Western/Drame/De belles images, une histoire touchante, de bons acteurs, mais des longueurs et des évidences
Réalisé par Scott Cooper
Avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Jesse Plemons, Adam Beach, Rory Cochrane, Peter Mullan, Scott Wilson, Paul Anderson, Timothée Chalamet, Ben Foster...
Long-métrage Américain
Durée : 02h13mn
Année de production : 2017
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie sur les écrans américains : 26 janvier 2018
Date de sortie sur nos écrans : 14 mars 2018
Résumé : En 1892, un légendaire capitaine de l'armée américaine accepte à contrecoeur d'escorter un chef de guerre Cheyenne et sa famille, désireuse de retourner sur leurs terres tribales. Sur le chemin, qui va les emmener du Nouveau Mexique au Montana, ils doivent faire preuve de solidarité pour survivre à l'environnement et aux tribus Comanche qu'ils rencontrent, en compagnie d'une veuve dont la famille a été assassinée.
Bande annonce (VOSTFR)
Extrait "Confrontation" (VOSTFR)
Extrait "face-à-face" (VOSTFR)
Extrait "Je les hais" (VOSTFR)
Featurette "Les coulisses du film" (VOSTFR)
Extrait "face-à-face" (VOSTFR)
Extrait "Je les hais" (VOSTFR)
Featurette "Les coulisses du film" (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : ce western de Scott Cooper aborde des thématiques pleines de sens et explore la complexité des relations humaines.
Le réalisateur offre aux spectateurs de magnifiques images des paysages américains, montrant leur beauté et leur immensité. Ils contrastent d'ailleurs totalement avec les intentions destructives et violentes des hommes. Ils illustrent aussi combien le danger se tapit dans chaque rencontre, puisque dans ces vastes étendues, les personnages sont seuls et ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se défendre. Ainsi, l'inconnu devient par défaut un ennemi et les membres de son groupe de voyage une condition essentielle à la survie.
Cette dynamique relationnelle propose des pistes de réflexion sur les raisons du débat sur les armes à feu - héritage de la conquête de l'Ouest - dans la culture américaine actuelle. Elle est aussi le fil conducteur du scénario. Ce dernier raconte une belle histoire sur la rédemption, le pardon, les racines de la haine, les effets plus que néfastes de la guerre et ses échecs, les alliances qui se modifient en fonction du contexte...
Autant de sujets qui sont justifiés dans cette histoire et qui trouvent une force dans la façon dont ils ont traité dans ce film. Cependant, certains aspects du scénario se devinent de manière évidente dès le début. Il y a également des longueurs qui s'installent surtout dans la première partie, avec des moments qui cherchent à mettre en valeur des attitudes morales, mais qui enfoncent des portes ouvertes et n'apportent pas grand-chose au propos. Au-delà de ces défauts, j'ai aimé la rudesse et la rugosité déclinées à plusieurs niveaux, puis confrontées à une tentative d'humanité touchante.
Les acteurs sont tous convaincants. Christian Bale réussit à imposer une retenue à son personnage, le Capitaine Joseph Blocker, qui laisse sous-entendre qu'elle maintient sur un fil un reste d'âme en la protégeant de toute sa résistance intérieure d'une folie poussée par la guerre et par cette époque.
Rosamund Pike interprète avec conviction Rosalie Quaid, une femme qui doit surmonter l'impossible.
Wes Studi incarne avec une grande crédibilité le Chef Yellow Hawk, dans l'attitude et la sagesse.
HOTILES est plus efficace pour offrir un bel impact à ses sujets dans sa seconde partie que dans sa mise en route un peu lente. La franchise de la dureté des relations humaines à cette époque est très bien mise en valeur. La beauté des images et de la musique amplifient le plaisir de le découvrir sur grand écran. C'est un film sombre que le réalisateur illumine par petites touches d'humanité tout au long de cette aventure qui pousse à la réflexion et ne laisse définitivement pas les spectateurs indifférents.
Le réalisateur du film, Scott Cooper
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Cette dynamique relationnelle propose des pistes de réflexion sur les raisons du débat sur les armes à feu - héritage de la conquête de l'Ouest - dans la culture américaine actuelle. Elle est aussi le fil conducteur du scénario. Ce dernier raconte une belle histoire sur la rédemption, le pardon, les racines de la haine, les effets plus que néfastes de la guerre et ses échecs, les alliances qui se modifient en fonction du contexte...
Autant de sujets qui sont justifiés dans cette histoire et qui trouvent une force dans la façon dont ils ont traité dans ce film. Cependant, certains aspects du scénario se devinent de manière évidente dès le début. Il y a également des longueurs qui s'installent surtout dans la première partie, avec des moments qui cherchent à mettre en valeur des attitudes morales, mais qui enfoncent des portes ouvertes et n'apportent pas grand-chose au propos. Au-delà de ces défauts, j'ai aimé la rudesse et la rugosité déclinées à plusieurs niveaux, puis confrontées à une tentative d'humanité touchante.
Les acteurs sont tous convaincants. Christian Bale réussit à imposer une retenue à son personnage, le Capitaine Joseph Blocker, qui laisse sous-entendre qu'elle maintient sur un fil un reste d'âme en la protégeant de toute sa résistance intérieure d'une folie poussée par la guerre et par cette époque.
Rosamund Pike interprète avec conviction Rosalie Quaid, une femme qui doit surmonter l'impossible.
Wes Studi incarne avec une grande crédibilité le Chef Yellow Hawk, dans l'attitude et la sagesse.
HOTILES est plus efficace pour offrir un bel impact à ses sujets dans sa seconde partie que dans sa mise en route un peu lente. La franchise de la dureté des relations humaines à cette époque est très bien mise en valeur. La beauté des images et de la musique amplifient le plaisir de le découvrir sur grand écran. C'est un film sombre que le réalisateur illumine par petites touches d'humanité tout au long de cette aventure qui pousse à la réflexion et ne laisse définitivement pas les spectateurs indifférents.
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
HOSTILES se déroule aux États-Unis à
la fin du XIXe
siècle,
mais cette histoire pourrait tout aussi bien se passer de nos jours à Kandahar
en Afghanistan ou à Bagdad en Irak.
Dans l’Ouest américain vu par Scott Cooper,
la violence ne fait aucune distinction, et la frontière entre ennemis et alliés,
vainqueurs et victimes est brouillée, indéfinissable.
C’est dans cet univers qu’un
groupe d’individus disparates, dont certains sont farouchement hostiles à l’existence
des autres, sont contraints de s’allier pour affronter des forces extérieures
prêtes à tout pour les anéantir. Lorsque Scott Cooper a reçu la version préliminaire
d’un manuscrit écrit par le défunt scénariste Donald Stewart (À LA POURSUITE D’OCTOBRE
ROUGE, JEUX DE GUERRE, DANGER IMMÉDIAT), il a été particulièrement séduit par
la profondeur de l’histoire. Il déclare : « J’ai toujours voulu réaliser un
western mais je tenais à le faire à ma façon ; je voulais qu’il soit pertinent
au regard des questions raciales et culturelles qui agitent actuellement l’Amérique.
Nous sommes tous conscients des mauvais traitements qui ont été infligés aux Amérindiens,
mais on peut voir le même schéma se reproduire aujourd’hui avec les Afro-Américains
ou la communauté LGBTQ. Cette histoire soulève des problèmes universels. »
Scott Cooper a écrit le scénario de
HOSTILES pour Christian Bale, un ami proche qu’il avait déjà dirigé dans LES
BRASIERS DE LA COLÈRE. Lorsque l’acteur a lu le script, il a été frappé par la
profonde humanité de l’histoire, dont certains éléments ont trouvé un écho
particulier en lui. Il raconte : « Ces évènements auraient pu se produire à n’importe
quelle période de l’histoire américaine. Fort Berringer est pour moi une sorte
d’Abou Ghraib où les conditions de détention sont inhumaines et où les geôliers
sont de simples soldats qui n’ont reçu aucune formation de gardiens de prison. »
Durant plusieurs mois, Scott Cooper a
façonné l’histoire imaginée par Donald Stewart de manière à ce qu’elle reflète
une philosophie intemporelle. Il a également soigneusement évité les écueils du
genre en se tenant à l’écart des clichés traditionnellement associés au
western.
Le réalisateur a collaboré avec John
Lesher, le producteur de STRICTLY CRIMINAL, afin de donner vie au scénario. Ce
dernier se souvient : « Nous avons longuement discuté du sujet réel du film et
de l’importance qu’avait pour nous le fait que l’histoire se déroule précisément
dans cet environnement. Scott était en outre la personne idéale pour la mettre
en scène car il a une connaissance approfondie des lieux et de l’époque. En
homme éclairé à l’esprit universel, il a créé des personnages aboutis et très
complexes. »
Une étape importante dans la réalisation
de HOSTILES a été franchie lorsque le producteur Ken Kao a rejoint l’équipe.
Celui-ci déclare : « En lisant le scénario, j’ai été frappé par sa puissance et
par sa pertinence dans le cadre social et politique actuel. Nous vivons dans un monde où prime l’individualisme
; d’une certaine manière ce film reflète l’esprit de notre époque. »
Ken Kao a soutenu la vision de l’équipe,
à qui il a permis d’obtenir les ressources nécessaires pour réaliser le film
dans les conditions les plus authentiques possibles. HOSTILE a ainsi été tourné
en décors naturels au Nouveau-Mexique et dans le Colorado avec l’aide d’une équipe
de consultants qui ont permis d’assurer l’authenticité culturelle et historique
du film.
Un
juste portrait des peuples amérindiens
Pour représenter fidèlement les
personnages amérindiens du film, Scott Cooper a collaboré avec le cinéaste
acclamé Chris Eyre (PHOENIX ARIZONA, SKINS) et l’universitaire Joely Proudfit
dont l’organisation, The Native Networkers, fournit aux équipes de télévision
et de cinéma les ressources nécessaires pour représenter le plus fidèlement
possible les peuples amérindiens et autochtones.
L’ampleur de ce soutien culturel a
marqué le réalisateur de manière indélébile. Il confie : « Les consultants qui
ont pris part à ce film ont été extraordinaires, ils m’ont enseigné des choses
que mes propres recherches n’auraient jamais pu m’apprendre. Ils étaient
quotidiennement présents sur le tournage pour aider les acteurs avec le
langage, la gestuelle et les rituels amérindiens. Leur travail était de la plus
haute importance et il a énormément apporté à toute l’équipe. »
Une part significative des dialogues
du film est prononcée dans la langue des Cheyennes du Nord, un dialecte
rarement entendu. C’est à Chris Eyre qu’il a incombé de trouver des descendants
cheyennes qui parlaient couramment ce langage et étaient capables de l’enseigner,
et qui savaient également comment s’exprimaient leurs ancêtres à la fin du XIXe siècle.
Chris Eyre commente : « Il était
primordial pour Scott et Christian que nous, les consultants cheyennes,
puissions répondre à toutes leurs questions, mais ce n’est pas parce qu’on est
amérindien qu’on a la science infuse ! C’est pourquoi j’ai fait appel au chef
Phillip Whiteman et à Donald Shoulder Blade. Entendre les personnages interprétés
par Christian, Wes et Rosamund parler le bon dialecte et ce de manière respectueuse
est absolument formidable. C’est une immense victoire de savoir que des
millions de gens vont pouvoir entendre cette langue devenue si rare. »
Le chef Phillip Whiteman, consultant
cheyenne sur le film, a travaillé en étroite collaboration avec Christian Bale,
qui a eu énormément de mal à maîtriser ce dialecte. L’acteur confie : « C’est
une langue magnifique mais extrêmement difficile ! La parler correctement m’a
aussi permis de mieux comprendre le système de croyances cheyenne. Je dois
avouer que j’ai été surpris par mes progrès car cela me semblait initialement
impossible, mais j’ai fini malgré tout par m’exprimer de façon naturelle. »
Scott Cooper a également été très
attentif à la manière de représenter les guerriers comanches renégats qui massacrent
la famille de Rosalee Quaid et traquent le groupe conduit par Blocker. À
travers eux, le réalisateur explore un pan de l’histoire américaine méconnu qui
explique les actes violents perpétrés par le groupe. Le film se déroule en
1892, mais en 1872 déjà la plupart des Comanches avaient été déplacés de force
et enregistrés nominativement par l’armée américaine. Les guerriers que l’on
voit dans HOSTILES forment un des rares groupes connus qui sont parvenus à
conserver leur liberté pendant encore vingt ans. Après avoir assouvi leur vengeance
à travers les plaines du sud-ouest américain jusque dans les années 1890, ils
ont finalement disparu.
William Voelker, le consultant
comanche du film, a été impressionné par la manière dont les cinéastes ont
honoré et se sont intéressés au comportement, au langage, à l’habillement et
aux talents de cavaliers de ces personnages controversés. En revenant sur leur
histoire, le film met en lumière les injustices dont ils ont été victimes sans
pour autant omettre la violence de leurs actions. William Voelker déclare : «
Personne n’a jamais vraiment porté attention à ces Comanches qui ont refusé de
se soumettre au gouvernement américain. Bien que j’aie apprécié la volonté de l’équipe
de dresser un portait fidèle de mon peuple, j’ai été un peu surpris que Scott s’excuse
de l’image de guerriers impitoyables donnée aux Comanches dans le film car nous
n’essayons pas d’enjoliver notre histoire. Ces hommes étaient assoiffés de
sang, ils avaient tout perdu et étaient furieux que leur peuple ait été privé
de sa liberté. »
Retour
en 1892 : l’esthétique du film
L’équipe a choisi de tourner HOSTILES
en décors naturels au Nouveau- Mexique et dans le Colorado pour la beauté brute
des paysages et leur caractère évocateur, afin de faire revivre un monde à
mi-chemin entre la modernité et un Far West où les dernières étendues sauvages
sont sur le point de disparaître à jamais. Scott Cooper a entrepris d’explorer
l’antagonisme de cette dynamique et son impact sur l’évolution émotionnelle des
personnages. Pour ce faire, il a fait appel à une équipe composée du directeur
de la photographie Masanobu Takayanagi (HAPPINESS THERAPY, STRICTLY CRIMINAL),
du chef décorateur oscarisé Donald Graham Burt (GONE GIRL, L’ÉTRANGE HISTOIRE
DE BENJAMIN BUTTON) et de la chef costumière Jenny Eagan (BEASTS OF NO NATION,
QUE LE MEILLEUR GAGNE).
Après avoir collaboré sur trois
films, Masanobu Takayanagi et Scott Cooper se comprennent parfaitement. Le réalisateur
explique : « J’ai pris beaucoup de plaisir à définir l’esthétique du film avec
Masanobu. C’est formidable de travailler de manière aussi étroite avec quelqu’un.
Nous partageons la même sensibilité, nous avons la même histoire en tête et la
même vision de l’univers que nous voulons porter à l’écran. »
Le directeur de la photographie donne
de l’intensité au film en utilisant la lumière somptueuse et violemment
contrastée du Nouveau-Mexique et parvient à traduire la difficulté du périple
entrepris par les personnages à travers le cadrage.
À l’instar de Masanobu Takayanagi,
Donald Graham Burt a mis au point une palette de couleurs inspirée du contraste
entre l’ombre et la lumière. En évitant la couleur, il a créé une esthétique
proche du noir et blanc accentuée par des tons sépia. Scott Cooper déclare : «
L’authenticité est ce qui compte le plus pour Donald. Il était très important
que les décors évoquent l’atmosphère de la fin du XIXe siècle et qu’ils
rappellent combien la vie était alors simple mais rude. Les détails d’époque, d’abord
foisonnants, s’estompent à mesure que les personnages passent au premier plan. »
Les minutieuses recherches du chef décorateur
sont particulièrement manifestes à travers les différences entre les forts
militaires que traverse Blocker sur le chemin qui l’emmène du Nouveau-Mexique
au Montana. Chaque arrêt s’apparente à une nouvelle étape vers le tournant du
siècle. Fort Berringer, qui illustre la retraite de la Frontière, est
volontairement délabré et construit grâce à 70 000 briques d’adobe vieillies,
tandis que Fort Winslow ressemble à une banlieue chic avec ses boutiques et le
spacieux logement du commandant avec salon et salle à manger.
Donald Graham Burt s’est attaché à
contribuer à la construction des personnages à travers ses décors. Ainsi, le
logement de Blocker à Fort Berringer est sombre et austère, à l’image de l’état
d’esprit du personnage au début du film, tandis que la maison des Quaid, à l’intérieur
chaleureux et plein de vie, est cernée par des paysages désolés qui augurent de
la tragédie qui va se jouer et suggèrent que la famille n’est pas la bienvenue
dans la prairie.
La chef costumière Jenny Eagan nous
transporte en 1892 et nous dévoile la vie intérieure des personnages grâce aux
vêtements qu’elle a dénichés et confectionnés. Scott Cooper déclare : « Jenny
sait non seulement évoquer une époque à travers ses créations, mais elle sait
aussi que les costumes doivent être inspirés par les personnages et qu’ils
affectent leur développement tout au long de l’histoire. Elle a le don pour créer
des costumes parfaitement ajustés pour chaque acteur, si bien qu’ils ont toute
la liberté de mouvement nécessaire pour incarner pleinement leur rôle. »
Tous les personnages du film ont d’une
manière ou d’une autre été privés de leur identité : les soldats de la
cavalerie sont limités par le règlement, leur statut et leurs revenus, les
Cheyennes sont à la merci de leurs geôliers, et Rosalee Quaid est redevable à
ses sauveteurs. La chef costumière a donc dû intégrer à chaque tenue des
indices révélant la véritable nature des personnages.
Les uniformes de la cavalerie ont
confronté Jenny Eagan à un défi unique. Elle explique : « Ce qui est intéressant,
c’est qu’il est possible de se procurer des uniformes de la guerre de Sécession,
mais pas de cette période historique dont personne n’a jamais vraiment parlé.
Ces tenues militaires étaient régies par des règles précises mais il n’en
existe plus aujourd’hui, il a donc fallu que nous les fabriquions de toutes pièces
en nous assurant d’évoquer le passé de chaque personnage et de suivre leur évolution.
»
Ce sont cependant les tenues
cheyennes de l’époque qui ont donné le plus de fil à retordre à la chef costumière,
car bien qu’elles ne soient plus strictement traditionnelles, elles ne sont pas
non plus totalement occidentalisées. S’il est juste d’un point de vue
historique de montrer la convergence des deux cultures, il est également vrai
que l’armée a réprimé le mode de vie des Cheyennes. En référence à une séquence
du film dans laquelle Yellow Hawk et sa famille apparaissent vêtus d’habits
traditionnels pour une séance photo avant d’être forcés de les retirer, Jenny Eagan
déclare : « On a plus ou moins cherché à priver les Amérindiens de leur identité
et à les occidentaliser de force. »
La chef costumière a également créé
une palette de couleurs spécifique pour Rosalee Quaid. Dans les brèves scènes où
elle apparaît en famille, ses enfants et elle baignent dans de doux tons de
rose. Sa douleur insondable se reflète plus tard dans l’achat d’un tailleur
bordeaux. Elle commente : « Le rose se mue en bordeaux, à l’image d’une
ecchymose. La tragédie qu’elle a vécue a blessé son coeur, dont la couleur rose
a en quelque sorte tourné. »
Le
capitaine Joseph Blocker, le chef Yellow Hawk et Rosalee Quaid
Scott Cooper et Christian Bale ont
construit ensemble le personnage du capitaine Joseph Blocker. Le réalisateur
raconte : « Nous avons étoffé le personnage chaque jour un peu plus afin d’en
faire un être de chair et de sang que Christian incarne avec l’âpreté et la
dureté typiques des hommes façonnés par le sud-ouest américain. »
Christian Bale a cherché à exprimer
toute la richesse du paysage émotionnel de Blocker, un homme qui a vécu le
traumatisme de décennies de batailles et est désormais hanté par ses actions
passées. Le combat du personnage contre ce mal qui le ronge, que l’on
appellerait aujourd’hui syndrome de stress post-traumatique, est palpable. L’acteur
déclare : « Blocker a toujours été convaincu du bien-fondé de ce qu’il faisait…
jusqu’à ce que son univers s’effondre. Il n’est pas évident pour quelqu’un comme
lui de remettre en cause tout ce en quoi il croit du jour au lendemain. »
Le capitaine Joseph Blocker comprend
qu’il n’est qu’un pion sur l’échiquier et refuse de continuer à jouer le jeu.
Lorsqu’il reçoit l’ordre d’escorter Yellow Hawk, responsable de la mort de tant
de ses hommes, jusqu’à la terre de ses ancêtres, il se rebiffe. Il est alors
menacé d’être déféré à la cour martiale et de perdre sa pension. Voilà toute la
récompense qui lui revient pour une vie de massacres au service de la nation…
Tandis que leur périple prend une
tournure de plus en plus tendue, Blocker découvre que les Cheyennes partagent
beaucoup de points communs avec ses hommes : qu’ils s’apprécient ou pas, ils
doivent se faire confiance pour survivre. C’est l’étincelle à l’origine de sa douloureuse
prise de conscience.
Christian Bale déclare : « Il lui est
difficile d’arrêter le combat, surtout après avoir perdu autant d’êtres chers.
Mais dans le même temps, il commence à prendre conscience que les Cheyennes,
eux, ont tout perdu. Yellow Hawk n’a plus de tribu. Si Blocker réussit à
renouer avec la civilisation, c’est parce qu’il découvre son humanité. »
Scott Cooper a écrit le rôle de
Yellow Hawk pour Wes Studi, un choix qui a immédiatement remporté l’adhésion
des producteurs John Lesher et Ken Kao. Le réalisateur commente : « Wes fait
partie des meilleurs acteurs américains, je doute que j’aurais fait ce film
sans lui car sa présence était essentielle à la transmission de cette histoire.
Il est absolument remarquable dans ce rôle, il possède la force et l’intensité
nécessaires à l’interprétation du personnage de Yellow Hawk. »
Mais le destin du chef cheyenne est
tragique. Son peuple a été décimé ou déplacé et lorsque nous le rencontrons, il
vient de passer sept ans enchaîné dans une cellule de Fort Berringer avec sa
femme, son fils, sa belle-fille et son petit-fils. Mais sa libération n’est pas
heureuse : il est atteint d’un cancer en phase terminale et son retour chez lui
n’est pas sans danger. Si elle parvient à atteindre le cimetière cheyenne situé
dans le Montana, la famille ne retrouvera pas la liberté car Blocker a pour
ordre de conduire les survivants vers une réserve.
Wes Studi, un acteur capable d’exprimer
toute la gamme des émotions, a créé un personnage profond qui refuse de se
laisser définir par les souffrances infligées à son peuple. Yellow Hawk a beau être
pragmatique, il est également profondément émouvant et conserve sa dignité
malgré les humiliations quasi constantes dont il est victime.
Pour finir ses jours comme il le
souhaite – sur ses terres, entouré de sa famille – Yellow Hawk réalise qu’il va
devoir se réconcilier avec un homme qu’il abhorre. L’acteur raconte : « La
manœuvre politique à l’origine de sa libération sert son dessein, mais sa
relation avec Blocker reste très complexe. L’armée américaine et les Cheyennes
se sont affrontés durant des années pour le contrôle des terres et des ressources,
un peu comme les soldats qui se battent aujourd’hui encore pour des intérêts
commerciaux. Mais tout cela change lorsque Yellow Hawk et Blocker prennent
conscience qu’ils ont été manipulés et qu’ils se sont battus au profit d’autres,
restés à l’abri bien loin de là. Cela ne les pousse pas à se lier d’amitié pour
autant car le fossé qui les sépare est trop important. Mais ils vont se battre
côte à côte dans l’espoir de survivre. »
Pour faire face à ce duo masculin,
les cinéastes se sont mis en quête d’une actrice capable de dresser un portrait
nuancé de Rosalee Quaid, une femme qui, selon John Lesher, « incarne l’archétype
de la ‘destinée manifeste’ et du rêve de la conquête de l’Ouest ».
Scott Cooper, John Lesher et Ken Kao
ont trouvé leur pionnière avec l’actrice britannique acclamée Rosamund Pike. Le
réalisateur confie : « Rosamund possède une grande intelligence émotionnelle et
cherche constamment à emmener son personnage dans une direction inattendue.
Elle a toujours en tête ce qui va se produire quelques minutes plus tard dans l’histoire,
et cela donne une dimension supplémentaire à son interprétation. »
Le film débute sur la propriété des
Quaid, où Rosalee et sa famille semblent heureux et en sécurité. Mais leur
bonheur est brutalement interrompu par l’arrivée d’un groupe de guerriers
comanches. La jeune femme, symbole de l’oppression, est la seule survivante du
massacre.
Lorsque la cavalerie et les Cheyennes
la découvrent, Rosalee est presque catatonique, ses vêtements sont déchirés et
elle refuse d’abandonner le corps du nourrisson qu’elle serre dans ses bras.
Chaque membre du groupe venu à son secours participe à habiller la jeune femme
; ils enterrent sa famille et la convainquent de venir avec eux. Il s’agit de
leur premier acte collectif ; Rosalee devient alors le trait d’union entre la
famille de Yellow Hawk et le capitaine Blocker et ses hommes.
À la lecture du scénario, Rosamund
Pike a été touchée par la saisissante description faite par Scott Cooper du
parcours de son personnage. Elle commente : « Je n’ai jamais considéré HOSTILES
comme un film de genre mais comme un film existentiel. L’histoire est simple
mais très profonde et explore les tréfonds de l’humanité. Les interactions
entre les personnages sont extraordinaires. Ils ont tous vécu des drames
atroces et cela les a affectés de manière différente. »
Les
seconds rôles
Pour accompagner le trio formé par
Christian Bale, Wes Studi et Rosamund Pike, l’équipe de HOSTILES a fait appel à
des acteurs chevronnés et de jeunes comédiens en pleine ascension. La famille
de Yellow Hawk est interprétée par Adam Beach dans le rôle de son fils, Black
Hawk ; Q’orianka Kilcher dans celui de sa bellefille, Elk Woman ; Xavier
Horsechief dans le rôle de son petit-fils, Little Bear ; et Tanaya Beatty dans
celui de sa femme, Living Woman.
Parmi les hommes du capitaine Joseph
Blocker figurent Jonathan Majors dans le rôle du caporal Henry Woodson, un
Buffalo Soldier dont le père s’est battu aux côtés de Blocker pendant la guerre
de Sécession ; Rory Cochrane dans celui du sergent-chef Thomas Metz, un ami de
longue date du capitaine ; Jesse Plemons dans le rôle du lieutenant Rudy
Kidder, un diplômé de West Point qui suit les règles à la lettre ; et Timothée
Chalamet dans celui du soldat Phillipe Dejardin, un jeune immigré français qui
a récemment rejoint les rangs de l’armée américaine.
Blocker récupère par la suite le
sergent Charles Wills, interprété par Ben Foster, qu’il doit escorter d’une
prison à une autre. Wills est l’inquiétant double du capitaine. Vétéran de la
cavalerie, il a franchi la limite et au lieu de contenir sa fureur comme
Blocker, il a massacré sans raison toute une famille de femmes et d’enfants amérindiens
emprisonnés, un crime pour lequel il sera probablement pendu. Pour contenir
Wills, Blocker est aidé par le caporal Tommy Thomas, incarné par Paul Anderson,
et le sergent Paul Malloy, campé par le musicien Ryan Bingham.
Deux rôles secondaires essentiels
sont tenus par des acteurs bien connus, Adam Beach (SUICIDE SQUAD, MÉMOIRES DE
NOS PÈRES) et Ben Foster (3H10 POUR YUMA, COMANCHERIA).
Adam Beach confie qu’une des raisons
pour lesquelles il a accepté le rôle de Black Hawk était de pouvoir raconter le
périple des Amérindiens à travers l’Amérique. « La conquête de l’Ouest américain
est sujette à beaucoup de fantasmes et souvent idéalisée, mais la réalité est
très différente. » Pour l’acteur, Black Hawk incarne l’idée que l’on peut
rester tolérant et libre dans les circonstances les plus difficiles. Il ajoute
: « Il y a toujours quelqu’un pour mettre de l’huile sur le feu, mais il est possible
de trouver sa place et de coexister en bonne intelligence avec autrui. C’est un
processus qu’il faut cultiver continuellement. »
Scott Cooper souhaitait travailler avec Ben Foster
depuis longtemps. Il déclare : « En écrivant le rôle de Wills, j’ai imaginé Ben
donnant vie à cet homme très perturbé. Ce n’était pas une mince affaire car il
a fallu qu’il évite les pièges tendus par le personnage. Il aurait, par
exemple, pu en faire un détraqué mais il a opté pour l’approche inverse. En en
faisant le double de Blocker, il montre que la frontière entre celui qui fait
preuve de cruauté parce qu’il en a reçu l’ordre et celui qui continue à le
faire de sa propre initiative est plus que ténue. »
Textes des notes de production : Pascale & Gilles Legardinier
#HostilesLeFilm
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