jeudi 3 janvier 2019

BORDER







Drame/Fantastique/Une histoire originale qui sort des sentiers battus, mais un film un peu âpre à regarder

Réalisé par Ali Abbasi
Avec Eva Melander, Eero Milonoff, Jörgen Thorsson, Viktor Åkerblom, Joakim Olsson, Andreas Kundler...

Long-métrage Suédois/Danois
Titre original : Gräns
Durée : 01h41mn
Année de production : 2018
Distributeur : Metropolitan FilmExport

Date de sortie sur nos écrans : 9 janvier 2019



Résumé : Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C'est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d'apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l'épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui...

Bande annonce (VOSTFR)



Ce que j'en ai penséBORDER est un film pour le moins spécial. Il aborde des sujets tels que la quête d'identité, l'humanité et ce que cela sous-entend, l'appartenance à un groupe, le mensonge, la vengeance, la différence... Il multiplie aussi les genres en passant de la chronique sociale au policier ainsi qu'au film romantique ou fantastique. Il est indéniablement original dans sa thématique qui crée le mystère et la surprise. Cependant, en naviguant d'un genre à l'autre, le réalisateur certes nous intrigue, mais rend l'approche de son histoire un peu âpre pour le spectateur. Il y a des redondances qui provoquent une sensation de longueur. 

Ali Abbasi filme de près ses personnages comme pour mieux nous plonger dans leur laideur et redéfinir avec son intrigue parallèle le monstre et la façon dont il est quadrillé par nos critères. Il nous oblige à nous poser des questions par rapport à notre ressenti visuel versus l'immoralité des actes des hommes. Qui a le plus d'humanité alors du 'monstre' ou de l'homme ? Les sentiments, la souffrance, les capacités spécifiques de son héroïne sont très bien mis en scène. On comprend à la fois ce qu'elle traverse et ce qu'elle ne dit pas. 

Les acteurs principaux Eva Melander, qui interprète Tina, et Eero Milonoff, qui interprète Vore, sont remarquables. Ce sont des rôles difficiles, car ils n'appellent pas à la sympathie par mimétisme, ils doivent jouer sur d'autres cordes sensibles pour nous faire entrer dans leur univers. 



Copyright photos © Metropolitan FilmExport - Meta Spark & Karnfilm AB 2018

BORDER ne s'adresse pas à un public très large. Il parle de thèmes intéressants, mais avec un rythme et une narration qui sont particuliers. C'est une curiosité qui a le mérite de surprendre et de sortir des sentiers battus. 

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

ENTRETIEN AVEC ALI ABBASI

SOURCES D'INSPIRATION 

Je pense que la notion de "genre" peut s’avérer assez complexe. C’est à la fois un cadre artistique et un outil marketing. Prenez un opéra de Wagner par exemple : il y a de la brutalité, de l'amour, de l’humour, des éléments grotesques, et tout ceci forme un tout cohérent. Mais à quel genre appartient la musique wagnérienne ? Au registre classique, à l’expressionnisme de la fin du XIXème siècle ou bien à tout autre chose ? On ne peut jamais se référer à un seul courant, mais bien plusieurs, et Wagner est l’un de ces artistes qui arrive à faire de la multitude un tout, et ce d’une manière qui n'appartient qu'à lui.

Je n’ai jamais envisagé BORDER comme un film appartenant à plusieurs registres bien qu’une bonne partie de mon travail consiste à mêler divers genres et à équilibrer tous ces éléments disparates pour qu’ils forment un ensemble cohérent. Plutôt que de le cataloguer dans un genre particulier, je préfère dire simplement que c’est un film très européen. Une transposition japonaise ou américaine du même scénario ne ressemblerait probablement pas du tout à ça.

J’ai une formation plutôt littéraire, et mon propre cerveau fonctionne comme celui d’un écrivain. En tout cas, c’est comme ça que j’ai appris à raconter des histoires. Mais il m’a fallu un certain temps avant de me tourner vers le cinéma : en effet, quand j’étais plus jeune, j’étais sacrément arrogant, et pour moi, les films étaient réservés au vulgaire “grand public”. À l’époque, j’étais vraiment convaincu que regarder des films était un passe-temps pour ceux qui n’avaient rien de mieux à faire !

Au cinéma, l’histoire en elle-même ne m’a jamais vraiment intéressé : c’est la capacité du cinéma à repousser les limites qui me fascine. À plusieurs égards, le cinéma grand public (ou même le cinéma d’auteur) me paraissait offrir une vision du monde étroite, bien étriquée par rapport à la littérature. Ce qui m’intéresse, c’est de regarder la société à travers le prisme d’un univers parallèle, et les films de genre sont un très bon vecteur pour atteindre ce genre d’objectif. C’est à ce moment-là que le cinéma devient réellement stimulant à mon sens : plutôt que d’expérimenter la portée dramatique de mes problèmes personnels, je préfère voir mes réflexions et mes pulsions s’incarner dans un autre corps et dans un autre monde que le mien. Je crois qu’il est intéressant de faire fi de cette dimension personnelle pour parvenir à faire vraiment de l’art.

J’adore Luis Buñuel ; j’ai même appelé mon fils Luis, comme Buñuel. Chantal Ackerman est une autre de mes inspirations, et mon premier court-métrage lui rendait hommage. J’aime beaucoup la façon dont elle s’empare des choses les plus triviales de la vie pour les rendre absurdes et surréalistes. Fellini est également l’un des maîtres que j’admire : à mon sens, on pourrait le surnommer le "Wagner du cinéma", puisqu’il a le même talent pour associer des genres très différents et faire en sorte que cela fonctionne. En fait, un peu comme si réaliser un film, c’était être un genre de Monsieur Loyal : c’est cette dimension-là que j’aime particulièrement.

Aujourd’hui, le cinéma de genre est sans doute le “marché” qu’il est le plus facile de conquérir si on a envie d’évoluer dans des univers parallèles : c’est un "permis de bizarrerie" – l'autorisation de ne pas suivre les règles. Le film de genre peut revêtir des formes très différentes : le western, la science-fiction, ou que sais-je encore… On peut s'extraire des exigences du monde réel et des codes habituels de la narration dramaturgique. Je n’aime pas trop jouer le metteur en scène engagé, qui parle courageusement des problèmes de notre société, mais en même temps, je ne me considère pas comme un "fan" de cinéma d’horreur, ou plus généralement du cinéma de genre. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui se passe sous la surface des choses – tout ce qui peut affecter les gens sans qu’ils en soupçonnent l’existence. Les films de genre sont également connus pour être de bons divertissements, et j’aime l’idée que les gens cessent d’être sur le qui-vive et se détendent. C’est à ce moment-là que parler de politique d’une façon subtile, plus souterraine, devient véritablement intéressant. C’est ce que j’ai tâché de faire dans SHELLEY, et désormais dans BORDER. 

BORDER ET L’UNIVERS DE L’ÉCRIVAIN JOHN AJVIDE LINDQVIST 

J’ai d’abord eu connaissance des histoires de John grâce au film MORSE : après avoir vu le film, j’ai décidé de lire le livre. MORSE a été une véritable découverte, et le film a vraiment inventé quelque chose de très novateur : le réalisme nordique, qui a véritablement revivifié le cinéma suédois. Pour être honnête, je n’aurais jamais imaginé qu’un film de genre véritablement novateur puisse venir de Suède. C’est pourquoi j’ai été aussi surpris de découvrir l’univers de John Ajvide Lindqvist.

S’il y a une chose que j’aime particulièrement dans l’écriture de John, c’est qu’il se met au niveau de son public. Il ne s’agit pas d’une grande oeuvre "littéraire", au sens où il faudrait avoir une certaine culture littéraire pour pouvoir l’apprécier. Mais ce n’est pas non plus un simple best-seller : c’est un livre qui a une vraie force, même si ça ne se voit pas nécessairement au premier abord. Par exemple, en ce qui concerne MORSE, devrions-nous considérer l’histoire comme une interprétation tordue de la société suédoise ? Ou simplement une relecture novatrice du mythe des vampires ? Ajouter une dose de fantastique au réalisme n’est pas chose aisée : la qualité toute particulière de John, c’est sa capacité à tendre des passerelles entre le réel et le fantastique—sans doute ce qu’il y a de plus dur à faire.

Je me suis donc plongé dans l’oeuvre de John, et c’est ce qui m’a mené à “Border”. Mon fidèle ami Milad Alami, lui-même réalisateur, me l’avait recommandé, et après l’avoir lu, j’ai su qu’il y avait quelque chose à creuser… Et dans le même temps, je me suis tout de suite dit que cela risquait d’être très compliqué de porter cette histoire à l’écran, notamment parce que dans cette nouvelle, toute l’histoire est racontée du point de vue de Tina, qui confie ses réflexions à son journal intime. Dans le livre, elle adopte surtout la position passive d’une observatrice.

L’éditeur était lui aussi conscient de cet aspect, et a commencé à évoquer d’autres nouvelles qui auraient pu mieux convenir. Trop tard : j’étais déjà déterminé à adapter “Border” à l’écran, persuadé que cette histoire pouvait apporter quelque chose de vraiment nouveau, à l’instar de MORSE. “Border” était beaucoup moins élaboré que MORSE, mais, comme dans ce dernier, les personnages étaient tout aussi captivants que complexes et éthérés. À ce moment-là, je recevais des propositions d’adaptation pour d’autres histoires écrites par Lindqvist, qui présentaient également des aspects intéressants et novateurs, mais je ne ressentais pas le même intérêt. Après SHELLEY, les gens m’ont très vite étiqueté comme un “réalisateur de films d’horreur”, bien que je ne pense pas que ce soit le bon terme. Outre les éléments classiques du genre de l’horreur, “Border” possédait tous ces petits plus qui font que l’histoire a réellement une dimension intéressante. J’étais donc sûr que je faisais le bon choix, et on s'est attelé au projet, alors que je travaillais encore sur SHELLEY.

Ensuite, au fur et à mesure de notre avancement concernant l’adaptation de la nouvelle et l’écriture du script, d’abord avec John, puis avec Isabella Eklöf, nous avons commencé à changer des éléments. Nous souhaitions que le film ait une noirceur sous-jacente encore plus prononcée. Par exemple, toute l’intrigue secondaire autour d’une enquête criminelle est une nouveauté par rapport au texte original. 

CASTING ET ÉLABORATION : LE CAS DE TINA (EVA MELANDER) ET VORE (EERO MILONOFF) 

J’ai tout bêtement regardé le catalogue de tous les acteurs scandinaves possibles et imaginables ! J’aime utiliser les auditions comme un outil créatif, et ce casting a été particulièrement long. Mais lorsque j’ai rencontré Eva et Eero, je n’ai pas hésité une seconde : à partir de ce moment-là, je n’arrivais plus à imaginer d’autres acteurs dans ces rôles.

Je n’ai pas non plus de grandes théories préconçues quant à la meilleure méthode à employer avec mes acteurs. Quand je réalise un film, j’essaie de donner pas mal de liberté aux acteurs, si bien qu'on peut dire que cela dépend à 80% des choix que j’ai faits lors du casting, et à 20% de mes compétences de "coach". J’essaie de valoriser leur prestation et de les aider à aller au bout de leur potentiel. Je ne peux pas les rendre meilleurs qu’ils ne sont.

Le personnage d’Eero devait susciter un certain malaise, le sentiment d’une perversion sous-jacente, mais il devait également laisser entrevoir un côté vulnérable. Je me suis rendu compte qu’il était très difficile de rencontrer quelqu’un qui possède ces deux facettes : Eero a été le seul à présenter cette dualité. Et pour moi, c’est ce qui fait que son personnage fonctionne. En plus, comme Eero est un acteur finlandais au sein d’une production suédoise, cela me paraissait logique qu’il ait quelque chose d’un peu "étranger". J’ai toujours pensé que Vore était un homme issu d’une contrée sauvage et non-civilisée, et comme les Suédois ont tout un répertoire folklorique et légendaire qui concerne aussi les Finlandais, cela me paraissait idéal. Dans le film, Eero parle le suédois de façon phonétique : en réalité, il aurait tout aussi bien pu être un acteur espagnol. Mais étant donné l’histoire qui unit la Finlande et la Suède, cela me paraissait encore plus logique—Vore est à la fois l’un des nôtres, sans l’être vraiment. Il donne presque l’impression d’être analphabète. En réalité, Vore est loin d’être analphabète, mais il n’est peut-être tout simplement pas humain.

Quant à Eva, j’ai eu beaucoup de chance. J’avais peur que ce personnage soit trop passif, et ce n’est pas mon genre de faire tout un film autour d’un personnage passif—j’ai tendance à préférer les gens complètement dingues qui font des choses tout aussi dingues. Mais Eva a exploité toutes les possibilités de ce personnage à 800%. Au début, je m’étais imaginé que Tina ne parlerait pas énormément – mais alors comment apprendre à la connaître ?

Heureusement, même dissimulée sous un épais masque de silicone, Eva parvient à être beaucoup plus expressive que la majorité des gens—qui ne portent pas de masque, eux ! À travers de petites choses, elle arrive à provoquer des émotions qui font toute la différence, comme par exemple à travers les manières différentes qu’elle a de renifler ! Il y a le reniflement énervé, le reniflement triste… on pouvait même ajuster sa façon de renifler entre les différentes prises ! Eva est une actrice très méticuleuse, elle prête une attention incroyable aux détails : une vraie perfectionniste. Elle travaille presque comme une ingénieure et a une approche quasi-scientifique des émotions qu’elle doit retranscrire dans son jeu—jusqu’à préciser des choses comme "20% de ceci en plus, 30% de cela en plus, etc. etc.".

Eva est elle-même une personne très méticuleuse : elle aime avoir le contrôle sur tout, tandis que Eero est beaucoup plus impulsif. Ils se sont beaucoup apporté l’un à l’autre tout au long de la prépa et du tournage : Eero s’est mis à s’attacher aux détails, tandis qu’Eva est devenue plus impulsive. Il y avait comme une forme de symbiose entre eux deux.

À tout ce travail se sont ajoutés les défis que représentaient leurs transformations physiques respectives. J’avais très peur que les masques limitent leurs possibilités, d’autant plus qu’Eva devait passer quatre heures au maquillage chaque jour. Au moment où nous arrivions sur le plateau, cela faisait déjà six heures qu’Eva était là : avant même que nous n’ayons commencé à tourner, elle venait de faire l’équivalent d’une journée de travail. Du coup, je leur tire mon chapeau à tous les deux, car ils ont réussi à faire en sorte que ça n’ait aucune incidence sur leur travail. D’une certaine façon, j’ai l’impression que les masques les ont libérés et leur ont permis de créer de tout nouveaux personnages et de toutes nouvelles identités. Eero et Eva ont également chacun pris 20 kilos pour le rôle : ils sont vraiment devenus d’autres personnes. 

CULTURE, JEUX DE MIROIRS, ET RÉALISME MAGIQUE 

À mon sens, ce film n’exploite pas l’opposition classique entre "Eux" et "Nous" : il parle d’une personne qui a la possibilité de choisir sa propre identité, et qui décide de le faire. J’essaie de ne pas trop m’attarder sur les questions politiques autour de l’identité, mais malgré tout, je me plais à croire qu’il est possible, dans une certaine mesure, de choisir son identité. Nous interprétons ce que nous voyons des autres comme nous le souhaitons : tout dépend donc du contexte.

Même si je ne suis pas très investi dans les problématiques autour de la question raciale, j’ai un sens très aigu et intime de ce que signifie la "minorité", et ce, depuis mon enfance. Appartenir à la minorité, ce n’est pas seulement une question de couleur de peau, c’est aussi et surtout une question de personnage différent des autres. Je fais partie de la minorité aussi bien en Iran qu’à Copenhague.

Malgré tout, beaucoup de choses me viennent de la culture iranienne. Nous nous intéressons plus aux choses que nous ne pouvons voir. Nous sommes également obsédés par la mort et l’au-delà. Nous voyons des constantes, des motifs dissimulés produire leurs effets un peu partout. Parfois, ça tend vers la paranoïa, mais ça peut également être assez poétique. En tout cas, c’est ainsi qu’on m’a élevé : on m’a appris à voir les choses qu’on ne voit pas d’habitude. Et, assez paradoxalement, le cinéma est probablement la meilleure façon de traiter ces choses qu’on ne voit pas, de les toucher du doigt, et de rendre visible l’invisible.

L’Iran a également une tradition poétique très riche, et je suis un produit de cette culture. Tout comme les Américains sont biberonnés à la pop culture, la poésie, c’est notre pop culture à nous. Pour moi, il y a un fil conducteur dans le travail de beaucoup de réalisateurs iraniens, et peut-être même des ressemblances culturelles avec d’autres pays non-Occidentaux, comme la Russie par exemple.

Il y a quelque chose de cette tendance à ne pas suivre le chemin le plus évident. À voir au-delà de ce qu’on voit. J’ai également été très influencé par le réalisme magique de la littérature latino-américaine : Gabriel Garcia Marquez, Carlos Fuentes et Roberto Bolaño. De l’Iran à l’Amérique Latine, il y a tellement de duplicité dans ces pays-là que, d’une certaine façon, on finit par perdre le sens du réel et de la vérité.

Les films sont des objets uniques puisqu’ils agissent comme des miroirs, et offrent une simulation terriblement trompeuse de l’expérience humaine. Je considère les humains comme des animaux qui se sont bien développés, et je m’intéresse aux situations dans lesquelles nos instincts animaux entrent en conflit avec les structures de la société – situations où ce vernis de civilisation sous lequel nous vivons finit par se craqueler et où les personnages sont poussés dans leurs retranchements à l’extrême. Mais ce n’est pas seulement l’extrême qui est intéressant. Moi, c’est plutôt la réponse des hommes à ces situations extrêmes qui m’intéresse. La complexité de cette situation, c’est ce qui fait sa beauté—et non sa tristesse. 

ENTRETIEN AVEC JOHN AJVIDE LINDQVIST 

Jusqu’à quel point avez-vous – Ali, votre co-scénariste Isabella Eklöf et vous-même – transformé la nouvelle pour que le film puisse en saisir l’essentiel ? 

Le style visuel d' Ali est à la fois très sensuel et très brut, ce qui collait parfaitement avec la nouvelle, puisqu’il s’agit d’une histoire d’amour ponctuée de revirements brutaux et éprouvants. Ali et moi nous sommes rencontrés assez tôt, avant même que je n’écrive les premiers jets, et à ce moment-là nous avons discuté des changements possibles afin de développer davantage l’histoire. J’ai ajouté quelques éléments, mais une grande partie du travail a été effectuée par Ali et Isabella, surtout pour l’intrigue secondaire, autour de la police et des enfants. En dehors de ça, je trouve que le film reste essentiellement très proche de l’histoire originale. “Border” fait environ 50 pages, tandis que “Laisse-moi entrer” en fait 450. Du coup, bien évidemment, une bonne partie de l’histoire originale a été conservée dans BORDER, même si le contexte est parfois différent, en plus de cette nouvelle intrigue, centrée autour de l’enquête de Tina.

Vos histoires mettent souvent en scène des personnages et des décors très réalistes, souvent en lien avec les classes populaires. Pourquoi est-ce aussi important pour vous de maintenir ce lien avec le quotidien ? 

Eh bien, personne ne s’intéresserait à une histoire de vampires mutants sur un vaisseau spatial, n'est-ce pas ? À cause de la dimension extrême et surnaturelle de certains éléments de mes histoires, je m’attache à rendre tout le reste entièrement crédible, pour qu’on puisse s’y identifier. Puis, touche par touche, j’ajoute d’autres éléments fantastiques, jusqu’à ce que le lecteur ou le spectateur se retrouve à vibrer pour des créatures qu’il ne rencontrerait pas dans la vie réelle.

Qu'est-ce qui est le plus angoissant à l’idée d’adapter l’une de vos histoires à l’écran ? 

Je crois que le plus difficile en ce qui concerne l’adaptation, c’est la tendance qu’ont mes personnages à réfléchir beaucoup, et à remettre en question leurs décisions. Comme la voix-off est rarement une possibilité, je dois trouver des façons d’extérioriser l’intériorité, en leur faisant dire ou faire des choses qui transmettent la même impression que le fil d’une pensée. Le plus angoissant, c’est de voir le film pour la première fois, sans savoir si je vais l’adorer ou si je vais devoir dire des politesses pour sauver les apparences. Pour ce film-là, ça n’a pas été un problème ! J’étais chez moi et, quinze minutes après avoir commencé le visionnage de la toute première version, j’ai dû mettre le film sur pause et sortir fumer une cigarette pour me calmer : j’étais tellement heureux... J’ai encore eu de la chance.

Source et copyright des textes des notes de production
@ Metropolitan FilmExport

  
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