dimanche 16 juin 2019

NEVADA


Drame/Une jolie découverte

Réalisé par Laure De Clermont-Tonnerre
Avec Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern, Gideon Adlon, Connie Britton, Josh Stewart, Thomas Smittle, Keith Johnson...

Long-métrage Français/Américain
Titre original : The Mustang 
Durée : 01h36mn
Année de production : 2019
Distributeur : Ad Vitam 

Date de sortie sur nos écrans : 19 juin 2019


Résumé : incarcéré dans une prison du Nevada, Roman n’a plus de contact avec l’extérieur ni avec sa fille... Pour tenter de le sortir de son mutisme et de sa violence, on lui propose d’intégrer un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages. Aux côtés de ces mustangs aussi imprévisibles que lui, Roman va peu à peu réapprendre à se contrôler et surmonter son passé.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : il y a une très plaisante sensibilité dans la réalisation de Laure De Clermont-Tonnerre. Elle nous offre de belles images pour nous parler du chemin d'un homme vers une forme de prise de conscience. 

NEVADA est un film qui parle aussi de liberté ou plutôt de l'absence de liberté. Il y a un parallèle entre l'histoire de ce mustang contraint d'adopter une existence qui n'est pas la sienne et ce prisonnier enfermé physiquement et mentalement. La réalisatrice est habile pour nous entraîner dans cette aventure tout en nous dévoilant au fur et à mesure les informations qui nous permettent de mieux cerner le personnage principal. Elle conserve ainsi notre attention intacte pour nous raconter une histoire touchante, mais sans vraie surprise. Les propos sont en tout cas clairs et chaque élément abordé l'est de façon à nous faire vivre les ambiances de manière réaliste. L'univers carcéral ou la relation entre les chevaux et les hommes sont dépeints comme on peut les imaginer. Elle ne tombe pas dans le larmoyant et fait ressortir l'émotion pour nous guider dans l'évolution de cet homme et de son mustang. 

Matthias Schoenaerts interprète Roman Coleman, un détenu taiseux et costaud qui doit réussir à se maîtriser pour pouvoir envisager un retour vers la société. L'acteur est excellent pour jouer la colère rentrée et nous faire comprendre de façon subtile l'état d'esprit de son protagoniste. Il est tout aussi efficace lorsqu'il laisse la force brutale ou la culpabilité s'exprimer. 


Jason Mitchell interprète Henry, un prisonnier qui est doué pour le dressage. L'acteur compose un portrait sympathique de ce gars qui partage sa passion pour apprivoiser les chevaux sans pour autant avoir abandonné toute activité criminelle.


Quel plaisir, toujours, de voir Bruce Dern à l'écran ! Il interprète Myles, un homme qui pense que le contact avec les mustangs peut aider des condamnés à retrouver une dignité. Connie Britton est à l'aise dans son rôle de psychologue de prison convaincue que la donne peut être changée. Josh Stewart interprète Dan, un sale type, de façon tout à fait convaincante.

NEVADA est un beau film sur des âmes cassées qui tente un retour vers les autres en passant par un contact déterminé par la patience avec des mustangs. Il dépeint une tranche de vie touchante par son traitement direct et sans détour ainsi que par l'élégante mise en scène de sa réalisatrice. C'est une jolie découverte. 


Copyright photos @ Ad Vitam

NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

ENTRETIEN AVEC LAURE DE CLERMONT-TONNERRE

Vous avez commencé par une carrière d’actrice. Qu’est-ce qui vous a décidée à passer de l’autre côté de la caméra ?

La mise en scène d’une pièce, au cours de laquelle j’ai découvert le plaisir de diriger des acteurs. Ça a planté une petite graine dans ma tête qui me faisait penser que je devais me mettre à écrire des courts métrages. Par ailleurs, la condition d’acteur est difficile, on attend les coups de fil, on est dépendant du regard de l’autre, et ma nature n’était pas faite pour ça. En mettant en scène cette pièce, j’ai découvert le pouvoir de décider, d’avancer. La mise en scène a permis de développer ma nature entrepreneuse, créatrice.

De cette découverte est né ensuite Atlantic Avenue, votre premier court métrage ?

Le hasard a voulu que je rencontre une jeune femme handicapée, Léopoldine, au moment où je cherchais un sujet de court-métrage. Elle avait la maladie des os de verre et voulait faire un documentaire sur elle. Je lui ai alors proposé un court-métrage où on allait explorer la sexualité et les sentiments amoureux d’un corps différent. J’ai commencé à écrire, j’ai embarqué dans l’aventure un ami, l’acteurmetteur en scène Brady Corbett, on a levé 10000$ sur Kickstarter, on a tourné à Brooklyn avec Léopoldine et Brady qui fait le personnage masculin. Atlantic Avenue a rencontré un public aux festivals de Clermont-Ferrand et de Tribeca. Cette succession d’étapes m’a donné encore plus envie de continuer dans cette voielà. Réalisatrice de cinéma, c’était mes bonnes chaussures!

Vous êtes française et vous faites un début de carrière de cinéaste aux Etats-Unis. C’est très inattendu, singulier, et assez merveilleux vu de l’extérieur. Qu’est-ce qui vous a amenée à vivre et travailler là-bas ?

J’ai vécu à New York quand j’avais 22 ans, expérience émancipatrice où j’étais actrice tout en exerçant des petits jobs pour gagner ma vie. J’avais adoré l’énergie et la liberté de cette ville et j’y suis beaucoup retournée, nouant des amitiés avec des new-yorkais, des étudiants en cinéma... C’était un processus naturel, évident, qui me faisait me dire que c’était là-bas que ça devait se passer. On a tourné Atlantic Avenue au fin fond de Brooklyn, dans un décor naturel très métallique, extraordinaire, qui me semblait le lieu parfait pour parler de la solitude, de la difficulté de vivre et d’aimer avec un corps handicapé. Avec ce tournage, j’avais aussi trouvé une équipe avec qui j’ai fait Rabbit, mon second court métrage, sur la thérapie des prisonniers par les animaux, sujet qui préfigure Nevada. Les thématiques liées à la prison (la justice, la nature de la peine, la justification du système pénitentiaire…) m’intéressaient depuis longtemps, de même que les animaux. J’avais découvert ce programme thérapeutique à Strasbourg, mais j’ai décidé de transposer le sujet à New York, bonne occasion de retourner y travailler. Canal + m’a accompagnée dans ce projet et on a tourné à Rikers Island, en décembre, sous une tempête de neige.

De Rabbit à Nevada, la transition semble naturelle…

Rabbit a été montré à Sundance et, entretemps, j’avais découvert qu’il existait un programme de réhabilitation de prisonniers du même type dans le Nevada, mais avec des chevaux sauvages et non des lapins. Je me suis dit tout de suite : voilà le long métrage. Toute l’année 2014, j’ai exploré ce thème avec Brady Corbet et sa petite amie Mona Fastvold, qui est devenue ma coscénariste, et on a écrit tous les trois la première version de Nevada (qui s’intitule The Mustang aux Etats-Unis). En 2015, Rabbit était montré au festival Sundance, et Nevada était au Lab (ndr: atelier de développement du Sundance Institute), ce qui était un hasard complet.

Le nom de Robert Redford apparait dans le générique de Nevada. Au-delà du festival et de l’Institut Sundance, a-t-il eu une implication plus personnelle dans votre projet ?

Beaucoup de rencontres ont été clé dans mon projet. D’abord Kathleen O’Meara qui dirige le département psychologie/ psychiatrie des prisons californiennes.
De plus, elle a des chevaux, et elle est devenue ma meilleure copine. Elle m’a ouvert les portes des prisons, San Quentin, le Nevada, etc. Elle est devenue notre consultante prison. Ensuite, quand je suis arrivée aux ateliers scénario de Sundance avec ma première version, Robert Redford était présent dans la salle. J’en étais étonnée. Il vient vers moi et me dit “on a une chose en commun, on aime les chevaux”. Il connaissait très bien le programme de réhabilitation des prisonniers par les mustangs, et il possède une réserve qui protège et sauve des centaines de chevaux sauvages. Évidemment, mon histoire le touchait et il avait envie de l’accompagner. Ensuite, à l’étape de l’atelier mise en scène, il a confirmé son intérêt et proposé d’en être le producteur exécutif. Ainsi, il m’a par exemple soutenue pour tourner des scènes avec des chevaux au sein du Lab, ce qui est normalement interdit pour des raisons de sécurité. On a fait des essais de scènes avec chevaux dans son ranch au-dessus de Sundance. Il m’a aussi emmenée monter à cheval. Il a été mon ami, mon collaborateur et mon mentor, mais cela s’est fait de façon très spontanée, très naturelle. Je n’en revenais pas ! Ce projet a été très compliqué à mener à bien mais il a réuni des gens fantastiques qui se sont battus envers et contre tout pour que le film existe.

Nevada mélange deux genres canoniques: le film de prison et le western. Ce rapport aux genres était-il conscient ou simplement une conséquence de l’histoire que vous racontez ?

Plus jeune, j’ai été très influencée par les westerns européens, notamment par Sergio Leone qui amenait son regard italien sur des sujets très américains. Ce décalage créait un lyrisme, une poésie unique. J’ajouterais aussi Paris Texas de Wim Wenders, avec ce personnage somnambulique, un peu comme Roman, mon personnage joué par Matthias Schoenaerts. Par rapport aux genres, j’ai aimé jouer du contraste entre les vastes paysages et les espaces confinés de la prison, entre les plans larges et les plans serrés. La nature est explosive, sauvage, magique, mais mes personnages sont enfermés dans un petit carré.

Avez-vous tourné dans une vraie prison en activité ? Et si oui, comment se passe un tournage de fiction dans un tel lieu ?

Je voulais absolument tourner dans la prison du Nevada où a lieu le programme de réhabilitation, et ça a été extrêmement compliqué. Les détenus dans le film sont des ex-détenus qui ont participé au programme. L’un, Tom, est devenu entraîneur de chevaux, il dit lui-même qu’il a été “sauvé par un cheval”. C’était impossible de tourner avec des détenus toujours incarcérés. On a tourné des plans dans la prison active mais la plus grande partie a été filmée dans la prison d’à côté qui n’est plus en activité. Je tenais aux paysages désertiques et rocheux du Nevada, je voulais que les lieux et les personnages secondaires soient authentiques. Mais pendant longtemps, on ne pouvait pas tourner dans le Nevada pour des raisons juridiques et financières et on a cherché des lieux ailleurs sans être jamais satisfaits. Finalement, deux mois avant le tournage, on a fini par obtenir l’autorisation de tourner dans cette prison du Nevada que je voulais absolument parce que c’est là que se déroule le programme. Cette quête a pris deux ans!

Nevada est une fiction ancrée dans une puissante matière documentaire…

Absolument, et c’était très important. 85% de l’histoire que je raconte est authentique, basée sur de vraies histoires, de vrais personnages, de vrais détails. Il fallait que je sois dans ce vrai décor pour implanter mon histoire et mon film.

Avez-vous tout de suite senti la gémellité entre le cheval et Roman, votre personnage principal ?

Ça m’a frappée quand j’observais les séances entre les détenus et les chevaux, il y avait un évident effet miroir : celui de bêtes sauvages enfermées dans un petit enclos et qui doivent se “parler”. Dans cette situation particulière, hommes et chevaux ont en eux beaucoup de violence, de colère et d’angoisse, ils ressentent aussi une peur mutuelle, et chacun va essayer de s’apprivoiser petits pas par petits pas. J’ai vu des détenus perdre patience et s’énerver contre les chevaux parce qu’ils ne parvenaient pas à leurs fins, et bien sûr, les chevaux répliquaient en donnant des coups. Il fallait alors changer de méthode. Ce programme est un véritable apprentissage de la patience, de la domination de ses pulsions. Les hommes y retrouvent leur vulnérabilité, leur part d’enfance. Ils sont face à ces animaux, comme des enfants face à un professeur qui leur apporte de l’amour, de l’attention, mais qui les corrige aussi de temps en temps. Cette rééducation se passe à un niveau sensoriel très fort, qui transforme un homme.

Avez-vous pensé très vite à Matthias Schoenaerts pour incarner Roman ?

Il fallait que mon acteur ait en lui cette masse physique imposante du personnage, tout en portant une émotion, une sensibilité toujours au bord des lèvres, au bord des yeux, à fleur de peau. Matthias s’est lancé très tôt dans l’aventure, il était traversé par cette histoire, il avait besoin de la raconter. Il est venu avec moi dans les repérages en prison, il avait besoin d’absorber toute cette matière émotionnelle, de comprendre ces trajectoires. Sa mère, qui est décédée il y a deux ans, avait enseigné la méditation en prison. Pendant le tournage, son rapport à l’animal était celui de Roman : il avait un peu peur, il ne montait pas très bien au début, il avait cette même appréhension du cheval sauvage.

Avez-vous dû dompter Matthias comme Roman dompte le mustang ?

Ah oui! Matthias, c’est un cheval sauvage. Il a une énergie explosive, qu’il faut canaliser. Il est d’une générosité folle, il déborde de partout, il est volcanique, incandescent… Cette énergie, le film en avait besoin et Matthias a apporté ces mouvements imprévisibles comparables à ceux de l’animal sauvage. Le langage du corps était plus important que de savoir son texte à la virgule près, et Matthias partageait cette intuition-là.

Nevada est un film physique, qui se passe dans un milieu quasi exclusivement masculin, et vous êtes une femme. Cela a-t-il résonné en vous, dans notre époque Me Too ?

Déjà, ce programme de réhabilitation n’existe qu’avec des détenus hommes. Par ailleurs, j’avais fait Rabbit avec une femme, j’avais donc déjà exploré la condition de prisonnière. Nevada m’amenait dans un univers d’hommes, mais je me disais que mon regard féminin permettrait d’adoucir ce monde, ou du moins d’amener les choses à un autre niveau, celui de la vulnérabilité de ces durs à cuire.

Cela passe aussi par les relations entre Roman et sa fille ?

Oui, d’autant que Roman a brutalement handicapé la mère de sa fille. À travers Roman, les femmes sont à la fois héroïnes et victimes. Face à sa fille, Roman est d’ailleurs dans une position d’enfant alors que c’est plutôt elle la personnalité mûre, autoritaire, implacable de leur duo. J’avais envie de parler de l’ego masculin qui se place à un autre endroit que l’ego féminin. Quand je faisais mes repérages, j’ai vu des hommes qui avaient du mal à quitter leur cheval, qui le serraient dans leurs bras, qui avaient les larmes aux yeux, je trouvais cela bouleversant. Et peut-être que le même genre de scène m’aurait moins touchée venant d’une femme – en tous cas je me pose la question, sans réponse certaine.

Comment s’est passé le travail avec Bruce Dern, véritable légende hollywoodienne ?

C’était d’abord très intimidant. Il avait lu cette histoire en deux jours et l’avait adorée, donc je savais qu’il avait confiance dans le sujet du film. Il est arrivé sur le tournage avec son corps fragile d’homme de 82 ans et son aura de légende : l’équipe s’est tout de suite pliée à lui. Et puis, il est dans le charme, la séduction, il est très amusant, il raconte des blagues, il adore toujours la gent féminine, il aimait être entouré de la coiffeuse, de la maquilleuse… Cet humour a rendu les choses beaucoup plus simples que ce que je pensais. Il était le vieux sage bienveillant du tournage.

Le cheval est un animal extrêmement cinégénique. Comment avez-vous abordé le filmage des chevaux avec Ruben Impens, votre directeur photo ?

C’était d’abord un plaisir immense. L’ouverture du film, c’était une captation de vraie capture organisée par le gouvernement, dans l’Utah. On ne pouvait pas s’approcher trop près, d’où ces plans très larges, mais très beaux aussi. Les premiers plans, quand les chevaux sont paisibles et ne demandent rien à personne, ont été tournés à deux heures de Sundance. Avec Ruben, on travaillait beaucoup le contraste entre la rigidité des plans dans la prison et les mouvements plus libres à l’extérieur pour transmettre cette sensation d’imprévu liée aux chevaux sauvages. Pour filmer les chevaux, Ruben avait toujours deux caméras pour mieux anticiper les mouvements imprévisibles des bêtes. Le cheval principal a été composé avec trois chevaux de robe identique : l’un très bien entraîné, l’autre encore vert et un troisième complètement sauvage, chacun jouant une étape différente du cheval de fiction. Il y avait aussi toujours un entraîneur entre la caméra, Matthias et le cheval, ce qui induisait une véritable chorégraphie. Je souhaitais une caméra immersive et agile, et Ruben a été ce partenaire-là, il a tout de suite compris les enjeux du film et a fait un travail extraordinaire.

Pouvez-vous parler de la b.o. ?

Jed Kurzel est un compositeur australien qui a toujours créé des thèmes originaux, avec des arrangements inattendus. Il a utilisé des instruments très bruts, secs, percussifs, pour illustrer la voix de l’homme et celle du cheval. On a parlé ensemble de la b.o. de Johnny Greenwood pour There Will Be Blood, et il se trouve que Jed avait travaillé avec Robert Ames, l’altoïste qui avait collaboré avec Greenwood. Cet alto qui déraille illustre bien la voix du cheval. Jed propose aussi dans cette b.o. une réinterprétation moderne du blues et de la country.

La fin est très belle mais vous avez résisté au happy end total ?

Je suis française, un peu mélancolique et je ne voulais surtout pas d’un happy end hollywoodien. On est peut-être un peu frustré que Roman ne sorte pas de prison mais j’ai préféré rester réaliste. Et puis c’est bien aussi d’être un peu frustré, de ne pas toujours avoir ce qu’on veut. J’ajoute qu’il y a quand même une note positive dans cette fin douce-amère : Roman a retrouvé un peu sa fille, il a libéré quelque chose dans sa tête.

Dans la réalité, quel est le taux de réussite de ce programme de réhabilitation par le dressage de chevaux ?

Le programme aide à réduire les taux de récidive et le cycle infini du retour à la case prison. Mais ça ne marche pas à tous les coups non plus, certains replongent. Ce programme n’est pas une science exacte et n’offre pas de garanties de résultat mais il permet aux détenus de trouver un sens à leur existence et de se réconcilier avec eux-mêmes et les autres.Aux côtés de ces mustangs aussi imprévisibles que lui, Roman va peu à peu réapprendre à se contrôler et surmonter son passé.

Source et copyright des textes des notes de production @ Ad Vitam

  
#Nevada


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