Comédie/Romance/Une comédie romantique mignonne sur l'indécision
Réalisé par Eric Lavaine
Avec Alexandra Lamy, Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani, Lionnel Astier, Jérôme Commandeur, Arnaud Henriet...
Long-métrage Français
Durée: 01h37mn
Année de production: 2016
Distributeur: Pathé Distribution
Date de sortie sur nos écrans : 15 mars 2017
Résumé : Frites ou salade ? Amis ou amants ? Droite ou gauche ? La vie est jalonnée de petites et grandes décisions à prendre. LE problème de Juliette c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place…
Bande annonce (VF)
Teaser 1
Teaser 2
Teaser 3
Eric Lavaine, le réalisateur du film |
Les acteurs sont supers sympathiques chacun dans leur style. Alexandra Lamy interprète l'indécise Juliette. Elle est rigolote, originale et joue vraiment aussi bien l'émotion que les moments plus délires.
Arnaud Ducret interprète Étienne, un gars bien, solide, qui sait exactement ce qu'il veut et où il veut aller.
Jamie Bamber interprète Paul, un écossais romantique et rêveur.
Ces acteurs jouent deux profils d'hommes charmants et sont impeccables. Les deux copines de Juliette, Joëlle, interprétée par Anne Marivin, et Sonia, interprétée par Sabrina Ouazani, sont pleine d'énergie et d'humour.
Lionel Astier est excellent dans le rôle de Richard, le père de Juliette, qui aime sa fille et a un sacré caractère.
L'EMBARRAS DU CHOIX est une comédie romantique qui fait rimer indécision avec mignon. On passe un bon moment avec ce film dont les personnages sont attachants. Sa fraîcheur nous met le sourire aux lèvres.
© Copyright photos : ©Jean-Claude Lother
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Le 7 mars 2017, suite à la projection du film, le réalisateur Eric Lavaine et les acteurs Alexandra Lamy, Arnaud Ducret et Sabrina Ouazani ont eu la gentillesse de venir à notre rencontre pour une session de questions-réponses. Retrouvez ce moment dans les vidéos ci-dessous :
Selon plusieurs sources, le nombre moyen quotidien
de décisions a peu près conscientes prises par un adulte est égal à environ 35.000. Ce chiffre peut
paraître absurde, mais il faut savoir qu’une personne prend déjà en moyenne 200 décisions concernant la nourriture
par jour.
Par contraste, les jeunes enfants ne prennent que
3 000 décisions par jour.
Les décisions sont prises en fonction du
développement du cerveau, des expériences, de l’activité, etc. Dans l’ensemble,
le nombre de décisions prises chaque jour varie
considérablement d’une personne à l’autre.
Les stratégies de décision, les styles et les
inclinations sont multiples et orientent nos choix quotidiennement :
Impulsivité – Prendre
la première option que vous avez et faire avec.
Conformité – Adopter
l’option la plus agréable et la plus « facile ».
Délégation – Faire
prendre les décisions à des personnes capables et fiables.
Évitement / détournement – Soit ignorer le maximum de décisions que possible afin
d’en éviter la responsabilité
ou
tout simplement pour les empêcher de vous écraser.
Équilibrage – Analyser
les facteurs impliqués puis les utiliser pour prendre la meilleure décision
possible.
Prioriser et réfléchir – Mettre le plus d’énergie, de pensée et d’effort dans les
décisions qui auront le plus d’impact ... et maximiser le temps
dont
vous disposez pour prendre ces décisions en consultant les autres, compte tenu
du contexte, etc.
Docteur Joel Hoomans, “35,000 Decisions: The
Great Choices of Strategic Leaders”
ENTRETIEN
ÉRIC LAVAINE
Si l’on regarde vos trois
derniers films, on constate qu’ils abordent tous des sujets de société sérieux
à travers la comédie. La pérennité de l’amitié dans BARBECUE, la génération
Boomerang dans RETOUR CHEZ MA MÈRE et ici l’impossibilité chronique de prendre
des décisions dans L’EMBARRAS DU CHOIX…
Ces problématiques
m’intéressent car elles nous concernent tous, celle du choix est particulièrement
intéressante. Je suis tombé sur des études américaines qui affirment que chaque
jour nous sommes confrontés à près de 35 000 décisions. Bien évidemment il y a
plein de décisions que nous prenons automatiquement mais il y en a d’autres qui
se révèlent particulièrement « prise de tête ». Pour certaines personnes cette
impossibilité de prendre des décisions se révèle très handicapante. Ça va être
le cas pour Juliette dans le film.
Il y a deux choix justement à
partir de ce constat réaliste : soit en faire un drame noir, soit en faire une
comédie…
BARBECUE, RETOUR CHEZ MA MÈRE
ou L’EMBARRAS DU CHOIX pourraient être traités comme des drames. Il se trouve
que j’ai un penchant pour la comédie, c’est ma façon de communiquer et de
raconter des histoires. La difficulté - hélas on n’y parvient pas toujours -
c’est de réussir un équilibre dans lequel on puisse rire tout en restant dans
des situations totalement réalistes. C’est la condition pour que le spectateur
accroche à l’histoire et ait de l’empathie pour les personnages. Désormais en
salle de montage je n’hésite plus à retirer certaines vannes si je sens
qu’elles nuisent à la situation. Il y a quelques années ça ne me serait jamais
arrivé !
Comment est née l’idée du film
?
C’est Laure Hennequart et
Laurent Turner qui ont imaginé cette histoire. À la première lecture j’ai été
emporté par la trajectoire de Juliette. Cette première version du scénario
laissait apparaître une structure narrative solide; le plus dur était donc
fait. À partir de là, en bonne intelligence avec Laure et Laurent, je me suis approprié
leur histoire : ils m’ont laissé changer les dialogues, redéfinir certains
personnages et rajouter de la comédie.
Vous vouliez vous « frotter »
à la comédie romantique ?
Quand je pars sur un film, je
ne cherche pas à le faire rentrer dans des cases. Mais je vous concède que
L’EMBARRAS DU CHOIX sonne plus comédie romantique que MASSACRE À LA
TRONÇONNEUSE.
Sur la forme, vous avez décidé
d’une mise en scène assez solaire et belle : la manière dont vous filmez Paris,
les codes empruntés à la comédie romantique comme la séance d’essayage, les
lumières…
Même si j’espère m’adresser à
un public plus large que les seuls aficionados de comédies romantiques, j’ai
essayé de respecter quelques codes du genre en prenant un soin particulier à
l’image, aux décors, aux costumes et à la musique. Mais avant tout je ne cherche
pas à « faire romantique », j’essaye de « faire juste ». Si une jolie lumière
sur un joli décor avec des jolis costumes et une jolie musique s’imposent alors
je fais du joli. Pourquoi s’en priver ?
C’est votre deuxième film de
suite avec Alexandra Lamy ?
Il y a deux éléments qui m’ont
fait « replonger » avec Alexandra. Tout d’abord je souhaitais vieillir un peu
le rôle de Juliette. Dans la première mouture du scénario Juliette avait 25 ans
et ça m’intéressait moins parce que j’estime qu’à cet âge-là elle a encore
toute sa vie pour choisir ! Dans le film, le personnage d’Alexandra est une
quarantenaire assumée et son horloge biologique lui impose de se décider :
attendre cinq ans de plus pour trouver un homme implique qu’elle n’aura sans
doute pas d’enfants. En confiant le rôle à Alexandra on rendait l’histoire plus
vraie, moins mièvre. De par son jeu Alexandra emmène le récit vers une vérité.
La deuxième raison qui m’a poussé à choisir de nouveau Alexandra, est très
égoïste : j’adore bosser avec elle. Elle est motivée, elle fait des
propositions, elle est juste, elle a toujours le bon tempo et surtout, elle
trimballe une bonne humeur permanente. C’est assez rare chez les comédiennes !
Comment avez vous choisi les
prétendants de Juliette ?
Le cahier des charges était
assez compliqué sur ce film. À partir du moment où j’ai Alexandra, il faut que
les deux garçons qui, potentiellement peuvent devenir « l’homme de sa vie »,
soient raccord avec elle. Je devais donc trouver deux acteurs masculins
séduisants mais avec chacun des qualités propres. Condition indispensable pour
que le spectateur, tout comme Juliette, ait du mal à les départager. Pour le
rôle de Paul, il me fallait un anglosaxon. J’ai fait passer des essais et Jamie
s’est vite imposé : beau et juste. En plus il est extrêmement sympathique et
parle très bien français… ainsi que le russe, l’espagnol, l’allemand,
l’italien..Il a trop d’atouts, ça en est presque énervant ! Bizarrement c’est
pour le rôle d’Étienne que j’ai eu plus de difficultés : pas évident de trouver
un comédien français de 40 ans, beau mec et qui ait le tempo de la comédie. Il
n’y a en pas tant que ça. C’est en voyant Arnaud Ducret en spectacle que j’ai
eu la révélation. Je pense qu’il va faire une énorme carrière : il a un rythme
incroyable et dégage une énergie communicative.
Les rôles secondaires sont
particulièrement soignés.
Un film c’est un ensemble et
j’essaie de ne pas abandonner des personnages au bord le route. Surtout pour
les « autres rôles », Ils doivent être consistants d’autant plus que par
définition ils ne sont pas dans toutes les séquences. Pour Le père de Juliette,
j’avais besoin d’un dépressif un peu sanguin. Et là Lionnel Astier s’impose
tout de suite. Et puis il « matche » parfaitement avec Alexandra; je ne sais
pas si c’est dû à leurs origines cévenoles communes, mais il pourrait être son
père. Le personnage de Sonia, la copine bloggeuse, est caractéristique de
certaines filles de la génération Y qui vivent dans l’idée de tout tester, y
compris les mecs. Cette espèce d’hyperactivité sentimentalo-sexuelo-professionnelle
cache souvent des fêlures. Sabrina Ouazani est la touche jeunesse et fraîcheur
du film. Elle a une belle énergie et, je ne sais pas si c’est un ressenti
personnel, mais son rire emporte tout. Anne Marivin je la connais depuis
INCOGNITO. C’est toujours un plaisir de la retrouver. C’est une super
comédienne qui tire toujours le meilleur des rôles. Elle est mariée avec Jérôme
Commandeur, c’est un couple atypique mais qui finalement tient la route.
C’est votre 3ème collaboration de suite avec Jérôme commandeur?
Je suis fan de Jérôme, sur et
en dehors des plateaux. Il m’amuse et il me touche. Et de film en film il est
de plus en plus juste. Dans L’EMBARRAS DU CHOIX, j’adore ce personnage de oisif
féministe qui, sous prétexte de ne pas vouloir écraser sa femme et donc de ne pas
ramener de paye trop importante, ne fait strictement rien ! Pour créer le
personnage, je me suis totalement inspiré d’un ami qui profitant de la réussite
de sa femme, a pris une année sabbatique qui dure depuis dix ans… lui aussi a
un chat qu’il a dressé à lui « toper » dans la main !
Vous avez apporté un soin
particulier à la musique.
Le film épouse en permanence
le point de vue de Juliette, et il est important que la musique lui corresponde,
moderne mais teintée de nostalgie, à l’image de son personnage dans le film.
Nous sommes dans une comédie romantique, et l’émotion est aussi clairement présente.
Elle devait donc logiquement être soutenue par la musique. Avec Martin Caraux, le
superviseur musical, notre intention était de nous orienter vers une couleur
résolument moderne et pop, aussi bien dans la musique originale de Fabien
Cahen, que dans les musiques pré-existantes où nous avons choisi à la fois des
énormes hits ( « Everybody hurts » de REM, « Trustful Hands » de The Dø, «
Paradise » Coldplay) mais également des morceaux moins connus qui collaient
bien à la couleur du film (« Get High » de Alle Farben, « Off the wall » de Yusek,
« My name is trouble » de Keren Ann, « Time’s running on » de My summer bee).
Dans chacun de vos films la
nourriture est très présente ?
Plus on vieillit, plus on
trouve les plaisirs là où l’on peut, et pour se faire plaisir trois fois par jour,
la bouffe est quand même ce qu’il y a de mieux ! En plus j’adore voir des
comédiens manger ! Et je fais attention à ce qu’on leur sert. Pour L’EMBARRAS
DU CHOIX, j’ai confié la réalisation des plats non pas à un designer culinaire
mais à un vrai chef, Julien Harlee du restaurant « Le Café Lumière » dans le 20ème arrondissement de Paris, c’est là que l’on a créé le « relais de
l’aubrac ». Julien a participé à Top Chef. Durant les repérages, je suis allé manger
dans son établissement et j’ai goûté des plats vrais, gourmands, que l’on
retrouve dans le film comme ces asperges vertes du Pertuis sauce mousseline,
les blanquettes ou ces oeufs aux truffes. Il a tellement l’amour dans son
boulot qu’il préparait des assiettes incroyables y compris pour les figurants
qu’on voit à peine à l’écran ! En fait, je remarque qu’il y a beaucoup de
similitudes entre le cinéma et la gastronomie. Pour un cuisinier le plus
important c’est le produit, sans bon produit on ne peut rien faire de bon… pour
un réalisateur le produit à cuisiner c’est le script !
ENTRETIEN ALEXANDRA
LAMY
Vous avez tourné L’EMBARRAS
DU CHOIX très rapidement après RETOUR CHEZ MA MÈRE. Est-ce surtout dû à votre
rencontre avec Éric Lavaine ?
Oui
vraiment parce que nos deux personnalités se sont instantanément accordées.
Nous avons le même genre d’humour, la même vision d’un film et de la manière
dont on raconte une histoire. Ce que j’aime beaucoup chez lui, c’est qu’il est
intelligent, brillant malgré son aptitude à sortir des vannes énormes ! Cette
intelligence se traduit par le fait d’accepter que ses acteurs puissent lui faire
des propositions ou des remarques sans qu’il ne se vexe… Il prend évidemment sa
décision au final mais il ne perd jamais de vue son objectif : faire le
meilleur film possible et pour l’atteindre, il travaille véritablement avec son
équipe, que ce soit les techniciens ou les comédiens. Éric est joyeux, bosseur,
fidèle. J’aime beaucoup ce rapport avec un metteur en scène, ce doit être mon
côté Balance : l’harmonie me met en confiance…
Le rôle de Juliette vous a tout de suite accroché ?
En
fait lors de la tournée en régions de RETOUR CHEZ MA MÈRE, Éric m’a parlé d’un
scénario qu’il avait reçu, il en adorait le thème - les problèmes de choix -
mais il souhaitait retravailler le script afin de le « mettre à sa sauce ». À ce stade, le rôle de
Juliette était prévu pour une fille plus jeune mais j’ai insisté pour qu’on « vieillisse le rôle », ça donnait une
consistance supplémentaire au personnage et ça rendait le sujet plus grave.
Au delà de la comédie, les problème de choix semblent être un
thème sociétal assez lourd.
Oui
pour certains d’entre nous l’impossibilité de choisir peut être une véritable
source de panique. C’est le cas pour Juliette qui souffre d’une véritable pathologie.
C’est ce qui m’a plus dans le projet, tout comme dans RETOUR CHEZ MA MÈRE, on
parle d’un thème sociétal grave mais on essaie de s’amuser avec. On fait des
comédies mais ça pourrait être des drames !
Dans la vie vous êtes confrontée à ces problèmes de choix ?
Ah
oui moi tous les jours ! Ca commence dès le matin, je dois résoudre une question
super angoissante : « comment vais-je m’habiller aujourd’hui? ». Et là, il faut prendre en
compte tous les paramètres : les rendez-vous qu’on a, la météo, les activités
de la journée, la mode… l’enfer ! c’est normal que nous les filles on soit en
retard ! D’ailleurs dans L’EMBARRAS DU CHOIX, Juliette a adopté des stratégies
d’évitements pour ne pas avoir à se prendre la tête : par exemple c’est sa
copine Sonia qui lui fait des plannings mensuels pour savoir quel vêtement
mettre. Même pour les choses les plus anodines de la vie y’a trop de choix. Le
monde est devenu un menu de restaurant chinois : vous avez vu le rayon céréales
des supermarchés ? Quand j’étais jeune à la Supérette d’Anduze, on avait le choix
entre des Corn Flakes et des Crousty Miel maintenant il y a des allées entières
de céréales : et avec l’avènement du bio et du sans gluten il faut encore
rajouter des linéaires !
Et dans votre vie professionnelle vous devez faire des choix ?
J’ai
la chance que pour l’instant on me propose pas mal de projets et du coup, en tant
que comédienne, je dois constamment choisir de faire ou pas un film, ce qui
veut dire lire des scénarios en discernant si l’histoire est bonne, si elle
pourra intéresser les gens à ce moment-là, si le réalisateur saura en faire un
bon film… Alors il m’est arrivé de tourner dans des films qui se sont révélés
moins réussi que je ne l’espérais et ce n’est pas grave sur le fond mais il ne
faut pas que ça arrive trop souvent et donc… bien choisir !
Et vous avez eu raison de choisir de faire L’EMBARRAS DU CHOIX ?
Ah
ce n’est pas à moi de le dire, on verra ce qu’en pense le public. Une chose est
sûre c’est que personnellement je trouve le film intéressant : je pense qu’on
peut tous se retrouver dans le destin de cette femme qui est prisonnière de son
choix car elle aime sincèrement deux hommes. Et le spectateur se trouve dans le
même dilemme : incapable de décider entre Paul et Étienne. Ce n’est qu’à la
toute fin que l’on comprend que son choix est justifié…
Il fallait donc que les deux acteurs masculins incarnent ce
doute par leurs qualités et leurs différences…
Absolument
et c’est pourquoi le casting a été très compliqué. Trouver deux mecs beaux,
drôles, séduisants, quarantenaires et bons comédiens, ce n’est pas facile ! Arnaud
a toutes les qualités requises pour le personnage d’Étienne : il est viril, il
a du charme, il est drôle donc on peut comprendre qu’il séduise une fille. En
face, il fallait quelqu’un de solide et Jamie a été un très bon choix. D’abord
parce que c’est un comédien qu’on connait très peu en France et je pense que
toutes les filles vont tomber amoureuses de lui, comme moi dans le film quand
je le rencontre la première fois ! C’est un garçon adorable, qui a amené autre
chose, plus de sensibilité, d’écoute… Si Étienne fait rire Juliette, c’est elle
qui fait marrer Paul. C’est Étienne qui décide de tout et c’est Paul qui se
laisse faire par Juliette. Il s’agissait de petites choses, des touches
subtiles qu’il fallait placer dans l’histoire, en restant toujours sur le fil
pour ne pas que le spectateur ait compris à la moitié du film lequel des deux j’allais
choisir...
Vous connaissiez ces deux partenaires ?
Avec
Arnaud, nous avions déjà joué ensemble dans L’ONCLE CHARLES d’Etienne Chatiliez
en 2012 et nous avions passé notre temps à rire, en compagnie de Valérie
Bonneton et Eddy Mitchell. J’en gardais un souvenir formidable et quand Éric
m’a parlé de lui pour le personnage, je lui ai dit tout le bien que j’en
pensais ! Nous partageons un sens de la comédie, du rythme hérité des
programmes courts à la télé qui sont une super école…
Dans ce registre, une
seconde de battement et c’est trop tard, c’est très musical. Jamie en revanche,
c’est une vraie découverte. Éric m’a montré des bouts d’essais avec lui, (les scènes
où il se dispute avec sa mère dans le film), et je l’ai trouvé très juste, avec
en plus un vrai contraste avec Arnaud. Ils sont aussi très différents dans la
vie : Arnaud entre dans une pièce et tout le monde le voit, l’entend car il
fait un show ! Jamie lui est plus réservé, il observe beaucoup. Aborder la
comédie était également nouveau pour lui, dans une langue qui n’est pas la
sienne. Même s’il parle parfaitement le français, il lui fallait maîtriser le rythme,
les effets comiques. Je l’ai aidé de temps en temps, à jouer avec la
ponctuation d’une réplique par exemple pour qu’elle fonctionne mieux…
J’ai énormément
apprécié son côté bosseur : il fait partie de ces acteurs qui travaillent et
arrivent en connaissant leur texte au cordeau, en sachant exactement où se situe
la scène à tourner dans l’ensemble de l’histoire. Je suis régulièrement
confrontée à l’inverse dans ce métier et ça me rends folle ! Arnaud étant
exactement dans cette ligne-là, ça nous a permis de faire des propositions, de
tenter des improvisations…
Parlons aussi de vos deux meilleures amies dans L’EMBARRAS DU
CHOIX: Anne Marivin et Sabrina Ouazani… Vous formez avec elles un trio
intéressant, qui ne tombe pas dans le cliché « girly » !
Exactement
et nous avons été très vigilants à ce propos avec Éric. Nous voulions que les personnages
de Joelle et Sonia apportent des choses à Juliette mais aussi à l’histoire. L’idée
n’était pas de créer un groupe de copines qui parlent maquillage et mecs ! On a
vu ça mille fois au cinéma et ça ne sert à rien… Durant le tournage, avec Anne et
Sabrina nous avons constamment répété nos scènes et proposé des idées nouvelles
à Éric pour rester dans cette ligne.
Autre personnage important : votre père interprété par Lionnel
Astier…
Juliette
a perdu sa maman vers 15/16 ans donc il fallait un papa solide, sur lequel elle
peut compter; incapable de faire des choix dans la vie, elle pratique le « transfert de choix » : elle laisse souvent son
père choisir à sa place ! C’est auprès de lui qu’elle travaille, qu’elle
s’épanche, bref c’est lui l’homme de sa vie jusqu’à ce que les deux garçons
surgissent. D’ailleurs, quand Juliette revient de chez Paul en Ecosse et qu’elle
découvre Étienne dans le restaurant paternel, c’est son père qu’elle regarde en
premier… Voir son père heureux la rend heureuse et réinstalle le doute quant au
prétendant à choisir ! Nous avons donc énormément travaillé avec Lionnel pour installer
cette relation fusionnelle, que je peux d’ailleurs avoir avec mon propre mère (père)
parfois. Il ne devait y avoir aucun doute possible sur le fait que ces deux-là s’aiment
beaucoup : que lui fera tout pour qu’elle soit heureuse et vice versa… J’ajoute
une chose importante concernant Lionnel : c’est un cévenol comme moi, il aime
les Maquisards donc ça ne pouvait que bien fonctionner entre nous ! Nous nous
étions croisés sur le tournage de la série UNE CHANCE DE TROP dans laquelle il
jouait le commissaire mais nous n’avions, hélas, peu de scènes ensemble.
L’EMBARRAS DU CHOIX est un joli film, à la fois sur ce qu’il
raconte mais aussi sur ce qu’il montre, avec donc un soin tout particulier
accordé à l’image et aux plaisirs de la vie…
Ca
c’est tout Éric ! C’est à la fois un épicurien et un esthète… Il aime le vin,
la bouffe, les jolies choses, les belles femmes et les hommes beaux, les
fringues : tout ça se ressent forcément dans son cinéma. On le voyait peut-être
moins dans RETOUR CHEZ MA MÈRE mais l’histoire ne s’y prêtait pas. Là,
l’ambiance était plus parisienne-branchée donc, notamment sur les costumes, il
fallait y aller franchement, je pense par exemple au personnage de Sonia qui
est bloggeuse. Mais dans l’ensemble, Éric a voulu que tout le monde soit un peu
sapé !
Je trouve d’ailleurs que c’est un point sur lequel les comédies romantiques
en France ont pas mal progressé. Au début, c’était moins chiadé alors que nous
représentons le charme, la mode, la gastronomie, l’architecture et l’élégance
dans le monde entier… Je me souviens d’avoir tourné dans AU SUIVANT ! en 2004
et avoir trouvé l’ambiance visuelle très grise ! Heureusement, sur l’impulsion sans
doute des anglo-saxons, les choses ont maintenant bien évoluées…
Et vous ? RETOUR CHEZ MA MÈRE a été vu par 2,2 millions de
spectateurs. Vous en avez attiré près de 8 millions en moyenne sur TF1 avec la
série UNE CHANCE DE TROP et ils étaient près de 7 millions à nouveau en mars
dernier pour l’unitaire APRÈS MOI LE BONHEUR toujours sur TF1. Diriez-vous que
votre statut a changé, notamment dans ce qu’on vous propose ?
Ah
oui vraiment mais ça remonte en fait à plus loin. Je pense que le premier qui m’a
offert quelque chose de différent c’est François Ozon avec RICKY en 2009, même
si le film n’a pas été un gros succès. Mais il m’a permis de valider ma
capacité à faire du drame et donc à être vraiment considérée comme une
comédienne ! L’exemple de APRÈS MOI LE BONHEUR est symptomatique : on m’avait
proposé de jouer cette histoire terrible d’une mère de famille atteinte d’un
cancer au cinéma. J’ai tout de suite insisté pour en faire un téléfilm parce
que je voulais que ce sujet-là rencontre un vrai succès populaire…
Il
y a des choses qui sont faites pour le grand écran et d’autres pour le petit. Heureusement,
on a enfin compris ça chez nous et les comédiens peuvent passer de l’un à
l’autre, tout en allant aussi jouer au théâtre…
En
ce qui me concerne, UNE CHANCE DE TROP et APRÈS MOI LE BONHEUR ont permis au
grand public de découvrir que je pouvais faire autre chose que UN GARS ET UNE
FILLE ! D’ailleurs, j’ai joué et je vais prochainement jouer au cinéma dans des
registres plus dramatiques. J’ajoute enfin qu’à un moment de ma carrière, je
suis redevenue Alexandra Lamy… C’est très difficile quand on est en duo et que
l’un des deux prend beaucoup de place. Il ne s’agit pas de jalousie mais simplement,
on ne voit plus l’autre… Il y a eu des périodes où on me disait « mais vous ne travaillez pas
en ce moment ? » alors que je venais de faire quatre films dans l’année ! Non
seulement personne ne les voyait mais en plus quand je faisais de la promo, ce
n’est pas de mes films que l’on me parlait…
J’évoquais
le théâtre : j’ai fait une grosse tournée d’une bonne soixantaine de dates en
province avec la pièce LA VÉNUS AU PHACOCHÈRE et dans la foulée, sortait au
cinéma JAMAIS LE PREMIER SOIR avec Mélanie Doutey et Julie Ferrier. Eh bien nous
avons fait plus de 900 000 entrées et je suis certaine que la tournée nous a
aidés. D’un coup, avec le théâtre, vous débarquez chez les gens et en sortant, ils
me disaient : « maintenant que je vous ai vu sur scène, j’irai vous voir au cinéma
» ! La pièce était en plus
assez compliquée, très noire et elle a dû elle aussi participer à changer la
manière dont j’étais perçue en tant que comédienne…
ENTRETIEN ARNAUD DUCRET
En quoi ce personnage d’Étienne, un des fiancés possible
d’Alexandra Lamy dans le film, vous a-t-il séduit ou intéressé ?
Ce que j’aime
d’abord chez lui, c’est qu’il est passionné par son métier. C’est une qualité
qui logiquement peut vous emmener assez loin dans la vie... Étienne est un bon
vivant et ça me plait aussi, d’autant que je ne sais pas cuisiner dans la vie
alors que j’adore la bouffe. C’est un garçon gai, drôle, sûr de lui et
finalement assez touchant quand ça ne va pas se passer comme il le
souhaiterait...
Il a donc plein de qualités mais également un défaut : son
habitude de vouloir décider de tout...
C’est un trait de
caractère de ces mecs qui travaillent dans la restauration : ils savent généralement
ce qu’ils veulent. Juliette ne fait que renforcer cet état de fait puisqu’elle
est incapable de prendre la moindre décision !
Cette problématique là, celle du non choix, est traitée par le
biais de la comédie dans L’EMBARRAS DU CHOIX, mais elle relève d’un vrai
problème psychologique. Vous le connaissiez ?
Oui mais je ne
soupçonnais pas que ça puisse être sérieux à ce point-là et être considéré
comme une vraie maladie. Chacun d’entre nous est confronté à la notion de choix
dans sa vie de tous les jours. En tant que comédien, je dois moi-même en faire
d’importants... Dans le film, cela apporte aussi une certaine souffrance au
personnage de Juliette puisque l’impossibilité de choisir règle son existence
depuis des années et l’a conduit à toute une série d’échecs du fait ce cet
emprisonnement psychologique. L’intérêt du film est d’en tirer des situations
qui tirent vers la comédie sans jamais occulter la réalité plus grave du
problème...
Le film marque vos retrouvailles à l’écran avec Alexandra Lamy,
7 ans après L’ONCLE CHARLES d’Etienne Chatiliez...
C’était mon tout
premier film et j’en garde un excellent souvenir même s’il n’a pas marché ! La
rencontre avec Alex avait été formidable et je l’ai retrouvée telle quelle 7
ans après. C’est une femme passionnée, une très bonne camarade de tournage,
avec une finesse de jeu exceptionnelle. Parfois, je la regardais jouer... Nous
avons démarré elle et moi par la scène de la fin du film sans que j’ai eu
beaucoup le temps de voir Éric Lavaine, à cause de ma tournée qui me donnait
pas mal de travail. C’est une scène difficile, où il y a beaucoup de texte à
dire lors d’un dîner, dans une sorte d’élan amoureux un peu autoritaire, comme
Étienne sait en faire. Ce n’était pas facile à jouer, il faisait très chaud sur
le plateau mais Alexandra m’a regardé en souriant, gentille, me disant que ce
n’était pas grave s’il fallait la refaire... C’était adorable et très agréable.
Au-delà de ça, c’est une personnalité incroyable : pour une des scènes du film,
elle devait se baigner dans un étang à Boulogne où moi j’ai vu passer des rats
! Alexandra y est allée sans broncher à plusieurs reprises. Croyez-moi, je
connais plus d’un mec qui auraient exigé une doublure.
Vous avez un point en commun : l’habitude du rythme de la
comédie du fait de votre participation à deux programmes courts : Un gars un fille pour
elle et Parents mode d’emploi pour vous...
Absolument, ce
sont des exercices où il faut être précis et très vite dans l’instant. Plus je
travaille au cinéma et plus je me rends compte que j’ai pris l’habitude de
tourner des scènes dans la continuité, un peu comme des plans séquences. J’aime
cette idée de rester dans le rythme. Et en fait souvent, Eric par exemple me
disait : « on
va couper là, refaire, reprendre...» Il faut que je m’habitue à cela... Le programme court est une
très bonne école quand il est de qualité et nous y avons appris beaucoup avec
Alex.
Parlez-nous de votre collaboration avec votre metteur en scène,
Éric Lavaine...
Éric est lui
aussi un passionné, doublé d’un type très dynamique et qui plus est extrêmement
drôle. Nous avons partagé pas mal de fous-rires ! C’est un metteur en scène qui
sait exactement ce qu’il veut mais qui est également capable de se rendre
compte quand quelque chose ne fonctionne pas et de le corriger tout de suite.
Il m’a rappelé PEF avec qui j’ai travaillé : ce sont des auteurs constamment en
train de réécrire... Entre chaque prise, Éric revient vous voir avec un petit
carnet dans lequel il a noté ses observations sur la scène que vous venez de jouer. Ça apporte de la précision et tout cela se ressent dans L’EMBARRAS DU CHOIX qui
est un film très bien équilibré je trouve. Ce n’est pas un hasard si les
acteurs et même les techniciens qui ont travaillé avec Éric ont envie de
renouveler l’expérience. C’est le cas de mon pote Jérôme Commandeur et je
comprends maintenant pourquoi ! Une des bases de ce métier pour moi est de
travailler mais aussi de s’amuser et c’est un réalisateur qui allie ces deux
aspects...
Jérôme Commandeur que vous connaissez très bien...
C’est lui qui m’a
aidé à écrire mon premier spectacle. Nous avons fait de la radio tous les deux et
ensuite est arrivé Dany Boon, les CH’TIS et il a vraiment commencé à exploser.
C’est la beauté de ce métier : démarrer avec un pote et travailler un jour avec
lui. Je suis fier de ce bout de chemin partagé en sa compagnie... Sur
L’EMBARRAS DU CHOIX, nous partagions un appartement durant le tournage et je
n’arrêtais pas de lui dire « c’est fou, on tourne ensemble » ! Nous l’avons d’ailleurs à
nouveau fait sur LES NOUVELLES AVENTURES DE CENDRILLON où il joue le Duc et moi
le Prince...
Parmi vos autres camarades de jeu, il y a aussi Lionnel Astier
dans le rôle du père d’Alexandra Lamy...
Nous sommes tous
les deux dans Parents mode d’emploi où il joue mon père et franchement, on s’adore
! Ça marche du feu de Dieu entre nous, sans que l’on sache trop pourquoi.
Lionnel a un jeu d’acteur très naturel. Dans L’EMBARRAS DU CHOIX, il est de
suite crédible en cuisinier et on comprend vite pourquoi il se prend
d’affection pour Étienne et on se doute qu’au fil des années il pourra le
considérer comme son fils. Avec le temps, je commence un peu à trouver ma
famille de cinéma et de télé et Lionnel en fait clairement partie...
Votre parcours justement... La scène est un élément très
important, lé télévision aussi mais le cinéma prend de plus en plus de place. Diriez-vous
que le succès de ADOPTE UN VEUF a marqué un tournant ?
Ce qui est
amusant, c’est qu’au départ, il n’y avait pas de rôle pour moi dans ADOPTE UN
VEUF! J’aime beaucoup François Desagnat, j’avais très envie de tourner avec
André Dussolier donc j’ai demandé à lire le scénario, j’ai aimé l’histoire et
j’ai surtout vu tout de suite ce que je pourrais faire du personnage de P.G...
Je voulais montrer que je saurais jouer un mec introverti, gauche, à l’encontre
de ce que je suis ou de ce que j’ai pu incarner à l’écran. Et effectivement, ça
m’a ouvert beaucoup de nouveaux horizons dans le métier.
Et même un registre plus romantique comme dans L’EMBARRAS DU
CHOIX !
C’est ce que je
disais à Aurore, la costumière du film : « ça y est, enfin un rôle où je suis bien sapé » ! Se voir en mec séduisant c’est
très agréable...
ENTRETIEN
JAMIE BAMBER
Le public français vous a déjà
vu dans des sériés américaines ou anglaises mais il va véritablement vous
découvrir avec ce film. Que représente pour vous cette expérience-là ?
C’est énorme pour moi. Il y a
un an ½, j’ai quitté Los Angeles, où je vivais avec ma famille, pour revenir en
Europe et plus précisément m’installer à Aix-en-Provence. Je n’avais alors aucun
engagement de prévu mais simplement l’idée que nos filles grandissent dans
cette partie du monde. La Californie est pleine de pièges et de tentations pour
des adolescents… En ce qui me concerne, j’ai toujours rêvé du cinéma français
et j’avais d’ailleurs joué il y a quelques années dans UN JOUR MON PÈRE VIENDRA
avec Gérard Jugnot et François Berléand. C’est à partir de là que j’ai envisagé
d’essayer de trouver ma place en France… Mais, 18 mois après être arrivé chez
vous, sans travail ni agent, parler de ce film que j’ai tourné avec Éric
Lavaine et Alexandra Lamy, une comédie où j’ai un rôle formidable, c’est
incroyable !
Comment s’est passée la
rencontre avec Éric Lavaine et de quelle manière avez-vous travaillé avec lui
sur L’EMBARRAS DU CHOIX ?
L’élément déterminant a
d’abord été de rencontrer Rosalie Cimino, mon agent, qui m’a accueilli fin
2015. Je venais de terminer une série en Angleterre et elle m’a très rapidement
présenté à Michael Languens, le directeur de casting du film d’Éric. Nous nous
sommes rencontrés, il m’a fait lire le scénario et c’est vraiment grâce à lui
je crois que j’ai décroché le rôle de Paul dans le film. En amont, nous avons
travaillé à partir de scènes précises pendant des heures sur mon français, sur
le timing très précis de la comédie. En 20 ans de carrière, je n’avais jamais bossé
de cette manière, aussi intensivement… J’ai ensuite passé des essais, qu’Eric a
regardés et c’est lui qui m’a appelé pour que nous rencontrions à Paris. J’ai
refait un dernier essai avant d’être engagé et j’ai rejoint Eric et Alexandra à
Aix-en- Provence quand ils sont venus y présenter RETOUR CHEZ MA MÈRE pour faire
vraiment connaissance…
Quel regard portez-vous sur
Paul, votre personnage dans le film ?
C’est un homme qui a été à la
fois dessiné et coincé par la tradition familiale. L’ironie de sa personnalité
est qu’elle rejoint celle de Juliette : il est incapable de faire ses propres
choix ! Sa fiancée, sa carrière lui ont été imposées… Tous deux se sont
enfermés dans un modèle de vie pour des raisons différentes mais qui reviennent
au même et au final, lui comme elle ont beaucoup de mal à peser sur le cours de
leur existence. Les relations de Paul et sa mère en Ecosse ont fait de lui un
banquier talentueux, riche, joueur de rugby et buveur de whisky mais au fond,
Paul n’a jamais assouvi son rêve : devenir créateur de parfums…
Cette problématique du choix
qui est au coeur du film et qui est un vrai sujet de société vous touche-t-elle
?
Absolument et par certains
aspects, je me reconnais dans le scénario du film. Prenez tout simplement la
vie d’un acteur : je dois constamment faire des choix et ce n’est jamais facile
de savoir quelle décision est la meilleure vis-à-vis d’un rôle. Cela a des
répercussions sur une carrière, sur l’entourage, sur la famille et rien de tout
cela n’est anodin… Autre exemple : le fait d’avoir quitté les États- Unis pour
venir vivre en France a été un choix très important car il implique de partir
de l‘endroit logique où mener mon parcours de comédien pour sauter dans l’inconnu.
J’aurais pu être paralysé par la peur mais les raisons familiales et le fait
d’avoir déjà par le passé travaillé dans d’autres pays m’ont décidé… Donc le
cas de Juliette dans le film, même s’il est extrême puisque c’est une comédie, peut
concerner plein de gens : chacun doit pouvoir s’y identifier.
Vous comprenez donc que Paul,
jusqu’à un certain point, s’accroche à cet amour compliqué ?
Pour moi, ce qui les
rapproche, c’est de partager les mêmes symptômes par rapport à l’idée de faire
des choix ! C’est d’ailleurs une vraie différence avec le personnage d’Arnaud Ducret,
Étienne, qui lui est un gars qui décide de tout ! Juliette et Paul parviennent
à en rire par moments et ça rend leur amour encore plus profond…
Puisque nous évoquons
Juliette, parlez-nous de votre partenaire à l’écran, Alexandra Lamy…
Je dirais que c’est une femme
jolie, chaleureuse et toujours positive. Avec moi, Alexandra a été exceptionnelle
: patiente, accueillante, voulant à tout prix que je trouve ma place au cœur du tournage. Au début, évidemment je me sentais un peu étranger ! Alexandra a
beaucoup œuvré pour que je me sente à l’aise. Je sais que c’est une grande
vedette ici en France, au cinéma et à la télévision, mais jamais je n’ai senti
qu’elle faisait de différence entre nous, alors que je débute encore ici…
J’avais vraiment l’impression que nous étions égaux et j’en ai profité car j’ai
besoin de me sentir désiré et à l’aise pour travailler efficacement. C’est
amusant car à l’inverse de son personnage, je sais qu’Alexandra a fait des choix
pour éviter que je ressente la moindre pression et je lui en suis très
reconnaissant…
J’imagine qu’il vous a aussi
fallu faire confiance à votre metteur en scène Éric Lavaine, ne seraitce que
pour dépasser l’obstacle de la langue, même si votre français est remarquable…
Oui, j’ai véritablement mis
mon destin entre ses mains ! Éric a cette capacité de toujours rire des événements
et des péripéties d’un tournage. Bien sûr, il a de l’autorité sur son plateau
mais il cherche toujours à détendre l’atmosphère. La chose la plus difficile
avec la langue française, c’est d’en comprendre l’humour, dont vous avez fait
une spécialité ! Je ne connaissais pas tous les mots, toutes les vannes d’Éric
mais à force de voir les autres rire, je me suis mis moi aussi à m’en amuser et
à m’en imprégner. Pour mes dialogues, c’était plus simple car les mots étaient
écrits mais c’est sur le rythme de la comédie que j’ai dû travailler. Je
voulais que mon personnage ait à peu près le même niveau de français que le
mien. Éric et Alexandra m’ont beaucoup parlé de la manière d’enchaîner, de ponctuer
les phrases avec aussi l’idée de placer des expressions en anglais de temps en
temps quand Paul est bousculé, déstabilisé, ému par une situation…
Ce registre de la comédie
romantique est nouveau pour vous : on a plus l’habitude de vous voir dans des
séries policières comme Rizzoli et Isles, Cold Case, NCIS ou Body of proof…
Vous aimeriez poursuivre dans cette voie ?
Ironiquement, la comédie
romantique est un genre que j’ai toujours aimé. On pense toujours que c’est
réservé à un public féminin mais c’est faux. J’adore QUATRE MARIAGES ET UN
ENTERREMENT par exemple ! Alors oui, j’aimerais continuer à tourner dans ce
style de films mais en variant les choses car c’est le propre pour moi de la
carrière d’un acteur. S’enfermer dans un genre peut être un piège, dont un
excellent comédien comme Hugh Grant a sans doute été victime par exemple… Cela
dit, vu sa carrière, j’aimerais bien être piégé comme il l’a été !
ENTRETIEN
CAROLINE WEILL
-
PSYCHANALYSTE -
Ce trouble dont souffre Juliette, le personnage interprété par
Alexandra Lamy dans L’EMBARRAS DU CHOIX, existe-t-il dans la réalité ?
Il
existe une difficulté à passer à l’acte, à prendre une décision : c’est la 1ère étape du passage à l’acte.
Dans mon parcours de psychanalyste, j’ai déjà rencontré des cas avec une vraie
difficulté comme Juliette quant à la prise de décision.
Comment résumeriez-vous ce trouble du comportement chez Juliette
?
Elle
est très simple : pour elle, le choix débouche forcément sur une issue dramatique.
C’est montré à deux endroits précis du film : quand on montre l’assassinat de
JFK à la télévision et que sa mère lui dit en parlant de Jackie Kennedy « si elle avait choisi une
décapotable, son mari n’aurait pas connu cette fin-là » et ensuite, quand cette même
mère choisit entre deux routes, prend la mauvaise et se tue... Deux choix qui
ont donc conduit à une issue fatale. Pour Juliette, choisir c’est prendre la
responsabilité d’une décision qui mène inévitablement au drame...
C’est
évidemment pour cette raison qu’elle choisit de ne pas choisir. Cette névrose
est le symptôme d’autre chose. Pour que Juliette en arrive là, il y a eu un
traumatisme, c’est-à-dire un bouleversement émotionnel tel que son psychisme n’arrive
pas à l’absorber. Cela renvoie à ce dont je parlais juste avant mais également
à toutes ces phrases assassines que l’on entend tout au long de sa jeunesse comme
« tu es incapable de choisir
quoique ce soit » ou « de toutes façons tu ne sais jamais ce que tu veux »... Ca c’est le traumatisme
à répétition qui peut susciter plus tard une répétition et une obéissance à une
logique inconsciente...
Autre
paramètre, les choix que nous faisons résultent de l’envie d’un désir qui nous
anime. Un sujet qui dans l’enfance n’a pas eu accès à son désir, (« arrête de toujours
réclamer, tu es déjà très gâté » ou « moi à ton âge je n’avais rien, n’en demande pas
trop »),
peut continuer à s’interdire de désirer et donc être incapable de choisir puisqu’au
fond il ne désire rien. Dans le cas de Juliette, hypothèse à ne pas exclure, avoir
envie d’une voiture décapotable c’est mal, puisque c’est dangereux...
Ce sont des troubles dont on peut guérir ?
Oui,
en passant par une psychothérapie durant laquelle on revisite l’histoire du sujet,
en faisant appel à ses souvenirs et en identifiant le traumatisme. Mais
attention : ça ne se fait pas d’un coup de baguette magique mais au fil des
entretiens. Peu à peu, le patient prend conscience de ce qui l’entrave. Certain
qu’elles vont s’y reconnaître, même si le sujet est traité sur le ton de la
comédie. Dans cette histoire assez légère, il y a tout de même un fond douloureux
lié à la disparition de la mère de Juliette...
Ce
film m’a parlé parce que le personnage joué par Alexandra Lamy identifie très
bien son problème, elle est très lucide. Ce qui fait la personnalité de chacun,
ce sont les choix qui nous impliquent dans la vie. Le simple code vestimentaire
que nous choisissons tous les matins est déjà important, car il renvoie à l’image
de nous que nous renvoyons à l’extérieur... Pour une femme, mettre un tailleur
ce n’est pas la même chose que de porter un jean et un pull !
Ne pensez-vous pas que cette difficulté vis-à-vis du choix est
une des conséquences de notre société « moderne » qui multiplie justement les
offres de choix, des rayons du supermarché aux abonnements téléphoniques ?
Tout
à fait, parce que cette impression de liberté liée au choix engage la question
de la responsabilité. Il y a un très bon livre qui est paru sur le sujet : La
fatigue d’être soi d’Alain Ehrenberg, dans lequel il explique qu’avant on ne choisissait
pas sa profession, (elle était liée à son milieu social), ni son conjoint, (le
mariage était arrangé quasiment à la naissance), donc cette responsabilité du
choix n’existait pas. Si la vie des gens était heureuse, c’était la cerise sur le
gâteau, sinon ce n’était pas de leur faute... Aujourd’hui généralement, on choisit
son métier, la personne avec qui l’on va vivre et l’on est entièrement responsable
de cela. C’est ce qui conduit à de plus en plus de dépressions car en cas d’échec,
nous sommes confrontés à l’idée de faute...
Un mot du personnage du père de Juliette, joué par Lionnel
Astier. Il est essentiel pour elle, sa mère n’étant plus là. Quand il engage
Étienne, (Arnaud Ducret), comme chef au restaurant, ne lui force-t-il pas un
peu la main ?
Certes
il l’engage mais si Juliette travaille avec son père au restaurant, elle ne
cuisine pas, elle s’occupe juste de la comptabilité en disant clairement qu’avec
les chiffres, elle ne décide de rien. 2 +2 = 4, c’est un fait objectif et elle
n’y est pour rien ! Ce qui rend heureuse Juliette c’est d’avoir cette relation
fusionnelle avec son père, d’être heureuse à ses côtés, pas le fait qu’il choisisse
pour elle. Tout le monde au fond lui laisse toujours plusieurs options. Pensez à
la scène dans le salon de coiffure avec son amie Joelle, interprétée par Anne
Marivin : là aussi Juliette a le choix : cheveux lisses ou bouclés ? En fait,
je crois que ce qu’elle ne supporte pas, c’est de ne pas avoir le choix. Quand
Etienne se met à lui annoncer l’avenir tout tracé qu’il a choisi pour elle, de leur
mariage aux prénoms de leurs enfants, Juliette se lève et s’en va...
Au
fond, Juliette sait très bien ce qu’elle ne veut...pas ! Autre exemple, au
début lorsqu’elle a rendezvous dans le café avec un homme trouvé sur Tinder.
Elle se trompe, elle confond puisqu’elle prend Paul pour cet inconnu. Mais
quand elle comprend sa méprise, là aussi elle a le choix : il y a deux options,
deux hommes. Si Juliette choisi Paul c’est parce qu’elle en a envie, ce qui est
une notion essentielle dans l’idée de choisir. Son moteur c’est le désir et cet
événement prouve que Juliette peut décider. Si elle ne le fait pas, c’est qu’elle
a décidé de ne pas le faire...
Question assez machiste à présent : Juliette est un personnage
féminin. La problématique du film concerne-t-elle plus particulièrement les
femmes ?
Il
y a des tas d’hommes qui sont totalement décontenancés quand il est question de
choisir. Masculin ou féminin, cette idée ramène à une chose importante : le
rapport à l’erreur. Il y a des gens qui n’acceptent tout simplement pas de se
tromper, estimant qu’il s’agit forcément d’un échec capable de remettre en
cause profondément ce qu’ils sont... C’est terrible car cela induit un vrai
désir de perfection, or la perfection est inatteignable on le sait bien ! À
partir de là on entre dans une vraie pathologie obsessionnelle qui se traduit
par un hypercontrôle, de manière à ce qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer
la machine...
C’est
ce contre quoi je lutte la plupart du temps en thérapie, en disant à mes
patients : « vous vous êtes trompé, et alors ! ». Je leur demande de
réfléchir à l’implication que la décision à prendre aura dans leur vie d’ici
trois ans. Le fait de ne pas pouvoir me répondre les aide souvent à passer à l’acte !
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