vendredi 4 juin 2021

 Epixod a changé d'adresse !

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mercredi 26 août 2020

LES NOUVEAUX MUTANTS


Épouvante-horreur/Thriller/Fantastique/Science-fiction/Sympa mais pas sans défauts

Réalisé par Josh Boone
Avec Maisie Williams, Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Henry Zaga, Blu Hunt, Alice Braga, Happy Anderson, Thomas Kee...

Long-métrage Américain
Titre original : The New Mutants
Durée : 01h35mn
Année de production : 2020
Distributeur : Twentieth Century Studios France 

Interdit aux moins de 12 ans

Date de sortie sur nos écrans : 26 août 2020


Résumé : Rahne Sinclair, Illyana Rasputin, Sam Guthrie et Roberto da Costa sont quatre jeunes mutants retenus dans un hôpital isolé pour suivi psychiatrique. Le Dr Cecilia Reyes, qui estime ces adolescents dangereux pour eux-mêmes comme pour la société, les surveille attentivement et s'efforce de leur apprendre à maîtriser leurs pouvoirs.

Lorsqu’une nouvelle venue, Danielle Moonstar, rejoint à son tour l'établissement, d’étranges événements font leur apparition. Les jeunes mutants sont frappés d'hallucinations et de flashbacks, et leurs nouvelles capacités - ainsi que leur amitié – sont violemment mises à l'épreuve dans une lutte effrénée pour leur survie.

Bande-annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : la bonne idée de ce film est de sortir des sentiers tracés par les X-Men pour proposer un contexte particulier, et plutôt sombre, afin de nous compter l'histoire de ces jeunes mutants. Cependant, le réalisateur Josh Boone utilise trop d'ellipses, notamment dans la première moitié de son long-métrage et empêche ainsi l'intensité du propos de s'installer. Il réussit malgré tout à nous proposer des protagonistes adolescents, au passé douloureux, qui sont attachants et à mettre en place une dynamique de groupe qui fonctionne. 

Le scénario, qui s'inspire du roman graphique éponyme écrit par Chris Claremont et illustré par Bob McLeod, a été co-rédigé par Josh Boone et Knate Lee. Sans exclure quelques clichés, il réussit à offrir un angle nouveau sur la façon dont on apprend les souffrances vécues par les personnages. Il brouille aussi assez habilement les pistes par rapport à l'univers des X-Men en y faisant référence sans tomber dans l'évidence. Il y a des clins d’œil à d'autres univers fantastiques qui font sourire. Certains moments sonnent comme des redondances, alors que certaines pistes auraient pu être plus explorées. 

Le réalisateur utilise les effets spéciaux à bon escient, sans excès, ce qui permet à l'atmosphère intimiste d'être plus présente. Il y a une volonté d'insuffler des éléments d'épouvantes qui trouvent bien leur place dans le récit, sans faire exagérément peur. Dans la dernière partie, la narration s'améliore nettement. Les scènes spectaculaires sont convaincantes et prennent une ampleur inattendue.

Les acteurs interprétants les jeunes mutants permettent à chaque personnalité et particularité des protagonistes de s'affirmer. Maisie Williams interprète la gentille Rahne, Anya Taylor-Joy interprète la badass Illyana, Charlie Heaton interprète le sensible Sam, Henry Zaga interprète l'amusant et sûr de lui Roberto et Blu Hunt interprète la discrète Dani. Il est plus difficile à Alice Braga d'apporter un plus à son rôle du Docteur Reyes qui est monolithique.





Copyright photos @ Twentieth Century Studios et Marvel Entertainment 

LES NOUVEAUX MUTANTS ne s'appréhende pas comme un film de super-héros classique, il trouve une certaine force dans cette spécificité, mais il n'est pas sans défauts. On a plaisir à le découvrir à la fois pour ces jeunes acteurs, pour son atmosphère inhabituelle par rapport au genre super-héroïque et pour sa façon originale d'aborder le passé des protagonistes. 





  
#LesNouveauxMutants


Autre post du blog lié au film LES NOUVEAUX MUTANTS

DANS UN JARDIN QU'ON DIRAIT ÉTERNEL


Drame/Un film délicat

Réalisé par Tatsushi Omori 
Avec Haru Kuroki, Mikako Tabe, Kiki Kirin, Mayu Harada, Saya Kawamura, Megumi Takizawa, Mayu Tsuruta, Mizuki Yamashita... 

Long-métrage Japonais 
Titre original : Nichinichi Kore Kôjitsu 
Durée: 01h40mn 
Année de production: 2018 
Distributeur: Art House 

Date de sortie sur nos écrans : 26 août 2020


Résumé : Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Noriko et sa cousine Michiko s’initient à la cérémonie du thé. D'abord concentrée sur sa carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement séduire par les gestes ancestraux de Madame Takeda, son exigeante professeure. Au fil du temps, elle découvre la saveur de l’instant présent, prend conscience du rythme des saisons et change peu à peu son regard sur l’existence. Michiko, elle, décide de suivre un tout autre chemin.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : ce long-métrage s'inspire du roman La cérémonie du thé de l'autrice Noriko Morishita. Le réalisateur, Tatsushi Omori, également scénariste de ce film, nous convie à l’apprentissage du rituel du thé avec ces multiples gestes et ses étapes bien ordonnées. Par sa mise en scène minimaliste et fine, centrée sur ses personnages et leurs gestes, il ne se contente pas de nous guider au travers d'une cérémonie ancestrale avec ses codes et ses règles, il met aussi en exergue ces petites choses que l'on ne remarque plus dans notre quotidien pressé et bruyant, mais qui sont pourtant de petits riens qui mènent à une forme de paix intérieure si on leur consacre suffisamment d’attention. Ainsi, au travers d'un aspect culturel très fort, il universalise sa narration pour parler à tous, avec une grande délicatesse, de l'écoute, du ressenti, du toucher, ainsi que des émotions qui nous transpercent et avec lesquelles nous devons apprendre à cohabiter. 

Il met face à face l'énergie virevoltante de la jeunesse et la sagesse de la vieillesse, puis il unit l'apprentissage et la transmission. Il nous montre le ballet des mouvements, la beauté des petites pâtisseries illustratives d'un instant temporel furtif et porteuses de promesses de délices, les phrases sages qui viennent ponctuer les saisons qui s'égrènent, l’élégance des tenues traditionnelles… 

Le ton est parfois léger, voir insouciant, parfois dramatique, mais il demeure toujours lumineux. L'harmonie joyeuse et enlevée de la musique du compositeur Hiroko Sebu vient compléter ce récit avec douceur.

Noriko, la jeune femme dont on suit le parcours intérieur, est interprétée par Haru Kuroki. L’actrice est crédible dans tous les âges que sa protagoniste traverse. Grâce à son interprétation, les doutes et le manque de confiance qui assaillent Noriko tout au long de son parcours deviennent palpables.


Maître Takeda est interprétée par la regrettée Kiki Kirin, dont c’est ici le dernier rôle au cinéma ce qui le rend encore plus émouvant. Entre regards scrutateurs et exigeants, bienveillance et expérience de vie, cette magnifique actrice amène une grande justesse et une belle sensibilité à ce rôle.



Michiko, la cousine dynamique, qui prend le chemin tracé par la société, est interprétée par Mikako Tabe.


Copyright photos @ Art House

DANS UN JARDIN QU'ON DIRAIT ÉTERNEL est un film qui aborde, sans en avoir l’air a priori, des sujets profonds. Son réalisateur choisit d’aligner son rythme calme et posé avec le rituel qu’il nous fait découvrir, le but étant de prouver que la patience est une vertu qui apporte des bienfaits. En adhérant à cette notion, on sort de la séance bien récompensé par cette parenthèse philosophique, zen et touchante.

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Le jour de la projection du film, la pâtisserie TOMO avait installé un îlot thématique pour une démonstration très professionnelle et sérieuse nous permettant de découvrir le thé Matchâ, une boisson aux nombreux bienfaits. TOMO propose des ateliers pour découvrir des douceurs culinaires japonaises.













Pour compléter cette expérience bien agréable, nous avons également pu feuilleter deux livres sur le thé.



NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Noriko et sa cousine Michiko s’initient à la cérémonie du thé. D’abord concentrée sur sa carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement séduire par les gestes ancestraux de Madame Takeda, son exigeante professeure. Au fil du temps, elle découvre la saveur de l’instant présent, prend conscience du rythme des saisons et change peu à peu son regard sur l’existence. Michiko, elle, décide de suivre un tout autre chemin.

Une ode à l’apaisement et à ces petites choses qui font le sel de l’existence Madame Takeda est de celles qui ré-enchante le monde et sait écouter aussi bien les murmures du thé qui frémit que ceux du cœur des hommes. Tandis que le retour des beaux jours porte les habitants sur les plages de Yokohama ou dans les bars karaoké, elle fait le choix de la constance – « chaque journée est une belle journée », alors pourquoi chercher à combler l’existence par une frénésie trop humaine ? Son enseignement de l’art du thé lui a déjà beaucoup dit des soifs intérieures et de la manière de s’emplir, sans débordements, de cette matière chaude et savoureuse qu’on nomme aussi la vie. Et quel enseignement ! 

Captivant et hypnotique, il gorge d’importance tout ce qui pourrait ne pas en avoir. Ou en avoir trop, au point que l’analyse peut parfois prendre le dessus sur le lâcher-prise. La fluidité des gestes de Madame Takeda, du pliage d’une simple serviette à la finesse de ses pâtisseries, n’a ainsi pas d’équivalent. Sans parler de la fascination qu’exerce forcément la découverte d’un rituel riche et passionnant, dont la vieille dame fait don avec sagesse.
La cérémonie du thé n’est qu’un prétexte ou presque, lorsque le film rejoint la quête de la jeune Noriko pour chercher à comprendre le sens profond de sa vie. Sa cousine Michiko, elle, préfère foncer dans l’existence sans prendre le temps du recul. Elle rêve de voyages, d’amour, d’une famille à fonder, elle est le Japon d’aujourd’hui… Noriko admire cette insolence téméraire que sa timidité naturelle l’empêche d’appliquer. Sans idée du futur, elle se rend chaque samedi chez Madame Takeda pour apprendre le temps qui passe. Les saisons. S’inscrivant dans une tradition toute japonaise, elle apprivoise peu à peu le sentiment d’éternité, où le respect de soi et des autres communient. 24 ans plus tard, à l’heure du bilan, sa cousine Michiko, par son désir de modernité, n’a-t-elle pas reproduit un schéma autrement ancestral ? Noriko, elle, s’est vue capable de faire les mêmes choses, chaque année, de la même manière, petit à petit détachée de l’angoisse du quotidien. Est-ce maintenant que tout commence ?

Plus qu’un récit initiatique de transmission entre générations, ce film apprend à mettre des suppléments d’âme dans nos actes, pour atteindre à une plus grande liberté. Sa force est de rester aussi humble que l’enseignement de Madame Takeda. Les mouvements de la caméra, aériens, rejoignent ceux de la vieille dame dans une osmose douce et sensible. Au beau milieu de ce jardin, hors du temps, l’image de Kirin Kiki, aux yeux rieurs, semble immuable. Dans un jardin qu’on dirait éternel l’honore une dernière fois autant qu’il sublime nos petites existences. Il ne tient donc qu’à nous d’infuser le monde, d’y déployer nos saveurs. Et de déguster cette tasse de thé, revigorante !

KIRIN KIKI

Kirin Kiki, muse aux cheveux d’argent de Hirokazu Kore-eda ( Une affaire de famille, 2018) et icône du cinéma japonais (Les Délices de Tokyo de Naomi Kawase en 2015), incarne ici une Maître de thé qui symbolise à la perfection les leçons de vie qu’elle dispense. Quel plus bel hommage que ce film où le temps, une fois apprivoisé, permet d’accéder à un univers de spiritualité, harmonieux et paisible, à une forme d’éternité ? 

Kirin Kiki nous a quittés en septembre 2018 mais est rayonnante dans son dernier film.
Au fil d’une carrière marquée par d’innombrables succès, Kirin Kiki aura fini par faire de son âge une marque de fabrique. Incarnation de la grand-mère idéale, c’est sa façon d’affronter l’intimité avec la mort qui aura marqué les esprits. Une bataille plus que décennale et médiatiquement assumée avec son cancer du sein ont forgé chez elle une franchise rare (montrant par exemple ses scans à des producteurs pour décliner une nouvelle offre de film) et un détachement facilitant ses adieux : « Une leçon importante que m’a appris la maladie est que mon corps physique n’est pas vraiment le mien »,  dira-t-elle. Ce grand départ n’est que le point culminant d’une vie vécue pleinement. Promise à un brillant avenir pharmaceutique, elle rate son concours à l’université mais répond par hasard à un casting. Dix ans de théâtre shingeki débutent. Ses dettes la poussent à accepter les offres les mieux payées puis son succès lui permettra de passer de publicité en film télévisé et de film télévisé en long-métrage, et de s’assurer une grande longévité à l’écran.

Tout au long de sa vie, ses choix et sa façon de parler d’elle sans détours lui auront valu quelques sourcils froncés. Son mariage en 1973 avec Yuya Ushida, grand nom du rock psychédélique japonais et ami de John Lennon, n’est pas conventionnel : après deux ans et une fille, le couple décide de « vivre séparés ensemble », une union désunie qui durera jusqu’à la fin. Déconcertante, elle vend aux enchères son propre nom. Lors d’une émission télévisée, on lui demande quelque chose de cher qui lui appartient : n’ayant « rien d’autre à vendre », elle cède son premier nom de scène, Chiho Yūki, et se rhabille du pseudonyme Kirin Kiki, trouvé au gré du dictionnaire. À l’écran et en dehors, elle ne cessera de nous donner des leçons de cinéma, de vie vécue à pleines dents, entre humilité et affirmation de soi.

HARU KUROKI

Si l’actrice démarre sa jeune carrière dès 21 ans, c’est trois ans plus tard qu’elle acquiert une reconnaissance internationale grâce à son Ours d’argent de la meilleure actrice pour La Maison au toit rouge (2015). Son rôle de jeune fille en quête de sens au sein de Dans un jardin qu’on dirait éternel lui vaudra cette fois un immense succès dans son propre pays où le film a réuni plus de 1,3 millions de spectateurs.

LE MATCHA, UNE CULTURE À PART

Le matcha est un thé vert japonais en poudre, notamment associé à l’art du thé. Que ce soit à l’occasion d’une cérémonie ou de la visite d’un jardin, il est servi à l’aide une petite spatule en bambou (Chashaku) dans un grand bol en céramique (Chawan) puis préparé avec un fouet en bambou (Chasen). Il est généralement accompagné d’une pâtisserie (mochi, dorayaki…). La fabrication du matcha que l’on connaît aurait été mise au point au XVIIIème siècle à Uji, dans le département de Kyoto. L’histoire des thés en poudre remonte au IXème siècle à la Chine des Tang jusqu’à ce que le thé soit aujourd’hui devenu la deuxième boisson la plus bue dans le monde après l’eau. Son idéogramme (« Tcha ») est composé de ceux signifiant « herbe », « humain » et « arbre ». Ces trois éléments symbolisent l’harmonie entre l’Homme et la Nature. Le « matcha de tradition » présenté dans le film tire son authenticité de méthodes de production bien spécifiques. 

Les plants de thé sont ombragés avant la récolte, qui ne se fait qu’une fois par an - lors de la première récolte de printemps. Les feuilles cueillies sont ensuite séchées, puis moulues à une vitesse précise par une meule en pierre volcanique : il faut une heure… pour quarante grammes d’authentique matcha ! Ce long travail artisanal donne des arômes et un goût unique au matcha de tradition : puissant, onctueux, sans amertume mais avec une longue persistance.




À l’occasion de la sortie du film, la pâtisserie Tomo crée le matcha « Dans un jardin ».

La pâtisserie TOMO, spécialisée dans les douceurs de l’archipel, s’est associé à Yasu Kakegawa, sourceur-sommelier en thé pour proposer une sélection exigeante de thés japonais : artisanaux, de grande qualité et respectueux de l’environnement. L’un de leurs matcha a été baptisé « Dans un jardin » en l’honneur du film et vise à faire découvrir le matcha de tradition aux Français. Produit à Uji, il vous transporte au cœur des plantations de Kyoto, sans amertume ni astringence. Tout comme le café, le thé est presque toujours mélangé par les producteurs et les grossistes pour former des lots stables et peu coûteux. 

Les thés TOMO quant à eux sont le fruit du travail d’un seul producteur faisant pousser une variété unique, et cueillis uniquement lors de la première récolte de printemps. Leur qualité gustative et culturelle ainsi que leur traçabilité est entière. Le mot « matcha » étant peu protégé il est souvent utilisé abusivement et vous trouverez dans le commerce beaucoup de matcha qui ne respectent pas ces critères : moins mousseux, plus amers, ils n’offrent pas le même plaisir à la dégustation.


Source et copyright des textes des notes de production @ Art House

  
#DansUnJardinQuOnDiraitEternel

mercredi 12 août 2020

LIGHT OF MY LIFE



Drame/Science fiction/Dur dans son propos, sensible, très bien réalisé, superbes interprétations

Réalisé par Casey Affleck
Avec Casey Affleck, Anna Pniowsky, Elisabeth Moss, Tom Bower, Timothy Webber, Hrothgar Mathews, Kory Grim, Patrick Keating... 

Long-métrage Américain
Durée : 01h59mn
Année de production : 2019
Distributeur : Condor Distribution

Date de sortie sur nos écrans : 12 août 2020


Résumé : dans un futur proche où la population féminine a été éradiquée, un père tâche de protéger Rag, sa fille unique, miraculeusement épargnée. Dans ce monde brutal dominé par les instincts primaires, la survie passe par une stricte discipline, faite de fuite permanente et de subterfuges. Mais il le sait, son plus grand défi est ailleurs: alors que tout s'effondre, comment maintenir l'illusion d'un quotidien insouciant et préserver la complicité fusionnelle avec sa fille ?

Bande-annonce (VOSTFR)



Extrait - "C'est mon fils" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Casey Affleck est à la fois réalisateur, scénariste et acteur de son film. Il impressionne sur les trois plans. Le scénario trace les contours de cette histoire fantastique, qui sonne comme une réalité alternative extrêmement plausible - voire comme un miroir au reflet véridique de nos sociétés existantes sur certains plans -, avec précision et par petites touches. Il aborde des thématiques fortes sur la résilience, l'intégrité, la parentalité, le deuil, la féminité et la masculinité. 

On découvre de quoi il retourne au fur et à mesure, mais ce long-métrage reste sans cesse centré sur son sujet principal, la relation entre un père et sa fille. Il n'y a pas d’esbroufe. Les dialogues tiennent une place essentielle pour transmettre les liens entre les deux personnages et les risques encourus par l'enfant. Le réalisateur nous fait ressentir la force de leur fusion dans laquelle se mélange peur, survie, confiance et amour.  

Ses plans dans une luminosité réduite et maîtrisée dans lesquels les deux protagonistes se retrouvent comme seuls au monde sont très beaux. Il sait créer une ambiance particulière pour son récit tout en utilisant les décors naturels pour le servir. Lorsque l'action intervient, elle est brutale, à l'image du propos de fond. 

Casey Affleck est extrêmement juste dans le rôle de ce parent qui se pose les mêmes questions que n'importe quel père face à fille en passe de devenir adolescente, mais dans un contexte terrible, en devant trouver un équilibre pour la protéger à tout prix, lui conserver une petite part d'enfance et d'humanité, sans la couper de ce qu'elle est : une femme en devenir.



Face à lui, Anna Pniowsky est tout à fait remarquable de part la justesse de son jeu et de ses expressions dans le rôle de Rag. 





Les seconds rôles, interprétés entre autres par Elisabeth Moss et Tom Bower, apportent un complément solide à ce duo.

Copyright photos @ Condor Distribution

LIGHT OF MY LIFE fait ressentir avec délicatesse le désespoir de son contexte terrible aux spectateurs, il est d'une grande sensibilité. Il en émane une beauté venant de l'amour entre ces deux êtres et un drame touchant qui nous remue puis nous fait réfléchir, car il reste avec le spectateur une fois le générique de fin passé.

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

NOTE D’INTENTION DU RÉALISATEUR 

En tant que cinéaste, je suis attiré par les histoires qui mettent en valeur notre humanité. L'histoire d'un parent dévoué par-dessus tout à son enfant en est une dans laquelle j'espère que tout un chacun pourra se retrouver. En tant que père de deux enfants, je leur ai raconté beaucoup d'histoires au moment du coucher. Chacune, bien que parfois inspirée de celle d'avant, devait être inventée de toutes pièces sous peine d’encourir la critique de leur part. L’histoire de LIGHT OF MY LIFE a été conçue dans cet esprit. 

J'ai commencé à écrire LIGHT OF MY LIFE il y a dix ans. En voyant grandir mes enfants, mon expérience de parent a évolué, et les histoires que je leur racontais ont changé. C’est après l’épreuve d’un divorce que l'histoire a pris sa forme définitive. Au-delà d’un film d’anticipation, c'est l’histoire d’un parent isolé qui doit faire le deuil d’une famille autrefois soudée. 

Au centre de ce film, une enfant de 11 ans est sur le point de devenir une jeune adulte. L'autre personnage principal est le père répondant simplement au nom de « Papa ». L'événement cataclysmique qui lance le récit, vise à poser les enjeux d'un conflit ordinaire et immuable entre parents et enfants : les premiers ont le désir de protéger, et les derniers ont la volonté de se débrouiller seuls. 

Le film dépeint un monde où l’enfant est soumis à une menace constante, une lutte pour la survie. En créant ce monde, j’étais traversé par les préoccupations d’un parent. Comment protéger son enfant de tous les dangers du monde et comment le préparer à s’en protéger ? Comment lui laisser un peu d’indépendance dès lors que le danger est omniprésent ? 

J’ai puisé mon inspiration autour de films qui ont marqué ma vie, d’ELEPHANT MAN à WITNESS, en passant par LES FILS DE L’HOMME. 

Les films ne sont jamais l’oeuvre d’une seule personne. Ce film a été réalisé par 124 personnes, et il est aussi, à des degrés divers, leur histoire. 

Casey Affleck

INTRODUCTION 

Depuis près de dix ans, un père tente de survivre avec sa fille. Elle n’était encore qu’un nourrisson lorsqu’une pandémie frappa le monde de plein fouet, provoquant l’effondrement des infrastructures, des technologies de communications et des valeurs morales. Errant dans un environnement sauvage, au milieu du chaos et des émeutes, « Papa » veille sur son enfant après que la mère de la jeune fille ait succombé à ce qu’on appela « la peste féminine ». 

« Rag », comme son père aime à l’appeler en raison de son penchant pour Raggedy Ann, est âgée de 11 ans, et tous deux vivent dans les bois, loin de toute communauté, se nourrissant essentiellement de ce que la nature peut offrir. Rag doit se déguiser en garçon quand ils se rendent en ville pour se ravitailler, ou lorsqu’ils sont en présence d’étrangers. Dans ces moments-là, Papa la désigne alors comme étant son "fils". Tous deux ont des rituels d’entraînement à la survie, comme ces « alertes rouges » consistant à gagner au plus vite des abris spécifiques en cas de besoin ; tous deux prennent le soin de couvrir leurs traces. Leur relation se nourrit de leçons de vie quotidiennes, des souvenirs que Papa a gardés du monde d’avant, de leur amour réciproque, et des histoires qu'ils partagent. 

Ces histoires font battre le coeur de LIGHT OF MY LIFE, et ce sont les scènes que le scénariste-réalisateur Casey Affleck a commencé à élaborer, dans les grandes lignes, en 2014. 

Papa et Rag vivent dans une tente de camping orange, et pendant leurs discussions nocturnes, l'intérieur de cette tente prend les allures d’une matrice, éclairée par de petites lampes qui accentuent l'intimité et le rapport père-fille. Le moment qui ouvre le film est une scène de 12 minutes - un court métrage en soi -, durant laquelle Papa improvise, à la demande de Rag, un conte sur deux renards rusés. Leur conversation prend ensuite une tournure plus sérieuse, reflétant les inquiétudes de Rag vis-à-vis du monde et de l’endroit dans lequel elle apprend à vivre. Cette scène établit immédiatement les personnages et ce qu’ils représentent l’un pour l’autre. 

« Papa et Rag évoluent dans un monde sans espoir en dehors de leur refuge qui préserve une forme d'innocence et de normalité », explique le producteur Teddy Schwarzman. « LIGHT OF MY LIFE met l’accent sur le pouvoir des histoires et des expériences communes – comme le fait de pouvoir rêver d’un avenir commun. » 

LA GENÈSE DU FILM 

Les origines de LIGHT OF MY LIFE remontent à une douzaine d'années et se trouvent dans l'un des rituels propres à tout parent, à savoir les histoires que l’on raconte à ses enfants au moment du coucher. 

Aux yeux d’Affleck, les contes qu'il racontait à ses deux fils étaient une vraie source d’inspiration. « J'ai pensé à un film sur la parentalité, la tradition orale et le rôle des contes dans l'éducation des enfants », confie Affleck. « Au fil des années, l'idée a évolué et j'ai commencé à travailler sur un scénario. » 

En 2015, la société du producteur Teddy Schwarzman, Black Bear Pictures, était en train de développer un projet qu'Affleck avait écrit lorsqu'il leur montra ce nouveau scénario. « Nous connaissions déjà Casey comme scénariste, artiste et acteur au talent certain, et nous pouvions sentir à le lire à quel point il était un conteur visuel, empathique et puissant. Je suis immédiatement tombé amoureux de LIGHT OF MY LIFE ; je n'avais jamais rien lu d'aussi sincère ou lyrique. C'était un très beau conte, à l’intérieur duquel les personnages étaient cernés par d'immenses enjeux. En tant que parents, nous faisons de notre mieux pour transmettre à nos enfants nos connaissances, nos valeurs et nos compétences, et pourtant, chaque jour, nos enfants nous surprennent et nous apprennent des choses en retour. » 

Commencé en janvier 2017, le tournage de LIGHT OF MY LIFE s’étendit sur 34 jours, à Vancouver et dans ses environs, en Colombie-Britannique, au milieu d’une grande tempête de neige. Très vite, il est apparu que le film faisait écho à l'époque dans laquelle nous vivons, où s’accumulent non seulement les menaces contre la nature, mais également l’humanité, la liberté des femmes et le vivre-ensemble plus globalement. 

« Néanmoins, rien de tout cela n’est entré consciemment dans l'ADN du film, » explique Affleck, « En ce qui concerne la dimension sociale que le film pouvait porter, je n'avais aucun parti-pris en tête. Mais si j’aime la création, c’est aussi parce qu’elle permet de parler de notre monde d’une manière oblique ; ces thèmes peuvent avoir trouvé leur chemin dans le film. À l’origine l’histoire que j’ai créée questionnait avant tout la façon de préparer ses enfants à s’ouvrir au monde tout en s’en protégeant. » 

Comme le souligne Schwarzman, « à Black Bear Pictures, nous n’avons pas de genre de prédilection. En revanche quand nous découvrons un scénario, nous nous demandons toujours : "qu’apporte-t-il au genre qu’il aborde ?". Il y avait quelque chose de beau dans cette proposition de dystopie, notamment à travers la question de savoir comment ce futur proche redéfinissait des relations humaines centrales. Comment cela change-til ce que nous sommes et qui nous sommes ? Comment ce père doit aussi préparer sa fille à son absence, non sans lui redonner une part d’espoir dans un monde crépusculaire. » 

L’assistante réalisatrice Liz Tan (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, LE HOBBIT, SPIDER-MAN : HOMECOMING), fut immédiatement sensible aux thèmes du scénario. « Je trouvais cette histoire très intrigante, j’aimais cette manière d’intégrer cette famille au milieu d’un monde qui s’écroule tout autour, et les questions que cela soulevait concernant ce que l’on peut faire pour protéger les gens qu’on aime. » 

Papa et Rag évoluent dans une société en décomposition où, selon Affleck, le manque de technologie fait aussi écho à la manière dont nous vivons au quotidien. 

« Une vie dénuée de bruits de fond liés aux technologies, c’est une utopie dont je souhaiterais qu’elle fût vraie, » déclare Affleck, « mais c'est à double tranchant, parce que vous auriez un monde moins connecté et plus dangereux. Il serait très facile pour Papa de porter une arme, mais il est clair que cela ne lui ressemblerait pas. Il ne succombe pas à la folie du monde extérieur, il préserve une forme de sens moral et les valeurs qui sont les siennes. » 

À LA RECHERCHE DE RAG 

Une des clés de la réussite du projet reposait sur l’actrice à même d’incarner Rag, une jeune fille forcée de faire semblant d’être un garçon. Après une longue recherche, la directrice de casting Avy Kaufman eut une révélation devant Anna Pniowsky ; originaire de Winnipeg, dans le Manitoba, au Canada. Elle n'avait alors aucune expérience d’actrice. « 

Nous avons vu des centaines d'actrices, et j'ai réalisé en rencontrant chacune d’entre elles que je les regardais droit dans les yeux – j’y cherchais une forme d’honnêteté, de douceur et de sensibilité », explique Kaufman, dont le travail, très estimé, l’a vue collaborer avec Steven Spielberg, Ang Lee, Peter Jackson, Michael Mann, Ridley Scott et Jodie Foster, parmi beaucoup d'autres. « Il fallait que Rag ne fasse qu'un avec son père, faire semblant d'être un petit garçon, et soit capable de garder un secret. » 

Kaufman ajoute qu'il est crucial pour elle d'oublier l’âge des candidats et de ressentir leurs émotions. « Quand je travaille avec des enfants, je leur parle comme à des adultes. Anna possédait un incroyable répondant. Elle m’a époustouflée. » 

Selon Affleck, « Anna est l’une de ces rares actrices qui vous rende curieux. On s’inquiète pour ce qu’il lui arrive. Elle ne donnait jamais l’impression de répéter un dialogue écrit, il semblait toujours naturel. Après notre rencontre, je voulais la voir réagir, de manière impromptue. Elle a une vraie présence. » 

Selon Schwarzman, « il y a une maturité qui transparaît chez Anna, du sang-froid et de l’intelligence. Cela fut une évidence dès notre première rencontre avec elle. » Surtout, Pniowsky et Affleck devaient entretenir une complicité flagrante à l'écran. « Anna et Casey ont rapidement développé un rapport unique dès la préparation », ajoute Schwarzman. 

« Ces personnages comptent l’un pour l’autre. Il y a de l'amour et de l'émotion, et aussi une tristesse qu'ils portent en eux. Ils partagent l’espoir qu'il pourrait encore y avoir un endroit sûr dans le monde, et ils ont ces histoires qu’ils se racontent entre eux. Il était évident qu'Anna possédait tous les attributs nécessaires à l’interprétation du personnage. » 

D’après Liz Tan, « On ne sait jamais vraiment avec des enfants acteurs comment les choses vont se passer, ni quelle sera leur capacité à gérer des émotions. Anna a toujours donné le meilleur d’elle-même et elle est remarquable dans son rôle. » 

UNE MÈRE ABSENTE 

Un parent décédé continue d’exercer une forme d’influence in absentia. Pour s'assurer que les flashbacks de la mère de Rag véhiculent la puissance émotionnelle voulue, Affleck a choisi Elisabeth Moss, connue pour son travail aussi bien à la télévision sur THE HANDMAID’S TALE : LA SERVANTE ÉCARLATE (récompensé aux Emmy Awards et aux Golden Globes) et MAD MEN (nommé aux Emmy Awards), qu’au cinéma pour ses interprétations dans THE ONE I LOVE, HIGH-RISE, THE SQUARE, HER SMELL, et US de Jordan Peele. 

« Même si l’on ne voit la mère que dans de brefs flashbacks », explique Affleck, « ceuxci couvrent toute l’histoire d’amour du couple, le bonheur d’avoir un bébé, la découverte de la maladie, l’éducation de leur enfant et la prise de conscience qu'elle va mourir. Elisabeth l’a joué magnifiquement en l’espace de quatre ou cinq scènes. Je savais que nous aurions besoin d'une actrice réactive, capable d’offrir une palette d'émotions. J'avais travaillé avec Elisabeth sur THE OLD MAN AND THE GUN et je l’avais trouvée formidable. Nous avons filmé toutes ses scènes pour LIGHT OF MY LIFE en une journée, à Los Angeles, et Elisabeth était totalement impliquée dans le processus. » 

Pour Schwarzman, « la mère représente cette étincelle de joie manquante à laquelle Rag et Papa essaient de se raccrocher. Nous avons vu beaucoup d’actrices, mais aucune ne nous semblait convenir au rôle. Après avoir terminé le tournage principal, Casey a dit : "laisse-moi passer un peu de temps sur le montage du film, jusqu’à ce que l’image de la mère devienne une évidence." Quelque temps plus tard, Casey a dit : "Je pense vraiment qu'Elisabeth Moss doit être la mère de Rag." Elisabeth, à bien des égards, est le coeur qui fait battre le film. » 

Pour la chef décoratrice Sara K. White (OBVIOUS CHILD, TALLULAH, BUSHWICK) : « Nous avons passé beaucoup de temps à nous assurer que les pièces dans lesquelles nous voyons Elisabeth et les endroits dont Papa se souvient soient un peu idéalisés, car nous ne les voyons qu’à travers ses souvenirs. Lorsque vous vous souvenez d'un endroit, vous ne vous rappelez pas de chaque détail. Souvent, vous vous souvenez de ce qui s'y est passé, et des émotions ressenties. Cette idée était cruciale pour rendre les scènes de flashbacks avec Elisabeth sincères et touchantes. » 

Pour la chef monteuse oscarisée Dody Dorn (MEMENTO, KINGDOM OF HEAVEN, FURY), « il fallait que les flashbacks de LIGHT OF MY LIFE soient éprouvants. Son interprétation a quelque chose d’intime et de maternel, et la réalisation est naturaliste. Même la scène où Elizabeth remarque une éruption près de son dos est jouée avec retenue —cela pourrait être une réaction à une ecchymose due à une mauvaise chute. Mais ses expressions et la délicatesse de la mise en scène nous ont permis de véhiculer beaucoup de choses en peu de plans. » 

Concernant son propre rôle, Affleck confie que l'une des clés de l’interprétation de Papa était la crédibilité du lien entre le père et l'enfant, étant lui-même père de deux enfants. « Curieusement, la première chose que je guettais, du point de vue de l’interprétation, était un sentiment d'irritation parentale, parce que c'est une expression de l’amour moins évidente », confie Affleck, « Il y a quelques moments dans le film où Papa perd son sang-froid avec Rag, et je voulais que ces scènes soient jouées dans un ton réaliste. Il fallait aussi nuancer les deux aspects du personnage de Papa : s’il est confiant dans sa capacité à protéger et éduquer Rag, il a aussi un profond sentiment de solitude et de d’angoisse. » 

Selon Schwarzman, « en tant qu'acteur, Casey peut vous faire rire un moment, et en même temps vous ressentez dix autres niveaux d’émotions qui traversent son regard. Il porte en lui la douleur de son personnage. C'était merveilleux de le voir à la fois réalisateur et acteur emmener l’équipe en lui insufflant de l’énergie et de l’entrain. Casey a su mobiliser tout le monde tout en étant devant et derrière la caméra, et en travaillant soigneusement son interprétation, ce qui est très difficile à faire conjointement. » 

L'approche d'Affleck a également contribué à approfondir le thème du film, à savoir la parentalité - avec ses creux, ses pleins et ses entre-deux émotionnels. « Le film parle de la manière d'élever soi-même un enfant et de la difficulté que cela représente. On n’est jamais le parent qu’on voudrait être cent pour cent du temps », confie Affleck. 

« Parfois, on ne l’est pas, et je voulais que Papa essaie toujours de revenir sur ses lacunes. Il dit souvent à Rag : "Je n'aurais pas dû dire ceci ou cela", reconnaissant ainsi ses propres erreurs et voulant y remédier. » 

LES DÉCORS DU FILM 

Le récit dystopique de LIGHT of MY LIFE se déroule dans des environnements essentiellement ruraux, et Affleck voulait que le ton soit inhabituel : paysages tranquilles, longue durée des plans, et absence de frénétisme même dans les moments où la tension et le danger s’accentuent. Affleck et le directeur de la photographie Adam Arkapaw (TRUE DETECTIVE, TOP OF THE LAKE, MACBETH) décidèrent de filmer au maximum en caméra fixe plutôt qu’à l’épaule. 

Selon Affleck, « j’ai toujours senti que le film fonctionnerait si les gens se souciaient vraiment des personnages, et une façon d’y parvenir était de donner aux acteurs de la liberté à l’intérieur du cadre. Je ne voulais pas qu'Anna suive des marques au sol ; je voulais nous donner l'espace d'interagir librement. Cela passait par des plans de nous deux et aussi des plans larges fixes. Cela fonctionne aussi thématiquement, car le monde de ce film est très figé. C’était souvent juste Anna et moi dans une grande maison vide ou une forêt sans vie. » 

Et Schwarzman d’ajouter : « Le style d'Adam s'adapte aux films qu'il fait, et pourtant il y a quelque chose de distinctement beau dans tout ce qu'il tourne. Il ne privilégie jamais la forme au propos. Et c'était la clé de ce que Casey cherchait: la caméra devait être là comme un observateur. Il est rare que vous voyiez une caméra en mouvement dans ce film, et cela lui a permis conférer un sentiment de vécu aux scènes, d’intime. » 

« Ma collaboration avec Arkapaw », confie Affleck, « a enrichi les parti-pris stylistiques. » Affleck et Arkapaw ont regardé et discuté de divers films, dont JOHN McCABE de Robert Altman, LA BARBE A PAPA de Peter Bogdanovich et IDA de Pawel Pawlikowski, avant le début du tournage en janvier 2017. En dépit des prévisions de l’équipe de production escomptant un tournage assez simple, à l’arrivée en Colombie-Britannique, une des pires tempêtes de neige que Vancouver ait connue en un siècle éclata. 

Le tournage se déroula principalement dans deux lieux, qu’ils appelèrent « la maison des bois » et la « maison des neiges ». Affleck et la chef décoratrice Sara K. White trouvèrent l'une des maisons rustiques dont ils avaient besoin sur l’île de Vancouver – à quatre heures de route du continent en plus d’un trajet en ferry - et l'autre maison à 2400 km. Au final, le drame météorologique hors-écran s’avéra être un atout pour le film. 

« À certains égards, cette tempête fut parfaite, parce que se retrouver dans un environnement totalement enneigé était ce dont nous avions besoin », reconnaît Affleck. « Tout le monde disait : "Vous allez juste devoir accepter le fait que ce n’est pas le temps que vous vouliez idéalement, car cela n'arrive jamais." 

En outre, j’étais encore dans la promotion de MANCHESTER BY THE SEA à ce moment-là, ce qui ne faisait que retarder davantage le tournage de LIGHT OF MY LIFE. Alors au final le fait que tout ait pu fonctionner pour les prises de vues extérieures est vraiment merveilleux ». 

Quant aux intérieurs des deux maisons, ils bénéficièrent de la part de White d’une approche polyvalente et multi sensorielle. « La "maison des neiges" avait beaucoup de chambres, c’était un espace restreint pourvu de petites ouvertures, » se souvient White. 

« Dès qu’un couloir était occupé par plus d’une personne, cela devenait très vite exigu et inconfortable. Mais ce sentiment de claustrophobie dans la maison était ce que nous recherchions. Rag et Papa devaient symboliquement se battre pour y entrer, et plus tard se battre pour en sortir. » 

Trouver la "maison des bois" fut un défi encore plus grand que de composer avec la météo, mais après une recherche minutieuse sous la supervision de White, l’équipe finit par la trouver sur l’île de Vancouver. « La "maison des bois" était cruciale car elle entre en résonnance avec Papa, le personnage de Casey », explique White. 

« Elle lui rappelle la maison que sa femme et lui auraient eue. Nous avons rapidement réalisé que cet endroit n'existait tout simplement pas dans la région de Vancouver. Nous n’arrivions pas à trouver une maison d’apparence abandonnée, qui pouvait porter la dimension émotionnelle requise. Il fallait que ce soit un endroit où Papa et Rag pourraient baisser leur garde un moment, ce qui était essentiel pour les scènes tournées à l’intérieur car c’est là qu’ils deviennent vulnérables pour la première fois. Nous avons commencé à chercher plus loin, et je me suis tournée vers les photographes spécialisés dans le déclin des zones rurales et les maisons hantées, et c'est littéralement comme ça que je l'ai trouvée : en cherchant des maisons hantées près de Vancouver. » 

Cependant, White avait besoin de créer au sein de la maison un intérieur à la fois confortable et imprégné d’une tristesse sous-jacente. « LIGHT OF MY LIFE se déroule dans un avenir proche, mais il fallait aussi créer un décor qui induise la nostalgie de Papa. Je voulais mettre dans la maison des choses avec lesquelles Casey et Anna pourraient établir une connexion. Nous avons discuté de leurs centres d’intérêt et leur avons présenté des objets et des choses qui puissent créer en eux une résonance personnelle. Le décor les a aidés à établir un lien affectif avec leur propre histoire. » 

« Ensuite, nous nous sommes concentrés sur la cuisine de la "maison des bois" et l’avons modifiée en partie », explique White. « Sara avait tellement d'idées », observe Affleck. « Elle a vraiment élevé l'histoire en y ajoutant des éléments visuellement symboliques. Elle a trouvé ces deux maisons qui étaient parfaites, et elle les a décorées avec beaucoup d’intelligence. Malgré le manque de temps et d’argent, elle a su tirer une véritable atmosphère de ces habitats. » 

Après un premier montage effectué par Christopher Tellefsen (SANS UN BRUIT, LE STRATÈGE pour lequel il fut nommé aux Oscars), Dody Dorn, lauréate d’un Oscar pour son travail sur MEMENTO et qui avait déjà travaillé avec Affleck sur son faux documentaire de 2010, I'M STILL HERE – THE LOST YEAR OF JOAQUIN PHOENIX, a collaboré avec lui pour créer un tissage narratif qui pouvait rassembler les valeurs du film en un tout cohérent. « Dody Dorn et Casey se connaissaient déjà et partageaient une vraie connivence », souligne Schwarzman. 

« Casey voulait permettre au public de vivre avec ces personnages plus longtemps que ce à quoi nous sommes habitués – au point d’ouvrir le film sur une scène de minutes mettant en scène deux personnes parlant dans une tente. Dody était assez courageuse pour dire : "comment pouvons-nous permettre à l'atmosphère de se développer, en variant le rythme subtilement au fur et à mesure que le film avance, et l’accélérer en approchant de la fin, tout en restant dans l’intimité de ces personnages." C’était un défi sur lequel Dody et Casey ont travaillé pendant environ un an. » 

Dody a su saisir les enjeux du film à travers des choix afférents à la manière de rythmer le récit. Selon elle, le style contemplatif du film contribue à notre compréhension de la menace constante qui pèse sur ces personnages. 

« Rag et Papa vivent dans la nature, mais c’est une nature menaçante », observe Dorn. « Par conséquent, les plans larges des arbres donnent aussi l'impression que quelque chose se referme sur eux — c'est une dichotomie qui crée une tension. Et il y a ce fil conducteur du besoin de renaissance, d'un endroit où les femmes soient à nouveau en sécurité. L’espoir que cela puisse exister après l'apocalypse traverse tout le film. » 

Pour Affleck, « travailler avec Dody était comme suivre un cours dans une école de cinéma. Nous avions de longues conversations qui pouvaient prendre une journée, à propos de sujets divers tels que "ce que le public ressent quand on coupe un plan ou pas", ou "ce qui se produit dans une scène lorsqu’on démarre sur un plan serré et qu’on élargit" – du plus petit détail jusqu’à la vue d’ensemble. Elle s’est toujours posée en défenseuse de l'histoire. Elle voulait que chaque scène ait son importance et fasse avancer le récit, aussi bien émotionnellement que narrativement. C'était tellement utile de pouvoir compter sur son expérience et sa sagesse en tant que personne. » 

Afin d’obtenir une partition musicale à la fois déchirante et décalée, évocatrice de périodes sombres mais où l’espoir n’a pas encore disparu, Affleck se tourna vers Daniel Hart, qui avait composé les musiques des films de David Lowery, LES AMANTS DU TEXAS, THE OLD MAN AND THE GUN, A GHOST STORY, et PETER ET ELLIOTT LE DRAGON, ainsi que des productions télévisées comme L’EXORCISTE et FOREVER. « J'ai rencontré Daniel sur A GHOST STORY, où il m'a appris à jouer du piano et a essayé de m'apprendre à chanter — sans succès.», confie Affleck. 

« Je l'ai tout de suite apprécié et j’ai aimé travailler avec lui. » « La composition musicale est ce que je connais le moins dans le domaine du cinéma », ajoute Affleck. 

« J'ai été sur tant de plateaux, j'avais l'impression de savoir, plus ou moins, ce que tout le monde fait et comment on fabrique un film. Mais je n'avais pas de vocabulaire musical, je ne savais pas comment transmettre ce que je voulais musicalement. Je savais seulement mettre des chansons et dire : "...que diriez-vous de quelque chose comme ça... ?" Je savais que j'avais besoin de quelqu'un de patient et talentueux, qui soit à l’écoute, et Daniel réunissait toutes ces qualités. Pendant une année, en postproduction, Daniel a créé de nombreux morceaux d’une grande beauté. » 

La création des vêtements de Rag et Papa, qui devaient être froissés et usés sans être rapiécés, comme si ils les avaient ramassés au cours de leurs voyages, et suffisamment neutres pour leur permettre de passer inaperçus, échut à la costumière Malgosia Turzanska, qui avait travaillé sur les films de David Lowery, ainsi que sur A BEAUTIFUL DAY, COMANCHERIA, MAGGIE A UN PLAN, et la première saison de la série STRANGER THINGS. 

« Malgosia, qui avait travaillé avec David Lowery, a dû concevoir les costumes de LIGHT OF MY LIFE sans aucun budget, et pourtant ils étaient parfaits », observe Affleck. 

« Je ne voulais pas de quelque chose de trop stylisé. Malgosia a pu trouver de vrais vêtements, avec les bonnes couleurs, convenablement vieillis et déchirés mais pas trop, et qui étaient fonctionnels. J'avais toutes ces exigences, et elle a su y répondre, tout en défendant ses convictions sur ce qui lui tenait le plus à cœur. » 

« Ce film a été difficile à faire », poursuit Affleck, « et je veux pousser un cri du coeur pour tous ceux qui ont travaillé dessus. Je n'aurais pas été en mesure de le faire sans eux. » 

Alliant une dimension épique et intime, abordant de manière émotionnelle et lucide la relation parents-enfants, la vie et ses leçons, le monde et notre grande famille humaine, LIGHT OF MY LIFE ne tire pas de conclusion. « Une fois, j'ai demandé à Gus Van Sant quel était le sens d’un film que nous faisions - "de quoi s'agit-il ? Qu’est-ce que cela signifie ? Quels sont les thèmes ?" -, et Gus a répondu, sans vouloir jouer les donneurs de leçon, "pourquoi ne pas voir si nous pouvons laisser les thèmes se révéler d’eux-mêmes ?" », se souvient Affleck. 

« J'essaie toujours de garder cela à l’esprit quand je fais quelque chose, même en tant qu'acteur. Pour raconter une histoire, et être dans la vérité, plutôt que d'essayer de tout orchestrer, il suffit de laisser le film venir à vous et vous murmurer à l’oreille. »

Source et copyright des textes des notes de production @ Condor Distribution

  
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