vendredi 1 mars 2019

LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V - DOSSIER 64



Policier/Drame/Un très bon film policier avec tout le plaisir de retrouver le duo Carl et Assad pour cette prenante dernière  enquête

Réalisé par Christoffer Boe
Avec Nikolaj Lie Kaas, Fares Fares, Johanne Louise Schmidt, Soren Pilmark, Nicolas Bro, Anders Hove, Fanny Bornedal, Clara Rosager...

Long-métrage Danois
Titre original : Journal 64 
Durée: 01h58mn
Année de production: 2018

Distributeur: Wild Bunch 

Date de sortie en e-Cinéma : 7 mars 2019 exclusivement sur vos services de vidéo à la demande

D'après le best-seller de Jussi Adler-Olsen


Résumé : alors que le Département V est sous tension avant le départ annoncé d'Assad, partenaire de l'inspecteur Carl Mørck, ces derniers se lancent dans une nouvelle enquête qui pourrait bien être leur dernière.

Suite à la découverte de trois squelettes cachés derrière la tapisserie d'un vieil appartement, les deux enquêteurs et leur assistante Rose doivent exhumer une macabre affaire datant des années 1950 : sur la petite île de Sprogø, des femmes étaient internées et stérilisées de force sous la direction du docteur Curt Wad...

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait - "T'es pas bien, mec !" (VOSTFR)



Extrait - "Derrière le mur" (VOSTFR)



Ce que j'en ai pensé : après MISÉRICORDE (2013), PROFANATION (2014) et DÉLIVRANCE (2016), DOSSIER 64 est la quatrième enquête du DÉPARTEMENT V. Ce sera malheureusement la dernière puisque l'équipe avait signé pour quatre films. 

Avis aux fans de la saga, vous ne serez pas déçu ! L'atmosphère glauque et particulière qui colle au Département V est ici parfaitement respectée par le réalisateur Christoffer Boe. Sa mise en scène met en avant aussi bien les lieux que les face-à-face entre les personnages. Ses plans sont souvent créatifs. Il y a un bon équilibre entre l’avancée de l’intrigue et l’action. Le rythme est régulier. Les rebondissements captent notre attention. Il utilise habilement des allers-retours entre présent et passé pour nous situer le contexte et faire résonner cette affaire entre hier et aujourd’hui.

L’histoire est encore une fois une descente vers le mal le plus vil. Les relents glauques qui s’élèvent au fur et à mesure que les pièces du puzzle se mettent en place sont insupportables. Mais c’est là tout l’intérêt des cas rattachés au Département V. Ils dénoncent les horreurs (basées sur des faits véridiques) pour mieux éveiller notre attention sur des sujets qui sont malheureusement très actuels et internationaux. Bien que l’action se situe au Danemark, on a donc aucune peine à se sentir concernés et à comprendre pourquoi nos deux héros sont perturbés par cette affaire.

Retrouver Carl Mørck, interprété par Nikolaj Lie Kaas, et Assad, interprété par Fares Fares, est un vrai plaisir. Carl a toujours un instinct superbement affûté qu’il arrive difficilement à vendre avec son caractère magnifiquement asocial et Assad est toujours aussi merveilleusement adorable et patient, même si le premier ne peut s’empêcher de tester irrémédiablement les limites du second. Leur relation est encore une fois le cœur autour duquel le mystère impénétrable va finir par se fendre pour révéler ses secrets les plus sombres. Mais en fait de duo, on a le sentiment de voir se dessiner un trio dans cet opus avec la présence de l’efficace et attachante Rose Knudsen, interprétée par Johanne Louise Schmidt. 


LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V : DOSSIER 64 est un film policier, hyper solide et convaincant, qui ravira sans aucun doute ceux qui suivent les aventures de Carl et Assad depuis le début. Mais il est également très bien construit pour permettre à de nouveaux curieux de rentrer dans cet univers si particulier qui fait de cette saga, à l’identité forte, une réussite qui s'est renouvelée à chaque fois. Ses qualités font qu'on aurait souhaité encore plus d'enquêtes de ce département !

RENCONTRE / TABLE RONDE AVEC L'EQUIPE DU FILM
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Le 21 févier 2019 à Paris, j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer la productrice Louise Vesth ainsi que les acteurs Nikolaj Lie Kaas (qui interprète Carl Carl Mørck) et Fares Fares  (qui interprète Assad) pour une discussion sur DOSSIER 64 autour d’une table ronde. Nous étions sept à venir de médias différents et à nous intéresser à la dernière enquête du Département V. L’ambiance était détendue, les invités étant adorables et prêts à répondre à nos questions de bon cœur. 


Copyright photos @ Epixod

Cette discussion comporte beaucoup de spoilers sur DOSSIER 64, il faut avoir vu le film avant de la lire.

Nous avons débuté par parler de la VOD, puisque le film sortira directement en e-Cinéma le 7 mars 2019. Louise Vesth pense pour sa part que le e-Cinéma est une bonne opportunité pour permettre au film d’être vu dans de nombreux pays. Bien sûr, elle préfère personnellement se rendre dans une salle, car c’est magique d’y voir un film, cependant ce format (le e-Cinéma) donne aux distributeurs beaucoup plus de flexibilité. Face à une concurrence importante, cela donne plus de sens pour eux d’investir dans la promotion des films et de les pousser sur ce support.

Louise est attachée à la production des quatre films, ce qui a permis de lui demander si elle pensait que l’aventure irait aussi loin. Elle a expliqué que l’auteur des livres, Jussi Adler-Olsen, avait pensé au départ à une série télé. Mais quand elle a lu les livres, elle a trouvé que le contenu des enquêtes était fort et adapté au cinéma. Donc, dès le début, elle avait dans l’idée de faire quatre films et de garder une qualité élevée sur chacun d’entre eux. Pour elle, si on voulait voir l’évolution, notamment des deux personnages principaux, il fallait que l’ambition de faire toujours mieux prévale.

Il a 4 longs-métrages et 7 livres publiés (même si l’auteur vise une série de 10 romans), la question suivante était donc de savoir si un contrat avait été signé pour continuer. Louise nous a confirmés que ce n’était pas prévu, puisque depuis le début, Jussi n’est pas satisfait de l’option prise avec les films, ce qui arrive parfois. Il a dessiné les personnages et les histoires dans son esprit, et le retraitement par le scénariste, Nikolaj Arcel, l’un des meilleurs scénaristes du Danemark, incluait une vision très claire par rapport à ce qu’il souhaitait faire avec les coupes au niveau des personnages et des histoires pour les rendre plus adaptées à une narration cinématographique. Ils ont mis des visages sur les personnages et ont donc posé une image sur ce que pouvait s’imaginer les lecteurs. L’auteur, qui était encore en train d’écrire lorsqu’ils sont arrivés avec leur projet de films, n’a pas accroché. De ce fait, ils ont su très vite qu’ils n’obtiendraient pas les droits sur les livres suivants. À présent, une autre société de production va prendre le relais et ce sera un nouveau démarrage avec une équipe différente. Elle espère qu’ils en feront eux aussi quelque chose de très bien. Ils ne sont pas trop au courant du format que cette nouvelle équipe choisira, mais il semble que ce soit également des films.

Dossier 64 raconte une histoire très sombre, la question suivante s’est intéressée à l’atmosphère sur le tournage. L’acteur Fares Fares a confirmé qu’heureusement le sujet déprimant n’a pas entamé la bonne ambiance qui régnait sur le tournage. Ils travaillent très bien ensemble (avec Nikolaj) et ont une excellente relation avec le réalisateur, Christoffer Boe, également. Ils savaient que c’était leur dernier film et qu’ils allaient dire au-revoir à la saga, ils n’avaient donc plus à se poser des questions sur la suite et pouvait mettre en commun toutes leurs idées sur l’évolution de la relation entre les personnages, ce qui était très agréable.

La meilleure scène sur laquelle ils ont travaillé sur ce tournage, d’après Fares, est celle dans l’hôpital à la fin. Il n’utiliserait pas le mot fun, mais c’était la plus épanouissante. On lui a alors demandé qu’elle fût la plus difficile et l’acteur Nikolaj Lie Kaas a répondu, en riant, que c’était la même. Et la scène du film qu’ils ont filmé le dernier jour était celle où ils sortent de la voiture pour se rendre chez la femme de l’avocat.
Dans le film, Assad va quitter le Département V, la question suivante était de savoir si les acteurs étaient angoissés de devoir se séparer maintenant que le projet est terminé. Fares a expliqué qu’en fait non, il n’y a pas eu d’angoisse face à cela, parce qu’ils savaient qu’ils avaient signé pour quatre films et que la fin arrivait, ils étaient donc préparés. Ils savaient aussi qu’ils devaient s’amuser pendant que cela durait. Quand ils sont commencés sur ce dernier opus, ils se sont dit qu’il fallait faire du mieux possible puisque c’était le dernier. Travailler avec Nikolaj et Louise lui manquera, mais ils cherchent de nouveaux projets à développer ensemble. Pour lui, la saga entre Carl et Assad se termine sur une note positive. Se souvenir des films et de ces six dernières années sera une grande joie. En même temps, il sait que continuer encore et encore aurait signifié perdre en partie la passion pour les personnages et pour ce travail, donc arrêter maintenant est le bon moment.

Du coup, on leur a demandé s’ils avaient de futurs projets ensembles. Fares a répondu qu’ils n’en avaient pas encore trouvé un et ils ont continué en cœur avec Nikolaj pour dire qu’il en cherchait vraiment un et qu’ils en discutent énormément.

La discussion a ensuite porté sur leur relation pour savoir si leur excellente collaboration a été instantanée ou si elle s’est construite dans le temps. Pour Fares, elle a été instantanée, même si de son point de vue, bien sûr, ils ont appris à se connaître un peu plus au fur et à mesure des films. C’est sur le second film qu’il a compris que travailler ensemble se révélerait une excellente expérience jusqu’au bout. Cependant, l’alchimie dans leur travail est là depuis le début, cela ne s’invente pas. Vous l’avez ou pas, c’est aussi pour cela que le fonctionnement de cette alchimie est testé dès le départ. Nikolaj a ajouté que la confiance l’un dans l’autre est essentielle et Fares a complété en disant qu’elle a grandi avec le temps.

Puis nous leur avons demandé quel effet cela leur fait d’interpréter ces personnages pendant si longtemps et s’ils avaient des difficultés à s’en séparer. Fares a commencé par expliquer que pour lui, ce n’est pas le cas, car il n’est pas nostalgique de cette façon. C’est un travail qu’il fait avec une grande passion pendant qu’il le pratique. Il ne ramène pas Assad à la maison, mais par contre, il emporte avec lui les amitiés qu’il s’est faites pendant ces années que ce soit entre eux trois ou avec le scénariste Nikolaj Arcel, qui a été là depuis le début, ainsi qu'avec le réalisateur des deux premiers opus, Mikkel Norgaard, avec qui ils ont échangé des sms régulièrement pendant les tournages. Sans oublier que rencontrer de nouveaux réalisateurs a permis à la famille de s’agrandir. Mais pour lui, le personnage ne reste pas avec lui quand il rentre à la maison ou entre deux projets. Nikolaj est intervenu pour dire que cela arrive tout de même que des personnages leur collent un peu plus à la peau, ce qui a été confirmé par Fares, mais pas en ce qui concerne Assad. Nikolaj lui a demandé si c’était parce qu’il s’identifiait moins à Assad peut-être. Fares a acquiescé en expliquant que ce personnage est vraiment très éloigné de lui. Nikolaj a ensuite enchaîné sur le fait qu’il accepte qu’il y a une part de Carl en lui, que tout le monde a par moment, et qui est celle du connard, l’égoïste imbécile qui déteste les autres et qui pense pouvoir vivre sans eux. Il veut parfois être cette personne, même s’il sait qu’il mourra triste et misérable s’il vit sa vie ainsi. Mais c’est bien de pouvoir choisir d’être comme ça et d’assumer que c’est une part de vous-même. Il peut donc s’identifier à Carl dans ce sens. Il est pourtant très éloigné de lui en tant que personne. Mais c’est aussi pour cela que les gens vont au cinéma, pour voir ces comportements excessifs qui font quelque fois partie de nous.

Nous avons ensuite parlé du personnage de Rose, que l’on voit un peu plus dans DOSSIER 64 pour savoir s'ils voyaient ce personnage comme faisant finalement un trio avec Carl et Assad. Pour Fares, non, ce n'est pas le cas. Ils ont toujours voulu voir le personnage de Rose être plus sur le terrain et avoir plus d'importance, mais il s'agit bien d'un duo pour lui dans les quatre films. Il n'y a jamais vraiment eu un plan de mettre en avant un trio. Elle apporte une dynamique à l'équipe. Quand il a lu le script du second film et qu'il y a vu le personnage de Rose, il a eu des objections, car pour lui, elle était un second Assad, mais en femme, donc il fallait séparer les rôles, faire en sorte qu'elle apporte quelque chose. Et c'est exactement ce qu'à fait Johanne Louise Schmidt, qui interprète Rose Knudsen. Elle a réussi à en faire quelque chose qu'il n'attendait pas et même à créer un protagoniste assez drôle. D'ailleurs, on le voit dans les scènes dans le sous-sol du commissariat où elle est la seule qui peut-être dure avec Carl. Pour Louise, elle a un rôle très important. Il était nécessaire qu'elle impose quelque chose de fort, car Carl et Assad se connaissait déjà du premier film quand elle est arrivée dans le deuxième et il fallait une tierce personne pour créer l'atmosphère spécifique du département V situé dans le sous-sol du commissariat à Copenhague. Elle a eu un impact sur la relation entre Carl et Assad. C'est pourquoi,à son avis, Rose est aussi importante dans le dernier film, car Carl et Assad semble se séparer définitivement, mais elle est celle qui soutient Assad dans sa décision. Elle voit bien que Carl s'enfonce dans son cynisme habituel, elle comprend Assad et offre un point de vue sur eux deux. Nikolaj a ajouté qu'il pense que c'est très difficile de jouer face à personnage comme Carl, cela ne doit pas être drôle d'être Fares parfois, car il ne reçoit rien de lui. C'est comme travailler avec une porte. Il ne fait rien pour l'accommoder d'une façon ou d'une autre. Fares lance sa réplique, mais il ne reçoit rien en retour. C'est pourquoi il pense que Rose est importante, car elle échange avec Assad, ce qui doit être plus agréable pour Fares. Ce à quoi Fares a répondu qu'il avait en effet ressenti le manque de retour dans la toute première scène du premier film, après cela, il n'a plus eu ce sentiment, il l'a vécu autrement. Louise a repris la parole pour signaler que c'est parce que Fares était solide dans son personnage. Elle a remarqué que quand d'autres acteurs devaient jouer pour une courte période face à Carl, ils luttaient, car en effet, ce personnage ne donne rien en retour, il est froid. Fares explique qu'il s'est entraîné et qu'il le savait parce qu'ils parlaient ensemble des scènes avant de les tourner et donc il savait à quoi s'attendre. Il séparait le personnage Carl de l'acteur Nikolaj et du coup, il savait que c'était vraiment le personnage de Carl qui était horrible avec lui et pas Nikolaj. Nikolaj a précisé qu'il expliquait aux autres acteurs juste avant les scènes qu'il allait être un parfait connard dans un instant, parce que normalement, le fait de jouer est une partie de ping-pong, mais pas avec Carl. Louise a rétorqué que c'était seulement ping-ping avec Carl en référence à une ligne de dialogue dans DOSSIER 64.

Nous avons aussi parlé du réalisateur Christoffer Boe et de la façon dont il a été amené sur le projet. Louise est allée à l'école de cinéma avec lui, ainsi qu'avec le scénariste Nikolaj Arcel et le premier réalisateur, Mikkel Norgaard. Elle aime donc rester avec des connaissances. Nikolaj a ajouté qu'il était surpris qu'ils n'aient jamais parlé de Chritoffer en tant que réalisateur avant ce film. Louise a alors précisé qu'à l'origine chaque film devait être fait par un réalisateur différent. Pour des raisons de temps et parce qu'elle ne savait pas si le premier allait marcher à sa sortie, elle a dû financer le deuxième film avant même la sortie du premier, car le deuxième avait un gros potentiel commercial. De ce fait, le tournage du second film a été interrompu, puisqu'il a fallu tout arrêter pour la promotion du premier film, ce qui a rétrospectivement beaucoup compliqué les choses. Mais elle savait que Mikkel saurait relever ce défi. C'est un réalisateur très fort pour créer les personnages, elle était donc sûre qu'il saurait faire deux films d'une grande qualité. Au troisième film, le temps était venu de changer. L'apport du réalisateur Hans Petter Moland était un grand réalisme dans sa façon de monter ses scènes. De plus, le film a été tourné pendant l'été et l'histoire est une des plus brutales car elle parle d'enfants. Ensuite, ils avaient encore besoin de nouveaux défis et il fallait attendre que les agendas des uns et des autres s'alignent. Avec Christoffer, la saga a hérité d'un réalisateur à la signature reconnaissable visuellement et dans sa façon de voir les scènes avec des angles de caméra très différents. Il y a toujours une autre histoire que celle qui est en train d'être racontée dans ses plans, un autre secret qui attend d'être révélé. Pour elle, c'est un réalisateur brillant et ambitieux, ce qu'elle apprécie particulièrement. Elle était ravie qu'il ait dit oui et en plus, il était prêt, car il avait travaillé sur de nombreux autres films notamment RECONSTRUCTION (2003) qui est un de ses films danois préférés dans lequel joue Nikolaj également. Pour elle, Christoffer était vraiment le bon choix.

La question d'après s'adressait aux acteurs pour savoir s'il est difficile pour eux de rentrer dans ses personnages et s'ils avaient des sources d'inspiration. Fares a répondu qu'avec ses projets-là, ils sont limités parce qu'ils sont basés sur des livres, donc ils ne peuvent avoir de folles idées. De plus, il s'agit d'une relation entre deux personnes et il faut respecter l'avis de l'autre pour que ça fonctionne. En tout cas au début, il a essayé de rendre Assad beaucoup plus humain que dans les livres, de le rendre plus respectueux de lui-même d'une certaine façon et plus moderne. Ensuite, tout tournait autour de la relation entre Carl et Assad et tout a été possible grâce à la relation entre lui et Nikolaj. Il a également eu le souci de la barrière de la langue, parce que les films sont danois et qu'il est suédois. C'est beaucoup plus difficile qu'on peut le penser de parler cette langue. Il a dit en plaisantant que c'est une langue horrible basée sur les sons et non sur les mots. Il a donc passé beaucoup de temps à travailler avec un coach pour prononcer les dialogues. Il y a eu aussi un travail important sur la discussion autour des scènes avec le réalisateur et Nikolaj. Pour Nikolaj, Carl est un personnage difficile, car il est très subtil dans sa façon de ne pas réagir pendant les scènes. C'était un défi dès le départ, car il fallait montrer quelque chose aux spectateurs sur ce qu'il ressentait. Et cela, ils en ont discuté encore et encore. Fallait-il vraiment en faire un abruti total pour qu'on le déteste ou pas ? Évidemment, l'ensemble fonctionne parce qu'ils sont deux et que l'autre est Assad. Si le département V n'était composé que de Carl, les films seraient très pénibles à voir, personne ne voudrait les regarder. Contrebalancer la relation a toujours été au centre des discussions. Après, jouer le sinistre est très facile pour lui, car il peut en sortir facilement. Il aime pouvoir s'extraire du personnage instantanément, ce qui avait tendance à énerver Fares au début, puisqu'il pouvait faire le clown pendant une seconde et être Carl la seconde d'après. Il arrive très facilement à se concentrer très vite sur ce qu'il doit faire, c'est sa façon de travailler. Fares a précisé que son amie était venue sur le tournage et avait trouvé que c'était une grande différence entre eux deux. Si une scène était très sombre ou compliquée entre deux coupures, lui restait sur place, alors que Nikolaj quittait la scène pour aller rigoler et revenait comme si de rien était. C'est vraiment comme cela qu'il doit le faire. Nikolaj a enchaîné pour partager que sa fille joue actuellement le premier rôle dans un film pour enfants au Danemark en ce moment et elle fait exactement la même chose que lui, elle passe du clown à la plus grande concentration dès qu'il le faut. Donc, c'est inné, il a une excuse pour être comme cela.

Nous avons enchaîné sur la question de la lecture des livres et des scripts pour savoir lesquels ils ont lu en premier. Fares a immédiatement répondu qu'il a d'abord lu les scripts. Il n'est pas très fan des livres. Il n'aimait pas tellement le personnage d'Assad dans les romans. Pour lui, les livres sont ok, mais ils sont un peu surcotés. Il a lu le premier livre après le script. C'est sur le script que c'est fait le travail autour du personnage. Il a dit oui au rôle basé sur ce qui a été fait au niveau du script. Pour le premier film, il avait quand même lu le livre pour voir s'il pouvait y trouver quelque chose avec quoi travailler, mais il s'est ennuyé à la lecture. Donc il en est resté aux scripts après cela.

Nous les avons ensuite interrogés sur les évolutions du script pendant le tournage. Fares a expliqué qu'ils travaillent beaucoup les scènes avant le tournage et que quand le tournage commence, ils peuvent improviser un petit peu pendant les scènes, mais que la structure des scènes reste vraiment celle qui était prévue. En plus, il est confronté à la barrière de la langue, il lui est donc difficile de s'éloigner du dialogue prévu, même s'il a été capable de le faire de plus en plus au fur et à mesure des films, mais cela reste limité dans son cas. Les scripts de ces films sont vraiment bien faits donc ils les suivent de près. Il a fait d'autres films dans lesquels ils changeaient beaucoup le script, mais pas dans ceux-ci. Nikolaj a précisé que c'est aussi dû au genre du film. Il faut respecter l'intrigue et donc tout est planifié et discuté avant comme l'insertion d'une blague par exemple, car il faut être sûr que cela n'impactera pas la dramaturgie de l'ensemble. Il y a donc beaucoup de discussions en amont sur tous les éléments. Louise a ensuite expliqué que le scénariste, Nikolaj Arcel, écrit ses scripts de façon très précise, presque comme les scènes ont été coupées et qu'il y a beaucoup de scènes. Elle pense que le plus gros changement s'est fait au fur et à mesure des films par la relation entre Fares et Nikolaj quand ils étaient en train de tourner, car il y avait toujours un échange qui se produisait et qui allait au-delà de ce qui était prévu, c'est pourquoi il a fallu revoir les scènes pour laisser les personnages exister au regard du travail des acteurs, car elles étaient vraiment très précises.

L'intrigue repose sur des faits réels autour de la stérilisation des femmes et des avortements, nous leur avons demandé si ces faits sont connus au Danemark. Louise a répondu que leur génération est au courant, mais que c'est moins le cas chez les jeunes générations. Mais en effet, c'était un endroit connu à côté duquel vous passiez en ferry et sur lequel des jeunes femmes étaient enfermées et les parents disaient aux enfants que s'ils ne se comportaient pas bien, ils seraient eux aussi enfermés sur cette île comme ces femmes. Elle connaissait donc bien cette histoire, mais elle a remarqué que les acteurs plus jeunes du tournage ne la connaissaient pas. Nikolaj a précisé que lui n'en avait jamais entendu parler et Louise lui répondu que c'est peut-être parce qu'il est un homme. Elle a continué en disant que cette histoire a déjà été racontée dans des documentaires, mais jamais dans un film, c'est la première fois avec DOSSIER 64.

Nous avons relancé en demandant s'ils pensaient qu'il y avait donc un besoin d'en parler. Louise a répondu qu'en effet, ce sont des faits très actuels puisqu'il y a moins de 6 mois, il y a eu des discussions au Danemark pour placer des réfugiés criminels sur une île avec un seul ferry par jour pour faire la liaison, ce qui fait écho à cette histoire. Elle pense que c'est une part importante de l'histoire du Danemark. Aussi terrible que ce soit, dans son idée, à l'époque, ils ne voyaient pas cet institut pour femmes comme quelque chose de choquant, ils pensaient donner à la société une solution pour éviter de faire venir au monde des enfants à problèmes. Nikolaj enchaîne en expliquant qu'il n'y avait pas de vrais docteurs sur place et qu'elles ne pouvaient pas en sortir. Ils ont appris récemment qu'il y avait une version équivalente pour les hommes. Louise a ensuite continué en expliquant que la politique de cette époque cherchait à savoir comment créer une population en bonne santé et sans problèmes mentaux et que c'est un thème récurrent de l'Histoire en Europe.

La question suivante portait sur la découverte de l'intrigue, pour savoir si, comme ils ne lisent pas forcément les livres, ils avaient appris le sujet uniquement en lisant le script ou si quelqu'un les avait briefés sur le thème en amont. Fares a répondu en disant qu'il avait lu le script, comme pour n'importe quel autre film non basé sur un livre, et qu'il contient énormément d'informations. Il avait tout de même posé quelques questions à Louise avant et elle lui avait donné quelques indications. Mais par exemple, l'histoire de la jeune immigrante dans le film ne fait pas partie du livre, c'est une idée qu'ils ont eue en discutant pour encrer la partie de l'intrigue qui se passe dans les années 60 dans notre époque également, afin de montrer quelle forme ce type de pensée prendrait aujourd'hui, vers quelle cible elle se dirigerait. Ils ont trouvé intéressant de travailler cet angle aussi. Nikolaj pour sa part a lu les livres d'abord. Louise trouve que le grand défi par rapport aux livres, c'est qu'ils ne font pas vraiment écho à la relation entre Carl et Assad dans l'intrigue. Ce qu'elle aime beaucoup dans les livres, c'est le mélange de la brutalité et de l'humour. Pour elle, les deux acteurs réussissent complètement à intégrer cet humour, mais d'une façon sophistiquée pour qu'il s'adapte au cinéma. De ce fait, ce mélange de brutalité et d'humour fonctionne très bien dans les films aussi. Un des grands défis pour l'écriture du script, c'est de réussir à créer l'effet de miroir entre l'intrigue et la relation Carl/Assad justement, spécialement dans DOSSIER 64 où il n'y en avait aucun. Comment faire un lien entre les femmes sur l'île de Sprogø et les deux personnages principaux était une vraie question pour eux. C'est pourquoi cette jeune réfugiée a permis de faire un lien avec Assad dans le film. Et Carl évoque le fait à un moment dans le film qu'il a connu quelqu'un qui a dû avoir recours à l'avortement dans le passé. Le but était de faire un lien entre des femmes enfermées sur une île sans futur possible et sans amour avec Carl qui doit demander à recevoir de l'amour et qui n'y arrive pas, mais cela doit quand même se produire sinon Assad partira pour toujours. C'était vraiment cela le défi, car dans le livre, Carl et Assad était comme une annexe par rapport à l'intrigue. Et Nikolaj et Louise ont repris en évoquant le fait que dans le livre le secret de Nette n'était révélé qu'à la dernière page et qu'au niveau du script, il a fallu changer cela pour raconter cette histoire au cinéma. 
   
La dernière question s'est intéressée au fait que la ligne de démarcation entre le gentil policier et le policier désagréable était très claire dans les films, et pourtant dans DOSSIER 64, Carl s'attendrit un peu. Donc comment Nikolaj a-t-il approché le fait de passer d'un personnage froid à un personnage qui écoute un peu plus ses sentiments ? Nikolaj a expliqué que depuis le début, on savait que Carl était face à un mur avec son attitude qui rejette systématiquement les gens. Alors qu'il est évident qu'en fait, il a besoin des autres, qu'il est pathétique. Bien sûr, on se retrouve toujours confronté à des gens qui ne veulent pas changer et qui estiment qu'il faut les accepter comme ils sont, même si on aimerait qu'ils se laissent aller à montrer un peu de fragilité. Mais dans le cas de Carl, ils n'ont pas pu le faire avant le dernier film, même s'ils ont essayé, mais cela ne fonctionnait pas. Il n'y aurait plus rien eu à explorer sur le film suivant dans la relation entre Carl et Assad. Donc, cette fois, ils étaient ravis de pouvoir aller dans cette direction.

Merci à tous les participants - Alexandre (Close Up Magazine), Anne (Le Bleu Du Miroir), Elise (Lily Lit), Guillaume (Culturellement vôtre), Isabelle (Unification France) et Lisa (Esprit Ciné) - pour leurs questions et leur enthousiasme nous ayant permis de partager un très agréable moment autour du cinéma.

Un grand merci à Wild Bunch et à Mensch Agency pour avoir organisé cette belle rencontre.

L'AVANT-PREMIÈRE 
(À ne regarder qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

DOSSIER 64 a été projeté en avant-première, le 21 février 2019 à Paris, dans le cadre de la cinexpérience # 134 organisée par Sens Critique. À la fin de la projection,  la productrice Louise Vesth ainsi que les acteurs Nikolaj Lie Kaas (qui interprète Carl Carl Mørck) et Fares Fares  (qui interprète Assad) ont la gentillesse de venir nous rejoindre pour une session de questions/réponses. Vous pouvez retrouver cette rencontre dans les vidéos ci-dessous.





Copyright photos @ Epixod






NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Entretien avec CHRISTOFFER BOE (réalisateur)

DOSSIER 64 est le dernier film de la saga des ENQUÊTES DU DEPARTEMENT V produit par Zentropa. Cela a-t-il affecté l’humeur du tournage ?

Pas vraiment, car sur ce tournage, les techniciens et une partie du cast étaient nouveaux et n’avaient pas de passif avec la franchise DEPARTEMENT V. Je suis arrivé sur la série avec mon propre chef-opérateur, mon propre sound designer… Bien sûr, pour Nikolaj Lie Kaas (interprète de Carl Mørck) et Fares Fares (qui joue Assad, ndlr), c’était différent. Mais celle qui était le plus affectée, c’est finalement Louise Vesth (productrice de la franchise au sein de Zentropa, ndlr). Elle a une longue carrière mais cette franchise lui est particulièrement chère car elle a travaillé de très nombreuses années dessus, enchaînant les productions, les tournages, les postproductions et les ventes internationales. Et c’est énormément de boulot. Cela fait donc cinq ou six ans qu’elle travaille dessus en continu. Quand elle m’a demandé de réaliser ce film, qui est le dernier et est donc important, j’ai été très touché. Elle voulait mettre la barre haute, faire quelque chose d'assez différent, tout en gardant l'esprit de la franchise. J'ai beaucoup de respect pour son attachement à DEPARTEMENT V et je sais qu’il y avait des éléments clés de la franchise à respecter. Ça ne m’empêchait pas de pousser le cahier des charges dans ses retranchements. J’avais envie d’un final grandiose. Alors, l’humeur du tournage n’a pas été affectée mais son esprit, un peu.

Et diriez-vous que l’humeur du film en lui-même est différente ?

J’ai eu les coudées franches pour créer l’humeur que je voulais. Je suis quelqu’un qui aime la mélancolie au cinéma. J’aime la tristesse des nuits urbaines par exemple, j’ai donc décidé d’exploiter cela. Je me suis dit que plus encore que dans les précédents films, il fallait qu’on s’inquiète pour notre héros, Carl Mørck. Qu’il soit le centre du récit. Le public a appris à l’aimer – au Danemark, c’est un héros, au même titre que John McClane ou Spider-Man. Il a transcendé son statut pour devenir un héros bigger than life. J’avais donc envie de me concentrer sur lui, ses états d’âme et la relation avec la personne qui compte le plus pour lui : Assad. Le film a été conçu comme le reflet de ses émotions, notamment dans ces lumières urbaines mélancoliques dont je vous parlais.

D’aucun diraient que DEPARTEMENT V, c’est du film policier grand public. Et pourtant DOSSIER 64 brasse des thèmes extrêmement noirs. Comment rester populaire avec des sujets si sombres ?

Le film policier, le thriller criminel, c’est un genre qui permet de creuser dans les entrailles de la nature humaine. On peut disséquer les êtres humains, regarder dans les yeux les serial killers et observer des gens faire les choses les plus ignobles. Si vous faisiez ça dans le drame, par exemple, vous devriez aborder cela d’une manière plus psychologique, vous devriez essayer de comprendre cela d’un point de vue de la nature humaine. Ce serait intenable, les gens ne voudraient pas voir un truc pareil. Avec le film de genre, le thriller, quelque chose de vraiment pourri survient et les personnages doivent le "réparer". On peut aller loin dans la noirceur sans effrayer les gens car ce sont les conventions du genre. Même si les films de la franchise avaient des tons et des styles différents, ils avaient tous en communs de violer certains codes moraux et de raconter des choses absolument affreuses. Pourtant, le thriller reste quelque chose de "plaisant" à regarder. Quand j’ai dit à Louise – à qui il importait de faire un film mainstream et commercial – que je voulais faire un vrai film noir, elle est restée interdite. Mais quand on connaît l’histoire du film noir, aucun doute que DOSSIER 64en est un. Son traitement moderne lui permet pourtant de lui conférer une dimension grand public, sans pour autant édulcorer le récit.

L’histoire que vous racontez dans DOSSIER 64 est tristement réelle. Il y a bien des femmes qui ont été stérilisées à leur insu au Danemark par le passé…

Le sujet a toujours été « là » mais il explose aujourd’hui, notamment parce qu’un quotidien a fait une enquête sur le sujet. Les journalistes ont retrouvé quelques unes de ces femmes afin de savoir comment elles l’avaient vécu. Certaines d’entre elles étaient vraiment très jeunes à l’époque où ça leur est arrivé. J’espère que le film participera activement à cette conversation.

Vouliez-vous faire un film plus féminin, si ce n’est féministe ?

Quand on bossait sur le scénario, le mouvement #Metoo n'avait pas vraiment commencé et l’affaire Weinstein n’avait pas explosé. En revanche, on parlait déjà de faire des films où les personnages féminins devaient être prépondérants, où les points de vue féminins devaient gagner de l’importance. Le problème, c'est que DEPARTEMENT V fonctionne sur deux héros masculins. C’est le code et on ne pouvait pas rajouter artificiellement une héroïne. En revanche on pouvait donner du pouvoir aux femmes. Si on regarde le film de plus près, les hommes n’y sauvent pas les femmes. Elles se sauvent elles-mêmes, ou se vengent seules. Il n’y a pas de demoiselles en détresse, sauvées par de valeureux cow-boys. Je voulais vraiment être sûr que dans les limites narratives qui étaient les nôtres, avec nos deux héros masculins, les femmes aient leur propre identité, leur propre valeur. Rose, notamment, fait partie intégrante de l’action. D’habitude, les personnages l’appellent, lui demandent de l’aide voire lui donnent des ordres. Là, c’est différent. Alors qu’on écrivait le scénario, alors aussi qu’on tournait, il se passait des choses dans le monde et on devenait de plus en plus pertinents. Comme politiquement, avec les montées de l’extrême droite ou des mouvements identitaires en Europe. Ce sont des sujets actuels. Pas de vieux sujets de cinquante ans.

C’est vrai que votre film reflète le danger du retour des idéologies nauséabondes…

On peut toujours pointer du doigt les partis extrêmes, voire le comeback des groupuscules néonazis, mais ce qui est intéressant, c’est que des idéologies nauséabondes peuvent également émaner de gens socio-démocrates lambda. Ce sont des gens qui ont créé l'État-providence et qui affirment que, si on veut un État-providence, « on ne pourra pas payer pour tout le monde ». Ils pointent du doigt une certaine catégorie de la population qui ne serait pas « autonome » et « qu’il faudrait éradiquer ». En les stérilisant, ils finiront bien par disparaître. « On ne peut pas payer pour tout le monde » alors « excluons de la société ces gens qui ne veulent pas s’intégrer et ne comprennent pas nos valeurs ». L'État-providence, malgré son but fondamental et son côté altruiste, a sa propre logique intérieure qui vise à créer un collectif, et à déterminer en même temps qui appartient au collectif ou pas. Et tous ceux qui n'appartiennent pas au collectif peuvent aller se faire voir. Ces discussions sur l'individu, le collectif et le gouvernement, le film les regarde en face.

Techniquement et artistiquement, y avait-il des challenges particuliers à relever ?

Sur la franchise DÉPARTEMENT V, il y a des scènes qui doivent être tournées en studio – et je suis assez allergique à tout ce qui ressemble à du studio. C'était très nouveau pour moi et mon chef-opérateur. Les trois précédents films ont tous des qualités formelles indéniables, mais ce n’était pas forcément exactement ce que je voulais faire. On a donc essayé de voir comment travailler avec le studio, ces décors, ces lumières, toutes ces choses qui, en un sens, nous étaient imposées et obtenir quelque chose de différent – mon production designer ne pouvait pas vraiment y toucher non plus. On a beaucoup parlé de s’approprier cela. Et puis, les scènes au commissariat sont incontournables. C’est un code de la franchise. Ce sont des décors qui sont importants et qu’il faut utiliser. Nous avons moins de scènes qui se passent dans les bureaux du Departement V que les autres films – trois, exactement. On a passé un temps fou avec mon chef-opérateur à savoir comment filmer ces décors. Au final, ce sont sûrement mes scènes préférées. J’aime la manière dont on a mis en scène le lieu. Même si ce sont des moments assez fonctionnels dans l’histoire, ils sont précis et ont un certain charme. Ce sont d’ailleurs des scènes qu’on a très peu montées et qui se sont intégrées très naturellement au film.

Je voulais vraiment faire un de ces films de genre qu’on admire pour le souci du détail. Je ne voulais pas de caméra à l’épaule, mais des mouvements de caméra assez lents, très chorégraphiés. Il y a un rythme, du mouvement, et je trouve que ça prouve qu’on a une idée très claire de là où on veut aller. J’aime les films qui donnent l’impression de savoir exactement l’histoire qu’ils veulent raconter. Qui ne s’éparpillent pas en laissant penser que tout peut être intéressant. Je ne méprise jamais le divertissement, mais j’aime la précision dans l’expression. Avec mon chef opérateur, on sortait du tournage d’une série télé où la caméra était portée, le style était plus intime, plus intense. Nos journées de travail étaient normales : sept heures et demie de boulot plus la pause déjeuner. On tournait six pages de script par jour sans souci. Là, ça n’avait rien à voir. Je voulais des mouvements de dolly, des travellings, une réalisation un peu élaborée. Soudain, vous ne tournez plus que deux pages par jour, sur des journées de 10 heures… Ça a été très dur.

Avez-vous eu la main sur les personnages, ou Nikolaj et Farès sont-ils aujourd’hui seuls responsables de Carl et Assad ?

Je connaissais très bien Nikolaj : je savais qu’il était très passionné par son travail. Et Farès, je ne le connaissais pas, mais on me l’avait bien vendu ! (Rires.) C'est vrai qu'ils sont responsables de leurs personnages depuis des années maintenant. Mais ils ont travaillé comme si c’était leur première fois. Comme tous les grands acteurs, ils arrivent sur le plateau avec de bonnes idées pour leurs personnages. Nous sommes allés loin dans leur psychologie. C’est leur dernier film ensemble. Ils s’aiment et se respectent en tant que personnages, mais aussi dans la vraie vie. Je leur ai donc donné beaucoup d’options sur la manière dont ils pouvaient "être ensemble" dans une scène. Et puis, Farès Farès a davantage à jouer. Assad n’est pas que "l’assistant". Il a son propre parcours. J’espère que pour eux, ça a été plus amusant à jouer.

Entretien reproduit avec l’aimable autorisation du magazine CinemaTeaser


e-CINÉMA

Les Enquêtes du Département V : DOSSIER 64 sera disponible en e-Cinéma le 7 Mars sur la très grande majorité des services de vidéo à la demande.

Ceci permettra au film d’être disponible via l’ensemble des fournisseurs d’accès, ainsi que sur la majorité des terminaux OTT (TV connectées, tablettes, ordinateurs, consoles de jeux…), le rendant ainsi accessible à plus de 80% des foyers français.

Le film sera proposé en première exclusivité pendant 6 semaines, au prix généralement constaté de 6,99€ (HD).

Avec la formidable croissance et la facilité d’accès de la vidéo à la demande, et face à l’encombrement des salles, Wild Bunch souhaite continuer ses efforts pour offrir à de vrais films de cinéma un modèle de distribution alternatif, avec l’objectif d’en faire de véritables événements et de les amener au plus large public possible.

  
#Dossier64


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