rôle rendu célèbre
par Dustin Hoffman était un sacré défi, mais Malek a souhaité le
relever en renforçant les motivations profondes de Dega : "J'adore
l'interprétation de Hoffman", dit-il. "C'est un rôle
mythique si bien qu'il fallait absolument se démarquer de son jeu.
J'ai cherché à en faire un personnage un peu plus malin et moins
instable. J'ai adoré jouer sur son côté futé et sa capacité de
survie, à l'instar d'une termite !"
Outre le roman de Charrière, Malek a
lu "Guillotine sèche" de l'ancien détenu René Belbenoît
qui dépeint avec force la vie sur l'île du Diable. "C'était
un véritable enfer sur Terre, et pas seulement en prison",
relate Malek. "Les maladies étaient endémiques et les gens
mouraient du paludisme. Beaucoup de détenus ne sont jamais revenus
chez eux, qu'ils purgent leur peine jusqu'au bout ou pas".
Louis Dega est sans doute le personnage
le plus haut en couleurs du film. "Tout le monde pourra se
reconnaître en lui parce qu'il se retrouve dans un lieu étrange
dont il ne connaît rien", analyse Malek. "On l'a envoyé
dans l'un des pires endroits au monde et il a dû se battre pour
survivre".
LES CONTRAIRES S'ATTIRENT
Difficile d'imaginer deux acteurs au
physique et au jeu plus dissemblables que Charlie Hunnam et Rami
Malek. C'est justement ce contraste saisissant qui en fait un tandem
parfait pour PAPILLON : "Par bien des aspects, ils sont aux
antipodes l'un de l'autre et c'est grâce à ça que leur relation
évolue tout au long du film", indique McFarland.
Noer acquiesce : "Quand on engage
deux comédiens, on ne peut pas présumer de la manière dont ils
vont s'entendre. On ne peut qu'espérer que l'alchimie fonctionnera,
et même si certains pourront objecter que Charlie et Rami forment un
duo étrange, ils se mettent très bien en valeur mutuellement !
C'est l'un des aspects dont je suis le plus fier".
Les deux acteurs se sont très bien
entendus dès leur première rencontre : ils discutaient jusque tard
dans la nuit pour savoir comment se pousser dans leurs retranchements
pour raconter l'histoire d'une manière inédite. "La relation
entre nos personnages est un moteur essentiel de l'intrigue",
souligne Malek. "Si l'alchimie ne prenait pas, le film ne
pourrait pas être aussi réussi. On a donc passé pas mal de temps
tous les deux pour nourrir cette complicité. Au final, on a appris
comment chacun de nous fonctionnait et on a su se faire rire
mutuellement. On ne s'est pas ménagé et on est devenus d'excellents
amis. Je resterai proche de Charlie toute ma vie".
Si Malek a été impressionné par de
nombreux aspects de la personnalité de Hunnam, c'est surtout
l'intense préparation psychologique qui l'a le plus marqué :
"Charlie est un garçon qui réfléchit énormément avant de
prendre une décision et qui se plonge dans la psychologie du
personnage", note, admiratif, Malek. "Il cherche vraiment à
mettre en valeur toutes les facettes du rôle. Dans PAPILLON, il
campe un personnage qui peut aussi craquer. Non seulement
physiquement, mais aussi mentalement. C'est ce qu'il s'est efforcé
de mettre en lumière".
PAS UNE PETITE CHOSE DÉLICATE !
Pour Nénette, mystérieuse prostituée
qui flirte avec Papillon avant sa condamnation, la production a
choisi la comédienne irlandaise Eve Hewson. "Nénette est un
personnage magnifique et grâce à Eve, tous les spectateurs vont
l'adorer", note McFarland. "Elle a abordé le rôle avec
grâce et élégance".
Connue pour sa participation à la
série THE KNICK, Eve Hewson possède une beauté atemporelle qui
convient parfaitement à un film d'époque comme PAPILLON. "Ce
n'est pas un hasard si Eve a souvent joué dans des films en
costumes, et d'ailleurs c'est devenu un sujet de plaisanterie chez
elle", déclare McFarland.
Hunnam, qui a plusieurs scènes d'amour
avec la comédienne au début du film, a été ébloui par son talent
et son charme nonchalant : "C'est un tourbillon d'énergie et
d'audace", note-t-il. "Je suis parfois très franc et il
m'arrive de prendre les choses trop au sérieux, et dès le premier
jour, elle ne m'a pas loupé ! On s'est bien marrés ensemble".
Plutôt que d'en faire une âme en
peine au sort tragique, Eve Hewson a choisi de camper le personnage
avec vivacité. "Elle est futée et intéressante dans sa
manière d'aborder ses ambitions et ses rêves", déclare la
comédienne. "Ce n'est pas une pauvre petite chose fragile.
C'est une battante et c'est ce que j'adore chez elle".
Pour donner à Nénette un air
mystérieux, Noer a suggéré que le personnage soit une
prestidigitatrice de génie capable de faire les poches de son
entourage sans être vue. "C'était un élément très amusant
de l'histoire", remarque la comédienne. "J'ai appris
plusieurs tours de magie auprès d'un magicien serbe du nom d'Igor.
Il m'a initiée à pas mal de choses passionnantes au cours de
séances d'entraînement".
Si Nénette n'est pas condamnée pour
ses délits, Eve Hewson estime que le personnage se sent malgré tout
captive. "Nénette et Papillon sont complices, comme l'étaient
Bonnie et Clyde", dit-elle. "Elle aspire à quitter Paris
car elle ne veut plus faire le trottoir. Elle ne cherche qu'à s'en
sortir, et c'est cohérent par rapport à la thématique générale
du film. Pour Papillon, survivre revient à s'évader de prison. Mais
pour Nénette, sa prison, c'est sa condition de prostituée".
IMMERSION TOTALE
Pour évoquer avec la plus grande
exactitude le calvaire subi par Charrière au cours de ses années de
cachot, Hunnam s'est soumis à une métamorphose physique des plus
éprouvantes. Résultat : l'incarnation d'une souffrance inimaginable
qui suscitera l'émotion la plus vive des spectateurs. "Cette
expérience a été une immersion totale", se remémore le
comédien. "Je n'ai eu aucun temps de repos. On travaillait 16
heures par jour, sept jours sur sept, tout au long du tournage. Mais
c'est ce que j'aime".
Hunnam est habitué aux transformations
physiques pour les besoins d'un rôle. "J'ai tourné deux films
d'affilée nécessitant que je perde pas mal de poids", dit-il.
"Pour PAPILLON, on a tourné dans la continuité autant que
possible afin de faciliter la perde de poids. Il se passe quelque
chose d'étrange quand on perd 18 kg en dix semaines : on est
beaucoup plus concentré".
Travailler la faim au ventre est très
difficile, mais par chance il avait un partenaire avec qui partager
cette épreuve : "Avec Rami, on s'est affamés brutalement, et
c'est le genre d'expérience qui soude les gens très vite",
affirme-t-il. "Ce n'est pas évident d'avoir faim en permanence
et de refuser d'écouter son instinct qui vous pousse à manger".
Pour que les scènes de cachot soient
réalistes, Hunnam et Noer ont choisi de simuler l'expérience sur le
plateau : "Charlie a passé pas mal de temps, seul, dans une
cellule", commente Noer. "Il ne pouvait pas en repartir
sans autorisation. C'est devenu un tournage éprouvant
psychologiquement. Ces scènes de cachot étaient une forme
d'expérience anthropologique qui donnait à Charlie un aperçu de ce
que pouvait être le cachot".
Pour bien se représenter la solitude
dans un silence total pendant plusieurs jours, l'acteur est resté
dans une cellule pendant cinq jours sans parler, ni manger. C'est la
privation d'eau qui a été le plus difficile à vivre. "C'était
très dur de ne pas avoir d'eau", dit-il. "Je n'avais que
deux petites bouteilles pendant ces cinq jours sans nourriture. C'est
devenu un peu dingue et très éprouvant sur un plan émotionnel.
J'ai même pleuré une ou deux fois quand je me suis retrouvé seul".
LA CRÉATION DE L'ENFER
Pour McFarland, il est apparu très en
amont que l'un des personnages principaux n'était autre que la
colonie française de la Guyane. Décrit avec réalisme par Charrière
dans ses ouvrages, ce lieu cauchemardesque devait être reconstitué
dans ses moindres détails pour marquer le spectateur. La production
a fait appel à un chef-décorateur capable de mêler envergure et
réalisme à ses réalisations.
"On a ainsi sollicité Tom Meyer",
déclare McFarland. "C'est une voix qui compte aujourd'hui dans
son domaine et il a bâti des décors complexes d'une grande
richesse".
Après avoir récemment construit des
décors pour des films de science-fiction à gros budget, Meyer était
intrigué par les aspects historiques de PAPILLON. "Le projet
était d'autant plus intéressant qu'il s'inspire d'une histoire
vraie", dit-il. "C'est le genre de films qui m'attire.
J'aime les aventures humaines dans lesquelles le spectateur peut se
projeter".
Meyer et son équipe ont reconstitué
la prison de Charrière de A à Z. "Nos artisans ont construit
tout un univers gigantesque qui a permis aux comédiens d'avoir un
environnement concret dans lequel se repérer", signale le
chef-décorateur. "C'était un univers en dur, à 360°, si bien
que les acteurs ont pu croire qu'il s'agissait d'un monde réel".
Pour se documenter, Meyer a consulté
des photos et des films d'archives tournés en Guyane française. "Ce
qui est extraordinaire, c'est qu'il existe pas mal de documents
d'archives sur le sujet", dit-il. "Les historiens ont
beaucoup écrit sur ces colonies pénitentiaires, si bien que j'ai pu
m'appuyer sur bon nombre de références pour étudier la structure
architecturale des bâtiments de la prison".
À bien des égards, la colonie
pénitentiaire dépeinte par Charrière ressemble à une sorte
d'enfer sur Terre dantesque. "Pour le bagne de Guyane, on
voulait que le lieu soit proprement terrifiant", rapporte Meyer.
"Il ne s'agit pas d'un camp de vacances au cœur de la jungle !
C'était un endroit très dur qui a existé pendant plus de 80 ans.
Du coup, pour raconter cette histoire de manière convaincante, on a
dû créer un décor aussi effrayant que le bagne lui-même".
En dehors de la colonie pénitentiaire,
Meyer a également conçu d'autres prisons aperçues dans PAPILLON.
"Au total, j'ai sans doute créé cinq univers carcéraux pour
les besoins du film dont chacun avait sa propre personnalité",
dit-il. "Par exemple, la prison parisienne dans laquelle
Papillon est envoyé est très différente de la prison flottante qui
l'emmène en Guyane. Et celle-ci est très différente du bagne au
cœur de la jungle. Chacune a son propre style".
Pour la prison flottante, Meyer s'est
inspiré d'une source plutôt inattendue. "Je souhaitais que ce
navire évoque l'histoire de Jonas et la baleine",
explique-t-il. "Je tenais à ce qu'on ressente un effet de
confinement, comme si on était dans le ventre d'une bête. Il
fallait que le lieu soit cauchemardesque et humide, oppressant,
sombre et terrifiant. Quand Papillon et ses compagnons d'infortune
échouent sur la plage au bout du voyage en mer, ils ont comme un
sentiment de renaissance. C'était mon but en imaginant cette prison
flottante".
La construction ultra-réaliste de
Meyer a produit ses effets sur les acteurs : "Ces décors
étaient époustouflants", s'enthousiasme Hunnam. "J'ai
travaillé sur des productions d'ampleur différente au fil de ma
carrière, et je n'avais jamais connu des décors aussi
gigantesques".
Malek acquiesce : "Ce sont des
décors phénoménaux. La prison flottante était d'un réalisme
inouï. Elle était sombre, il y avait des traces de graisse partout,
et on voyait des incendies en arrière-plan. J'ai éprouvé un
profond sentiment de claustrophobie. Même s'il faisait froid sur le
plateau, on transpirait quand même à l'intérieur du bateau".
UNE CAMÉRA TRÈS LIBRE
McFarland appréciait depuis longtemps
le travail du chef-opérateur Hagen Bogdanski. "Il a un regard
formidable et il a éclairé des films importants", dit-il. "Il
a d'abord été photographe, et il a un talent incroyable pour la
composition et la lumière. Il a une manière très intime de
travailler qui correspondait bien à notre film".
Issu du documentaire, Noer savait
précisément comment éclairer le film et il a travaillé en étroite
collaboration avec Bogdanski pour atteindre son objectif. "J'ai
toujours le sentiment qu'il faut libérer la caméra autant que
possible", dit-il. "En libérant la caméra, on libère les
personnages".
Bogdanski était plus qu'heureux
d'adopter le style fluide de Noer. "Michael a vraiment
l'habitude d'improviser en tournant caméra à l'épaule",
déclare le chef-opérateur. "Du coup, on a utilisé une
Steadicam parce que cet outil permet de rester au plus près de
Papillon et de raconter l'histoire à travers son regard. C'est un
dispositif que j'adore, mais il est particulièrement important quand
on a affaire à un personnage aussi fort. Le but était de voir le
monde à travers ses yeux. Du coup, le choix de la caméra à
l'épaule et de la Steadicam était judicieux pour ce périple
émotionnel".
DES COSTUMES ÉLOQUENTS
C'est la chef-costumière d'origine
serbe Bojana Nikitovic qui s'est vu confier la mission d'habiller
l'imposante armada de détenus. Perfectionniste et passionnée de
recherches historiques, la costumière a aussitôt été séduite à
l'idée de reconstituer le style et l'allure des prisonniers du bagne
de Guyane.
"Je savais que ça allait être un
projet très complexe, mais l'histoire était absolument
fantastique", dit-elle. "Dès que je me suis plongée dans
cette époque et que j'ai découvert le véritable Papillon, je ne
pouvais plus refuser une telle proposition".
Bojana Nikitovic a ainsi consulté
énormément d'ouvrages et de photos. "J'ai regardé tous les
documentaires sur cette prison, et j'ai lu beaucoup d'ouvrages la
concernant", précise-t-elle. "C'était extraordinaire car
j'ai découvert un site et une époque dont je ne savais rien avant
de m'engager dans ce projet".
Comme la plupart des photos d'archives
ont été prises au cours de visites d'importants dignitaires, les
prisonniers y portent des tenues étonnamment à la mode ! "Dans
la grande majorité de ces clichés, on peut imaginer que les
gardiens avaient rasé les prisonniers, les avaient lavés et
habillés dans des uniformes en meilleur état que leurs tenues
habituelles", dit-elle. "Ils ont tous l'air soigné sur ces
photos, mais on se rend quand même compte que leur vie était très
dure".
Autre défi de taille : le nombre
impressionnant d'acteurs à habiller. "Au total, je crois qu'on
devait habiller environ 5000 figurants, peut-être même davantage",
poursuitelle. "On a dû fabriquer les tenues de prisonniers
nous-mêmes, à la main, et la plupart d'entre elles devaient avoir
l'air abîmées ou en piteux état. Le plus difficile a été de nous
procurer la bonne quantité de tissu".
DES PAYSAGES INCOMPARABLES
PAPILLON se déroule à Paris et dans
la jungle de Guyane, mais lorsque McFarland et son équipe ont entamé
leurs repérages, ils ont découvert les sites qu'ils recherchaient
en Europe de l'Est et à Malte.
"On s'est rendu aux quatre coins
du monde et on a fini par tourner en Serbie et au Monténégro, mais
aussi à Malte pour les scènes nécessitant des réservoirs d'eau",
indique le producteur. "C'était complexe de tourner en décors
naturels, mais le résultat à l'image est incomparable".
En Serbie, la production a pu compter
sur une formidable équipe d'artistes, techniciens et artisans qui
ont reconstitué les ruelles sombres de Paris dans le centre-ville de
Belgrade. Selon Malek, le résultat est d'une telle authenticité que
même les habitants de la ville ont été stupéfaits. "Un jour,
je me souviens que la production installait le Moulin Rouge dans une
petite rue", dit-il. "Les gamins du coin n'en revenaient
pas qu'une production hollywoodienne puisse transformer leur quartier
en si peu de temps".
La colonie pénitentiaire a été
reconstituée dans une région montagneuse enclavée du Monténégro.
"On n'aurait pas pu choisir un site plus préservé ou un
paysage plus beau pour ce film", s'enthousiasme McFarland. "À
partir de notre décor, on pouvait tourner dans quelque direction que
ce soit sans avoir besoin de recourir au numérique".
Comme c'est souvent le cas dans les
tournages en décors réels, la météo a parfois contraint la
production à improviser. "La boue était un vrai problème au
Monténégro, et c'était épuisant pour les acteurs et les
techniciens", ajoute-t-il. "Mais on a considéré que cela
faisait partie de l'environnement naturel, et je crois que
l'authenticité du film en a bénéficié. Au bout du compte, la boue
a obligé les comédiens à réagir spontanément à ces conditions
éprouvantes".
Pour le redoutable périple en mer, la
production s'est installée sur l'île de Malte réputée pour son
immense réservoir. "C'était un choix formidable, à la fois
sur le plan de l'infrastructure et de la qualité des paysages",
note McFarland. "On y trouve l'un des plus grands bassins
d'Europe, ce qui nous a permis d'avoir des plans larges de l'océan
qu'on n'aurait pas obtenus ailleurs".
Par ailleurs, la cascade finale,
époustouflante, été tournée sur le littoral de Malte. LA
PUGNACITÉ DE L'ÊTRE HUMAIN
Bien que l'histoire de Charrière soit
considérée comme l'un des récits d'évasion les plus palpitants de
tous les temps, Noer estime qu'il transcende les codes du genre. "Ce
film ne se contente pas d'évoquer les tentatives d'évasion de l'île
du Diable", ditil. "Il parle de la volonté de fuir son
passé et ses démons intérieurs. Pour moi, c'est là le véritable
intérêt de PAPILLON".
Malek acquiesce : "Pour
l'essentiel, il s'agit d'une quête d'identité. Ces deux amis
improbables deviennent si proches qu'une véritable affection se noue
entre eux", ditil. "Et grâce à ces liens d'affection, non
seulement ils se comprennent mutuellement, mais ils apprennent à se
connaître eux-mêmes".
Selon Eve Hewson, chacun pourra se
reconnaître dans le périple émotionnel que décrit le film :
"D'une certaine façon, il s'agit d'un récit initiatique",
dit-elle. "Au départ, Papillon est un jeune homme ambitieux et
égocentré et change radicalement au cours du film. Le spectateur
s'identifie facilement à un personnage qui s'engage dans une
aventure et en sort transformé".
Pour Hunnam, PAPILLON réunit tous les
ingrédients d'un film de prison intense… sans oublier un élément
essentiel : l'humanité. "Il y a beaucoup de scènes de pure
action et de suspense, mais il s'agit surtout d'une belle histoire
d'amitié", conclut-il. "Le film raconte l'histoire
d'hommes qui font preuve de bienveillance les uns envers les autres
dans un environnement particulièrement hostile et violent, et
PAPILLON rend hommage à la pugnacité de l'être humain".
#Papillon

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