Animation/Un film d'animation très mignon
Réalisé par Ben Stassen et Vincent Kesteloot
Avec les voix, en version française, de Guillaume Gallienne, Shy'm, Franck Gastambide...
Avec les voix, en version originale, de Jack Whitehall, Julie Walters, Sheridan Smith, Iain McKee, Tom Courtenay, Ray Winstone, Matt Lucas...
Long-métrage Belge
Titre original : The Queen's Corgi
Durée : 01h25mn
Année de production : 2018
Distributeur : Apollo Films
Date de sortie sur nos écrans : 10 avril 2019
Résumé : Les aventures de Rex, le chien préféré de Sa Majesté, qui perd son statut de favori et se retrouve perdu dans un chenil au milieu de chiens abandonnés. Sa quête pour retourner à Buckingham et retrouver les faveurs de la Reine l'amènera à affronter de nombreux dangers mais aussi à rencontrer l’amour.
Bande-annonce (VF)
Ce que j'en ai pensé : ROYAL CORGI part d'une idée plutôt inattendue en prenant le parti de raconter son histoire du point de vue d'un Corgi, en plus pas comme les autres puisqu'il s'agit de Rex, le petit compagnon préféré de sa majesté la Reine Elisabeth II. Il est alors amusant de se retrouver dans l'intimité de Buckingham Palace à hauteur de chien. Mais bien sûr, mille et une péripéties vont venir modifier la destinée de Rex.
Les réalisateurs Ben Stassen et Vincent Kesteloot nous proposent une aventure rythmée qui explore des thématiques telles que le harcèlement, la trahison, le confort du connu versus l'intérêt d'aller découvrir d'autres horizons, l'amitié, les brutes et leurs mécanismes pour faire du mal aux autres, la maltraitance des animaux... Elles sont abordées de façon directe, mais sans jamais être trop effrayantes au cours de rebondissements souvent rigolos, qui jalonnent ce divertissement qui s'adresse avant tout aux enfants. L'intrigue est claire et cohérente. Bien qu'elle ne propose pas une vraie originalité pour les adultes, les parents passeront quand même un bon moment en s'amusant des références politiques et cinématographiques.
L'animation est fluide et précise sur les détails. Les personnages sont expressifs. Les héros de cette aventure sont des canins de toutes sortes, de toutes tailles, de tout horizon. Ils ont leur personnalité et elles sont bien mise en avant par les voix des acteurs. Dans la version française, Guillaume Gallienne prête la sienne et son intonation bien reconnaissable à Rex. Il lui octroie une certaine classe et une distance qui correspondent à son environnement d'origine, cependant, il sait aussi le rendre attachant en nous faisant ressentir ses désillusions et ses prises de conscience.
Shy'm permet, au travers de sa voix, à Wanda, une chienne battante, de faire rimer douceur et combativité.
Quant à Franck Gastambide, qui prête sa voix à Jack, il met en valeur le côté malin et débrouillard de ce protagoniste qui a roulé sa bosse, mais à néanmoins su garder un bon cœur.
ROYAL CORGI est un divertissement familial très mignon. Il donnera l'occasion aux parents de discuter des sujets abordés avec les enfants. Ils devront cependant s'attendre à voir la demande d'adoption d'un chiot revenir sur le devant de la scène, car il est difficile de résister à l'adorable bouille de Rex.
Copyright photos @ Apollo Films
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
BEN STASSEN
Quel
est l’acte de naissance de ROYAL CORGI ?
Il
remonte à 2002. C’est un scénario que Johnny Smith et Rob Sprackling avaient
vendu à la société de production américaine Montecito. Le projet est resté dans
ses armoires jusqu’en 2016 : je l’ai acheté et l’ai retravaillé avec les
auteurs sur plusieurs points. Nous avons dû attendre le résultat des élections
américaines pour finir le premier acte, puisque le Président joue un rôle-clé
dans le périple que va vivre Rex, le héros du fi lm. La victoire de Trump a
bien servi le comique de certaines situations. Il est montré comme un homme...
disons un peu grossier (rires). Il est obsédé par ses fameux selfies; il est
parfois sans gêne, voire irrévérencieux lors du dîner avec la Reine.
Il
y a d’autres exemples de réécriture: les scènes de combat entre Rex et Tyson
avaient été pensées dans la veine de FIGHT
CLUB. J’ai préféré en faire une course-poursuite
endiablée qui correspond à l’esprit de nWave. Le troisième acte a également
fait l’objet de débats: les auteurs avaient imaginé que Rex revenait à Buckingham,
juste accompagné de sa copine Wanda, ce qui manquait de piquant. J’ai choisi de
convoquer toute la bande du chenil à l’intérieur du Palais et l’effet de chaos
me plaît beaucoup !
Existe-t-il
beaucoup de scénarios d’animation en circulation ?
Très
peu, comparé aux scénarios d’action réelle qui se comptent par milliers. À
l’inverse des studios américains qui font tout en interne, je pars
régulièrement en quête de projets. Au fi l de mon parcours professionnel aux
États-Unis, j’ai eu la chance de côtoyer des personnalités liées à l’animation,
y compris des agents d’auteur. J’ai ainsi accès à un grand nombre de scénarios,
dix à quinze par an, ce qui me facilite la tâche ! Certains auteurs écrivent en
solo, sans acheteur défi ni, espérant pouvoir trouver un producteur qui sera
intéressé par leur script. BIGFOOT JUNIOR et ROYAL CORGI en font partie.
Sur
quels critères choisissez-vous les histoires que vous allez développer ?
Tout
d’abord, l’histoire doit être attrayante. Ensuite, il faut des personnages
séduisants qui susciteront l’empathie du jeune public. Dans la première partie
de ROYAL CORGI, Rex est un peu arrogant, inconscient.
Il
profite de sa position royale pour faire sa star mais il a un chemin personnel
à accomplir: une fois trahi et loin de Buckingham, il est livré à lui-même. On
s’attache à lui car, après tout, il va apprendre de ses erreurs et évoluer.
ROYAL CORGI s’adresse
à notre cible de toujours, les 5-10 ans, tout en faisant sourire les parents.
Ça m’amusait de distiller quelques clins d’œil plus adultes, comme les scènes
avec Trump et les références à FIGHT
CLUB, à ROCKY... La force de Pixar est d’avoir conquis un large public avec
ses productions. Avec ROYAL CORGI, il y a une inflexion par rapport à nos films précédents, une
volonté d’élargir notre cible.
Est-ce
que vous projetez facilement ce que sera le visuel d’un film à partir du
scénario ?
Il
est essentiel d’avoir en amont une bonne idée de la direction qu’on prend,
visuellement parlant. Aucun studio américain ne commence la production d’un fi
lm avant d’avoir achevé l’animatique. Nous sommes les rares à mettre la charrue
avant les bœufs (rires). Nous avons une période de pré-production très courte.
J’ai donc dû
me faire très vite une idée du style de ROYAL
CORGI, à l’instar de
nos films précédents, tant au niveau des décors que du style des personnages.
Deux mois après avoir acheté le scénario, on enregistrait les voix alors que la
modélisation et l’animatique n’en étaient qu’à leurs prémices.
Outre
ses morceaux de bravoure et sa drôlerie, ROYAL
CORGI est empreint de tendresse et sa conclusion plutôt
inattendue...
Une
partie importante de la réécriture y a été consacrée. Je suis particulièrement
satisfait de la fin. Je voulais que le dénouement soit bienveillant, notamment
à l’égard d’Élisabeth II et du Prince Philip : on les montre complices,
assumant leur côté « old school » et devisant sur la difficulté de concilier
devoir et amour. Je tenais aussi à ce que Rex ne redevienne pas le chouchou de
la Reine: malgré toutes les manigances de Charlie, l’un des quatre Corgis, Rex
lui laisse le « pouvoir ». Rex a grandi ; son périple lui a enseigné des choses
sur la vie. Tout ce qui compte pour lui, à présent, c’est d’être le favori de
sa bien-aimée Wanda.
Que
représente l’intérêt de la co-réalisation, en l’occurrence avec Vincent
Kesteloot sur ce film ?
J’ai
travaillé avec Vincent pour la première fois sur Sammy 2. A l’époque, je
multipliais des allers-retours en Afrique sur un autre projet, African Safari
3D. C’est un processus qui me convient: je gère tout ce qui concerne le
scénario, l’enregistrement des voix à Los Angeles et la mise en place jusqu’à
la finition de l’animatique. J’adore aussi m’occuper de la musique: Ramin
Djawadi a travaillé sur quasiment tous nos films.
C’est
un partenaire très talentueux et fidèle alors qu’il est devenu une star avec « GAME OF THRONES »
et « WESTWORLD ».
D’un
point de vue technique, ROYAL CORGI réclamait beaucoup d’attention quant à la multiplicité des personnages.
Vincent se charge du travail quotidien de façon méticuleuse.
L’animation
est un processus tellement long et fragmenté que c’est important de pouvoir
s’en extraire, avoir du recul sur l’ensemble d’un film. Travailler avec un
coréalisateur me permet de rester concentré sur la vue globale pendant que le
coréalisateur se concentre sur les détails et donne vie au projet jour après jour.
J’ai collaboré avec SAMMY 2, ROBINSON CRUSOÉ (THE WILD
LIFE) et ROYAL
CORGI ainsi qu’avec Jérémie Degruson sur LE MANOIR MAGIQUE, BIGFOOT JUNIOR, et à présent BIGFOOT
SUPERSTAR.
Avec
Vincent, nous sommes sur la même longueur d’ondes. L’esprit d’équipe est
crucial. Lorsque j’étais seul réalisateur aux commandes – sur FLY ME TO THE MOON, mon
premier long métrage d’animation puis sur LE
VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY -
on me reprochait parfois de ne pas avoir une vision définie jusque dans les
moindres détails ou d’être trop dirigiste. Aujourd’hui, nous travaillons bien
ensemble, l’équilibre a été trouvé.
Quelle
est la place de nWave Pictures sur le marché de l’animation ?
En
dehors des Américains, nWave Pictures est le studio le plus prolifique au monde
: FLY ME TO THE MOON est sorti en 2008 et nous commençons notre neuvième long
métrage. La production de ROYAL CORGI s’est étalée sur deux ans, alors qu’un film d’animation prend en
moyenne quatre à cinq ans.
Comment
arrivez-vous à tenir un tel rythme de production ?
Notre
plus grand atout est que le processus de production entier est concentré en un
seul endroit : notre studio Bruxellois. Nos films coûtent entre 17 et 20
millions d’euros, comparés aux budgets américains qui dépassent régulièrement
les 100 millions. Il est crucial de toujours garder deux projets en
superposition, afin d’enchaîner les productions sans période creuse. Ainsi,
notre studio a toujours plusieurs films à des stades de développement
différents. Aujourd’hui, notre équipe est composée de 120 personnes à plein temps:
ceux qui ont fini leur travail sur ROYAL
CORGI sont déjà en immersion sur BIGFOOT SUPERSTAR.
À
la différence des Américains, qui semblent fragmenter les tâches à l’extrême,
nos animateurs ont tous une bonne compréhension de toutes les facettes de la
production. C’est une façon de les motiver, de les impliquer plus étroitement
dans le film. Il nous appartient ensuite de veiller à la cohérence globale du projet.
Quel
est l’impact des contraintes budgétaires sur un film comme ROYAL CORGI ?
Notre
but est de créer des films d’animations destinés au marché international. Donc,
techniquement, nos films doivent être irréprochables. Ce qui n’est pas tâche
aisée avec nos modestes budgets. Un des moments clés dans le premier acte est
la scène du dîner. Au début, il s’agissait d’un dîner d’Etat mais cela était
trop coûteux. Impossible d’avoir un dîner d’Etat avec une poignée d’invités.
Nous avons donc décidé de réécrire la scène et d’en faire un dîner privé entre
le couple royal et le couple présidentiel. Côté dramaturgie, la scène ne perd
rien. Je suis même d’avis qu’elle est encore plus réussie et comique que sa version
originale, pour une fraction de son coût. Il en va de même avec la scène où Rex
trébuche dans les escaliers : à l’origine, il devait passer par la fenêtre et
atterrir dans les bras du Prince Philip en pleine photo de famille avec William
et compagnie. On a préféré simplifier la scène : c’est en se montrant économe à
certains endroits que l’on peut se lâcher à d’autres, notamment dans le
troisième acte.
Quelle
est la patte spécifique de nWave Pictures ?
L’attachement
au réalisme que j’ai évoqué. Dans ROYAL
CORGI, l’équipe a pu travailler à partir
d’images existantes, dont celles de Buckingham et de ses intérieurs qui ont été
photographiés sous tous les angles depuis des années. Nous nous sommes
également servis du film réalisé pour les J.O de Londres où Daniel Craig
arpente un couloir aux côtés de la Reine et de ses chiens. Ce couloir-là est
devenu un élément-clé des décors de ROYAL
CORGI. Notre objectif était de rester fidèle au
look de Buckingham et des Corgis de la Reine. Sans verser dans la stylisation
et la surenchère propres à trop de productions hollywoodiennes.
Outre
ce que raconte ROYAL CORGI, la simplicité de sa mise en images était primordiale en termes
de faisabilité, comparée à des films où tout un univers est à inventer, où
l’imaginaire transcende le réalisme.
Même
notre vision de Bigfoot, qui est un personnage de légende, reposait sur une
imagerie peu complexe : un humain avec des poils, pour être bref (rires).
Dans
votre enfance, étiez-vous un mordu d’animation ?
Pas vraiment!
J’allais voir les Disney, comme tout le monde. Encore aujourd’hui, je ne
m’empresse pas de regarder ce que les autres studios produisent. J’adore le
cinéma mais je me fiche de savoir si mes films ressemblent à d’autres. Seuls
comptent l’envie de raconter aux plus jeunes une histoire qui me touche et le
défi parfois fou que cela représente pour notre studio.
VINCENT KESTELOOT
À
quelle occasion avez-vous été sollicité par nWave Pictures ?
J’ai
commencé comme animateur sur une attraction en relief de quelques minutes,
avant d’intégrer pleinement le studio et de rejoindre l’équipe qui travaillait
depuis plusieurs mois sur leur premier long métrage, FLY ME TO THE MOON. Avant
cela, j’avais travaillé dans la publicité pendant plusieurs années. Ben a mis à
profit mon expérience pour la mise en scène des séquences du film qui n’étaient
pas encore commencées.
Pour
LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY, il m’a proposé de créer et superviser un département « mise en
scène » comme il en existe dans d’autres studios. Puis la production de SAMMY 2
a été lancée alors que Ben s’occupait en parallèle d’ « AFRICAN SAFARI 3D »,
un documentaire en relief.
Face
à son emploi du temps chargé, il m’a demandé de co-réaliser la suite des
aventures de cette petite tortue de mer.
Comment
s’est opéré le partage des tâches avec Ben Stassen ?
Nous avons
tous deux nos responsabilités. Ben choisit toujours le sujet du fi lm, inspiré
soit d’une idée originale qu’un scénariste va développer, comme LE MANOIR MAGIQUE, soit basé sur un scénario existant, ce qui
est le cas de ROYAL CORGI. Ben me fait ensuite lire le scénario ainsi qu’à plusieurs
personnes du studio. Je lui donne un avis personnel, ainsi qu’un retour des
superviseurs sur les principaux défis techniques. La complémentarité qui s’est
instaurée entre nous est stimulante: même si l’histoire est séduisante, elle
n’est pas toujours facile. Il faut oser affronter des projets ardus et
complexes avec des ressources financières limitées.
La structure
de ROYAL CORGI est un formidable support de créativité : Rex, le héros, perd
ses privilèges, tente de les récupérer tout en évoluant, voire en se
réinventant. C’est l’essence même du récit d’apprentissage. L’avantage d’un
projet comme celui-ci est de pouvoir contourner, en matière de mise en scène,
des obstacles naturellement liés au budget, au temps et à la technique, parce
que la dramaturgie est solide.
Quels
ont été les défis techniques propres à ROYAL CORGI ?
L’abondance
de personnages présents dans le scénario original était la première difficulté
à surmonter : lorsque Rex se retrouve dans les rues de Londres, il croisait des
foules entières, ce qui n’était pas essentiel au récit. Respecter le scénario à
la lettre, c’était dépenser la moitié du budget pour cette séquence ! Même
souci pour les scènes de garden-party de la Reine où se croisaient une centaine
d’invités, d’autres membres illustres et une armada de serviteurs. On a donc dû
se concentrer sur l’essentiel. On en a fait un fi lm plus intime. J’ai dû
fusionner plusieurs personnages et procéder à des coupes intelligentes qui ne
dénaturent pas le récit. In fine, c’était plus drôle de se concentrer sur
trois serviteurs de la Reine, récurrents et soumis aux caprices de 4 Corgis, au
lieu de 6 dans la version originale. On peut leur donner davantage de relief et
de profondeur.
Le
ton du film est plus enjoué, bon enfant que grinçant...
À
travers les productions du studio, on cherche à délivrer un message constructif
aux enfants qui va au-delà du divertissement.
Le scénario a
été parfois orienté dans ce sens, par exemple en conservant le caractère bougon
du Prince Philip, tout en le contrebalançant avec des moments de tendresse.
Tyson, le pitbull qui tyrannise le chenil, est physiquement impressionnant mais
c’est l’entraide collective entre tous les chiens qui triomphe de la violence.
On
a beaucoup appris de certaines expériences passées. Dans FLY ME TO THE MOON,
deux mouches se bagarraient dont l’une de manière déloyale, en filant un coup
de tête à l’autre. Les retours du public ont été négatifs. SAMMY 2 montrait
deux barracudas pourchassant les tortues. Dans certains territoires, le montage
a été modifié, car considéré comme trop violent pour les enfants de moins de
six ans... avec pour effet de saborder la mise en scène. Un autre pays a censuré
un baiser entre deux tortues, ce qui a également ruiné l’effet du plan-séquence
dans lequel il s’insérait !
Comment
anticiper ce genre de réactions sans affadir le film ?
En
tenant compte des sensibilités et des cultures différentes, y compris au sein
de nWave. Les réactions sont parfois contradictoires ou incompatibles avec la
ligne éditoriale et c’est là que je dois trancher. Mon travail consiste
notamment à trouver le bon compromis, en optant pour une mise en scène affirmée
mais qui emprunte un chemin moins clivant. Par exemple, des animateurs
souhaitaient plus d’actions violentes lors des combats entre chiens dans
l’arène du Fight club. Je leur ai expliqué le sens de mon parti-pris : à quoi
bon mettre en scène un combat logiquement perdu d’avance entre un chien de salon
et un pitbull, créer un malaise et être censuré dans certains pays ? J’ai
préféré mettre en scène dans un premier temps la fuite logique de Rex, qui est
source de rebondissements et de suspens, puis orchestrer sa victoire sur Tyson,
à force de bravoure et de détermination.
Quelle
est votre marge de manœuvre par rapport au storyboard du film ?
Les
storyboards font partie de la pré-production qui est composée à partir du
scénario, du storyboard, du layout et des artworks. C’est la première mise en
image du scénario. La marge de manœuvre est à cette étape maximale. Les
séquences, les personnages et les décors sont plusieurs fois modifiés et
parfois abandonnés. Par la suite, la création va s’affiner en profondeur et
s’enrichir avec les interventions des autres départements. En contrepartie, la
marge de manœuvre se restreint. Lorsqu’une bonne idée apparaît après la pré-production,
cela nous place devant un dilemme : abandonner une pépite ou modifier ce qui
était prévu, ce qui implique de consacrer moins de temps aux autres plans
restants.
Même
en étant fidèle au texte, la mise en scène d’un scénario permet beaucoup de
variations. On sait à quel point une pièce de Molière peut basculer de la
comédie à la tragédie. C’est la même chose en animation : je lance des idées
qui permettent à l’équipe de réagir. Petit à petit, le travail devient
collectif. J’aime que les artistes de tout département s’approprient le projet.
À moi de veiller à la cohésion d’ensemble. Les animateurs apportent aussi énormément
de nuances et de créativité. Ils font un travail d’acteur, certains se filment
directement pour nourrir la caractérisation d’un personnage. Leurs interprétations
vont modifier la perception du personnage, la durée des plans, le silence entre
les répliques. Ce principe est répété à chaque étape du film. Par exemple les
costumes, les coiffures, les décors et l’éclairage déterminent l’ambiance tout
autant que la musique du film.
C’est
une chance de ne pas travailler avec de simples exécutants. L’animation est un
travail d’équipe : je m’efforce d’être chaque jour au cœur des différents
métiers, quitte à encaisser toutes les critiques et tous les doutes (rires).
Comment
arrivez-vous à maintenir le cap sur la longueur d’un film ?
La première
lecture du scénario est essentielle : c’est là où se dessine la ligne
directrice d’un projet. Je prends énormément de notes et j’y reviens à chaque
étape de la fabrication. Avoir tout le film clairement en tête est une force
qui permet de rester à l’écoute et d’analyser quelles idées se révéleront
bénéfiques au projet.
Quelles
sont les contraintes auxquelles la mise en scène est soumise ?
Les
plus grands défis concernent le budget et le planning. Notre budget est assez
modeste comparé à celui de nos collègues américains. Nous adoptons une approche
selon laquelle nous ne finançons pas nos films sur base du script mais altérons
le script en fonction du budget à disposition. Ainsi, l’une des premières
choses que nous déterminons, une fois la pré-production entamée, ce sont les scènes
« clé » et celles où on peut se permettre de faire des économies afin de
proposer un bon film à temps et dans notre budget. Il faut simplifier la
production tout en gardant l’essence des personnages et de l’histoire. Ça,
c’est le plus grand défi.
Comment
avez-vous abordé Rex qui n’est pas un héros au sens classique du terme ?
En
animation, le risque est de tout miser sur un héros tellement mignon et parfait
qu’il en devient lisse et fade, ce qui focalise l’attention sur les personnages
secondaires. L’une des singularités de ROYAL CORGI est de débuter le récit avec
un personnage tellement privilégié et arrogant qu’il n’est pas d’emblée
sympathique. On a envie que Rex en prenne pour son grade (rires). Je n’ai pas cherché
à atténuer son caractère ; je l’ai même renforcé dans l’introduction du film
qui retrace sans dialogue les débuts de Rex à Buckingham.
En
revanche, je voulais montrer que Rex n’a pas mauvais fond, qu’il pouvait
évoluer : il est candide, naïf, trop gâté par la vie et surtout mal éduqué. Il
n’a pas suffisamment « vécu » pour apprécier ses privilèges et construire sa
personnalité dans l’adversité. L’enjeu était de trouver le bon timing pour que
Rex ne franchisse pas les limites de l’exaspération auprès du public. Le
premier enregistrement des voix de l’acteur incarnant Rex donnait l’impression qu’il
se plaignait constamment. Nous lui avons fait rejouer certaines parties pour
obtenir plus de nuances. Le spectateur a tendance à retenir les morceaux de
bravoure et les scènes spectaculaires mais c’est l’évolution de Rex qui a été
l’un des défis narratifs majeurs... Initialement, il redevenait le chouchou de
la Reine. Le fait qu’il renonce finalement à son titre justifie qu’il soit
pleinement le héros de cette histoire.
On
mesure souvent la réussite d’un film d’animation à la flamboyance de ses
méchants. Dans ROYAL CORGI, il y a Charlie, Tyson et l’odieuse Mitzy ! C’est ce
qu’on dit pour beaucoup de films : quand le méchant est génial, le film est
forcément réussi... ce qui n’est pas toujours vrai (rires). J’ai pris
énormément de plaisir à mettre en scène les vilains. Tyson n’est qu’une brute
qui oblige Rex à s’imposer, à se dépasser pour défendre celle qu’il aime. Le
véritable antagoniste de Rex, c’est Charlie. À la fin, il était supposé mourir
dans un accident de mauvais goût. C’était plus mordant de le voir arriver au
sommet de ce qu’il avait souhaité – le pouvoir – et de réaliser qu’en
sacrifiant son âme et ses amis, il se retrouvait seul. Ou plutôt mal
accompagné, en l’occurrence par Mitzy.
Mitzy
est une miss Sans-Gêne incontrôlable qui n’obéit qu’à ses pulsions. Trouver son
look a été compliqué : elle est tellement détestable que tout le monde est
parti sur l’idée d’une chienne moche (rires). C’était rigolo, mais peu crédible
vu le statut du couple Trump. Jouer le décalage entre les chiens de races de la
Reine et le côté « bling-bling » de Mitzy s’est révélé bien plus payant !
J’apprécie
aussi les personnages secondaires qui vont au-delà des apparences : Jack est
très ambigu comme mentor. Wanda débute avec tous les stéréotypes de la femme
fatale, associée au mauvais garçon… Ensuite, elle va faire preuve d’un libre
arbitre courageux et de ressources bien supérieures à celles de Rex. Le fait
qu’il n’y ait pas de coup de foudre immédiat est plus séduisant : l’amour de
Wanda évolue au même rythme que la personnalité de Rex.
Quels
sont les thématiques, le ton qui vous distinguent des autres studios ?
La
concurrence ne se réduit pas à un style. Chaque studio produit des films
uniques qui nous ont suffisamment marqués pour déterminer notre passion et
notre désir d’effectuer ce métier...
Lorsque
j’ai rencontré Ben, il m’a parlé de son amour pour une narration classique,
empreinte de l’âge d’or hollywoodien, avec un rythme plutôt éloigné des films
frénétiques qui cherchent surtout à faire rire toutes les 30 secondes. Je me
suis retrouvé dans cette approche qui mêle le passé et le présent. Lorsque je
parle à l’équipe d’un nouveau projet, je cite des peintures des grands maîtres,
des architectures séculaires ou des films plus anciens. J’aime que la mise en
scène reste discrète, qu’elle soit au service du récit.
Cette douceur
de rythme et de ton n’est pas synonyme de lenteur. Elle n’est pas davantage incompatible
avec l’énergie et l’action. Cette bienveillance s’accorde à notre jeune public
qui peut s’impliquer totalement dans nos récits.
ROYAL CANINS
REX
D’irrésistible
peluche lorsque le Prince Philip en a fait cadeau à sa douce Élisabeth, Rex est
devenu le capricieux chouchou de Buckingham. Le poil gâté et les oreilles
majestueuses, le royal Corgi en impose de la truffe aux trois autres chiens du
Palais. Trop occupé à flatter sa maîtresse, Rex est inconscient du complot
ourdi dans l’ombre. Quand la star tombe de son piédestal, ça fait mal aux
patounes. Hors de sa zone de confort, il doit dire adieu à ses privilèges :
bienvenue dans les bas-fonds de Londres !
JACK
Difficile de
résister à un mignon Jack Russel Terrier... Et pourtant, aucun des visiteurs du
chenil n’imagine adopter ce Jack-là. Court sur pattes, le poil en jachère,
pataud comme pas deux, il rumine dans sa prison pour laissés-pour- compte. Rien
de tel qu’un Corgi prêt à tout afin de retrouver le chemin de son palace pour
réveiller la bête qui sommeille en Jack. Toutes griffes dehors, il devient
l’allié et le complice de Rex, quitte à y laisser son pelage. Petit Jack
deviendra grand... au-delà de ses espérances.
WANDA
Incarnation
de tous les désirs à poils ras et longs, la sublime lévrier persan est la reine
de l’underground londonien. Vedette du club très fermé où se réunissent les
adeptes du fight club canin, elle arrache jappements énamourés à chacune de ses
prestations sexy. Lorsque Rex y débarque comme un chien dans un jeu de quilles,
Wanda le snobe. Tyson, le chef de meute qui en a fait son élue a le museau en
éveil. Mais le cœur a parfois ses raisons que la raison ne connaît pas...
CHARLIE
Charlie
est de la même race que Rex. Habitué au luxe des Corgis de Sa Majesté mais
réduit depuis des lustres au rang de faire-valoir, ses babines en frétillent de
jalousie. Le dîner catastrophe entre la Reine et Trump est l’occasion de
prendre Rex en défaut : faux ami dont la queue raye le parquet royal, Charlie
lui savonne la pente qui l’entraînera loin de Buckingham. Le traître retrouve
sa panière de luxe et relègue le favori aux oubliettes. Mais la vengeance est
une pâtée qui se mange froide...
MITZY
Elle
est celle que vous allez adorer détester. Tel maître, le couple Donald et Melania
Trump, telle chienne. Maquillée comme une camion volé, customisée avec un sens
du ridicule qui n’échappe qu’à elle, Mitzy se croit tout permis.
En
territoire (anglo-saxon) conquis, elle saute l’étape de la « date » pour entreprendre
Rex pour lequel elle a eu un « crush ». Avec Mitzy, on ne discute pas, on agit.
Rex tergiverse, esquive et fuit. Mais la diablesse Mitzy a plus d’un tour dans
son collier bling-bling pour accéder au pouvoir...
TYSON
Le mâle alpha
dans toute sa splendeur et la terreur qu’il suscite. On ne se refait pas
lorsqu’on est pitbull, héritier d’une longue lignée de chiens de combat. Tout
en muscles et autorité saillants, Tyson arbitre en bookmaker retors les duels
du fight club, secondé par un Chihuahua et un Boxer bas de plafond. Rex est
celui qu’il n’attendait pas : il pense n’en faire qu’une bouchée mais le Corgi
est rusé et sa Wanda de moins en moins effarouchée par son machisme. La
solidarité des plus petits aura-t-elle raison du molosse ?
DES VOIX QUI
ONT DU CHIEN
GUILLAUME
GALLIENNE (Rex)
Sociétaire
de la Comédie-Française depuis 2005, l’acteur brûle les planches de Feydeau et
Molière à Shakespeare, décroche deux Molières dont celui de la Révélation
Théâtrale en 2010 pour LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE!. L’adaptation cinéma de son spectacle est
un triomphe public et critique (Quatre César 2014 dont Meilleur Film et du
Meilleur Acteur). Il a ensuite incarné Pierre Bergé dans YVES SAINT LAURENT,
Cézanne dans CÉZANNE ET MOI, et réalisé son second fi lm, MARYLINE.
Il a prêté sa voix à l’ours PADDINGTON dans
les deux films éponymes et à deux productions de nWave Pictures (LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY et SAMMY 2).
FRANCK
GASTAMBIDE (Jack)
C’est son art
du dressage canin qui lui ouvre les portes du cinéma. Engagé sur LES RIVIÈRES POURPRES, il continue de mettre à profit son talent
pour nombre de fictions. La web-série «
KAÏRA SHOPPING » dont
il tourne le pilote avec les moyens du bord en 2009 devient un phénomène : programmée
sur Canal +, elle est adaptée pour le grand écran en 2012 et LES KAÏRA conquiert plus d’un million de spectateurs.
Franck Gastambide s’impose avec succès comme un acteur tout terrain (MADE IN FRANCE, LA SURFACE DE
RÉPARATION, LE FLIC DE BELLEVILLE), y compris dans les deux autres longs qu’il réalise (PATTAYA, TAXI 5). Il a fait ses premiers pas dans
l’animation en donnant de la voix à Pitt le scorpion dans SAHARA.
SHY’M
(Wanda)
Compositrice
et interprète, elle est l’une des révélations musicales de ces dix dernières
années, inspirée aussi bien par le R’n’B que la soul, la pop et l’électro.
Découverte en 2005 par K. Maro qui l’a faite participer à « HISTOIRE DE LUV’ » issu de son album MILLION DOLLAR BOY, SHY’M enregistre ensuite son premier
single, « FEMME DE
COULEUR ». C’est
le premier d’une longue série de succès qui compte désormais six albums (de Mes
Fantaisies à Héros en 2017) plus une compilation. Outre sa contribution au
Collectif Paris Africa qui lutte contre la famine en Afrique et son intégration
à la troupe des Enfoirés, son tempérament continue de faire les beaux jours de l’émission
« DANSE AVEC LES STARS ».
nWAVE
PICTURES
Impossible
de ne pas songer à l’antre de Pixar lorsque se dévoilent les locaux de nWave
Pictures discrètement nichés au cœur de Bruxelles. Il y règne une atmosphère où
créativité et bien-vivre se marient sur plusieurs étages cosy, où la cantine
voisine les bureaux de production et où les multiples départements se causent
en open space. « L’aspect familial compte énormément, ce qui explique que
certaines personnes soient restées fidèles au studio depuis les premiers longs
métrages.
ROYAL CORGI a
été entièrement créé dans ces bureaux bruxellois, là où d’autres productions externalisent
des pans entiers d’un fi lm. Il n’y a guère que dans les studios Blue Sky que
j’ai vu la même organisation. À la différence qu’ils sont 500 contre une
centaine ici ! », commente Matthieu Zeller, dont la collaboration avec le
studio a débuté il y a 7 ans lorsqu’il travaillait pour Studiocanal alors
partenaire de nWave Pictures. Aujourd’hui, c’est un nouveau pool de sociétés,
réunies par Matthieu Zeller, qui est actionnaire de nWave Pictures.
EN 3D, FAIS
CE QU’IL TE PLAÎT
C’est
une nouvelle étape dans le destin déjà fabuleux du studio d’animation qui va
fêter ses 25 ans d’existence. Ben Stassen qui a fondé la société avec Caroline
Van Iseghem et Éric Dillens, est un pionnier qui a tout misé sur la révolution
digitale lorsqu’elle n’en était qu’à ses balbutiements.
Après des
études de cinéma dans la prestigieuse Université de Californie du Sud, où il a
côtoyé à leurs débuts Michael Lehmann (HUDSON
HAWK), Phil Joanou (U2: RATTLE AND HUM) et Jay Roach (AUSTIN POWERS), il aide à boucler le financement de MY UNCLE’S LEGACY de Krsto Papic. Sur le trajet qui le ramène
de Croatie à Los Angeles, il fait une halte en Belgique et découvre le monde
merveilleux des images de synthèse produites par la société Little Big One.
Ben
Stassen se souvient : « Son fondateur Jean-Pierre Dauzun m’a demandé si j’avais
des idées pour guider l’entreprise dans la production de contenu. À l’époque,
des films comme ABYSS révolutionnaient les effets spéciaux mais Little Big One n’était
pas prête à nous lancer dans les longs métrages. J’ai pensé aux parcs
d’attraction, à la possibilité de leur proposer des films courts de quelques
minutes. J’ai réalisé « LA MINE DU DIABLE » qui a réellement changé la donne dans l’industrie. J’avais
trouvé ma voie et je ne suis jamais revenu en arrière. Au fil du temps, on est devenu
le Disney des parcs d’attraction en fournissant plus de 50% du marché mondial
».
Toujours
à la pointe de l’innovation, il participe au tournage d’un film IMAX de Ben Burtt
(ingénieur du son de STAR WARS et d’INDIANA JONES), cofonde nWave Pictures en 1994 et s’engouffre dans la brèche
de l’IMAX 3D en réalisant en 1998 « RENCONTRE
DANS LA TROISIÈME DIMENSION ».
Il produit 8 des 15 films IMAX 3D sortis entre 1998 et 2004. Cette expérience
du relief et le petit trésor de guerre accumulé au sein de nWave Pictures,
devenu leader de la production et de la distribution de contenus
stéréoscopiques, permet au studio de réaliser son rêve : tutoyer les grands
dans la cour du fi lm d’animation. FLY
ME TO THE MOON est le premier long d’animation
réalisé exclusivement en 3D relief et distribué, notamment, aux États- Unis.
L’aventure est osée mais payante. Le succès international des fi lms qui
suivront dépasse de loin leurs attentes les plus folles. En 2010, LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY attire 10 millions de spectateurs dans le monde entier et l’an
dernier, BIGFOOT JUNIOR en séduit 8 millions.
UN STUDIO AU
POIL
À
l’heure des ultimes finitions, ROYAL CORGI est le 8ème film d’animation produit
en 10 ans. Matthieu Zeller s’enthousiasme : « Hormis les studios américains,
personne n’a réussi un tel exploit au monde.
Certains
évoquent le « Pixar belge » mais je préfère parler de pépite européenne. La
synergie qui existe entre les différents départements est l’une de nos grandes
forces ».
Le
travail en équipe, l’écoute et l’interaction permanente sont la clé d’une
aventure au long cours comme celle de ROYAL CORGI. Les acteurs sont multiples,
comme autant de maillons indispensables à la chaîne créative. Le fruit des
efforts collectifs est jalousement gardé dans une salle à la Fort Knox dotée
d’un serveur principal de 360 To, dont Joël Labby, superviseur IT, a les clés :
toutes les données en cours y transitent, sont stockées puis les films sont archivés
sur bandes magnétiques.
Au
fil des postes et des talents, le puzzle de la fabrication dévoile certains de
ses secrets. Coté « Character Effects », département responsable de
l’intégration des personnages, Kin et son équipe se chargent de la simulation
du mouvement des poils, des cheveux et vêtements d’un personnage en fonction
des contraintes extérieures comme le vent. Benoît Nicodeme et ses acolytes ont
si bien testé l’effet de mousse lié à la neige carbonique que le storyboard l’a
incorporé lors d’une des scènes finales à Buckingham.
L’écran
(bâtiments, voitures, décors naturels, herbe) est l’affaire du département «
modeling » où, comme l’explique Olivier De Cafmeyer, il s’agit de modéliser de
A à Z tous les éléments nécessaires au storyboard et qui racontent autant
l’histoire que les personnages. À charge ensuite au département « shading et
surfacing », où planche Mathieu Guyot de donner l’indispensable patine aux
objets afin de les rendre réalistes. Il appartient enfin au département «
compositing » de travailler toutes les couches d’un plan (décors et
personnages) pour en améliorer la lecture, notamment en termes d’ombres et de
lumière (lighting). Les départements phares de la mise en scène et de
l’animation travaillent de concert, regroupés dans une aile du bâtiment.
L’équipe animation reçoit la prévisualisation 3D, encore saccadée. Pour arriver
à une animation fluide, c’est une question de maîtrise informatique, mais aussi
d’incarnation puisqu’il peut se filmer en train de jouer la scène... voire
utiliser un miroir rivé à sa bécane pour tester les expressions du visage et
des corps des personnages ! Au cœur du box dédié à la mise en scène, Vincent
Kesteloot prône un dialogue constant entre écriture, mise en image du
storyboard et prévisualisation. Un mur est spécialement dédié en amont aux
propositions les plus diverses (textes, dessins, images de synthèse), sachant
que si beaucoup finissent à la poubelle, c’est pour le bien, l’excellence du
projet !
nWave
Picture est une ruche où chaque clic de souris témoigne de son incroyable
productivité.
Alors
que ROYAL CORGI s’apprête à sortir dans 60 à 70 territoires, Jérémie Degruson
s’active depuis le mois de février sur BIGFOOT
SUPERSTAR : des parties sont déjà storyboardées ou adaptées
en prévisualisation 3D, comme en témoigne une armada de post-it liés aux décors
et au développement de séquences qui tapissent le mur de son bureau. Le périple
de l’animation commence, avec livraison prévue pour 2020.
L’ÉTOFFE DES
HÉROS ANIMÉS
Pour
Matthieu Zeller, « nWave Pictures a acquis ses lettres de noblesse grâce au
lighting, aux effets spéciaux et à un style réaliste. Qu’on le célèbre ou qu’on
le déplore, les Américains ont imposé un standard : une 3D sophistiquée, très
colorée au service d’une histoire qui parle au plus grand nombre et délivre son
lot d’action.
nWave
Pictures reflète depuis longtemps les goûts de Ben pour un certain classicisme,
des thématiques qui s’inspirent de mythes universels et vont toucher les
enfants ».
Mais
l’ambition affichée est de dépasser les cimes de l’animation conquises par le
studio belge en un quart de siècle. La révolution de velours a déjà commencé
pour Vincent Kesteloot. D’un point de vue technique, notamment : « Aujourd’hui,
un film d’animation compte 1.500 à 2.000 plans. Dans FLY ME TO THE MOON,
il y en avait 850, dont beaucoup de plans-séquences. Avec LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY, on est passé à 1.000 plans. ROYAL CORGI en dénombre près de
1.300. Cela montre que l’on peut raconter le même genre d’histoire tout en
gagnant en rythme et sans trahir l’esprit du studio ». Pour Ben Stassen,
l’association avec Matthieu Zeller participe du nouvel élan qu’il compte
insuffler à la production : « L’objectif est de disposer d’un budget plus
important pour enchaîner les projets, augmenter le nombre d’animateurs, ne pas
avoir de périodes creuses qui provoquent naturellement le départ de nos
talents. Avoir accès à des scénarios un peu plus chers, c’est l’occasion de
diversifier la ligne éditoriale. Et dans ce domaine, je suis curieux de tout,
sans cesse à l’affût ! ».
« Avec ROYAL
CORGI, on a commencé à jouer sur différents niveaux de lecture, notamment
destinés aux adultes avec Trump, la royauté britannique et des répliques à
tiroir », confirme Matthieu Zeller. « nWave Pictures doit s’affirmer encore
davantage comme une marque, une référence européenne dans l’animation. C’est ce
qui nous donnera davantage de liberté dans les sujets que l’on traite et nous
permettra d’élargir notre public ». Cap sur l’infini et bien au-delà !
Source et copyright des textes des notes de production @ Apollo Films
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