lundi 15 octobre 2018

THE PREDATOR



Action/Science fiction/Un film qui ne sort pas des sentiers rabattus du genre

Réalisé par Shane Black
Avec Boyd Holbrook, Olivia Munn, Sterling K. Brown, Jacob Tremblay, Keegan-Michael Key, Yvonne Strahovski, Trevante Rhodes, Alfie Allen, Thomas Jane, Jake Busey...

Long-métrage Américain
Durée: 01h47mn
Année de production: 2018
Distributeur: Twentieth Century Fox France 

Date de sortie sur les écrans américains : 14 septembre 2018
Date de sortie sur nos écrans : 17 octobre 2018


Résumé : Les pires prédateurs de l'univers sont maintenant plus forts et plus intelligents que jamais, ils se sont génétiquement perfectionnés grâce à l'ADN d'autres espèces. Quand un jeune garçon déclenche accidentellement leur retour sur Terre, seul un équipage hétéroclite d'anciens soldats et un professeur de science contestataire peuvent empêcher l’extinction de la race humaine.

Bande annonce (VOSTFR)


Featurette Predator VS ... (VOSTFR)



Ce que j'en ai pensé Shane Black, le réalisateur de THE PREDATOR, met en place le contexte immédiatement et nous fait rentrer dans l'action dès les premières minutes de son film. La façon dont il monte son équipe de bras cassés rebelles, avec beaucoup d'humour, en parallèle des scènes gores qui suivent les Predators comme une traînée de poudre est très sympathique. Il met en place une dynamique et un rythme qui fonctionnent et viennent agrémenter positivement des effets visuels moyens - hormis le soin apporté aux Predators qui sont tout à fait convaincants - et un scénario assez téléphoné. Il intègre aussi des références aux autres opus de la saga. 



Cependant, tout cela converge vers une seconde partie qui stagne dans son statut d'action à gogo sans objectif autre que de créer du bruit et du mouvement à l'écran. Le travail narratif du début s'évapore et les personnages perdent toute substance (et ce n'est pas que littéral) ce qui est dommage. Certes, on n'attend pas forcément beaucoup plus d'un film de ce genre, mais on aurait espéré un petit supplément d'âme de la part de ce réalisateur talentueux. Finalement, il ne sort pas des sentiers rabattus. 

Le casting joue le jeu. Boyd Holbrook interprète Quinn McKenna. Il enfile la tenue du héros qui tient essentiellement sur ses muscles et le maniement des armes. Face à lui, le charme d'Olivia Munn, qui interprète le Dr. Casey Brackett, opère. Trevante Rhodes est celui qui apporte la personnalité la mieux dessinée à la troupe avec son interprétation de Gaylord Nebraska Williams. Jacob Tremblay tient toute une partie de l'intrigue dans la première moitié du film sur ses épaules et il est très bien dans le rôle du petit Rory McKenna. Keegan-Michael Key, qui interprète Coyle, et Thomas Jane, qui interprète Baxley, nous propose un duo assez rigolo.



THE PREDATOR peut se résumer ainsi : un film d'action décérébré avec des effets spéciaux plus grandiloquents que réussis, des scènes violentes et une histoire qui tient en deux lignes d'explication. Il fait le boulot, sans plus. 

Copyright photos @ 20th Century Fox France

NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Des confins de l’espace jusqu’aux fins fonds de la Géorgie du sud, la chasse refait son apparition dans une version explosive de la série PREDATOR, réinventée par Shane Black. Désormais les chasseurs les plus meurtriers de l’univers ont redoublé de force et d’ingéniosité, et sont plus redoutables que jamais. Seule une équipe hétéroclite d’anciens soldats accompagnée d’un professeur de biologie de l’évolution saura empêcher l’anéantissement de l’espèce humaine.

Shane Black dirige des acteurs remarquables et est également l’auteur du scénario avec Fred Dekker. Boyd Holbrook est à la tête d’un casting constitué par Trevante Rhodes, Jacob Tremblay, Keegan-Michael Key, Olivia Munn, Thomas Jane, Alfie Allen, Augusto Aguilera et Sterling K. Brown. Le film est produit par John Davis, qui a donné naissance à la franchise PREDATOR. On retrouve Larry Fong à la photographie, Martin Whist comme chef décorateur, Harry B. Miller III et Billy Weber au montage, et des effets visuels supervisés par Jonathan Rothbart et Matt Sloan.

On doit à Shane Black non seulement des scénarios de films sensationnels tels que L'ARME FATALE mais aussi la réalisation de IRON MAN 3, NICE GUYS ou KISS KISS BANG BANG. Il est en outre acteur, connu notamment pour son interprétation du personnage de Hawkins dans le classique PREDATOR de 1987 réalisé par John McTiernan. Mais selon les propos de Shane Black “Le Predator dans ce film est le plus meurtrier et le plus effrayant qui existe jusqu’à présent”.

“Trente ans plus tard, il s’agit toujours du même Predator, mais avec le temps il s’est amélioré explique John Davis. “Il ne s’agit pas d’une réinvention ni d’une redite. On reconnaît bien là la franchise qui nous a transporté, mais trente ans plus tard. On nous présente les conséquences de ce qui est arrivé. On y développe ce qui s’est déroulé durant les trois dernières décennies. Ils sont bien plus méchants et bien plus gros ; ils ont évolué. Ce Predator, ce n’est pas de la rigolade”. 

“Je pense que c’est une de ces franchises que les gens adorent et qu’on aime à travers le temps” ajoute John Davis. “Le premier film de la série rencontre encore un très large public partout dans le monde et réalise d’excellentes ventes mondiales pour le câble et les services de streaming. C’est incroyable à quel point PREDATOR continue de captiver les nouvelles générations au bout de trente ans”.

Shane Black précise que le plus bel hommage qu’il pouvait rendre au film original était de trouver les acteurs idoines, capables de refléter la même camaraderie qui se dégageait des personnages de PREDATOR. Boyd Holbrook incarne le mercenaire protagoniste Quinn McKenna, qui se retrouve à la tête d’une équipe disparate d’anciens soldats, unis pour lutter contre l’extraterrestre sanguinaire. Selon les dires de Shane Black, “Ce sont des laissés-pour-compte, des marginaux. Ils sont tous brisés. Pour une raison ou une autre, ils sont considérés comme n’étant pas dignes de confiance, car quelque chose a été brisé en eux. Cependant, ils se sont trouvés. Ce n’est pas une troupe d’élite. Il leur en coûte d’être à la hauteur, mais ils restent au fond d’eux-mêmes une étincelle qui ne demande qu’à être rallumée. Il subsiste un inépuisable élan qui vacille et c’est précisément l’occasion pour eux de revenir à la vie, de se soutenir les uns les autres et de se mesurer au monstre. Ces gens sont les dernières personnes que l’on choisirait pour accomplir une telle mission et pourtant dans les moments critiques, ils sont vraiment coriaces. Ils ont une âme, ils font preuve de courage et possèdent une inextinguible loyauté les uns envers les autres”.

“Quand on y pense, c’est une bande de marginaux sauve le monde” résume John Davis. “Sans doute sont-ils trop déjantés pour avoir peur au moment où ils devraient pourtant être terrifiés”.

MYTHOLOGIE DU FILM

John Davis, producteur du film initial et de tous les opus antérieurs de la franchise, évoque ce qui l’a séduit dans le Predator il y a plus de trente ans : “Il s’agissait surtout de l’idée de la chasse. Une idée incarnée par cette créature venue d’une autre planète qui joue sa plus grande partie de chasse face au plus gros des gibiers, et ce commando américain et ces gars pris au cœur de la jungle. À la fin, la créature est surpassée et vaincue, donc bien que le Predator ait davantage de muscles et d’armes, l’ingéniosité et le désir de survie de l’homme en fait un combat équitable”.

Shane Black venait d’écrire L’ARME FATALE et John Davis ainsi que les autres producteurs espéraient qu’il accepterait de travailler sur le scénario de PREDATOR. “Nous pensions l’intégrer à l’équipe en lui offrant un rôle puis une fois au Mexique, lui demander d’étendre sa collaboration” se souvient John Davis. “Mais il a refusé, disant qu’on l’avait embauché en tant qu’acteur et qu’il se limiterait à ce rôle. Quand nous avons réalisé cela, nous nous sommes dit qu’il serait le premier tué ; il n’a pas duré longtemps” plaisante le producteur. “Je suis vraiment passé à côté, quel crétin j’ai été” relève Shane Black, “mais dans une bonne ambiance. Je n’imaginais pas qu’ils avaient besoin d’une ré-écriture”.

“Ironie du sort”, conclut John Davis, “le voici qui revient pour écrire et réaliser ce nouvel opus, après tout ce long passé. À mes yeux c’est un réalisateur talentueux, avec un sens de l’humour malicieux et une incroyable façon d’observer. C’est ce qui fait la qualité du scénario et ce qui rend ce film formidable”.

LE MYTHE DU PREDATOR

Le Yautja, ce terrifiant extraterrestre qui apparaît à l’écran sous le nom du Predator depuis le premier film réalisé en 1987, a été conçu à l’origine par le maquilleur Stan Winston, véritable gourou des effets spéciaux, créateur également des légendaires créatures de ALIEN et TERMINATOR. Le scénariste Fred Dekker pense que “le Predator est l’une des créatures les plus emblématiques du cinéma grâce à son élégant design qui, à l’instar de toutes les conceptions de grands monstres, vise directement notre inconscient. En contemplant cette créature nous voyons le reflet de notre propre image dans son aspect le plus sombre, effrayante et primitive, une vision difficile à affronter”.

“Cet aspect, humanoïde dans une certaine mesure et extraterrestre par ailleurs, provoque un choc” déclare John Davis. “Cette créature suscite crainte et intérêt à la fois. Rien chez elle ne relève du cliché et c’est à mon sens le plus grand défi à relever pour la création d’un monstre venu d’une autre planète”.

“Le Predator est le summum du chasseur” ajoute le producteur. “Il est écrasant. Il a la faculté de se mouvoir avec beaucoup d’élégance et rapidement, il peut couvrir des distances considérables en un saut et a le don de se dissimuler et de se dérober. Il est capable de jaillir tel un tigre ou un lion, pur, cru, puissant, il possède la ruse d’un grand chasseur. Sa finesse permet au Predator de poursuivre sa proie et de l’appâter, de l’attaquer lorsque les conditions tournent à son avantage et de viser les faiblesses de son adversaire”.

“C’est un peu spécial car il y a le masque à la surface qui est flippant et vraiment génial, et si on le retire, c’est encore mieux” explique Shane Black. “On reconnaît cette créature qui marche comme nous, qui nous comprend, qui a des pulsions primaires comme les humains mais qui n’est manifestement pas d’ici. Le plus intéressant, c’est la capacité d’un gars à regarder le Predator dans les yeux et à se comparer à lui. Je pense que c’est sa capacité à être un véritable personnage”.

“Quant à l’apparence du Predator”, ajoute le réalisateur, “je pense que l’objectif est de trouver la meilleure variante sans pour autant trahir le principe de base qui a rendu la première créature si populaire. Je ne voulais pas pousser trop loin car je souhaitais conserver une certaine nostalgie du premier film. Ce qui rendait le Predator d’origine si génial, c’était sa qualité humaine ; car aussi mortel soit-il, il ne s’agit pas juste d’un animal sauvage, il est intelligent et astucieux, il est capable de vous regarder dans les yeux et de détecter ce qui vous effraie, de s’arrêter et de vous attraper”.

Les différents Predators du nouvel opus sont un mélange entre prises de vue avec une caméra courante et des effets en images de synthèse. Tandis que celui d’origine, le plus familier des Predator, est incarné par un acteur de très grande taille en costume, le Predator évolué est en images de synthèse. Shane Black explique qu’ils souhaitaient “réaliser une fusion sans démarcation entre les effets spéciaux et visuels. Cela suppose d’énormes compétences en images de synthèse que de rendre le Predator encore plus mortel”.

LE PREDATOR, UNE RECETTE SUBTILE

Dès son arrivée sur le projet, Shane Black a posé comme condition d’obtenir pour THE PREDATOR un budget élargi afin d’amplifier l’échelle et l’ampleur du film avec davantage d’action, et une plus grande implication des personnages comparée aux autres films de monstres, “sans jamais oublier le réalisme ni notre interdiction aux moins de 16 ans. Les têtes vont donc voler. Ces Predators n’hésitent pas à trancher et à hacher menu. Nous avions carte blanche pour réaliser un vrai film d’aventures façon vieille école, qui résume tous les genres avec lesquels on a grandi et que l’on affectionne, mais portés à une échelle supérieure. C’est une recette complexe et savoureuse, subtile et compliquée. Ce n’est pas un bol de soupe aux nouilles … c’est aussi raffiné qu’une bouillabaisse”.

“Les Predators pourraient décrocher le flanc d’une montagne et pourtant ils semblent toujours jouer fair-play” précise Shane Black. “Ils veulent toujours trouver un adversaire à la hauteur de leurs compétences parce qu’autrement ils peuvent bondir, sauter, grimper aux arbres, devenir invisibles, ils possèdent un mécanisme de camouflage qui leur permet de se fondre dans le paysage. On ne sait jamais s’ils sont là, jusqu’au moment où on s’aperçoit que le mur semble un petit peu animé ou que l’arbre a l’air de bouger un peu… et soudain ils sont sur vous. Ce sont de parfaits ninjas dans un sens, avec leurs armes, leurs aptitudes et leur capacité physique. Ils cherchent un adversaire qui vaille la peine et pourchassent les plus puissants et irrésistibles opposants”.

“Pour rester fidèle à ses origines, un film de la franchise PREDATOR doit faire peur” déclare Fred Dekker. “Il est indispensable que la menace de la chasse plane tout au long du film. Il y aura une certaine quantité d’effusion de sang, des viscères et des matières visqueuses aussi, il faut que cela fasse peur. Nous avons insisté sur ces points-là. Mais je pense que tout film doit avoir une certaine humanité, on doit vibrer pour les personnages, autrement l’histoire n’a pas de sens. Et c’est sur cet élément que nous avons posé notre première balise”.

“Shane a pris très à cœur le projet et tenait à entretenir l’idée et, dans un sens, le mythe, tel qu’il apparaît dans le premier volet. Le PREDATOR d’origine est en effet l’un des meilleurs films de monstres de tous les temps. Nous souhaitions ardemment rendre hommage et mettre à l’honneur les deux premiers films de la série et nous les avons pris en compte dans nos références en termes de chronologie et d’histoire. Nous voulions cependant étendre la mythologie, ce qui signifie qu’on considère dans THE PREDATOR que tous les événements des deux premiers volets se sont vraiment déroulés. Avec le nouveau film, on élargit l’image et le puzzle d’une certaine manière”.

LES CINGLÉS

Les héros au cœur de THE PREDATOR sont gentiment appelés les Cinglés. Emmenés par Quinn McKenna (Boyd Holbrook) qu’ils ont rencontré dans un car de la prison militaire, les Cinglés sont un groupe d’anciens soldats atteints d’un syndrome post-traumatique. Williams (Trevante Rhodes), Coyle (Keegan-Michael Key), Baxley (Thomas Jane), Lynch (Alfie Allen) et Nettles (Augusto Aguilera) se connaissent à travers leurs consultations en thérapie de groupe. Selon Trevante Rhodes, « Ils sont très différents et pourtant ils se ressemblent tellement. Ils aspirent tous à retrouver le relationnel et la fraternité qu’ils ont connu auparavant ». Keegan-Michael Key trouve que ce monde des « allumés » est très séduisant. « Cela vient avec un sentiment d’urgence et d’amusement. Shane est très sensible au fait que les personnages paraissent des hommes brisés et non pas des personnages de dessins animés ou des charlots. Nous avons cherché à établir un équilibre entre nos comportements singuliers pour ne pas tomber dans la colonie de vacances. Shane voulait assurer une certaine dose d’humour et tenait à éviter la platitude. Il tenait à leur faire ressentir la douleur, la peur, l’insécurité et le doute. Et en même temps nos personnages devaient être réellement compétents dans le travail qu’ils avaient l’habitude de faire. Ce sont des marginaux et des parias. Ce sont les Six Fantastiques. Ils ne soupçonnaient pas qu’ils auraient dans leur vie une nouvelle chance, encore moins celle de combattre des guerriers extraterrestres. Je pense que l’expression Cinglés est plutôt affectueuse, je crois que c’est ce genre de mot qu’on n’autorise pas n’importe qui à employer, du genre « tu n’as pas le droit de traiter mon frère de cette manière, mais moi je peux le faire ». McKenna peut nous appeler les Cinglés, mais si quelqu’un d’autre le faisait, on le truciderait » plaisante-t-il.

« La manière dont Shane Black m’a décrit les personnages », ajoute Thomas Jane « c’est que, pour une raison ou une autre ils ont été tous fracassés par les guerres dans lesquelles ils ont combattu. Après cela, ils n’ont pas bénéficié d’une réinsertion de sorte à ce qu’ils puissent se sentir utiles, ou comme des membres normaux de la société, et cela leur pose beaucoup de problèmes. Que se passerait-il si ces gars étaient brusquement poussés vers des circonstances aussi extraordinaires qu’une chasse aux aliens venus d’une autre planète ? Les voilà lancés dans une grande aventure qui leur permet de montrer ce qu’ils savent faire. Tous souffrent de sérieux problèmes, mais à l’heure d’affronter l’ennemi, toutes leurs entraves sont balayées et ils agissent selon une mécanique bien huilée. L’entraînement ne s’oublie pas, il est ancré dans la mémoire de vos muscles, dans votre âme, une fois que vous vous êtes exercé des milliers de fois ».

« Ces pauvres fêlés mal préparés, qui perdent leur sang-froid à tout moment, répondent pourtant présents lorsque les choses se gâtent et que cela tourne mal ; ils ne laissent pas tomber les leurs et mourraient pour eux. C’est très humain » souligne Thomas Jane.

« Ils sont soudés par le fait que personne n’est là pour eux » précise Shane Black. « Ils sont liés car ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, ils se cramponnent les uns aux autres car individuellement, leurs espits se perdent dans des méandres étranges et mauvais. Ce n’est qu’au contact d’autres personnes qui leur procurent une stabilité qu’ils retrouvent leur énergie pour se lancer dans une dernière mission. Une mission qui n’est ni ordre ni sanction, dans laquelle ils se voient propulsés inexplicablement mais qu’ils embrassent à bras le corps en se disant « personne ne nous considère véritablement, nous avons été exclus, on nous prend pour des dingues ; alors tant qu’on n’est plus sous traitement, pourquoi ne pas faire des folies et anéantir cette chose ». »

LE MERCENAIRE

Boyd Holbrook incarne Quinn McKenna, ancien Troupe d’Elite du régiment des rangers devenu mercenaire. « Le premier PREDATOR est légendaire, c’est donc un honneur et un privilège de revenir à lui avec Shane Black et de le réinventer 30 ans après » affirme-t-il.

Boyd Holbrook présente ainsi son personnage : « La première fois que nous voyons Quinn, il n’a pas de véritable raison de vivre. Il est séparé de sa femme et de son fils et se sent déchiré. Il accomplit une mission mercenaire au Mexique lorsqu’un vaisseau du Predator s’écrase. Comme il est en opération de camouflage au Mexique il finit par tenter de renvoyer l’appareil qu’il a trouvé à son adresse aux Etats-Unis. Il a besoin de preuves, car personne ne le croirait. Malheureusement son fils Rory, atteint d’un autisme, tombe dessus et en le découvrant, commence en fait à le comprendre. Il se met à travailler dessus, rassemblant les pièces du puzzle, et de toute son innocence et sa curiosité d’enfant, déclenche des problèmes en cascade ».

« On pourrait simplement dire que l’histoire tourne autour du fonctionnement de la relation parent/enfant. McKenna n’a rien d’un père au début et n’est pas responsable ; il va évoluer pour devenir un leader, endosser son rôle de père à nouveau et enfin acquérir une raison d’être. Une des particularités du scénario est l’unité familiale. McKenna est un gars insensible et il ne sait pas comment s’y prendre avec Rory. Je pense qu’une grande partie du malheur de McKenna lui vient de l’éloignement qu’il a de son fils. Ils n’ont pas de rapports affectifs et il a bien du mal à maîtriser l’autisme de son garçon. C’est sa faille personnelle. Mais il ne baisse pas les bras et finalement les liens se tissent entre eux. On découvre pourquoi ils ne se connaissent pas et on voit comment ils se rapprochent ».

Boyd Holbrook évoque son premier jour de tournage, où lui et ses camarades les Cinglés se présentent au domicile de Quinn : « Nous avons répété la scène et en avons discuté lorsqu’il n’y avait pas de dialogues. Puis, nous sommes allés déjeuner et Shane est parti dans sa loge pour écrire et à l’issue du repas, il nous a tendu de nouvelles pages. Voilà comment il fait pivoter les situations sur ce qui est important. Il a des élans humoristiques qui surgissent et qui remettent les enjeux en question, il est très doué pour cela. »

Le comédien ajoute que « parfois, on avait l’impression de tourner un petit film car on travaillait dans des recoins avec beaucoup de gens et on se sentait comme en famille. Et soudain on partait sur des plateaux gigantesques aussi vastes en extérieurs qu’en studio, c’était alors un très gros petit film ! »

Grâce à l’entraînement qu’il a suivi pour tourner son film précédent, Boyd Holbrook était en grande forme physique. Il se souvient que lorsqu’il travaillait sur le tournage de LOGAN, il a rencontré un cascadeur. « C’était un ancien tireur d’élite de l’unité des SEALs. Quinn McKenna, est un ancien Troupe d’Elite du régiment des rangers, ce qui revient au même. J’ai eu la chance de passer du temps avec cet homme, qui m’emmenait sur la plage à 5 heures du matin pour nager, courir et m’entraîner. Cela a duré deux mois environ. Je crois sincèrement que la préparation façonne complètement la personne. Les défis qu’ils s’infligent en font ce qu’ils sont. Il m’a semblé important d’approcher la sensibilité de ces gars à l’humour très noir. Ces hommes forment un groupe fascinant ».

LA SCIENTIFIQUE

Olivia Munn interprète une biolgiste de l’évolution, le Dr. Casey Brackett. L’actrice déclare que « Casey est une pointure dans son domaine, ses recherches ont pour objet d’évaluer comment les créatures changent et s’adaptent. Elle est sur la liste des personnes que la CIA et le gouvernement doivent solliciter en cas de contact avec toute autre forme de vie et d’intelligence. Elle est donc dans cette attente depuis toujours, sans même savoir si on la contactera un jour. Et l’appel survient, soudainement. On a besoin de son expertise. Elle n’a jamais osé imaginer que cela arriverait. »

« Bien qu’elle ait attendu cet appel pendant toute sa vie, il n’en est pas moins terrifiant et surréaliste. Il enflamme une petite étincelle en son for intérieur – c’est l’apogée de ses investigations. Elle poursuit et veut capturer le Predator. Elle désire l’étudier, s’en approcher, communiquer avec lui, lui parler, mais en même temps, elle doit sauver sa peau. Elle oscille totalement entre la joie et une terreur profonde. »

« Travailler avec Shane Black a été ma première motivation pour tourner le film » déclare Olivia Munn. « Il a écrit les années 80, Shane a été la voix de années 80 ». Pourtant, lorsqu’on lui a proposé de participer au projet elle a tout d’abord décliné l’offre. L’actrice ne connaissait pas les détails du personnage, hormis qu’il s’agissait du protagoniste féminin. « Généralement dans un gros film comme celui-ci, le rôle féminin sert à l’intrigue amoureuse. J’ai répondu non merci, mais ils sont revenus à la charge en précisant que Shane voulait me rencontrer et que c’était pour jouer une scientifique et non pas pour l’histoire d’amour. J’ai donc rencontré Shane. Et j’ai été séduite par lui, par son énergie et par son approche du film. Malgré le fait que ce soit une production énorme, on avait l’impression de tourner un film indépendant car Shane est un acteur-réalisateur. Cela a été une grande collaboration et nous avons tous trouvé des trucs sympas pour la maintenir à chaque instant. Je n’ai jamais vu un film de cette envergure fonctionner de manière si intimiste.»

Olivia Munn raconte que son personnage s’inspire de différentes personnes, parmi lesquelles certains membres de sa famille. « Je suis la première génération américaine. Ma famille était Chinoise et est arrivée du Vietnam le jour même où la guerre a pris fin. Ils n’avaient pas d’argent, mais ils sont partis, ma mère et ses huit frères et sœurs, et ont décroché plusieurs diplômes. Tous sont devenus scientifiques, médecins, professeurs et ingénieurs. L’actrice précise que Casey est essentiellement inspirée par une cousine, qui fait du bénévolat à travers le monde. « On ne sait jamais où elle se trouve, mais c’est toujours dans un lieu à risque, où sa présence est très utile. Mon personnage calque beaucoup ma cousine Angie, portée dans la vie par la passion de ce qu’elle accomplit ».

MONSIEUR MUSCLES 

Trevante Rhodes, qui incarne Williams, a été si impressionné en voyant le PREDATOR original lorsqu’il était enfant qu’il « n’a plus jamais revu de films d’horreur depuis l’âge de 7 ans à cause de ce film et de cette franchise » explique-t-il. « J’ai fait des cauchemars pendant des nuits entières ». Malgré l’impact terrifiant que ce film a eu sur lui, Trevante Rhodes s’est montré enthousiaste à l’idée que Shane Black revienne sur la franchise 30 ans plus tard. « J’ai été porté par le fait de travailler avec quelqu’un qui avait participé en tant qu’acteur au film initial et qui revenait pour prendre les rennes du nouvel opus, c’est une expérience inouïe et unique dans une vie ».

Trevante Rhodes s’est interrogé sur ce qu’il advient d’un soldat après le combat. « J’ai eu la chance de pouvoir intégrer l’idée de la perte de mon unité. Williams était Capitaine et il a fait un mauvais choix, faisant ainsi tuer toute son unité. Il doit vivre avec cette erreur sur les épaules. Soudain, apparaît un gars qui se bat pour défendre sa famille, pour protéger son fils. Et il perçoit la beauté de ce geste motivé par la passion. Williams ressent ce besoin, ce désir de famille car il n’en a pas. En tirant sur la corde émotionnelle qui dévoile une autre facette de cet individu qui n’était jusque-là qu’un tueur au cœur de pierre en un sens, se révèle enfin ce qu’il a toujours cherché. »

Le nom complet du personnage est Gaylord Nebraska Williams, « mais il n’aime pas trop Gaylord remarque l’acteur. Il était Sergent dans les Forces Spéciales de l’Armée de l’Air ».

Il a fallu une collaboration étroite avec la chef du département maquillage, Victoria Down, afin de créer les tatouages élaborés du personnage. Chacun des tatouages a un sens très précis pour le comédien, et est inspiré de véritables tatouages des vétérans qu’il a rencontrés dans les hôpitaux pour anciens combattants pour préparer son rôle. « Chaque tatouage est un souvenir du chemin parcouru dans sa vie » déclare Trevante Rhodes. Sur chacun de ses doigts une lettre est tracée pour composer le mot Sorry. À mes yeux, il demande Pardon à son unité de les avoir fait tuer. Il porte sur la partie interne du poignet un point d’interrogation car il est allé jusqu’à la tentative de suicide, et c’est une manière d’y réfléchir ». Des fils barbelés entourent son bras, avec les noms des membres de son unité, ainsi que le drapeau américain. Il a le signe « DNR » pour Do Not Resuscitate : Ne pas réanimer. « On voit également un fusil d’assaut sur son avant-bras. C’est le premier tatouage qu’il s’est fait, à 18 ans, juste parce que c’était cool ». Selon l’acteur, avoir ces tatouages donne du poids à son jeu. « Cela semble sympa comme ça, mais c’est dans la tête que ça se passe. Cela devient la vérité, la tienne, et du coup, celle du public ».

Pour se préparer à son personnage, Trevante Rhodes a rencontré de nombreux anciens combattants, parmi lesquels beaucoup étaient atteints de troubles post-traumatiques. « J’ai fait la connaissance d’un tas de gens formidables ».

Le terme de Cinglés n’est pas péjoratif. « Il tente d’éclairer une situation qui est très pesante, par le meilleur moyen qui soit c’est à dire l’humour » ajoute l’acteur. « Le plus bel humour provient de la douleur, n’est-ce pas ? Mon personnage a tenté de mettre fin à ses jours, c’est énorme. Mais ces gars sont comme des animaux et souffrent de stress post-traumatique, et ils seraient les premiers à dire qu’ils sont timbrés. Ceci dit, tout le monde est fou dans une certaine mesure et il s’agit donc à travers le nom de Cinglés de mettre en avant la terrible sensation qu’ils ont au quotidien. »

Trevante Rhodes a le privilège de prononcer la célèbre réplique du premier PREDATOR « Montez dans l’hélicoptère ! », sauf que cette fois-ci c’est au pluriel, « les hélicoptères » … et l’acteur ajoute : « c’est une sacrée responsabilité, il faut être à la hauteur ! ».

LES AMIS-ENNEMIS : COYLE & BAXLEY

“Shane Black est le créateur du genre « copain policier » tel qu’on le connaît aujourd’hui » déclare Keegan-Michael Key qui interprète Coyle. « Il possède encore cet avant-gardisme dont il a déjà fait preuve. L’idée qu’il pourrait apporter un renouveau très spécial au PREDATOR était vraiment palpable et m’a beaucoup motivé au moment de me lancer dans le projet. »

L’acteur a été séduit par le travail sur son personnage « parce qu’il s’agit d’une personne blessée, obligée de se résigner à une vie banale, diamétralement opposée à celle qu’il avait lorsqu’il était militaire. C’était enrichissant en termes de créativité. Ce personnage qui tente d’occulter sa fragilité par ses nombreuses fanfaronnades est un agréable défi pour un acteur. L’humour lui sert d’armure. Coyle participe à une thérapie de groupe avec plusieurs hommes atteints comme lui de stress post-traumatique, de dépression et de séquelles de guerre. Le seul moyen pour lui de s’en sortir est de raconter des blagues cochonnes et immatures. Je pense qu’il essaie de remplir l’espace avec de la jovialité pour tenter de se remonter le moral ».

Avec son camarade Thomas Jane qui joue Baxley, Keegan-Michael Key a travaillé à inventer un passé à son personnage, en collaboration avec le réalisateur Shane Black. Ainsi, l’acteur raconte que les deux soldats combattaient pour l’Opération Bouclier du Désert, première intervention en Irak en vue de protéger le Koweit. « Coyle et Baxley n’ont jamais été en position de commander, ni l’un ni l’autre. C’étaient de simple Marines, en bas de l’échelle. Les autres gars de leur groupe de thérapie sont bien plus spécialisés qu’ils ne l’étaient eux-mêmes ».

Cette histoire passée est tragique : Coyle conduisait un véhicule blindé léger et au beau milieu d’une fusillade il s’est retourné et a ouvert le feu sur un véhicule qui appartenait à sa brigade, le détruisant complètement. Tous les hommes qui s’y trouvaient sont morts excepté Baxley. « Des années d’enquête s’en sont suivi » raconte Keegan-Michael Key, « et il n’a jamais pu se consacrer pleinement à son rétablissement, car il était sans cesse interpelé pour les investigations. Les blagues font office de baume ou de remontant, mais elles ne suffisent pas à guérir la douleur qui le ronge de l’intérieur ».

Coyle et Baxley ont tissé des rapports improbables. « On a envisagé deux ou trois scénarios pour tenter d’expliquer en quoi consiste leur relation et c’est ce travail qui a le plus intrigué Shane ».

Thomas Jane souligne que « ces deux hommes se détestent, mais ils ont dû passer des années ensemble dans les tribunaux. Jusqu’au jour ou l’un d’entre eux a finalement proposé à l’autre de prendre un café… voilà comment leur relation a commencé ».

« Shane Black est un acharné dans sa recherche de véracité, il s’interroge sur la chose la plus crédible à faire à un instant précis et sur ce que cette attitude peut laisser entrevoir pour la suite » considère Keegan-Michael Key. « J’ai l’impression qu’il a cherché à donner à THE PREDATOR une impression de documentaire, comme si les Predators existaient et venaient altérer notre monde. C’est un très étrange documentaire et ce qui lui donne sa force c’est cette volonté qu’il soit amusant, survolté et à la fois réel. Il lui fallait une texture réelle, une faiblesse humaine réelle, surtout chez les Cinglés puisqu’ils sont fragilisés. Ils ne reprennent leur vitesse de croisière qu’en affrontant les plus grands guerriers de la galaxie. »

Thomas Jane, qui joue Baxley, est un fan de la première heure du réalisateur, depuis son enfance, et rêvait de travailler avec lui. « Je n’avais pas réalisé que Shane Black apparaissait dans PREDATOR, étant donné qu’il meurt au début. Il m’a dit qu’il préparait THE PREDATOR et était en train de constituer le casting du film. Je lui ai répondu « donne-moi juste l’adresse et la date à laquelle je dois m’y rendre ».

L’acteur considère que « le travail sur ces personnages relevait davantage des expériences personnelles de chacun car il n’y avait pas trop d’indications sur le scénario, vu la quantité de rôles. S’il avait fallu écrire tous les dialogues de tout le monde, le scénario aurait fait 250 pages. Shane Black a beaucoup écrit dans un premier temps, puis a opté pour donner carte blanche à l’improvisation des acteurs dans leurs échanges. On arrivait avec nos dialogues le matin, ou Shane nous les proposait, nous précisant ce qu’il souhaitait que chacun d’entre nous dise. Cela a beaucoup contribué au sentiment d’être une bande qui traverse une expérience hors du commun ».

Thomas Jane se souvient notamment de sa discussion avec le réalisateur à propos du passé de Coyle et Baxley et la manière dont ce dernier pourrait avoir réagi après que Coyle ait tué tous ses camarades sauf lui. « Selon Shane mon personnage était sûrement atteint de la maladie de la Tourette. Je me suis donc renseigné et ai appris que ce syndrome se caractérise par un trouble de conversion. Lorsque vous avez un choc émotionnel, les symptômes d’une autre maladie peuvent se déclencher et c’est le cas pour la maladie de la Tourette. Je me suis donc appuyé là-dessus et Baxley, avec ses désordres psychiques latents, va développer son trouble de conversion. Coyle ressent encore plus de culpabilité et Baxley n’a qu’une envie, c’est de tuer ce type qui le rend fou. Et parallèlement, il l’aime bien malgré tout. Nous avions donc beaucoup de matière pour interpréter nos personnages ».

« Thomas Jane s’est beaucoup investi dans ses recherches pour comprendre en quoi consiste le syndrome de la Tourette » ajoute Shane Black. « Dès que ce personnage tient une arme, sa maladie disparaît parce qu’il revient sur le terrain de l’instinct : « Je parle bien plus clairement avec une arme dans la main parce que je retrouve quelque chose qui m’est très familier ». »

LE PILOTE

Augusto Aguilera qui interprète l’énigmatique Nettles, a vu PREDATOR lorsqu’il était enfant. « J’ai le souvenir de l’avoir regardé en boucle avec mes frères, puis on se déguisait en camouflage et autres costumes. On courait à travers la maison en se tirant dessus – à une époque où donner des jouets de guerre aux enfants ne semblait pas inapproprié ! Il reconnaît que cela laisse des traces. « C’était un condensé de masculinité en 90 minutes ».

Pour l’acteur, « participer au tournage de THE PREDATOR c’est retomber en enfance. Et je fais tout ça pour de vrai. Je tire avec de véritables armes qui font un bruit réel sans que j’aie à faire semblant avec ma bouche ! Comment refuser un film pareil ? »

“Shane Black était un héros à mes yeux » déclare Augusto Aguilera. « Il m’a donné carte blanche pour créer mon personnage, ce qui m’a ravi et beaucoup stimulé. Nous avons discuté ensemble pendant près de deux heures de la manière dont nous imaginions Nettles. On a supposé que Nettles pilotait un hélicoptère qui s’est accidenté et qu’il a subi un traumatisme crânien. Il est donc privé de faire ce qu’il connaît le mieux et qu’il souhaite faire par-dessus tout. On s’est accordé sur le fait que tous ces personnages ont été mis au banc par le gouvernement et par l’armée, et dans un plus large spectre par la société. À cause de son LTC (lésion cérébrale traumatique), Nettles ne peut plus être pilote d’hélicoptère. Il est donc laissé-pour-compte en un sens et totalement brisé, mais également gêné de l’être. »

« Shane ne parle pas de Cinglés dans un sens péjoratif » précise l’acteur. Si à un moment McKenna parle de nous comme des Cinglés, ce n’est que parce que nous avons nous-mêmes employé ce terme préalablement. Parfois on utilise l’autodérision pour ne pas ressentir autant de honte ou de gêne. C’est cela, je crois, que vise le réalisateur : atténuer la gêne que nous ressentons vis-à-vis du regard que les autres portent sur nous. »

STARGAZER

Cela fait quelque temps déjà que les Predators viennent sur Terre et chassent des humains, ce n'est plus vraiment un secret. Le gouvernement a créé une agence de défense exclusivement dédiée à la protection des humains face à une intrusion de Predators. Le projet Stargazer a été initialement conçu comme un laboratoire gouvernemental top-secret de haute technologie, dans lequel des études seraient menées sur des Predators capturés. « L'histoire derrière ce projet révèle en réalité que le gouvernement avait besoin de nier les faits de manière plausible, et l'a donc confié à la CIA », explique Fred Dekker. Mais lorsque Traeger, interprété par Sterling K. Brown, prend les choses en main, il décide de privatiser Stargazer afin de profiter de la technologie des Predators. 

« Le script est très différent de l'original », déclare Sterling K. Brown. « Il est plus léger, probablement plus cynique, avec un grand sens de l'humour. Il est aussi plus difficile de déceler qui sont les gentils et les méchants. Traeger est un personnage très particulier, différent de tout ce que j'ai pu jouer jusqu'ici, j'ai donc eu la possibilité de surprendre autour de moi et je voulais en profiter. J'aimais l'idée de pouvoir jouer quelqu'un qui fait simplement les choses qu'il a à faire, ce qui semble entrer en désaccord avec tout le monde, et pas forcément un grand méchant qui se frise les bouts de sa moustache. Ça m'a attiré. » À propos de la relation de son personnage au Stargazer, il poursuit : « Ce qui a débuté comme quelque chose de très altruiste et bénéfique pour les hommes est rapidement devenu une opportunité de gain personnel. Une fois qu'il s'est aperçu que ça ne fonctionnerait pas, il s'est demandé : 'Qu'est-ce que je peux en tirer, au moins pour moi-même ?' »

Pendant qu'il tournait avec Olivia Munn une séquence où Traeger tente d'intimider Casey, Sterling K. Brown se souvient avoir demandé à Shane Black ce qu'il pouvait faire pour achever la scène. « Je lui ai dit que j'allais essayer quelque chose de complètement inapproprié qui ne marcherait sans doute pas, et il m'a répondu que c'était son type de choix préféré ».

« Je pense que Shane se rend compte que le script est une sorte de schéma et qu'il est important d’en toucher les limites, afin d'informer le public, construire l'histoire et guider l'intrigue. Il nous encourage et même exige parfois de nous que nous sortions du script et faisions ce qui nous semble le plus authentique dans l’instant. C'est une combinaison de ces deux choses, ces rails merveilleux qu'il a établis, et la liberté pour nous de jouer à l'intérieur de cet espace. » 

LE GAMIN

« Ce super petit gars était probablement l'acteur le plus fiable de la distribution », raconte Shane Black à propos de Jacob Tremblay, qui interprète Rory. « Il a rarement besoin de plus d'une prise. C'est un petit miracle. » Le réalisateur observe que, lorsqu'ils manquaient de temps, ils n'avaient pas à s'inquiéter à son sujet. Il atteignait toujours son objectif. « Nous avons fait les trois séquences très rapidement, il faisait tout parfaitement, en une seule prise ! » 

Le personnage de Rory, le fils de Quinn, souffre d'autisme. Afin d'alimenter leurs recherches sur le rôle, Jacob Tremblay et Shane Black se sont rendus plusieurs fois à l'organisation Canucks Autism Network, basée à Vancouver, qui assure des programmes sportifs et récréatifs à l'attention de personnes atteintes d'autisme. « On s'est fait des amis et avons passé du temps avec certains des enfants », raconte Jacob Tremblay. « Nous avons joué à des jeux de société, et fait de super bons cookies. Pouvoir rencontrer des enfants autistes m'a beaucoup aidé dans ma compréhension de la manière dont Rory agirait et bougerait. Après notre visite, on a beaucoup discuté avec Shane et on a vraiment créé le personnage. »

« Rory aime jouer aux échecs, et il se fait harceler », poursuit Jacob Tremblay. « Il passe beaucoup de temps dans le sous-sol de sa maison. Il est très intelligent. Il aime créer des choses, résoudre des énigmes. Le sous-sol représente sa zone de sécurité, c'est là qu'il peut être vraiment lui-même. Il a tous ces trucs sympas qu'il a fabriqué, comme des robots géants. Il possède aussi un échiquier et quatre télés. Que des choses dont un garçon comme moi rêverait. »

Le talent de Rory pour résoudre des énigmes l'aide à déchiffrer le langage du Predator. « Il est très fort pour comprendre le Predator », conclut Jacob Tremblay. 

HÉRITAGE FAMILIAL

Jake Busey interprète le Dr. Sean Keys, un chercheur scientifique qui étudie les Predators dans le cadre du projet Stargazer. « C'est un groupe underground qui étudie secrètement ces aliens. Je ne sais pas si les membres du Stargazer peuvent être considérés comme de bonnes personnes », commente-t-il. 

Sean est le fils de Peter Keys, le scientifique du gouvernement dans PREDATOR 2 interprété par le père de Jake, Gary Busey. « Sean perpétue la tradition de la famille Keys dans l'univers PREDATOR », raconte le jeune Jake Busey.

Gary Busey est apparu dans le film L'ARME FATALE, et son fils connaît Shane Black depuis des années. « Le fait qu'il m'ait appelé personnellement pour me demander de faire ce film est un grand honneur », confie ce dernier. « Après avoir marché dans les traces de mon père tout au long de ma carrière, ça nous emmène encore plus loin ! J'ai eu beaucoup de beaux rôles, mais pouvoir jouer le fils d'un personnage que mon père a interprété, c'est être comme à la maison. C'est comme jouer mon propre rôle dans un monde fictif. En général, la plupart des fils n'imitent pas leurs pères, ils ont plutôt tendance à aller à l'opposé. Le personnage de mon père, Peter Keys, était très intense, déterminé et maniaque. Je décrirais plutôt Sean comme un scientifique dévoué, qui ne jure que par les faits, à la recherche de réponses. Pourquoi son père a-t-il été assassiné ? Il déploie beaucoup d’efforts par désir de vengeance. Je dois avouer que ce n'est pas évident de jouer le fils de mon père, car c'est ce que je suis. Ça me parle tellement qu'il est compliqué d'enfiler un costume et d'en faire un personnage différent, parce que c'est moi. Comment faire ? C'est difficile. »

« Je connais Shane depuis un bout de temps maintenant, et j'ai toujours eu envie d'être dans un de ses films. Le fait que ce soit un film Predator et, qui plus est, la suite d'un film avec mon père m'enthousiasme énormément, tant de bonnes choses réunies en une seule ! »

LE PREDATOR

Le film THE PREDATOR marque le début de carrière de Brian Prince. L'acteur de plus de deux mètres et adepte de parkour, tient en effet le rôle-titre. Une fois le costume du Predator enfilé, il surplombe tout le reste du haut de ses 2,15m. 

« Ils m'ont dit de me préparer à ce que ça allait être », raconte-t-il. « Il fait très chaud dans le costume, vraiment très chaud, et il est contraignant. Mais je viens de Géorgie, là-bas il fait très humide l'été, je me suis donc dit que j’y arriverais. Quand même, c'était plus chaud que tout ce que j'aurais pu imaginer ! » L'une des choses qui a beaucoup surpris Brian Prince a été le fait de d’avoir besoin d'aide, non seulement pour enfiler le costume, mais aussi tout au long de la journée, pendant qu'il le portait. « J'avais toute une équipe de gens autour de moi. Ils ont été incroyables, je ne pouvais rien faire sans eux, même pas le simple fait de me baisser pour ramasser quelque chose, ou boire et manger, ce que je ne pouvais m’empêcher de faire ! »

Brian Prince avait déjà de l'expérience en tant que cascadeur, mais débutait comme acteur, et ne savait pas encore que la préparation d'une prise peut prendre du temps. « Parfois j'étais là, entièrement costumé, et je me disais, allez, je suis prêt, allons-y, et les heures passaient. Je restais là assis dans mon costume. Et le simple fait de le porter est déjà un travail ! La tête pèse 5 kilos, le corps en fait plus de 20 ! J'étais toujours à la recherche d'une position confortable, et les gens pensaient que je me reposais, mais j'étais en plein travail ! »

Voir et entendre ont aussi été un défi. L'une des têtes était mécanique, avec engrenages motorisés à l'intérieur pour bouger des éléments sur le visage du Predator. Brian Prince devait aussi porter des lentilles de contact de couleur vive, ce qui lui brouillait la vision.

Le masque a été créé d'après un moulage de la tête de Brian Prince. « Le masque était bien ajusté, mais pas suffisamment pour les grands mouvements saccadés, il se déplaçait et c'est le nez qui prenait, étant le point d'ancrage de chaque mouvement. » 

Alec Gillis et Tom Woodruff, Jr. sont les copropriétaires d'Amalgamated Dynamics, designers et constructeurs du costume que porte Brian Prince. Gillis et Woodruff ont tous deux travaillé pour Stan Winston sur le film original. « L'une des raisons pour laquelle le concept du Predator fonctionne bien est qu'il a été imaginé sur les bases d’une forme humaine », explique Alec Gillis. « Nous avons commencé avec des moulages du corps, et avons travaillé sur les proportions de Brian. Nous avons cherché à ne pas le faire trop ample, car le mouvement est clé. Même chose pour le visage. L'humain qui se trouve en-dessous est notre point de référence. »

La tête pèse entre 3 et 4 kilos, « en comptant les dreads et peut-être même 5 avec les matières visqueuses », relève Alec Gillis. « C'est l'opportunité d'une vie », se souvient-il avoir dit à Brian Prince. « Tu rentres dans l'histoire en tant qu'une des rares personnes qui aura joué Predator. Et au fait, ce ne sera pas une promenade de santé. »

Alec Gillis et Tom Woodruff sont également marionnettistes, et se sont occupés des expressions faciales du Predator, articulées en animatronique. « Nous étions trois à travailler sur son visage à l'extérieur. Les mandibules sont plutôt complexes. Comment faire pour qu’une personne contrôle les mandibules supérieures, et une autre les mandibules inférieures ? »

« On imitait tous les expressions des choses sur lesquelles on était en train de travailler », raconte Tom Woodruff en évoquant une photo d'eux avec d'autres marionnettistes travaillant sur un autre film. « C'est comme ça qu'on fait des marionnettes ; ce n'est pas un travail solitaire. Il y a quelqu'un pour faire les mandibules, quelqu'un pour la mâchoire et un autre qui s’occupe des sourcils. Nous sommes tous très concentrés. C’est plein de petites nuances – c'est pour ça qu'on fait ces têtes sur les photos. On va au plus profond, et on devient ce personnage. Il faut lui donner cette sorte d'animation pour lui insuffler de la vie, mais aussi le garder bien au centre du tournage. »

« En tant que faiseurs de créatures, nous aimons nous considérer aussi comme des faiseurs de personnages », ajoute Woodruff. Il a lui-même joué certaines créatures dans les films ALIEN et ALIEN VS. PREDATOR, et sait donc ce qu'il en est pour l'acteur en-dessous. « Les têtes ne sont pas légères. La vision est toujours floue, au mieux. Il faut porter des lentilles de contact, et à l'intérieur c'est comme regarder à travers une serrure, toute la vision périphérique est bloquée. Quand on allume le moteur du casque en fibre de verre, il est quasiment impossible d'entendre les directives. Brian s'est très bien débrouillé. C'est dur émotionnellement ; C'est dur car on s'est engagé à porter ce costume, et malgré toute son envie de dire 'retirez-moi cette tête, laissez-moi prendre une pause', on sait qu'on passerait 25 minutes de cette pause à retirer la tête, et il ne resterait que cinq minutes pour prendre l'air puis ça serait reparti. On n'a pas envie de retarder la production, que ce soit par respect ou par cet engagement émotionnel. Donc c'est difficile. C'est un fardeau à porter. » 

SHANGRI LA

Dans THE PREDATOR, Quinn et les Cinglés se retrouvent forcés à nouer des liens très rapidement afin de devenir une unité de combat efficace, capable de se confronter à de féroces chasseurs aliens. Pour aider les acteurs à développer cette camaraderie propre à leurs personnages, la production a créé Shangri La. Shangri La est le surnom affectueux donné à la salle de repos des acteurs, une grande tente qui a voyagé dans chaque lieu, du plateau à la carrière, de la forêt à la station d'épuration, et même dans les banlieues. 

“C'était une grande tente dans le genre oriental, que nous montions au milieu de plateaux gigantesques, aussi grands que des terrains de football”, raconte Thomas Jane. “À l'intérieur on y avait disposé de bons canapés, des lampes et des tapis, et cette tente nous a suivis partout. Lorsque nous étions sur un décor, pris dans la pluie et la boue, cette belle tente était là pour nous. Elle était chaleureuse. Nous y avons tous passé beaucoup de temps. Nous avons pu apprendre à nous connaître, on rigolait beaucoup. Shane a rassemblé une belle distribution, il n'y avait pas de déséquilibre, pas de comportement de diva, de rivalités, de jalousies, de comptage du nombre de répliques ou quoi que ce soit du genre.”

“Les scènes de groupe étaient un défi exaltant. Certains jours on jouait l'attaquant, et c’était chaud pour le défenseur. Ou alors le coach, en l'occurrence Shane, décidait qu'on allait se concentrer sur l'arrière, et qu'on allait lui passer le ballon. Il fallait donc être en renfort. Je ne saurais pas dire comment nous avons su nous synchroniser aussi rapidement. Nous ne nous connaissions pas et je ne comprends pas comment c'est arrivé. Mais chacun voulait qu'il y ait une bonne dynamique de groupe, et un sentiment d'équipe, et nous avons beaucoup répété pour mettre en œuvre ce chaos organisé”, rapporte Keegan-Michael Key.

“Je n'ai jamais vu un tel groupe d'acteurs, qui se retrouvent après le travail, qui vont manger ensemble... Ils passaient beaucoup de temps ensemble dans une petite tente, discutant les uns avec les autres. S'enfermer dans sa loge n'était vraiment pas la règle sur ce tournage. Les gens s'appréciaient, voulaient trainer ensemble. C'est plutôt inhabituel. Tout le monde s'est simplement bien entendu. Boyd Holbrook y est pour beaucoup, il sait stimuler ce genre de camaraderie et cette virilité sensible. Boyd incarne le père spirituel de ces personnages, il est le membre sain du groupe - si seulement il y en a un dans le film » considère le réalisateur.

L'ESTHÉTIQUE

“Le réalisateur pensait qu'il était important de respecter la lignée et l'histoire de ce film ; ainsi ne pas les altérer, mais les mettre à jour”, retient le chef décorateur Martin Whist de ses premières rencontres avec Shane Black. “De 1987 à nos jours, les Predators ont évolué, et la technique de réalisation a progressé. Nous voulions donc allier les deux. Ils ont développé leur technologie, tandis que nous, réalisateurs, avons développé la nôtre.”

“C'est une combinaison entre technologie et biologie, tout comme le Predator”, note Martin Whist pendant la constuction du vaisseau, plus connu sous le nom de l'Ark. “Il y a une part de technologie entièrement non-humaine, et c'est un aspect que Shane et moi souhaitions vraiment mettre en valeur. À bord du vaisseau, plus rien n'est linéaire. Les boutons ne sont pas linéaires, seulement des blocs omni-directionnels sans signification pour l'esprit humain. Je voulais créer un nouveau langage, un jargon pour le Predator, compte tenu du fait qu'il ne vient pas de cette planète. Il possède sa technologie, sa cape, mais lui-même repose également sur ce modèle, vu la manière dont il combat. J'adore le mélange entre sa capacité à botter des fesses de manière fracassante, et à avoir à la fois accès à une technologie non-humaine avancée.”

Parmi les différents plateaux créés aux Mammoth Studios dans les environs de Vancouver, on trouve le laboratoire, le vaisseau Ark du Predator et le marais, construit en deux parties, le haut et le bas d'une falaise.

L'extérieur de Stargazer a été créé en composant avec deux véritables lieux : le Barrage de Cleveland au nord de Vancouver, et la station d'épuration Lulu Island à Richmond. “Stargazer est un lieu caché”, raconte Martin Whist. “ça ne saute pas aux yeux que c'est une infrastructure du gouvernement. C'est un lieu très intéressant, au sommet de cet énorme barrage, avec de fantastiques parois rocheuses. L'entrée se fait par un ascenseur qui descend depuis une ancienne station.”

L'un des superbes clins d’œil à l'histoire et à la franchise du Predator se trouve dans les tunnels et la zone de visualisation du Stargazer. On y découvre une présentation de très grande qualité des armes et de la garde-robe qui “sont des accessoires originaux des films précédents”, rapporte Martin Whist. Le casque original du Predator fait également partie de cette “vitrine de musée”.

Alors que deux lieux ont été associés pour créer l'extérieur du dispositif Stargazer, l'intérieur a été construit aux Mammoth Studios. Ses murs en béton armé imitent l'intérieur du barrage.

“Une nuit, alors que je déambulais à 2 heures du matin sur le plateau tout en bois, j'ai trouvé une inspiration soudaine”, raconte Whist à propos de son expérience lors de la construction du Stargazer. “Les charpentiers avaient fabriqué une sorte de cercle au centre, et commencé à clipser les lignes pour créer les arcs du cercle. Je me suis dit: “Oh, c'est génial ! C'est abrupt, c'est réel, authentique.” Et j'ai changé d’idée en transformant le décor propre et aseptisé du début en un espace vétérinaire pour un gros animal – comme un hippopotame ou un cheval. Ce devait être brut, puissant. Je me suis bien amusé avec ce retournement. Puis nous avons ajouté tous les engrenages sur le sol ; nous avions des accessoires énormes et sales. Tout était lourd et solide. Rien n’a été une tâche légère.”

Dans le laboratoire, les réalisateurs ont utilisé le vieux système de rétroprojection pour le scan du Predator. À l’extérieur du plateau, des échafaudages de 10 mètres sur 10 mètres projetaient numériquement le scan au dos de l'écran. 

“Les corridors et les atmosphères de certaines pièces sont un clin d'œil à Ken Adam”, souligne Martin Whist, grand admirateur du chef décorateur de Stanley Kubrick. “J'ai surtout voulu faire un coup de chapeau au grand anneau du centre de crise dans DOCTEUR FOLAMOUR. Ce n'est pas exactement la même chose, mais cette conception circulaire est une forme d’hommage.”

Martin Whist a commencé à travailler sur les esquisses du décor du Stargazer en avril 2016. La construction s’est étendue sur une vingtaine de semaines et le tournage a eu lieu en mai et juin 2017. 

Pour le vaisseau du Predator, Martin Whist a d'abord confectionné un modèle réduit. “Je me suis donné deux semaines. Je me suis enfermé dans un atelier de sculpture et ai élaboré le langage et le design. Il devait y avoir un sens mécanique dans tout ça, sans perdre de vue cette notion de non-linéarité et de non-humanité. Quand on se replonge dans le design du Predator original, rien n'est vraiment fait à la machine. Il s’agit plutôt de mettre la main à la pâte, c'est primitif. Puis notre décorateur plateau, Hamish Purdy, a apporté ses idées et a créé un incroyable système de lumières et de tuyaux, qui correspondent tout à fait à la texture du Predator.”

Martin Whist a également conçu l'immense Predator amélioré. “Il fait plus de trois mètres, pratiquement deux fois notre taille”, détaille-t-il. “La technologie s'est développée, mais la version améliorée est une machine de guerre à elle toute seule. Il devient sa propre armure. C'est une machine à tuer très pointue. Lorsqu'il sort de l'ombre et apparaît dans son vaisseau, je souhaitais que le rapport entre la créature et l'engin soit homogène. Les dreads sont reproduites par les tuyaux. Le vaisseau est presque une entité vivante. Je voulais faire passer cette sensation, qui correspond au type d'intelligence organique que le Predator fait ressortir. La créature originale est une révolution incroyable, elle a du chien. J'étais donc très honoré de travailler à sa reconception et à sa mise à jour, et aussi de pouvoir lui donner un vaisseau. Je voulais m'assurer que ce serait une dédicace au travail de Stan Winston et lui rendre hommage en tout ce que je faisais.”

TOURNER PREDATOR

Larry Fong, directeur de la photographie, se souvient de Shane Black expliquant qu'il souhaitait mélanger les genres d'horreur et d'action. “Shane préfère parfois éviter de parler strictement de technique, j'essaye alors d'interpréter ses envies et ses paroles et de les traduire visuellement.” remarque-t-il. “Quand on pense à de l'action, on veut voir ce qui se passe ; il ne devrait pas y avoir de cascades, d'explosions ou d'accidents qui se déroulent hors du champs”, continue-t-il. “En revanche, il est entendu que pour les films d'horreur, tout se doit d'être sombre et inquiétant, et on n’y voit pas grand-chose. Il peut donc s'avérer compliqué de réunir ces deux genres visuellement. Selon moi, c'est la situation qui dicte l'aspect de la scène.”

“C'est assez difficile de rendre le laboratoire obscur et effrayant, pourtant nous avons là un monstre qui risque probablement de faire de mauvaises choses”, explique Larry Fong en se référant aux scènes du Stargazer. “Dès lors, quand l'urgence se déclenche, des lumières rouges sautent, d'autres restent allumées, il y a beaucoup de clignotements, de bruits, de changements de couleur, et avec un peu de chance, tout cela donnera de l'ombre, de l'obscurité, de la lumière, de la frénésie et du chaos, de quoi permettre à l’effroi de prendre le dessus.”

De nombreuses scènes du film ont été tournées de nuit. “La nuit est souvent synonyme de peur”, sourit-il. 

La différence d'échelle a également représenté un défi – les humains, les semi humains, le Predator, et un Predator géant. “Les différences de taille sont compliquées, mais pas impossibles”, explique Larry Fong. “J'ai tourné KONG : SKULL ISLAND avec un singe de plus de 30 mètres et des humains, et nous nous sommes plutôt bien débrouillés ! Certains diront que le format anamorphique (écran 2:40) peut être problématique avec de larges créatures ou autres monstres. Mais cela n'a pas d'importance, une personne garde toujours les mêmes proportions, et lorsque vous la filmez, c'est soit de la tête aux pieds soit en plan plus large, et alors vous pouvez faire des gros plans. Cela vaut aussi pour une grande créature : il est possible de la filmer en plan large ou serré, cela dépend de la manière dont elle sera découpée. Nous avions la chance d'avoir l'équipe VFX (effets numériques) à nos côtés pour nous aider à cadrer avec une créature aux dimensions imposantes.”

C'est sur les décors du Stargazer et du Predator Ark que Fong a le plus apprécié son travail. “Martin Whist, le chef décorateur, voulait être sûr que le vaisseau aurait l'air d'avoir été conçu par une intelligence étrangère. Nous avons donc utilisé une teinte de lumière assez étrange, un bleu cyan d'un autre monde, bien différent du blanc lumineux et les tons de vert du Stargazer. En effet, nous souhaitions souligner l'aspect sous-marin des lieux, puisque cela se déroule sous un barrage, ou une station d'épuration. La collaboration s'est très bien passée et nous nous sommes bien amusés.” raconte-t-il. 

Fong et son équipe ont testé plusieurs types de lumières LED dans le vaisseau. « C'est une technologie encore récente et elles réagissent différemment à la caméra. Parfois elles vacillent, les fréquences d'image varient, ce genre de choses. Nous nous sommes rendus compte que les rouges en faisaient un peu trop, il fallait alors contrôler l'intensité et tout ajuster en postproduction afin de capter certains rouges sans qu'il n'y ait de traces ou que les lampes n'éclatent, ce qui arrive à beaucoup de LEDs. Le rouge nous tenait à cœur car c'est l'une des couleurs principales du PREDATOR original, avec le laser. Le rouge est également très présent dans le costume du Predator et dans le vaisseau. »

EFFETS VISUELS

Jonathan Rothbart, le superviseur des effets visuels, a auparavant travaillé sur le film DEADPOOL. Sur THE PREDATOR, il était présent durant la quasi-totalité du tournage. L'opportunité de travailler avec Shane Black a été pour lui source d'enthousiasme. Comme il a participé à l'original, il ressentait une grande synergie avec l'histoire, explique-t-il. “Nous avons ajouté ici et là des bribes d'informations, quelques petits rappels, qui ramènent au premier film. Ce qui me plaît également dans le point de vue de Shane Black, c'est qu'il ne souhaite pas juste faire un film d'action, il veut aussi faire un film de monstres. Il aime rompre le rythme et utiliser l'humour à cette fin, c'est une des choses que j'ai toujours adoré dans ses films. Cela survient au moment où l'on ne s'y attend pas et rend l’ensemble très divertissant. Il porte également en lui une passion pour l'action et possède le savoir-faire à la PREDATOR.”

“Shane Black apprécie l'aspect pratique des choses, et nous tenions à répondre à cette attente en gardant en tête que nous cherchions à avoir un véritable Predator, avec un vrai costume de Predator, et à développer les situations et les évènements les plus réels possibles”, poursuit Jonathan Rothbart. “Certaines très bonnes séquences ont évolué. Elles participent à la création d'une atmosphère de mystère, effrayante, monstrueuse. Il est assez difficile de traiter le Predator comme quelque chose de mystérieux dans le film, de révéler en grand ce qu'il est, car beaucoup le connaissent déjà”. L'extension consiste en ce concept de “guerrier génétique idéal”, précise Jonathan Rothbart. “Alors que nous développions son aspect, l'idée nous est venue de choisir les meilleures parties de chaque espèce et d'en faire une créature unique. Nous déplaçons ainsi la perspective de ses yeux de Predator à ceux d'humains. 

“Il est grand, et il est en colère !”, s'exclame Matt Sloan, superviseur des effets visuels, connu pour sa collaboration avec SEUL SUR MARS et X-MEN: APOCALYPSE. “Le Predator amélioré traverse plusieurs phases durant ce jeu du chat et de la souris. Plus il est impliqué, plus sa colère grandit, et de la frustration apparaît. Une grosse partie du travail consiste à donner de la personnalité à un personnage, même physiquement absent, à le faire évoluer pour qu'il ait son propre caractère dans le film.”

Dans l'une des séquences, certains des hommes se retrouvent au sommet du vaisseau spatial alors qu'il est en train de décoller. “Je n'ai jamais vu ça jusqu’ici”, continue Matt Sloan. “Il s’agit pour eux de trouver la capacité d’agir dans l’urgence pour se sortir de cette situation. C'est une montagne russe émotionnelle et presque physique, à coup sûr un des moments les plus exaltants du film.”

Bien que les Predator dog creatures soient déjà familières au public, il y a du nouveau concernant ces chiens aliens. “Le Predator amélioré utilise des chiens de chasse qui ressemblent en tout point à de gros chiens classiques, dotés d’une personnalité propre. Nous assistons ici à l'interaction - presque tendre – entre le Predator et une autre créature. Cela offre une nouvelle dimension au personnage. Les chiens sont massifs et affreusement laids, mais mignons à leur manière”, raconte Matt Sloan. 

“Avec un peu de chance, la manière dont nous progressons rendra hommage aux effets et au travail pratique effectué dans le passé”, espère Jonathan Rothbart. “Les meilleurs résultats se cachent dans le mariage entre effets pratiques, physiques et visuels. Ici, nous avons des éléments palpables avec lesquels les acteurs peuvent interagir, avec lesquels ils peuvent s’engager et ressentir ainsi physiquement leur présence dans ce film d’horreur. Dans un deuxième temps, les effets sont amplifiés et évoluent vers les techniques que l’on emploie de nos jours avec une portée plus moderne ».

VÊTIR LE PREDATOR

La créatrice des costumes Tish Monaghan n'avait jamais vu le film original avant de commencer à travailler sur THE PREDATOR. “Shane Black nous demandait de ne nous référer qu'au premier film, j'ai donc commencé mes recherches là-dessus”, se souvient-elle. “Au début, il souhaitait quelque chose de noir. Je me suis donc penchée sur des sources telles que les minéraux, les fossiles, n'importe quoi avec une coloration intéressante, basée sur une palette graphique mélangée à de l'eau huileuse. Je voulais faire ressortir des accents phosphorescents, avec des verts et des bleus, et utiliser une part de l'imagerie du Predator original, car il avait cette armure minimaliste en mailles et ses costumes variés qu'il utilisait comme arsenal. Je savais que Shane aspirait à une version plus perfectionnée, mais j'ai cherché à rassembler des éléments de ce costume qui pourraient être incorporés à une combinaison spatiale, puisque c'était ce que le Predator allait porter.”

Tish Monaghan espère que les fans comprendront ces changements. “Nous avons tenté de conserver la forme de son armure. Elle a toujours une certaine ampleur, et nous voulons qu'il apparaisse menaçant et imposant. Il porte toujours certains accessoires, comme les gants, a toujours des jambières, mais nous avons réhaussé la coloration et rendu le tout plus fluide et élégant.”

Les Cinglés sont habillés en civils lorsqu’ils rencontrent McKenna dans un car de prison militaire, mais ils enrichissent leur garde-robe après avoir rencontré un péquenaud qui revend du stock militaire, y compris des uniformes, dans son camping-car. “Shane voulait rendre hommage au film original et a pensé que, une fois qu’ils ont entrepris de s’unir derrière la figure de McKenna, ils prennent une apparence similaire et se ressemblent les uns les autres”, explique la styliste. “Nous avons voulu rester dans une palette olive, terne, dans le vert des uniformes militaires. Chacun conserve tout de même des particularités dans son costume, mais nous voulions qu'ils représentent visuellement une équipe. J'ai demandé aux acteurs s'ils souhaitaient une allure particulière, et je pense qu'ils étaient heureux de pouvoir contribuer à l’apparence de leurs personnages, rendre leur histoire plus concrète. Ils se sont sentis à l'aise, ce qui est important quand on sait qu'ils doivent porter le même costume pendant la plus grande partie du film.”

“Le désir de mettre nos actrices en valeur existe toujours”, poursuit Tish Monaghan. En ce qui concerne Olivia Munn, “Je voulais vraiment que ça s'applique à son personnage. Elle est professeur, c’est une scientifique qui doit devenir une guerrière.” Casey porte un T-shirt, un jean et des bottes à talons plats. “Mais une fois qu'elle découvre le laboratoire et devient un membre de l'équipe, elle se débarrasse de tout et finit par endosser sa propre veste militaire. Elle fait définitivement partie du groupe.”

FROID ET TREMPÉ

THE PREDATOR a été tourné dans la ville de Vancouver et ses environs entre fin février et début juin 2017, avec des prises de vue additionnelles en mars 2018.

“Il pleut à Vancouver, c’est bien connu. Vous pouvez être sûr qu'entre octobre et avril le temps sera sombre, maussade et humide”, rapporte le producteur exécutif Bill Bannerman. “Vous pouvez aussi être sûr qu'autour de Noël il neigera probablement pendant une journée, et puis cela s'arrêtera. Mais l'année dernière, il a dû neiger cinq fois. Toute la population de Vancouver disait: “On n'a jamais vu une météo pareille en quarante ans! C'est le temps le plus froid, et le plus humide de tous les temps.”

« Je n'ai jamais vu autant de pluie pour des jours présumés secs, ça ne s'arrêtait jamais. Cela a beaucoup compliqué notre travail car notre histoire ne se déroule pas en hiver; elle a lieu à la fin de l'automne, aux alentours d'Halloween. Cela été une lutte, mais il devait être écrit dans l'ADN de notre équipe qu'il ne fallait pas abandonner et qu’on pouvait surmonter cet obstacle et créer l'illusion que notre histoire se déroule bien en un certain lieu, à une certaine période. Mais, au bout d'un moment, on ne savait plus comment se protéger des intempéries.”

“Nous avons débuté le travail sur le décor du Stargazer 25 semaines avant que le tournage ne commence”, poursuit Bill Bannermann. “La construction du vaisseau, du laboratoire et des marais a eu lieu en même temps sur notre plateau. En conséquence, plus de 500 sculpteurs, charpentiers, électriciens et câbleurs ont été sollicités pour le montage de ces décors. Tout le monde se marchait un peu dessus, mais d'une manière très organisée, travaillant simultanément pour achever le projet à temps. Cela a pris sept à huit mois pour que tout soit mis en place.”

“L'unité principale était composée d'environ 250 personnes, la seconde en comptait 150”, se rappelle Bill Bannermann. “L'unité aérienne (que lui-même dirigeait) alternait entre 15 et 40 personnes, et l'unité plaque était à peu près équivalente. Ainsi, à l'apogée de la production, entre charpentiers, techniciens et équipe de tournage, on approchait probablement une équipe de 800 personnes.” 

POUR LES CHIENS

Lors du tournage, le nom de code pour la production de THE PREDATOR était “Ollie”. Ollie est le nom du chien de Shane Black, un pitbull de trois ans. Un autre pitbull apparaît dans le film, pourchassant le petit Rory. Il y a aussi des chiens Predator. Et le personnage d'Olivia Munn, Casey, apparaît dans une scène avec un chien. En réalité, l'un des deux chiens d'Olivia Munn, Chance, joue le chien de Casey. “Mon chien Chance joue le chien dans le film, ce que je trouve très mignon”, rapporte-t-elle. “C'était vraiment bien, en partie parce que dans une des scènes mon personnage s'en va, et Chance est retenu par un agent de la CIA. Je ne sais pas si ce plan sera retenu au montage, mais c'est tellement sa petite bouille quand il me regarde m'en aller. Il n'y a qu'un chien et son maître pour partager un moment comme celui-là ! J'étais très fière de lui. J'ai pu l'amener car l'autre chien ne parvenait pas à retenir son rôle. Chance est alors entré en scène et a sauvé la journée de tout le monde.”

ANECDOTES :

- Le film initial PREDATOR devait à l'origine s'intituler “Hunter”, soit “Chasseur” en français.

- Shane Black fait une apparition dans PREDATOR dans le rôle de Hawkins, qui est la première victime du PREDATOR.

- THE PREDATOR a été tourné 30 ans après le premier PREDATOR, sorti en 1987.

- THE PREDATOR reconnaît l'existence des précédents films de la série. Un des personnages de ce quatrième opus fait en effet référence au PREDATORS de Robert Rodriguez et aux rumeurs selon lesquelles des gens ont été enlevés et conduits dans un lieu incertain.

- PREDATOR a engendré deux gouverneurs des Etats-Unis : Arnold Schwarzenegger en Californie et Jessie “the Body” Ventura, dans le Minnesota.

- Les extérieurs des scènes d'action du Stargazer ont été tournées à la station d'épuration d'eau de Richmond, en Colombie-Britannique. Comme son nom l'indique, l'établissement d'assainissement Lulu Island Wastewater traite les eaux usées, autrement dit, dès que le vent soufflait, une odeur d'égouts envahissait le plateau !

Source et copyright des textes des notes de production @ 20th Century Fox France

  
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