Comédie/Romance/Une comédie de saison qui réchauffe le coeur
Réalisé par Paul Feig
Avec Emilia Clarke, Henry Golding, Emma Thompson, Michelle Yeoh, David Mumeni, Liran Nathan, Rodrig Andrisan, Rebecca Root...
Long-métrage Britannique/Américain
Durée: 01h43mn
Année de production: 2019
Distributeur: Universal Pictures International France
Date de sortie sur les écrans américains : 8 novembre 2019
Date de sortie sur nos écrans : 27 novembre 2019
Résumé : Kate traîne derrière elle une série de mauvaises décisions et erre dans Londres au son des grelots accrochés à ses bottes de lutin, seul emploi qu’elle ait réussi à décrocher dans une boutique de Noël. C’est pourquoi elle n’en croit pas ses yeux quand elle rencontre Tom qui semble voir en elle bien plus que ce qu’elle laisse paraître. Alors que la ville se pare de ses plus beaux atours pour les fêtes de fin d’année, rien ne semblait les prédisposer à nouer une relation. Mais parfois, il suffit de laisser opérer la magie de Noël, d’ouvrir son cœur et d’y croire…
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : le réalisateur Paul Feig revient en cette fin d’année avec une histoire de cœur. Le titre LAST CHRISTMAS fait à la fois référence à la période de Noël avec sa magie et son ambiance particulière, ainsi qu’à la célèbre chanson éponyme écrite par George Michael qu’il interprétait avec son groupe Wham!. Le film est d’ailleurs un hommage au chanteur puisque les scénaristes Emma Thompson, Bryony Kimmings et Greg Wise se sont inspirés de cette chanson pour écrire le scénario de ce long-métrage et que plusieurs autres tubes de Georges Michael en marquent les moments clés. Les fans du chanteur et des comédies de Paul Feig seront donc aux anges. Et il est vrai, dans tous les cas, qu’il n’est pas désagréable de se laisser porter par cette parenthèse de saison sur des rythmes qu’on aime.
Paul Feig a effectué sa mise en scène dans la ville de Londres. Il nous permet de voyager et de rentrer dans l’atmosphère de ce lieu qui se pare de petites lumières festives quand arrive la saison de Noël. Il en joue comme un élément de comédie et cela fonctionne bien. On se dit que ça va être trop, mais il oppose la douceur des décorations artificielles à des sujets de société difficiles et bien réels. C’est la force de ce réalisateur qui, à travers le rire et sur un ton léger, au milieu des tralalalalas, réussit à placer quelques messages sur des thèmes durs qui viennent équilibrer le propos. Il nous laisse comprendre au fur et à mesure le contexte et la raison pour laquelle l’héroïne est toujours à côté de la plaque dans ces agissements. Son chemin vers le dénouement est un peu redondant sur certains aspects, mais il déploie une galerie de personnages attachants.
Emilia Clarke interprète Kate, une jeune femme déphasée, maladroite, qui semble vouée à rater tout ce qu’elle entreprend. L’actrice a une super bouille qui va bien avec son rôle, car elle provoque l’empathie et la sympathie. Elle réussit à faire évoluer sa protagoniste en nous guidant dans les changements qui s’opèrent en elle.
Henry Golding, interprète Tom, un garçon doux, gentil et désintéressé qui veut montrer le bon chemin à Kate. Le charme de l’acteur agit et son duo avec Emilia Clarke est séduisant.
Michelle Yeoh, interprète Santa, une femme et patronne sympathique qui tient à Kate. L’actrice est crédible autant en responsable de boutique qu’en romantique intense.
Emma Thompson, à la fois drôle et touchante, interprète Petra, une maman d’origine Yougoslave, inquiète et qui n’a jamais vraiment trouvé ses marques à Londres.
LAST CHRISTMAS est une comédie qui saura vous faire sourire et vous émouvoir aussi. Il faut laisser le temps à la narration de laisser les personnages prendre tout leur relief. L’esprit est vraiment bon enfant et dans le fond, le réalisateur traite des sujets importants. C’est un sympathique divertissement qui réchauffe et fait songer à la phrase bien connue des Pensées de Pascal « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
Paul Feig a effectué sa mise en scène dans la ville de Londres. Il nous permet de voyager et de rentrer dans l’atmosphère de ce lieu qui se pare de petites lumières festives quand arrive la saison de Noël. Il en joue comme un élément de comédie et cela fonctionne bien. On se dit que ça va être trop, mais il oppose la douceur des décorations artificielles à des sujets de société difficiles et bien réels. C’est la force de ce réalisateur qui, à travers le rire et sur un ton léger, au milieu des tralalalalas, réussit à placer quelques messages sur des thèmes durs qui viennent équilibrer le propos. Il nous laisse comprendre au fur et à mesure le contexte et la raison pour laquelle l’héroïne est toujours à côté de la plaque dans ces agissements. Son chemin vers le dénouement est un peu redondant sur certains aspects, mais il déploie une galerie de personnages attachants.
Emilia Clarke interprète Kate, une jeune femme déphasée, maladroite, qui semble vouée à rater tout ce qu’elle entreprend. L’actrice a une super bouille qui va bien avec son rôle, car elle provoque l’empathie et la sympathie. Elle réussit à faire évoluer sa protagoniste en nous guidant dans les changements qui s’opèrent en elle.
Henry Golding, interprète Tom, un garçon doux, gentil et désintéressé qui veut montrer le bon chemin à Kate. Le charme de l’acteur agit et son duo avec Emilia Clarke est séduisant.
Emma Thompson, à la fois drôle et touchante, interprète Petra, une maman d’origine Yougoslave, inquiète et qui n’a jamais vraiment trouvé ses marques à Londres.
Copyright affiches/photos © 2019 UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL
LAST CHRISTMAS est une comédie qui saura vous faire sourire et vous émouvoir aussi. Il faut laisser le temps à la narration de laisser les personnages prendre tout leur relief. L’esprit est vraiment bon enfant et dans le fond, le réalisateur traite des sujets importants. C’est un sympathique divertissement qui réchauffe et fait songer à la phrase bien connue des Pensées de Pascal « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
À
L'ORIGINE DE LAST CHRISTMAS
"PRAYING FOR
TIME" : LA GENÈSE DE LAST CHRISTMAS
Il y a
presque 10 ans, le producteur David Livingstone a eu l'idée de développer une
comédie romantique basée sur la chanson "Last Christmas" de George
Michael. "Je suis un grand fan de LA VIE EST BELLE (Frank
Capra, 1947), et je cherchais à faire un film de Noël et à retrouver ce charme
indémodable", nous confie-t-il. Pour lui, la plus évidente
évocation de Noël était la chanson de Wham !, "Last Christmas". "On
l'entend en boucle chaque année, à la radio, dans les magasins. Je me suis dit
que ce serait formidable d'en faire un film".
Le
producteur suggéra l'idée au chanteur qui la trouva intéressante… sous réserve
que l'actrice, scénariste et productrice Emma Thompson soit impliquée dans le
projet. "J'avais travaillé avec Emma
sur NANNY MCPHEE (Kirk
Jones, 2005) et LOVE ACTUALLY (Richard
Curtis, 2003). On a pris rendez-vous et Emma est venue avec quelques idées, et
boum, elle est partie voir George Michael. J'étais surexcité de les imaginer
ensemble : deux icônes britanniques au sommet de leur art. Leur rendez-vous
s'est bien passé et le projet était sur les rails".
Emma
Thompson reconnaît avoir d'abord douté : "J'ai
dit à David que j'allais y réfléchir. La chanson me trottait dans la tête et me
rappelait sans cesse que je n'avais jamais écrit une comédie romantique digne
de ce nom. J'en ai parlé à mon mari Greg Wise. On s'est mis à cogiter ensemble,
au cours de nos longues balades en Écosse, où nous vivons. Le projet prenait forme,
mais c'était laborieux. On essayait de raconter l'histoire à l'envers".
Plusieurs années se sont écoulées avant
que le producteur ne revienne à la charge, mais Emma Thompson n'était plus
disponible pour plancher sur le scénario. Elle a suggéré à la production de
chercher un scénariste motivée et leur choix s'est arrêté sur Bryony Kimmings. "On
l'a rencontrée et on lui a dit : "Voilà l'histoire, les personnages et la
dynamique familiale", se souvient Emma Thompson. "Bryony
s'est emparée de tout ça et a rédigé un premier jet rempli de trouvailles
narratives et visuelles. Ça a relancé le projet sur lequel on a encore planché
deux années durant avec Greg". Emma Thompson avait rencontré George
Michael en 2014 : "On avait passé un très bel
après-midi ensemble. C'était un homme généreux et il était très attaché au
propos social du film. J'aurais adoré
pouvoir travailler avec lui". Mais le 25 décembre 2016, on apprit la
mort tragique du chanteur. Ses fans étaient en deuil et le producteur se
souvient : "George connaissait les grandes
lignes de l'histoire, mais il n'avait pas lu le scénario. J'avais l'impression
qu'on tenait quelque chose de fort, mais on ne savait plus trop quoi en faire…
jusqu'au jour où Greg Wise est tombé sur David Austin, l'ami et ancien manager
de George Michael.
David a relancé le projet. On a _fixé un rendez-vous avec Emma, et
David nous a fait écouter des morceaux inédits de George. C'était galvanisant, ça
nous a tous reboostés. On avait un super scénario dans les mains et on allait
rendre un bel hommage à cette formidable icône de la pop".
Pour
Emma Thompson, les nouveaux morceaux du chanteur s'imbriquaient avec bonheur
dans la dernière version de l'histoire, sur laquelle elle travaillait avec Greg
Wise. "La devise de Tom,
c'est : "Lève les yeux", parce qu'il y a toujours quelque chose
d'inattendu à voir", déclare-t- elle. "Mais lever les yeux, c'est aussi se détacher des choses
matérielles. Le capitalisme nous assène l'ordre d'acheter, sans quoi c'est
notre malheur assuré. Tout se passe à une certaine hauteur d'yeux, celle des
rues, des vitrines. Il faut lever les yeux pour s'en affranchir, pour arriver à
se dire : "Quoi ? C'est que de la merde, ça !""
"Tom vit dans un univers parallèle, parce qu'il est ouvert
d'esprit. Je ne dis pas qu'il est parfait, pas du tout. Il est assez suffisant
et un tantinet critique. Je ne voulais pas écrire une histoire dans laquelle le
mec idéal montre à une femme ce qu'est la vie, ce qu'on voit déjà beaucoup trop
souvent au cinéma. Tom est intéressant et singulier, et il n'a pas de portable,
ce qui de nos jours, est hyper bizarre".
"Il s'agit d'apprendre à utiliser son cœur, à vivre et à
s'aimer soi-même. Il s'agit aussi d'apprendre à se prendre en charge, à
s'assumer soi-même, ce qui est de plus en plus rare de nos jours. Très peu de
personnes atteignent l'âge adulte, on est obsédé par le fait de rester jeune.
On vit dans une époque très narcissique".
Pour
la scénariste et actrice, il fallait éviter la tendance à la simplification de
l'âme humaine dont souffrent trop souvent les comédies romantiques : "Tout ce qui me tient à cœur est dans cette histoire : notre façon
de nous comporter, de prendre soin les uns des autres, d'aimer et de vivre dans
un monde moderne où il est si facile de perdre de vue l'essentiel". C'est également ce qui a dicté cette idée d'"émigré en terre
étrangère" évoquée dans le fi lm. "Les parents de
Kate sont des immigrés. On les voit réagir à l'avènement du Brexit et de Trump.
Le film se situe clairement en 2017", déclare-t-elle encore.
"Fastlove" : Emma Thompson rencontre Paul Feig
Avec
la contribution fi nale de David Austin venant parfaire leur scénario, Emma
Thompson et David Livingstone étaient prêts à partir en quête du réalisateur
idéal. "Je me souviens
exactement où j'étais assise quand j'ai dit à David : "Je vais l'envoyer à
Paul Feig et à son agent Bryan Lourd pour savoir ce qu'ils en pensent", raconte l'intéressée.
"Quelques heures
plus tard, ils m'ont appelé pour me dire : "Il faut qu'on fasse ce film cette année !" Bryan l'a emballée
avec Paul et George dans un joli papier cadeau et a envoyé le tout à Donna
Langley chez Universal avec la mention : "Joyeux Noël !" Un mois plus
tard, la production du film était lancée.
Ça n'arrive jamais, ce genre de trucs !"
"Paul est un vrai féministe, et il n'a pas peur de l'affirmer.
C'est un militant pur jus et j'adore sa façon de travailler avec les femmes,
dans tous ses films. Les Américains sont doués pour les
récits épiques, et nous sommes doués pour une certaine forme d'ironie", s'amuse-t-elle
encore à dire. Et pour le producteur : "Paul Feig adore Londres, qui
correspond à sa sensibilité. Il souhaitait faire du film une déclaration d'amour à la ville.
Quand
on voit Londres avec les yeux d'un étranger, tout est nouveau. On peut
apprécier la beauté de l'Albert Bridge, de Jermyn Street, Regent Street,
Brixton et Brick Lane".
Le
réalisateur était aussi sensible à l'histoire de cette jeune femme talentueuse
qui perd confiance en elle suite à une opération qui va affecter toute sa
famille. Au début du fi lm, on apprend que Kate a récemment subi une
intervention chirurgicale salutaire. Pour Paul Feig, "Kate
se sent comme incomplète, et elle s'autodétruit. Tout le monde l'encourage et tente
de la pousser dans la bonne direction, mais sa famille et ses amis sont à bout…
quand surgit Tom, sorte d'excentrique au visage d'ange, qui s'intéresse soudain
à elle".
"Tom
semble sorti d'une comédie musicale des années 30. Il est fringant, joyeux et
voit la vie en rose. Il répète à Kate de lever les yeux. C'est le genre de type
qui voit ce qu'on loupe tous parce qu'on a le nez collé sur nos portables. Il
motive Kate à arrêter de s'apitoyer sur son sort et à apprécier le monde qui
l'entoure".
Comme ses
coproducteurs, Paul Feig s'était donné pour mission de faire de LAST CHRISTMAS un fi lm de Noël incontournable. Pour
lui, "un grand film de Noël parle d'amour, de liens
familiaux, de rédemption et de bonheur. Notre film est sentimental et drôle, il est aussi
désarmant et très beau. Notre chef opérateur John Schwartzman est arrivé à filmer Londres comme je le vois et l'aime.
Tout se conjugue pour créer une expérience immersive et émouvante qui, pour
moi, est l'essence même d'un conte de Noël".
Et pour
parfaire la magie de la ville, les mélodies indémodables de George Michael
viennent résonner aux oreilles des spectateurs. "La
force de la musique de George Michael est incroyable. Ses chansons sont si bien
écrites et arrangées qu'il est simple de leur donner une seconde vie, une troisième,
etc. Le film contient une chanson
inédite que le public devrait adorer. Le film est autant une déclaration d'amour à
Londres qu'à George Michael. Les fans seront aux anges, mais je pense aussi aux
gens comme moi qui savent qui est George Michael mais n'ont pas réellement pris
conscience de l'étendue de son talent".
L'ancienne
associée de Paul Feig chez Feigco Entertainment, aujourd'hui à la tête du
département longs métrages de HBO Max, Jessie Henderson, vint compléter
l'équipe de producteurs.
À Emma Thompson de conclure : "Il
y a eu des deuils et il y a eu de formidables rencontres. Si le film s'était fait quand George était encore avec
nous, Emilia n'aurait pas été de la partie. C'est un peu comme si j'avais écrit
le film pour elle. Ça parle à sa nature
même, à sa merveilleuse personnalité, à son âme de clown. Henry n'aurait pas
encore débuté sa carrière. Pour se faire, les films prennent souvent des chemins détournés. Il
aura fallu 8 ans pour que le projet se concrétise. Pour NANNY MCPHEE,
ça avait pris 9 ans, et pour RAISON ET SENTIMENTS, 15
ans. Mais les bonnes idées sont rares, et on en tenait une".
LE CASTING
"Everything She
Wants" : Emilia Clarke est Kate
On découvre
Kate durant ce qui est supposé être la période la plus joyeuse de l'année,
celle des fêtes, alors qu'elle travaille dans une boutique de Noël, ouverte 12
mois sur 12, l'ironie étant que Kate cherche désespérément à éviter tout ce qui
peut provoquer chez elle une émotion. "Pour Kate, Noël est un enfer.
C'est le moment où toutes les tensions, toutes les plaques tectoniques qui
constituent la famille se rencontrent", explique
Emma Thompson.
La
production s'est tout de suite tournée vers Emilia Clarke qui venait de
terminer le tournage de la 8e saison de "Games of Thrones". Dans un registre
totalement différent, l'actrice illumine l'écran, et Paul Feig s'extasie : "Emilia
est resplendissante à l'écran, et en plus, elle chante ! Sa voix est limpide,
mais on a dû l'atténuer un peu dans le film, parce que ce n'était pas le propos. Kate
n'est pas en train de vouloir devenir une star de la pop, elle cherche à
retrouver ce qu'elle a perdu et ce qui la fait se sentir entière". Et
pour David Livingstone, "Emilia parvient à jouer cette
fille un peu frustrée et agaçante avec un tel charme, qu'on ne peut que
l'aimer. Elle réussit comme nulle autre à nous faire rire et à nous faire
pleurer". Quant à la jeune actrice, elle déclare
: "Emma sait parfaitement rendre compte de la
complexité de la nature humaine. Cette histoire met à l'honneur les doutes, les
moments d'angoisse et de béatitude qui jalonnent notre vie. C'est une
célébration, qui s'adresse à tous ceux qui se sont sentis perdus à un moment ou
à un autre de leur vie, et c'est un message d'espoir".
"La
rencontre de Tom et Kate se fait dans la pure tradition de la comédie romantique.
Tom a visiblement trouvé un équilibre intérieur, alors que pour Kate, c'est
tout le contraire. Soit elle est ivre, soit elle cuve, elle tombe sans arrêt,
casse tout ce qu'elle touche. Comme le dit une amie à moi, c'est une
"renverseuse". On ne donne pas un verre de vin rouge à une
renverseuse quand on vient de changer la moquette".
Emilia
Clarke reconnaît que certaines scènes l'ont mise en situation de vulnérabilité,
mais sa confi ance en Emma Thompson et en Paul Feig l'a aidée dans ces moments
à la fois profondément intimes et drôles. Elle fut également ravie de pouvoir
creuser son penchant pour le comique de gestes sous l'œil avisé du réalisateur.
Mais la cerise sur le gâteau, elle la doit à celui qui a inspiré le fi lm : "Je
n'aurai jamais cru que j'allais un jour jouer dans un film où je serai amenée à chanter et à être
drôle. La musique de George Michael est un réel cadeau".
À son partenaire à l'affiche de
déclarer son admiration : "Emilia est bourrée d'énergie,
elle a cette étincelle dans les yeux. C'est aussi une travailleuse acharnée et
elle a trouvé le parfait équilibre entre humour et poignant, qui donne toute sa
force à son personnage".
"Freedom !
’90" : Henry Golding est Tom
Pour Paul
Feig, qui retrouvait Henry Golding avec plaisir, après leur première
collaboration sur L'OMBRE D'EMILY :
"Henry est Tom. Je voulais montrer cette facette
drôle et charmante de sa personnalité. Quand il nous a rejoint sur le projet,
je lui ai dit de se contenter d'être lui-même. C'était cette légèreté d'esprit
que je voulais voir en Tom".
Quant à
Emilia Clarke, elle déclare : "Entre Kate et Tom, ce n'est pas
le coup de foudre immédiat. Leur rencontre ne se fait pas sans quelques
frictions. Ce n'est que vers la fin du film qu'on commence à entrevoir qu'ils
ont tous deux une boucle à boucler, ce qui les a rapprochés. Henry est un
acteur incroyablement ouvert, généreux et drôle".
Dès sa
première arrivée sur le plateau, Henry Golding s'est senti soutenu par toute
l'équipe : "Emma a un sens de la
réalisation très chaleureux, presque maternel. Elle et Paul ont étroitement
collaboré pour arriver au bon équilibre entre humour et émotion. Et Paul est un
formidable chef d'orchestre".
L'histoire
se déroule en décembre 2017, au lendemain de la victoire du oui pour le Brexit,
et le fi lm s'intéresse aux conséquences humaines de ce bouleversement, et au
prix que les immigrés pourraient être amenés à payer. Pour Henry Golding, "Emma
souligne habilement la teneur sociale du film, comme le problème des sans-abri et le
rôle que nous pouvons jouer dans la balance".
Tom refuse
d'être "normalement" joignable.
Il semble
trouver Kate par hasard, qu'elle ait ou non besoin de lui. Pour Emma Thompson,
"Henry est un jeune acteur peu commun
dans la mesure où il manque cruellement d'égocentrisme. C'est formidable de trouver
une personne aussi profession nelle et enthousiaste qui n'est pas atteinte du
syndrome "je suis trop cool pour être enthousiaste". Henry était le candidat
idéal pour incarner Tom, qui est un type ordinaire. Bon, OK, il est très beau,
mais à part ça… il est surtout d'une aide inestimable pour Kate, qui est loin
d'être idiote et sent le regard légèrement critique qu'il pose sur elle".
"Il
y a un peu de Greg et moi là-dedans", poursuit
la scénariste et actrice.
"J'ai
toujours considéré que Greg était meilleur que moi, humainement. Je l'entends
dire quelque chose et je pense, ça y est, il me juge, et il a bien raison. Mais
ça me fait me sentir minable et je réagis en me comportant mal. C'est
exactement ce qui se passe entre Tom et Kate".
Pour le jeune acteur, "Tom
et Kate sont comme le yin et le yang. Au fur et à mesure de l'histoire, ils se
rapprochent et voient la part de l'autre qu'ils ont aussi en eux. Tom comprend
la douleur qu'éprouve Kate et ses difficultés avec sa famille. Il la pousse à
voir ce que le monde a de beau".
"Fantasy" : Michelle Yeoh est Santa
Santa est
la patronne sévère mais juste de Kate, au magasin de Noël Wonderful Yuletide.
Quel que soit son nom de baptême, Santa est celui qu'elle s'est donné au
magasin.
Pour Emilia
Clarke, "Santa est un peu fourbe et
railleuse, et elle a un goût très particulier pour les décorations de Noël.
Elle veille sur Kate, mais ne lui fait aucune concession. Entre elles, c'est
l'amour vache". "Kate exaspère Santa par son absentéisme, sa
maladresse, son manque d'attention envers les clients, mais elle l'aime bien
quand même. Derrière son côté bourru, elle se soucie de son sort",
nous confie David Livingstone.
Le
personnage de Santa s'inspire de la belle-fille d'Emma Thompson, Bao, que la
scénariste décrit comme "une femme parlant un anglais
parfait avec un accent chinois à couper au couteau, extrêmement intelligente,
mais juste un peu perchée et insondable. Bao vient de Shenyang, elle est issue de
la génération des enfants uniques et elle porte le fardeau d'accomplir les
rêves que ses parents ont investis en elle. Santa est propriétaire de ce magasin
qu'elle chérit, mais au cours du film,
on la voit aussi tomber amoureuse. Le développement de cette intrigue amoureuse
secondaire nous a procuré beaucoup de plaisir, on voulait trouver la personne
la plus bizarre et insolite dont Santa pourrait tomber amoureuse".
Grand fan
de Michelle Yeoh, Paul Feig était ravi d'apprendre qu'elle avait accepté le
rôle : "J'ai particulièrement aimé
montrer son côté comique. Elle a rarement eu l'occasion de faire ça à l'écran
et Santa est un personnage formidable, une bosseuse, dingue de Noël, et qui en
a fait son fond de commerce. Son magasin est en tout point excessif, avec
cependant un côté chic. Elle y vend de la camelote, mais aussi de très belles
choses".
Quant à
Emma Thompson, elle se souvient de sa rencontre avec l'actrice émérite : "Je
l'ai entendue me dire : "Vous voulez dire que je vais avoir un amoureux
?" Elle était clairement partante et pleine d'humour. Dans CRAZY RICH ASIANS,
elle joue le rôle de la belle-mère avec un tel tranchant, et avec Santa, elle
dévoile une facette encore plus comique de son talent".
Comme Kate,
Santa revient de loin, et cette attitude volontaire trouva un écho chez l'actrice
: "Santa est résolue à avoir la vie dont elle rêve, quel
que soit l'endroit où elle travaille. Quand elle travaillait chez un toiletteur
pour chiens, elle se faisait appeler "Kitty". Au magasin bio, c'était
"Miso", et à la boulangerie, "Muffin". Maintenant qu'elle
travaille dans un magasin de Noël, il semble logique qu'elle se soit baptisée
"Santa".
Santa
se dévoue entièrement à son magasin et n'a guère de temps pour quoi que ce soit
d'autre, mais elle a une tendresse particulière pour Kate qu'elle appelle son
elfe", continue Michelle Yeoh. "Kate
est fainéante, étourdie et ne prend aucune responsabilité, mais c'est une
vendeuse hors pair. Santa est un peu comme une grande sœur. Elle ne lui fait
aucun cadeau, mais elle est là pour elle".
Santa ne
sait plus quoi faire de son employée quand elle remarque un changement chez
elle suite à l'apparition d'un mystérieux inconnu. "Santa
accueille Tom comme une bénédiction. Le jeune homme semble avisé, sensible et
elle estime que c'est le genre d'homme dont Kate a besoin dans sa vie. Tom va
aider Kate à retrouver ce qui l'anime et enfin toute la beauté du monde qui
l'entoure", ajoute encore Michelle Yeoh.
Mais l'actrice appréciait aussi le coup
de foudre de son personnage face à un énigmatique Danois (Peter Mygind) qui
pousse un jour la porte de son magasin : "Santa
est très pragmatique et elle concentre toute son attention sur son magasin.
Elle aime faire les choses dans les règles, mais quand elle rencontre un homme
qui l'emballe, elle ne sait pas très bien comment réagir. Heureusement pour
elle, Kate vole à son secours et pousse Santa dans les bras du Danois".
"Heal the
Pain" : Emma Thompson est Petra
Parallèlement
à ses fonctions de scénariste et de productrice, Emma Thompson interprète
Petra, la mère de Kate, une rescapée du vieux continent. "Emma
est incroyablement drôle, mais elle est aussi pleine de sincérité. Elle n'est
jamais dans la caricature, elle interprète un archétype, une personne que nous
connaissons tous", nous explique David Livingstone. "Bien
sûr, elle s'en donne à cœur joie et infuse son rôle d'une émotion
profonde".
La pression
que Petra met sur sa fille tient essentiellement au fait qu'elle se reconnaît
en elle. "Petra a été chanteuse dans sa
jeunesse en ex- Yougoslavie et elle a du mal à s'adapter à sa nouvelle vie en
Angleterre. Elle passe la majorité de son temps à se faire du souci pour sa fille
et à chercher à savoir où elle est et ce qu'elle fait",
nous dit Emilia Clarke.
Selon
Michelle Yeoh, "Kate a une relation compliquée avec
sa mère et sa sœur. Petra veut tout régenter, elle est envahissante. Les
relations problématiques de Kate avec sa famille expliquent en partie pourquoi Santa
a un faible pour elle. Elle aimerait voir Kate accepter l'amour qu'on lui
manifeste, au lieu de constamment le repousser".
Pour jouer
Petra, Emma Thompson s'est inspirée d'une femme que son mari Greg Wise connaît.
"Je ne peux pas en dire plus",
déclare-t-elle avec le plus grand sérieux. "Sans
quoi, elle pourrait nous faire assassiner".
"C'est une personne très passive-agressive
qui a énormément souffert, et le fait est que Petra souffre du syndrome de
stress post-traumatique. Elle a quitté sa terre, sa culture, pour se retrouver
dans un pays qu'elle ne connaît pas, où elle ne parle pas la langue. Elle n'a
plus d'amis, elle est seule et elle a peur. Au fond, c'est ce qu'elle ressent,
mais elle s'en cache. La maladie de sa fille lui a dicté son mode de
fonctionnement".
Pour son interprète, la maladie de Kate
avait donné à Petra une raison d'être, mais depuis que sa fi lle a guéri, Petra
ne sait plus quel est son rôle : "Sa fille s'en va, et Petra ne peut
rien y faire. Elle est prise dans le cercle vicieux des doutes, de l'angoisse,
de la peur, du ressentiment et de la rage, et elle n'arrive pas à en
sortir".
D'après Emma Thompson, de tels
changements dans la dynamique familiale se produisent souvent. Quand un membre
de la famille change de façon radicale, et positive, ça affecte tous les
autres. "Quand Kate commence à aller
mieux, Petra se met à envisager les choses différemment. Sa fille la reconnecte
à la vie par le biais de la nourriture. On s'aperçoit soudain que cette femme
pourrait être heureuse. Ce que j'aime dans cette histoire, c'est que rien n'est
parfaitement ficelé. Je ne crois pas à "tout est bien qui finit
bien", ce sont des foutaises. Ce qu'on a essayé de faire dans ce film, c'est de donner à chacun la possibilité
de le laisser vivre dans son imagination, à la sortie de la salle".
"One More Try" : le reste de la distribution
“Tous les rôles secondaires de ce film sont basés sur des personnes que mon mari
et moi connaissons. C'est le produit d'un remarquable mélange de rencontres et
d'affinités. Et c'est aussi comme si George était parmi nous. Je ne suis pas du
genre à croire au spiritisme, mais il y a comme un petit quelque chose dans
l'air", nous confi e Emma
Thompson.
La famille de Kate
Le
clan de Petra et Kate compte également Marta (Lydia Leonard), la sœur aînée de
Kate qui assume le fardeau familial que Kate refuse de porter, et Ivan (Boris
Isakovic ), leur père et le mari de Petra qui évite, autant que possible,
de passer trop de temps auprès de sa femme constamment angoissée.
Chaque
sœur tient l'autre responsable de la discorde familiale. "Marta porte sur ses solides épaules les espoirs et les rêves
de ses parents, mais cette responsabilité ne va pas sans une dose de rancœur.
La relation entre les deux sœurs est tendue, c'est le moins qu'on puisse dire.
C'est une représentation incroyablement sincère d'un lien à la fois aimant et dysfonctionnel",
déclare Emilia Clarke.
Petra
et Ivan se sont réfugiés au Royaume-Uni avec leurs filles, fuyant l'ex-Yougoslavie,
dans les années 90. Ils ont emmené avec eux leurs rêves, leurs espoirs et leurs
peurs. Pour Emma Thompson, cet élément du scénario offrait la possibilité
d'explorer les peurs de ses compatriotes au moment du Brexit : "Je me souviens de mes amis croates me disant que c'était
exactement la façon dont "leur" guerre avait commencé. La montée du
communautarisme à la chute de Tito, quand tout le monde a dit : "Mais,
c'est nous les meilleurs..". J'ai essayé de comprendre ce besoin identitaire
après notre rencontre avec mon fils Tindyebwa, qui est un réfugié rwandais.
J'ai appris à comprendre ce besoin d'identification avec ses origines. Mais il
y a malheureusement une forme de nationalisme terriblement sinistre qui
engendre de la haine mutuelle".
La
scénariste connaît bon nombre de familles ayant fui la guerre. "Ces gens ne choisissent pas de monter dans un bateau par
plaisir, ils fuient les griffes de la mort, comme les parents de Kate. J'ai
parlé à beaucoup de connaissances de cette époque en Serbie et en Croatie. Le
père de Kate et Marta était avocat, il avait en mémoire les ravages du nazisme
et il savait que ça allait mal tourner, qu'il fallait sauver sa peau".
Ivan
a tout sacrifié sur l'autel de la famille, il a transféré toutes ces
aspirations sur sa fille aînée qui ne voulait pas devenir avocate, mais s'y est
pliée. "Marta doit d'abord
assumer son homosexualité, qui dans son pays d'origine, était interdite. C'est
une fille dévouée qui a toujours dû passer après sa petite sœur malade. Quand
la famille est mise à l'épreuve, tous ces dysfonctionnements s'accentuent et se
rigidifient, mais personne n'en parle. Marta est furieuse contre sa sœur, pour
toute l'attention qu'on lui porte. Et quand celle-ci a du mal à gérer sa
guérison, toute sa tension et sa rancune explosent à l'écran".
Proche
de Kate, on découvre encore Jenna (Ritu Arya), son amie d'enfance, enceinte
jusqu'aux yeux et qui recueille Kate, avec toutes ces casseroles, quand
celle-ci n'a plus d'autre endroit où dormir, jusqu'à ce que la patience de son
mari Rufus (Ansu Kabia) soit bel et bien à bout.
Le centre d'accueil des sans-abri
"Tom est bénévole dans un centre d'accueil pour les
sans-abri, et Kate prend petit à petit conscience de la nécessité d'aider les
autres", nous confie Henry
Golding.
"Environ une personne sur 50 est sans-abri à Londres", explique Emma Thompson. "C'est honteux et
c'est un problème qu'il faut adresser au niveau national. Nous sommes un pays
riche, personne ne devrait se retrouver à la rue".
"Le personnage d'Arthur (David Hargreaves) est un amalgame de
plusieurs personnes que j'ai été amenée à rencontrer, dont beaucoup d'anciens
soldats souffrant du syndrome de stress post-traumatique, qui a brisé leur vie
de famille", témoigne la scénariste. "Passé 25 ans, il est très difficile de se faire aider. Un de
nos acteurs, Joe Blakemore, représente ces hommes. Quant à David Hargreaves, il
sait ce qu'est la rue. Ça peut arriver à n'importe qui, parfois il y a un
parachute, et parfois pas. Ben Owen-Jones incarne quant à lui Danny, le
travailleur en charge du foyer. Il nous a confié avoir accepté le rôle parce
que ce n'était pas celui d'un handicapé, le fait qu'il soit en fauteuil roulant
était hors de propos".
À Paul Feig d'ajouter : "Quand on voit toutes ces personnes si différentes, réunies
là, on voit Londres, on voit l'humanité. Chacun a son histoire, et ces
histoires sont souvent très dures".
LA MUSIQUE
"Last Christmas" : une bande-son pour les fêtes
“Last
Christmas” est une des chansons de référence de Noël, et pour David Livingstone
: "Personne ne peut nier le fait que
George Michael était un artiste d'un immense talent et d'une intégrité
inébranlable. La possibilité d'avoir accès à son œuvre, sans même parler des
chansons inédites, dépasse nos espérances et nous avons pris notre
responsabilité, quant à l'utilisation de son travail, très au sérieux".
Les chansons de George Michael et de Wham
! qui résonnent tout au long du film et participent si bien à en définir la
tonalité, sont : “Last Christmas,” “Too Funky,” “Fantasy,” “Praying for Time,”
“Faith,” “Waiting for That Day,” “Heal the Pain,” “One More Try,” “Fastlove,”
“Everything She Wants,” “Wake Me Up Before You Go-Go,” “Move On,” “Freedom !
’90” et “Praying for Time” (MTV Unplugged).
L'ultime chanson de la bande originale,
intitulée “This Is How (We Want You to Get High)”, restait à ce jour inédite. Elle résume à merveille le parcours que Kate et Tom accomplissent
ensemble au cours du film.
Emma
Thompson commente : "Je trouve ça
troublant à quel point la poésie de George colle au film. Le cœur du film ne pourrait pas mieux être exprimé que
par “This Is How (We Want You to Get High)”. Et "Heal the Pain" n'est
ni plus ni moins que son message central. Sans s'aimer soi-même, on ne peut
réellement aimer qui que ce soit d'autre".
Une autre bonne surprise de
taille pour la production fut la découverte du talent vocal d'Emilia Clarke.
Emma Thompson se souvient : "Ce n'était pas
essentiel pour le rôle. Kate rêve d'abord de devenir célèbre, c'est une des conséquences
douteuses du monde dans lequel elle a grandi. Sa mère chantait dans des
cabarets, dans leur pays d'origine, mais la célébrité est un des corollaires peu
réjouissants et nocifs de nos professions. Au moment de tourner la dernière scène
du film, dans laquelle Kate présente le
spectacle organisé au bénéfice du foyer pour les sans-abri, Emilia a soudain
ouvert la bouche et on a découvert cette voix limpide. C'est un peu comme si le
film n'attendait qu'elle".
Les compositions originales
LAST CHRISTMAS marque la 4e collaboration
de Paul Feig avec le compositeur Theodore Shapiro pour qui le travail consiste
à "établir une complicité créative".
Les
deux hommes ont depuis longtemps mis de côté la pratique courante à Hollywood
d'avoir recours à une musique temporaire, préférant laisser naître les
compositions de façon organique. "Quand je collabore
avec Paul, je commence à travailler très en amont. On essaie de déterminer
ensemble la tonalité et le thème musical principal dès le début de la
post-production", nous confie le
compositeur. "Ainsi nous avons
dès le départ une ébauche de ce que sera la musique finale".
Alors
que la superviseuse musicale Becky Bentham et David Austin travaillaient avec
Paul Feig pour sélectionner les chansons de George Michael qui allaient faire
avancer l'histoire, le compositeur prenait lui conscience que la musique
originale du fi lm devait exister à part entière : "Il s'agissait de trouver la place des compositions
originales, vis-à-vis de la musique de George Michael. Il ne faisait aucun
doute que ses chansons seraient les points d'orgue du film, qui ne fonctionne cependant pas comme un
simple juke-box. Il fallait une musique qui accompagne les chansons et existe
aussi par elle-même. Tout était question d'équilibre".
"Mon travail ne consistait pas à me mesurer aux chansons de
George Michael, mais à créer un paysage musical équilibré. Si ses chansons et mes
compositions partaient dans deux directions opposées, cela aurait été discordant.
Mais je ne pouvais pas non plus baser toutes mes partitions sur les mélodies et
les rythmes de ses chansons. Cela aurait été redondant et excessif".
Pour
Theodore Shapiro comme pour Paul Feig, la musique ne devait en rien édulcorer
les éléments graves du fi lm, pour tomber dans le registre classique de la
comédie musicale. "Elle devait
habiter le même univers que les chansons de George dans le film, suggérer les mêmes thèmes, sans en être
une pâle copie. J'ai eu beaucoup d'insomnies à ce sujet", s'amuse aujourd'hui à dire le compositeur.
Parmi
les compositions de Theodore Shapiro, indépendantes de la musique de George
Michael, on distinguera un thème pour la rencontre de Santa et du Danois, qui
se joue comme une sorte de court-métrage scandinave, et une simple mélodie au
piano pour illustrer la magie de Londres en hiver, que réalisateur et
compositeur baptisèrent "The Londontown Theme".
La scène entre Kate et Tom
dans l'appartement de Tom, quand tous deux brûlent d'envie de se prendre dans
les bras l'un de l'autre constituait une autre forme de défi pour Theodore
Shapiro : "On pensait d'abord
laisser cette scène sans musique, mais on s'est rendu compte qu'il manquait
quelque chose. Trouver le juste équilibre pour une longue scène de conversation
intime n'est pas chose facile. J'ai finalement composé une mélodie discrète qui
illustre leur relation sans envahir la scène".
LES DÉCORS NATURELS
"Too Funky" : lever les yeux dans les rues de Londres
LAST CHRISTMAS a été intégralement tourné
au Royaume-Uni, et notamment, dans plusieurs lieux emblématiques de Londres. Le
premier coup de manivelle a été donné à Covent Garden, le 3 décembre 2018, face
à la devanture du magasin de Noël de Santa.
"Je viens à Londres depuis des années, et j'adore cette
ville. Il y a quelque chose à Londres qui me rend heureux. Je voulais pouvoir montrer
tous mes lieux préférés, mais je voulais aussi montrer la ville dans sa
diversité. On connaît pour la plupart Regent Street, Covent Garden, the Strand…
mais un peu moins Electric Avenue ou Brick Lane. C'est là que vivent de
nombreuses communautés différentes. On a débuté le tournage à Covent Garden,
qui pour moi représente le centre du monde, surtout durant la période des
fêtes. Les décorations de Noël y sont magnifiques. Je défie quiconque de
regarder ce film et de ne pas avoir
immédiatement envie d'aller tout voir par lui ou elle-même", nous dit Paul Feig.
À
Emma Thompson de préciser, "c'est très
difficile de tourner dans des endroits comme Covent Garden ou Regent Street. La
ville ne délivre pas d'autorisation. On a pu tourner à Covent Garden au moment
de Noël, parce qu'on l'a fait à 2 heures du matin, et c'était magnifique".
L'église
Sainte-Marie, située sur Wyndham Place, a servi de doublure pour les extérieurs
du foyer Saint-Jude, et pour la scène finale de concert. La désastreuse scène
d'audition de Kate habillée en elfe a été filmée au Savoy Theatre, situé sur le
Strand, et qui fait partie des monuments classés de grade II du Royaume-Uni.
La
scène d'ouverture, dans laquelle Kate enfant chante de sa voix d'ange, a été filmée
à l'intérieur de la cathédrale Sainte-Sophie, située sur Moscow Road, à
Bayswater. Consacrée en 1882, cette église était à l'origine destinée à la
prospère communauté grecque établie à Londres, principalement autour de
Paddington, Bayswater et Notting Hill.
Le
jardin secret que Tom fait découvrir à Kate lors de leur première balade n'est
autre que Phoenix Garden, situé au centre du quartier des théâtres de Londres.
La
patinoire où il l'amène s'entraîner avant son audition pour "La Reine des
Neiges sur glace" fait, quant à elle, partie de l'Alexandra Palace, ou
Ally Pally, comme les Londoniens l'ont rebaptisé. Avec ses magnifiques
verrières et sa vue imprenable sur Londres, ce bâtiment victorien du XIXe siècle est depuis longtemps
un des monuments les plus prisés de la capitale.
Et les scènes durant
lesquelles Kate et Petra se régalent de multiples saveurs du monde entier ont
été tournées au marché de Leather Lane, une rue parallèle à celle des bijoutiers
et des diamantaires de Hatton Garden, et un paradis pour les gastronomes, avec
un marché sans prétention opérant en semaine depuis plus de 400 ans.
L'ÉLABORATION DES
DÉCORS
"Waiting for that
Day" : un Londres hivernal
Le
chef décorateur Gary Freeman et sa collaboratrice de longue date, l'ensemblière
Raffaella Giovannetti, furent chargés par Paul Feig de faire ressortir le côté
enchanteur et intime de cette bonne vieille ville de Londres.
“En ces temps difficiles, il est agréable d'œuvrer de façon
positive et l'énergie d'Emma est grisante", nous confie Gary Freeman. "C'était aussi très
plaisant d'enfin pouvoir tourner à Londres. Généralement d'autres villes
servent de doublures à Londres, mais pour une fois, on avait la possibilité de
réellement mettre en avant ses charmes. En tant que Londonien, on marche
souvent d'un point A à un point B, tête baissée, et on ne profite pas du magnifique
décor. Ce qui est d'autant plus vrai durant des fêtes. Paul voulait montrer
toute la beauté de Londres, souligner son côté féerique. Il aime tout ce qui
est guirlandes, lampions et paillettes".
Quant
au décor du centre d'accueil pour les sans-abri, le chef décorateur déclare : "Il n'était pas question d'édulcorer et d'atténuer les choses.
On est allés dans un de ces centres, et ça nous a ouvert les yeux. Beaucoup de
bénévoles sont des gens qui gagnent le salaire minimum et s'occupent des plus
démunis gratuitement. On a discuté avec eux et on s'est renseignés sur le
fonctionnement de ce genre de foyer".
L'intérieur
du centre d'accueil Saint-Jude fut installé dans l'église suédoise Ulrika
Eleonora, dans le quartier de Marylebone. Celle-ci offrait le côté intime et le
cachet que l'équipe recherchait. "On ne voulait rien enjoliver", dit encore Gary Freeman. "Même de l'extérieur. Ces centres d'accueil n'affichent
jamais de grandes pancartes indiquant l'entrée. Il s'agit d'être discret pour
ne pas mettre les visiteurs mal à l'aise. C'est toujours un petit écriteau avec
une sonnette devant laquelle tout le monde attend en ligne. Il n'y a ni
désordre ni chahut".
"La devanture du magasin de Santa à Covent Garden était un
des décors les plus compliqués à élaborer", poursuit-il. "Les badauds
voulaient nous acheter les accessoires et les pièces du décor. Dans l'accord
conclu avec Covent Garden, il n'était pas question de monopoliser les lieux, et
les boutiques et restaurants devaient pouvoir rester ouverts, étant donné la
période. On a eu un week-end pour mettre le décor en place avant l'arrivée de
l'équipe de tournage dans la nuit du dimanche. C'était un challenge, mais on a
assuré".
Le magasin de Santa devait
paraître réaliste, au moins de l'extérieur. Quant à l'intérieur, tout était
permis ! "Paul voulait que
l'intérieur du magasin soit outrancier en termes de quantité et d'exubérance.
Il avait en tête une sorte de kaléidoscope féerique. On en a mis des couches et
des couches."
Ensembles décoratifs
Raffaella
Giovannetti, une ensemblière basée en Italie dont on a pu admirer le travail
dans ses collaborations avec Gary Freeman, notamment pour TOMB RAIDER (Roar
Uthaug, 2018), ALLIÉS (Robert Zemeckis, 2016) et EVEREST (Baltasar Kormákur, 2015),
mais également dans MANGE, PRIE, AIME (Ryan Murphy, 2010), nous explique son travail : "Quand j'ai commencé les préparatifs pour le film en septembre 2018, je me suis d'abord
concentrée sur le magasin de Noël, qui serait notre dernier décor de tournage,
même si les scènes d'extérieur allaient-elles être tournées au début. Et j'ai
eu le nez fin car je n'ai pas eu trop de temps !"
Au
cours de ses nombreuses visites chez des fabricants d'objets et de décorations
de Noël et dans les showrooms, la décoratrice a été stupéfaite par l'offre sans
limite qu'on lui présentait. "J'avais
l'impression d'entrer dans un conte de fées", se souvient-elle. "Il y avait des
objets magnifiques et d'autres très bizarres. C'est à partir de là que j'ai
commencé à imaginer un magasin plein de couleurs, de babioles, de pères Noël,
d'elfes et de décorations pour le moins déconcertantes. Je voulais que le
magasin soit saturé d'objets, qu'on ne voit plus un seul centimètre carré de
papier peint. J'étais retombée en enfance. On a même créé des sacs au nom du magasin,
des petits cadeaux, des boîtes et des étiquettes".
Comme
son collègue, Raffaella Giovannetti eut l'agréable surprise de découvrir que
les personnes qui faisaient leurs courses ont pris les objets du décor pour de
la marchandise de Noël à vendre : "Quand on a mis en
place une petite partie du magasin, sous l'une des arcades de Covent Garden,
les passants ne se sont pas rendu compte qu'il était factice. Ils ont cru
qu'une nouvelle boutique venait d'ouvrir pour Noël. On a dû installer des
barrières de sécurité. Ils étaient fascinés par les objets en vitrine et
voulaient savoir quand le magasin allait ouvrir".
Pour
la scène du marché dans laquelle Kate et Petra se retrouvent autour des stands
et des étalages de nourriture, l'ensemblière dut là encore travailler au milieu
des gens qui faisaient leurs courses et des curieux. "Bien qu'on ait commencé la mise en place vers 4 h du matin,
il y avait toujours du monde. Les gens touchaient les accessoires, posaient des
questions. C'était l'enfer", en rit-elle aujourd'hui.
"Les autres décors
ont été plus simples à gérer. Pour l'appartement de Jenna et Rufus, je voulais
beaucoup de plantes vertes, du jaune et du rouge. La maison de famille de Marta
et Kate rappelle l'Europe de l'Est, avec des couleurs moins vives et un style
plus sobre. Le centre d'accueil des sans-abri est rempli de dessins et de
tableaux peints par ses occupants. Les rues environnantes sont éclairées de
guirlandes et de lampions. Ce film est
plein de joie de vivre".
LA PHOTOGRAPHIE
"Faith" : trouver la lumière dans l'obscurité
Le directeur de la
photographie cité aux Oscars, John Schwartzman, et Paul Feig se connaissent
depuis 1982, quand ils étaient tous deux étudiants à l'école de cinéma d'USC.
John Schwartzman a signé la photographie de films tels que PUR SANG : LA LÉGENDE DE
SEABISCUIT (Gary Ross, 2003),
MON BEAU-PÈRE, MES PARENTS ET MOI (
Jay Roach, 2004), JURASSIC
WORLD (Colin Trevorrow, 2015), et plus récemment, L'OMBRE D'EMILY (2018),
réalisé par Paul Feig, et pour le chef opérateur, presque 4 décennies de
souvenirs en commun sont la gageure d'une collaboration facile. "Il
est passé de l'eau sous les ponts", se plaît-il à dire.
Pour lui, le plus gros défi du film
était de contourner les restrictions imposées par la ville
de Londres pour ce qui est des tournages en centre-ville, pendant la période
des fêtes. Pendant les 3 premières semaines de tournage de nuit, je n'avais
droit qu'à des petits éclairages à piles. Aucun groupe électrogène, aucun
câble, aucun projecteur n'était autorisé. On a donc choisi nos extérieurs avec
beaucoup d'attention, en incorporant les lumières de Noël de la ville, pour
parvenir à un éclairage suffisant".
LES COSTUMES
"This Is How" : des habits de fête
La
cheffe costumière citée aux Oscars, Renée Ehrlich Kalfus, dont on peut admirer
l'impressionnant travail dans des films comme LE CHOCOLAT (Lasse Hallström, 2000),
LES FIGURES DE L'OMBRE (Theodore Melfi, 2017) ou L'OMBRE D'EMILY (Paul Feig, 2018), était
bien consciente que les différences de tempérament et de façon d'aborder la vie
entre Kate et Tom devaient trouver écho dans leur façon respective de
s'habiller.
"Pour sa première séance d'essayage, Emilia arrivait tout
juste de l'aéroport", se souvient la cheffe
costumière. "Elle prenait des
vêtements dans les costumes et répétait : "Tiens, je connais cette
fille". Quand elle a enfilé son manteau léopard, l'effet a été immédiat.
De nos jours au cinéma, les personnages gardent rarement le même manteau tout
au long d'un film. Dans notre cas, Kate
a subi une intervention chirurgicale qui a changé sa vie, et son manteau est
une sorte de doudou qui la rassure, elle en a besoin".
Le
costume d'elfe de Kate était un autre élément essentiel du personnage. "On a beaucoup travaillé sur ce costume, on en a fait de multiples
versions, on les a testées à l'image : Un chapeau ? Ridicule ? Plus ridicule ?
Plusieurs chapeaux ? On s'est bien amusés. Mais la cerise sur le
gâteau, ça reste ses chaussures. On a eu l'idée de fabriquer des sur-chaussures qu'elle
pourrait mettre et enlever à volonté. Kate porte des Doc Martins à talon
massives sur lesquelles elle ajoute ces morceaux de tissu vert affublés d'un
grelot. Ça a permis à Emilia de conserver cette drôle de démarche, en léger
déséquilibre, qui sied si bien à son personnage, tout au long du film".
Kate est
aussi désinvolte dans sa façon de s'habiller que sa patronne est sophistiquée. "Santa
est une self-made-woman et elle a élaboré et parfait sa garde-robe. On lui a
créé des tenues glamours, presque excessives, mais avouons-le, Michelle Yeoh a
du mal à être quoi que ce soit d'autre que splendide".
"Tom
a une présence presque éthérée et un look légèrement teinté de nostalgie",
continue Renée Ehrlich Kalfus. "On est resté dans un style
classique, à l'image d'un Steve McQueen ou d'un Paul Newman. J'ai contacté
Ralph Lauren pour leur demander s'ils pouvaient nous confectionner un
trench-coat court qui s'ouvrirait un peu, avec du daim dans le dos. Ça permet
un léger bruissement quand il fait quelques pas de danse. L'imperméable est
très léger et le démarque de ceux qui l'entourent, qui sont tous emmitouflés
dans leurs vêtements d'hiver".
Le
tournage, principalement de nuit et en décors naturels, en pleine période des
fêtes, a été une expérience peu commune pour l'équipe des costumes, comme pour
les autres départements. "On tournait de 2 h du matin à
midi. Au début, c'était la panique. D'habitude, les costumes sont tous rangés
dans un grand camion, mais parce qu'on tournait au centre-ville de Londres, nos
équipes, comme celle des coiffeurs et maquilleurs, allaient d'un hôtel à
l'autre avec tout leur barda", se souvient la cheffe costumière.
Elle n'a
pas non plus oublié sa légère appréhension avant sa première rencontre avec
Emma Thompson : "Dame Emma Thompson allait
venir faire des essayages, et j'allais la coller dans des fripes et des
vêtements d'occasion. C'était parfaitement adapté à son personnage, mais je ne
savais pas comment elle allait réagir. Elle est arrivée, a regardé les costumes
et elle a dit : "C'est parfait". Il lui suffisait de se glisser dans
l'une de ces tenues pour se transformer en Petra : elle est simplement
extraordinaire". L'équipe des costumes était également
en charge d'habiller les sans-abris du foyer. "On
voulait éviter les stéréotypes et montrer qu'il suffit de presque rien pour ne
plus être à même de payer son loyer et tomber dans la pauvreté",
conclut judicieusement Renée Ehrlich Kalfus.
Source et copyright des textes des notes de production
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