Thriller/Drame/Un film maîtrisé avec un scénario à rebondissements
Réalisé par Aneesh Chaganty
Avec John Cho, Debra Messing, Michelle La, Joseph Lee, Sara Sohn, Dominic Hoffman, Connor McRaith, Briana McLean...
Long-métrage Américain
Titre original : Searching
Durée : 01h42mn
Année de production : 2018
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Date de sortie sur les écrans américains : 31 août 2018
Date de sortie sur nos écrans : 12 septembre 2018
Résumé : Alors que Margot, 16 ans, a disparu, l’enquête ouverte ne donne rien et malgré les heures décisives qui s’écoulent, l’inspectrice chargée de l’affaire n’a pas le moindre indice. Le père, David, décide alors de mener ses propres recherches, en commençant par là où personne n’a encore regardé : l’ordinateur de sa fille.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : j'ai eu la chance de découvrir ce film pendant le 44ème Festival du Film Américain de Deauville où il a été présenté en avant-première.
Avec SEARCHING - PORTÉE DISPARUE, le réalisateur Aneesh Chaganty nous propose un long-métrage qui mixe technologie et enquête policière. L’idée résolument moderne de ne développer l’intrigue qu’au travers d’écrans a déjà été employée par le passé, mais Aneesh Chaganty utilise cet artifice à bon escient et réussit à nous embarquer dans cette histoire qui se révèle plus surprenante qu’on pourrait le penser au départ.
Au-delà de l’intrigue principale autour de la disparition d’une adolescente, le film traite de thématiques, entre autres, telles que le deuil, la méconnaissance qu’ont les parents par rapport à l’utilisation que leurs enfants font d’internet ou encore des dangers qui y sont associés.
L’action est quasi-permanente imposant un rythme qui capte notre attention et évite tout ennui. Le scénario recèle quelques retournements inattendus et manipule le spectateur de façon convaincante. Les moments d’émotions nous permettent de nous attacher aux personnages.
John Cho interprète David Kim, le père de Margot interprétée par Michelle La, une jeune fille qu’on pourrait penser sans ennui. L’acteur est tout à fait pertinent en bon père de famille, qui est poussé hors de ses retranchements par l’amour qu’il porte à son enfant et l’inquiétude légitime qu’il a pour elle. Avec Michelle La, il forme un bon duo à l’écran et on croit à la relation particulière qui les unit.
Joseph Lee interprète Peter, le frère de David. Il nous fait ressentir que Joseph est un autre genre d’homme que David, plus immature.
Debra Messing interprète l'inspectrice Vick. Elle ne donne aucun doute sur l’implication de son personnage dans cette enquête.
SEARCHING - PORTÉE DISPARUE est une bonne surprise. Il permet de passer un bon moment au cinéma avec sa réalisation maîtrisée, son scénario bien travaillé et ses acteurs impliqués.
Photo par Sebastian Baron |
Copyright photos : ©2018 CTMG, Inc. All Rights Reserved.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
RACONTER AUTREMENT
L’idée de
SEARCHING – PORTÉE DISPARUE est née lorsque deux jeunes
cinéastes, le scénariste et réalisateur Aneesh Chaganty et le
scénariste et producteur Sev Ohanian, en collaboration avec le
producteur chevronné Timur Bekmambetov, ont eu l’idée de réaliser
un thriller ultramoderne raconté par le biais de la technologie et
des appareils électroniques que nous utilisons au quotidien pour
communiquer.
Suite à la
disparition soudaine et inexpliquée de sa fille Margot, David Kim,
va collaborer avec l’inspectrice Vick, une femme sympathique mais
pragmatique. Parce que l’enquête piétine et qu’il est prêt à
tout pour retrouver sa fille, David va prendre l’affaire en main à
sa façon... Le film suit l’enquête à travers les outils de
communication modernes qu’il utilise : réseaux sociaux, SMS,
emails, photos et vidéos sauvegardées sur ordinateur par mesure de
sécurité… Mais les apparences sont parfois trompeuses. Nos
appareils électroniques recèlent souvent autant de secrets qu’ils
en révèlent. Nos identités virtuelles ne sont au mieux que des
constructions subjectives. Et avec chaque nouvel indice numérique,
David découvre des aspects de la personnalité de sa fille dont il
ignorait tout…
Pour raconter
cette histoire, les cinéastes ont opté pour un langage narratif
très visuel qui dépeint avec authenticité la manière dont nous
interagissons aujourd’hui et explore la réalité de la relation
parent-enfant à l’ère d’Internet.
Les modes de
communication modernes nous permettent de nous présenter et de nous
réinventer de manière instantanée, et le monde virtuel, avec tout
ce qu’il comporte de potentiel mais aussi de dangers, attire
particulièrement les adolescents, qui cherchent à repousser leurs
limites et à explorer leur identité. SEARCHING – PORTÉE DISPARUE
évoque l’éternel dilemme parental – davantage exacerbé par les
réseaux sociaux – sous un angle cinématographique inédit :
quel degré de liberté et d’indépendance doit-on accorder à son
enfant ? Quand faut-il lui fixer des limites ? Les réponses
à ces questions reposent en grande partie sur ses fréquentations
virtuelles et sa personnalité. Le film est un thriller raconté en
temps réel dont le format est à la fois novateur et familier car il
met en scène des appareils que nous utilisons tous, ce qui explique
notamment son succès lors de sa présentation au Festival de
Sundance où il a remporté le Prix du public.
SEARCHING –
PORTÉE DISPARUE marque les débuts derrière la caméra du duo formé
par Aneesh Chaganty et Sev Ohanian. Les deux hommes se sont
rencontrés dans un cours de production cinématographique à
l’Université de Californie du Sud où Sev Ohanian était
professeur adjoint et Aneesh Chaganty l’un de ses meilleurs élèves.
Sev Ohanian raconte : « Aneesh avait toujours les
meilleures idées et il faisait preuve d’une remarquable éthique
professionnelle, d’une incroyable énergie et d’une grande
curiosité. Son potentiel sautait aux yeux. »
Professeur et
élève sont finalement devenus partenaires d’écriture et
collaborateurs, et très rapidement, Sev Ohanian s’est imposé sur
la scène indépendante en produisant notamment FRUITVALE STATION,
RESULTS et THE INTERVENTION, présentés au Festival du film de
Sundance.
Aneesh Chaganty
travaillait pour sa part pour Google à New York, où il créait de
courtes vidéos. On lui doit notamment « Google Glass: Seeds »,
un court métrage entièrement réalisé avec Google Glass à la
demande d’un petit programme baptisé The Creative Collective, dont
l’objectif était de déterminer comment l’utilisation de ces
lunettes à réalité augmentée intégrée pourrait être appliquée
au cinéma. La création de ce contenu a nécessité des procédés
techniques et opérationnels qu’Aneesh Chaganty et Sev Ohanian ont
ensuite utilisés pour la production de SEARCHING – PORTÉE
DISPARUE. À bien des égards, le réalisateur était donc le
candidat idéal pour mettre le film en scène. L’expérience qu’il
a acquise sur ses courts métrages pour Google et ses diverses
publicités lui a permis d’aborder cette nouvelle étape de sa
carrière avec sérénité tout en développant son approche
innovante pour le grand écran.
De son côté,
Timur Bekmambetov expérimentait lui aussi une nouvelle approche
cinématographique capable de mieux illustrer nos modèles de
communication modernes, un concept qu’il a baptisé « vie
virtuelle » et qu’il qualifie de « nouveau langage
cinématographique ». L’idée lui est venue en 2012 au cours
d’une conversation sur Skype avec son partenaire de production. Une
fois leur échange terminé, son collègue a oublié de désactiver
la fonction de partage d’écran. Timur Bekmambetov a ainsi pu voir
les recherches qu’il faisait sur Internet, quels messages il
envoyait sur Facebook, ce qu’il commandait sur Amazon, etc. Cette
expérience lui a donné un aperçu en temps réel de la vie intime
de son ami, de ses motivations et de ses préoccupations, et cela
uniquement grâce aux fenêtres qui étaient ouvertes sur son
ordinateur, à la manière dont il déplaçait son curseur de souris,
à ses choix et à la façon dont il tapait sur son clavier. Un
simple message – de la manière dont il est écrit et corrigé, à
la décision de l’envoyer ou pas – révèle un kaléidoscope
d’émotions sous une forme singulièrement visuelle.
Le producteur
explique : « C’est très simple : nous passons la
moitié de notre temps sur des écrans, ce qui signifie que notre
« vie virtuelle » occupe une place très importante dans
notre quotidien et révèle énormément de choses à notre sujet.
Ces appareils contiennent nos vies entières, ils sont témoins de
nos peurs, de nos amours, de nos amitiés, de nos trahisons, de nos
meilleurs souvenirs et des moments dont nous sommes le moins fiers.
Il m’a semblé impossible de mettre en scène le monde actuel et
ceux qui le peuplent sans avoir recours aux écrans, car tous les
évènements les plus marquants de nos vies passent par nos
téléphones et nos ordinateurs. Plus important encore, ils nous
permettent de faire des choix moraux cruciaux. Être capables de
décrire cela permet à mon sens de dresser un portrait authentique
de la société dans laquelle nous vivons. »
Inspiré par ce
nouveau procédé narratif, Timur Bekmambetov, à travers sa société,
Bazelevs, s’est mis en quête de jeunes cinéastes partageant sa
vision. Il avait connu un certain succès en 2014 avec le thriller
UNFRIENDED : DARK WEB, raconté via une conversation de groupe
sur Skype entre plusieurs adolescents qui prenait une tournure
tragique, et il cherchait de jeunes cinéphiles pour l’accompagner
dans une expérimentation plus avancée encore.
Timur Bekmambetov
déclare : « Sev et Aneesh correspondaient parfaitement à
ce que nous recherchions, leur présentation nous a immédiatement
séduits. Il était évident qu’ils comprenaient la beauté et le
potentiel de ce nouveau langage et qu’ils avaient un sens de
l’histoire et des personnages très développé. »
Sev Ohanian et
Aneesh Chaganty, habitués à développer des contenus courts,
avaient imaginé l’histoire d’un père qui fouille dans
l’ordinateur portable de sa fille disparue, en pensant qu’elle
s’intégrerait dans une série de courts métrages. Aneesh Chaganty
raconte : « Nous avions dans l’idée de réaliser un
film de six minutes, mais à la fin de notre présentation, Timur
nous a dit qu’il aimait l’idée mais qu’elle serait encore plus
intéressante au format long métrage. »
Timur Bekmambetov
explique : « Je n’étais pas intéressé par un court
métrage mais j’ai tout de suite pensé que cette histoire ferait
un fabuleux film. Et Sev et Aneesh avaient de très bonnes idées.
J’aime beaucoup travailler avec de jeunes cinéastes car ce sont
eux qui ont généralement les idées les plus audacieuses et les
plus créatives. Sev et Aneesh en sont l’exemple même. »
Bazelevs a confié
l’écriture du film au duo et proposé à Aneesh Chaganty de le
réaliser… Ce que ce dernier a d’abord refusé. Sev Ohanian
confie : « Je n’en croyais pas mes oreilles, j’ai eu
envie de le secouer pour lui remettre les idées en place ! »
Les deux hommes ont quitté le rendez-vous en promettant d’y
réfléchir afin de prendre le temps de déterminer si le format long
métrage se prêtait à l’histoire qu’ils voulaient raconter.
Aneesh Chaganty
confie : « Je craignais que nous n’ayons pas
suffisamment de matière pour faire un film et qu’on ne parvienne
pas à développer naturellement notre idée. Mais cela ne nous a pas
empêchés de continuer à en discuter. »
Finalement, les
cinéastes ont accepté d’écrire et de mettre le film en scène,
inspirés par les séquences d’ouverture d’autres films. Et par
un curieux hasard, les deux hommes ont eu la même idée concernant
les premières minutes du film alors qu’ils se trouvaient à des
milliers de kilomètres l’un de l’autre.
Cette idée
consistait à raconter l’histoire de la famille Kim à travers un
montage dessinant le délicat et captivant paysage émotionnel dans
lequel évoluent les personnages principaux, grâce à nos outils de
communication quotidien. Le prologue de SEARCHING – PORTÉE
DISPARUE se compose ainsi de conversations vidéo, d’entrées de
calendrier, d’extraits de films familiaux tournés sur un portable
et de SMS qui retracent la naissance de Margot, le bonheur des
premières années et les épreuves qui s’ensuivent.
Aneesh Chaganty
raconte : « Un soir, Sev et moi nous sommes envoyé un
message au même moment : nous avions tous les deux eu une idée
pour la scène d’ouverture du film. Et en s’appelant, nous avons
réalisé que c’était la même ! Cette séquence, comme on peut le
voir dans le film, est inspirée de celle de LÀ-HAUT. Nous avons
pensé que ce montage d’écrans permettrait aux spectateurs de
s’attacher aux personnages et de s’investir immédiatement dans
le film. Notre objectif au cours des cinq premières minutes était à
la fois d’instaurer une atmosphère familière, dans le sens où
nous utilisons tous ces outils de communication, et de faire oublier
au public le caractère atypique du film. »
C’est d’ailleurs
cette séquence qui a convaincu l’acteur John Cho que le concept
narratif inédit du film pouvait bel et bien fonctionner. Il
explique : « Ce montage accomplit l’essentiel du
travail : s’il vous parle et vous touche, alors vous vous
laissez embarquer et vous acceptez le postulat de départ du film,
car vous vous identifiez à cette famille. Il était primordial que
cette scène soit réussie et Aneesh y est brillamment parvenu.
Lorsque je l’ai vue pour la première fois, j’ai su que je
pouvais m’engager entièrement dans cette aventure et que la forme,
aussi inédite soit-elle, passerait au second plan. »
Outre le
financement et le support de production fournis par Bazelevs, Aneesh
Chaganty et Sev Ohanian ont bénéficié d’une totale liberté
créative et d’un accès aux ingénieux dispositifs inventés
spécialement pour ce format par la société.
Timur Bekmambetov
déclare : « La difficulté majeure pour un producteur est
de trouver le bon cinéaste pour mener à bien son projet. Mais une
fois que l’on a fait son choix, il faut placer toute sa confiance
dans le réalisateur. Je le sais parce que je réalise moi-même des
films, il est très important que lorsqu’un producteur décide de
collaborer avec un metteur en scène, il lui laisse faire son propre
film, en particulier avec un projet comme celui-ci. Mais il était
primordial pour moi d’être présent pour Aneesh et Sev lors du
montage. Chez Bazelevs, nous aimons collaborer avec des cinéastes
que nous pouvons aider mais dont nous pouvons également apprendre. »
Bien qu’il soit
façonné par la manière dont il réinvente la technologie moderne
et la narration numérique, SEARCHING – PORTÉE DISPARUE est avant
tout un captivant thriller dramatique à la fois imprévisible et
émouvant. Aneesh Chaganty commente : « Notre objectif
était de faire un film que l’on ait envie de regarder. Nos films
préférés sont à la fois captivants et émouvants, avec beaucoup
de suspense. Et dès le départ, nous tenions à ce que l’histoire
happe les spectateurs et leur fasse presque oublier la manière dont
elle est racontée. »
Pendant le
développement du scénario, le duo a regardé des dizaines de
thrillers racontant l’histoire de personnes disparues afin de
déterminer ce qui fonctionnait ou pas, et d’étudier les diverses
stratégies employées par les cinéastes pour dissimuler des
informations au public et détourner subtilement son attention. Le
réalisateur explique : « À bien y regarder, l’intrigue
de SEARCHING – PORTÉE DISPARUE rassemble de nombreux éléments
traditionnels du thriller et du mystère, car notre objectif était
de faire référence à ce qui nous plaisait le plus dans le genre
tout en l’adaptant au concept visuel du film. »
Pour préparer
le tournage, Aneesh Chaganty a emprunté une technique qu’il avait
utilisée chez Google baptisée « prototypage », et qui
n’est pas sans rappeler la prévisualisation employée par
l’industrie du cinéma.
Sev Ohanian
explique : « Le prototypage consiste à créer une
version initiale d’un projet à partir d’images temporaires et de
documentation rassemblée par nos propres moyens. Aneesh connaissait
bien cette méthode et l’a appliquée à SEARCHING – PORTÉE
DISPARUE en créant très tôt une version entière du film qui s’est
révélée très utile car elle nous a permis de voir ce qu’il
donnerait avant même de le tourner, mais également de résoudre de
nombreux problèmes avant d’y être confrontés. En substance, nous
avons commencé à monter le film sept semaines avant le début du
tournage principal ! »
Ce mini-film a
fourni à Aneesh Chaganty des informations inestimables qui se sont
par la suite révélées cruciales pour les acteurs chargés de
traduire ce nouveau langage cinématographique, dont Debra Messing,
qui incarne l’inspectrice Rosemary Vick, une femme déterminée, en
charge de l’enquête sur la disparition de Margot Kim.
L’actrice
déclare : « J’étais très intriguée, car je
n’avais littéralement jamais lu un scénario comme celui-ci. Si ce
film est si original, captivant et visionnaire, c’est parce qu’il
est raconté de manière totalement inédite. La lecture du script
était en soi une expérience à part, et c’est ce qui m’a plu.
Il était évident qu’Aneesh savait exactement quelle histoire il
voulait raconter et quel genre de film il voulait réaliser. Au
début, j’avais un peu l’impression de sauter dans l’inconnu,
mais sur le tournage, il a fait preuve d’une grande assurance tout
en laissant la place aux ajustements lorsque c’était nécessaire.
Il régnait sur le tournage un esprit de découverte permanent. »
Puisque dans une
certaine mesure la vie imite l’art, Debra Messing a eu recours à
la communication vidéo, si présente dans le film, pour mener ses
propres recherches. Elle raconte : « Il était très
important pour moi de comprendre en quoi consiste le travail des
inspecteurs en charge des enquêtes sur les personnes disparues, dont
j’ignorais tout. J’ai eu la chance de pouvoir discuter
simultanément avec deux policiers de Los Angeles sur FaceTime. Ça a
été très enrichissant, ils ont été très patients avec moi et
m’ont tout expliqué, du protocole mis en place lorsqu’une
disparition est déclarée à l’exercice qui consiste à s’exprimer
devant les journalistes pour parler de l’enquête, en passant par
les relations entre la famille de la victime, les enquêteurs et les
autorités. »
DEVANT LES ÉCRANS
Si la préparation
de Debra Messing a été relativement traditionnelle, le
tournage, lui, s’est révélé tout sauf conventionnel, ce qui
confère au film un réalisme impossible à obtenir avec les
techniques classiques de mise en scène et de tournage.
Elle se souvient :
« Mon premier jour sur le tournage a sans doute été le plus
déconcertant. J’avais une scène avec John mais nous n’étions
jamais ensemble physiquement. C’était assez incroyable, nous nous
trouvions dans deux pièces différentes, chacun avec son ordinateur
portable surmonté d’une GoPro, et nous avons réussi à filmer la
scène en temps réel exactement comme dans la vraie vie, ce qui rend
cet échange très naturel et réaliste. Dans un film classique, une
scène comme celle-ci aurait été filmée en plusieurs prises depuis
différents angles, d’abord d’un point de vue puis de l’autre,
en déplaçant le matériel de prises de vues et d’éclairage,
alors que là, tout ce qui se passait à l’écran ou autour était
enregistré simultanément, ce qui était très intéressant. »
L’actrice confie
que c’était parfois un peu comme se retrouver seule devant un
écran vert… à la différence qu’il s’agissait d’un écran
d’ordinateur et que la caméra était une simple GoPro. Elle se
souvient : « Par moments, Aneesh me demandait de fixer
directement la caméra plutôt que de regarder John sur l’écran,
ce qui va totalement à l’encontre de ce qu’on nous apprend quand
on devient acteur. C’est pourtant ce que l’on fait au quotidien
lorsqu’on communique via nos appareils électroniques et les
réseaux sociaux… À cet égard, le film est donc très réaliste.
Il a fallu que je joue la comédie en regardant directement la caméra
alors que le visage de John apparaissait sur l’écran juste en
dessous, en périphérie de mon champ de vision. Je peux vous dire
que ça a été une vraie nouvelle expérience ! »
John Cho,
séduit par l’arc dramatique des personnages et en particulier par
celui de David Kim, ainsi que par les nombreux rebondissements de
l’histoire, a été fasciné et intrigué par le style visuel
novateur du film. Bien qu’initialement sceptique, il a fini par se
familiariser avec ce nouveau format.
Il déclare :
« J’étais dubitatif à l’idée que quelqu’un puisse
raconter une histoire dramatique d’une telle ampleur par le seul
biais des écrans de nos appareils numériques. J’avais du mal à
concevoir que cela permette de transmettre de manière authentique
toutes les émotions des personnages, mais je dois dire que j’ai
été agréablement surpris. Ça n’a pas été facile, loin s’en
faut, car l’objectif de la caméra était sans arrêt sur moi, ce
qui interdit toute fausse note. Le film est donc très fidèle à la
réalité. Chaque scène est tournée depuis un angle unique et
l’histoire est entièrement racontée du point de vue de David ;
il n’y avait par conséquent aucune échappatoire, je devais être
concentré et présent à chaque instant car il n’y avait rien ni
personne pour rattraper mes erreurs. Ça a été une expérience très
exigeante et intense sur le plan émotionnel. »
Michelle La,
qui incarne Margot, la fille disparue de David Kim, s’est
facilement identifiée à son personnage. Elle explique :
« Margot est une brillante adolescente de 16 ans pleine de vie.
Elle a grandi au sein d’une famille aimante mais petit à petit, on
découvre qu’elle s’est renfermée sur elle-même suite à un
évènement tragique. Je comprends très bien ce qu’elle vit. Avoir
16 ans n’a rien d’évident. On se contente souvent de dire que
les adolescents sont « incompris » alors que le problème
est en réalité beaucoup plus profond : il est très facile d’être
submergé par toutes les émotions que l’on ressent à cet âge. »
L’actrice a
également été séduite par le style visuel atypique du film. « Je
fais partie de ce qu’on appelle les Millennials, j’ai donc été
exposée dès le plus jeune âge à différentes technologies. J’ai
grandi avec cette forme de communication, ce qui m’a permis d’être
beaucoup plus naturelle, à l’aise et présente face à ces
appareils, qu’ils soient posés devant moi ou que je les tienne à
la main. »
Puisque l’approche
adoptée par l’équipe était inédite pour tout le monde, les
acteurs et leur jeune réalisateur se sont lancés ensemble dans
cette aventure créative et ont découvert et défini pas à pas la
marche à suivre.
L’histoire
repose pour l’essentiel sur les personnages de John Cho et Debra
Messing, dont la relation professionnelle, entièrement dévoilée à
travers leurs communications numériques, reflète la trajectoire du
film et le destin de Margot. Aneesh Chaganty confie : « Nous
avons eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur John et Debra.
Plus nous avancions, plus nous en apprenions sur la manière de
réaliser ce film particulier, et plus nous prenions conscience de
l’impact de son style sur les acteurs. John et Debra ont fait
preuve d’un enthousiasme sans faille face à ce défi en
perpétuelle évolution. »
John Cho précise :
« Plus que jamais auparavant dans ma carrière, il a fallu que
je m’en remette entièrement au réalisateur. Être constamment
filmé en très gros plan est très étrange, d’autant que nous
avions rarement tous les détails visuels qui ont été ajoutés dans
la version finale du film, si bien qu’Aneesh devait m’expliquer
ce que David regardait. Le mouvement des yeux et la direction du
regard jouent un rôle extrêmement important, il a donc fallu que
j’imagine ce qui serait ensuite intégré à l’écran. »
Pour donner vie à
l’inspectrice Vick, en apparence déterminée et objective dans sa
volonté de résoudre le mystère de la disparition de Margot, Debra
Messing s’est efforcée de définir les motivations diverses et
complexes du personnage. Elle a pu compter sur l’aide du
réalisateur dans sa démarche. Elle déclare : « En tant
que mère célibataire d’un petit garçon, je me suis immédiatement
identifiée à Rosemary. Aneesh m’a également apporté une aide
précieuse dans la construction du personnage en répondant à toutes
mes questions, ce qui m’a permis de mieux le cerner et de me
préparer au tournage. »
TECHNIQUE ET
TECHNOLOGIE
Tout au long de
l’aventure, les acteurs de SEARCHING – PORTÉE DISPARUE ont
travaillé en étroite collaboration avec le directeur de la
photographie Juan Sebastian Baron. Ce dernier était en charge de la
gestion technique et créative de plus d’une douzaine d’appareils
vidéo utilisés pour tourner le film, chacun obéissant à ses
propres règles et contraintes. En revanche, il n’a pas eu à
s’occuper du choix des objectifs et des mouvements de dolly puisque
la plupart des caméras qui enregistraient l’action étaient fixes,
qu’elles soient intégrées aux ordinateurs ou qu’elles imitent
des caméras de surveillance.
Juan Sebastian
Baron, qui a rencontré Aneesh Chaganty pendant ses études de
cinéma, était très enthousiaste à l’idée de prendre part à ce
film innovant, mais il confie également avoir été soulagé de
pouvoir compter sur des technologies existantes. Il explique :
« Par chance, Bazelevs, notre société de production, avait
déjà développé en interne une technologie qui nous a notamment
permis de réaliser les conversations FaceTime que l’on voit dans
le film. Il s’agit d’un dispositif composé d’ordinateurs
portables factices surmontés de GoPro dans lesquels ont été
intégrées des LED pour simuler la luminosité d’un écran. Ces
appareils peuvent ensuite être mis en réseau à la manière de
caméras de surveillance. Ce système très « Frankensteinesque »,
j’en conviens, nous a permis de résoudre le problème des scènes
dans lesquelles les personnages discutent par écrans interposés. Il
a en outre donné l’occasion à Aneesh de re-visionner ces
séquences en playback, ce qui lui a permis d’instaurer une
relation un peu plus traditionnelle avec ses comédiens en matière
de direction d’acteurs. »
Le directeur de la
photographie et le réalisateur ont repoussé les limites de ce
nouveau style cinématographique de manière très personnelle, comme
l’explique Juan Sebastian Baron : « Nous avons pris
beaucoup de plaisir à tourner SEARCHING – PORTÉE DISPARUE. Nous
avons utilisé des iPhones – celui d’Aneesh était notre caméra
principale ! – et avons haussé d’un cran la technique
qui consiste à donner à voir des écrans, ce qui a ravi Bazelevs au
moins autant que nous. Nous avons dépassé le simple stade du chat
FaceTime ou de la conversation Google Hangout, nous avons intégré
toutes sortes de médias différents. Nous avons même eu recours à
des images de journaux télévisés traditionnels, à ceci près
qu’elles sont révélées et visionnées de la manière dont la
plupart d’entre nous consomment aujourd’hui les informations :
à travers un portail Internet, sur un écran d’ordinateur. »
Il ajoute : «
Le défi logistique était de taille. Il a fallu sélectionner
soigneusement chaque contenu présenté dans le film et les classer
chronologiquement, avant de définir par quel type de caméra nous
désirions qu’il soit filmé idéalement. Enfin, comme nous ne
pouvions pas utiliser 30 caméras différentes, nous avons resserré
sur des types de caméras pouvant offrir des esthétiques et des
styles différents mais authentiques. »
L’authenticité
était en effet l’objectif principal de l’équipe et comme
l’explique Juan Sebastian Baron, techniciens et acteurs ont
travaillé main dans la main pour l’atteindre. De par la nature
même du film, John Cho a même été transformé en caméraman.
Le directeur de la
photographie déclare : « La préparation du film a
concerné les aspects techniques mais également philosophiques du
film : comment allions-nous le tourner ? Quelle serait
notre approche ? Quel sens lui donnerait-on ? Les acteurs
allaient-ils manier eux-mêmes les caméras ? Les images
devaient-elles être altérées en postproduction ou filmées telles
quelles ? »
Il poursuit :
« Dès le départ, Aneesh s’est donné pour mission de
réaliser un film racontant de la manière la plus réaliste possible
une histoire sincère et poignante et mettant en scène des
personnages auxquels on puisse facilement s’identifier. La
photographie se devait donc d’être ancrée dans le réel et tout
aussi discrète que la réalisation. Et John Cho a joué un rôle
majeur sous cet angle. Nous étions conscients que pour raconter
l’histoire du point de vue de son personnage, David, il allait
devoir tenir la caméra, quelle qu’elle soit. Et cela peut être
intimidant de devoir interpréter un rôle tout en servant de cadreur
et en s’observant en train de jouer la comédie. Mais au bout de
quelques prises, tout le monde s’est fait à l’idée et a accepté
le caractère atypique du film. Il faut un sacré courage à un
acteur pour se lancer dans pareille aventure ! »
Le chef décorateur
Angel Herrera s’est vu lui aussi confier une mission unique :
créer des décors de cinéma traditionnels qui seraient vus à
travers le filtre d’un écran d’ordinateur ou d’un téléphone
portable. SEARCHING – PORTÉE DISPARUE est en effet une fiction aux
airs de cinéma-vérité avec un design graphique particulier.
Angel Herrera
explique : « L’esthétique générale du film est très
réaliste, Aneesh tenait à ce qu’on ait l’impression de regarder
un documentaire. La plupart des décors n’apparaissent qu’en
arrière-plan, en particulier lorsque les personnages s’adressent
directement à la caméra. Toute la difficulté a donc consisté à
créer des décors qui permettent aux spectateurs de mieux cerner les
personnages et de se faire une idée de leur vie, sans trop en faire
ni donner l’impression d’un univers fabriqué pour le cinéma.
C’est la raison pour laquelle nous nous sommes efforcés de
respecter l’équilibre entre construction et réalisme. Pour cela,
nous avons intégré quelques éléments qui attirent l’œil
derrière le personnage, comme des étagères et des objets aux
formes et aux couleurs intéressantes. Le graphisme et la forme des
objets ont d’ailleurs souvent pris le pas sur l’objet lui-même. »
Le choix des
couleurs a permis à l’équipe de souligner les relations qui
unissent les personnages et d’établir une notion d’espace. Le
chef décorateur commente : « Nous avons défini une
palette de couleurs spécifique à chaque personnage de manière à
ce qu’au-delà de l’acteur, on identifie immédiatement celui à
qui l’on s’adresse grâce aux décors et à l’atmosphère qui
s’en dégage. Pour Margot, nous avons opté pour des tons verts,
jaunes et crème. Le motif de l’étoile est également très
présent dans l’environnement de l’adolescente, il s’agit d’une
référence céleste qui la relie particulièrement à sa mère,
décédée, et qui incarne à ses yeux l’évasion. À chaque fois
qu’on la voit avec sa mère, c’est la couleur jaune qui
l’emporte, pareille à un rayon de soleil. Lorsqu’elle est avec
son père, nous avons choisi des coloris marron et rouges. Pour son
oncle, avec lequel elle s’entend très bien, nous avons opté pour
des teintes chaudes similaires aux siennes, entre le vert et le
jaune. Enfin, nous avons conservé le bleu, la couleur associée à
la police, pour l’inspectrice Vick qui est le seul personnage
auquel nous avons attribué une couleur froide. »
Angel Herrera a
érigé la plupart de ses décors dans une maison à trois étages
située à Laguna Canyon, en Californie, transformée en véritable
studio de cinéma. L’un des décors majeurs du film se trouve
cependant en extérieur.
Il se souvient :
« Nous avions passé tellement de temps dans cette maison que
se retrouver à l’extérieur pour filmer la scène dans laquelle la
voiture de Margot est repêchée dans les eaux du lac a donné une
tout autre dimension au film, même s’il s’agissait de la même
équipe derrière la caméra. Il y avait soudain beaucoup plus de
monde et de véhicules à l’image. Cela nous a demandé beaucoup de
travail de mise en scène, et il a aussi fallu que nous installions
de l’herbe synthétique au sol. »
Le travail du chef
décorateur a été relayé par celui de l’équipe en charge du
montage du film, ce qui l’a conduit à travailler sur le plateau
d’une manière différente. Il détaille : « Nous
savions que l’essentiel des graphismes, textes et autres SMS qui
s’afficheraient sur l’écran devraient être ajoutés en
postproduction. Mais le prototypage réalisé par Aneesh en amont du
tournage nous a été très utile pour définir le rythme du film, le
travail qui me revenait en tant que chef décorateur ainsi que ce sur
quoi mon équipe devait se concentrer pendant le tournage et ce que
nous pouvions laisser aux monteurs. »
Malgré la durée
limitée du tournage, le montage du film a demandé beaucoup de temps
à Will Merrick et Nick Johnson, dont le travail a d’une certaine
manière débuté avant même le tournage principal, auprès d’Aneesh
Chaganty qu’ils ont aidé à réaliser le prototypage du film. Son
assemblage s’est révélé très similaire à celui d’un film
d’animation, dans le sens où chaque étape est venue ajouter une
couche supplémentaire d’informations cruciales au « mini-film »
conçu par le réalisateur. En dehors des performances des acteurs et
des décors physiques, les ressources filmées, mises en scène ou
présentées sous la forme de captures d’écran, de sites Internet,
de commentaires de blog, de SMS ou d’extraits vidéo de journaux
télévisés, ont toutes dû être ajoutées en salle de montage.
Pendant le tournage du film, les éléments de ce montage initial ont
progressivement été remplacés par leurs versions définitives,
plus élaborées et plus détaillées.
Will Merrick
explique : « Nous avons commencé à travailler sur le
montage du film sept semaines avant le début du tournage. En
collaboration avec Aneesh, nous avons photographié les décors et
fait des captures d’écran de pages web afin de créer une sorte de
storyboard animé similaire à ce qui se fait chez Pixar pour avoir
une idée de ce que donnerait le film. Cette animatique a ensuite
servi de fil rouge lors du tournage. »
Nick Johnson
ajoute : « Will et moi avons peaufiné l’histoire avec
le réalisateur et les producteurs de manière à ce que lorsque le
tournage a commencé, ils savaient exactement quoi filmer, où les
acteurs devaient porter leur regard et à quoi ressemblaient les
décors. Et cela nous a été d’une aide précieuse car nous
n’avons pas eu à filmer autant de plans additionnels que si nous
n’avions pas eu recours à cette forme de prévisualisation. »
Cette approche
atypique les a également obligés à délaisser le système Avid
habituellement utilisé pour monter les films. Nick Johnson
explique : « Le montage de SEARCHING – PORTÉE DISPARUE
a été entièrement réalisé avec le logiciel Premiere Pro. Nous
avons choisi Premiere Pro pour sa compatibilité avec le logiciel
d’effets spéciaux After Effects de chez Adobe également. On
pouvait ainsi aisément transférer des éléments d’un logiciel à
l’autre et y réaliser tous les effets, ce qui était essentiel
pour nous. Will et moi avions tous les deux déjà travaillé sur
Avid et Premiere Pro, mais pour ce projet précis – et tous les
effets qu’il nécessitait –, Premiere Pro et le système Adobe
étaient les plus adaptés. »
Will Merrick
précise : « Nous aimons beaucoup Avid, mais son
utilisation ne se prêtait pas à ce film. Il ne nous aurait pas
offert suffisamment de liberté. »
SEARCHING –
PORTÉE DISPARUE donne au terme d’« effets » une toute
nouvelle signification, comme l’explique Will Merrick : « Il
s’agit de tout ce qui n’a pas été directement filmé sur le
tournage et que nous avons dû créer de toutes pièces, comme la
barre de recherche de Google Chrome, par exemple. »
Nick Johnson
note : « Nous avons fait appel à Neon Robotic pour qu’ils
nous fournissent des modèles qui nous ont été d’une grande aide
dans la réalisation de certains des visuels les plus complexes du
film, comme iMessage, Chrome et les documents Chrome, entre autres.
Pour le reste, Will et moi avons utilisé Adobe After Effects et
Illustrator, un logiciel de création graphique, pour reproduire tous
les éléments d’un écran d’ordinateur. Nous avons ainsi
minutieusement mis au point les visuels, les transitions et les
mouvements du curseur de la souris avant d’animer chaque fenêtre
que l’on voit s’ouvrir à l’écran. »
Le monteur
poursuit : « Nous nous sommes efforcés d’aborder
SEARCHING – PORTÉE DISPARUE comme un film « traditionnel »
dans le sens où nous avons porté une attention particulière au
rythme, aux transitions et au montage des conversations pour
s’assurer que les dialogues fonctionnent. »
Il ajoute que ce
qui caractérise le film, c’est son point de vue à la première
personne. « L’histoire est entièrement racontée du point de
vue du personnage de John Cho. Nous avons donc essayé d’exploiter
au mieux ces brefs moments où il n’apparaît pas nécessairement à
l’écran mais qui révèlent néanmoins sa façon de penser et son
état d’esprit, comme l’hésitation de son curseur avant de
cliquer sur un lien ou le changement de vitesse à laquelle il
déplace sa souris selon qu’il a peur ou qu’il est impatient.
Nous avons pris beaucoup de plaisir à créer ces petits détails car
ils sont l’extension de l’interprétation de John et nous ont
donné l’impression de livrer une performance d’acteur au moment
du montage. »
L’équipe de
Bazelevs et la productrice Natalie Qasabian se sont révélés être
de formidables partenaires créatifs dans l’exécution de ces
tâches complexes et face au défi consistant à monter ce film en
prises de vues réelles comme on assemblerait un film d’animation.
Sev Ohanian
déclare : « Le montage de SEARCHING – PORTÉE
DISPARUE a pris plus d’un an. Malgré le travail de deux monteurs à
temps plein et le fait que nous ayons eu recours à des techniques de
montage ultramodernes et non linéaires, le degré de détail
nécessaire à chaque scène nous a donné l’impression d’être
revenus à l’âge de pierre ! Générer le rendu était
si complexe qu’à chaque fois que nous demandions à Will et Nick
de faire un changement, ils nous répondaient de repasser deux heures
plus tard. La taille considérable des fichiers et des programmes que
nous utilisions rendait l’instantanéité à laquelle nous sommes
aujourd’hui habitués tout simplement impossible. »
Bien que sa
réalisation ait nécessité rigueur et innovations, SEARCHING
–PORTÉE DISPARUE est un film qui trouvera écho chez les
spectateurs contemporains grâce à une iconographie et un discours
familier.
Timur Bekmambetov
déclare : « Les spectateurs se reconnaîtront dans chaque
clic et chaque mouvement de souris, dans chaque notification, dans
chaque son et dans chacun des appareils que nous utilisons désormais
au quotidien et que le film met en scène de manière à la fois
captivante et cinématographique. Nous espérons que l’approche que
nous avons adoptée aidera le public à s’identifier au personnage,
qu’il verra rédiger ses messages, les effacer, les réécrire et
hésiter à conserver ou à effacer un précieux souvenir. Pour cela,
le cinéma traditionnel a recours à des techniques comme la voix
off, mais je trouve cela moins réaliste et surtout moins visuel. Le
succès de nos précédents films de ce genre indique que les
spectateurs sont ouverts à cette nouvelle forme de cinéma. Mais
évidemment, cela ne fonctionne que si l’on a un réalisateur
capable de créer des personnages attachants et de raconter une
histoire poignante. »
Aneesh Chaganty
conclut : « Aussi loin que je me souvienne, j’ai
toujours aimé les films qui racontent des histoires familières de
manière originale, et SEARCHING – PORTÉE DISPARUE pousse ce
concept à l’extrême. Cependant, lors du tournage, je n’ai pas
vraiment pensé au caractère novateur de notre approche. Lorsqu’on
se lance dans un projet, on ne passe pas son temps à se dire qu’on
est en train de faire quelque chose de révolutionnaire, on s’efforce
simplement de faire de son mieux en essayant de rester fidèle aux
personnages et à l’histoire. Pourtant, de temps à autre, il m’est
arrivé de prendre un peu de recul et de réaliser le potentiel
extraordinaire de ce que nous étions en train de faire... »
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