jeudi 10 janvier 2019

GLASS


Thriller/Fantastique/Une conclusion intelligente et réussie en cohérence avec ce que le réalisateur avait débuté avec INCASSABLE

Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec James McAvoy, Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Anya Taylor-Joy, Sarah Paulson, Spencer Treat Clark, Charlayne Woodard, Luke Kirby...

Long-métrage Américain
Durée: 02h09mn
Année de production: 2019
Distributeur: The Walt Disney Company France

Date de sortie sur les écrans américains : 18 janvier 2019
Date de sortie sur nos écrans : 16 janvier 2019


Résumé : Peu de temps après les événements relatés dans Split, David Dunn - l’homme incassable - poursuit sa traque de La Bête, surnom donné à Kevin Crumb depuis qu’on le sait capable d’endosser 23 personnalités différentes. De son côté, le mystérieux homme souffrant du syndrome des os de verre Elijah Price suscite à nouveau l’intérêt des forces de l’ordre en affirmant détenir des informations capitales sur les deux hommes…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai penséavec GLASS, M. Night Shyamalan clôt sa trilogie qui aura eu le mérite de conserver un ton et une atmosphère originales en adéquation avec la patte si particulière de ce réalisateur. Comme à son habitude, il joue avec les spectateurs en nous mettant sur des pistes évidentes pour mieux nous entraîner vers l'inattendu. Le soin de ses plans, nombreux et variés, sa façon de filmer une même scène sous différents points de vue, le travail des couleurs et des décors sont autant d'éléments qu'il maîtrise parfaitement pour nous faire rentrer dans son univers qui casse les codes et en reconstruit d'autres. Il s'amuse à établir une frustration en offrant un élan héroïque à son film, mais en restant dans un cadre restreint lui permettant certainement d'avoir une maîtrise budgétaire plus accrue. Il est malin et il joue avec notre imagination ainsi qu'avec nos attentes. Malgré tout, il n'échappe pas à quelques longueurs et le scénario est un peu en dents de scie. 

Cependant, il aura jusqu'au bout conservé une grande cohérence en ce qui concerne les interactions entre ses personnages. Il est aidé en cela par ses excellents acteurs qui apportent chacun une personnalité spécifique à leur protagoniste sans essayer d'écraser l'autre. Les échanges sont très bien équilibrés. Chacun à son intérêt et son rôle à jouer dans le plan élaboré par M. Night Shyamalan. James McAvoy renouvelle l'exploit débuté dans SPLIT. Il interprète pas moins de 10 personnalités différentes qu'il réussit à nous faire identifier même quand il ne parle pas. Il est encore une fois impressionnant dans ce rôle.



Bruce Willis retrouve David Dunn, son protagoniste solide comme l'acier et lui confère une normalité qui vient s'opposer à la folie des méchants. Il est posé et équilibre l'ensemble.


 

Samuel L. Jackson interprète de nouveau Elijah Price, ou Mr Glass, et sa façon d'être cool est bizarrement inquiétante. 



Sarah Paulson est une nouvelle venue, elle interprète le Dr. Ellie Staple, une psychiatre. Cette actrice est impeccable pour semer le doute sur ses motivations.

 

Les liens familiaux ou amicaux des protagonistes principaux sont importants dans cette histoire et ils sont représentés par les acteurs Anya Taylor-Joy qui interprète Casey Cooke - qui avait échappée à la bête dans SPLIT -, Spencer Treat Clark qui interprète Joseph, le fils de David - il a beaucoup grandi depuis INCASSABLE -et Charlayne Woodard qui interprète toujours la mère d'Elijah. Leur présence participe à donner une cohérence au travers des trois films. 

Copyright photos @ The Walt Disney Company France

GLASS nous surprend là où on ne s'y attend pas. Le réalisateur reste fidèle à son principe de départ de nous proposer une autre vision de la thématique du super-héros. Quels chemins ouvre-t-il avec cette conclusion ? C'est ce qu'il vous faudra découvrir au cinéma en allant voir ce long-métrage.




NOTES DE PRODUCTION
(À ne regarder/lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Le 8 janvier 2019 a eu lieu la conférence de presse du film GLASS à Paris en présence du réalisateur M. Night Shyamalan et du comédien James McAvoy dans une ambiance détendue. C'était une rencontre cinématographique très agréable que vous pouvez voir dans les trois vidéos ci-dessous :






NOTES DE PRODUCTION

Avec GLASS, le réalisateur M. Night Shyamalan réunit les univers de deux de ses films les plus visionnaires, INCASSABLE (2000) et SPLIT (2016), en un seul et même thriller explosif inspiré par l’esprit des comics. 

Bruce Willis retrouve son personnage d’INCASSABLE, David Dunn, tout comme Samuel L. Jackson qui incarne à nouveau Elijah Price, alias Mr. Glass. De son côté, James McAvoy est de nouveau Kevin Wendell Crumb, l’homme aux multiples personnalités qu’il incarnait dans SPLIT, et Anya Taylor-Joy retrouve le rôle de Casey Cooke, la seule captive à avoir survécu à sa rencontre avec La Bête. 

GLASS se déroule après SPLIT. David Dunn poursuit sa traque de La Bête, la personnalité surhumaine de Crumb. Leurs affrontements s’intensifient alors que le mystérieux Elijah Price, qui détient des informations capitales pour les deux hommes, sort peu à peu de l’ombre…

L’impressionnant casting du film réunit également Spencer Treat Clark et Charlayne Woodard, qui reprennent les rôles qu’ils tenaient dans INCASSABLE – le fils de Dunn et la mère de Price –, ainsi que l’actrice couronnée aux Golden Globes et aux Emmys Sarah Paulson (« American Crime Story : The People vs. O.J. Simpson », la série « American Horror Story »).

Le directeur de la photographie est Mike Gioulakis (SPLIT), le chef décorateur est Chris Trujillo (la série Neftlix « Stranger Things ») et le chef costumier est Paco Delgado (SPLIT, LES MISÉRABLES). Le montage est signé Luke Ciarrocchi (SPLIT) et Blu Murray (SULLY). La musique du film est de West Dylan Thordson (SPLIT). 

La rencontre événement de ses deux blockbusters est produite par M. Night Shyamalan et par Jason Blum de Blumhouse Production, qui avait également produit les deux précédents films du scénariste-réalisateur pour Universal. Les deux hommes font à nouveau équipe avec les producteurs Ashwin Rajan et Marc Bienstock, et avec Steven Schneider et Kevin Frakes comme producteurs exécutifs. Gary Barber et Roger Birnbaum sont aussi producteurs exécutifs.

TOUT UN UNIVERS
D’INCASSABLE à GLASS : l’évolution d’une trilogie

Dès le moment où M. Night Shyamalan s’est attaqué au projet qui allait devenir SPLIT, le cinéaste savait qu’il voulait en faire autre chose qu’un film isolé. Ce thriller terrifiant a pour personnage central Kevin Wendell Crumb (James McAvoy), un homme atteint de trouble de la personnalité multiple dont les plus sinistres identités (collectivement appelées La Horde) kidnappent trois adolescentes. Le plan consiste à livrer ces jeunes filles jugées « impures » à une autre des personnalités de Crumb, une créature surhumaine appelée La Bête. La dernière fille enlevée, Casey Cooke (Anya Taylor-Joy) est épargnée parce que La Bête aperçoit les cicatrices qui recouvrent son corps, stigmates des maltraitances qu’elle a subies durant son enfance. Étant donné que, contrairement aux autres filles, Casey a souffert, La Bête considère que son cœur est pur, et lui dit : « Réjouis-toi. Ceux qui ont été brisés sont les plus évolués. »

L’histoire de SPLIT était déjà fascinante et puissante en soi, mais ce que tout le monde ignorait, c’est que le réalisateur avait prévu d’inscrire ce film dans le même univers narratif que le film emblématique qu’il avait mis en scène 16 ans plus tôt, INCASSABLE, et que SPLIT allait constituer le lien vers l’une des trilogies les plus insolites et les plus inattendues de l’histoire du cinéma.

INCASSABLE, dont le héros est David Dunn (Bruce Willis), un agent de sécurité qui est l’unique rescapé d’une catastrophe ferroviaire, pose la question de ce qui se passerait si les super-héros existaient réellement. Sur l’insistance d’un mystérieux collectionneur de BD rares, Elijah Price (Samuel L. Jackson), atteint d’une maladie rendant ses os aussi fragiles que du verre, Dunn en vient à croire qu’il est doté d’une force hors du commun et qu’il est insensible aux balles et aux maladies. Il est également capable de voir ou de pressentir les mauvaises actions d’une personne par un simple contact physique avec elle.

En acceptant cette nouvelle réalité, Dunn commence à utiliser ses pouvoirs, et devient une sorte de justicier qui sauve les innocents et punit les criminels. Il se découvre une véritable vocation. Dans la dernière scène du film, Dunn souhaite remercier Price, mais lorsqu’il le touche, il s’aperçoit avec horreur que celui-ci est en réalité responsable de l’accident de train dont il a réchappé et qu’il a commis d’autres actes terroristes qui ont tué des centaines de personnes dans le seul but de le retrouver, lui. Pourquoi ? Parce que si Dunn est un super-héros incassable, Price est tout l’inverse. Il sait enfin avec certitude qui il est réellement : un super-vilain appelé Mr. Glass.

En plus de son succès critique et commercial, INCASSABLE s’est avéré être un baromètre culturel des plus précurseurs. Réalisée des années avant l’explosion des films de super-héros Marvel et DC, cette œuvre singulière est devenue, et demeure, une référence pour les amateurs de bandes dessinées du monde entier. Plus de 10 ans après sa sortie, les journalistes et les fans demandaient encore régulièrement au réalisateur s’il avait l’intention de faire une suite. Il était toujours resté vague à ce sujet. Et quand il s’est finalement décidé, il l’a fait à sa manière, en surprenant tout le monde.

La scène finale de SPLIT se déroule dans un bar de Philadelphie. Des clients regardent la télévision où les chaînes d’information expliquent que l’une des jeunes filles kidnappées a survécu mais que Crumb est toujours en liberté. Alors que le reportage se poursuit, l’attention des spectateurs se fixe sur un homme installé au comptoir. Lorsqu’il se retourne, on découvre qu’il s’agit de David Dunn (Bruce Willis), le héros d’INCASSABLE. Les fans de la première heure ont immédiatement spéculé sur la signification de cette scène.

M. Night Shyamalan désirait créer une trilogie différente de celles qui existent déjà. Il s’explique : « Je voulais que chaque film soit autonome, qu’il ait son propre pouvoir, son propre langage et sa propre originalité. Mais je souhaitais aussi que l’ensemble de la trilogie dépasse la somme de ses parties en termes artistiques. Chacun des trois films est lié aux deux autres et leur rend hommage. » 

Le producteur Ashwin Rajan ajoute : « Ce qui est génial, c’est de faire entrer les deux univers découverts précédemment en collision. En fait, pour réaliser la volonté de Night, l’objectif est de créer un lien harmonieux entre ces deux mondes, tant du point de vue de la production que de celui de la narration. » 

Sommes-nous objectivement ce que nous sommes ? 

Là où INCASSABLE suivait un homme que sa modeste image de lui-même avait rendu aveugle à son véritable pouvoir ; là où SPLIT explorait le pouvoir mortel d’un monstre créé par un esprit traumatisé, GLASS s’intéresse à l’essence même de l’identité en posant une question : sommes-nous objectivement ce que nous sommes, ou plutôt le résultat physique de ce que notre esprit forme et détermine ? Êtes-vous un super-héros si vous croyez en être un, même s’il ne s’agit que d’un fantasme ?

M. Night Shyamalan déclare : « Je m’intéresse à la psychologie et à la psychothérapie depuis le collège. C’est donc tout naturellement que j’ai voulu traiter ces thèmes. Au fil du temps, mes recherches et l’histoire ont commencé à se nourrir mutuellement. Pour SPLIT, je lisais des articles sur le trouble dissociatif de l’identité et je me disais que cela ferait un formidable sujet. INCASSABLE a commencé de la même façon. Je m’étais cassé les ligaments croisés antérieurs des deux genoux en jouant au basket et j’avais passé beaucoup de temps en rééducation et en kinésithérapie. C’est cette expérience qui m’a fourni la base du film. » 

Pour le réalisateur, la rencontre de ces personnages venus de 2 films réalisés à 16 ans d’intervalle a recelé sa part de surprise. Il explique : « Je n’avais jamais rien fait de tel. J’ai éprouvé beaucoup de nostalgie. Étant donné que ces films représentent une grande partie de ma carrière, j’ai ressenti une profonde émotion et une véritable urgence à faire ce qu’il fallait pour leur rendre justice et faire une fin à la hauteur. Les gens auront envie de voir GLASS à cause de leur lien avec l’un ou les deux films précédents, et c’est une relation étrange avec le public que je n’ai jamais connue auparavant puisque tous mes films ont été des créations originales dont je n’avais jamais réalisé de suite. D’habitude, les gens viennent voir un de mes films parce que je raconte une histoire qui leur semble intéressante et dont ils ne savent presque rien. Cette fois, c’est différent car le public connaît certains éléments de l’histoire. Il a des attentes. C’est un tout autre processus. » 

En prime, M. Night Shyamalan a pu incorporer des séquences inédites d’INCASSABLE dans GLASS pour des scènes représentant les souvenirs de David Dunn ou de Joseph. Il raconte : « C’était incroyable parce que ces scènes que nous avions coupées au montage pour INCASSABLE ont toujours été dans ma tête. J’étais persuadé qu’elles pouvaient être intégrées à GLASS si je l’écrivais de la bonne façon. Nous étions très enthousiastes à l’idée de les intégrer au film parce que le public n’en croira pas ses yeux. Dans une scène, vous voyez un jeune garçon et dans la suivante, il a 25 ans. Il n’y a aucun contenu généré par ordinateur, c’est réellement la même personne. Et c’est pareil avec Bruce Willis. Voir le même personnage naturellement plus vieux de 18 ans est vraiment quelque chose de puissant. » 

Le producteur Marc Bienstock ajoute : « L’échelle de ce film est beaucoup plus importante. SPLIT était plus confiné parce que les filles étaient retenues en captivité dans une ou deux pièces seulement. GLASS est plus vaste, sa portée est plus grande et il y a beaucoup plus d’action. »

D’après le producteur exécutif Steven Schneider, le film est également très singulier : « Chaque film de Night est unique, mais il combine ici différents genres pour en faire une intrigue tout à fait particulière. Les enjeux sont très élevés, tant pour les personnages en tant qu’individus que pour les conséquences de leurs actes sur la société. »

Le fait que les acteurs des deux films précédents aient accepté de reprendre leur rôle dans GLASS est aussi un témoignage de reconnaissance de la vision artistique de M. Night Shyamalan et de l’excitation que l’on ressent en travaillant avec lui. James McAvoy observe : « D’une certaine façon, INCASSABLE et SPLIT étaient tous deux des films de super-héros déconstructionnistes. SPLIT ne ressemblait même pas du tout à un film de super-héros ou de super-méchant. C’était juste un film glauque et effrayant dont on ne découvre qu’à la fin le lien avec les « super-personnes ». C’est excitant parce que je joue moi-même dans des films de super-héros « classiques » comme les X-MEN, mais je trouve très intéressant d’aborder autrement ce genre d’histoires et de personnages. Il faut à mon sens commencer à placer ces super-héros dans des situations différentes, des environnements différents, et c’est exactement ce que nous faisons avec ce film. »

LES PERSONNAGES

Kevin Wendell Crumb / La Horde

Interprété par James McAvoy, Kevin Wendell Crumb est l’un des personnages les plus fascinants, les plus terrifiants, les plus complexes mais aussi l’un des plus blessés et torturés qu’un acteur puisse jouer. Avec 23 personnalités distinctes, Crumb est un rôle qui exige un acteur au registre multiple, tout en puissance, nuance et subtilité car sous le monstre qu’est La Bête et les personnalités dominantes qui composent La Horde comme Dennis et Patricia, se trouve le personnage de Crumb lui-même. James McAvoy explique : « Kevin a été horriblement maltraité par sa mère ; en conséquence, son esprit s’est fragmenté et dissocié pour donner naissance à 23 autres personnes. C’est quelqu’un qui s’est retrouvé dans une sorte de coma pendant de longues périodes de sa vie, laissant d’autres personnalités vivre dans son corps. Il n’est plus désormais qu’une des nombreuses personnes qui cohabitent dans le corps qui était auparavant le sien. »

L’acteur poursuit : « Je vois La Horde comme un groupe constitué de bonnes et de mauvaises personnes. Je ne pense pas que l’une d’entre elles soit authentiquement mauvaise, mais plutôt qu’elles sont toutes impliquées dans quelque chose de mal, même s’il y a des raisons à cela. Méritent-elles d’être capturées, incarcérées et éventuellement punies ? Probablement. Mais sont-elles pour autant de mauvaises personnes ? Je n’en suis pas si sûr. »

Dans GLASS, Crumb est enfermé dans une cellule équipée d’une sorte de lampe stroboscopique, une lumière utilisée pour l’hypnose. Si l’une de ses personnalités menaçantes émerge, la lampe s’allume et fait surgir une autre personnalité pour la remplacer. La Bête qui se trouve en lui n’est pas satisfaite de son combat contre David Dunn, qui s’est soldé par un match nul, et veut anéantir le justicier. Elle désire être libre. Mais toutes les personnalités de Crumb ne croient pas en La Bête, et certaines se demandent si l’hypothèse du Dr Staples – selon laquelle les superpouvoirs de la Bête ne sont que le fruit d’un fantasme psychologique – pourrait être vraie.

James McAvoy confie : « Jouer Kevin est bouleversant parce que pour lui, le monde entier est bouleversant. C’est extraordinairement triste d’interpréter ce personnage parce qu’il ne veut pas vivre. Ses autres personnalités présentent elles aussi des défis qui leur sont propres. Tout est une question de gestion du temps, car se préparer pour jouer autant de personnes est un vrai défi. Mais dans le fond, le travail est le même que pour jouer n’importe quel personnage : que veulent-ils ? Comment s’y prennent-ils pour l’obtenir ? Qu’est-ce qui les en empêche ? Je fais le même travail en amont que d’habitude sauf que là, il en faut une quantité bien supérieure. »

Dans une scène de GLASS, James McAvoy doit faire la transition entre plusieurs personnages en très peu de temps. Il confie : « Cela devient délicat lorsqu’il faut passer de l’un à l’autre face à la caméra. Il faut être capable d’entrer complètement dans le personnage suivant alors que vous avez toujours en vous les émotions du précédent. Vous pouvez donc vous retrouver avec un personnage hystérique, extrêmement triste ou vraiment paniqué, alors que la personnalité suivante doit être très calme, d’excellente humeur et joviale. C’est assez difficile parce que votre rythme cardiaque est physiquement différent de ce qu’il devrait être quand vous passez au gars suivant. C’est comme si vous changiez brusquement de vitesse. »

La partie la plus exigeante du point de vue physique reste cependant, et de loin, La Bête. James McAvoy explique : « Il est extrêmement tendu, toujours prêt à bondir comme un animal, à tel point que cela me fait mal physiquement de l’interpréter. Lorsque je l’incarne plusieurs jours de suite, mes épaules et mon cou me font souffrir pendant des heures. Pour SPLIT, ça n’avait pas autant d’importance parce que je n’avais joué La Bête que durant quelques jours, mais cette fois-ci, j’incarne énormément ce personnage. » 

Pour Anya Taylor-Joy, qui partageait avec lui l’affiche dans SPLIT et GLASS, voir James McAvoy jouer ce rôle a un impact émotionnel différent. Elle confie : « Kevin me brise le cœur. Je suis rentrée chez moi l’autre jour et mes parents regardaient SPLIT à la télé. Je suis arrivée pile au moment où on voit Kevin pour la première fois, et j’ai éclaté en sanglots. C’est la personne avec qui Casey a un véritable lien. C’est un miroir pour elle et je pense que leur relation est vraiment tendre et pure. Kevin est une âme blessée, quelqu’un qui a besoin d’être protégé. C’est pour cela que ses alter ego sont apparus : pour le protéger. »

David Dunn / Le Surveillant 

Au cours des 16 années qui se sont écoulées depuis les événements d’INCASSABLE, David Dunn, interprété par Bruce Willis, a perdu sa femme, emportée par le cancer. Il a créé sa propre entreprise de sécurité avec son fils et s’est consacré à la lutte contre le crime en tant que justicier. Mais le prix à payer pour tout cela est élevé et la performance de Bruce Willis le montre bien. James McAvoy raconte : « De toutes les personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie, Bruce est celle qui a le plus de sang-froid. Il est extrêmement détendu mais il parvient à apporter un poids incroyable au rôle. C’est magnifique et c’est un thème rarement vu dans les films de super-héros : le poids sur ses épaules, le prix à payer pour la mission qu’il s’est donnée. Bruce parvient à le rendre avec brio. Sa décontraction naturelle est transformée en quelque chose de vraiment triste chez ce personnage. David Dunn est un homme solitaire ; les seules choses qui comptent pour lui sont son rôle de justicier et son fils. Il y a une telle pureté et une telle tristesse dans ce qu’il arrive à jouer… C’est profondément poignant. »

Si Dunn décide de poursuivre La Bête, c’est parce qu’il pense être le seul à être capable de l’arrêter. Ce fardeau pèse toujours sur ses épaules lorsque les deux hommes sont hospitalisés à Raven Hill. L’eau est l’unique faiblesse de Dunn. C’est la raison pour laquelle le Dr Staple a équipé sa chambre d’isolement d’un dispositif permettant de l’inonder instantanément s’il tente de s’échapper. Alors qu’elle tente de le soigner pour son délire présumé, la seule préoccupation de ce dernier est de protéger de La Bête le personnel de l’hôpital et la population en général. C’est un homme épuisé par le fardeau de ses superpouvoirs mais qui ne peut pas non plus se résoudre à mettre un terme à sa mission. Si les théories du Dr Staple s’avéraient fondées, Dunn pourrait se retrouver soulagé de ce poids, mais il n’arrive pas à y croire. 

Pour Spencer Treat Clark, la possibilité de revivre les rôles père-fils qu’il interprétait avec Bruce Willis dans INCASSABLE, cette fois-ci du point de vue d’un adulte, a été profondément marquant. Il déclare : « Bruce a énormément d’histoires à raconter et Night en a autant à son sujet. Ils ont une excellente relation, un peu comme entre un petit et un grand frère. Nous avons dîné chez Night juste avant de commencer le tournage et il se trouve que chez lui, il y a une pièce remplie de souvenirs de ses films précédents. C’était vraiment génial de découvrir tout ça en écoutant Bruce parler de ses expériences et Night des siennes. Ça a apporté une belle énergie aux semaines et aux mois qui ont suivi. » 

Spencer Treat Clark poursuit : « INCASSABLE a été un tournant de mon enfance. Ça m’a fait drôle de regarder en arrière et de revoir Joseph, de me rappeler comment je l’avais interprété et de voir comment il a évolué. À la fin du tournage d’INCASSABLE, j’ai reçu deux super cadeaux. L’un d’eux venait de Bruce. Il m’a offert les coffrets complets de Led Zeppelin et des Beatles, ce qui est super cool. Ce que j’ai pu les écouter ! Ces CD étaient dans mon baladeur pendant toute mon adolescence. C’est grâce à eux que j’ai commencé à jouer de la musique, que j’ai commencé à apprendre la guitare et que je suis devenu musicien. » 

Casey Cook 

La première fois que nous retrouvons Casey Cook dans GLASS, cela faisait tout juste 3 semaines qu’elle s’était échappée des griffes du plus mortel des alter ego de Kevin Crumb, La Bête. Anya Taylor-Joy raconte : « Casey a vécu une épreuve que personne ne devrait vivre mais elle est tenace et résiliente, elle repart du bon pied. Nous la retrouvons dans ce film mais elle est très différente de celle qu’elle était dans SPLIT. Cette terrifiante expérience lui a permis d’être elle-même et d’arrêter de culpabiliser pour beaucoup de choses. »

Casey est de retour au lycée qu’a fréquenté (coïncidence ou non) le fils de David Dunn, Joseph. Elle n’est plus victime de son oncle violent, et son statut d’unique survivante de La Bête fait d’elle un sujet de fascination. Elle trouve sa propre voie, sa force et son pouvoir. Pour Anya Taylor-Joy, c’était un changement important par rapport à la jeune fille de SPLIT, celle qui craignait pour sa vie, enfermée dans un dédale de petites pièces. D’une certaine façon, c’était un personnage qu’il lui fallait redécouvrir.

Elle explique : « Ce qui m’a mise un peu mal à l’aise, c’est d’interpréter Casey sans le confinement de la pièce. Dans une situation très stressante, on agit différemment. Je devais comprendre qui était la Casey de maintenant. J’avais une sorte de douleur grandissante en moi, mais aujourd’hui je me sens très à l’aise avec elle et, en fin de compte, la comprendre d’une nouvelle façon m’apporte beaucoup de sérénité. »

Elle poursuit : « J’ai un lien tellement intense avec mon personnage que ça me faisait un peu peur. Le premier jour du tournage de GLASS, c’était très étrange de faire ce saut en arrière parce que le film se déroule seulement 3 semaines après les événements de SPLIT mais pourtant Casey est différente. C’était un peu surréaliste. Mais j’ai fini par en être vraiment reconnaissante parce que j’ai pu me séparer plus décemment de mon personnage. Sans cela, je n’aurais jamais connu la suite de sa vie. J’ignorais si Casey et Kevin se reverraient, donc ma première scène avec James McAvoy a été vraiment émouvante. »

Dans le film, Casey prend la défense de Kevin Crumb lorsqu’il est hospitalisé. Malgré sa maladie, il a été la première personne à voir réellement la jeune fille, à comprendre sa douleur. En retour, elle aussi a reconnu la sienne. Anya Taylor-Joy conclut : « Si ces deux personnages sont unis par un tel lien, c’est parce qu’ils ont tous les deux été profondément blessés, véritablement brisés. Ce sont des âmes sœurs. »

Le docteur Ellie Staple

Le plus important des nouveaux personnages de la trilogie est le Dr Ellie Staple (Sarah Paulson), une psychiatre renommée, spécialisée dans les patients persuadés d’être des super-héros de comics. Elle a mis au point une procédure médicale expérimentale pour les aider à se débarrasser de leurs délires, mais ce n’est pas sans risque. On ne sait pas si ses intentions sont honorables ou non, et la perception qu’en a le public évolue au cours du film.

Cette complexité du rôle exigeait une actrice qui pouvait non seulement tenir tête à trois personnages (et acteurs) très impressionnants – Price, Crumb et Dunn – mais aussi quelqu’un d’une grande profondeur émotionnelle. C’est en Sarah Paulson que M. Night Shyamalan a trouvé cette alliance idéale. Il précise : « Je voulais une comédienne capable d’égaler ces trois hommes du point de vue de la qualité du jeu, mais aussi de la force morale et de la capacité à divertir. Elle devait également être capable de rivaliser avec eux sur le plan de l’intelligence et avoir une réelle présence à l’écran face à ces trois superstars. Sarah a été choisie pour mener ce combat et elle a été plus que parfaite. »

Sarah Paulson n’a pas caché son impatience d’entrer dans la peau du personnage : « Ellie est une psychiatre dotée d’une formidable compassion qui est persuadée que sa façon de voir les choses est une réponse à certains problèmes du monde, quand bien même elle ne fait pas l’unanimité. Personnellement, je pense qu’elle fait partie des gentils, même si elle souscrit à une façon particulière de penser à laquelle je n’adhère pas. Mais je peux comprendre le raisonnement qui la pousse à faire ce qu’elle fait. »

La méthode de Staple implique la mise en place de systèmes élaborés pour garder Crumb, Dunn et Price sous contrôle. Aussi empathique qu’elle puisse paraître, elle est également animée par sa propre ambition et son désir d’établir une percée psychiatrique qui constituerait une nouvelle référence pour sa profession. La principale question est : répare-t-elle ces hommes, ou les brise-t-elle ?

Sarah Paulson reprend : « Les questions fondamentales de ce film sont : qu’avons-nous en nous ? Est-ce une bonne chose de croire que nous sommes capables de tout ? Devrions-nous en douter ? Quelle importance voulez-vous apporter à vos propres convictions ? Ce processus de pensée interne est un axe de réflexion très intéressant. Ce film ne se passe pas dans un monde imaginaire, mais dans la réalité. Que se passe-t-il lorsqu’on croit vraiment avoir des superpouvoirs et qu’on est convaincu d’être surhumain ? »

Ce qui rend le Dr Staple si fascinante en tant que personnage, c’est qu’elle n’est pas une simple scientifique froide et clinique, mais qu’elle est dotée d’une grande intelligence émotionnelle et d’une compassion exacerbée. Sarah Paulson explique : « Il existe une limite très étroite entre sa fonction de médecin, son désir de rétablir l’ordre et l’équilibre, et sa capacité à être incroyablement connectée à la personne à qui elle s’adresse. Elle est extraordinairement empathique, et c’est exactement ce que voulait Night pour ce personnage : qu’elle ne soit pas qu’une sorte d’archétype de médecin froid et sans âme. C’est un être humain qui est profondément affecté par les gens qu’elle côtoie. » 

Elijah Price / Mr. Glass 

À la fin d’INCASSABLE, Elijah Price confessait fièrement ses crimes et déclarait être le super-vilain Mr. Glass. Depuis, il a été interné dans le service psychiatrique de l’hôpital de Raven Hill. Désormais incapable de quitter son fauteuil roulant, il est presque tout le temps sous sédatifs afin de l’empêcher d’utiliser ses fascinantes capacités intellectuelles. Au début de son séjour, il avait réussi à couper l’ensemble du réseau électrique de l’hôpital. 

Lors de sa première apparition dans GLASS, il n’est plus que l’ombre de lui-même, une coquille vide au regard absent qui ne réalise même pas que sa mère vient lui rendre visite et est encore moins capable de répondre à ses questions. Mais il devient rapidement évident qu’il se passe beaucoup plus de choses que ce que l’on croit derrière cette façade. Samuel L. Jackson explique : « C’est à peu près le même type qu’avant. Elijah est toujours très calculateur, toujours très vigilant et toujours très puissant. Il a passé beaucoup de temps en isolement, ce qui lui a donné encore plus de temps pour se forger des opinions, imaginer des plans, et s’enfoncer encore plus profondément dans ce qu’il croit. »

L’arrivée de Dunn et de Crumb offre à Price une excellente occasion non seulement de se libérer lui-même, mais aussi de libérer la société en révélant la vérité : il y a des super-personnes parmi nous. Sa pensée va donc totalement à l’inverse de celle du Dr Staple, pour qui ces « surhommes » s’abusent eux-mêmes. Ce qui rend Price si dangereux, c’est bien sûr que personne ne sait ce qu’il prépare… jusqu’à ce qu’il soit trop tard !

Charlayne Woodard, qui joue la mère de Price, déclare : « Quand on vit avec la douleur, une douleur implacable et permanente qui vous saisit dès votre naissance comme c’est le cas pour Elijah, cela vous change. Cela s’est manifesté chez lui d’une manière extraordinaire. Je ne dirais pas qu’il est mauvais, et je ne dirais pas non plus qu’il est bon, parce que nous sommes tous finalement un peu des deux. »

En effet, l’un des dispositifs narratifs les plus subtils du film modifie progressivement notre perception de Price. Le personnage ne change pas, mais nous commençons à le voir sous un nouveau jour. M. Night Shyamalan explique : « L’idée d’avoir un personnage marginalisé comme héros principal est très satisfaisante pour le public. Même si certaines de ses actions sont ignobles, on a vraiment envie qu’il parvienne à ses fins. »

Madame Price

La première fois que l’on rencontre Mme Price dans INCASSABLE, on découvre la mère d’un Elijah Price préadolescent. Sa maladie génétique, l’ostéogenèse imparfaite – la « maladie des os de verre », qui fait que ses os se brisent extrêmement facilement – force le jeune garçon à rester enfermé chez lui, terrifié par le monde qui l’entoure. Mais il adore les bandes dessinées et sa mère le force à quitter la maison en plaçant régulièrement une nouvelle BD sur le banc de l’aire de jeu située en face de leur maison. C’est grâce à ce stratagème qu’elle le fait revenir dans le monde réel.

Dans GLASS, son fils est tellement sous sédatifs qu’il ne semble presque plus exister, mais elle est déterminée à ne pas l’abandonner, persuadée qu’il vit encore à l’intérieur, quelque part, et qu’il a juste besoin d’une bonne motivation pour revenir à la vie.

Pour Charlayne Woodard, retrouver ce rôle a été un véritable bonheur : « C’est merveilleux pour moi, parce qu’il y a 18 ans, j’étais une femme différente. Je jouais une femme plus âgée que je ne l’étais à l’époque, et maintenant que je suis véritablement plus âgée, ma conscience de ce que c’est qu’être une femme a changé. C’est une nouvelle expérience, plus riche. Je suis arrivée sur ce film avec un peu plus de connaissances et un peu plus de courage. »

Joseph Dunn

Le fils de David Dunn, Joseph (Spencer Treat Clark), a maintenant 25 ans et dirige Dunn Security avec son père. Dans INCASSABLE, Joseph, alors âgé de 9 ans, avait été le premier à croire que son père avait des superpouvoirs. Il croit toujours en lui et est devenu son partenaire dans la lutte contre le crime, l’aidant à localiser les criminels, surveillant ses activités à distance par caméra et communiquant avec lui au moyen d’un écouteur pendant ses missions. À bien des égards, Joseph est devenu son protecteur, évaluant le risque de chaque situation et se méfiant de la police, toujours à sa recherche. L’incarcération de ce dernier à Raven Hill mettra à l’épreuve la capacité de Joseph à continuer et il sera forcé de remettre en question sa croyance dans les pouvoirs de son père.

Pour Spencer Treat Clark, l’occasion de reprendre un rôle qu’il a joué quand il était enfant était un cadeau vraiment extraordinaire. Il raconte : « Tout ça était assez incroyable. Quand SPLIT est sorti, j’étais parti camper avec des amis et mon téléphone était en mode avion. À mon retour, j’avais reçu une quinzaine de SMS de gens me demandant si je l’avais vu. Alors je suis allé le voir et à la fin, quand j’ai entendu la musique d’INCASSABLE et que j’ai vu Bruce, j’ai été très étonné ! Je n’avais vraiment aucune attente et quand Night m’a appelé, j’étais presque sûr que ce serait juste un appel de courtoisie pour me dire qu’ils avaient engagé Chris Hemsworth ou quelqu’un d’autre pour jouer Joseph. Mais il a dit qu’il avait un rôle pour moi et deux mois plus tard, j’ai reçu le scénario. C’était dément ! »

L’acteur a également été très surpris de l’importance et du caractère décisif du rôle de Joseph dans GLASS. Celui-ci était beaucoup plus essentiel et présent qu’il ne l’avait prévu. Il raconte : « J’ai dit oui avant même de lire le scénario et je n’ai donné aucune latitude à mes agents pour négocier. Night aurait pu me déguiser en clown et me coller dans un coin pendant tout le film que j’aurais quand même été partant. »

LES SITES DE TOURNAGE

Entrepôts de brique et hôpitaux abandonnés : A la recherche de l’architecture du film

Comme pour la plupart des films de M. Night Shyamalan, GLASS a été tourné à Philadelphie, en Pennsylvanie. Les deux endroits que le réalisateur devait absolument trouver étaient un entrepôt en briques où La Bête retient les pom-pom girls qu’il a l’intention de tuer – entrepôt qui est également le théâtre du combat épique entre La Bête et David Dunn – et un bâtiment qui pouvait servir de décor à l’hôpital de Raven Hill où se déroule la majeure partie du film.

Pour trouver les lieux parfaits, M. Night Shyamalan a demandé à Staci Hagenbaugh, une régisseuse d’extérieurs avec qui il avait déjà travaillé sur PHÉNOMÈNES, THE VISIT et SPLIT, de mener les recherches.

Staci Hagenbaugh raconte : « Nous avons exploré au moins 25 bâtiments en briques avant de trouver le bon. Il nous restait à faire un choix entre deux, et c’est finalement le Frankford Arsenal, une ancienne usine de munitions de l’armée du XIXe siècle située dans le nord-est de Philadelphie, qui a été retenue. Il allait se passer énormément de choses dans cet endroit : beaucoup de cascades, d’effets visuels, tout ça en même temps. La structure du bâtiment permettait en outre de nombreuses interactions entre l’intérieur et l’extérieur. Night avait été catégorique sur le fait qu’il avait besoin de pouvoir utiliser à la fois l’intérieur et l’extérieur. Pour moi, c’était un endroit vraiment emblématique parce que personne n’y avait tourné depuis très longtemps. On était vraiment excités de pouvoir y filmer. »

Cela ne signifiait pas pour autant que le tournage serait très agréable pour les acteurs, en particulier lors d’une scène de combat sous la pluie. James McAvoy confie : « C’était carrément épouvantable ! Faire des cascades sous la pluie sur le site de cette usine était plutôt amusant, mais je joue quelqu’un qui ne ressent pas le froid. Je me suis retrouvé debout torse nu sous une pluie glacée à hurler « JE SUIS LA BÊTE ! », alors que j’avais surtout l’impression d’être une poule mouillée en train de geler avec mes tétons plus durs que de la pierre ! »

Pire encore, James McAvoy a dû attaquer Bruce Willis alors que celui-ci portait une caméra. Il raconte : « Bruce portait une caméra fixée sur un support en acier dont les montants dépassaient. Donc quand je m’accrochais à lui de toutes mes forces en essayant de le tuer, ces foutus montants me rentraient dans les côtes. Heureusement, Bruce est un gentil géant, il était génial. »

Pour trouver l’hôpital de Raven Hill, Staci Hagenbaugh avait une piste qui pouvait correspondre aux attentes de la production. Elle explique : « J’avais déjà travaillé avec le Commonwealth de Pennsylvanie dans 2 de ses établissements, et je savais que l’hôpital d’Allentown était fermé depuis quelques années, mais je n’avais jamais vu de photos du lieu. Dès le premier coup d’œil, j’ai su que Night allait adorer. C’est quelqu’un de très visuel et je pense qu’il a eu une connexion avec l’endroit dès qu’il est entré. »

Le lieu correspondait tellement aux attentes du réalisateur que le script s’en est trouvé réadapté. Le producteur Marc Bienstock raconte : « Night n’a pas hésité à réviser certains points du scénario afin de l’adapter parfaitement au lieu et d’intégrer l’action visuellement à l’espace. »

Une ancienne salle commune pour les patients a particulièrement inspiré le réalisateur. Staci Hagenbaugh raconte : « Elle était peinte en rose très flashy, c’était assez incroyable. Night, Ashwin et moi l’avons regardée et Night l’a vraiment adorée, mais nous avons rencontré des difficultés à tourner dans la pièce. Nous avons donc fini par reproduire l’apparence de cette salle rose à l’identique, un étage plus bas. » C’est sans doute devenu la salle la plus importante de l’hôpital, car c’est celle où le Dr Staple rencontre simultanément Dunn, Price et Crumb pour leurs séances de groupe.

Staci Hagenbaugh précise : « D’une certaine façon, c’est l’hôpital lui-même qui a donné le ton à l’ensemble du film, parce que c’est le lieu que nous avons choisi en premier. Il a déterminé l’orientation visuelle de tout le reste. Nous voulions que tous les lieux aient ce genre d’ambiance, juste une petite touche sinistre. »

Les acteurs et l’équipe de tournage ont bel et bien ressenti cette ambiance étrange pendant le tournage à l’hôpital. Samuel L. Jackson raconte : « C’est un lieu de tournage assez effrayant. Parfois, pour aller du plateau aux toilettes, il fallait marcher tout seul assez longtemps dans de longs couloirs, prendre des virages et faire quelques détours. C’était un peu flippant là-dedans… »

L’ESTHÉTIQUE DE GLASS

Couleurs, claustrophobie et personnages : Façonner l’univers du film

Pour le chef décorateur Chris Trujillo, l’hôpital d’Allentown a également contribué à orienter l’esthétique globale du film. Il explique : « C’est incroyable d’entrer dans ces gigantesques locaux abandonnés et d’être témoin de la grandeur du début du siècle dernier. Et le fait qu’il a été conçu pour servir d’établissement de santé mentale est également très intéressant. Cela nous a donné une sorte d’aperçu de ce à quoi ce monde ressemblait. »

Les chambres des 3 personnages principaux – Dunn, Price et Crumb – devaient s’intégrer harmonieusement au style visuel de l’hôpital, mais aussi être aménagées pour contrôler les pouvoirs de chacun d’entre eux. Ce sont donc les personnages et l’histoire qui ont guidé la conception des décors. Le producteur Ashwin Rajan déclare : « Chaque chambre est adaptée à la personnalité de son occupant. David Dunn, qui craint l’eau, est installé dans une chambre dotée d’un système de douches qui peut l’asperger s’il tente de s’échapper. La Horde (Crumb) est retenu dans une pièce minimaliste avec des lampes qui peuvent contrôler ses troubles de la personnalité. Mr. Glass (Price) vit quant à lui dans une chambre capitonnée pour éviter qu’il ne se brise les os. Chaque pièce a sa propre personnalité en fonction du personnage qui y vit. »

Le système d’arrosage de la chambre de Dunn était un véritable défi. Chris Trujillo explique : « Il y avait beaucoup de choses à conceptualiser et à imaginer pour que ce décor soit vraiment saisissant, intéressant mais aussi crédible. Les matériaux devaient exister dans le monde réel et il fallait que ce soit quelque chose que l’on pourrait effectivement fabriquer. » Les résultats parlent d’eux-mêmes.

De façon générale, Chris Trujillo aspirait à une direction artistique subtile, mais en utilisant la couleur de manière stratégique. Il explique : « Il y a un thème de couleur très précis dans tous les décors et les costumes. La qualité de la couleur est spécifique à certains endroits pour que le public comprenne notre intention. Un espace peut avoir une atmosphère éthérée, presque claustrophobique, tandis qu’un autre sera plus saturé, avec une couleur un peu plus soutenue. Nous essayons d’être très précis quant à ce que nous suggérons au sujet de la psychologie des personnages à travers la couleur des espaces. C’est parfaitement délibéré. »

Cette volonté est la plus frappante dans la salle où le Dr Staple traite Dunn, Crumb et Price lors de leurs séances de groupe. Chris Trujillo note : « C’est cette immense pièce fabuleuse qui est monochrome dans des tons roses. C’était un peu contre-intuitif pour moi, mais Night était très confiant, et en fin de compte le rendu est assez incroyable. On obtient cette salle hypnotique, avec une atmosphère étrange qui fait très Kubrick. »

LES COSTUMES

Violet, vert et jaune : imaginer la palette parfaite

L’un des plus grands défis du chef costumier Paco Delgado a consisté à fusionner les palettes et les styles visuels de deux films réalisés à 16 ans d’intervalle, tout en créant une esthétique propre à GLASS. Il déclare : « Nous mélangeons deux histoires, celle d’INCASSABLE et celle de SPLIT. C’est complexe parce qu’il faut s’en tenir à une certaine palette. Historiquement, chaque personnage a une couleur de garde-robe distincte : David Dunn porte du vert, Mr. Glass du violet, et La Horde, du jaune. Donc, pour GLASS, nous avons pris les trois couleurs des palettes des films. Vous vous retrouvez de ce fait avec une palette limitée pour le reste des personnages. Ce qui est bien, d’un autre côté, c’est que vous avez tout de suite une idée très claire des couleurs à utiliser. »

Il poursuit : « Nous avons affaire à des personnages qui, en plus d’être des super-héros, mènent une vie normale. Nous avons essayé de trouver le moment où s’achève l’être humain ordinaire et où commence le super-héros. Ce sont deux facettes d’un même personnage. Par exemple, quand on veut habiller David Dunn, on garde la palette verte, mais elle est beaucoup plus subtile que lorsqu’il porte son poncho vert. C’est pareil pour les autres personnages. »

Ces trois couleurs – vert, violet et jaune – s’étendent à l’apparence de chaque membre de la famille ou proche des personnages principaux. Cela a permis de créer un lien visuel entre David Dunn et son fils, entre Price et sa mère, et entre Crumb et Casey Cooke. Comme l’explique Paco Delgado, la clé était de le faire de façon naturelle et subtile : « Étant donné que ces proches ne sont pas des super-héros, les couleurs qui permettent de les identifier ne sont pas aussi marquées. »

Paco Delgado et son équipe ont également dû résoudre un petit problème d’eau. Elle est très présente dans GLASS et cela limitait les tissus qu’ils pouvaient utiliser, en particulier pour David Dunn. Il explique : « L’eau est sa kryptonite ; c’est la seule façon de vaincre ce personnage. On a donc dû travailler avec des matières résistantes à l’eau, comme des imperméables par exemple. »

L’un des plus grands avantages à travailler avec des acteurs qui ont tous déjà joué leurs personnages auparavant, c’est qu’ils apportent leurs propres idées pour certains vêtements et accessoires. Pour une scène, Paco Delgado avait habillé Elijah Price avec une cravate percée d’une épingle, mais le chef costumier n’était pas satisfait de l’épingle. Il se souvient : « Soudain, Sam m’a dit : « Pourquoi on ne ferait pas une épinglette avec mes initiales : Mr. Glass » ? Nous avons donc fabriqué cette épingle avec les lettres « MG », en diamants. J’ai adoré l’idée. »

LES EFFETS VISUELS

Les experts de Powerhouse ou l’art subtil de l’infographie

L’une des caractéristiques des films de M. Night Shyamalan est l’intégration harmonieuse des effets visuels dans un monde réel. Contrairement à presque tous les autres grands films de studios – et certainement tous les films de super-héros – ses effets n’attirent jamais l’attention sur eux. En apparence, il est souvent impossible de dire quels éléments, s’il y en a, sont générés par ordinateur. Cela s’explique à la fois par une pure volonté créative et par des considérations pratiques.

M. Night Shyamalan explique : « Avec GLASS, nous réalisons un film de comics qui coûte dix fois moins cher qu’un autre film de ce genre. Je le fais pour de très nombreuses raisons, mais artistiquement parlant, je crois au minimalisme et aux contraintes. Je suis convaincu que c’est lorsque nous sommes confrontés à des paramètres précis que nous faisons de notre mieux : voilà vos quatre crayons, quel tableau pouvez-vous faire avec ? »

Cette philosophie s’étend aux effets visuels, comme l’explique le réalisateur : « Nous voulons que le film soit ancré dans la réalité tout en rivalisant avec le niveau de spectacle que le public attend, disons, d’un film Marvel. Le public sait implicitement que lorsqu’il vient voir mes films, ce n’est pas cela qu’il va voir. Il va voir un thriller psychologique. Cela nous donne un avantage. Si vous roulez à 50 km/h et que vous grimpez brusquement à 75 km/h, vous donnez l’impression d’être à 100 km/h. Nous comptons sur cette illusion. Vous regardez un drame et, soudain, quelque chose d’extraordinaire se passe. C’est ce que la synthèse d’image nous a permis de faire dans ce film. »

Pour GLASS, M. Night Shyamalan, son directeur de la photographie Mike Gioulakis et le reste de l’équipe créative ont travaillé avec l’entreprise d’effets spéciaux Powerhouse, basée à l’origine à Philadelphie, pour obtenir des effets qui feront vibrer le public sans le sortir une seconde du film. Le réalisateur déclare : « J’ai déjà connu des tournages où je n’avais pas confiance en l’équipe chargée des effets spéciaux, et lorsque cela se produisait, je cherchais des solutions pour m’en passer. Mais lorsque l’on travaille avec une entreprise comme Powerhouse, on se dit tout à coup que c’est possible ! Cela offre une autre façon de voir les choses. Ils ont fait un travail merveilleux et souvent avec des choses que le public ne réalisera jamais. » 

LA MUSIQUE 

Un univers musical singulier 

Toutes les sagas, de STAR WARS à JURASSIC PARK en passant par MOI MOCHE ET MÉCHANT, possèdent leurs propres thèmes musicaux. La musique de ces films est immédiatement reconnaissable. GLASS est peut-être le troisième volet d’une trilogie, mais celle-ci se différencie des autres. C’est précisément ce qui a donné à M. Night Shyamalan et à son compositeur West Dylan Thordson l’occasion de créer une partition qui ne ressemble à rien de ce qui a déjà été fait auparavant. 

M. Night Shyamalan développe : « Pour GLASS, la musique était un défi unique parce que nous réalisions la suite de deux films issus de deux générations différentes. La musique d’INCASSABLE est encore sur un modèle hollywoodien à l’ancienne. C’est inhabituel et il y a un grand mouvement qui s’appuie sur les percussions. C’était avant-gardiste pour l’époque, tout en étant joué par un orchestre de 100 musiciens. Pour SPLIT, nous avons adopté un son très différent, presque avec une atmosphère à la Nine Inch Nails. Nous avons pris un son de violoncelle que nous avons modifié en le déformant. Là encore, c’était avant-gardiste, même pour notre époque. Comment faire alors pour réunir ces deux approches dans un même film ? » 

La solution était que West Dylan Thordson reprenne les thèmes d’INCASSABLE, composés par James Newton Howard, et les revisite selon son propre style et avec sa propre musicalité. M. Night Shyamalan déclare : « On a alors obtenu des tonalités se rapprochant de la musique de West, minimalistes, dépouillées, simples. » 

Le compositeur a ensuite utilisé les thèmes musicaux qu’il avait composés pour SPLIT. Il a parallèlement composé de nouveaux morceaux spécialement pour GLASS. Enfin, pour les scènes de flashback d’INCASSABLE, l’équipe a utilisé la musique originale de ce film. 

Le réalisateur poursuit : « En fait, nous avons vécu une évolution. West a travaillé sur le film pendant près d’une année. Il a pris son engagement très au sérieux. Il a déménagé à Philadelphie, a installé son matériel chez lui et dans nos bureaux, et il s’est lancé. Il a une façon vraiment inhabituelle d’aborder un projet. » 

Pour une expérience au final non utilisée dans le film, le compositeur a même enregistré des sons à l’hôpital d’Allentown où les scènes de Raven Hill ont été tournées. M. Night Shyamalan raconte : « Il faisait des choses incroyables avec les percussions. Il y allait et enregistrait toute la nuit, après qu’on avait fini de tourner. À 4 h du matin, il jouait de la batterie et faisait jouer un violoniste, et il enregistrait les échos qui enflaient dans l’auditorium et couraient dans les couloirs.

Ce genre d’objets sonores, intellectuels et ineffables feront résonner les scènes chez les spectateurs. » 

Suite à leur travail commun sur SPLIT et GLASS, West Dylan Thordson et M. Night Shyamalan ont découvert qu’ils étaient de véritables âmes sœurs créatives. Le réalisateur explique : « En tant que cinéastes, notre objectif principal est l’authenticité, et tout ce que vous entendez dans le film a été réalisé par West. C’est lui qui l’a créé, synthétisé et animé d’une manière ou d’une autre. C’est le fruit du travail d’un seul homme déterminé à m’aider à raconter mon histoire, et c’est ainsi que nous avons obtenu ce résultat vivant, puissant et audacieux. »

Copyright des textes des notes de production @ The Walt Disney Company France

  
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