Drame/Un film particulier qui porte la marque de son réalisateur
Réalisé par Rick Alverson
Avec Jeff Goldblum, Tye Sheridan, Denis Lavant, Hannah Gross, Udo Kier, Amy Stiller, Eleonore Hendricks, Alyssa Bresnahan...
Long-métrage Américain
Titre original : The Mountain
Durée: 01h48mn
Année de production: 2017
Distributeur: Stray Dogs Distribution
Date de sortie sur les écrans américains : 26 juillet 2019
Date de sortie sur nos écrans : 26 juin 2019
Résumé : États-Unis, années 50. Le Dr. Wallace Fiennes emploie Andy, un jeune homme introverti, comme photographe pour documenter sa méthode de lobotomie, de plus en plus controversée. Au fur et à mesure de leur expédition d’asile en asile, Andy, témoin de l’effritement de la carrière et de la vie du docteur, va peu à peu s’identifier aux patients. À leur arrivée dans une petite ville de montagne, berceau du mouvement New Age, Andy et Wallace font la rencontre d’un guérisseur français peu conventionnel et de sa fille.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : THE MOUNTAIN : UNE ODYSSÉE AMÉRICAINE est un film atypique. C'est le ressenti que son réalisateur, Rick Alverson, entend imposer et il y parvient très bien. Il multiplie les plans recherchés offrant une belle photographie à sa mise en scène. Il applique une cohérence soignée dans les tons, les couleurs et les atmosphères. Le choix de tourner sur un format d'écran 4/3 participe à transmettre aux spectateurs l'enfermement mental des protagonistes et, à mon avis, pourrait directement faire écho à la période pendant laquelle se déroule le film, les années 50, puisque que c'est à cette époque que ce format a été adopté en tant que norme par la télévision américaine.
En terme de scénario, il faut aimer l'immuabilité pour apprécier la façon dont le propos est amené. En effet, nous ne sommes pas beaucoup plus avancés à la fin qu'au début de cette histoire. Les questions s'empilent. Elles ne trouvent pas de réponses dans ce long-métrage taiseux, qui explore la folie des hommes sous un angle particulier. Les fous désignés parviennent parfois à avoir l'air plus sains d'esprits que ceux qui doivent les soigner.
Le réalisateur nous entraîne dans une forme de réalité qui pourrait être totalement alternative tant on a le sentiment d'être sans cesse à la lisière de l'éveil. Tout comme le personnage principal, on attend que sa vie commence. Le réalisateur nous fait ressentir sa souffrance et son impossibilité à s'identifier à des modèles masculins à la dérive. On suit donc la tentative d'évolution d'Andy, interprété par Tye Sheridan. L'acteur apporte beaucoup de sensibilité à un rôle difficile, tout en colère intériorisée. Son personnage est taciturne, passif, il ne réagit pas ou peu, il subit les événements et cogite sur le passé.
Il se laisse embarquer par le Dr. Wallace Fiennes, spécialiste de la lobotomie, dont les heures de gloire sont derrière lui. Ce dernier est interprété par Jeff Goldblum dont le charisme va parfaitement à ce protagoniste qui prend Andy sous son aile, a un ego surdimensionné quant à sa profession et qui boit trop pour oublier qu'il sera bientôt remplacé par des techniques plus modernes.
Hannah Gross interprète Susan, Denis Lavant interprète Jack et Udo Kier interprète Frederick. Les trois acteurs jouent très bien, mais leurs rôles sont assez cryptiques. Il est difficile de cerner ces protagonistes sur lesquels on a peu d'éléments.
THE MOUNTAIN : UNE ODYSSÉE AMÉRICAINE est un film indépendant qu'on imagine très bien être projeté en festival de cinéma. Il n'est pas grand public de part son sujet, également à cause de son scénario qui n'apporte pas de résolution et de son rythme lent. Cependant, il propose une narration différente, sa réalisation retient l'attention et il est très bien joué.
En terme de scénario, il faut aimer l'immuabilité pour apprécier la façon dont le propos est amené. En effet, nous ne sommes pas beaucoup plus avancés à la fin qu'au début de cette histoire. Les questions s'empilent. Elles ne trouvent pas de réponses dans ce long-métrage taiseux, qui explore la folie des hommes sous un angle particulier. Les fous désignés parviennent parfois à avoir l'air plus sains d'esprits que ceux qui doivent les soigner.
Le réalisateur nous entraîne dans une forme de réalité qui pourrait être totalement alternative tant on a le sentiment d'être sans cesse à la lisière de l'éveil. Tout comme le personnage principal, on attend que sa vie commence. Le réalisateur nous fait ressentir sa souffrance et son impossibilité à s'identifier à des modèles masculins à la dérive. On suit donc la tentative d'évolution d'Andy, interprété par Tye Sheridan. L'acteur apporte beaucoup de sensibilité à un rôle difficile, tout en colère intériorisée. Son personnage est taciturne, passif, il ne réagit pas ou peu, il subit les événements et cogite sur le passé.
Il se laisse embarquer par le Dr. Wallace Fiennes, spécialiste de la lobotomie, dont les heures de gloire sont derrière lui. Ce dernier est interprété par Jeff Goldblum dont le charisme va parfaitement à ce protagoniste qui prend Andy sous son aile, a un ego surdimensionné quant à sa profession et qui boit trop pour oublier qu'il sera bientôt remplacé par des techniques plus modernes.
Hannah Gross interprète Susan, Denis Lavant interprète Jack et Udo Kier interprète Frederick. Les trois acteurs jouent très bien, mais leurs rôles sont assez cryptiques. Il est difficile de cerner ces protagonistes sur lesquels on a peu d'éléments.
Copyright photos @ Stray Dogs Distribution
THE MOUNTAIN : UNE ODYSSÉE AMÉRICAINE est un film indépendant qu'on imagine très bien être projeté en festival de cinéma. Il n'est pas grand public de part son sujet, également à cause de son scénario qui n'apporte pas de résolution et de son rythme lent. Cependant, il propose une narration différente, sa réalisation retient l'attention et il est très bien joué.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
INTERVIEW DU RÉALISATEUR
Votre film est librement inspiré de la vie du neurologue
américain Walter Freeman, connu pour ses lobotomies controversées. Qu’est-ce
qui vous intéressait chez lui ?
Il incarne à mes yeux un certain type d’Américain, mû par un
esprit d’entreprise. Il me semblait appartenir à un archétype, ancré dans la
psyché américaine. Il était téméraire et visionnaire mais inconscient de toutes
les implications de ses actes. Mes précédents films s’attachaient aux utopies
américaines et ce film-là en est en quelque sorte la genèse. Je suis fasciné
par la vie de Freeman mais je ne m’en suis inspiré qu’à la marge : son
existence n’a servi que de trame à cette histoire. Je souhaitais également
rompre avec l’imagerie romantique des années 1950 aux Etats-Unis, en situant
mon film à cette période. Même si certaines productions de l’époque pointaient
des problèmes sociologiques, cette vision d’Epinal a longtemps perdurée. Cette
imagerie, que je remets en cause dans mon film, est encore plus vivace
aujourd’hui avec Trump et son « Make America Great Again ».
Est-ce que la lobotomie peut être vue comme la métaphore de
la perte de spiritualité en Amérique ?
Je crois que c’est plutôt une métaphore de la passivité
qu’on observe chez de nombreux spectateurs mais surtout que l’on fabrique au
niveau de l’industrie cinématographique. Je m’intéresse beaucoup à la réception
des films chez les spectateurs. Le cinéma et les séries sont aujourd’hui conçus
pour rendre les gens passifs, baisser leur niveau culturel et les rendre
malléables. Pour moi, il y a un parallèle entre le procédé chirurgical et la
volonté d’annihiler la culture et l’esprit chez les spectateurs.
Considérez-vous votre film comme politique ?
Pour moi, tous mes films sont politiques ! (rires). The
Mountain : une odyssée américaine ne traite pas de l’utopie directement mais du
récit d’une utopie. Les personnages masculins sont prisonniers de ce récit
utopique qui a trait au progrès et à la compétition. De l’extérieur, on les
perçoit comme des personnages qui s’effondrent et qui sont dysfonctionnels mais
à l’intérieur, ils sont mus par ce rêve utopique qui nous vient d’une Europe
agitée et qui a été importé en Amérique puis exporté partout dans le monde. Je
pense que The Mountain : une odyssée américaine est un film anti-utopique. Il
est critique envers la narration. C’est un film formel avant tout.
Quel a été le processus de fabrication du film ? Comment
travaillez-vous ?
Dans le plus grand désespoir ! (rires). Faire des films aux
Etats-Unis est très compliqué surtout si vous vous opposez à un modèle
commercial. Nous avons trouvé un partenaire formidable en Vice Studio. Mais il
est très compliqué de faire un film d’époque volontairement difficile, sans
financements émanant de l’Etat. Nous avons tourné pendant cinq semaines à
l’automne 2017 : dans 14 villes différentes au Nord de New York, mais aussi
dans six autres décors dans le Pacifique nord, non loin du Canada. Ainsi que
dans le Parc national Olympique, situé dans l’Etat de Washington, nous avons
fait deux côtes ! C’était une production très ambitieuse. Mon écriture a
évolué. Pour mes premiers films, je partais de scénarios que je modifiais
pendant la production. J’ai toujours pensé que le cinéma indépendant trouvait
son modèle dans le cinéma de Cassavetes aux Etats-Unis. Il est à la fois
introspectif et réactif. Mais quand les budgets augmentent, c’est toujours un
risque pour les investisseurs. Je m’arrange toutefois pour que dans mes films,
et à l’intérieur de ce qui est écrit, subsiste une part de chaos, de dysfonctionnement
et d’échec. Ce, même si le film est déjà entièrement scénarisé et formellement
très élaboré, j’espère qu’il y aura quelque chose qui va m’échapper, ce qui est
toujours fécond pour le film. Nous faisions deux à trois prises pour chaque
scène, ce qui fait qu’elles n’étaient pas tant perfectibles que cela, même s’il
y avait des variations dans le jeu des acteurs. Je ne storyboarde jamais mes
films mais sur le plan formel et la photographie, je suis sur la même longueur
d’ondes que mon directeur artistique, Lorenzo Hagerman. Je voulais que mes
cadres soient très composés et que cela soit le plus visible possible.
Sans la joie ou l’excitation liée à cette démarche
ostentatoire mais au contraire, à l’intérieur de cadres très rigides. Cette
approche s’inscrit en réaction au fait que le public s’attache essentiellement
à l’histoire, sans questionner les éléments formels d’un film. Il est même
souvent ignorant de la forme. Notre esprit critique a été domestiqué au 20ème
siècle. Or, un film n’est pas unidimensionnel. Il contient une forme.
L’usage de couleurs ternes, que l’on retrouve d’un décor à
l’autre et dans les costumes, donne l’impression que les personnages évoluent
dans une prison mentale...
J’adore l’idée de personnages prisonniers du cadre. Cela renforce
l’idée que ce que l’on voit n’est pas réel, que c’est un échec. Ce qui fait de
The Mountain : une odyssée américaine un objet formel qui produit des effets
sur nous.
Je veux que le public prenne conscience de l’artificialité
du film pour qu’il s’interroge sur la forme. La croyance dans le récit est
alors interrompue et le spectateur est poussé à devenir critique. A part à la
fin de mon film, on ne voit jamais les personnages sortir du cadre. Les
personnages étant des avatars de nous-mêmes, nous ne pouvons pas non plus en
sortir et nous libérer. Nous sommes des sujets à l’intérieur du film. Par
rapport aux costumes beiges, j’aime les voir comme des éléments qui obstruent
le cadre. L’espace où évoluent mes personnages est un monde monotone, neutre et
sans couleurs.
Cette fin que vous évoquez est ouverte mais l’est-elle
vraiment pour les personnages ?
Ce que je recherche ardemment au cinéma, c’est les
résonances que le film trouve en nous. Je ne veux pas que le film se donne mais
qu’il nous perturbe et impacte notre existence. C’est pourquoi je suis très
attaché aux fins ouvertes. La résolution des intrigues pervertit nos attentes
et notre rapport au monde et ce n’est pas constructif du tout. L’idée de la
montagne comme pinacle et sommet à atteindre traduit le fait qu’il n’y a rien
d’achevé dans l’existence. Tout ce qui se joue en parallèle est un rêve. A la
fin du film, il n’y a même pas de montagne. Au sommet de celle-ci, il n’y a que
le ciel. Pour moi, cette fin ouverte commente l’impossibilité d’une communion
véritable entre les individus. De là vient aussi la nature utopique des choses,
je suppose.
Vous évoquez la montagne qui renvoie au titre de votre film
mais aussi à une peinture que l’on voit dedans. Jack, interprété par Denis
Lavant, dit que ce n’est pas une montagne mais sa représentation. On songe
alors au tableau de Magritte, Ceci n’est pas une pipe, aussi intitulé La
trahison des images. Quand Andy et le docteur Fiennes se rencontrent la
première fois, le jeune homme lui vend une pipe, ce qui n’a rien d’anodin.
Votre film est-il une méditation sur les images et le pouvoir de la
représentation ?
C’est implicite en effet. Mais dans cette idée d’aiguiser la
conscience de la forme chez le spectateur, j’avais besoin de pointer
l’irréalité de ces images. Je pense que les enfants sont dotés d’un incroyable
sens critique. Quand ils regardent une image, ils sont émerveillés car ils
comprennent qu’il s’agit d’une représentation, d’un objet unidimensionnel. Mais
quand on grandit, on croit au récit et on place toute notre croyance dans la
fausse réalité des images.
Ce qui nous rend perméables à la manipulation. Je dis
souvent sur le ton de la confidence que si Donald Trump a été élu, c’est
précisément parce que notre capacité à appréhender la forme s’est dégradée.
Quand on regarde ces écrans unidimensionnels, les réseaux sociaux, on ne se
pose plus de questions. Je ne me considère pas comme un moraliste. Je préfère
parler d’éthique.
Avez-vous conçu votre film comme un objet réflexif
c’est-à-dire qui réfléchirait à sa propre forme ?
Absolument. Je veux que le public réfléchisse à la forme
tout comme moi j’y ai réfléchi en amont. Je veux que les spectateurs soient
conscients du corps du film. J’espère aussi que leurs yeux soient distraits par
la bande passante de l’ordinateur ou la tête qu’ils ont devant eux au cinéma.
Il y a plein de ruptures dans mon film qui permettent ce désengagement. Je veux
que le public devienne méga cognitif. Regarder un film devrait être une
expérience constructive.
Votre film est un road movie mais dominé par une impression
de surplace. Malgré les déplacements, on a l’impression que les personnages ne
vont nulle part...
Mon film précédent Entertainment comportait lui aussi des
éléments du road movie. Il s’inscrivait dans la tradition des films de Monte
Hellman. Ici, c’est cathartique. Cette impression de surplace renforce l’idée
d’une destination impossible. Je joue complètement avec les codes du genre et
avec le potentiel illimité qu’offre la frontière mythique de l’Ouest américain.
Elle imprègne toujours les consciences aux Etats-Unis.
Dans quelle mesure Robert Bresson vous a-t-il influencé ?
Robert Bresson est très important pour moi. L’argent a
exercé une grande influence sur mon travail et particulièrement sur ce film. Je
suis sensible à sa volonté de perturber les perceptions du spectateur, de
déconnecter le film de la littérature et du cinéma qu’il appelait théâtre
filmé, au profit du cinématographe. Sa volonté de rompre avec un modèle
commercial constitue aussi un exemple pour moi.
Vous vous entourez habituellement d’acteurs non
professionnels, comme Robert Bresson d’ailleurs. Pourquoi travaillez-vous cette
fois-ci avec des acteurs confirmés ?
J’ai voulu me frotter au cadre du cinéma commercial. Je veux
pouvoir marcher dans cette arène, jouer dans cet espace. Actuellement, cela
m’intéresse plus que la reproduction fidèle du réel. J’aime plus l’illusion de
la réalité que la réalité elle-même. Les « modèles » de Bresson et sa volonté
de reproduire l’énergie inhérente aux comportements humains étaient vraiment
téméraire et incroyablement intéressant. Mais il n’y est pas parvenu tout à
fait. Il a inventé ce travail sur les voix à la place.
Voyez-vous votre film comme une abstraction ?
Mon film s’inscrit dans une forme de réalisme perturbé.
C’est en cela, je pense, que c’est une abstraction mais il comporte encore des
éléments réalistes. Je ne veux pas que tout mon film soit une abstraction car
si c’était le cas, il serait purement formel. C’est un hybride. Je veux que le
public pense qu’on est dans un cinéma commercial et le surprendre afin qu’il le
perçoive comme la métaphore d’un récit dysfonctionnel.
Pourquoi votre choix s’est-il porté sur Jeff Goldblum pour
incarner le docteur Fiennes ? Comment s’est-il préparé pour son rôle qui joue
sur une double nature de personnage, à la fois inquiétante et grotesque ?
Jeff est incroyablement curieux, charismatique et généreux.
J’ai jusqu’à présent choisi mes acteurs, en fonction de ce que je pouvais
exploiter chez eux, comme la manière de parler par exemple. J’ai utilisé ici le
charisme de Jeff. Je ne voulais pas avoir à le fabriquer chez le personnage. Je
voulais que le public ait accès à lui facilement. J’ai donc injecté beaucoup de
sa personnalité, tout en évacuant sa nature sociable pour qu’il se transforme
quand même.
Nous nous sommes penchés tous les deux sur la biographie de
Walter Freeman. Et particulièrement sur ce moment où il est tombé en disgrâce
quand les anxiolytiques sont arrivés sur le marché. Jeff a lu des écrits de
Freeman, ainsi qu’une biographie qui n’avait pas été publiée mais à laquelle
nous avons eu accès. Il s’est aussi documenté sur la neuro-chirurgie et les
opérations de lobotomie.
Tye Sheridan interprète Andy dans ce douloureux récit
d’apprentissage. Quelle est la nature de la relation qu’il entretient avec
Fiennes ?
Tye est connu pour sa sensibilité, son émotion et l’empathie
qu’il suscite chez le spectateur. Il jouait dans mon film précédent
Entertainment. Il a eu 18 ans pendant le tournage et 21 ans sur celui-ci donc
on peut dire qu’on a franchi des étapes importantes ensemble ! Andy veut
utiliser Fiennes pour retrouver sa mère qui est la figure absente et idéalisée
dans le film et dans ce monde masculin grotesque. Udo Kier, qui joue son père,
m’a été présenté par un ami réalisateur canadien. La scène de ses funérailles
sur la glace s’ajuste complètement à sa folie !
Vous faites appel à un autre acteur européen, l’acteur
français Denis Lavant. Est-ce que sa physicalité était un atout pour le rôle de
Jack ?
Denis est précisément connu pour ses performances physiques.
De toute évidence, c’est une force de la nature. C’est aussi l’un des plus
grands « performers » avec lequel j’ai travaillé. Ses monologues étaient plus
longs encore dans le scénario d’origine.
Nous les avons partiellement coupés. Denis est tellement
dans l’intensité du moment qu’on a l’impression que ses dialogues, qui
comportaient des parties en français et en anglais, sont improvisés.
Le monologue de Denis Lavant est assez impressionnant...
Son monologue a une double influence : tout d’abord, il est
en partie inspiré par le roman Perturbations de Thomas Bernhard. Le personnage
principal y est un émigré impuissant et diminué, perdu dans son propre discours
fantastique. Il est à la recherche d’un Nouveau Monde spirituel utopique, qui
va finalement le décevoir.
La deuxième influence vient de l’occultiste et théosophe
Madame Blavatsky. Selon elle, le Mount Shasta en Californie était le noyau du
florissant mouvement New Age d’Amérique, considéré comme un lieu sacré au 19ème
siècle. On disait alors que c’était le refuge du peuple de Lémurie, un
extraordinaire peuple d’hermaphrodites venant d’un continent perdu.
Hannah Gross est devenue l’égérie du cinéma indépendant
américain. Comment percevez-vous son personnage ?
Je pense que c’est le personnage le plus audacieux du film.
On a beaucoup parlé de son personnage ensemble et du fait qu’elle choisit de se
faire lobotomiser, ce qui constitue une fuite. C’est le personnage le moins
naïf du film. Elle effectue ce choix en toute connaissance de cause.
Quels sont vos nouveaux projets ?
J’écris actuellement un film d’horreur psychologique qui se
passe au 12ème siècle, dans un monastère en Europe. Le casting est encore
secret mais vous verrez qu’il y a un lien avec la France !
Source et copyright des textes des notes de production @ Stray Dogs Distribution
#TheMountain
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