Science fiction/Aventure/Un film qui ne laisse pas indifférent
Réalisé par James Gray
Avec Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Ruth Negga, Liv Tyler, Donald Sutherland, Jamie Kennedy, Kimberly Elise, Ravi Kapoor...
Long-métrage Américain
Durée : 02h04mn
Année de production : 2019
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Date de sortie sur les écrans américains : 20 septembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 18 septembre 2019
Résumé : l’astronaute Roy McBride (Brad Pitt) s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.
Bande-annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : AD ASTRA est une locution latine signifiant « vers les étoiles ». Avec ce film, le réalisateur James Gray nous propose une quête intérieure déployée visuellement dans ce contexte particulier qu’est l’espace. Il nous raconte la tentative d’un homme de donner un sens à sa vie au travers d’un voyage qui lui donnera une réponse ex astris (« en provenance des étoiles » donc). Son long-métrage étonne par sa maîtrise visuelle tout d’abord.
Véritable film de science-fiction, le réalisateur créé ses règles sur l’environnement spatial au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, tout en lançant des messages reçus 5/5 sur les effets de l’humanité sur la Terre ainsi que sur tout ce qu’elle conquiert. Au travers de ses images, il pousse les concepts connus vers de nouvelles frontières, il les utilise pour faire avancer son intrigue et nous permet de nous projeter dans cette aventure.
Une autre bonne surprise est qu’il crée tout un environnement contextuel très construit, mais qui au final, pourrait être totalement retiré du film, ce qui ne changerait pas le fond de son sujet qui est centré sur le ressenti interne du personnage principal. Un peu comme s’il lançait un message ironique sur l’habillage visuel de son long-métrage face à la thématique profonde de son scénario. Tout en modelant une impression de grande fresque philosophique complexe, il reste en réalité sur une vision au premier degré sur tous les sujets qu’il aborde, donnant à son film un ton inhabituel, comme décalé, au point qu’on se demande parfois si ce qu’on voit est réel dans l’univers de cette histoire.
Par contre, il faut dépasser quelques incohérences au long du chemin et quelques scènes qui ne résonnent pas forcément comme étant utiles et qui ont tendance à nous sortir un peu de la narration. Cependant, on lui pardonne aisément ces moments, à la fois parce qu’il nous intrigue et parce que son protagoniste central, Roy McBride, est très réussi. Il est interprété par Brad Pitt qui offre un portrait sensible et désarmant d’un homme qui ne sait absolument pas où il en est et qui fonctionne par automatisme.
Les seconds rôles sont solides que ce soit Tommy Lee Jones qui interprète Clifford McBride, Ruth Negga qui interprète Helen Lantos, Liv Tyler qui interprète Eve ou encore Donald Sutherland qui interprète le Colonel Tom Pruitt.
AD ASTRA clame haut et fort sa particularité. Son exploration de la solitude et de la recherche de ce qui est essentiel dans la vie est touchante. Au risque de se faire reprocher quelques longueurs et des éléments peu crédibles, son réalisateur lui confère une personnalité propre et originale qui ne laisse définitivement pas indifférent.
Véritable film de science-fiction, le réalisateur créé ses règles sur l’environnement spatial au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, tout en lançant des messages reçus 5/5 sur les effets de l’humanité sur la Terre ainsi que sur tout ce qu’elle conquiert. Au travers de ses images, il pousse les concepts connus vers de nouvelles frontières, il les utilise pour faire avancer son intrigue et nous permet de nous projeter dans cette aventure.
Une autre bonne surprise est qu’il crée tout un environnement contextuel très construit, mais qui au final, pourrait être totalement retiré du film, ce qui ne changerait pas le fond de son sujet qui est centré sur le ressenti interne du personnage principal. Un peu comme s’il lançait un message ironique sur l’habillage visuel de son long-métrage face à la thématique profonde de son scénario. Tout en modelant une impression de grande fresque philosophique complexe, il reste en réalité sur une vision au premier degré sur tous les sujets qu’il aborde, donnant à son film un ton inhabituel, comme décalé, au point qu’on se demande parfois si ce qu’on voit est réel dans l’univers de cette histoire.
Par contre, il faut dépasser quelques incohérences au long du chemin et quelques scènes qui ne résonnent pas forcément comme étant utiles et qui ont tendance à nous sortir un peu de la narration. Cependant, on lui pardonne aisément ces moments, à la fois parce qu’il nous intrigue et parce que son protagoniste central, Roy McBride, est très réussi. Il est interprété par Brad Pitt qui offre un portrait sensible et désarmant d’un homme qui ne sait absolument pas où il en est et qui fonctionne par automatisme.
Les seconds rôles sont solides que ce soit Tommy Lee Jones qui interprète Clifford McBride, Ruth Negga qui interprète Helen Lantos, Liv Tyler qui interprète Eve ou encore Donald Sutherland qui interprète le Colonel Tom Pruitt.
Copyright photos @ 20th Century Fox France
AD ASTRA clame haut et fort sa particularité. Son exploration de la solitude et de la recherche de ce qui est essentiel dans la vie est touchante. Au risque de se faire reprocher quelques longueurs et des éléments peu crédibles, son réalisateur lui confère une personnalité propre et originale qui ne laisse définitivement pas indifférent.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire/regarder qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Le 2 septembre 2019, le film a été projeté en avant-première à Paris. A cette occasion, le réalisateur James Gray a eu la gentillesse de venir répondre à quelques questions. Retrouvez cet échange dans les vidéos ci-dessous :
Notes de production
Sous la direction de James Gray (THE
LOST CITY OF Z, THE IMMIGRANT), qui signe aussi le scénario avec son
associé de longue date Ethan Gross (Fringe), on retrouve également
Tommy Lee Jones, primé aux Oscars (JUST GETTING STARTED, JASON
BOURNE), Ruth Negga, nommée aux Oscars (LOVING, Preacher), Liv Tyler
(la trilogie LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, ARMAGEDDON) et Donald
Sutherland (HUNGER GAMES, Trust).
AD ASTRA est produit par la société
Plan B Entertainment, constituée de Brad Pitt, Dede Gardner, p.g.a.
et Jeremy Kleiner, p.g.a. (VICE, MOONLIGHT, TWELVE YEARS A SLAVE, THE
BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE), tous trois récompensés aux
Oscars, ainsi que par James Gray, p.g.a., Anthony Katagas, p.g.a.
(THE LOST CITY OF Z, TWELVE YEARS A SLAVE), Rodrigo Teixeira, p.g.a.
de la société RT Features (CALL ME BY YOUR NAME) et Arnon Milchan
de la société Regency Pictures (GONE GIRL). Mark Butan, Lourenço
Sant' Anna, Sophie Mas, Yu Dong, Jeffrey Chan, Anthony Mosawi, Paul
Conway, Yariv Milchan et Michael Schaefer en sont les producteurs
délégués.
James Gray s'est entouré d'une équipe
technique prestigieuse : le directeur de la photographie nommé aux
Oscars Hoyte Van Hoytema, ASC, FSF, NSC (TENET, DUNKERQUE), le
directeur artistique Kevin Thompson (qui avait déjà travaillé avec
lui sur THE YARDS et LITTLE ODESSA), les monteurs John Axelrad, ACE
(THE LOST CITY OF Z, THE IMMIGRANT) et Lee Haugen (THE LOST CITY OF
Z, DOPE), le compositeur Max Richter (MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE,
The Leftovers), le compositeur de musiques additionnelles Lorne Balfe
(MISSION : IMPOSSIBLE – FALLOUT, The Crown), les superviseurs
musicaux Randall Poster (DIVERGENTE 3 : AU DELÀ DU MUR, DIVERGENTE 2
: L'INSURRECTION) et George Drakoulias (VERY BAD TRIP 3, DETROIT), le
superviseur d’effets visuels Allen Maris (PROMETHEUS, ROBIN DES
BOIS) ainsi que le costumier Albert Wolsky (BUGSY, QUE LE SPECTACLE
COMMENCE), doublement primé aux Oscars, et le directeur de casting
Douglas Aibel (MANCHESTER BY THE SEA, THE GRAND BUDAPEST HOTEL).
L'ODYSSÉE DE ROY
Per aspera ad astra, soit en latin "Par
des sentiers ardus jusqu'aux étoiles".
Dans un futur proche, le commandant Roy
McBride (Brad Pitt) dirige une équipe chargée de construire une
antenne géante dans le but de découvrir une potentielle vie
extraterrestre, lorsqu'une soudaine surcharge détruit sa station
d'observation, lui coûtant presque la vie.
Cet incident n'est qu'un aperçu des
nombreux ravages causés sur Terre, parmi lesquels des incendies et
des crashes d'avions, qui sont le fait de surcharges électriques,
conséquences d'explosions radioactives. Les services de
renseignements américains pensent que ces explosions sont dues à
des rayons cosmiques émanant de Neptune, et qu'elles sont par
conséquent causées par le Projet Lima, une expédition mise en
place des années auparavant, et qui a mystérieusement disparu dans
l'espace seize ans après son lancement.
"L'idée du Projet Lima était
qu'en étant suffisamment éloignés du Soleil, le champ magnétique
de ce dernier ne pouvait altérer les équipements et instruments,
explique le réalisateur, coproducteur et coscénariste James Gray.
Ainsi, les scientifiques pouvaient étudier avec la plus grande
exactitude l'espace et les différentes planètes, dans le but de
découvrir des signes de vie intelligente."
La personne en charge de cette
expédition, Clifford McBride, n'était autre que le père de Roy,
astronaute légendaire, porté disparu depuis seize ans. Bien qu'il
ne l'ait pas revu depuis son adolescence, Roy n'a cessé d'idolâtrer
ce père absent, héritant de son incroyable goût du risque et de la
même certitude que les réponses à toutes les questions physiques
et métaphysiques de l'univers se trouvent au cœur de l'espace.
L'absence de Clifford et son manque d'engagement auprès de sa
famille ont cependant conduit Roy à développer une personnalité
solitaire et distante, peu encline aux relations, refoulant toute
émotion, positive comme négative.
"Les autorités du gouvernement
américain vont trouver Roy pour lui annoncer que son père, qu'il
pensait mort depuis de nombreuses années, est toujours en vie à
l'autre bout du système solaire”, raconte James Gray. “La
mission de Roy est de parvenir à communiquer avec lui. En effet, il
est nécessaire de le retrouver, ses actions étant sans doute
malveillantes : il est probablement en train de mettre en place des
actes terroristes depuis les anneaux de Neptune. Roy devra réussir à
le tirer de son silence."
"Imaginons un instant ce que peut
ressentir Roy à ce moment précis. Persuadé pendant toutes ces
années que son père est mort, il apprend soudainement que ce
dernier est non seulement toujours en vie, mais qu'il pourrait
également être à l'origine d'actions destructrices envers
l'humanité."
Pour rejoindre le Projet Lima, Roy
doit, dans un premier temps, voyager de la Terre à la Lune via une
navette commerciale. De là, il sera alors transféré sur une base
éloignée où il retrouvera le Cepheus, le vaisseau qui le convoiera
d'abord sur Mars. Là-bas, il devra essayer de contacter son père
par le biais d'une liaison laser sécurisée. S'il y parvient, il
prendra alors la direction du Projet Lima.
Le Colonel Pruitt (Donald Sutherland)
accompagne Roy dans sa mission. Cet ancien astronaute qui travaillait
pour SpaceCom est l'un des plus vieux amis de son père. Pruitt
raconte à Roy - qu'il avait déjà rencontré alors que ce dernier
n'était qu'un enfant - que la dernière conversation qu'il a eue
avec son père, des années auparavant, était loin d'être
plaisante. Clifford s'était mis en colère lorsque Pruitt lui avait
annoncé qu'il quittait SpaceCom.
Ils partent en direction de la Lune et
voyagent sans encombre. L'astre est aujourd'hui colonisé par des
populations issues de différents pays qui y ont développé des
avant-postes sophistiqués. Comme sur Terre, ils se disputent les
ressources disponibles. Cependant, les zones situées entre ces
avant-postes sont de dangereuses zones de non-droit, et durant leur
trajet jusqu'au Cepheus, ils sont attaqués par des pirates et des
hors-la-loi.
"Malheureusement, l'Histoire nous
apprend que l'être humain est incapable de surmonter les querelles
idéologiques”, se désole James Gray. “La Lune est donc emplie
de pirates puisqu'elle détient de nombreuses ressources naturelles,
ainsi qu'un grand nombre d'otages potentiels qui peuvent être
sources de rançons. Ce futur, qui est prometteur, présente
également beaucoup de problèmes."
Pendant l'attaque, leur escorte
militaire est décimée et Pruitt est sérieusement blessé.
Incapable de continuer la mission, il confie à Roy une vidéo
hautement confidentielle provenant de SpaceCom qui lui révèle des
renseignements top secrets sur le Projet Lima.
Il apprend qu'après une longue période
passée dans l'espace, la moitié des scientifiques du projet, déçue
de n'obtenir aucun résultat, souhaitait retourner sur Terre. Mais
Clifford n'en faisait pas partie. Alors qu'une division de l'équipe
s'opère, chaque parti tentant de prendre le contrôle du vaisseau,
une sorte de fusion d'anti-matière due au travail effectué par les
scientifiques survient brusquement, causant une surcharge
électromagnétique à l'origine d'explosions, menaçant la stabilité
de tout le système solaire, avec des conséquences directes sur la
Lune et Mars.
Devenu fou, Clifford exécute les
dissidents qu'il accuse de mutinerie et c'est depuis cet évènement
qu'il se cache quelque part aux confins de l'espace. Roy réalise
alors que le véritable but de sa mission est de sortir son père de
l'ombre, afin que le gouvernement puisse l'assassiner et détruire
toute trace du Projet Lima dans le secret le plus total.
À bord du Cepheus, Roy se retrouve
avec une équipe de quatre personnes. Les premiers problèmes
arrivent quand le Capitaine, Lawrence Tanner (Donnie Kershawarz),
insiste pour répondre à un signal SOS émis par un vaisseau
norvégien de recherche biomédicale, le Vesta. Roy finit par
accepter d'accompagner Tanner à bord, où ils ne trouvent aucun
signe de vie humaine. Surgit alors un babouin enragé qui attaque
Tanner et le tue. Roy parvient à éliminer l'animal avant de
retourner à bord du Cepheus.
Alors que l'équipe se prépare à
atterrir sur Mars, le vaisseau perd soudainement de sa puissance. Le
second du Capitaine Tanner, le Lieutenant Donald Stanford (Loren
Dean) se tétanise, et Roy se voit contraint de prendre les commandes
de l'appareil.
À son arrivée, il rencontre Helen
Lantos (Ruth Negga), la Directrice de la Section américaine sur
Mars, puis est escorté jusqu'à la liaison laser grâce à laquelle
il pourra contacter le Projet Lima. La première tentative de Roy
pour joindre son père, à qui il doit lire un communiqué officiel
préparé par des représentants du gouvernement, est un échec. Il
délivre alors un message improvisé et bien plus personnel, mais on
l'informe alors qu'il ne peut aller plus loin dans sa mission. En
effet, étant donné qu'il est proche du sujet à contacter, cela
pourrait engendrer des risques psychologiques. L'équipe du Cepheus
se chargera de retrouver le Projet Lima sans lui.
Frustré et furieux, Roy se tourne vers
Helen qui lui confie être elle aussi une orpheline du Projet Lima.
Ses deux parents faisaient partie des scientifiques assassinés par
Clifford alors qu'ils souhaitaient retourner sur Terre. Elle lui
explique que le Cepheus est chargé de munitions nucléaires vouées
à assassiner Clifford et détruire le Projet Lima. Persuadée que le
destin de Roy est d'aller au bout de son voyage, Helen décide de lui
venir en aide et le mène jusqu'à un lac souterrain qui lui permet
de remonter sur le Cepheus. Revenu à bord juste à temps, Roy doit
alors faire face à l'équipage, qui s'est vu donner l'ordre de
l'exterminer. S'ensuit une bataille défiant les lois de la gravité
à laquelle Roy survit. Il continue alors son voyage vers Neptune
seul - un voyage de 79 jours, 4 heures et 8 minutes.
Nerveux à l'idée d’affronter son
père, Roy laisse enfin libre cours à ses émotions. Il n'est plus
l'homme réservé et peu sociable qu'il était au début de sa
mission. Lassé de son existence solitaire dans l'espace, il se sent
prêt à explorer les interactions humaines sur Terre.
"Il fait face à une prise de
conscience qui prend de plus en plus de place dans sa vie",
explique James Gray.
LA GENÈSE DU FILM
James Gray se rappelle avoir été
inspiré par le lauréat du Prix Nobel de Physique Enrico Fermi, dont
les recherches ont servi de socle à l'exploitation de l'énergie
nucléaire, et qui pensait que le quart sud-ouest des Etats-Unis
avait 90% de chances d'être détruit lors de la première fission
nucléaire.
"Personne ne savait si la réaction
en chaîne prendrait fin, explique James Gray. J'ai trouvé cela très
alarmant et je me suis demandé : que se passerait-il si vous vous
retrouviez perdu dans l'espace, avec rien à perdre ? Il n'y a pas de
limite lorsque l'on expérimente.
"J'ai alors pensé au livre de
Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, et au film APOCALYPSE NOW.
L'idée est venue de là, du livre et de l'envie de développer
l'atmosphère des missions Apollo et Mercury."
Le coscénariste Ethan Gross était le
camarade de classe de James Gray à l'USC School of Cinematic Arts.
Ils ont collaboré sur de nombreux longs-métrages du réalisateur.
"Nous voulions que le personnage
vive un voyage initiatique”, explique Ethan Gross. “Tout comme
2001, L'ODYSSÉE DE L'ESPACE (Kubrick, 1968) qui est imprégné de
l'Odyssée d'Homère. Et APOCALYPSE NOW qui adhère totalement au
concept du voyage du héros (ou monomythe) de Joseph Campbell, décrit
dans son livre Le Héros aux mille et un visages."
"Il y a énormément de très bons
films de science-fiction”, ajoute James Gray. “Mais y en a-t-il
beaucoup qui sont émouvants ? J'avais envie de proposer quelque
chose à l'opposé de ce que l'on trouve généralement, ces films
positifs dans lesquels l'humain découvre des vies extraterrestres,
l'existence d'une vie intelligente bienveillante. Avec AD ASTRA, j'ai
voulu élaborer le contraire, et poser à voix haute la question "et
si, en fait, il n'y avait rien ? et si ce n'était qu'un grand vide
là-haut ? "
"J'étais soucieux d'explorer
l'idée que, en tant qu'êtres humains, nous ne sommes pas faits pour
aller dans l'espace. Nous ne sommes pas programmés pour flotter à
400 kilomètres hors de l'atmosphère. Nos corps ne sont pas faits
pour cela, ils ne le seront jamais, et il y aura forcément un prix à
payer.
"J'ai lu cette citation de Arthur
C. Clarke (qui a écrit 2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE), se souvient
James Gray. ‘Deux possibilités existent : soit nous sommes seuls
dans l'univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont
tout aussi effrayantes.’ Et en y réfléchissant, je crois bien ne
jamais avoir vu un film qui présentait l'hypothèse que nous sommes
seuls. Du coup, j'ai pensé à développer cette idée, avec ce
personnage qui fait des expériences dangereuses au cœur de
l'espace, et l'histoire a commencé à prendre forme. Ensuite, je me
suis demandé qui serait envoyé pour négocier avec lui. Cela
pourrait être une histoire basée sur une relation père/fils, ce
serait plutôt mythique. C'est comme cela que les éléments du film
ont commencé à trouver leur place dans mon esprit."
James Gray, qui considère que AD ASTRA
est un film ancré dans notre réalité et vraisemblable, ajoute "
Je trouve que cette idée de voyage dans l'espace est à la fois
magnifique et terrifiante. Je suis totalement pour l'exploration
spatiale et les missions vers Mars. Mais parfois, exploration est
aussi synonyme de fuite. J'espère que les gens comprennent à quel
point il est important de soutenir l'exploration mais aussi de chérir
notre planète. Il faut préserver la Terre et les liens humains,
coûte que coûte".
Ethan Gross précise : "Ce film ne
parle pas DU futur mais d'UN futur potentiel. Cela ne veut pas dire
qu'il présente la vision que nous avons du futur. Ce film n'est pas
une prédiction, il raconte juste ce qui pourrait se passer si
l'exploration spatiale continue et que nous parvenons à coloniser la
Lune, Mars, et plus loin encore.
"Ce film est presque une extension
de la technologie spatiale des années 60 et 70, comme si celle-ci
avait progressé telle quelle, sans la plupart des éléments qui
caractérisent aujourd'hui les films de science-fiction."
James Gray admet qu'il a tendance à
concevoir le progrès de manière optimiste et qu'il n'est pas
réellement enclin à réaliser des films dystopiques dans lesquels
la vision du futur est très négative. Cela étant dit, il ne
souhaite pas non plus proposer des films où le futur ne serait que
merveille et enchantement.
"En réalité, je pense que le
futur ressemblera plus ou moins au monde dans lequel nous vivons
aujourd'hui, admet-il, mais avec un peu plus de gadgets." "Nous
avons effectué de nombreuses recherches afin que le film soit
scientifiquement plausible. Nous souhaitions être précis, mais en
faisant attention à ce que la technologie ne prenne pas le dessus
sur l'histoire, qui reste la dynamique du film."
Le personnage de Roy est issu de leurs
propres expériences.
James Gray raconte : "J'ai imaginé
Roy comme une extension de pratiquement toutes les personnes que je
connais, moi y compris, quelqu'un qui sait qu'il va quelque part mais
ne sait pas réellement où. Roy croit qu'il sait ce qu'il veut et
qu'il a réussi à l'obtenir, en partie du moins, mais en réalité
quelque chose lui manque sérieusement. Il a un vide en lui qu'il lui
faut combler, mais il n'arrive pas à mettre les mots dessus."
"Donc, la réelle mission de Roy
est de trouver comment combler ce manque. Sa solitude, son incapacité
à communiquer, le fait qu'il connaisse si mal les personnes qui
l'entourent, sont le cœur même du film. Car plus il va créer de
liens, plus les risques vont augmenter, que ce soient des risques
concernant sa mission, ou bien des risques plus personnels. Par
conséquent, il rencontre des gens mais ne se soucie pas de leur
authenticité.
"Roy ne se sent réellement vivant
que lorsqu'il sort de l'atmosphère terrestre, qu'il part explorer”,
explique Ethan Gross. “C'est seulement là-haut qu'il se sent
exister. Il entretient une relation avec une femme, Eve, qui tient à
lui, et lui aussi semble tenir à elle, mais quelque chose le
retient, le bloque, et le force d'une certaine manière à la
repousser.
"Son incapacité à lier des
relations intimes est clairement due à son père, qui l'a abandonné
des années auparavant. Roy suit son schéma."
"Ce n'est pas quelqu'un qui est
totalement seul, mais c'est un solitaire qui, en un sens, préfère
vivre ainsi”, raconte James Gray. “Durant toute la première
moitié du film, il doit faire face à ses problèmes personnels, et
le fait de ne pas réussir à exprimer ses sentiments à ses proches,
de tout garder secret, est pour lui une réelle cause d'anxiété. Il
ne peut pas révéler aux autres qui il est vraiment. "
Durant sa mission, Roy est sans cesse
contrôlé par des moniteurs, qui ne sont pas seulement là pour
s'assurer de ses fonctions vitales.
"L'idée était de relever
précisément son état psychologique parce qu'en de telles
circonstances, entre cette potentielle catastrophe qui arrive, sa
lutte intérieure concernant son père, son départ de la Terre, cela
fait beaucoup à digérer pour une seule personne. Il apparaît
logique que Roy soit totalement chamboulé par ce contexte, et son
état psychologique est finalement plus à surveiller que son état
physique."
"Au cours du voyage, Roy réalise
qu'il tend de plus en plus à devenir comme son père”, ajoute
Ethan Gross. “Et que c'est quelque chose qu'il ne désire
absolument pas puisque ce dernier est en train de perdre sa propre
humanité. Il doit donc mettre un terme à cela. Et, finalement, il
est déterminé à retourner sur Terre, afin de devenir lui-même
père, un être aimant, connecté aux autres, n'ayant pas peur de
créer des liens intimes.”
En ce qui concerne le personnage de
Clifford, les scénaristes se sont inspirés de Charles Conrad mais
également de Herman Melville.
"Je suis un grand fan du roman
Moby Dick, raconte James Gray. Pour moi, McBride est une sorte de
Capitaine Achab. Il devient totalement obsédé par sa propre
"baleine blanche", qui est pour lui la découverte de
gentils aliens capables de nous apporter les réponses aux questions
que l'on se pose tous."
"Le père de Roy a toujours voulu
être la première personne à découvrir une forme de vie
intelligente”, explique Ethan Gross, “mais des années ont passé
et les scientifiques du Projet Lima ont perdu tout espoir de trouver
un signe de vie extra-terrestre."
"Cependant, Clifford est un homme
vaniteux, il est déterminé, il refuse d'abandonner. Il restera aux
confins de la galaxie même après la mort du dernier membre de
l'expédition, et continuera à chercher cette fameuse preuve de vie.
"La vie sur Terre ne l'intéresse
clairement pas. La vie de ses co-équipiers scientifiques du Projet
Lima non plus. Il ne tient à rien."
La rencontre de Roy avec Helen Lantos,
qui a passé sa vie entière sur Mars dans une habitation sous terre
marque un tournant fondamental pour lui.
Ethan Gross explique : "Elle
représente l'envers de Roy. Comme lui, c'est une orpheline du Projet
Lima. On l'a laissée seule sur Mars lorsque ses parents ont été
sollicités pour rejoindre l'expédition de Clifford McBride. La
douleur et la colère l'habitent constamment, mais à l'inverse de
Roy elle a choisi de ne pas enfouir ses sentiments. Ils font partie
d'elle et elle compose avec chaque jour de sa vie, et Roy se rend
compte de cela.
"Elle se préoccupe des autres,
explique James Gray, et personne ne lui dit rien. Roy est la première
personne à se montrer honnête avec elle. En retour, elle en fait de
même avec lui. C'est important car il a connu peu de personnes comme
elle."
"Un lien se crée entre eux, et
bien qu'il n'y ait rien de romantique là-dedans, c'est ce lien qui
va le conduire à des actes de désespoir, et qui va faire qu'elle va
l'aider à regagner le Cepheus pour prendre la direction de Neptune,
même si elle a conscience que cela entraînera la perte de son
travail, et peut être même plus."
Le personnage du Colonel Pruitt, le
vieil ami de Clifford, a été pensé afin que Roy puisse obtenir des
informations quant à la véritable nature de son père, et ses
intentions. Pruitt est un des seuls à savoir ce qui est arrivé au
père de Roy, ainsi que les réelles intentions de SpaceCom. Il
représente la connexion humaine qui a toujours manqué à Roy."
"Il ne peut cependant pas
accompagner Roy dans son voyage, explique James Gray. On veut qu'il
aille avec lui, on veut qu'il soit une figure protectrice pour Roy,
mais c'est quelqu'un de faible qui ne peut assumer ce rôle."
AD ASTRA a connu une longue période de
préparation, ce qui n'est pas inhabituel avec James Gray. C'est
entre la production de TWO LOVERS en 2008 et de THE IMMIGRANT en 2012
que James Gray et Ethan Gross ont commencé à parler d'un potentiel
scénario se déroulant dans l'espace. Ils ont travaillé sur le
script des années durant, puis la société de Rodrigo Texeira RT
Features a décidé de développer le projet.
En 2016, lorsque Brad Pitt accepte de
produire le film et d’interpréter le personnage principal, les
choses s'accélèrent. Grâce aux accords entre sa société Plan B
Entertainment et New Regency, il assure le financement et la
distribution via la Twentieth Century Fox, ainsi qu'un co-financement
par la société Bona Film Group avec des droits de distribution dans
la Chine continentale, Taïwan, Hong Kong et Macao.
Le travail de production débute en
août 2017.
LE CASTING
Cela a été une belle surprise pour
James Gray que Brad Pitt accepte de jouer le rôle de Roy McBride.
“Nous avons tenté à plusieurs reprises, pendant des années, de
travailler ensemble, mais pour diverses raisons de timing cela n’a
jamais abouti” se remémore le cinéaste. “Je suis heureux qu’il
ait pu s’engager cette fois par rapport à notre calendrier de
tournage”.
“J’aime depuis toujours les
réalisations de James” déclare Brad Pitt avant de préciser :
“Cela provient sans doute de ses vastes connaissances en histoire
du cinéma. On retrouve toujours un certain classicisme dans sa
narration, une élégance, qui le rapprochent des plus grands”.
“Nos premiers échanges ont porté
sur la notion de connexion, notamment sur le sens qu’elle peut
prendre chez un homme. Quel serait l’impact si on avait affaire à
un être humain dépourvu de toute aptitude à créer du lien ? Mon
personnage est très compétent dans une tour de contrôle ou dans
l’espace, lorsque le danger est présent. Mais lorsqu’il s’agit
d’un cadre plus intime, il est quasiment en situation de handicap”.
“Nous rencontrons Roy dans une étape
de sa vie où plus rien ne fonctionne et il en est soudain conscient”
poursuit l’acteur. “Et tandis qu’il traverse cette phase, il
découvre que son père est peut-être encore en vie. Entre James et
moi, la discussion tournait autour de l’idée de vulnérabilité.
Que représente-t-elle ? Que signifie la force chez l’homme, et
d’où provient-elle au juste ? Finalement, ce que nous nous
efforcions de démontrer, c’est que précisément notre force est
issue de notre vulnérabilité.
“La véritable confiance provient du
fait que nous soyons, en tant qu’individus, capables de reconnaître
nos faiblesses, nos lacunes, nos incertitudes, et au lieu de tenter
de les dissimuler, que nous sachions nous montrer au contraire très
ouverts. En effet, la vie m’a appris que c’est là une source de
paix intérieure et de force, et c’est sans aucun doute l’antithèse
de l’éducation qu’a reçue mon père.
“Voilà quelles ont été nos
discussions en amont avec James Gray, qui m’ont convaincu de ce
qu’il cherchait à montrer avec ce film” explique Brad Pitt.
“Brad remarque le moindre détail. Il
est si perspicace que c’est un bon allié pour le réalisateur”
souligne James Gray, “non seulement parce qu’il est, comme ici,
également producteur, mais parce que c’est un acteur qui vous
aide. Il ne s’intéresse pas uniquement à son rôle ; il est
soucieux de l’ensemble de l’histoire.
“C’est quelqu’un d’intéressant.
C’est une star de cinéma certes, il en a le look et le charisme,
mais il montre une certaine ambivalence par rapport à ce statut.
C’est un excellent et talentueux acteur, subtile, qui prend
brillamment les directions qu’on lui indique puis les transforme en
tout autre chose. Il agit avec nonchalance, à l’instar de James
Stewart ou Spencer Tracy. On dirait presque qu’ils ne jouent pas.
Mais leur jeu est incroyable ; c’est juste qu’on ne perçoit pas
le travail.
“Je ne dis pas qu’il ne fait pas
d’efforts” s’amuse James Gray, “je dis que c’est
l’impression qu’il nous donne et c’est extrêmement gratifiant
pour un réalisateur. Tourner avec lui a été fabuleux. Il est très
généreux, de ses émotions et de son temps. Un réel plaisir.”
“Je dirais que AD ASTRA a trait aux
films des années 70, la période d’où James semble tirer son
langage cinématographique“ commente Brad Pitt. “J’entends par
là que c’est un cinéma contemplatif, qui développe. À cela
s’ajoutent des grands moments d’action qui procurent sur grand
écran un spectacle époustouflant.”
Pour le rôle de Clifford, le père
énigmatique et vénéré, la production a retenu un acteur sacré
aux Oscars : Tommy Lee Jones.
“J’adore la science-fiction”
déclare l’acteur, “et j’ai trouvé le scénario et l’histoire
vraiment enthousiasmants”.
Selon Tommy Lee Jones son personnage
est “un grand astronaute, un explorateur, qui devient un homme
dangereux ; Un homme perdu.”
“Tommy Lee Jones est une personne on
ne peut plus intense, et une légende qui plus est”, considère
James Gray. “Il est explosif, sous tension. On ressent un vrai
danger. La caméra braquée sur lui, il devient terriblement
effrayant.
“Avec lui, il s’agit d’un
processus intérieur, et quant au travail et aux directives à
formuler, elles sont par la force des choses, très simples, très à
propos, les réglages sont très fondés, puis il vous regarde,
marque une pause, et enfin déclare ‘allez, faisons un essai’ “.
“Il fait une prise, on l’adapte un
peu, et c’est beau, extrêmement préparé et précis, il fait
exactement ce qu’on lui indique mais aussi ce qu’il pense être
correct pour la scène. Comme je le soulignais, sa vie intérieure se
fait très présente à l’écran. On peut ressentir une réelle
noirceur, mais d’une belle manière. Il est formidable.”
“Par son sérieux, par le poids qu’il
impose, Tommy Lee Jones convenait parfaitement pour incarner
Clifford. Sa réputation d’être très intelligent et compétent
est amplement justifiée, c’est un maître absolu. Il laisse une
empreinte indélébile dans un film.” s’enthousiasme Brad Pitt.
Tommy Lee Jones, de son côté, dit
“avoir aimé travailler avec James et Brad. C’était une partie
de plaisir, une heureuse aventure”.
Pour interpréter Helen Lantos, la
production a fait appel à l’actrice nommée aux Oscars Ruth Negga
qui avait déjà partagé avec Brad Pitt l’affiche de WORLD WAR Z.
Elle se réjouissait à l’idée de rallier l’équipe et
possédait, selon James Gray, toutes les qualités pour donner à son
personnage le rôle de catalyseur capable d’apporter empathie et
compassion à Roy.
“Mon rôle est assez petit et
concentré mais James tenait à ce que Helen soit en quelque sorte à
l’origine de l’expérience humaine, même si elle n’apparaît
pas trop à l’écran” analyse Ruth Negga.
James Gray explique qu’il fallait au
personnage de Helen, “qui est née et a grandi sur Mars, une
émotivité et une connexion particulière. J’avais vu Ruth Negga
dans LOVING, et son jeu tout en profondeur m’a donné l’image
d’une excellente comédienne.”
Un autre rôle bref mais essentiel, est
celui du Colonel Pruitt. C’est le très aguerri Donald Sutherland
qui l’interprète, heureux de se joindre à James Gray et à Brad
Pitt pour un film qui selon lui “vaut la peine d’être vu et
mérite qu’on en discute après coup. Si on parvient à réaliser
un film capable de faire réfléchir les gens, c’est fantastique”.
“C’est un très grand acteur. Il
arrive très préparé, à l’instar de Tommy Lee Jones, mais loin
d’être très intériorisé, Donald Sutherland préfère travailler
avec de nombreuses stimulations extérieures” observe James Gray.
“Il est en demande de directives, de
dialogue, il souhaite une ambiance très ouverte sur le plateau”.
“Il donne beaucoup sur le tournage”
confirme Brad Pitt. “C’est monumental pour moi d’avoir eu
l’occasion de travailler et d’échanger avec lui, le grand Donald
Sutherland, qui a participé à tant de mes films préférés.”
“James Gray a été charmant, il vous
laisse faire, espérant que vous trouviez votre voie, puis il vous
secoue un petit peu, vous donne un petit coup de pouce jusqu’à
obtenir ce qu’il souhaite” explique Donald Sutherland à propos
de la démarche du réalisateur. “Il est habile et c’est agréable
de parvenir à combler ses désirs, à répondre à sa vision, et
atteindre ses ambitions.”
Liv Tyler (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX,
ARMAGEDDON) joue Eve, la compagne de Roy, qui apparaît
principalement dans des flashbacks.
L’équipage du vaisseau Cepheus est
interprété par Donnie Keshawarz (Forever, Damages) dans le rôle du
Capitaine Lawrence Tanner, Loren Dean (LA MULE, Gray’s Anatomy) qui
joue le Lieutenant Donald Stanford, Kimberly Elise (DEATH WISH,
HELLBENT), interprète de la spécialiste en navigation et géologue
Lorraine Deavers, et Bobby Nish (Sons of Anarchy, So queuthland) qui
incarne le médecin de bord Franklin Yoshida.
LES EXPERTS
On ne saurait faire un film de
science-fiction authentique sans les conseils et les données des
experts. Aussi, la production s’est tournée vers la NASA ainsi que
vers diverses agences spatiales.
Garrett Reisman, astronaute à la
retraite qui a effectué deux missions à bord de la Station spatiale
internationale en 2008 et 2010, a dès le début de l’aventure, été
une des sources d’information pour James Gray en termes de voyage
dans l’espace. Bien qu’il ne soit intervenu au cours du tournage
que lorsque les scènes nécessitaient son expertise, il a aussi
accordé du temps au réalisateur lors de sa phase d’écriture.
“Nombre d’entre nous envisageons la
manière de rendre viable la présence de l’homme sur une autre
planète de notre système solaire, particulièrement sur la planète
rouge, et nous songeons à la merveilleuse utopie que cela
représente.” déclare l’astronaute. “Mais je pense que nous
devons aussi considérer une autre perspective et nous interroger sur
ce qu’il en résulterait si à la place de notre utopie nous
arrivions à une dystopie.”
“Si nous en finissions avec
l’attraction terrestre et transportions avec nos fusées et notre
technologie de pointe l’humanité sur une autre planète, en
exportant nos faiblesses avec nous ? Si cela tournait mal ? C’est
ce que James Gray explore avec ce film.”
L’ingénieur en aéronautique Robert
Yowell, qui a à son actif 30 ans de Programme Spatial depuis son
entrée à la NASA en 1989, a également épaulé le réalisateur.
“James Gray souhaitait autant de
réalisme que possible dans le film. J’ai annoté le scénario avec
quelques suggestions. Ce qu’il recherchait en termes de réalisme
était de l’ordre de la physique. Par exemple, est-il possible de
tirer un coup de feu sur la Lune ? La réponse est oui, un révolver
standard fonctionnerait dans l’espace ; une balle possède son
propre système d’oxydation. Une autre interrogation était :
peut-on parler depuis la Terre à quelqu’un sur Neptune en temps
réel ? Et malheureusement, la réponse dans ce cas est négative.
Pour ce qu’on en sait, la vitesse de la lumière est ce qu’elle
est. Le délai est donc considérable en termes d’heures.”
“À quoi ressemblerait le sang en
l’absence de gravité ? Quel aspect aurait un cadavre dans l’espace
? Ce sont des pensées assez macabres, mais un jour quelqu’un devra
affronter ces éventualités. Et en effet, ces questions relèvent
absolument de la physique.” poursuit Robert Yowell.
“James Gray avait également des
questions concernant la radiation du nucléaire et des rayons gamma,
le rayon neutronique, la matière et l’antimatière. Nos
conversations étaient toujours passionnantes et ses questions
mûrement réfléchies”.
James Gray se rappelle que toute
l’équipe du groupe aéronautique Lockheed Martin lui est venue en
aide : “Je leur ai posé toutes les questions qu’on puisse
imaginer”.
Lors de la phase de pré-production, le
réalisateur a organisé un “dîner des astronautes”, conviant,
entre autres, divers experts de la NASA et des sociétés JPL (Jet
Propulsion Laboratory) et SpaceX. “C’était un échange d’idées
extrêmement riche et un éclairage sur leurs considérations par
rapport à la direction que prennent les choses et la place qu’elles
occupaient auparavant. En somme, il est parfois nécessaire de
regarder en arrière pour pouvoir aller de l’avant. Cela a été un
grand enseignement pour moi.”
LA PRODUCTION
Selon James Gray, “la tâche du
réalisateur consiste à établir le contexte dans lequel d’autres
personnes seront à même de créer et effectuer des choses
formidables. Notre directeur artistique, Kevin Thompson, a ancré
toutes ses conceptions sur des éléments tangibles, que nous pouvons
comprendre. Nous avons observé avec beaucoup d’attention le Skylab
et la Station spatiale internationale, ainsi que l’intérieur des
navettes spatiales dans l’intention de les faire évoluer, toujours
selon notre idée de futurisme vraisemblable.
“ Kevin Thompson a fait un travail
exceptionnel mais qui s’est transformé pour moi en véritable défi
car nous avons dû tourner dans des locaux très exigus - ce qui
était le but puisque cela ressemble vraiment à cela. Il nous a
fallu, en outre, construire les décors en double car nous avions
besoin d’une version horizontale et d’une autre verticale. Par
moments, Brad était accroché à un harnais à 9 mètres du sol et
la caméra le suivait en contre-plongée, le laissant apparaître en
suspension. Cela donne une impression d’apesanteur, mais c’était
ardu.”
“C’était un scénario très
existentiel, pas le typique film de science-fiction dans l’espace”
précise Kevin Thompson.
“James était attaché à tous les
détails de la Station spatiale internationale et à la vie de ces
gens coincés dans des espaces confinés, tendant à la
claustrophobie. L’aspect humain prévalait à ses yeux. Il était
opposé à la vision futuriste d’un vaisseau de croisière
imaginaire”.
“Il montrait aussi une forte
curiosité pour tous les projets américains fondateurs de la NASA.
Il ressentait l’astronef et comprenait le sentiment de solitude de
l’homme hors de son vaisseau, sa taille infime au regard de la
galaxie.” ajoute le directeur artistique.
James Gray a donné comme principale
référence à son décorateur le documentaire FOR ALL MANKIND (Al
Reinert, 1989) avec son image extrêmement contrastée. “James est
très visuel” explique Kevin Thompson.
Pour un film qui se déroule avant tout
dans l’espace, AD ASTRA utilise très peu de fond vert et d’images
générées par ordinateur (CGI).
“C’est un postulat de départ que
de réaliser les choses de manière matérielle, dans la mesure du
possible” développe le directeur artistique. “Tous les
moniteurs, les cockpits, les renforcements sont concrets pour
répondre à l’esthétique et au ressenti voulu par James. Nous
avons en revanche été contraints d’utiliser le fond vert pour les
scènes tournées en extérieurs dans l’espace. ”.
James Gray confirme que son approche
“visait autant que possible à l’authenticité. Pour nous, la
Lune était plus ou moins un avant-poste extrêmement développé,
parmi une série de bastions. Pour Mars, qui est en quelque sorte la
dernière antenne habitée de notre histoire, nous nous sommes
inspirés d’images d’une plate-forme scientifique de
l’Antarctique de nos jours.” dévoile le réalisateur.
“Lorsqu’on tourne un film
d’époque”, précise Kevin Thompson “tout ne provient pas
forcément de cette époque-là. Nous avions un slogan ‘regarder le
passé pour voir le futur’. Nous avons mélangé des éléments de
différentes époques pour représenter l’idée d’une technologie
nouvelle se heurtant aux choses du passé. Nous voulions un rendu
relativement classique et intemporel”.
Dans AD ASTRA, vous ne verrez ni
gadgets ni armes futuristes. “Nous avons fait un peu marche
arrière, les gens utilisent encore le papier et les anciens systèmes
de communication” explique Kevin Thompson.
“Nous ne voulions pas distraire le
spectateur avec une technologie futuriste. Notre principal élément
d’anticipation est un petit scanner car les écrans seront
transparents et projetterons des images dessus. On a utilisé ces
appareils mais aussi des tablettes et des écrans plats pour les
images vidéo. Je pense que ces outils technologiques seront encore
longtemps d’actualité, cela ne semblera donc pas daté.”
TROUVER LA TERRE, LA LUNE, MARS ET
NEPTUNE DANS LA CITÉ DES ANGES
Pour la plupart des décors figurant la
Terre, la Lune, Mars et Neptune, la production a choisi de tourner en
décors naturels plutôt qu’en studios. Ce choix a impliqué de
très vastes prospections dans le comté de Los Angeles. Kevin
Thompson, Hoyte Van Hoytema et l’équipe de repérages ont arpenté
des kilomètres pour trouver l’environnement répondant à la
vision de James Gray.
Le régisseur d’extérieurs Chris
Kusiak reconnaît que la recherche a été intense et qu’il a
visité des lieux qui lui étaient inconnus.
“Nous avions besoin de plusieurs
sites souterrains et Los Angeles n’est pas un lieu très indiqué
pour cela comme le seraient au contraire les états de New York ou de
Pennsylvanie.
Parmi les sites, on trouve un centre
commercial abandonné du centre-ville de Los Angeles, qui abritait
l’ancienne ligne rouge du métro et servait de terminal en-dessous
du bâtiment. Un tunnel immense a retenu l’attention de l’équipe
car il pouvait servir de sous-sol sur Mars et figurer le tunnel
qu’emprunte Roy pour se faufiler dans le Cepheus lors de la
nouvelle étape de son périple vers le Projet Lima. D’autres lieux
du centre-ville ont également été utilisés tels que le Hall of
Records et la Union Station.
Une ancienne imprimerie du Los Angeles
Times à Orange County tient lieu de rampe de lancement pour le
voyage dans la Lune. Quant à l’attaque des pirates sur la Lune,
elle a lieu à Dumont Dunes, dans le désert de Mojave.
“La Terre, qui n’apparaît qu’un
instant dans le film, est le seul endroit où nous avons utilisé de
la lumière naturelle et des fenêtres avec un aperçu de
l’extérieur” précise Kevin Thompson.
“À part la course à travers la
surface lunaire jusqu’à SpaceCom, le seul endroit où ils ne sont
pas en sous-sol sur la Lune est la chambre d’hôtel. Puis, nous
descendons sous la surface.” ajoute-t-il.
“La Lune, son hall principal et ses
tunnels, sont tous en béton ciré ou brut, dans une palette
relativement neutre de gris et de marron car nous avons
volontairement réservé les couleurs pour Mars.”
Pour nous figurer ce que Mars pourrait
être, nous sommes passés par de vieux édifices aux formes
bizarres. Nous n’avions pas d’idée arrêtée mais nous savions
que ce serait aussi en souterrain. Nous tenions à nous éloigner des
clichés et de ce que les gens connaissent déjà et nous avons fini
dans une centrale électrique inoccupée. L’idée était que
l’éclairage nous donne l’impression d’être dans un incubateur
humide.”
LA LUMIÈRE DU FUTUR
Après INTERSTELLAR, c’est la seconde
incursion dans l’espace pour le chef opérateur Hoyte Van Hoytema.
“Il entre en scène et c’est lui le
chef” avoue James Gray. “Et je lui en suis très reconnaissant
car il nous a apporté l’expérience qu’il a acquise sur le film
de Christopher Nolan, concernant bon nombre de manipulations
techniques dont j’ignorais tout, notamment tourner avec
l’apesanteur, filmer sur des décors à la verticale et à
l’horizontale et comment y parvenir de manière efficace et
rationnelle.”
“Il a sa propre équipe, fidèle à
ses côtés sur chaque tournage et entièrement dédiée à servir le
film. Ils sont épatants.”
Le directeur artistique confirme que le
choix de tourner en support film plutôt qu’en numérique a été
une aide appréciable pour le rendu des atmosphères des différentes
planètes.
“En filmique on capture bien
davantage l’image et on obtient des détails impossibles à avoir
en version digitale. Le centre de communication sur Mars, la rotonde
et la salle Shunga reflètent ainsi une atmosphère colorée par une
lumière au ton gris-orangé mélangée à une brume qui renforce la
sensation d’humidité.”
LES VÊTEMENTS DU FUTUR
“Lorsqu’on pense à des costumes de
science-fiction, la difficulté est que la moindre poche ou fermeture
éclair va immédiatement dater le vêtement.” constate James Gray.
Je souhaitais faire appel à un styliste totalement étranger à
l’univers de la science-fiction”.
“Lorsque j’ai contacté Albert
Wolsky, je lui ai apporté un recueil que j’ai intitulé Moon Fire,
qui rassemble des photos de Buzz Aldrin, Neil Armstrong et Michael
Collins chez eux, montrant ainsi la manière dont s’habillent des
ingénieurs avec de simples cols roulés et des chemises à manches
courtes à carreaux.”
Le célèbre créateur de costumes
doublement primé aux Oscars pour les films QUE LE SPECTACLE COMMENCE
et BUGSY a rapidement compris le souhait du réalisateur. “James
voulait un look banal, ordinaire. J’ai parfaitement saisi ce qu’il
voulait, mais encore faut-il imaginer comment rendre banal et
ordinaire un vêtement dans cent ans. Le travail s’est avéré
difficile car le résultat devait être totalement invisible. La
consigne était claire, la garde-robe ne devait en aucun cas faire
déguisement.”
James Gray a demandé à Albert Wolsky
de respecter au mieux les combinaisons spatiales des hommes du
programme Apollo, c’est pourquoi le résultat est différent des
autres films de science-fiction où les combinaisons ont été
réinventées.
“On est resté le plus proche
possible de l’original mais la vraie combinaison pèse dans les 13
kilogrammes. On a donc réduit son poids de moitié en conservant la
ressemblance au maximum. Les combinaisons spatiales sont équipées
d’un dispositif de refroidissement, d’une matière qui se dilate
ou se contracte par la pression et bien sûr d’un ordinateur. C’est
un véritable univers là-dedans. À vrai dire, nos costumes étaient
équipés du même système de refroidissement que les combinaisons
véritables, pour que les acteurs n’étouffent pas de chaleur à
l’intérieur”.
James Gray se dit ravi “que les
costumes ne se remarquent même pas. Les gens portent tout simplement
ce qu’ils doivent porter, et ce n’est pas si évident en matière
de sciencefiction”.
Le tournage du film AD ASTRA, conclut
James Gray, a été un “Voyage fantastique”.
Source et copyright des textes des notes de production
@ Twentieth Century Fox France
@ Twentieth Century Fox France
#AdAstra

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