vendredi 9 août 2019

LE MYSTÈRE DES PINGOUINS


Animation/Une animation très jolie pour une histoire touchante

Réalisé par Hiroyasu Ishida
Character design : Yojiro Arai
Scénario : Makoto Ueda
D’après le roman de Tomihiko Morimi
Musique : Umitaro Abe
Production : Studio Colorido

Long-métrage Japonais
Titre original : Penguin Highway
Durée: 01h59mn
Année de production: 2018
Distributeur: Wild Bunch Distribution

À partir de 8 ans

Date de sortie sur nos écrans : 14 août 2019


Résumé : Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener. Ce studieux élève de CM1, accompagné de son meilleur ami, enrôle également sa rivale aux échecs et une énigmatique assistante dentaire pour percer le secret des pingouins. Mais ces petites bêtes ne sont que le premier signe d’une série d’événements extraordinaires. Commence alors pour le jeune garçon une aventure pleine de surprises… et de pingouins !

Bande annonce (VF)


Ce que j'en ai pensé : j’ai eu la chance de découvrir LE MYSTÈRE DES PINGOUINS lors du festival UTOPIALES, qui s’est tenu à Nantes entre fin octobre et début novembre 2018. Ce film d’animation éveille notre intérêt tout d’abord parce qu’il s’agit du premier film du réalisateur Hiroyasu Ishida. Il fait un superbe travail pour nous guider à travers cette histoire avec une animation d’une grande douceur. Les dessins sont très beaux. La mise en scène est parfois poétique et souvent enthousiasmante. Le côté mystère est bien travaillé. On tend dès le départ à vouloir nous aussi percer la source de l’étrange apparition de ces pingouins rigolos. 




Le personnage d’Aoyama, un brillant petit garçon qui rêve de devenir adulte, est tout de suite attachant. 



De nombreux genres sont traités dans ce long-métrage qui va de la science-fiction à l’aventure en passant par un film sur l’amitié ou encore une chronique sur la fin de l’enfance. 




Copyright photos @ Wild Bunch Distribution &
© 2018 Tomihiko Morimi, KADOKAWA / Penguin Highway Production Committee. Tous droits réservés

La narration est fluide, pourtant quelques longueurs s’installent ici et là au cours du déroulement. Cependant, on demeure surpris par la qualité du propos, l’intensité de certains moments et on est touché par la façon dont cette histoire se termine.

LE MYSTÈRE DES PINGOUINS sait manier l'humour, l'intrigue et l'émotion pour nous entraîner dans une aventure dans laquelle l’amitié, l’ingéniosité, le dépassement de ses peurs et la curiosité sont autant de jolis thèmes illustrés. Ce long-métrage d’animation nécessite la compréhension des métaphores. De plus, sa durée demande une attention prolongée, c’est pourquoi il vaut mieux le réserver aux enfants à partir de huit ans et aux adultes sans restriction.

NOTES DE PRODUCTION 
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

INTRODUCTION

La nouvelle génération japonaise d’animateurs réunie pour une fascinante aventure initiatique !

Le Studio Colorido donne vie à l’oeuvre d’un des auteurs de fictions les plus prolifiques du Japon de ces dernières années, Tomihiko Morimi.

Le temps d’un été, un jeune garçon en pleine croissance va développer un nouveau regard sur le monde. Une aventure unique qui testera sa détermination à devenir l’adulte qu’il souhaite devenir.

UN DUO D’AMIS À L’ŒUVRE

Hiroyasu Ishida, réalisateur, et Yojiro Arai, character-designer Hiroyasu Ishida, 30 ans, et Yojiro Arai, 29 ans, se connaissent depuis de nombreuses années. Ils se lient d’amitié après avoir découvert leurs illustrations sur un site de partage en ligne spécialisé.

Des années plus tard, ils fondent le studio Colorido afin d’offrir un espace d’expression pour jeunes talents.

Alors qu’il n’était encore étudiant, Hiroyasu Ishida se distingua avec la réalisation du court-métrage Fumiko no Kokuhaku qui remporte le YouTube Video Award. Il est alors âgé de 21 ans seulement. De parfait inconnu, Hiroyasu Ishida devient alors l’un des plus grands espoirs de l’animation japonaise. Mamoru Hosoda (Miraï, ma petite soeur, Les enfants Loups – Ame & Yuki, Le Garçon et la Bête) le décrit ainsi : « Je le trouve extrêmement doué, il peut travailler à n’importe quel poste. » Hiroyasu Ishida a évidemment choisi de s’entourer de Yojiro Arai pour le dessin des personnages, cet artiste ayant précédemment fait ses classes au studio Ghibli où il a participé aux films Arietty et Le vent se lève.

DU LIVRE AU FILM

Le Mystère des Pingouins est l’adaptation d’un roman de Tomihiko Morimi, dont les précédentes oeuvres furent également adaptées en animation par Masaaki Yuasa (Night is Short, Walk on Girl, The Tatami Galaxy).

Ce roman s’est distingué au Japon en remportant le Grand Prix Nihon SF 2010. Pour réussir sa transposition en long-métrage, Fuji TV s’est adressé à un jeune studio d’animation Colorido qui jusqu’à présent était plus spécialisé dans les formats courts tels les courts métrages ou les spots publicitaires. Un pari audacieux pour les producteurs mais pertinent, la jeunesse de Hiroyasu Ishida donne au film la fraicheur nécessaire pour l’adaptation de cette oeuvre complexe.

Il a fallu trois ans pour concrétiser le projet. L’équipe initiale de Colorido comptait alors environ 40 personnes. Pour réaliser le film, il a fallu engager plus de 200 personnes en externe. À la différence des courts métrages pour lesquels le studio avait déjà bâti sa réputation, pour ce long métrage, le budget et le nombre de personnes à gérer sont bien plus importants.

Au Japon, le livre original n’est pas destiné à un public familial mais plutôt adolescent, jeune adulte. Pour sa version animée, il a été décidé de rendre l’histoire plus grand public, c’est pourquoi les équipes artistiques ont mis l’accent sur la qualité de l’animation et l’expression des personnages. Pour les éléments fantastiques, leur apparence a été modifiée, enrichie au fil des croquis.

Ensuite ils ont été ajoutés au storyboard, et le colorscript a été réalisé en écoutant l’avis des membres de l’équipe.

LES PERSONNAGES PRINCIPAUX

AOYAMA

Jeune garçon d’une dizaine d’années, féru de sciences et plutôt bon élève. Il réfléchit beaucoup à l’adulte qu’il rêve de devenir… dans 3888 jours très exactement !

LA JEUNE FEMME

Jeune femme mystérieuse travaillant au cabinet dentaire. Elle en sait plus qu’elle ne laisse entendre à propos des mystérieux événements qui se produisent dans la ville.

LES PINGOUINS

Ceux-ci surgissent en tout point dans la petite ville japonaise. Ni agressifs ni peureux, les pingouins semblent vaquer à leurs occupations habituelles avant de disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés.

INTERVIEW

‒ Pouvez-vous nous retracer vos parcours respectifs ? Pourquoi avoir choisi de faire de l’animation votre métier et quelles sont vos sources d’inspiration ?

Yojiro Arai : Le lycée a été une période très difficile pour moi. Et c’est la série Eureka Seven qui m’a redonné un peu de joie de vivre, de l’espoir et qui m’a permis de tenir le coup. C’est à ce moment-là que je me suis vraiment intéressé à l’animation et que j’ai décidé de tout faire pour travailler dans ce domaine. Outre le manga, j’aime aussi la BD franco-belge et des auteurs comme Enki Bilal ou Moebius. Quand je dessine, j’essaye de mélanger ce type de trait particulièrement vivant à un style kawaii !

Hiroyasu Ishida : Au lycée, j’ai pu m’essayer à la réalisation de petits court-métrages et je me suis rendu compte à quel point le dessin-animé, par sa dimension sonore et musicale, avait plus de puissance que le seul dessin sur papier. Par la suite, j’ai pu intégrer l’université de Kyôto pour apprendre à être animateur. J’aime également l’animation internationale, et j’ai été très touché par Ernest & Celestine. Je rêve de faire un film dans ce style-là !

‒ M. Ishida, vous avez déclaré lors de la conférence publique que vous aviez réussi la premère partie de l’examen pour entrer au studio Ghibli, mais que vous avez pris la décision de ne pas aller plus loin. Pour quelle raison ?

H.I. : Oui, j’avais réussi le premier examen et il m’en restait un second à passer, mais je ne me suis juste pas présenté. Je pense que ce n’était vraiment pas la bonne manière de refuser… ! Mais à cette époque, si j’avais été engagé, il aurait fallu que j’arrête l’université. Et je voulais finir mon année. Je voulais juste être un étudiant comme les autres et j’étais également obsédé par l’idée de finir mon film de fin d’étude !

‒ La patte du studio Colorido est tout de suite reconnaissable dans Penguin Highway. Que ce soit dans les thématiques, l’esprit, le ton, les designs ou les couleurs. Quelle est la nature précise de la charte de votre studio et les intentions derrière ? Qu’est ce qui l’a inspiré ?

Y.A. : On est assez nombreux dans les équipes de designers en fait. Ce n’est pas une seule personne qui donne la ligne directrice, mais j’imagine qu’on s’est effectivement créé un style au fur et à mesure des productions et qu’on s’influence les uns les autres au sein du studio. C’est quelque chose d’assez inconscient et qui se fait naturellement finalement. Peutêtre pas au niveau du design des personnages, mais au moins en termes de couleurs et de décors.

H.I. : Je pense que notre différence vient du fait que la plupart des studios japonais pensent à faire des séries longues et au marché japonais avant tout. Alors que nous, on vise plutôt l’international. On a d’ailleurs beaucoup regardé ce qui se faisait aux précédents festivals d’Annecy. Surtout les courts métrages. C‘est une vraie source d’inspiration pour nous et je pense que cela transparait dans les productions du studio Colorido.

‒ Les films qui mélangent tranche de vie et fantastique comme Penguin Highway sont assez en vogue. Que pensez-vous de cette tendance ?

Y.A. : C’est vrai que des années 1960 à 1980, les anime n’avaient rien de réaliste et c’était de la pure SF. Je pense que la culture a changé. La nouvelle génération qui a grandi ne cherche pas à reproduire ce qu’elle a vu, mais tend plutôt à parler de ce qui la touche à présent. Comme la vie de famille par exemple.

Hiroyasu Ishida : J’imagine que ça correspond à un besoin de l’époque, qui a plus besoin de mettre de l’imaginaire dans le réel plus que l’inverse.

(propos recueillis par Pa Ming Chiu pour le magazine Animeland au Festival d’Annecy 2018)

NOTES DE PRODUCTIONS

PLANIFICATION 

Ce n’est pas un hasard si j’ai croisé un pingouin ?! Telle fut l’inévitable réaction du petit Aoyama, le personnage principal du film, mais également celle de l’équipe du Studio Colorido dirigée par Hiroyasu Ishida à la découverte de l’oeuvre originale de Tomihiko Morimi.

La première interrogation des producteurs fut comment aborder l’adaptation de ce récit, récompensé par le 31e Grand Prix SF du Japon (2010). Doit-on s’inspirer de la précédente réalisation de M. Ishida, Hinata no Aoshigure , ou partir sur un concept entièrement original ? Tel fut le premier défi à surmonter.

M. Ishida connaissait déjà les ouvrages de M. Morimi, affectionnant particulièrement La Tour du Soleil, ou The Tatami Galaxy dont l’un des personnages fréquentait la même université de Kyoto. L’idée d’adapter Penguin Highway en long-métrage d’animation lui est venue à la lecture de l’histoire et à la découverte du personnage principal.

“En même temps, je pensais qu’il serait difficile pour moi, à mon niveau de l’époque, de réussir l’adaptation de part la complexité du récit. Cependant, mes camarades de l’université, ayant également lu l’ouvrage, ont estimé que j’en étais capable si je m’entourais d’une équipe adaptée. J’ai alors commencé à créer le storyboard des scènes les plus marquantes, et ainsi, j’ai pu enchaîner de manière très fluide sur les autres parties. Petit à petit, j’ai pu me constituer une vision plus claire d’Aoyama, de la jeune femme, des autres personnages mais également des pingouins, dans un univers qui de prime abord semble petit mais en réalité très vaste.” (Ishida)

SCÉNARIO

La première image du storyboard dessinée par M. Ishida présentait la première scène où Aoyama fait la rencontre des pingouins. La composition de l’image et l’angle de vue, y compris le décor, ont été repris quasiment à l’identique. D’autre part, “s’agissant d’une image clef, tout ne pouvait pas être reproduit fidèlement à l’écran car il faut raccorder l’animation des différents éléments de manière homogène.

C’était d’ailleurs là une occasion d’en apprendre plus sur le métier” se remémore M. Ishida. “Dans l’oeuvre originale, il y a des passages très riches qu’il m’a fallu écrémer, ce fut une tâche difficile. M. Makoto Ueda, en charge du scénario, était déjà familier de l’univers de M. Morimi avec à son actif l’écriture de Night is Short, Walk on Girl et The Tatami Galaxy. Le coeur de l’histoire est constitué des sentiments du petit Aoyama à l’égard de la jeune femme (“j’ai déjà choisi qui sera ma femme”). J’ai beaucoup échangé avec M. Ueda à ce sujet et nous l’avons mis au centre du film, ce qui le différencie de l’oeuvre originale afin de proposer quelque chose de nouveau et qui va un peu plus loin.”

PERSONNAGES

Concernant les personnages, ce n’est ni leurs designs ou la retranscription de leurs caractères qui constituent le point technique le plus intéressant, mais bien l’approche méticuleuse dont ils ont chacun fait l’objet notamment sur leurs mouvements. “J’ai été troublé par le génie d’Aoyama. Nous l’avons dessiné à partir de lignes douces et arrondies caractéristiques des enfants en école primaire. En soit, tout le contraire de la jeune femme. Personnellement, il était facile de saisir son image car elle symbolise la beauté féminine en soit. Aoyama a toujours son centre de gravité situé au milieu, il est symétrique. Son mouvement retranscrit une image droite et consciencieuse. En revanche, la jeune femme présente un mouvement curviligne à l’image très naturelle et détendue.

Elle a un centre de gravité brisé. Le contraste avec Aoyama est important, y compris avec les autres personnages” affirme M. Ishida. Quant aux enfants, des sessions de rencontres et interviews ont été réalisées dans des écoles primaires avant la conception des dessins préliminaires. En demandant aux enfants d’accomplir des gestes, des mimiques, l’équipe a cherché à développer une compréhension commune des mouvements et des expressions faciles pour enrichir le film. “Bien que ce ne soit pas directement visible dans le film, je cherchais toujours à ressentir les émotions des personnages en les dessinant” déclare M. Ishida. Et le pingouin, au centre de l’oeuvre comme l’indique le titre, fut dessiné comme un être charmant sans trop chercher à le déformer pour les besoins du film. Ce sont l’expression et le jeu des personnages qui furent mises en priorité.


Source et copyright des textes des notes de production @ Wild Bunch Distribution

  
#LeMystereDesPingouins

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