dimanche 13 octobre 2019

QUEENS


Biopic/Drame/Pas terrible

Réalisé par Lorene Scafaria
Avec Jennifer Lopez, Constance Wu, Lili Reinhart, Julia Stiles, Cardi B, Keke Palmer, Lizzo, Trace Lysette...

Long-métrage Américain
Titre original : Hustlers 
Durée : 01h47mn
Année de production : 2019
Distributeur : Metropolitan FilmExport 

Date de sortie sur les écrans américains : 13 septembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 16 octobre 2019


Résumé : des stripteaseuses se lient d’amitié et décident de conjuguer leurs talents pour arnaquer et prendre leur revanche sur leurs riches clients de Wall Street. Leur plan fonctionne à merveille, mais argent et vie facile les poussent à prendre de plus en plus de risques…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai penséla réalisatrice Lorene Scafaria nous propose sa vision d’une histoire inspirée de faits réels. Celle de femmes, stripteaseuses, qui suite à la crise financière de 2008, vont monter une arnaque pour survivre.

Au début, elle réussit à nous intriguer avec son montage qui nous place dans deux temporalités différentes pour remonter le fil des événements en insufflant un ressenti de type enquête à son intrigue. Elle met aussi très bien en valeur la présence charismatique de Jennifer Lopez, qui interprète Ramona, en impressionnante danseuse qui hypnotise les hommes et sidère les femmes. Sa mise en scène autour de la présentation de ce personnage pendant une session de pole dance est très réussie. De plus, la carrure physique du personnage de Ramona face à celui de Destiny, interprétée par Constance Wu, pose Ramona en leader incontesté, presque en meneuse de culte. Cela fixe les jalons de toute la relation entre les deux femmes pendant le film.




Le souci est qu’alors que la réalisatrice met en avant des thèmes porteurs tels que la maternité dans une société difficile, le décalage entre les attentes des hommes face aux stripteaseuses et les raisons pour lesquelles elles, de leur côté, pratiquent cette activité ou encore l’impact de la crise financière sur une poignée de destinées, elle ne construit jamais un rapport intéressant à ces sujets.


Le long-métrage tire rapidement en longueur. Il part sur des cycles répétitifs de montages d’arnaques qui ne méritent pas vraiment qu’on s’y attarde et sur des séances festives aussi futiles qu’inutiles. En plus, le semblant d’attachement qu’on a pu avoir au départ pour les héroïnes s’étiole rapidement quand les scènes deviennent des excuses pour que les protagonistes soient braillardes, incapables de se remettre en cause et adoptent un penchant superficiel assez pénible. Le rythme, qui se veut assez dynamique, est sans arrêt interrompu par des retours au présent pendant lesquels une journaliste, interprétée par Julia Stiles, cherche à aller au fond des événements pour des raisons qui ne sont jamais claires. Il y a bien quelques moments d’humour assez sympas, mais ils ne rattrapent pas l’ensemble. On regrette de ne pas plus voir à l’écran les jolies actrices que sont Lili Reinhart, qui interprète Annabelle, et Keke Palmer, qui interprète Mercedes. Elles apportent un petit plus bienvenu.

Copyright photos @ Metropolitan FilmExport

QUEENS cherche à raconter une histoire humaine et on aimerait vraiment qu’il y arrive, mais il se perd complètement en chemin. Les protagonistes énervent au lieu d’être attachantes. Il est dommage d’avoir de belles actrices et de ne pas réussir à embarquer le spectateur dans leur sillon. Si l’ennui ne vous assaille pas, peut-être réussirez-vous à trouver ce film divertissant, mais on peut en douter. 

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
"Cette ville – le pays tout entier – est un club de striptease. Y'a des gens qui balancent du fric et d'autres qui font leur numéro". Ramona
UNE COLLABORATION DE LONGUE DATE

Comédie divertissante et satire sociale tout à la fois, QUEENS s'attache à une bande hétéroclite de femmes qui s’unissent et tentent de réussir en dépit des obstacles auxquels elles sont confrontées. Constance Wu ajoute que le film aborde un sujet qui touche beaucoup de gens et auquel les spectateurs pourront s’identifier : “J’avais envie de jouer un personnage profondément seul pour montrer à quel point notre société génère cette solitude”, explique-t-elle. “On a besoin d’histoires qui parlent de ça. Pour moi, Destiny est magnifique en raison de sa solitude. La façon dont elle essaie de la cacher peut ne pas sembler très logique, mais elle est très humaine”.

Jennifer Lopez, qui interprète Ramona, est également productrice du film. QUEENS lui a plu parce que c’est un film sur “la cupidité, le pouvoir, le rêve américain et ce qu’un groupe de femmes qui travaillent dans un milieu déconsidéré sont prêtes à faire pour le réaliser. C’est une histoire amorale qui montre que les arnaques sont un jeu dangereux. Ces femmes n’ont pas inventé les règles : elles essaient simplement de relever le niveau sur le terrain. Le film parle du bien et du mal et se demande jusqu’où elles pousseront l’arnaque pour réaliser leurs rêves”.

“On montre un univers qui a déjà été largement représenté au cinéma et à la télévision, mais cette fois-ci depuis un autre point de vue : celui des danseuses”, explique la scénariste et réalisatrice Lorene Scafaria. “C’est un film spectaculaire au croisement de l’univers du crime et de celui des clubs de striptease. On s’intéresse aussi aux bouleversements économiques qui ont affecté la vie de nombreuses personnes, y compris celle de nos héroïnes. L’article de Jessica Pressler était un récit puissant avec des personnages fascinants qui sont sans cesse confrontés à des préjugés sur leur profession, et nouent des amitiés fortes qui peuvent parfois leur attirer des ennuis”.

La productrice Jessica Elbaum de Gloria Sanchez Production, qui a acquis les droits sur l’article de Jessica Pressler paru dans le magazine New York, remarque : “J’ai été fascinée par la trajectoire de ces femmes. C’est une vraie tranche de vie et en même temps une mise en garde contre ce qui peut arriver quand vos ambitions sont disproportionnées par rapport à la réalité de votre situation”. Les producteurs et l’équipe dans son ensemble ont unanimement salué le travail de Lorene Scafaria : “Lorene était la réalisatrice idéale pour QUEENS pour un tas de raisons”, s’enthousiasme Constance Wu. “Elle a abordé chaque personnage comme un être humain et pas comme un archétype ou une caricature. Elle connaît bien cet univers et c’est pourquoi elle n’a pas adopté un point de vue masculin, ni aucun autre point de vue d’ailleurs. Lorene va au-delà de ce qu’on perçoit au premier regard : elle va au cœur des choses”.

Jessica Elbaum ajoute : “Lorene avait une idée bien précise de la façon dont elle voulait raconter cette histoire. Elle respecte totalement les personnages et ce qu’ils tentent d’accomplir. Ses personnages féminins sont authentiques car elle résiste à la tentation de les rabaisser ou de les porter aux nues. Elle se contente de comprendre comment le contexte social, à un moment donné, a pu influer sur leur destin”.

Keke Palmer considère Lorene Scafaria comme “une des réalisatrices les plus intuitives et adorables avec qui j’aie jamais travaillé. Elle est humble mais en même temps très sûre d’elle quand il s’agit de sa vision du film. Lorene a fait en sorte qu’on se sente toutes en sécurité et c’était d'autant plus important que c'est l'inverse de ce que vivent nos personnages”.

SOLIDARITÉ ENTRE ARNAQUEUSES

Selon la productrice Elaine Goldsmith-Thomas, les auteurs ont souhaité réunir des interprètes d'origines diverses pour “refléter la réalité de la société actuelle tout en respectant l’ambition comique du film”. Les actrices se sont tout de suite bien entendues, comme leurs personnages à l’écran, qu’elles ont cherché à comprendre sans les juger. “Elles ont totalement incarné ces femmes”, souligne Elaine GoldsmithThomas. “Elles ont compris qui elles étaient et la réalité de leur métier de stripteaseuse. QUEENS est une ode à la solidarité féminine qui montre jusqu’où cette famille d’élection doit aller pour s’en sortir”.

Lorene Scafaria avoue qu’elle s’est sentie proche des personnages dans ce contexte de solidarité féminine : “Je me reconnais dans tout ce qu’elles vivent, notamment la sensation de solitude ou l’envie d’indépendance”, précise-t-elle. “Ces mères, ces amies, ces sœurs et ces filles tissent des liens incroyables qui transcendent leurs différences”.

Constance Wu a été particulièrement intriguée par les rapports entre son personnage, Destiny, et Ramona, jouée par Jennifer Lopez. Cette relation lui rappelle un autre duo dans un de ses romans préférés : “Ce que Ramona représente pour Destiny me rappelle cette citation du 'Talentueux Mr Ripley' de Patricia Highsmith : ‘Le truc avec Dickie, c’est qu’il vous donne l’impression que le soleil ne brille que pour vous, c’est fantastique. Puis, d’un coup, il vous oublie et il se met à faire très, très froid… Quand vous êtes l’objet de son attention, vous avez l’impression d’être seul au monde et c’est pour ça que les gens l’aiment tellement’. Destiny n’a qu’un rêve, c’est que Ramona s’intéresse à elle”.

Lorene Scafaria estime que la sensibilité et la vulnérabilité de Destiny ont été parfaitement incarnées par Constance Wu “qui a beaucoup de profondeur dans son jeu”. La réalisatrice a tout de suite perçu une complicité entre les deux personnages qui évoque celle de deux sœurs d'âges différents, même si elles n’ont pas la même vision du monde. Elle ajoute que les motivations de Destiny peuvent parfois sembler floues : “On peut l'envisager de différentes manières”, explique-t-elle. “Elle aime l’argent mais elle agit par esprit d’équipe plus que par l’appât du gain”.

Ces relations sont essentielles pour Destiny qui, comme le rappelle Constance Wu, “a été abandonnée par sa mère quand elle était très jeune, si bien qu'elle a du mal à accorder sa confiance. Elle s’ouvre très peu aux autres. Elle n’a pas de relations fortes avec les femmes de sa famille, ce qui lui donne d’autant plus envie de nouer des amitiés féminines”.

Constance Wu s'est beaucoup documentée pour son rôle : pour elle, le plus important était de “se rapprocher de femmes dans la profession et de faire leur connaissance en tant qu'êtres humains”.

L’amitié entre Destiny et Ramona, qui est le sujet principal de QUEENS, réserve au spectateur autant de nuances que de surprises. “Ramona est attachante mais c’est quelqu'un de complexe qui a souffert par le passé. Son ambition menace parfois de lui faire oublier ses valeurs morales ainsi que sa relation avec Destiny et les autres femmes du groupe”, reconnaît Jennifer Lopez. “Elle est sur une pente glissante et cherche sans arrêt à rallier les autres à sa cause par la séduction. Ramona va souvent trop loin”.

“Ramona a de multiples facettes : c’est un soleil qui vous réchauffe mais qui peut aussi vous brûler”, résume Lorene Scafaria. “Elle est tour à tour maternante et féroce. C’est cette dichotomie qui fait d’elle une anti-héroïne”.

Tout comme Constance Wu, Jennifer Lopez a fréquenté des danseuses et des clubs de striptease pour observer le quotidien de ces femmes : “J’allais à leur rencontre en coulisse et je les écoutais parler de leur carrière de danseuses”, se souvient Jennifer Lopez. “Je me suis imprégnée de l’atmosphère des lieux et je voulais apprendre à faire les gestes pour de vrai, y compris danser sur la barre de pole. Je pense que beaucoup de gens seraient surpris – même s’ils ne devraient pas l’être – de savoir que la plupart de ces femmes essaient juste de s’en sortir. On peut facilement se reconnaître dans les difficultés qu’elles rencontrent. Elles veulent simplement subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles et on voulait raconter tout cela à l’écran”.

Pour Lorene Scafaria, la participation de Jennifer Lopez au projet semblait une évidence : “Quand j’écris des rôles, je n’ai pas un acteur en particulier en tête, mais quand j’ai terminé le scénario, il m’a semblé évident que depuis le début j’avais prêté la voix de Jennifer Lopez à Ramona. C’était le destin. Jennifer incarne tellement bien Ramona que c’en est effrayant. Elle apporte au personnage son humour pince-sansrire mais la rend aussi très ancrée dans la réalité”.

Mercedes, autre membre de l’équipe campé par Keke Palmer, déclare : “Mercedes n’a peur rien et elle dit toujours ce qu’elle pense. J’ai aussi adoré le fait qu’elle aborde presque tout avec humour”.

Pour Keke Palmer, il était aussi essentiel que ces femmes deviennent une véritable équipe, voire une famille : “Elles comptent les unes sur les autres, elles ont conscience que leur situation difficile leur impose de recourir à des arnaques. Ensemble, elles retrouvent espoir. Mercedes considère Ramona, Destiny et Annabelle comme des sœurs. Elle est loyale et prête à aller jusqu’au bout. Malgré tout, elle n’a pas peur de prendre ses jambes à son cou quand les choses tournent mal parce qu’elle a à cœur de se protéger”.

Keke Palmer a beaucoup appris au contact de Constance Wu et Jennifer Lopez. “J’ai toujours eu envie de travailler avec Jennifer Lopez. La façon dont elle a mené sa carrière au fil des années m’a toujours inspirée et je voulais voir ça de plus près. Constance était aussi géniale : elle a fait de Destiny un personnage tout en nuances, ce qui rend le film plus réaliste. J’étais vraiment enchantée de participer à un film écrit, réalisé et produit par des femmes de talent”.

Au moment du casting de Mercedes, Lorene Scafaria et ses producteurs avaient bien conscience que ce personnage fait rire Ramona sans arrêt. Mercedes est quelqu’un de posé et organisé, même quand elle n’arrive pas à joindre les deux bouts ou qu’elle doit gérer sa relation avec un petit ami qui a passé la plupart du temps derrière les barreaux. “Après un déjeuner de deux heures avec Keke, j’ai su qu’elle ferait une parfaite Mercedes et qu’elle saurait faire rire Jennifer”, raconte Lorene Scafaria.

La plus jeune du quatuor est Annabelle, qui allie l’innocence et le charme. “On a tout de suite de la sympathie pour elle”, estime Lili Reinhart qui incarne le personnage. “J’aimais bien l’idée de jouer une femme qui est provocante sans le vouloir, un peu ingénue, et qui a beaucoup de choses à apprendre. Annabelle est dans une position très vulnérable quand on fait sa connaissance. Elle s'est éloignée de sa famille qui l’a rejetée quand elle a appris le métier qu’elle faisait. Elle essaie de s’en sortir du mieux qu’elle peut. Annabelle est sensible aux marques d’attention toutes maternelles de Ramona et elle noue tout de suite un lien très fort avec elle”.

Lili Reinhart était très intéressée par cette histoire de femmes qui se réinventent leur propre famille : “Elles viennent toutes de milieux très différents”, remarque-t-elle. “Chacune a son passé, ses traumatismes, ses problèmes de famille… elles se soutiennent et se serrent les coudes face à ces obstacles. Il y a entre elles une solidarité à toute épreuve, qui semble pouvoir résister au monde de compétition et de coups bas qui les entoure”.

Lorene Scafaria voit Annabelle comme “le cœur battant de ce groupe de femmes, le vilain petit canard que tout le monde aime – Lili a justement ce côté attendrissant”.

Annabelle a la particularité de vomir quand elle est très stressée. La star de RIVERDALE ne s’est pas fait prier et a utilisé une recette bien spéciale : “Heureusement, Lorene ne m’a pas demandé de refaire la scène vingt fois… mais je l’aurais fait si nécessaire !”, affirme-t-elle en riant. “Des crackers écrasés mélangés à du Sprite : voilà la recette miracle pour vomir sur commande”.

Diamond, également danseuse, sait se faire apprécier d’une tout autre manière. Interprétée par la chanteuse, rappeuse et auteure légendaire Cardi B, Diamond est une fille du Bronx pas farouche qui travaille dans le club depuis un an. Elle est un peu plus directe et acerbe que ses collègues : “Diamond ne laisse personne l’embobiner”, explique Lorene Scafaria. Avec l’aide de Ramona, elle finit par se lier d’amitié avec Destiny et rejoint ces dames au sein du groupe fraichement formé. Elle offre même à Destiny une leçon de lap dance hilarante.

Lorene Scafaria est une fan de longue date de Cardi B et pour elle il était évident que la chanteuse avait sa place dans QUEENS : “J’ai commencé à écrire à Cardi sur Instagram en 2017”, raconte-t-elle. Néanmoins, elle reconnaît que c’est Jennifer Lopez et son équipe qui l’ont finalement convaincue de rejoindre le projet. “C’est une artiste remarquable et je savais qu’elle apporterait beaucoup d’authenticité au rôle”.

Lizzo, la chanteuse, rappeuse, actrice et flutiste à succès fait ses débuts au cinéma sous les traits de l’extravagante stripteaseuse Liz. L’artiste a adoré incarner une danseuse de pole : “J’adore me bouger les fesses, et je trouve que ce sont les femmes les plus fortes et les plus affirmées sur cette planète. En plus, je voulais être là pour donner une voix à toutes les femmes qui ont des formes”.

“Lizzo est une artiste extrêmement douée”, déclare Lorene Scafaria. “J’ai écrit le rôle de Liz pour elle, j’ai même écrit une scène où elle joue de la flûte, donc pas de doute que c’est elle que je voulais pour le rôle. Lizzo déborde de joie, et je voulais retrouver cette bonne humeur dans les scènes qui se passent dans le club. Elle s’est totalement immergée dans cet univers”. Trace Lysette joue quant à elle la danseuse Tracey.

Trace Lysette était une des premières actrices transgenres à apparaître dans une série télévisée en prime-time dans un rôle parlant dans TRANSPARENT. Dans la vraie vie, elle a véritablement travaillé dans un club de striptease : “J’ai dansé à Scores, un club très connu de New York, pendant plus de huit ans”, raconte-t-elle. “Je me souviens de l’époque où l’argent coulait à flot… puis du moment où ça s’est arrêté après la crise financière de 2008”.

Quand Trace Lysette a entendu parler de QUEENS, elle s'est tout de suite mobilisée pour faire partie de l’aventure : “L’histoire et le personnage étaient tellement proches de mon parcours personnel que j’ai décidé de balancer un tweet sur la toile. Lorene l’a vu et m’a proposé un déjeuner. On s’est très bien entendues et je lui ai raconté mon parcours de stripteaseuse. J’étais très contente que l’histoire rende notre profession plus humaine, car elle est bien souvent réduite à un stéréotype. Ces personnages travaillent dur et mettent en place des combines pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Leur amitié est inestimable et essentielle à leur survie. Je pense que toutes les femmes peuvent se reconnaître dans cette histoire”.

Lorene Scafaria raconte qu’au cours de ce déjeuner et des conversations qui ont suivi, “Trace m’a raconté comment ces femmes ont vécu d’un côté la période faste d’avant 2008 et de l’autre les conséquences de la crise financière”. Les auteurs ont aussi fait appel à Jacqueline Frances, alias Jacq the Stripper, une artiste, danseuse, actrice et auteure canadienne de renom. Consultante sur le film, Jacq était censée s’assurer que tout le monde se sente à l’aise et en sécurité sur le plateau. Elle a aussi dépeint très précisément l’univers du striptease à l’équipe de tournage. Mette Towley campe Justice, la seule stripteaseuse qui a son propre slogan : “Que Justice soit faite !”

Mette Towley est une danseuse connue pour ses mouvements de hip-hop improvisés et hypnotiques ; pour elle, le fait de jouer dans un film est “une nouvelle frontière” et elle a adoré se lancer sous la direction de Lorene Scafaria. “Lorene m’a mise à l’aise pour tenter ce que je n’aurais jamais imaginé pouvoir faire : jouer la comédie”.

Un autre personnage clé du film n’est ni une stripteaseuse, ni un membre du groupe fraichement formé. Elizabeth est une journaliste qui raconte l’histoire de ces femmes à travers des interviews de Destiny et Ramona. Lorene Scafaria intègre ces passages dans le récit de la vie de ces femmes et de leurs relations turbulentes. Le personnage d’Elizabeth, jouée par Julia Stiles, nous permet de “prendre conscience que ce que ces femmes ont accompli est bien réel”, déclare la réalisatrice. “Julia donne de l’étoffe et de la force à son personnage, ce qui est essentiel, car elle modifie la tonalité du film et ramène Destiny et les spectateurs à la réalité”.

Julia Stiles a lu l’article de Jessica Pressley dans le magazine New York et Lorene Scafaria remarque : “L’article l’a encore plus marquée que moi. Elle a été fascinée par la façon dont Jessica a écrit l’article, par son enquête et son analyse de la réalité de la situation, à savoir que les personnes qui détenaient le pouvoir ne sont plus les mêmes”.

ARNAQUER OU SE FAIRE ARNAQUER

La suite complexe d’arnaques mise au point par ces femmes est une réaction à un système patriarcal déficient qui les a abandonnées au bas de l’échelle sociale, et qui existe depuis… toujours. Leurs tentatives pour échapper à leur condition trouvent un écho en chacun de nous. Comme tout le monde, elles cherchent à prendre soin d’elles et de leurs familles, et à obtenir leur part d'un rêve américain qui semble leur échapper…

Un de leurs tactiques ingénieuses – mais d’une moralité douteuse – consiste à verser de la drogue dans le verre de leurs cibles – d'innombrables magnats de Wall Street qui ont toujours traité les femmes comme leur chose. Ces traders font leur beurre sur le dos des Américains moyens et de leurs rêves brisés. Ces dames estiment donc qu’il est temps de renverser la table.

Malgré tout, ce que le quatuor entreprend n’a rien de glorieux. “Ce sont des antihéroïnes et des survivantes au sein d’un jeu dont les dés sont pipés”, affirme Jennifer Lopez. “Au départ, l’idée est de rendre la monnaie de leur pièce aux gros bonnets de Wall Street qui ont bouleversé le pays en 2008. Mais comme dans toutes les arnaques, quand on commence à jouer, c’est difficile de s’arrêter”.

QUEENS s’amuse également à détourner les clichés les plus sexistes. “Il y a une réplique dans le film qui dit que peu d’hommes admettraient avoir été arnaqués par une femme”, poursuit Jennifer Lopez. “Leur fierté les en empêche. Ces hommes n’ont pas envie de savoir qui sont ces femmes. Tout ce qui les intéresse, c’est d’en faire leur objet. Ils sont incapables d’imaginer que ces femmes pourraient retourner la situation contre eux. Ça gâcherait le fantasme. Ces hommes se sentent intouchables et ils ne voient rien venir”.

Selon Elaine Goldsmith-Thomas, les méthodes de ces femmes témoignent du talent avec lequel Lorene Scafaria et ses actrices ont défini les personnages : “Elles font des choses qu’on pourrait juger à première vue comme néfastes, mais Lorene et son équipe parviennent à nous faire ressentir de la sympathie à leur égard”.

“Dans ce film, tout le monde a des combines pour essayer de s’en sortir”, ajoute Jessica Elbaum. “Ce que font ces femmes reflète ce que les hommes leur ont fait subir auparavant”.

Lorene Scafaria affirme qu’elle estime appartenir à cette catégorie d’arnaqueuses : “Je sais ce que c’est que de faire des combines, de ‘danser’ contre de l’argent pour mes films !”, précise-t-elle en riant.

Destiny apprécie les largesses qui découlent des larcins du groupe, mais à ses yeux, les vrais bénéfices se situent au-delà des dollars et des biens matériels. “Je ne pense pas que Destiny essaie de justifier ses actes. Je pense qu’elle se laisse emporter par le sentiment rassurant d’appartenir à une famille, de faire partie d'un groupe. C’est un peu ‘nous contre les autres’”, analyse Constance Wu.

L’empathie que Lorene Scafaria ressent pour les danseuses concerne même leurs clients : “Je ne voulais pas stigmatiser une profession ou opposer les hommes aux femmes”, explique-t-elle. “Ces femmes travaillent au sein d’un système de valeurs insidieux, mais je plains également les hommes qui sont jugés à l’aune de leur richesse et de leur puissance, tout comme les femmes sont jugées sur des critères physiques. Le système est dysfonctionnel pour tout le monde”.

APPRENDRE À DANSER SUR LA BARRE

Les actrices interprétant des stripteaseuses ont été confrontées à de nombreux défis, principalement celui d’apprendre à évoluer sur une barre de pole. “Je n’ai jamais eu autant mal aux muscles que quand je me suis entrainée sur cette barre”, raconte Constance Wu qui a dû s'initier à des mouvements très précis.

Même Jennifer Lopez, une danseuse confirmée qui fait du sport quotidiennement, reconnaît que c’est une des épreuves les plus difficiles auxquelles elle n’ait jamais été confrontée. “Je me suis entrainée presque six mois pour préparer ce film”, témoignet-elle. “J’emmenais une barre de pole portable dans chaque ville où j’allais, si bien que je n’ai jamais raté un entrainement. J’ai sollicité des muscles que je n’avais jamais utilisés auparavant et je sortais de chaque entrainement avec de nouveaux bleus. Mes épaules et mon dos sont encore en train de s’en remettre !”

Constance Wu, Jennifer Lopez et toutes les actrices qui ont dû apprendre à danser saluent la chorégraphe Johanna Sapakie : “Johanna est très douée”, affirme Jennifer Lopez. “On n’aurait jamais réussi sans ses conseils experts”.

En tant qu’ancienne artiste du Cirque du Soleil et acrobate, Johanna Sapakie voulait que chaque actrice ressente les effets des mouvements sur une barre. “C’est leur environnement et cela contribue à l’évolution de leur personnage”, estime-t-elle.

Johanna Sapakie était fascinée par les parcours très divers des actrices. “Jennifer est sportive et très en forme physiquement, c’est une excellente danseuse qui n’a aucun mal à apprendre les mouvements, mais elle n’avait jamais essayé la barre de pole”, décrit-elle. “On a donc abordé l’exercice comme une chorégraphie, en adoptant le point de vue du personnage, ce qui était essentiel. Ça a vraiment permis à Jennifer de maitriser l’art de la barre, y compris les spins et les mouvements inversés basiques”.

“Quand Jennifer danse sur la barre, on ressent sa puissance et sa maitrise de la scène et du personnage de Ramona”, poursuit Johanna Sapakie. “On a créé les mouvements ensemble”.

Johanna Sapakie a adopté une technique distincte pour former Constance Wu : “Constance n’a pas une formation de danseuse, donc nous avons choisi d’aborder le travail sous un angle différent de celui de Jennifer”, raconte-t-elle. “J’ai utilisé des mots-clés pour désigner les mouvements, afin que Constance les intègre et les ressente dans son corps. J’ai été impressionnée qu’elle arrive à effectuer des tours en arrière sur la barre, et elle le fait avec beaucoup de grâce. La posture ouvre sa poitrine vers le ciel en un mouvement fluide et sensuel”.

Mette Towley est une danseuse reconnue mais elle n’était pas préparée aux exigences de ce type de danse. “Cela nécessite une forme physique que je n’ai pas, et en tant que danseuse, je n’ai jamais utilisé d’équipements. J’ai donc acheté une barre de pole que mon père a installée dans le garage”, rit-elle.

Keke Palmer avait déjà une certaine expérience des clubs de strip-tease en tant que cliente, mais elle était loin d’imaginer l’exigence de la discipline. “Les danseuses du club où je suis allée à Altanta étaient très douées et ce dont je me suis rendu compte quand j’ai commencé la barre, c’est qu’elles travaillent énormément. C’est beaucoup plus que de la danse et cela implique de nombreuses acrobaties. Il faut beaucoup de force physique pour accomplir ces mouvements et ces postures. J’ai encore plus de respect pour elles maintenant”.

LE DÉCOR DE QUEENS

La chef décoratrice expérimentée Jane Musky (COUP DE FOUDRE À MANHATTAN) tenait à ce que les spectateurs s’imprègnent de la vie de ces femmes, de leur parcours et de leur sophistication, grâce aux décors et à la palette de couleurs. “Avec Lorene, le directeur de la photographie Todd Banhazl et moi avions la même vision des personnages : elles ont envie d’évoluer et de posséder les choses qu’elles n’ont jamais eues, elles ont un fort instinct de survie et leur estime de soi est étroitement liée à leur profession. Il s’agit de voir jusqu’où on peut aller quand les gens vous sous-estiment”.

Les dessins de Jane Musky se sont appuyés sur de nombreuses recherches : “Je suis allée sur les réseaux sociaux de quelques stripteaseuses et j’ai été impressionnée”, se souvient-elle. “Il y avait des images de leurs genoux qui saignent, leur travail est éreintant et exigeant mais elles arrivent à en faire ressortir de la beauté”.

Le réalisme était le mot d’ordre, mais Jane Musky s’est autorisée quelques changements. “Normalement, il y a un casier dans le vestiaire qui contient toutes les affaires des danseuses. Mais on voulait les voir se préparer à monter sur scène, avec leur maquillage, leurs vêtements et leurs accessoires qui débordent de l’écran”.

La palette de couleurs de Jane Musky est sombre lorsqu’on fait la connaissance de Destiny et qu’on découvre la difficulté de sa journée au club. “Mais après sa rencontre avec Ramona et les autres femmes, une fois qu’elles ont constitué un groupe, on découvre le striptease sous un autre jour et on ajoute de plus en plus de couleurs et de glamour, en particulier dans les cabines privées où ont lieu les lap dances”, précise Jane Musky. “On a tout donné pour montrer à quel point l’atmosphère peut être sensuelle et intense dans ce genre d’environnement”.

Plus tard, lorsque ces femmes commencent à s’enrichir, Jane Musky explique qu’elle a désaturé les couleurs, “pour accentuer les contrastes au moment où elles franchissent une barrière économique et atteignent un nouveau niveau de sophistication”.

Une des scènes les plus mémorables tournées sur le plateau se déroule lors de la visite d’une personne célèbre au club. Il en résulte un flot d’excitation débridée, de spectacle, de musique, de danse, de fête – et de cash ! –, tandis que les danseuses comme les clients se délectent de la présence de leur invité hors du commun. La scène a été tournée en un jour. Elaine Goldsmith-Thomas raconte : “Tous les personnages dansent – il devait y avoir plus de 300 personnes qui travaillaient ce jour-là – et s’animent comme si on avait fait un saut dans le temps en 2007”.

Pour chaque personnage, le costumier Mitchell Travers a mené des recherches sur les tendances de l’époque et les stylistes de l'époque. “Quand on fait la connaissance de Ramona, c’est quelqu’un qui réussit. La personne célèbre à qui ont pouvait l’associer vers 2007 était donc… Jennifer Lopez”, s’amuse-t-il. “Pour Destiny, je me suis inspiré de Tila Tequila, Fergie, Ashleigh Simpson… Le look de Mercedes tenait à la fois d’Ashanti et de la Beyoncé des débuts. Pour Annabelle, j’ai imaginé qu’elle venait du sud des États-Unis et qu’elle appréciait l’attention dont elle était l’objet à Moves ainsi que son amitié avec les autres danseuses. Pour elle, je me suis appuyé sur Miley Cyrus à la même époque”.

La mode vestimentaire de cette époque n’était pas au goût de tout le monde, admet Mitchell Travers. “Quand on laisse passer un peu de temps, on peut apprécier les modes plus anciennes”, explique-t-il. “Mais l’année 2007 est trop proche d’aujourd’hui, si bien que c’est encore assez gênant d’y retourner et de se pencher sur les styles et les coiffures de l’époque. C’est fou comme nous étions habillés différemment, des sourcils à la coupe des pantalons en passant par les boucles d’oreille qui avaient la taille d’assiettes. Finalement, on a décidé d’y aller franco et de sortir le grand jeu”.

“Je pense que tout le monde mérite le respect, la considération et la possibilité de ne pas être jugé sur les choix qu’il ou elle a fait, même si ce sont de mauvais choix”, déclare Jennifer Lopez. “La vérité, c’est qu’on est tous amenés à monter des arnaques et des combines pour arriver à vivre et à remporter les combats qu’on doit mener. Les femmes sont sans arrêt sexualisées, mais quand elles arrivent à en tirer profit, cela devient tout à coup un problème. Au cinéma, les stripteaseuses sont présentées comme des personnages secondaires dont on peut se passer. QUEENS s’intéresse de près à l’histoire de ces femmes et montre tout, du plus beau au plus sordide. Je pense que les spectateurs vont apprécier la franchise du film et de ses personnages”.

Lorene Scafaria conclut : “J’espère que les spectateurs vont s’amuser et savourer cette belle histoire. Pour moi, ça a été fantastique de porter ce groupe de femmes formidables à l'écran. En même temps, j’espère que le film suscitera des conversations plus approfondies sur l’empathie et sur une profession bien particulière exercée par des femmes qui ont longtemps été incomprises et sous-estimées”. 

Source et copyright des textes des notes de production @ Metropolitan FilmExport

  


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