Science fiction/Thriller/Un film de SF plutôt sympa et original malgré quelques défauts
Réalisé par Rupert Wyatt
Avec Ashton Sanders, John Goodman, Vera Farmiga, Madeline Brewer, Machine Gun Kelly, Kevin Dunn, Jonathan Majors, KiKi Layne...
Long-métrage Américain
Durée: 01h51mn
Année de production: 2019
Distributeur: Metropolitan FilmExport
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Date de sortie sur les écrans américains : 15 mars 2019
Date de sortie sur nos écrans : 3 avril 2019
Résumé : Les extraterrestres ont envahi la Terre. Occupée, la ville de Chicago se divise entre les collaborateurs qui ont juré allégeance à l'envahisseur et les rebelles qui les combattent dans la clandestinité depuis dix ans.
Bande annonce (VOSTFR)
Extrait "Vous voulez quoi ?" (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : plus qu'un film purement de science-fiction, le réalisateur Rupert Wyatt nous propose une plongée au cœur de la résistance avec CAPTIVE STATE. Sur ce sujet, spécifiquement, son film est réussi. Il met en place une ambiance particulière avec des décors qui donnent un sentiment d’abandon et une mise en scène qui met en exergue une atmosphère de chaos.
Il y a dans sa façon de filmer une volonté de faire un parallèle avec des périodes sombres de l’Histoire, ce qui fonctionne bien et est très clairement abordé. Il veille à ce que son style soit cohérent tout au long de son long-métrage.
D’un point de vue scénaristique, il faut accepter un postulat de contexte global qui n’est peut-être pas suffisamment expliqué et laisse des doutes sur le bien-fondé des actions. Il faut aussi apprécier de comprendre les imbrications à retardement, on est donc un peu dans une compréhension floue pendant un moment sur ce que l’on nous montre, bien que ce soit une vision décalée voulue par le réalisateur. Le rythme souffre d’ailleurs un peu de cette façon de narrer l’histoire. Par contre, la caractérisation du fonctionnement de type réseau et la mise en application des actions sont très sympas.
En terme d’effets spéciaux, il y en a peu de très voyants et ils sont bien maîtrisés. Ils sont surtout cohérents avec la patte du réalisateur.
Les acteurs font un bon travail pour exprimer la peur liée à la situation d’occupation. Ashton Sanders interprète Gabriel Drummond, un jeune homme pris dans la tourmente par effet de ricochet.
John Goodman interprète Mulligan, un inspecteur tenace. L’acteur sait imposer sa personnalité et nous rendre les circonstances plausibles.
Vera Farmiga interprète une femme dont on se sait rien à part qu’elle semble savoir tout ce qu’on ne nous dit pas.
CAPTIVE STATE est un film de SF plutôt sympa malgré quelques défauts. Il a un style original et nous entraîne dans une aventure qui a est un rappel du travail de la résistance au-delà de la simple résolution de son intrigue.
Il y a dans sa façon de filmer une volonté de faire un parallèle avec des périodes sombres de l’Histoire, ce qui fonctionne bien et est très clairement abordé. Il veille à ce que son style soit cohérent tout au long de son long-métrage.
D’un point de vue scénaristique, il faut accepter un postulat de contexte global qui n’est peut-être pas suffisamment expliqué et laisse des doutes sur le bien-fondé des actions. Il faut aussi apprécier de comprendre les imbrications à retardement, on est donc un peu dans une compréhension floue pendant un moment sur ce que l’on nous montre, bien que ce soit une vision décalée voulue par le réalisateur. Le rythme souffre d’ailleurs un peu de cette façon de narrer l’histoire. Par contre, la caractérisation du fonctionnement de type réseau et la mise en application des actions sont très sympas.
En terme d’effets spéciaux, il y en a peu de très voyants et ils sont bien maîtrisés. Ils sont surtout cohérents avec la patte du réalisateur.
Les acteurs font un bon travail pour exprimer la peur liée à la situation d’occupation. Ashton Sanders interprète Gabriel Drummond, un jeune homme pris dans la tourmente par effet de ricochet.
John Goodman interprète Mulligan, un inspecteur tenace. L’acteur sait imposer sa personnalité et nous rendre les circonstances plausibles.
Vera Farmiga interprète une femme dont on se sait rien à part qu’elle semble savoir tout ce qu’on ne nous dit pas.
Copyright photos @ Metropolitan FilmExport
CAPTIVE STATE est un film de SF plutôt sympa malgré quelques défauts. Il a un style original et nous entraîne dans une aventure qui a est un rappel du travail de la résistance au-delà de la simple résolution de son intrigue.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Amérique, 2025. Depuis dix ans, les
extraterrestres occupent la Terre… Sur fond de science-fiction
futuriste, CAPTIVE STATE porte un regard très actuel sur les dérives
d’un État de surveillance et la menace qui pèse sur les libertés
individuelles. Le film aborde le rôle des mouvements de dissidence
sous le joug d’une société autoritaire, à travers deux frères
qui se retrouvent après plusieurs années de séparation, alors que
l’aîné dirige un petit groupe de révolutionnaires.
Rupert Wyatt, réalisateur et
scénariste du film, déclare : « L’histoire est davantage celle
d’une occupation que d’une invasion. Les histoires de
science-fiction réussies sont toujours celles qui, d’une façon ou
d’une autre, reflètent notre propre société.
« Je voulais créer un univers
complet, une réalité cohérente. L’histoire se déroule plusieurs
années dans le futur. J’ai donc dû imaginer l’évolution de
notre monde entre l’invasion, qui a eu lieu aux environs de 2016,
et le début de l’histoire. Je suis parti de ce qui se passe
aujourd’hui à plusieurs niveaux – social, politique,
environnemental – et j’ai exacerbé ces problématiques. Je
voulais créer un monde très réel auquel les gens pourraient encore
s’identifier, une société dans laquelle nous serions privés de
nos droits civiques et où les progrès technologiques ont régressé.
»
Le producteur David Crockett retrouve
le réalisateur après avoir produit THE GAMBLER. Il note : «
L’histoire se déroule à Chicago et suit un petit groupe
d’insurgés venus de différents milieux. Je ne la qualifierais pas
vraiment de dystopique ou d’orwellienne, bien qu’il y ait
certainement un peu de cela dans le scénario. Cette histoire se
déroule dans un monde réel, un monde qui n’est pas si différent
du nôtre. Si je devais établir des analogies entre CAPTIVE STATE et
notre monde, je pense que la plus proche serait celle de l’Allemagne
nazie ou celle de l’Union soviétique de Staline. Un régime
véritablement totalitaire qui contrôle tous les droits civiques
fondamentaux et la vie de son peuple. »
Pour son scénario original (coécrit
avec son épouse, la scénariste Erica Beeney), Rupert Wyatt s’est
inspiré des travaux de deux célèbres cinéastes européens : le
Français Jean-Pierre Melville (LE SAMOURAÏ, 1967 ; L’ARMÉE DES
OMBRES, 1969) et l’Italien Gillo Pontecorvo (LA BATAILLE D’ALGER,
nommé aux Oscars en 1967). Il déclare : « Jean-Pierre Melville est
l’un de mes cinéastes préférés. Il a été membre de la
Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale et pendant
toute sa carrière, il a voulu raconter des histoires de contestation
et de lutte contre une puissance occupante. L’ARMÉE DES OMBRES est
un film centré sur les personnages, une œuvre extraordinaire. Il
représente à bien des égards la quintessence du cinéma français
classique, mais il est tourné comme un film noir. Il a été une
grande source d’inspiration, tout comme LA BATAILLE D’ALGER. »
John Goodman, qui avait lui aussi déjà
travaillé avec Rupert Wyatt et David Crockett sur THE GAMBLER, joue
William Mulligan, un flic de Chicago qui enquête sur une faction
clandestine cherchant à mettre fin à l’occupation extraterrestre.
Il confie : « Rupert s’est inspiré pour son histoire de la
Résistance française et j’ai vraiment aimé cette approche. J’ai
toujours admiré ces gens parce qu’ils se battaient pour la
liberté, quitte à y laisser leur vie. Cette histoire parle de ce
que nous sommes prêts à sacrifier pour notre vision de la liberté.
»
Jonathan Majors, qui n’apparaît ici
que dans son deuxième rôle au cinéma après ses débuts dans
HOSTILES, le western de Scott Cooper, ajoute : « Les ÉtatsUnis sont
probablement l’un des rares pays qui a la chance de n’avoir
jamais été sous occupation. Dans cette histoire, nous sommes
vulnérables parce que nous sommes maintenant occupés par une force
plus puissante que nous. Ces créatures venues d’un autre monde ont
pris le contrôle de notre gouvernement et de la quasitotalité de
notre mode de vie. À un moment donné, Rafe, mon personnage, dit que
l’on est en train de revenir à l’âge des ténèbres, que l’on
va vers l’extinction. »
Jonathan Majors poursuit : « Nous
vivons désormais dans un monde extrêmement surveillé. Nous sommes
dirigés par un pouvoir unique. C’est leur façon de faire. Il n’y
a aucune communication entre le peuple et le pouvoir. Les gens ne
communiquent pas entre eux non plus. Nous nous retrouvons dans une
situation où nous ne faisons qu’exister… en étant observés. Il
nous est donc impossible d’exister comme nous le souhaitons.
Internet n’existe plus. Nous communiquons par téléphone fixe. La
presse a été réduite à néant. Il est interdit de voyager, seules
certaines personnes y ont droit. »
David Crockett ajoute : « D’après
moi, l’une des choses les plus intéressantes et les plus
fascinantes de ce film est la question qu’il pose : qu’êtes-vous
prêt à faire pour la liberté ? Que se passerait-il si vos droits
vous étaient enlevés par cette énorme force d’occupation ?
Seriez-vous de ceux qui acceptent, de ceux qui collaborent ou de ceux
qui s’insurgent ? Ce film explore ce sujet sans porter de jugement.
Je ne pense pas qu’il soit possible de savoir réellement comment
l’on réagirait face à une telle situation avant d’y être
confronté. »
À propos du caractère très actuel du
scénario, David Crockett déclare : « À cause de la façon dont
ces extraterrestres exploitent nos ressources et pillent la planète,
ils commencent à avoir un effet négatif sur notre monde. Alors que
le film se déroule en été, le paysage est très hivernal. La
question du changement climatique est donc très subtilement décrite.
Le film est doté d’une conscience sociale car il aborde des
questions comme celle de nos responsabilités envers l’humanité et
envers la planète. »
Rupert Wyatt confirme que le scénario
a évolué pendant plusieurs années avant que sa femme et lui n’y
mettent un point final en 2016. Les premières bases ont été jetées
cinq ans plus tôt, lorsqu’une autre administration occupait les
plus hautes sphères du gouvernement américain. Début 2017, lorsque
la production a commencé, un nouveau chef de file était apparu dans
les sondages, un outsider dans le monde de la politique dont la
première (et alarmante) déclaration officielle concernait justement
les droits civiques et l’interdiction de voyager.
Ashton Sanders, qui joue le plus jeune
des deux frères, a commencé à travailler sur le film alors que
MOONLIGHT, son projet précédent récompensé par l’Oscar du
meilleur film, était sous les projecteurs au début de l’année
2017. Il confie : « Ce n’est pas tant le personnage de Gabriel que
l’histoire qui m’a plu. J’y ai vu un regard subtil sur ce que
notre société pouvait devenir, ou ce qu’elle était rapidement en
train de devenir avec la nouvelle administration : une société
tyrannique. En tant qu’acteur, j’aime faire des films qui
trouvent un écho dans la société et les situations que l’on
rencontre dans la vie réelle. »
Rupert Wyatt sonne l’alarme : « Tout
repose sur les choix que nous faisons dans la vie, ces choix moraux
qui sont vitaux pour notre subsistance, notre sécurité personnelle
et celle de notre famille. Comment, en tant que peuple,
réagissons-nous individuellement à cette situation ? Il y a deux
types de personnages dans cette histoire : ceux qui ont choisi de
collaborer avec les occupants, et ceux qui ont choisi de riposter.
L’histoire porte essentiellement sur les deux facettes de cette
même pièce, et plus particulièrement au sein d’une même
famille. »
Le réalisateur précise : « Nous ne
cherchons pas à pointer du doigt les collaborateurs de façon
explicite et négative. Nous expliquons pourquoi ils agissent ainsi,
tout comme nous le faisons avec les combattants de la résistance qui
ont recours à la violence pour répliquer. De nos jours, c’est une
notion qui est évidemment très sensible. Mais, quand vous regardez
l’Histoire et que vous pensez aux Algériens qui ont combattu les
Français pendant l’occupation de l’Algérie, comme dans le film
de Pontecorvo, ou à l’occupation de la France par les nazis, les
points de vue varient : ceux qui résistaient étaient tantôt
considérés comme de véritables héros, tantôt comme des
terroristes. D’un point de vue narratif, c’est une zone grise
très intéressante à explorer. »
Rupert Wyatt conclut : « En fin de
compte, l’histoire parle d’oppression, de la vie au sein d’une
société où la liberté a disparu. Ce que j’ai essayé de faire
avec ces thèmes de la démocratie et de l’oppression, qui sont
extrêmement complexes et pas forcément ‘divertissants’, c’est
de les faire entrer clandestinement dans ce que j’espère être un
film de science-fiction divertissant. »
LES PERSONNAGES
John Goodman déclare : « Il y a
beaucoup de gris dans cette histoire, tout comme il y a beaucoup de
zones grises dans nos vies. Rupert et moi avons longuement discuté
de ce qu’il faudrait faire pour survivre à une invasion aussi
terrible et omniprésente dans notre vie, mais aussi de l’incertitude
quant à ce qu’eux, les extraterrestres, nous laisseraient… si
tant est qu’ils nous laissent quelque chose. »
Rupert Wyatt explique : « Mulligan, le
personnage qu’interprète John Goodman, est un homme gris,
quelqu’un que l’on ne remarquerait jamais au milieu d’une
foule, à côté de qui vous ne feriez que passer. Et c’est
précisément en cela qu’il est dangereux. C’est un policier des
services spéciaux, un détective d’une sorte de Stasi travaillant
en collaboration avec un État totalitaire. Son rôle, c’est de
surveiller les gens, les piéger, d’exécuter les basses œuvres. À
bien des égards, c’est lui le méchant.
« Il a cependant été pensé de sorte
que l’on ne voit jamais vraiment sa méchanceté ou ses mauvaises
intentions. John a apporté tout cela à son personnage de façon
presque imperceptible. Il lui a aussi donné cet incroyable côté
humain qui fait que l’on sympathise malgré tout avec le
personnage. »
David Crockett commente : « Mulligan
est un homme relativement simple. Il a été flic toute sa vie et
voit le monde en noir et blanc. Sa conviction profonde est que l’on
doit respecter la loi telle qu’elle a été décrétée par l’État,
même si la puissance d’occupation est constituée
d’extraterrestres. Il faut que l’ordre soit maintenu au jour le
jour. Pour lui, la société ne peut survivre qu’à la condition
d’appliquer les lois et de maintenir l’ordre, et ce quels que
soient ceux qui sont aux commandes. »
John Goodman décrit son personnage : «
Mulligan est un flic. Il n’est pas nécessairement franc et direct,
mais il aime la loi et l’ordre. Pour lui, les choses doivent être
en ordre, sans quoi la société sombrera. C’est une période
terrible mais il ne veut pas céder à la panique ou à la paranoïa.
Il veut que les choses soient telles qu’elles sont dans le respect
de la loi et de l’ordre. Si ces conditions sont respectées, il est
capable de tout affronter.
« Mulligan doit s’occuper, entre
autres, des fils de son ancien partenaire dans la police. Il éprouve
une sorte de responsabilité paternelle et essaie de garder un œil
sur Gabriel et Rafe, ces deux frères qui ont survécu à leurs
parents tués lors de l’invasion. Il s’efforce de veiller sur eux
de son mieux parce qu’ils sont rebelles et pourraient avoir
beaucoup d’ennuis étant donné les circonstances. Ce sont deux
enfants intelligents qui veulent profiter de la vie malgré
l’occupation. »
David Crockett, le producteur, explique
: « Au fil des années, alors que les garçons grandissaient et que
Rafe s’impliquait dans l’insurrection, Mulligan est passé du
statut de figure paternelle à celui de flic. »
Jonathan Majors joue Rafe, le frère de
Gabriel, un rebelle insaisissable connu sous le nom de Phénix. Il
explique : « Mulligan est à la recherche de Rafe et ça le rend fou
parce qu’il y a un lien familial profond entre eux. Il s’est
accroché à Gabriel et a, d’une certaine façon, subvenu à ses
besoins en l’aidant à obtenir un travail à l’usine. Il se sent
responsable des fils de son défunt partenaire et ami. »
Jonathan Majors ajoute : « J’ai été
sidéré par cette trinité, ces trois fils conducteurs créés par
Rupert. Ces trois personnages sont profondément interconnectés, non
seulement par le biais de la famille, mais aussi par le statut
socio-politique. Mulligan représente le gouvernement parce qu’il
est policier, c’est un agent spécial qui occupe une fonction
importante. Gabriel, le petit frère, travaille tous les jours de 9h
à 17h et représente la branche sociale. Rafe, lui, est complètement
hors réseau et incarne la résistance. Ces trois hommes représentent
les trois côtés d’un triangle : l’État avec Mulligan, le
peuple avec Gabriel et la résistance avec Rafe. »
Ashton Sanders, qui joue Gabriel,
déclare : « C’est un monde à part entière, et bien que
légèrement décalé du nôtre, il est quand même une réalité en
soi. J’ai aimé la dynamique entre les personnages de Rafe et
Gabriel et j’ai été attiré par tout ce que le jeune Gabriel a
traversé dans sa vie pour être devenu si fort et si complexe.
« Je voyais Gabriel comme un
crocodile, quelqu’un qui ne fait pas de vague mais est totalement
conscient de ce qui se passe autour de lui. Rupert et moi avions les
mêmes idées pour Gabriel. En fin de compte, nous avons plus ou
moins créé le personnage et ce qu’il représente autour de cette
analogie. Gabriel s’installe quelque part et attend.
« Cette idée était déjà très
présente dans le scénario. Gabriel a dû grandir très vite, sans
ses parents et sans personne pour le guider. Il a dû s’élever
lui-même… Il est devenu un homme à un très jeune âge. »
Rupert Wyatt déclare : « J’ai mis
du temps à trouver l’acteur pour ce personnage parce que je
voulais quelqu’un de très jeune et, d’une certaine façon,
d’encore innocent face au monde. Il fallait aussi qu’il soit
capable de jouer en étant extrêmement calme, qu’il ait la
capacité de voir les choses à travers le prisme d’une expérience
de vie traumatisante. C’est cela, le personnage de Gabriel : un
enfant qui a perdu ses parents, perdu son frère et qui vit dans un
quartier défavorisé de Chicago en choisissant de garder la tête
basse pour éviter les problèmes. Ashton est capable de faire passer
tout cela d’un seul regard. »
Rupert Wyatt note que Jonathan Majors,
qui joue Rafe, avait lui aussi les arguments nécessaires : «
Jonathan a apporté énormément de puissance et d’intensité au
personnage. Il lui a donné aussi une certaine rage. C’est le
personnage le plus clairement défini. Il a fait un choix. C’est un
fanatique. Il a choisi de ne pas accepter l’occupation. Il a donc
décidé de se battre à tout prix et de faire tous les sacrifices
nécessaires. On parvient à le comprendre, à comprendre ce feu qui
brûle dans ses yeux. Jonathan est incontestablement parvenu à faire
passer cela dans une prestation très brute. »
Jonathan Majors explique : « Au début,
Rafe n’est qu’un militant, il n’est pas encore le chef de
cellule qu’il deviendra finalement. Il poursuit son entraînement,
son militantisme, sa préparation et participe à l’attaque qui
vise à prendre la tour Sears. Il joue un rôle important dans le
mouvement, dans la prise de la tour et la destruction du brouilleur
de communication qui coupe Chicago du reste du monde. »
Rupert Wyatt a suggéré à ses deux
jeunes acteurs (au moment du tournage, le film était le troisième
projet d’Ashton Sanders au cinéma et le deuxième de Jonathan
Majors) d’éviter de passer du temps ensemble en dehors du plateau
jusqu’au tournage d’une scène cruciale où les deux frères se
retrouvent après quatre ans de séparation. Le cinéaste cherchait
ainsi à apporter une véritable authenticité à la scène en
empêchant ses deux jeunes acteurs de se lier d’amitié avant de
jouer l’un des moments les plus dramatiques et émouvants de
l’histoire.
Jonathan Majors précise : « Gabriel
pense que son frère, celui qui devait s’occuper de lui, l’a
abandonné, et c’est comme ça que tout commence. C’est une scène
où les deux frères réapprennent à se connaître, retrouvent leur
équilibre et découvrent pour la première fois les hommes qu’ils
sont devenus. »
L’actrice Vera Farmiga, nommée aux
Oscars, joue l’un des autres personnages clés de l’histoire, une
ancienne enseignante devenue prostituée qui entretient une relation
particulière avec Mulligan, Gabriel et Rafe.
Rupert Wyatt explique : « Jane Doe est
une prostituée au service des membres haut placés du gouvernement
et de ceux qui collaborent. Je suppose qu’on peut la voir comme la
figure de proue de ce film. Et Vera, par sa seule présence et son
talent, a su transmettre une grande chaleur et une réelle humanité
à son personnage. »
John Goodman ajoute : « C’est une
ancienne enseignante que Mulligan connaissait avant l’invasion.
Elle a découvert une nouvelle façon de gagner sa vie, un métier
qui devient très important pour Mulligan mais aussi pour la
résistance. Elle devient une sorte d’informateur. C’est une
femme très courageuse, prête à tout sacrifier pour le mouvement. »
Jonathan Majors ajoute : « Jane Doe
était la meilleure amie de notre mère et se sent donc responsable
des deux orphelins. Elle aide Rafe à prendre soin de Gabriel autant
qu’elle le peut. Nous essayons tous de nous en sortir. Le plus
important, c’est de survivre. Ce n’est plus un quotidien banal,
il faut se battre à chaque instant. Au fil du temps, Jane Doe
devient une sorte de lien entre Rafe et la résistance. »
Rupert Wyatt déclare : « C’est un
film assez dur du point de vue de la narration. Il y a certaines
décisions, certaines actions et certains décors de notre histoire
qui sont intentionnellement épurés. Vera, par exemple, a su
apporter une certaine légèreté au film, une chaleur nécessaire
pour contrebalancer l’âpreté du reste. »
UN TOURNAGE À CHICAGO
Rupert Wyatt voyait la ville de Chicago
comme un personnage clé de l’histoire. Il déclare : « J’avais
tourné le pilote de la série ‘L’Exorciste’ à Chicago et cela
avait été une très bonne expérience. Nous y avons tourné neuf
semaines à l’automne 2017 et Chicago s’est avérée être un
personnage à part entière du film. »
« D’après moi, c’est LA grande
ville américaine par excellence. Elle est extrêmement
représentative et c’est la raison pour laquelle il était logique
de placer ce qui est en fin de compte une histoire mondiale à bien
des égards dans cette ville à l’environnement très vertical avec
tous ses gratte-ciels. C’est une ville à l’échelle
impressionnante qui abrite pourtant des communautés et des quartiers
dans un environnement très dense, très surchargé. Nous avons
tourné partout ! Dans le centre-ville, dans l’immeuble du Chicago
Tribune, le long de la rivière Chicago, sur les rives du lac
Michigan et au Soldier Field, le stade de football américain de la
ville, foyer des Chicago Bears. Notre histoire se déroule
principalement dans le quartier populaire et ouvrier de Pilsen. »
Le réalisateur poursuit : « Comme
beaucoup d’autres quartiers, Pilsen connaît un processus de
gentrification. Pourtant, dans notre histoire, c’est dans ce
quartier que le foyer du militantisme resserre ses liens et se remet
à croître. Cela m’a permis de visualiser et de recréer ce qui
était architecturalement un monde ancien. »
Stefan Nikolov, un vétéran chez les
régisseurs d’extérieurs de Chicago, raconte : « Quand Rupert a
écrit le scénario, il avait déjà Pilsen en tête. C’est un
quartier en grande partie mexicain, très proche du centre-ville. On
y croise des familles mexicaines de deuxième et troisième
génération. »
Keith Cunningham, le chef décorateur,
déclare : « Pilsen était parfait pour servir de noyau central à
l’intrigue parce que c’est un quartier très texturé, riche
d’une grande histoire et un peu décrépit. On y trouve aussi un
réseau très étendu de ruelles et de nombreuses portes de service à
l’arrière des maisons. Étant donné que le pays est constamment
surveillé par toutes sortes de gens, beaucoup de nos personnages
vivent et se déplacent dans ces ruelles, ce réseau caché, comme
des souris dans un labyrinthe, essayant de rester hors de vue. »
Rupert Wyatt et son équipe cherchaient
une multitude de lieux cachés, hors des sentiers battus. Stefan
Nikolov déclare : « Les lieux devaient avoir un certain grain. Tout
devait être usé, fatigué, comme s’ils étaient abandonnés
depuis des années. Les sites de tournage devaient donner
l’impression que l’on se trouve dans un avenir qui a plutôt mal
tourné après l’invasion de la Terre. Nous avons essayé de
trouver des recoins de Chicago qui n’avaient pas été filmés trop
souvent. Nous avons retourné toute la ville pour dénicher des
endroits inattendus adaptés à la vision qu’avait Rupert de ce
monde qui tombe en ruine. »
Stefan Nikolov poursuit : « Ce film
tourne autour de murs et de tunnels, c’est un motif visuel
récurrent. Dès le début, nous en avons cherché dans toute la
ville, comme par exemple ce métro abandonné ou encore une ancienne
aciérie qui a été l’un des principaux lieux de tournage du film.
»
Keith Cunningham raconte : « On trouve
dans cette usine abandonnée un canal incroyable et deux immenses
murs creux de près de neuf mètres de haut qui s’étendent sur
plus d’un kilomètre et forment de véritables tunnels. »
Rupert Wyatt a choisi ce lieu, situé
dans un site industriel abandonné sur la rive sud du lac Michigan à
une douzaine de kilomètres du centre-ville, pour tourner une scène
clé entre Gabriel et son ami Jurgis, qui y a entreposé un bateau
qu’il espère utiliser pour traverser le lac et échapper à
l’occupation de Chicago.
Grâce à l’œil affûté de Stefan
Nikolov, Rupert Wyatt a découvert quelques lieux cachés de Chicago
qui ont même surpris les membres de l’équipe locale riches de
nombreuses années d’expérience dans leur propre ville. L’un des
sites en question était les silos Damen, un ensemble de silos
industriels désaffectés situé du côté sud de la ville, sur les
rives de la rivière Chicago, qui offrait également un point
d’observation clé sur le centre-ville dominé par la tour Sears
(désormais connue sous le nom de tour Willis). Ces impressionnants
bâtiments de 15 étages construits en 1906 ne sont plus utilisés
depuis une explosion en 1977.
Stefan Nikolov déclare : « C’est un
lieu vraiment emblématique à Chicago. Beaucoup de réalisateurs
veulent tourner là-bas une fois qu’ils l’ont vu. Ce qui est
intéressant dans ce projet, c’est qu’à la différence des
tournages habituels où les gens filment l’extérieur, nous, nous
sommes entrés à l’intérieur des silos. C’est un endroit unique
que l’on ne voit nulle part ailleurs. »
Rupert Wyatt a choisi cet emblème
fantomatique de Chicago pour une scène nocturne où Rafe rassemble
ses troupes pour planifier leur évasion de la ville.
L’église Saint-Boniface, une église
catholique abandonnée située dans le quartier de Noble Square dans
l’ouest de Chicago, a également été un lieu de tournage
spectaculaire. Construite au début du XXe siècle, elle a ouvert ses
portes en 1904. Fermée en 1990, elle est depuis restée inoccupée
et s’est peu à peu délabrée. Lorsque l’équipe et les acteurs
sont entrés dans ce bâtiment abandonné et jonché de débris de
plâtre et de gravats, tous ont reconnu le talent artistique du chef
décorateur Keith Cunningham et de son équipe, qui en ont fait une
cachette pour Rafe, le fugitif dissident.
Ironiquement, la production a utilisé
un quartier général abandonné de l’Armée du Salut pour créer
le commissariat de police de Mulligan, et a aussi transformé une
véritable prison en un repaire secret.
Le plus grand décor construit a été
assemblé dans les studios CineSpace, les plus importants de Chicago,
puis transporté en plusieurs pièces et réassemblé à l’intérieur
de l’immense McCormick Place de Chicago, le plus grand centre de
congrès d’Amérique du Nord. Là, la production a utilisé le
gigantesque Hall D, qui mesure environ deux fois la taille d’un
stade de football, pour reconstruire ce que le scénario décrit
comme la « zone de transition fermée ».
McCormick Place a également figuré le
dépôt d’autobus, un lieu d’où Rafe et deux complices tentent
de fuir Chicago. La séquence offre l’un des rares aperçus des
extraterrestres.
EXTRATERRESTRES ET HUMAINS
Le chef décorateur Keith Cunningham
explique : « Les extraterrestres se divisent entre les législateurs
et les chasseurs. Nous voulions les représenter de la manière la
plus concrète possible, même s’il y a évidemment beaucoup
d’images de synthèse. Le défi consistait à concevoir une espèce
venue d’un autre monde que l’on n’avait jamais vue auparavant,
et de rendre ces êtres intéressants et uniques. »
Le maquilleur Gregory Nicotero déclare
: « Nous voulions nous éloigner de l’anatomie humaine en
allongeant l’arrière de la tête ainsi que les bras et les jambes,
tout en redessinant la zone des épaules. Nous avons créé des
casques qui imitent l’aspect d’une ‘plaque de recouvrement’
métallique reliés à un appareil respiratoire et de petits ‘yeux’
à lentilles pour apporter une sensation humanoïde globale. Les
casques étaient fixés très haut sur la tête de chaque acteur pour
allonger le cou et modifier au maximum la silhouette. »
Les costumes recouvraient tout le corps
des 7 acteurs jouant les extraterrestres chasseurs, et il fallait
entre 20 et 30 minutes pour les habiller. Ils ont été sculptés sur
le corps de Carey Jones, le superviseur de la création des créatures
– qui a d’ailleurs interprété le chef des chasseurs dans le
film. Collaborateur de longue date de KNB EFX, la société de
Gregory Nicotero, il a notamment remporté un Emmy Award pour son
travail sur un épisode de la série The Walking Dead en 2012.
Gregory Nicotero poursuit : « Les
sous-vêtements, les coussinets et l’équipement de protection ont
été incorporés dans le corps sculpté tandis que les détails des
mains allongées, des épaules, des plaques situées sur la poitrine
et le dos et de la ceinture ont été sculptés et moulés pour être
ajoutés après coup en plastique dur. Nous avons également vieilli
et patiné les costumes pour illustrer leur usure consécutive aux
longues années de combats. Pour donner une apparence unique à ces
créatures, nous avons ajouté une dernière modification à leur
costume : des ‘trophées’ récupérés au cours de leurs
différentes batailles qui peuvent être des objets de tous les jours
comme des panneaux de signalisation, des indicateurs de haute
tension, des masques à gaz militaires ou des turbans du
Moyen-Orient. »
Pendant ce temps, la chef costumière
Abby O’Sullivan se concentrait sur l’apparence des acteurs
humains de l’histoire, multipliant les recherches pour trouver
l’inspiration. Elle raconte : « Rupert puise son inspiration dans
les années 70 et c’est justement une époque avec laquelle je suis
à l’aise sur le plan esthétique. Le style urbain des années 70,
que l’on voit par exemple dans MEAN STREETS de Scorsese, a eu une
énorme influence sur mon travail. C’est un look urbain qui plonge
le spectateur dans une atmosphère moite qui frise la claustrophobie.
Je suis de New York, donc THE BRONX IS BURNING, un film réalisé en
1977, m’a lui aussi beaucoup inspirée parce que je me
reconnaissais dans cette ambiance. J’ai aussi regardé des photos
de Jamel Shabazz, et plus particulièrement sa série sur l’épidémie
de crack qui a frappé les banlieues de New York. »
Abby O’Sullivan confie s’être
également inspirée de deux films bien connus : le long métrage
brésilien nommé aux Oscars en 2002 LA CITÉ DE DIEU de Fernando
Meirelles, qui suit deux garçons grandissant dans un quartier
violent de Rio de Janeiro dont les vies empruntent des chemins très
différents ; et LA HAINE de Matthieu Kassovitz, lauréat du prix du
Festival de Cannes en 1995, qui met en scène Vincent Cassel, l’un
des trois hommes dont la vie est explorée sur une période de 24
heures à la suite de violentes émeutes dans la banlieue de Paris.
Abby O’Sullivan confie : « On
retrouve beaucoup de points communs avec LA HAINE dans notre
histoire. C’est un très grand film en noir et blanc qui m’a
aussi énormément inspirée. Au cours de mes recherches, je me suis
attachée à examiner ce qui se passe après une occupation, ce qui
dure, ce qui ne dure pas, etc. J’ai étudié la mode pendant
longtemps, alors je savais vraiment dans quelle direction je voulais
aller avec les vêtements. »
Elle précise : « Pour le personnage
de John Goodman, j’ai travaillé sur une variation de tons gris
extrêmement désaturés afin de refléter la froide monotonie de
l’avenir. Je voulais montrer, à travers la garde-robe de chacun,
comment tout le monde s’était radicalisé durant l’occupation.
Pour moi, c’est un personnage de film noir. Sa garde-robe est donc
très simpliste, il n’a que des tenues dans des tons ocre et gris
parfaitement adaptés à son personnage. »
Textes des notes de production : Coming Soon Communication
Source et copyright des textes des notes de production @ Metropolitan FilmExport
Source et copyright des textes des notes de production @ Metropolitan FilmExport
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