dimanche 24 mars 2019

STYX


Drame/Un film marquant à la thématique terrible, réalisé avec intelligence et avec une belle performance d'actrice

Réalisé par Wolfgang Fischer
Avec Susanne Wolff, Gedion Oduor Wekesa, Alexander Beyer, Inga Birkenfeld, Anika Menger...

Long-métrage Allemand/Autrichien
Durée : 01h35mn
Année de production : 2018
Distributeur : Sophie Dulac Distribution

Date de sortie sur nos écrans : 27 mars 2019



Résumé : D’APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE. Rike, quarante ans, est médecin urgentiste. Pour ses vacances, elle a planifié un voyage en solitaire pour rejoindre l’île de l’Ascension depuis Gibraltar, une île au nord de Sainte-Hélène, où Darwin avait planté une forêt entière. Seule au milieu de l’Atlantique, après quelques jours de traversée, une tempête violente heurte son vaisseau. Le lendemain matin, l’océan change de visage et transforme son périple en un défi sans précédent…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : dans la mythologie grecque, Styx est une déesse ou une nymphe aquatique qui personnifie l'un des fleuves et points de passage des Enfers. Ce titre n'est pas un hasard. Il résonne d'ailleurs à travers ce long-métrage à la thématique terrible. STYX semble partir dans une direction au départ, mais en fait, il prépare le spectateur à vivre une réalité insupportable. 


Le réalisateur Wolfgang Fischer raconte cette histoire avec beaucoup d'intelligence. Il constate et laisse le spectateur face aux dilemmes moraux, aux incompréhensions, à l'appréhension, aux réactions qui se dévoilent au fur et à mesure. Il est très franc et direct avec sa caméra. Il évite les effets et laisse les situations parler d'elles-mêmes. Il montre ce qu'il faut pour comprendre, sans faire de voyeurisme, et utilise la suggestion pour nous expliquer le pire. L'absence de musique renforce le sentiment de réalisme et d'immédiateté. 

Le personnage de Rike interprété par Susanne Wolff est fort, humain, brillant et cohérent aussi bien dans sa construction intérieure que dans ses interactions avec les autres. L'actrice est juste dans ses émotions et crédible à tout point de vue.





STYX est un film qui dérive calmement, mais sûrement, de la quête du paradis vers les portes de l'enfer. Il décrit un drame humain d'une intensité féroce dont on entend parler aux informations à la télévision, mais qui semble loin de nous. Ce film nous le montre de façon factuelle, là sous nos yeux dans la souffrance et l'horreur. On en sort sonné et plongé dans la réflexion de toutes les interrogations qu'il fait remonter à la surface.

Copyright photos @ Benedict Neuenfels

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

3 QUESTIONS À WOLFGANG FISCHER

Comment est né le film, quel était votre projet ?

Nous voulions un film très corporel, très physique, avec peu de dialogues. Juste une protagoniste qui se trouve aux prises avec une nature hostile qui ne peut jamais être tout à fait contrôlée, et où une expertise est nécessaire pour s’en tirer. C’était le point de départ du film : une femme qui se jette dans un nouvel environnement, qui s’y confronte et tente d’en maîtriser les éléments et les défis. Soutenir sa propre solitude est un thème important : qui en est capable aujourd’hui ? Rike part sans téléphone, sans accès à internet, pour pouvoir être seule pendant des semaines sur son bateau – et elle adore ça. Cela nous a intrigués. Elle n’a besoin de personne pour se sentir heureuse. Mais c’est une personne très sensible et sensuelle. On le voit lorsqu’elle va nager en pleine mer, quand elle sent les premiers rayons de soleil sur son visage, quand le vent souffle dans les voiles et que cela la fait sourire, ou encore quand elle parle de ses rêves et du paradis qu’elle veut rejoindre en bateau.

Comment avez-vous filmé en pleine mer ?

Toutes les personnes avec qui j’en parlais avant le tournage me l’avaient déconseillé et me disaient que ce serait un enfer, que cela ne pourrait pas marcher. Ils me disaient que la mer était un lieu de tournage incontrôlable, et ils avaient raison. C’était très difficile.

J’ai tourné à Malte et c’était le pire automne de la décennie dans la région. Il n’y avait que des tempêtes. Ensuite nous avons navigué pendant seize heures entre Malte et la Sicile, et nous avons raconté l’histoire en une fois, pendant le voyage. C’est la décision la plus importante que nous avons prise. Le projet a marché parce que nous nous sommes tous soumis à cet environnement. C’était comme faire un documentaire. Nous étions huit personnes à bord, et tout le monde devait se cacher pour ne pas apparaître à la caméra ! Les scènes de tempêtes sont les seules que nous avons filmées dans un char à Malte – avec des machines à vagues effrayantes et des canons à eau qui ont projeté 600 litres d’eau sur le bateau. L’idée était de faire des prises aussi longues que possible, pour éviter de trop manipuler les moments au montage, et de montrer au mieux la danse corporelle de Susanne Wolff pendant qu’elle réalisait ses exploits.

Votre film présente un dilemme moral… pourrions-nous tous nous retrouver à la place de Rike ?

Je le pense sincèrement. Prenez un exemple de tous les jours : supposez que quelqu’un se fasse attaquer dans le métro à côté de vous. Vous n’avez pas choisi cette situation mais vous êtes obligé d’agir. Détourner son regard est aussi une forme d’action. En tout cas il faut décider. Cela peut arriver à chacun d’entre nous. C’est quelque chose d’universel, cela peut changer votre vie. En tant que médecin urgentiste, Rike connaît la règle ultime : protéger sa propre vie avant tout. Elle suit donc cette règle. Mais évidemment, la question reste tout de même de savoir si elle a pris la bonne décision.




Source et copyright des textes des notes de production @ Sophie Dulac Distribution

 
#Styx

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