Thriller/Un concept original, une réalisation maîtrisée, de très bons acteurs, un film avec quelques longueurs
Réalisé par Jordan Peele
Avec Lupita Nyong'o, Winston Duke, Elisabeth Moss, Tim Heidecker, Shahadi Wright Joseph, Evan Alex, Anna Diop, Yahya Abdul-Mateen II...
Long-métrage Américain
Durée : 01h59mn
Année de production : 2019
Distributeur : Universal Pictures International France
Film interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie sur les écrans américains : 22 mars 2019
Date de sortie sur nos écrans : 20 mars 2019
Résumé : des parents emmènent leurs enfants dans leur maison secondaire près d'une plage afin de se détendre et de se déconnecter. Des amis les rejoignent. Au fur et à mesure que la nuit arrive, la sérénité se transforme en tension. Lorsque des invités - qui n'étaient pas prévus - se joignent au groupe, l'agitation palpable dégénère en chaos.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : avec US, le réalisateur Jordan Peele nous propose un concept original qui reprend les codes des films d’horreur, mais en les adaptant à son style. De ce fait, les messages prennent le pas sur la peur. Sa mise en scène est très maîtrisée. Qu’il filme à hauteur d’enfant, dans l’action ou dans la mise en valeur du contexte, il réussit à conserver un ton cohérent et fluide tout au long de son film. Le travail sur la gestion de la lumière et des décors est remarquable.
En terme de scénario, US est une allégorie sur l’identité, sur le fait d’affronter ses peurs, sur la société et les décisions tapies dans l’ombre qui impactent les citoyens. Il y a beaucoup d’idées dans cette intrigue. Une fois la situation installée, l’histoire tire un peu en longueur parce qu’elle réutilise plusieurs fois les mêmes éléments déjà explorés. Le réalisateur aurait insufflé plus de dynamisme et d’impact à l’ensemble en raccourcissant certains moments. Cependant, il est agréable qu’il nous propose une approche différente du thriller horrifique dans lequel la peur arrive moins par le côté graphique du gore que par les sensations procurées par les idées.
Les acteurs sont très bons. Il est difficile de trop en écrire sans risquer de dévoiler des éléments de l’intrigue. Cependant, Lupita Nyong'o, qui interprète Adelaide Wilson, joue très habilement toutes les facettes de son rôle.
Winston Duke, qui interprète Gabe, le mari d'Adelaide, réussit à graduer, de façon juste, l'humour dans des situations angoissantes.
Quant aux enfants Wilson, Shahadi Wright Joseph qui interprète Zora et Evan Alex qui interprète Jason, ils ont chacun un positionnement important au sein de la cellule familiale et sont tout à fait au point pour nous en convaincre.
US est surprenant par son habileté à nous prendre à contre-pied et par sa volonté de faire passer des messages d'une manière inhabituelle. Sa réalisation et ses acteurs sont également de bonnes raisons d'aller frissonner en le découvrant.
Jordan Peele, le réalisateur du film US
En terme de scénario, US est une allégorie sur l’identité, sur le fait d’affronter ses peurs, sur la société et les décisions tapies dans l’ombre qui impactent les citoyens. Il y a beaucoup d’idées dans cette intrigue. Une fois la situation installée, l’histoire tire un peu en longueur parce qu’elle réutilise plusieurs fois les mêmes éléments déjà explorés. Le réalisateur aurait insufflé plus de dynamisme et d’impact à l’ensemble en raccourcissant certains moments. Cependant, il est agréable qu’il nous propose une approche différente du thriller horrifique dans lequel la peur arrive moins par le côté graphique du gore que par les sensations procurées par les idées.
Les acteurs sont très bons. Il est difficile de trop en écrire sans risquer de dévoiler des éléments de l’intrigue. Cependant, Lupita Nyong'o, qui interprète Adelaide Wilson, joue très habilement toutes les facettes de son rôle.
Winston Duke, qui interprète Gabe, le mari d'Adelaide, réussit à graduer, de façon juste, l'humour dans des situations angoissantes.
Quant aux enfants Wilson, Shahadi Wright Joseph qui interprète Zora et Evan Alex qui interprète Jason, ils ont chacun un positionnement important au sein de la cellule familiale et sont tout à fait au point pour nous en convaincre.
US est surprenant par son habileté à nous prendre à contre-pied et par sa volonté de faire passer des messages d'une manière inhabituelle. Sa réalisation et ses acteurs sont également de bonnes raisons d'aller frissonner en le découvrant.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
DOUBLE PEINE
La Genèse de la Terreur
JORDAN PEELE n’avait pas encore terminé la production de GET OUT qu’il était déjà au
travail sur ce qu’il voulait être un film encore plus terrifiant et surtout
socialement et psychologiquement plus incisif que celui sur lequel il
travaillait alors. Il développe : « Le tout est parti de ma fascination pour le mythe du double, basé
sur le postulat que nous sommes nos pires ennemis. C’est quelque chose que
chacun d’entre nous sait, mais c’est une vérité que nous essayons de cacher au
plus profond de nous. Nous aimons penser que la faute vient toujours de
l’extérieur et surtout des autres. Dans mon film l’ennemi a nos propres traits.
»
Le mythe du double est aussi vieux que les premiers contes. C’est
un thème qui apparaît dans toutes les cultures, tous les folklores ou encore
toutes les mythologies. Si on remonte à l’Égypte ancienne il se réfère à « KA » un double spirituel qui
partage les souvenirs, les expériences et les émotions de son homologue vivant.
On peut dire que c’est l’archétype qui a enfanté le thème du double maléfique
qui a proliféré dans la littérature tout au long de l’Histoire. Quand un double
apparaît dans un conte c’est rarement de bon augure.
« Les gens en ont peur car ils vous renvoient à
votre mortalité dans la mesure où il est inconcevable de vivre en même temps
que son double, l’un des deux doit disparaître. »
C’est en faisant des recherches sur l’origine de nos peurs et des
formes qu’elles peuvent prendre que ce talentueux réalisateur a commencé à défendre
des positions très provocatrices que ce soit au niveau de la psyché humaine ou
de la société américaine.
Il précise : «
je pars toujours de mes propres démons. Qu’est ce qui me terrifie ? Ici c’était
l’idée de me voir, puis, je me suis demandé ce qu’il y avait de si terrible
dans le fait de se voir. En fait personne ne tient à regarder en face ses
propres peurs, sa culpabilité, ses démons. On préfère voir ça chez les autres.
C’est une chose qui est caractéristique de la culture américaine : repousser la
faute sur les autres. Ce pays est terrifié par l’étranger. Il s’est construit
sur la peur, que ce soit celle du terrorisme ou celle de l’immigration.
Un des plus grands films d’horreur de tous les
temps LA NUIT DES MORTS VIVANTS (George A. Romero, 1968) parle en fait d’un
problème racial même si ce n’est pas abordé dans le film. Je voulais que mon
deuxième film soit dans cet esprit. »
IAN COOPER, le producteur du film et
ami de longue date de Jordan Peele continue : « là où GET
OUT vous confrontait aux problèmes
de races aux USA, US s’attaque carrément au rêve américain et ce à plusieurs
niveaux. De prime abord c’est un thriller angoissant et vous pouvez en rester
là tout en passant un bon moment. Mais en fait le film parle de toutes ces
choses qu’on croit avoir réglées qui reviennent vous hanter, et de la manière
dont notre société passe son temps à remettre la faute sur le dos des autres.
Ici Jordan nous livre en pâture au plus terrifiant des autres : nous-même. »
Le
film est concentré autour de la famille américaine typique, les Wilson, aux
prises avec des doubles d’eux-même : "les Reliés”. Le film ne faisant pas
de référence directe à la race, il inverse les tropes habituels du film
d’horreur et sa description des Afro- Américains à travers cette famille qui
embrasse le rêve américain avant de réaliser à quel point il est fragile et
dangereux. Ici les Afros-Américains ne sont pas les victimes du film. C’est le
rêve américain qui est sur la sellette ! Le film traite de ce que signifie le
fait même d’être Américain. Les Wilson n’ont rien de différent de la famille de
Richard Dreyfuss dans RENCONTRE DU 3e TYPE (Steven
Spielberg, 1977). C’est une famille complètement normale avec ses problèmes et
ils ne sont surtout pas les ambassadeurs de la couleur de leur peau.
La
petite Adelaïde Wilson se retrouve dans Santa Cruz, loin de ses parents, dans
une attraction appelée Vision Quest, une sorte de Palais des glaces qui promet
de partir à la rencontre de soi-même.
Elle
s’aperçoit alors que ce n’est pas son reflet qu’elle observe dans le miroir,
mais une version hostile d’elle-même. Elle s’enfuit sans avoir compris, ni
pouvoir exprimer cette vision d’horreur qu’elle finit par totalement occulter.
Mais des années plus tard le jour où elle revient à Santa Cruz, son passé resurgit bien décidé à ne pas la laisser échapper.
Jordan
Peele développe : « J’adore faire des films terrifiants
qui soient aussi très drôles. Adelaïde est une femme qui a un traumatisme dont
elle s’est accommodée avec le temps. Aujourd’hui elle a des enfants, un mari,
une famille de rêve, mais ce traumatisme est toujours là bien enfoui dans son
subconscient. En revenant là où elle a été élevée, elle va repasser par un lieu
de souffrance et qui va réveiller ce traumatisme. Et il va s’en prendre à sa famille.
»
SEAN MC KITTRICK le
producteur du film nous confie qu’il avait eu pendant GET
OUT un apperçu de ce que Jordan Peele
avait l’intention de faire avec US,
et selon lui le projet était encore plus ambitieux et intellectuel. « Cela va beaucoup plus loin qu’un film d’horreur
traditionnel, c’est le genre de film qui va vous choquer et vous faire
réfléchir. Qu’est devenue notre société, comment payons-nous le prix de la
manière dont nous nous traitons les uns les autres ou le monde autour de nous ?
On y aborde la notion de Karma, c’est plus ésotérique comme vision, plus
profond intellectuellement qu’un état des lieux du racisme qui était le propos
de GET OUT. Il s’agit ici de reconnaître ce qui pose problème
chez-nous et cette tendance que nous avons à l’étendre aux personnes qui
partagent notre vie, nos enfants, nos proches et notre entourage si c’est
possible. Ce film est passionnant, terrifiant et il vous pousse à faire votre
propre introspection sans même que vous vous en aperceviez ! Il n’y a aucune
raison pour que les films qui engrangent des millions au Box-Office se limitent
aux films de super-héros. Le but est d’ouvrir les yeux des spectateurs en leur
coupant le souffle afin qu’ils se demandent dans quelle mesure le film ne parle
pas de leurs propres travers. »
JASON BLUM qui
produit le film et qui a bâti un empire en terrifiant les spectateurs avec des
budgets dérisoires et des films ambitieux confirme
que Jordan Peele s’inscrit totalement dans la lignée des valeurs qu’il défend
depuis toujours et que sa force créative fait partie de celles qui n’ont pas
fini de nous surprendre : « son écriture est très originale, et ne ressemble à rien de ce
que j’ai pu lire jusque-là. C’est vraiment terrifiant, mais en même temps ça
raconte quelque chose de provoquant et dérangeant qui vous met définitivement
mal à l’aise. »
Le public n’a aucune idée de ce qu’il va prendre en pleine figure.
Le film est plein de pivots dramatiques et de retournements surprenants. Rien
ne se déroule comme prévu et jusqu’au générique le spectateur va de surprises
en surprises.
Jordan Peele conclut : « je suis curieux de voir comment le public va aborder le film. Je
développe des théories bien particulières qui relèvent de la dualité de
l’espèce humaine ainsi que de la culpabilité et des pêchés que nous cachons au
fond de nous. Et surtout j’ai hâte de savoir comment les spectateurs réagiront
à la fin du film ».
C’est là que réside la spécialité du réalisateur : faire en sorte
de donner l’envie de revoir le film immédiatement, pour comprendre les moments
où on s’est fait avoir et discuter avec les autres des options de lecture que
propose la fin.
LE RIRE DE L’EFFROI
Les films d’horreur sont plus traditionnellement axés sur le gore
et un peu moins sur l’humour. C’était compter sans Jordan Peele qui vient de la
comédie et pour qui il y a un lien organique entre la peur et le rire. « C’est cathartique selon moi. Le rire et
l’horreur sont deux manières de parler de notre rapport à l’existence. Ce sont
des réactions émotionnelles qui vous laissent une kyrielle de questionnements.
Les films d’horreur poussent à l’extrême ces réactions involontaires qui vous
en apprennent infiniment sur vous, si vous consentez à être attentif. »
Dans US, l’humour est intrinsèquement tissé à l’horreur. Il émane
de la dynamique familiale et amicale ainsi que des absurdités de la vie moderne
pour relâcher la tension entre deux pics horrifiques.
Il ne s’agissait pas tant d’écrire des gags que de trouver des
aspects touchants et vrais aux personnages qui deviennent hilarants dans
certaines situations. C’est ainsi que le réalisateur parvient à ne pas se
disperser ou changer le genre du film. C’est en quelque sorte sa signature.
C’est quelque chose que personne n’avait fait depuis La Quatrième Dimension (Rod Sterling, 1958-64, 1985-88) : des films
incroyablement distrayants, totalement terrifiants avec un zeste d’humour tout
en modifiant la perception des choses.
Jordan Peele a très vite compris que la capacité de remettre en
cause nos perspectives est l’apanage de la comédie et de l’horreur.
C’est ce qui en fait les supports idéaux pour des narrations socialement responsables. Les
meilleurs films d’horreur prennent leur source dans un lit de vérité, il en va
de même pour les comédies. Ce sont deux genres que Jordan Peele affectionne
particulièrement et qu’il n’est pas près de lâcher, pour la plus grande
satisfaction de Jason Blum qui a été ravi de voir que son deuxième film serait
encore un film de genre. En effet le film d’horreur a un potentiel presque
infini et pour nourrir le sien, le réalisateur l’a truffé de références à ses
films préférés : DEAD AGAIN (Kenneth Brannagh, 1991), SHINNING
(Stanley Kubrick, 1980), DEUX
SOEURS (Jee Woon Kim, 2006), LES
OISEAUX (Alfred Hitchcock, 1963), ROSEMARY’S
BABY (Roman Polanski, 1968), FREDDY,
LES GRIFFES DE LA NUIT (Wes
Craven, 1984), THE SUICIDE CLUB (James Bruce), 1988…mais c’est ALIEN
(Ridley Scott, 1979) qui reste sa
source d’inspiration principale en raison de l’élégance et du raffinement de la
créature monstrueuse créée par feu H.R. Giger.
FAMILLE ET CAUCHEMAR À L’AMÉRICAINE
Les Wilson et Les Reliés
Les Wilson sont une famille ordinaire, en route pour des vacances
bien méritées dans la maison d’enfance d’Adelaïde à Santa Cruz. Comme toutes
les familles ils sont complices et affectueux, mais ils ont aussi leurs soucis.
C’est une famille à la fois fonctionnelle et dysfonctionnelle. Dans des scènes
comme celle du petit-déjeuner, au milieu des rires et des blagues, on
s’aperçoit clairement que le père et la fille sont en symbiose, de même que la
mère et le fils. C’est une dynamique familiale habituelle et rassurante où les
parents maintiennent la cohésion du foyer. Pour créer cette osmose il a suffi
au réalisateur de mettre les quatre acteurs ensemble et de voir comment ils
interagissaient. Cela a commencé par des blagues et des improvisations, une
liberté et une fraîcheur que les acteurs ont adorés.
Les rôles sont clairement définis : Adelaïde est le chef, Zora la
rebelle, Jason le charmeur, et Gabe le bout en train.
Bien qu’ils ne soient pas vraiment au diapason ou en osmose, en
affrontant leurs doubles ils vont être obligés de trouver une dynamique de
groupe pour pouvoir survivre. Les acteurs font une performance de jeu assez
incroyable en interprétant leurs propres doubles maléfiques : "Les
Reliés", Red, Abraham, Umbrae et Pluton, des noms que l’on n’entend qu’une
fois pendant le film mais qui servaient quotidiennement sur le plateau pour
savoir qui jouait qui.
Les comédiens devaient jouer simultanément des gens qui essayent
de sauver leur vie et leurs propres assaillants. Les Reliés peuvent anticiper
les pensées, les actions et les sentiments des Wilson. Ils ne parlent pas mais
font des sons qui semblent imiter le rythme et les inflexions de leurs doubles,
un peu comme s’ils n’avaient jamais utilisé leurs cordes vocales. Ils se
déplacent différemment de manière étrange et inhumaine.
MADELINE HOLLANDER a personnellement chorégraphié chacun des
gestes des Reliés, selon un ensemble de vocabulaire référencé pour chaque
personnage.
Le vrai pari du film était de faire tourner aux comédiens les deux
pendants de la même scène, y compris les changements de maquillage et de
costumes. Grâce à un planning très précis et une organisation au cordeau,
l’équipe de tournage a opté pour le point de vue des Wilson un jour, le point
de vue des Reliés le lendemain.
La scène la plus complexe aura été la scène de la cheminée, où au
bout d’un moment, on ne savait plus qui jouait qui, à force d’intervertir les
comédiens, les rôles et les doublures quand tous les 8 étaient réunis, soit
près de 40 personnes avec les 4 doublures lumières et cascades attitrées à
chacun.
Un tour de force aussi bien au niveau de la performance et la
direction des acteurs que de la réalisation.
ADELAIDE WILSON / RED - Lupita Nyong’o
Adelaïde est le personnage principal du film. Elle s’efforce de refouler un
obscur traumatisme lié à son enfance, qui va remonter d’un seul coup pour
violemment s’en prendre à sa famille. Elle est la pierre angulaire du film.
Selon Jordan Peele elle est incapable d’analyser ses propres démons, ce qui est
typiquement américain et pourtant la clef de l’acceptation d’elle même… dans ce
qu’elle a de meilleur ou de plus destructeur.
Red est la manifestation de ce qui terrifie Adelaïde. Elle est à la
tête des Reliés et elle va mener une attaque impitoyable pour réclamer sa
place.
Adelaïde et Red pourraient être les deux parties de la même
personne. L’une est aussi naturelle que l’autre hiératique mais elles partagent
la même résilience.
La double interprétation est saisissante de précision et le
spectateur finit par oublier que c’est la même comédienne qui joue les deux
rôles.
La jeune femme commente : « J’ai eu l’impression de jouer 5 films. Jordan m’avait prévenue,
ce tournage m’a mise sur les genoux ! Cela dit il jouait souvent le double
qu’on ne filmait pas. C’était super parce qu’il avait des mimiques parfaites
qui me permettaient de jouer en direct avec lui sans me référer sans cesse aux
enregistrements de la veille. J’ai vécu une expérience unique en jouant deux
personnages antagonistes et en changeant de point de vue selon celui que
j’interprétais. Un exercice aussi périlleux que passionnant. Nous jugeons sans
cesse les autres, nous décidons qui est bon ou mauvais, mais nous avons tous
deux côtés, une dualité permanente que nous choisissons d’ignorer. Il est
important de réaliser que le mal vient rarement de l’extérieur mais appartient
à l’expérience humaine. »
GABE WILSON / ABRAHAM - Winston Duke
Gabe est le mari d’Adélaïde, le patriarche, sympathique et protecteur
mais aussi le bout en train de la famille. Il est le contraire d’Adélaïde, il
n’est pas très autoritaire mais il est l’antidote des peurs et des angoisses de
la famille. Attachant et foncièrement humain, c’est un impulsif, il ne
réfléchit pas beaucoup avant d’agir, et n’est pas forcément à l’écoute. Il est
le père typique, le cœur et l’âme de la famille. Il a dû se battre pour en
arriver là où il est et n’a pas connu son père. C’est pourquoi il croit au rêve
américain qui promet que si on s’en donne les moyens on peut avoir ce qu’on
veut. Pour lui ces vacances sont l’occasion de rassembler sa famille et il est
bien décidé à faire l’unanimité.
Abraham quant à lui est le partenaire de Red. Terrifiant, robuste,
violent, totalement bas du front, psychotique et mal voyant. Comme il ne voit
pas bien, il écoute beaucoup. Implacable et imperturbable, il s’assure que les
volontés de Red aboutissent.
Winston Duke, récemment révélé par le succès de BLACK PANTHER où il jouait le personnage plébiscité par le public M’Baku,
développe : « je suis d’un naturel
plutôt jovial et quand je jouais Gabe je me baladais sur le plateau pour faire
des blagues à tout le monde. Mais les jours où je jouais Abraham… je restais
dans mon coin et ne parlais pas de la journée. »
ZORA WILSON / UMBRAE -
Shahadi Wright Joseph
Zora la fille aînée des Wilson est une adolescente forte et
indépendante, avec un brin d’insolence et beaucoup d’intelligence. Si elle a
l’air à l’aise et posée, en permanence en conversations parallèles sur son
téléphone, elle est à un moment de sa vie où elle aimerait que ses parents la
prennent au sérieux et plus comme une petite fille. Face à l’attaque des
doubles elle ne sait même pas comment réagir tant la normalité de son existence
ne l’avait pas préparée à cela.
Umbrae son double maléfique est peut-être la plus terrifiante de tous et
elle est tout sauf une adolescente normale. Elle est complètement obsédée par
Zora. Elle est rusée, rapide, très forte, hyper efficace et vous donne froid
dans le dos.
La jeune comédienne nous raconte : « je tenais vraiment à faire les cascades
moi-même et je me suis entraînée avec mon père à la course à pied que Zora est
censée pratiquer. C’était un rôle doublement physique puisque j’ai aussi altéré
ma façon de bouger pour différencier les deux personnages. Umbrae est beaucoup
plus sûre d’elle, j’ai donc allongé tous mes mouvements pour l’interpréter.
Parfois j’entendais Jordan ricaner durant certaines prises, et je savais alors
que je faisais exactement ce qu’il fallait pour être terrifiante. »
JASON WILSON / PLUTON - Evan Alex
Jason est le cadet de la famille et peut être le plus secret et le plus
solitaire. Il est souvent perdu dans ses pensées et ne fait pas très attention
à ce qui l’entoure. Observateur, rêveur, il est vraiment dans un monde à part.
À un âge où les garçons sont généralement fans de sport, il ne s’intéresse qu’à
la magie et trimbale partout un anneau magique avec lui. Il ne s’entend pas
particulièrement avec sa sœur ni avec qui que ce soit d’autre d’ailleurs, à
part sa mère avec qui il a un lien très particulier, comme avec son double
maléfique très étrangement.
Pluton porte une cagoule qui rappelle les masques que Jason porte et
derrière lesquels il s’emmure dès que quelque chose le contrarie. Pluton est
peut-être celui des Reliés qui a le moins de ressemblance avec un être humain.
C’est un pyromane dangereux qui se prend pour un petit animal curieux et
surtout vicieux.
Le jeune acteur nous confie : « j’ai rencontré une véritable famille d’adoption sur ce tournage,
tout le monde était extraordinaire… mais je crois que j’ai développé une
vocation en travaillant avec Jordan. Je veux faire ce qu’il fait. Je veux
devenir réalisateur. Souvent même quand je ne jouais pas dans des scènes il me
laissait regarder et observer son travail, et j’ai beaucoup appris ! ».
COCKTAILS DÉTONNANTS
Les Tyler : famille et dysfonction
En apparence les Tyler ont tout pour être heureux : argent,
raffinement, beauté, une belle maison, des jumelles parfaites. Ils sont un
modèle de réussite pour Gabe qui les copie en tout, au grand dam du reste de sa
famille. Josh Tyler et Gabe Wilson sont autant rivaux qu’amis, leur relation
est limite dysfonctionnelle dans la mesure où Gabe essaie tout le temps de
prouver qu’il est à la hauteur des avantages que possèdent en apparence les
Tyler, ce qui est une source d’irritation sans fin pour Adelaïde. En fait les
Tyler sont loin d’être aussi parfaits qu’ils le paraissent et cachent un
gouffre de rancoeurs, d’aigreur et de déni. Et si Gabe les adore ce n’est pas
le cas du reste de sa famille. Gabe pense qu’un peu du lustre de cette famille
blanche et aisée peut déteindre sur la sienne, sans remarquer à quel point la
pointe de condescendance qu’ils ont envers eux peut être toxique.
Ce sont des alcooliques mondains. Ils ont l’alcool social et
raffiné, mais n’en sont pas moins dépendants. Ils rappellent les Burton /
Taylor de QUI A PEUR DE VIRGINIA
WOOLF (Mike Nichols, 1967). On
ne sait jamais où est la limite entre l’amour et la haine, la complicité et la
duplicité. Ils ne sont pas non plus éligibles au statut de parents de l’année,
dans la mesure où ils traînent leurs jumelles comme des boulets. Celles-ci
n’ont rien en commun avec les enfants Wilson et le fait de passer leurs
vacances ensemble est étrange pour tous, sauf pour Josh Tyler, qui est ivre en
permanence.
Grâce au talent et à la générosité des acteurs qui les
interprètent, ils restent tout de même attachants quelque part dans la
complexité de leurs incohérences et il aurait été dommage d’en faire la
caricature d’une famille blanche bourgeoise. Ceci dit la dynamique du duo que
forment les deux pères de famille est foncièrement comique et c’est un des
éléments qui contribuent à alléger la tension qui habite le film.
KITTY TYLER - Elisabeth Moss
Sous les traits de cette mère de famille comblée se cache beaucoup
d’insatisfaction et de colère. Malgré un beau train de vie elle n’est jamais
devenue qui elle voulait vraiment. C’est une femme qui rend tout le monde, et
surtout son mari et ses enfants, responsables de ses échecs, et qui a développé
beaucoup d’aigreur. Elle rêvait de devenir actrice mais la vie et la chance en
ayant décidé autrement, maintenant que ses filles ont moins besoin d’elle, elle
se retrouve coincée, en proie aux regrets, à la déception, égrainant les « et
si… » à longueur de temps. Le reflet de son double dans le miroir renvoie le
pire d’elle-même, son pire cauchemar et la représentation de ce qu’elle s’est
convaincue d’être intérieurement : une actrice ratée.
Elle se complaît dans la haine et la rancœur qu’elle nourrit à
l’encontre de sa famille, et les litres d’alcool qu’elle avale ne font pas
d’elle la meilleure des compagnies. Mais si les Wilson détestent inconsciemment
les Tyler, les Tyler eux aiment sincèrement les Wilson car ils sont un peu leurs
faire-valoir.
La comédienne développe : « Ce qui est intéressant avec ce personnage c’est la manière dont
elle catégorise les gens. Elle se croit beaucoup plus proche d’Adelaïde qu’elle
ne l’est en fait, tout simplement parce qu’elle l’a mise d’emblée dans une
catégorie un peu inférieure donc inoffensive. Ce qui évidemment est très
éloigné de la vérité. Il faut avouer que j’ai pratiquement signé avant d’avoir
lu le script. Je n’ai pas beaucoup d’occasions de jouer des comédies, ou des
méchantes, et je suis fan du travail de Jordan Peele. Quoi qu’il m’ait proposé,
je l’aurais fait. »
JOSH TYLER - Tim Heidecker
Collègue de travail de Gabe, il est un exemple de réussite pour ce
dernier. Mais sous son attitude cool et ses tatouages, c’est un crétin
matérialiste accro à l’argent. Il se prend pour ce qu’il n’est pas et passe son
temps à se moquer de son entourage ce qui énerve sa femme au plus haut point.
Et s’ils sont amis et collègues, Josh étant un peu mieux placé dans la
hiérarchie que Gabe, il abuse de ce petit surplus de pouvoir et d’assurance en
le prenant un peu plus pour son punching-ball que pour son sparing partner. Ce
léger déséquilibre va dans les deux sens, dans la mesure où pour Gabe la
dysfonctionalité de la famille Tyler est rassurante comparée à la sienne, au
moins sur ce plan-là il peut se dire qu’il a mieux réussi que son N+1.
Le comédien commente : « Au début je ne savais pas trop si je devais accepter le film et
surtout prendre cette proposition de rôle comme un compliment. Josh est quand
même quelqu’un qu’on peut qualifier de « gros con »…et puis je savais que
c’était le genre de film que ma mère ne pourrait pas aller voir, trop gore.
Mais la perspective de travailler avec des comédiens formés à Yale comme Lupita
et Winston, ou une comédienne aussi extraordinaire qu’Elisabeth Moss était trop
tentante. »
BECCA ET LINDSEY TYLER - Cali et Noëlle Sheldon
Les jumelles Tyler ne sont pas exactement ce qu’on peut appeler
des grandes filles toutes simples. Si elles ne sont pas non plus Javotte et
Anastasie, elles n’en sont pas loin. Elles se sentent supérieures aux Wilson et
si elles ne le montrent pas, elles le font bien sentir en étant délicieusement
odieuses avec Zora et Jason qui n’y prêtent pas attention parce qu’ils ne les
aiment pas non plus. Elles sont très différentes l’une de l’autre en dépit de
leur gémellité, Beca étant plus bimbo et Lyndsey plus sensible. Leur lien
gémellaire est d’autant plus fort que leurs parents ne sont passionnés que par
eux-mêmes. Leurs personnages se font bien évidemment écho du thème du film dans
la mesure où elles sont le double parfait l’une de l’autre.
JORDAN PEELE
Un réalisateur visionnaire, ouvert, créatif et inspirant.
Le travail avec Jordan Peele était une première et une expérience
hors du commun pour la plupart de la distribution. Le réalisateur est réputé
d’un calme olympien et surtout d’une ouverture exceptionnelle à toute
proposition artistique, et s’il sait exactement ce qu’il veut, il n’en reste
pas moins à l’écoute de ce quoi que ce soit qui pourrait apporter de l’eau à
son moulin.
Il a basé sa méthode de réalisation sur son expérience de
comédien.
Il explique : « mon travail consiste à avoir une vision d’ensemble évidemment,
mais également de rester réceptif aux propositions autour de moi. Je pense que
l’ego bloque la créativité. Les meilleures choses ont été construites en
groupe, et si vous vous fermez, vous passez à côté du meilleur. L’improvisation
et la comédie développent cette écoute, cette collaboration collective. »
Son expérience en tant qu’acteur lui permet en plus de pouvoir
communiquer et obtenir tout ce qu’il désire de ses comédiens sans effort et
dans l’harmonie la plus totale. La multitude des cordes qu’il a à son arc en
fait vraiment un auteur-réalisateur à la patte très singulière.
JASON BLUM déclare à son sujet : « c’est un des réalisateurs les plus talentueux du moment, peut-être
même le plus talentueux en raison de ses nombreuses capacités, de la qualité de
sa réflexion et de son incroyable ouverture d’esprit. Pour la plupart des réalisateurs
les films d’horreur appartiennent à un sous-genre, alors que Jordan y trouve un
moyen d’expression aussi noble qu’un drame existentiel et cette originalité n’a
pas été démentie par les Oscars avec GET
OUT. Il est d’une patience
d’ange et d’une grande générosité, il obtient ce qu’il veut sans jamais avoir à
hausser le ton. Il sait comment mettre tout le monde à l’aise et surtout
comment créer une vraie complicité avec chacun. Toutes ces caractéristiques
créent une dynamique incroyable et une fluidité dans le travail et sur le
plateau qui lui permettent de travailler rapidement et sans heurts. »
ELISABETH MOSS explique que contrairement à la plupart des réalisateurs, Jordan
Peele sait exactement comment ne pas limiter un acteur et lui donner toute la latitude
dont il a besoin pour s’exprimer sans se soucier du naturalisme ou de trop en
faire. « Il sait comment vous mettre
à l’aise dans un espace totalement sécurisé où vous avez tout loisir de vous
exprimer sans jamais vous tromper ni le décevoir. »
LUPITA NYONG’O renchérit : « le
travail avec lui est addictif, sa passion et son enthousiasme sont contagieux.
C’est tellement agréable, gratifiant et intéressant ! »
RUTH DE JONG, qui signe les décors du film, confirme les dires du reste de
l’équipe : «Il est en dialogue constant
avec chacun d’entre nous, et s’il protège son script comme une bible, il passe
son temps à le modifier en fonction des
bonnes idées qu’il a pu glaner. C’est presque organique, nous ne formons plus
qu’un, tendant et travaillant vers le même but. Chaque idée est pensée,
développée, repensée jusqu’à ce que le résultat devienne parfait. Sans compter
sa connaissance et maîtrise du genre. On sent le fan inconditionnel, il aime ce
qu’il fait, il s’y plaît, s’y épanouit, ça le nourrit. Du coup il sait ce que
le spectateur demande, comment le surprendre ou encore ce qui a pu lui manquer
car il part de sa propre expérience de spectateur fan de films d’horreur. »
GRADY COFER son
directeur des effets spéciaux ajoute : « il
laisse jouer des thèmes aussi puissants que les inégalités sociales ou la race
car il sait qu’ils peuvent générer de l’horreur. Avec son directeur photo, ils
forment une paire incollable : ils sont les meilleurs artisans de l’horreur car
ils en ont été les plus grands fans. »
MICHAEL
ABELS le
compositeur de la musique du film conclue en ces termes : « les auteurs sont les plus habilités à
diriger leurs œuvres, et Jordan est fort de son expérience dans ce métier à des
postes différents, il est capable de voir son projet sous beaucoup plus
d’angles que la plupart des gens. Cette richesse rend unique son point de vue.
Et puis… quand vous passez ne serait-ce qu’une soirée avec Jordan, vous
comprenez vite que c’est non seulement le mec le plus drôle, mais aussi le plus
intelligent de toute l’assemblée… que peut-on refuser à ce genre de personnes ?
».
L’HORREUR PREND SES VACANCES À SANTA CRUZ
Lumière, décors et accessoires
PLEINS FEUX – LA LUMIÈRE DE MICHAEL GIOULAKIS.
Avec sa légèreté habituelle il donne l’impression que la caméra
flotte et caresse son sujet. Il s’était déjà fait remarquer pour la direction
photographique du film IT FOLLOWS (David Robert Mitchell, 2014) mais également
sur SPLIT et GLASS (M. Night Shayamalan, 2016, 2019).
La sophistication et le raffinement de son style lui permettent de
trouver des angles inédits comme celui du doigt qui émerge du sac-poubelle pour
le déchirer de l’intérieur quand Gabe se réveille sur le bateau.
Jordan Peele tenait à éviter les tropes habituels des films
d’horreur : pas de maison délabrée en pleine forêt. Il voulait du soleil, de la
lumière et quelque chose de surprenant. Le parc du bord de mer de Santa Cruz en
Californie possède ce côté désuet et délavé qu’il allait prendre plaisir à
transformer en lieu de terreur. Et surtout il lui rappelait les films
d’Hitchcock comme LES OISEAUX (1963) ou SUEURS FROIDES (1958), et notamment les vampires de GÉNÉRATION PERDUE (Joel Schumacher, 1987) qui hantaient spécifiquement Santa Cruz.
Il voulait éviter les sempiternelles maisons isolées, ou les
banlieues résidentielles endormies qui manquent tellement de nuances. Selon lui
on ne peut ignorer le fait que la plupart des drames se jouent en plein jour et
surtout, nous surprennent là où on s’y attend le moins. Les réalisateurs comme
David Lynch, Steven Spielberg avec JAWS ou Alfred Hitchcock avec LES OISEAUX l’ont très bien compris.
C’est ainsi que la plage publique de Santa Cruz, grouillante de monde sous un
soleil de plomb n’était pas de prime abord le lieu de terreur auquel le
spectateur penserait. Le contraste entre le décor, la lumière et la situation a
séduit le réalisateur et son directeur de la photographie.
Le côté romantique de la plage, la douceur du sable et de l’océan
en opposition avec la face cachée de la promenade amenait une sorte de nostalgie
désuète où l’étrangeté pouvait naître. Santa Cruz est une des rares villes avec
une fête foraine donnant directement sur la plage. Elle est culturellement très
intéressante à étudier et les enjeux économiques liés au parc amènent à ces
décors un sous-texte très fort.
Le traumatisme d’Adelaïde se déroulait dans le parc en 1986, c’est
pour cela qu’il a fallu réinventer deux parcs : Le parc moderne en l’état, et
le parc de l’époque en état de marche avec en plus le palais des glaces :
Vision Quest.
Pour la maison en revanche, impossible d’utiliser Schwan Lake, le
quartier résidentiel de Santa Cruz qui donne sur la mer, car l’équipe de
tournage était trop imposante et pas assez discrète.
La production a alors opté pour le Lac Grégory dans la réserve
naturelle de San Bernardino qui n’était pas loin et possédait les mêmes pins.
ENTRE BORD DE MER ET CENTRE COMMERCIAL NORD
CORÉEN – LES DÉCORS DE RUTH DE JONG
Ruth avait précisément travaillé sur les décors de deux projets
qui ont largement inspiré le film dans la mesure où la production recherchait
une ambiance à la MANCHESTER BY THE SEA (Kenneth Lonnergan, 2016) mélangée à l’univers
de TWIN PEAKS (David Lynch).
Elle possède une expérience hybride de décoratrice d’intérieur
aussi bien que de cinéma et comme elle n’avait jamais travaillé sur un film
d’horreur, Jordan Peele savait qu’elle ne pourrait pas tomber dans le cliché.
Les couleurs, les textures, le style des décors ont été passés au peigne fin.
Elle décrit ainsi son travail avec Jordan Peele : « en fait on discutait, on se laissait porter en
émettant l’un et l’autre des idées, assez longtemps pour qu’on en arrive aux
mêmes conclusions. Le script était très précis en matière de tonalités et
couleurs, mais finalement nous avons tout changé. »
Le film s’articule en deux espaces bien distincts : le bord de mer
lumineux avec sa promenade, son parc, ses lotissements résidentiels et
l’univers sinistre des Reliés.
LES MAISONS DES WILSON ET DES TYLER
La maison où Adelaïde a grandi devait en dire beaucoup à son
sujet. Il aura fallu visiter plus de 200 maisons avant de trouver celle qui
pouvait évoquer ce passé. Une maison des années 50, celle de gens avec un goût
prononcé pour l’art.
Celle des Tyler évidemment se devait d’être plus flashy, plus
moderne, à leur image.
Les deux maisons n’appartenaient pas du tout au même quartier mais
à l’écran elles semblent être le long du même dock donnant sur la crique.
VISION QUEST : LE PALAIS DES GLACES
C’est là où se déroule la scène cruciale de la première partie sur
laquelle se déploie tout le film, quand Adelaïde rencontre pour la première
fois son alter ego alors qu’elle n’est qu’une enfant dans le palais des glaces.
Le décor a été construit d’après les plans d’un véritable palais des glaces et
l’artiste qui a conçu les murs végétaux de la cafeteria Clifton de Los Angeles
en a dessiné les parois arborées. Jusqu’au dernier moment l’équipe n’avait
aucune idée de ce à quoi cela allait ressembler. C’est un véritable exploit
technique car c’est une recréation des années 80. Il a été équipé de miroirs
sans teint pour filmer derrière les vitres.
LE PLATEAU SECRET
C’est un autre exploit à propos duquel nous ne divulguerons rien,
pour ne pas spoiler le film, car il concerne les Reliés. On l’aperçoit dans la
bande-annonce et on y trouve des lapins courant le long d’infinis couloirs. Ce
plateau a nécessité une longue préparation et de nombreux ajustements. Inspiré
des galeries marchandes de Corée du Nord dans les années 80, avec leur sol
carrelé, leurs dalles de grès dans les tons discrets de beiges auxquels ont été
ajoutées des tonalités couleurs chair très perturbantes, ainsi que des lignes
de fuites paraissant se répliquer à l’infini… Il a été créé pour contraster
avec les tons chauds et doux de la promenade de la plage et de Santa Cruz.
Ce long couloir agrémenté de multiples chambres ressemble à un
bunker de la deuxième guerre mondiale. C’est un décor modulable avec des murs
montés sur des roues, configurables à l’envie. En l’ouvrant sur un fond vert il
était possible de l’étendre à l’infini avec des effets numériques, pour en
faire une sorte de labyrinthe complexe et sans fin.
DU SANG ET DES LAMES
Rarement un film aura nécessité autant de travail sur le sang,
notamment à cause des doubles prises, puisque ce sont les mêmes comédiens qui
jouent leurs propres assaillants. Il fallait sans arrêt enlever du sang et en
rajouter. L’équipe a eu recours à des tapis sanguinolents faits de mousse mais
à l’aspect liquide. Grattables, ajustables ils étaient très malléables.
L’arme de prédilection des Reliés pour tuer les Wilson est la
paire de grands ciseaux en laiton. Il fallait qu’ils soient assez visibles et
contrastent avec le reste. Il n’y a rien de rouge dans la partie moderne du
film à part les combinaisons des Reliés et le sang. Les ciseaux sont un artefact
classique du film d’horreur auquel Jordan Peele a voulu rendre hommage ici en
en faisant l’image centrale du film. Les ciseaux sont doubles, littéralement
puisqu’ils sont constitués de deux lames, mais aussi puisqu’ils appartiennent à
deux univers : celui de tous les jours et celui de l’horreur.
DRAPER LA TERREUR
Les Costumes du Cauchemar
KYM BARETT
Pour créer les costumes du film Jordan Peele a fait appel à
quelqu’un dont il adorait les créations depuis l’adolescence en regardant ROMÉO + JULIET de Baz Luhrman. Kym Barett était la seule selon lui capable de
créer des costumes à la fois ancrés dans le quotidien et d’autres beaucoup plus
mystérieux avec le même talent, afin qu’ils deviennent immédiatement des
costumes de référence pour Halloween.
LES WILSON
Ils forment une famille afro-américaine saine et totalement
normale, dans des tons pastel, lumineux et doux s’accordant avec la mer, le
soleil et la plage. La clef était de donner à chaque personnage une allure
distinctive sans la rendre pour autant trop voyante, ni trop basique ou
ennuyeuse afin qu’elle n’interfère pas avec le jeu ou la mise en scène, ni ne
trahisse la manière dont les protagonistes vont évoluer. Adelaïde Wilson est
une jeune femme simple. Elle ne tient pas à être remarquée.
Gabe Wilson est un homme plein d’humour, et très optimiste. Il ne
pense pas que quoi que ce soit puisse lui arriver et quand cela arrive
finalement son instinct et sa force physique prennent le dessus.
LES TYLER
Ils sont un peu plus maniérés, et font très attention à leur
apparence extérieure. Ils veulent dégager une image de réussite sociale, même
s’ils sont foncièrement malheureux et frustrés. Ils sont incapables d’apprécier
ce qu’ils ont. Le peignoir de Josh est comme un étendard de sa réussite
ridicule et le pyjama rose de Kitty est très années 50, rappelant l’idole
qu’elle ne sera jamais : Marilyn Monroe.
LES RELIÉS
Tout le tournage était pratiquement basé sur leurs costumes : la
lumière, les plans, les décors, les tonalités… comme tout était articulé autour
du costume de ces monstres, il a reçu une attention toute particulière. Jordan
Peele voulait que leurs costumes deviennent immédiatement emblématiques, rien
de trop excentrique ou fantastique mais qui frappe l’oeil et l’esprit
immédiatement et surtout qu’il soit reconnaissable. Il fallait qu’ils se
découpent sur n’importe quel fond. Si le rouge était dès le début non
négociable, en revanche la combinaison de travail s’est imposée avec le temps
au fil des discussions : parfait pour uniformiser un groupe entier, tout en
respectant la personnalité de chacun et donner l’impression que les Reliés
étaient des prisonniers ou des patients d’un asile d’aliénés en fuite. Et il
s’agit bien évidemment d’un hommage à Michael Myers dans HALLOWEEN ou Freddy Krueger dans LES GRIFFES DE LA NUIT.
Pour des raisons que nous ne dévoilerons pas ici, Red est un peu
obsédée par les années 80, il est donc logique qu’elle choisisse ce genre de
combinaisons, un peu bouffantes, courtes et cintrées à la taille, de couleur
flashy, et les gants rappelant ceux de Freddy Krueger dans LES GRIFFES DE LA
NUIT. De plus les combinaisons sont faciles à accessoiriser, surtout dans la
mesure où chaque Relié prend un accessoire à sa victime, elles finissent par
donner à chacun une identité particulière.
LES VISAGES DE LA PEUR
Maquillages et Coiffures
MAQUILLAGES - SCOTT WHEELER.
Le spécialiste des
maquillages de Klingons dans à peu près tout se qui se rattache de près ou de
loin aux versions modernes de STAR TREK aussi bien à la télévision qu’au cinéma explique
qu’il a travaillé à l’encontre de tout ce à quoi le spectateur aurait pu
s’attendre… Dans les films d’horreurs les monstres sont rarement subtils. Que
ce soit le masque de latex de Michael Myers dans HALLOWEEN, le masque de hockey de
Jason Vorhees dans les VENDREDI 13, le visage brûlé de Freddy Krueger dans les GRIFFES DE LA NUIT, ou encore le travail d’acupuncture sur le visage de Pinhead dans
les HELLRAISER… ici Jordan Peele voulait ses monstres conformes à leurs modèles
mais avec une chose bien à eux.
« Jordan voulait que les
doubles soient totalement distincts en raison de l’existence si opposée qu’ils
ont vécue. Bien qu’on ne sache pas d’où ils viennent leurs visages devaient
refléter leurs conditions de vie. Pâles et totalement ravagés, ils ressemblent
à des vampires et nous avons poussé le vice jusqu’à supprimer leurs sourcils
pour qu’ils aient l’air sans personnalité, et mal dégrossis. Là où la barbe de
Gabe est taillée, celle d’Abraham est hirsute, le visage de Pluton est défiguré
par une énorme brûlure, les cheveux de Zora et Red sont bruts.
COIFFURES - CAMILLE FRIEND
La jeune femme s’enorgueillit d’avoir choisi des sisterslocks pour
Adelaïde, revendiquant ainsi une coiffure rarement revendiquée par les héroïnes
de couleur au cinéma.
« Il fallait être sur le coup
et très précis pour passer d’un maquillage ou d’une coiffure à l’autre sur le
tournage sans faire attendre tout le monde. Nous avons opté pour des choses
simples, interchangeables rapidement, tout en restant proches des personnages, un
discours social évident et un commentaire sur la représentation de la femme
noire au cinéma ».
UNE VISION AUSSI DOUBLE QUE TROUBLE
L’Ensorcellement des Effets Spéciaux
GRADY COFER
Il est l’icône d’Industrial Light & Magic, et a orchestré tous
les aspects pratiques et numériques que nécessitaient un tel film. Une tâche
ardue tant les détails du film sont subtils, et les effets spéciaux discrets,
demandant une précision d’orfèvre proche de la prestidigitation. Dans le film
tout le monde a un double. Ce qui multipliait tout par deux, voire même plus,
dans la mesure où chaque comédien possède une doublure lumière et une doublure
cascades. Il nous explique : « dans une scène par exemple avec Adelaïde, vous allez vous trouver
en présence de Lupita, sa doublure lumière, sa doublure cascades, puis la
doublure lumière de Red et sa doublure cascades. Alors quand toute la famille
était sur le plateau vous aviez 6 Winston, dont 3 avec des lunettes et un sweat
de la Howard University et 2 en combinaison rouge… et ainsi de suite… le
spectateur ne doit à aucun moment remettre en question le réalisme de ce qu’il
voit, sinon il sort de l’action.
Nous avons mis en place toutes les possibilités
pour filmer un personnage en double. Le cinéma est riche en exemples célèbres
auxquels nous rendons ici hommage. Comme le genre de prise que Jordan a baptisé
Haley Mills du nom du comédien qui
jouait les deux rôles dans LA FIANCÉE DE PAPA (David Swift, 1961) où ils utilisent le bon vieux procédé
des deux prises scindées dans leur milieu. Mais nous avons à notre disposition
d’autres moyens beaucoup plus modernes. Les techniques de remplacement ou les
incrustations nous permettent de nous servir des doublures puis de les inverser
à loisir ce qui nous donne le matériel suffisant pour faire et incruster ce
qu’on veut.
La plupart des effets spéciaux passeront totalement
inaperçus dans le film et c’est ce qui fait leur qualité en fait. Mon préféré
est peut-être l’incrustation du visage de Red à côté de celui d’Adelaïde dans
le reflet de la table sur laquelle elle la maintient. Le but est que le
spectateur ne sorte pas de l’action, qu’il soit rivé à son siège, que rien ne
vienne le distraire. Quand Zora fuit son double et que celle-ci la retrouve
devant la voiture, il a fallu 3 comédiennes et effacer consciencieusement leurs
reflets dans les vitres de la voiture, image par image, sans quoi le spectateur
aurait vu les ficelles de la mise en scène et aurait cessé de croire à la magie
à laquelle il participe. C’est un peu comme si on avait tout tourné deux fois.
Et pourtant nous corrigions les images pratiquement en direct pour permettre à
Jordan de vérifier l’effet produit. Quand un problème arrivait, on le
corrigeait immédiatement au lieu de se contenter de dire, on verra ça au
montage. ».
Mais
dès qu’il le pouvait Jordan Peele a essayé de se passer des effets numériques
ou des effets tout court. Un mariage parfait entre la créativité, le
savoir-faire et la débrouille que le spectateur ne saura, ni n’aura le loisir
de distinguer comme dans les spectacles de prestidigitation.
C’est
le cas par exemple sur la scène avec les lapins, qui commence en gros plan sur
l’œil d’un petit rongeur pour finir en dézoomant sur un mur où des centaines
de lapins sont en fait enfermées. Toute l’équipe commençait à parler d’incrustations
numériques, quand Jordan Peele est arrivé avec une centaine de lapins pour le
plus grand plaisir des enfants sur le tournage. Le chef des effets spéciaux
conclut : « c’était un tournage plein de lapins…
référence évidente… il y’en avait partout… l’inscription sur le T-Shirt de Zora
signifie Lapin en vietnamien, il y a un lapin en peluche dans sa chambre, il
y’en a un dans la chambre des jumelles… autant de petits détails que Jordan
cache un peu partout…».
BALLET ET MOUVEMENTS INVERSÉS
Chorégraphier la Dépendance
MADELINE HOLLANDER est une ancienne danseuse classique qui se consacre à la mise de
scène de l’exploration du langage corporel sous toutes ses formes. Elle a aidé
les comédiens sur les séquences de ballets mais aussi et surtout sur l’attitude
des Reliés. Quand on pense film d’horreur, on ne pense pas forcément
chorégraphie, mais c’était compter sans le pas de deux inversé de Red et
Adelaïde adolescentes interprétant Casse Noisette. Audelà du ballet, l’attitude
des Reliés nécessitait un consultant en expression corporelle afin de trouver
une manière bien spéciale de les faire se mouvoir afin que leurs corps
eux-mêmes racontent une histoire.
CASSE-NOISETTE
La chorégraphe a interprété tellement de fois Casse-Noisette que
ses muscles frémissent dès qu’elle en entend les premières mesures. Le pari
était de transformer un pas de deux célèbre en deux solos qui se répondent : « Un exercice complètement schizophrène dans la
mesure où la danseuse doit interpréter le cavalier et la fée en même temps.
Pour cela j’ai décidé de me servir des murs pour les portés et de faire deux
chorégraphies inversées pour qu’elles se répondent de manière étrange presque
maléfique. Alors qu’Adelaïde donne sa représentation, Red le fait également
mais de manière douloureuse et forcée. J’ai commencé par regarder des
enregistrements du pas de deux en retour sur image ce qui donnait des
mouvements impossibles à réaliser. Je me suis ensuite fait une compilation de
tous les films où il y a des mouvements inversés comme L’EXORCISTE (William Friedkin, 1973), LA
MORT VOUS VA SI BIEN (Robert
Zemeckis, 1992) ou MEN IN BLACK (Barry Sonnenfeld, 1997) j’en ai pris les meilleurs moments et je les
ai montés ensemble pour en faire une chorégraphie digne de Frankenstein. J’ai
ensuite monté le morceau de Tchaïkovski comme si les deux adolescentes étaient
aimantées, mais par le dessus. De ce fait Red devait bouger comme une
marionnette dirigée par la chorégraphie d’Adélaïde, contre laquelle elle
opposait sa propre résistance et conception du morceau.. J’ai beaucoup
improvisé avec ASHLEY MC COY qui
interprète les deux versions adolescentes d’Adelaïde et Red, en lui disant de
s’arrêter tout d’un coup, d’aller vers le public, de tout lâcher et reprendre
afin de donner un côté absurde à la chorégraphie de Red. »
LES RELIÉS
Sans qu’on sache pourquoi les Reliés bougent de manière étrange,
et pas comme les Wilson. Pour eux Madeline Hollander a créé un véritable
langage corporel qui tenait à la fois de l’animal et de l’humain. Pour Adelaïde
adulte, Lupita Nyong’o a dû se mettre à la danse classique pour incarner cette
femme qui a été formée à la dure école du ballet. Sa manière de bouger, ses
réactions physiques sont celles d’une ancienne athlète, surtout en cas de
danger où son physique prend le relais car il est en alerte et passe en mode
instinctif. La scène où attachée à la table, elle attrape le tisonnier avec sa
pointe de pied en est le parfait exemple.
DUALITÉ ET DISCORDE
La Mélodie de l’Horreur
MICHAEL ABELS signe la bande-son de ce film dérangeant et plein de suspense.
C’est un artiste qui manie aussi bien les sonorités étranges que les ballades
rassurantes. Pour le film il a créé une partition hybride totalement inédite.
Un vrai coup de maître.
Le compositeur nous raconte : « Jordan m’avait parlé de US avant même de l’avoir écrit, il était
tellement enthousiaste que les idées fusaient sans arrêt, c’en était contagieux
! Il a commencé par me demander un air spécifique aux Reliés, quelque chose
plein d’espoir mais complètement tordu à la fois familier et totalement
insolite. Il voulait en faire un hymne à la partie sombre des USA, à ce qu’ils ont de plus
bas et de mesquin. Mais surtout il fallait que cet hymne soit terrifiant. Il a
insisté là-dessus dans des termes bien plus violents (rires).
À un niveau musical, terrifiant signifie
inhabituel et anormal. Des sonorités qu’on ne reconnaît pas et qui nous mettent
de plus en plus mal à l’aise… je voulais à tout prix éviter de faire du
déjà-vu. Dans les films d’horreur classiques, le choeur est rarement utilisé,
et pourtant la voix humaine est un instrument incroyable, extrêmement complexe
et surtout capable de créer des sons totalement inhabituels dans des langues
impossibles à reconnaître. »
Jordan Peele avoue avoir été réellement impressionné par l’hymne
que lui avait composé Michael Abels. Un mélange de la berceuse de ROSEMARY’S BABY qui aurait été mixée avec LES
GRIFFES DE LA NUIT par Angelo Badalamenti le compositeur
de David Lynch. Un air qui paraît venir de l’étranger ou d’une autre époque,
très inquiétant et en même temps complètement exaltant. Cet hymne est le point
de départ de l’ensemble de la bande-son qu’il a inspiré. Le compositeur a été
très vigilent pour respecter le suspense du film et surtout l’attention des
spectateurs.
«
Tout est question de timing, de savoir
à quel moment on veut dévoiler quelque chose ou surprendre le spectateur.
Michael a composé une bande originale extrêmement dynamique et surtout
empreinte de dualité entre silence et violence. »
En
plus de chœurs humains les cordes ont une place importante dans la bande sonore
du film, mais le compositeur les a exploités d’une manière innovante. En fait
le spectateur entend presque plus le crissement de l’archer sur la corde que la
note. De même l’orchestre joue souvent des groupes consonantiques, c’est-à-dire
des notes très proches, mais qui ne s’accordent pas vraiment. Michael Abels
s’est également servi d’un Propanium, un instrument dont le son est totalement
inidentifiable, très métallique mais pas électronique ce qui était parfait pour
le film.
MELISSA WHITE interprète
les solos violons qui sont les thèmes d’Adelaïde et Red. Cette soliste de renom
travaille depuis plus de 10 ans avec Michael Abels qui soutient les femmes ou
les gens de couleurs afin de promouvoir la diversité dans le monde de l’art et
pas seulement devant la caméra. La jeune femme déclare : « j’ai été très inspirée par la prestation de Lupita. Les
émotions qu’elle exprime sont tellement puissantes que c’est un bonheur de
vibrer à l’unisson avec elle. Cela m’a demandé de la puissance, de la ténacité
et beaucoup de nuances. »
Pour
terminer Jordan Peele espère que le spectateur pourra ressentir toutes ces
nuances, tout en restant terrorisé, accroché à son siège, mais toujours pour
son plus grand plaisir. La spécificité de la bande-son réside pour lui dans
l’intimité qu’elle crée avec le spectateur, ce pourquoi Michael Abels a
enregistré avec beaucoup moins de réverbération que d’habitude. Le réalisateur
conclut «
j’aimerais que le public ait l’impression d’assister à quelque chose
d’important, comme si il était en train de regarder un classique tout en se
sentant un peu déboussolé, comme propulsé dans un univers sonore différent… et
cette bande-son est exactement ce que j’attendais. »
Source et copyright des textes des notes de production
@ Universal Pictures International France
#UsLeFilm
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