Drame/Une narration subtile, un beau film sensible qui met les papilles en éveil
Réalisé par Eric Khoo
Avec Takumi Saitoh, Jeanette Aw Ee-Ping, Mark Lee, Beatrice Chien, Tsuyoshi Ihara, Tetsuya Bessho, Seiko Matsuda...
Long-métrage Japonais/Singapourien/Français
Titre original : Ramen Teh
Durée : 01h30mn
Année de production : 2018
Distributeur : Art House / KMBO
Date de sortie sur nos écrans : 3 octobre 2018
Résumé : Masato, jeune chef de Ramen au Japon, a toujours rêvé de partir à Singapour pour retrouver le goût des plats que lui cuisinait sa mère quand il était enfant. Alors qu’il entreprend le voyage culinaire d’une vie, il découvre des secrets familiaux profondément enfouis. Trouvera-t-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ?
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : lors de l'avant-première du film, le 24 septembre 2018 au MK2 Bibliothèque à Paris, le réalisateur Eric Khoo, ainsi que les acteurs Seiko Matsuda, Jeanette Aw et Takumi Saitoh, sont venus introduire la projection.
Ce film est savoureux. Eric Khoo, le réalisateur, nous concocte ici une jolie histoire simple, entre délectation des papilles et voyage culturel, qu'il raconte au fil des petits plats qui mijotent et qui frémissent sous sa caméra qui n'en perd pas une miette. Sa narration, qui inclut des plaisirs culinaires, une Histoire douloureuse et des retrouvailles familiales, est habile, douce et sensible. Il nous fait naviguer, grâce à des tons, des atmosphères et des couleurs bien travaillés, entre passé et futur. Il ne nous perd pas en route, au contraire, il façonne sa matière sans oublier les petits détails qui nous guident sur ce touchant chemin qu'un jeune homme parcourt sur les traces de ses parents disparus. À l'image des madeleines de Proust, c'est par les saveurs gustatives que ce dernier tente de faire revenir sa mère et son père à la vie dans son souvenir. Les acteurs font partie des excellents ingrédients qui viennent agrémenter de leur sensibilité cette belle aventure.
Ce long-métrage donne envie de plonger dans les mille et une saveur de la cuisine asiatique tant elles paraissent offrir aux personnages un apaisement face aux complexités des relations humaines. LA SAVEUR DES RAMEN régale les yeux des spectateurs autant qu'il leurs emplit le cœur de jolis sentiments.
Ce film est savoureux. Eric Khoo, le réalisateur, nous concocte ici une jolie histoire simple, entre délectation des papilles et voyage culturel, qu'il raconte au fil des petits plats qui mijotent et qui frémissent sous sa caméra qui n'en perd pas une miette. Sa narration, qui inclut des plaisirs culinaires, une Histoire douloureuse et des retrouvailles familiales, est habile, douce et sensible. Il nous fait naviguer, grâce à des tons, des atmosphères et des couleurs bien travaillés, entre passé et futur. Il ne nous perd pas en route, au contraire, il façonne sa matière sans oublier les petits détails qui nous guident sur ce touchant chemin qu'un jeune homme parcourt sur les traces de ses parents disparus. À l'image des madeleines de Proust, c'est par les saveurs gustatives que ce dernier tente de faire revenir sa mère et son père à la vie dans son souvenir. Les acteurs font partie des excellents ingrédients qui viennent agrémenter de leur sensibilité cette belle aventure.
Ce long-métrage donne envie de plonger dans les mille et une saveur de la cuisine asiatique tant elles paraissent offrir aux personnages un apaisement face aux complexités des relations humaines. LA SAVEUR DES RAMEN régale les yeux des spectateurs autant qu'il leurs emplit le cœur de jolis sentiments.
Copyright photos @ Art House / KMBO
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Note de Eric Khoo
Réalisateur
J’ai toujours été fasciné par la
nourriture et par le rôle qu’elle joue dans nos vies. Comme le
renommé historien Ben Rogers le dit si bien : « La nourriture est,
après la langue, le marqueur le plus fort d’une identité
culturelle ». J’ai le sentiment qu’on peut même aller plus loin
et dire que l’alimentation définit qui nous sommes et comment nous
vivons. En outre, je crois sincèrement que la cuisine permet de
rassembler les gens en toute circonstance.
Je commençais à travailler sur ce
projet lorsqu’un ami producteur m’a demandé si nous pouvions
faire quelque chose pour célébrer les 50 ans de relations
diplomatiques entre le Japon et Singapour. Je me suis dit que la
cuisine était le moyen le plus évident pour en parler, étant
données la passion des deux pays pour la bonne nourriture et toutes
les histoires que l’on peut raconter à ce sujet. Nous avons
ensuite étudié ce qui se faisait dans chaque pays pour savoir ce
que nous pourrions intégrer à l’histoire. C’est ainsi que nous
nous sommes arrêtés sur deux plats extrêmement populaires et
appréciés : le bak kut teh du côté de Singapour et les ramen chez
les Japonais.
Nous avons trouvé des similitudes
intéressantes entre ces plats : tous deux ont gagné en popularité
assez tardivement, chacun vers la fin du XIXe siècle, parce qu’ils
étaient accessibles même aux ouvriers. Ces déjeuners peu chers et
remplis de protéines donnaient de la force aux travailleurs. Peu à
peu, les ramen ont perdu leur étiquette de « nourriture des milieux
ouvriers » pour devenir des plats populaires et appréciés de tous.
Le bak kut teh et les ramen sont devenus des emblèmes de leur pays
d’origine. Leur succès coïncide avec la montée économique du
Japon et de Singapour.
C’est avec toutes ces informations en
tête que j’ai imaginé l’histoire de LA SAVEUR DES RAMEN. Le
personnage principal, Masato, est né d’un père japonais et d’une
mère singapourienne. Il repart au Japon lorsque sa mère meurt, mais
son père ne lui parle pas de cette mère qu’il n’a que très peu
connue. Malgré l’amour de son père, Masato souffre en silence
depuis des années. Il affronte seul le chagrin et l’incompréhension.
C’est seulement après la mort de son père qu’il décide de
partir en voyage pour connaître la vérité sur le passé de sa mère
et pour découvrir tout un pan de l’histoire de sa famille qu’il
ignorait.
Même si, aujourd’hui, le Japon et
Singapour entretiennent de bonnes relations, nombreux sont les
Singapouriens âgés qui peinent à oublier la souffrance endurée
pendant l’occupation Japonaise à l’époque de la Seconde Guerre
mondiale. C’est à partir de cette douleur que j’ai créé le
personnage de Madame Lee. Au départ, nous avions peur que ce
personnage fasse écho à des souvenirs trop négatifs pour les
spectateurs. Cela fait plus de 70 ans que la guerre est terminée et
la culture japonaise est désormais totalement acceptée à
Singapour. Cependant, une récente polémique a éclaté quand le
gouvernement a utilisé le nom du Singapour occupé de l’époque, «
Syonan », pour nommer un musée consacré à la guerre. Il y a eu
une véritable levée de boucliers contre cette maladresse, si bien
que le musée a changé de nom. Le temps passe, mais la douleur
provoquée par l’ancien conflit est toujours présente.
On retrouve cette ambiguïté vis-à-vis
de l’Histoire chez les personnages et dans leur cuisine. Masato est
une victime collatérale de cette situation, il a souffert toute sa
vie des relations difficiles entre son père japonais et sa
grand-mère maternelle singapourienne. Ces derniers ne se sont jamais
pardonnés leurs anciens désaccords : la grand-mère désapprouvait
l’union de sa fille avec un Japonais. Mais la cuisine a évolué
sans les attendre, elle a réconcilié les deux cultures et s’est
adaptée aux changements de la société.
Désormais, les ramen sont bien plus
qu’un humble plat de nouilles mélangées à une soupe de viande.
Ils sont parfois accompagnés de foie gras ou de homard. Il en est de
même pour le bak kut teh, qui n’est plus seulement cuisiné avec
des os, mais avec des côtes de porc entières.
Les thèmes de l’acceptation, du
pardon et de la réconciliation sont très présents dans le film. Je
veux célébrer les relations, non seulement entre les êtres
humains, mais aussi entre les êtres humains et la nourriture. LA
SAVEUR DES RAMEN rappelle à tous que la cuisine, au-delà de notre
besoin primaire de nous nourrir, nous réconforte et emplit nos âmes.
Eric Khoo
Interview des acteurs
Quelle a été votre première
impression à la lecture du scénario ?
Takumi Saito (Masato) : J’ai lu le
scénario sans connaître l’origine du bak kut teh. En réalité,
j’ignorais également celle des ramen. J’ai réalisé à quel
point ces deux plats avaient une histoire similaire, celle du repas
populaire, peu cher et réconfortant pour les ouvriers des deux pays.
L’intrigue du film relie ces plats avec beaucoup d’intelligence,
car elle rassemble aussi le Japon et Singapour. Le personnage de
Masato devient alors le symbole de ce lien si particulier. Il y a une
réelle profondeur dans LA SAVEUR DES RAMEN, chaque élément du film
est porteur de sens.
Comment s’est déroulé le tournage
avec Eric Khoo ?
Seiko Matsuda (Miki) : C’est un
excellent réalisateur, je ne vous l’apprends pas ! Il est tout
aussi incroyable sur le plan humain. Il prenait du temps pour chacun
de nous et s’assurait que tout se passait bien. Nous lui étions
très reconnaissants de cette attention à notre égard. Pendant le
tournage, il arrivait souvent avec de nouvelles idées, mais elles
étaient toujours si pertinentes que nous ne pouvions que les
approuver. C’était une expérience très enrichissante. Je pouvais
me fier à lui sans inquiétude, c’était fantastique.
Quelle est la spécificité d’un film
international comme celui-ci ?
Tsuyoshi Ihara (Kazuo) : J’avais,
pour ma part, déjà joué dans des films internationaux. La
collaboration est toujours intéressante et, en réalité, faire un
film est un processus universel. Partout dans le monde, il y a un
réalisateur, un assistant réalisateur, un cameraman, des
techniciens lumière et son etc. C’est le même système partout.
Quelqu’un écrit un scénario, on entend un « Tournez ! », les
acteurs jouent et c’est dans la boîte. J’ai ressenti la même
facilité avec LA SAVEUR DES RAMEN, il n’y a pas de différence sur
les tournages japonais et singapouriens.
Qu’est-ce qui vous fascine le plus
dans LA SAVEUR DES RAMEN ?
Tetsuya Bessho (Akio) : Pour moi, la
nourriture est synonyme de vie. Ce film creuse cette idée. Lorsqu’on
parle des ramen, on parle du Japon, même si ce plat a traversé bien
des frontières. Par ce biais, on montre aussi la vie des Japonais.
Le film vous divertit, mais il peut aussi vous rappeler votre mère,
votre famille, votre ville natale… Il raconte qui nous sommes et
c’est cela qui me fascine.
Histoire culinaire
Ramen
Après être remontés jusqu’à
l’origine des ramen, les historiens ont découvert que ce plat
venait en réalité… de Chine. En effet, cette soupe chinoise a été
apportée au Japon par des commerçants chinois à la fin du XIXe
siècle. Jusqu’en 1950, les ramen étaient d’ailleurs appelés «
shina soba », soit les « soba chinois ». Désormais, le terme «
ramen » est le plus répandu.
Il n’y a pas une recette de ramen,
mais beaucoup ! Chaque région du Japon propose sa propre version: on
déguste, par exemple, des ramen au bouillon de porc à Kyushu et des
ramen au miso à Hokkaido.
Les nouilles :
La base est la même pour chaque
version : les nouilles sont faites à base de farine de blé, d’eau
et de sel. Leur cuisson sera choisie par le client : les
préfèrera-t’il yawarakame (fondantes), futsu (normales) ou katame
(al dente) ?
Le bouillon : C’est là où résident
les plus grandes différences. On dégustera par exemple des ramen au
bouillon de porc à Kyushu et des ramen au miso à Hokkaido.
Il y a 4 catégories de bouillon :
• le shoyu ramen (bouillon au soja)
• le tonkotsu ramen (bouillon d’os
de porc)
• le shio ramen (bouillon de sel)
• le miso ramen (bouillon à la pâte
miso)
Accompagnement : Sur le plat sont
généralement ajoutés des tranches de porc (cha shu), des feuilles
d’algues (nori) et des oignons verts (negi). Mais c’est sans
compter sur les œufs mollets, les pousses de soja, le bambou, les
champignons noirs, le gingembre, et toutes les autres spécialités
des chefs qui n’ont que seules limites leur imagination et la
gourmandise de ce plat généreux et adoré des Japonais.
Bak Kut Teh
Le bak kut teh est une soupe de porc à
la chinoise très populaire à Singapour. Il en existe deux variétés
: le « teochew » est un bouillon de poivre et d’ail dans lequel
le porc cuit de longues heures et le « hokkien » est un bouillon
mijoté d’herbes et d’épices telles que l’ail, les clous de
girofle, la cannelle, la coriandre et le fenouil. À Singapour, c’est
le bak kut teh version « teochew » qui est le plus populaire. Les
travailleurs immigrés chinois aimaient commencer leur journée avec
ce plat peu cher et réconfortant.
Copyright des textes des notes de production @ Art House / KMBO
#LaSaveurDesRamen
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