samedi 11 août 2018

PAPILLON


Aventure/Drame/Un film à découvrir pour son histoire, sa réalisation et son duo d'acteurs principaux

Réalisé par Michael Noer
Avec Charlie Hunnam, Rami Malek, Eve Hewson, Tommy Flanagan, Roland Møller, Michael Socha, Yorick Van Wageningen, Nina Senicar, Ian Beattie...

Long-métrage Américain
Durée : 01h57mn
Année de production : 2017
Distributeur : Metropolitan FilmExport 

Date de sortie sur les écrans américains : 24 août 2018
Date de sortie sur nos écrans : 15 août 2018


Résumé : Henri Charrière, dit "Papillon", malfrat de petite envergure des bas-fonds du Paris des années 30, est condamné à la prison à vie pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Il est envoyé sur l'île du Diable, en Guyane. Il va faire la connaissance de Louis Dega qui, en échange de sa protection, va aider Papillon à tenter de s'échapper...

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : ce PAPILLON version 2018 sait voler de ses propres ailes. Il convainc. Le scénario est basé sur celui de son aîné éponyme de 1973, donc il n'y a rien à redire sur ce front puisque l'histoire nous plonge dans l'enfer carcéral d'un centre pénitencier situé en Guyane en nous montrant tous les aspects horribles des conditions de détention de l'époque. Il dépeint surtout le destin d'un homme lié à ce pénitencier ainsi que sa loyauté en amitié vis-à-vis d'un autre prisonnier dont les chances de survie sont si réduites qu'il se met au défi, intéressé au départ, de le protéger. Le réalisateur, Michael Noer, réussit à mettre en scène les différents lieux du film en leurs donnant des personnalités propres qui s'inscrivent en continuité avec la narration des événements. Son long-métrage est donc bien équilibré et agréable à regarder parce qu'on suit l'évolution des situations et de la psychologie des personnages de façon logique. Les décors et les costumes apportent leur part de crédibilité à l'ensemble. La Guyane est moins un personnage à part entière que dans la version de 1973, où la chaleur et la crasse en faisait un bourreau de plus. Cependant, dans ce film, les conditions de vie des prisonniers sont clairement établies tout de même.

Une des grandes réussites de ce PAPILLON est son duo d'acteurs principaux. Charlie Hunnam interprète Henri „Papillon“ Charrière. L'acteur fait une performance physique et sur ce point il assure sur tous les aspects du changement de son personnage. Mais en plus, il apporte un mélange de force de caractère et de vulnérabilité à Papillon qui le rendent attachant.



De son côté, Rami Malek interprète Louis Dega. Il sait doser le décalage entre l'intelligence et l'inadaptation totale de son protagoniste à cet environnement pour le moins hostile. On comprend pourquoi Papillon s'attache à Louis.



Le duo fonctionne très bien et à partir du moment où leur sort nous tient à cœur, alors le film nous tient pour nous entraîner dans cette aventure qui ne manque ni de rythme, ni de moments durs.

L'histoire de PAPILLON dénonce toujours avec autant d'efficacité les erreurs judiciaires, les conditions carcérales et les tortures physiques et psychologiques qui y sont pratiquées. Pour les jeunes qui n'ont pas forcément envie de voir des films qui datent à leurs yeux, le destin d'Henri Charrière mérite d'être à nouveau découvert, car il parle de volonté, de résilience, d'amitié et de violence inutile avec franchise. Toute la souffrance est parfois difficile à supporter, mais le réalisateur ne verse jamais dans le larmoyant et nous raconte une amitié et une histoire de survie qui nous touche. Si vous ne connaissez pas PAPILLON, n'hésitez pas à aller à sa rencontre en allant voir ce film au cinéma. 

Copyright photos @ Metropolitan Filmexport

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Les histoires vraies de détenus ont souvent donné lieu à des films captivants. De JE SUIS UN ÉVADÉ (1932) de Mervyn LeRoy au PRISONNIER D'ALCATRAZ (1962) de John Frankenheimer et à AU NOM DU PÈRE (1993) de Jim Sheridan, le public a toujours vibré au rythme des récits authentiques de prisonniers tentant de survivre malgré la violence du milieu carcéral.

Mais dans le genre, c'est sans doute PAPILLON (1973) de Franklin J. Schaffner, avec Steve McQueen et Dustin Hoffman, qui a le plus fasciné les spectateurs : triomphe commercial, ce film s'inspire des mémoires de Henri Charrière, voleur français accusé à tort de meurtre et condamné aux travaux forcés à perpétuité au bagne de Guyane en 1931.

Ponctué de détails atroces sur l'un des pires environnements au monde, l'ouvrage autobiographique de Charrière est devenu un best-seller mondial dès sa parution en 1969 et reste un classique du genre.

Le producteur Joey McFarland souhaitait porter à l'écran une nouvelle adaptation cinématographique du livre depuis longtemps. "La version de 1973 était l'un de mes films préférés quand j'étais gamin et je l'ai vu des dizaines de fois", se remémore-t-il. "Mais dans le même temps, je me disais qu'on pouvait faire découvrir cette histoire à une la génération actuelle grâce à une nouvelle adaptation".

Producteur du LOUP DE WALL STREET et producteur exécutif des BRASIERS DE LA COLÈRE, McFarland admet que son projet était sujet à polémique. "Dès qu'on s'attaque au remake d'un classique, la plus grande difficulté consiste à se démarquer de l'original sans trahir l'intrigue", reconnaît-il.

Il s'est alors rendu compte que le mieux était de revenir à l'œuvre littéraire de Charrière et de s'attacher à brosser un portrait plus complet du célèbre voleur de bijoux : "Il a en réalité écrit deux romans, 'Papillon' et la suite, 'Banco', qui retrace sa vie à Paris, puis au Venezuela, avant et après son incarcération", reprend McFarland. "Du coup, on souhaitait davantage évoquer tout un parcours que se focaliser uniquement sur l'évasion. On a fini par puiser dans ses livres des éléments nouveaux qui n'avaient pas été abordés jusque-là".

Pour autant, la nouvelle version reprend certaines situations qui avaient contribué à la popularité du film de Schaffner. "On lui rend hommage à bien des égards, mais dans le même temps on adopte une vision plus contemporaine qui parlera davantage à un public actuel", explique McFarland.

DU SCÉNARIO À LA MISE EN SCÈNE

Dès que McFarland a acquis les droits d'adaptation, il s'est mis en quête d'un scénariste capable de transposer les romans de Charrière. "On a rencontré plusieurs scénaristes à Hollywood et on a eu la chance de tomber sur Aaron Guzikowski", note le producteur. "Non seulement il était aussi emballé que nous par l'intrigue, mais son style est d'une grande richesse. En outre, il avait lu le premier ouvrage de Charrière quand il était plus jeune. On était certains d'avoir déniché le partenaire qu'il nous fallait".

Guzikowski s'est sans doute fait connaître pour avoir écrit le script de PRISONERS (2013) de Denis Villeneuve. Retraçant le calvaire d'un père dont la fille a été kidnappée, PRISONERS a été classé parmi les dix meilleurs films de l'année de sa sortie.

"Dans PRISONERS, Aaron a su mêler émotion, suspense et humour, ce qui n'est pas évident", témoigne McFarland. "Grâce à cette dimension humoristique, les rapports entre les deux protagonistes ont évolué de manière très naturelle".

Pour mettre en scène un film aussi chargé en émotions que PAPILLON, McFarland savait qu'il lui fallait un réalisateur à même d'éviter le glamour hollywoodien et de privilégier un réalisme sans concession. Le cinéaste danois Michael Noer correspondait à ses exigences. "Michael a insufflé une formidable âpreté au film, mais il est aussi très attaché à la psychologie des personnages", souligne le producteur.

Documentariste primé dont le premier long métrage, R, se passait également en prison, Noer devait trouver un difficile équilibre : "On voulait réaliser un film spectaculaire qui ménage des scènes plus intimes et réalistes, et c'est parfois très complexe d'y parvenir", confie McFarland. "Mais on savait que Michael était à même de respecter ces deux exigences – et on ne s'était pas trompés".

Même si l'histoire se déroule entre 1931 et 1945, Noer a notamment été séduit par l'actualité de ses thèmes.

"Malheureusement, PAPILLON est toujours actuel car de nombreux hommes et femmes sont incarcérés dans des conditions épouvantables, et qu'on a recours à l'isolement comme moyen de torture", relève le réalisateur. "C'est le cas dans le monde entier, si bien que ce qui m'a intéressé dans ce projet, c'était la possibilité d'aborder ce sujet dans un contexte historique, tout en montrant qu'il est extrêmement actuel".

Noer souhaitait aussi montrer comment les détenus s'en sortent en milieu carcéral pour rester en vie. "Ce qui m'a également intéressé, ce sont les masques que les hommes doivent porter en prison pour résister aux longues périodes d'incarcération", reprend-il. "Derrière ces murs, on n'a pas d'autre choix que de jouer un rôle pour ne pas montrer sa faiblesse. À cet égard, la prison est un peu comme une scène de théâtre".

Au-delà de ses résonances sociologiques, PAPILLON offrait à Noer la possibilité d'explorer le parcours de deux protagonistes particulièrement charismatiques. "Même si j'aime les films de prison, ce projet me permettait de m'attacher à un tandem de personnages magnifiques. Ils ont noué une relation très forte qui s'est encore renforcée dans les conditions atroces de détention de la Guyane".

C'est cette densité émotionnelle qui reste l'un des aspects du film préférés du réalisateur. "En apparence, il s'agit d'une aventure captivante", dit-il. "Mais pour moi, il s'agit surtout de la relation entre Papillon et Dega qui, au départ, se haïssent, mais qui ont totalement besoin l'un de l'autre vers la fin de l'histoire".

Contrairement à McFarland qui connaît très bien la version de 1973, Noer a délibérément évité de visionner le film d'origine pendant la préparation.

"Ce film s'inspire essentiellement des ouvrages de Charrière", commente-t-il. "Plusieurs passages sont tirés du film d'origine, mais je me suis dit que le pire aurait été de voir la première version. Du coup, pour rester aussi libre que possible, je ne l'ai pas regardé. J'ai préféré relire les livres que j'avais découverts quand j'étais tout jeune".

"Quand j'ai entendu parler de ce projet la première fois, c'est d'abord le nom d'Aaron Guzikowski qui m'a séduit", ajoute-t-il. "J'avais adoré PRISONERS, si bien que c'était un bonheur de collaborer avec l'une des personnes que j'admire le plus à Hollywood à l'heure actuelle".

LE CASTING

Charlie Hunnam, connu pour avoir interprété Jax teller dans la série SONS OF ANARCHY, s'est imposé dans le rôle-titre. "En réfléchissant au casting, Charlie correspondait à tous nos critères", déclare McFarland. "Il est plus proche de l'âge du véritable Henri Charrière à l'époque de son incarcération que ne l'était Steve McQueen, si bien qu'il incarne une version plus juvénile – et donc plus authentique – du personnage ".

Dès leur première rencontre, McFarland était convaincu d'avoir trouvé "son" Papillon : "Charlie est un comédien féroce et un véritable mâle dominant", assure le producteur. "Il est intrépide lorsqu'il s'attaque à un rôle, et quand on l'a rencontré, il nous a tout simplement époustouflés. Au bout du compte, il a su faire de Papillon un être de chair et de sang".

Si Hunnam a accepté un rôle aussi exigeant, c'est parce qu'il y voyait l'occasion de tourner sous la direction de Noer. "C'est la présence de Michael qui m'a convaincu de faire ce film", affirme le comédien. "Je suis fan de son travail depuis longtemps, et j'avais très envie de travailler avec lui. Du coup, quand il a évoqué la possibilité de mettre en scène une nouvelle adaptation des ouvrages de Charrière, je ne pouvais qu'accepter".

Même s'il n'avait pas vu le film depuis plusieurs années, la version de Schaffner l'avait marqué enfant et reste l'un des meilleurs souvenirs de cinéma de Hunnam. "C'est un film qui a beaucoup compté pour moi quand j'étais jeune", dit-il. "Je l'ai souvent vu et j'ai lu le livre au moins deux fois. D'ailleurs, j'ai d'abord refusé le rôle. Mais je ne pouvais plus m'empêcher d'y repenser par la suite. Par chance, Michael m'a recontacté et m'a demandé si on pouvait passer deux heures ensemble".

Finalement, les deux hommes ont discuté pendant près de 15 heures et Noer a réussi à convaincre Hunnam d'accepter le rôle. "Il m'a démontré que ce ne serait pas un remake", reprend l'acteur. "Au contraire, il souhaitait signer une adaptation résolument nouvelle et libre de l'ouvrage. On a passé la journée ensemble et il était évident qu'on allait tourner ce film".

Malgré les encouragements du réalisateur, Hunnam a d'abord été intimidé à l'idée de reprendre un rôle rendu célèbre par l'une des plus grandes stars hollywoodiennes : "À certains égards, c'était une aventure risquée", reconnaît-il. "Steve McQueen avait été merveilleux dans ce rôle. Il ne s'agissait donc pas d'être en rivalité avec lui. C'est l'un des plus grands acteurs – et les plus cool – de tous les temps. Du coup, pour nous approprier le sujet et nous sentir libres, on s'est dit, avec Michael, que le premier film n'avait jamais existé !"

Pour Hunnam, le parcours de documentariste de Noer explique la touche de réalisme du film. "Il a une approche anthropologique de la narration", raconte Hunnam. "Il est très observateur et il aime les moments inattendus où il se passe quelque chose qu'on n'avait pas prévu. On a tourné de longues scènes d'improvisation qui se sont retrouvées dans le montage final".

RAMI ET PERSONNE D'AUTRE !

Pour le rôle de Louis Dega, faussaire timide, la production recherchait un acteur dont la présence à l'écran tranche avec la figure imposante de Hunnam.

"J'ai rencontré plusieurs comédiens à Hollywood et ils étaient tous formidables, mais Rami Malek m'a particulièrement intrigué", confie le réalisateur. "Quand on s'est vus, on était tous les deux un peu nerveux, mais j'ai vraiment eu un coup de foudre. Sa vulnérabilité et l'ambiguïté et l'émotion qui se dégagent de son regard sont extraordinaires".

McFarland renchérit : "Rami est incroyablement doué. Il insuffle une bonne dose d'humour au personnage et a un sens du rythme sidérant. Pour autant, on n'oublie jamais, grâce à son jeu, que Louis Dega n'a pas été, lui, injustement condamné à la réclusion car c'était un vrai criminel".

Si l'ensemble des collaborateurs de PAPILLON souhaitaient confier le rôle à Malek, il a bien failli ne pas pouvoir faire le film en raison de son emploi du temps bien rempli : "Il y avait des incompatibilités d'agenda, si bien qu'il n'a pas pu se libérer facilement", explique Hunnam. "Mais j'avais le sentiment qu'il nous fallait Rami et personne d'autre !"

Lorsqu'il s'est avéré que Malek risquait bien de ne pas être disponible, Hunnam l'a contacté directement : "On a d'abord bien cru qu'il ne pourrait pas se libérer", dit-il. "Du coup, je l'ai appelé et je lui ai dit : 'Mon pote, tiens le cap ! Je sais que ça va le faire !'

Le plus drôle, c'est qu'à ce moment-là on ne se connaissait pas très bien et que je lui mettais vraiment la pression. Mais par chance, il s'est rangé à mes arguments".

Comme d'autres, Malek avait une affection particulière pour le livre. "Je l'avais adoré quand j'étais gamin", note-t-il. "Et j'ai souvent vu le film à la maison avec mes parents. Il m'avait beaucoup marqué et je me suis donc dit que faire une nouvelle adaptation était un projet enthousiasmant".

Se réapproprier un rôle rendu célèbre par Dustin Hoffman était un sacré défi, mais Malek a souhaité le relever en renforçant les motivations profondes de Dega : "J'adore l'interprétation de Hoffman", dit-il. "C'est un rôle mythique si bien qu'il fallait absolument se démarquer de son jeu. J'ai cherché à en faire un personnage un peu plus malin et moins instable. J'ai adoré jouer sur son côté futé et sa capacité de survie, à l'instar d'une termite !"

Outre le roman de Charrière, Malek a lu "Guillotine sèche" de l'ancien détenu René Belbenoît qui dépeint avec force la vie sur l'île du Diable. "C'était un véritable enfer sur Terre, et pas seulement en prison", relate Malek. "Les maladies étaient endémiques et les gens mouraient du paludisme. Beaucoup de détenus ne sont jamais revenus chez eux, qu'ils purgent leur peine jusqu'au bout ou pas".

Louis Dega est sans doute le personnage le plus haut en couleurs du film. "Tout le monde pourra se reconnaître en lui parce qu'il se retrouve dans un lieu étrange dont il ne connaît rien", analyse Malek. "On l'a envoyé dans l'un des pires endroits au monde et il a dû se battre pour survivre".

LES CONTRAIRES S'ATTIRENT

Difficile d'imaginer deux acteurs au physique et au jeu plus dissemblables que Charlie Hunnam et Rami Malek. C'est justement ce contraste saisissant qui en fait un tandem parfait pour PAPILLON : "Par bien des aspects, ils sont aux antipodes l'un de l'autre et c'est grâce à ça que leur relation évolue tout au long du film", indique McFarland.

Noer acquiesce : "Quand on engage deux comédiens, on ne peut pas présumer de la manière dont ils vont s'entendre. On ne peut qu'espérer que l'alchimie fonctionnera, et même si certains pourront objecter que Charlie et Rami forment un duo étrange, ils se mettent très bien en valeur mutuellement ! C'est l'un des aspects dont je suis le plus fier".

Les deux acteurs se sont très bien entendus dès leur première rencontre : ils discutaient jusque tard dans la nuit pour savoir comment se pousser dans leurs retranchements pour raconter l'histoire d'une manière inédite. "La relation entre nos personnages est un moteur essentiel de l'intrigue", souligne Malek. "Si l'alchimie ne prenait pas, le film ne pourrait pas être aussi réussi. On a donc passé pas mal de temps tous les deux pour nourrir cette complicité. Au final, on a appris comment chacun de nous fonctionnait et on a su se faire rire mutuellement. On ne s'est pas ménagé et on est devenus d'excellents amis. Je resterai proche de Charlie toute ma vie".

Si Malek a été impressionné par de nombreux aspects de la personnalité de Hunnam, c'est surtout l'intense préparation psychologique qui l'a le plus marqué : "Charlie est un garçon qui réfléchit énormément avant de prendre une décision et qui se plonge dans la psychologie du personnage", note, admiratif, Malek. "Il cherche vraiment à mettre en valeur toutes les facettes du rôle. Dans PAPILLON, il campe un personnage qui peut aussi craquer. Non seulement physiquement, mais aussi mentalement. C'est ce qu'il s'est efforcé de mettre en lumière".

PAS UNE PETITE CHOSE DÉLICATE !

Pour Nénette, mystérieuse prostituée qui flirte avec Papillon avant sa condamnation, la production a choisi la comédienne irlandaise Eve Hewson. "Nénette est un personnage magnifique et grâce à Eve, tous les spectateurs vont l'adorer", note McFarland. "Elle a abordé le rôle avec grâce et élégance".

Connue pour sa participation à la série THE KNICK, Eve Hewson possède une beauté atemporelle qui convient parfaitement à un film d'époque comme PAPILLON. "Ce n'est pas un hasard si Eve a souvent joué dans des films en costumes, et d'ailleurs c'est devenu un sujet de plaisanterie chez elle", déclare McFarland.

Hunnam, qui a plusieurs scènes d'amour avec la comédienne au début du film, a été ébloui par son talent et son charme nonchalant : "C'est un tourbillon d'énergie et d'audace", note-t-il. "Je suis parfois très franc et il m'arrive de prendre les choses trop au sérieux, et dès le premier jour, elle ne m'a pas loupé ! On s'est bien marrés ensemble".

Plutôt que d'en faire une âme en peine au sort tragique, Eve Hewson a choisi de camper le personnage avec vivacité. "Elle est futée et intéressante dans sa manière d'aborder ses ambitions et ses rêves", déclare la comédienne. "Ce n'est pas une pauvre petite chose fragile. C'est une battante et c'est ce que j'adore chez elle".

Pour donner à Nénette un air mystérieux, Noer a suggéré que le personnage soit une prestidigitatrice de génie capable de faire les poches de son entourage sans être vue. "C'était un élément très amusant de l'histoire", remarque la comédienne. "J'ai appris plusieurs tours de magie auprès d'un magicien serbe du nom d'Igor. Il m'a initiée à pas mal de choses passionnantes au cours de séances d'entraînement".

Si Nénette n'est pas condamnée pour ses délits, Eve Hewson estime que le personnage se sent malgré tout captive. "Nénette et Papillon sont complices, comme l'étaient Bonnie et Clyde", dit-elle. "Elle aspire à quitter Paris car elle ne veut plus faire le trottoir. Elle ne cherche qu'à s'en sortir, et c'est cohérent par rapport à la thématique générale du film. Pour Papillon, survivre revient à s'évader de prison. Mais pour Nénette, sa prison, c'est sa condition de prostituée".

IMMERSION TOTALE

Pour évoquer avec la plus grande exactitude le calvaire subi par Charrière au cours de ses années de cachot, Hunnam s'est soumis à une métamorphose physique des plus éprouvantes. Résultat : l'incarnation d'une souffrance inimaginable qui suscitera l'émotion la plus vive des spectateurs. "Cette expérience a été une immersion totale", se remémore le comédien. "Je n'ai eu aucun temps de repos. On travaillait 16 heures par jour, sept jours sur sept, tout au long du tournage. Mais c'est ce que j'aime".

Hunnam est habitué aux transformations physiques pour les besoins d'un rôle. "J'ai tourné deux films d'affilée nécessitant que je perde pas mal de poids", dit-il. "Pour PAPILLON, on a tourné dans la continuité autant que possible afin de faciliter la perde de poids. Il se passe quelque chose d'étrange quand on perd 18 kg en dix semaines : on est beaucoup plus concentré".

Travailler la faim au ventre est très difficile, mais par chance il avait un partenaire avec qui partager cette épreuve : "Avec Rami, on s'est affamés brutalement, et c'est le genre d'expérience qui soude les gens très vite", affirme-t-il. "Ce n'est pas évident d'avoir faim en permanence et de refuser d'écouter son instinct qui vous pousse à manger".

Pour que les scènes de cachot soient réalistes, Hunnam et Noer ont choisi de simuler l'expérience sur le plateau : "Charlie a passé pas mal de temps, seul, dans une cellule", commente Noer. "Il ne pouvait pas en repartir sans autorisation. C'est devenu un tournage éprouvant psychologiquement. Ces scènes de cachot étaient une forme d'expérience anthropologique qui donnait à Charlie un aperçu de ce que pouvait être le cachot".

Pour bien se représenter la solitude dans un silence total pendant plusieurs jours, l'acteur est resté dans une cellule pendant cinq jours sans parler, ni manger. C'est la privation d'eau qui a été le plus difficile à vivre. "C'était très dur de ne pas avoir d'eau", dit-il. "Je n'avais que deux petites bouteilles pendant ces cinq jours sans nourriture. C'est devenu un peu dingue et très éprouvant sur un plan émotionnel. J'ai même pleuré une ou deux fois quand je me suis retrouvé seul".

LA CRÉATION DE L'ENFER

Pour McFarland, il est apparu très en amont que l'un des personnages principaux n'était autre que la colonie française de la Guyane. Décrit avec réalisme par Charrière dans ses ouvrages, ce lieu cauchemardesque devait être reconstitué dans ses moindres détails pour marquer le spectateur. La production a fait appel à un chef-décorateur capable de mêler envergure et réalisme à ses réalisations.

"On a ainsi sollicité Tom Meyer", déclare McFarland. "C'est une voix qui compte aujourd'hui dans son domaine et il a bâti des décors complexes d'une grande richesse".

Après avoir récemment construit des décors pour des films de science-fiction à gros budget, Meyer était intrigué par les aspects historiques de PAPILLON. "Le projet était d'autant plus intéressant qu'il s'inspire d'une histoire vraie", dit-il. "C'est le genre de films qui m'attire. J'aime les aventures humaines dans lesquelles le spectateur peut se projeter".

Meyer et son équipe ont reconstitué la prison de Charrière de A à Z. "Nos artisans ont construit tout un univers gigantesque qui a permis aux comédiens d'avoir un environnement concret dans lequel se repérer", signale le chef-décorateur. "C'était un univers en dur, à 360°, si bien que les acteurs ont pu croire qu'il s'agissait d'un monde réel".

Pour se documenter, Meyer a consulté des photos et des films d'archives tournés en Guyane française. "Ce qui est extraordinaire, c'est qu'il existe pas mal de documents d'archives sur le sujet", dit-il. "Les historiens ont beaucoup écrit sur ces colonies pénitentiaires, si bien que j'ai pu m'appuyer sur bon nombre de références pour étudier la structure architecturale des bâtiments de la prison".

À bien des égards, la colonie pénitentiaire dépeinte par Charrière ressemble à une sorte d'enfer sur Terre dantesque. "Pour le bagne de Guyane, on voulait que le lieu soit proprement terrifiant", rapporte Meyer. "Il ne s'agit pas d'un camp de vacances au cœur de la jungle ! C'était un endroit très dur qui a existé pendant plus de 80 ans. Du coup, pour raconter cette histoire de manière convaincante, on a dû créer un décor aussi effrayant que le bagne lui-même".

En dehors de la colonie pénitentiaire, Meyer a également conçu d'autres prisons aperçues dans PAPILLON. "Au total, j'ai sans doute créé cinq univers carcéraux pour les besoins du film dont chacun avait sa propre personnalité", dit-il. "Par exemple, la prison parisienne dans laquelle Papillon est envoyé est très différente de la prison flottante qui l'emmène en Guyane. Et celle-ci est très différente du bagne au cœur de la jungle. Chacune a son propre style".

Pour la prison flottante, Meyer s'est inspiré d'une source plutôt inattendue. "Je souhaitais que ce navire évoque l'histoire de Jonas et la baleine", explique-t-il. "Je tenais à ce qu'on ressente un effet de confinement, comme si on était dans le ventre d'une bête. Il fallait que le lieu soit cauchemardesque et humide, oppressant, sombre et terrifiant. Quand Papillon et ses compagnons d'infortune échouent sur la plage au bout du voyage en mer, ils ont comme un sentiment de renaissance. C'était mon but en imaginant cette prison flottante".

La construction ultra-réaliste de Meyer a produit ses effets sur les acteurs : "Ces décors étaient époustouflants", s'enthousiasme Hunnam. "J'ai travaillé sur des productions d'ampleur différente au fil de ma carrière, et je n'avais jamais connu des décors aussi gigantesques".

Malek acquiesce : "Ce sont des décors phénoménaux. La prison flottante était d'un réalisme inouï. Elle était sombre, il y avait des traces de graisse partout, et on voyait des incendies en arrière-plan. J'ai éprouvé un profond sentiment de claustrophobie. Même s'il faisait froid sur le plateau, on transpirait quand même à l'intérieur du bateau".

UNE CAMÉRA TRÈS LIBRE

McFarland appréciait depuis longtemps le travail du chef-opérateur Hagen Bogdanski. "Il a un regard formidable et il a éclairé des films importants", dit-il. "Il a d'abord été photographe, et il a un talent incroyable pour la composition et la lumière. Il a une manière très intime de travailler qui correspondait bien à notre film".

Issu du documentaire, Noer savait précisément comment éclairer le film et il a travaillé en étroite collaboration avec Bogdanski pour atteindre son objectif. "J'ai toujours le sentiment qu'il faut libérer la caméra autant que possible", dit-il. "En libérant la caméra, on libère les personnages".

Bogdanski était plus qu'heureux d'adopter le style fluide de Noer. "Michael a vraiment l'habitude d'improviser en tournant caméra à l'épaule", déclare le chef-opérateur. "Du coup, on a utilisé une Steadicam parce que cet outil permet de rester au plus près de Papillon et de raconter l'histoire à travers son regard. C'est un dispositif que j'adore, mais il est particulièrement important quand on a affaire à un personnage aussi fort. Le but était de voir le monde à travers ses yeux. Du coup, le choix de la caméra à l'épaule et de la Steadicam était judicieux pour ce périple émotionnel".

DES COSTUMES ÉLOQUENTS

C'est la chef-costumière d'origine serbe Bojana Nikitovic qui s'est vu confier la mission d'habiller l'imposante armada de détenus. Perfectionniste et passionnée de recherches historiques, la costumière a aussitôt été séduite à l'idée de reconstituer le style et l'allure des prisonniers du bagne de Guyane.

"Je savais que ça allait être un projet très complexe, mais l'histoire était absolument fantastique", dit-elle. "Dès que je me suis plongée dans cette époque et que j'ai découvert le véritable Papillon, je ne pouvais plus refuser une telle proposition".

Bojana Nikitovic a ainsi consulté énormément d'ouvrages et de photos. "J'ai regardé tous les documentaires sur cette prison, et j'ai lu beaucoup d'ouvrages la concernant", précise-t-elle. "C'était extraordinaire car j'ai découvert un site et une époque dont je ne savais rien avant de m'engager dans ce projet".

Comme la plupart des photos d'archives ont été prises au cours de visites d'importants dignitaires, les prisonniers y portent des tenues étonnamment à la mode ! "Dans la grande majorité de ces clichés, on peut imaginer que les gardiens avaient rasé les prisonniers, les avaient lavés et habillés dans des uniformes en meilleur état que leurs tenues habituelles", dit-elle. "Ils ont tous l'air soigné sur ces photos, mais on se rend quand même compte que leur vie était très dure".

Autre défi de taille : le nombre impressionnant d'acteurs à habiller. "Au total, je crois qu'on devait habiller environ 5000 figurants, peut-être même davantage", poursuitelle. "On a dû fabriquer les tenues de prisonniers nous-mêmes, à la main, et la plupart d'entre elles devaient avoir l'air abîmées ou en piteux état. Le plus difficile a été de nous procurer la bonne quantité de tissu".

DES PAYSAGES INCOMPARABLES

PAPILLON se déroule à Paris et dans la jungle de Guyane, mais lorsque McFarland et son équipe ont entamé leurs repérages, ils ont découvert les sites qu'ils recherchaient en Europe de l'Est et à Malte.

"On s'est rendu aux quatre coins du monde et on a fini par tourner en Serbie et au Monténégro, mais aussi à Malte pour les scènes nécessitant des réservoirs d'eau", indique le producteur. "C'était complexe de tourner en décors naturels, mais le résultat à l'image est incomparable".

En Serbie, la production a pu compter sur une formidable équipe d'artistes, techniciens et artisans qui ont reconstitué les ruelles sombres de Paris dans le centre-ville de Belgrade. Selon Malek, le résultat est d'une telle authenticité que même les habitants de la ville ont été stupéfaits. "Un jour, je me souviens que la production installait le Moulin Rouge dans une petite rue", dit-il. "Les gamins du coin n'en revenaient pas qu'une production hollywoodienne puisse transformer leur quartier en si peu de temps".

La colonie pénitentiaire a été reconstituée dans une région montagneuse enclavée du Monténégro. "On n'aurait pas pu choisir un site plus préservé ou un paysage plus beau pour ce film", s'enthousiasme McFarland. "À partir de notre décor, on pouvait tourner dans quelque direction que ce soit sans avoir besoin de recourir au numérique".

Comme c'est souvent le cas dans les tournages en décors réels, la météo a parfois contraint la production à improviser. "La boue était un vrai problème au Monténégro, et c'était épuisant pour les acteurs et les techniciens", ajoute-t-il. "Mais on a considéré que cela faisait partie de l'environnement naturel, et je crois que l'authenticité du film en a bénéficié. Au bout du compte, la boue a obligé les comédiens à réagir spontanément à ces conditions éprouvantes".

Pour le redoutable périple en mer, la production s'est installée sur l'île de Malte réputée pour son immense réservoir. "C'était un choix formidable, à la fois sur le plan de l'infrastructure et de la qualité des paysages", note McFarland. "On y trouve l'un des plus grands bassins d'Europe, ce qui nous a permis d'avoir des plans larges de l'océan qu'on n'aurait pas obtenus ailleurs".

Par ailleurs, la cascade finale, époustouflante, été tournée sur le littoral de Malte. LA

PUGNACITÉ DE L'ÊTRE HUMAIN

Bien que l'histoire de Charrière soit considérée comme l'un des récits d'évasion les plus palpitants de tous les temps, Noer estime qu'il transcende les codes du genre. "Ce film ne se contente pas d'évoquer les tentatives d'évasion de l'île du Diable", ditil. "Il parle de la volonté de fuir son passé et ses démons intérieurs. Pour moi, c'est là le véritable intérêt de PAPILLON".

Malek acquiesce : "Pour l'essentiel, il s'agit d'une quête d'identité. Ces deux amis improbables deviennent si proches qu'une véritable affection se noue entre eux", ditil. "Et grâce à ces liens d'affection, non seulement ils se comprennent mutuellement, mais ils apprennent à se connaître eux-mêmes".

Selon Eve Hewson, chacun pourra se reconnaître dans le périple émotionnel que décrit le film : "D'une certaine façon, il s'agit d'un récit initiatique", dit-elle. "Au départ, Papillon est un jeune homme ambitieux et égocentré et change radicalement au cours du film. Le spectateur s'identifie facilement à un personnage qui s'engage dans une aventure et en sort transformé".

Pour Hunnam, PAPILLON réunit tous les ingrédients d'un film de prison intense… sans oublier un élément essentiel : l'humanité. "Il y a beaucoup de scènes de pure action et de suspense, mais il s'agit surtout d'une belle histoire d'amitié", conclut-il. "Le film raconte l'histoire d'hommes qui font preuve de bienveillance les uns envers les autres dans un environnement particulièrement hostile et violent, et PAPILLON rend hommage à la pugnacité de l'être humain".

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