Le Festival International de Science-Fiction LES UTOPIALES, que je vous conseille absolument tant il fourmille d'informations, d'idées et de rencontres, nous dévoile sa thématique et son affiche pour sa 20ème édition.
LA THÉMATIQUE
Coder / Décoder !
En perçant les codes cryptés dans toutes les pensées,
les actions, les réalisations et la chair même de l’humanité,
la science-fiction s’est attachée de tout temps à décoder notre réalité.
Qu’ainsi s’ouvrent ces Utopiales 2019 !
DYH FHVDU, FHXA TXL YRQW GHFRDHU WH VDOXHQW !
Ave César, ceux qui vont décoder te saluent !
La 20e édition des Utopiales abordera le thème Coder/Décoder !
Mais qu’est-ce que le code, que sont les codes ? S’agit-il seulement de systèmes plus ou moins construits, plus ou moins délibérés, visant à transporter un contenu qu’on espère pertinent vers un interlocuteur ? Ou alors, ces codes sont-ils également, schémas invisibles et indispensables, la structure de l’ADN de nos sociétés, de nos œuvres comme celui de nos corps ?
De la partition de La Neuvième Symphonie au C++ (code de programmation), des IA au big data, des équations qui décrivent le monde aux algorithmes qui le transforment, du langage des abeilles à la langue des signes ou au braille, du chiffre de César à Enigma, des langues mortes à l’esperanto ou au klingon, des stéréotypes genrés aux archétypes du récit… Artistes, auteurs et autrices, scientifiques, pertinent.e.s et impertinent.e.s, vont déchiffrer pour nous les structures cachées de la société, du langage, de l’information et de la création.
Code & société
Les sociétés humaines fonctionnent sur les préconisations plutôt explicites des lois et règlements qui régulent avec plus ou moins de bonheur nos comportements dans le sens de la collaboration collective. Ces lois se fondent sur des principes éthiques ou moraux qui, de leur côté, peuvent être souvent implicites. Si l’on peut apprendre et enseigner le droit, consulter le règlement intérieur d’une entreprise ou d’un service public, comment intégrons-nous les nuances plus fines, plus subtiles, plus mouvantes, de la simple politesse ou de la culture locale ? Ainsi, qu’est-il séant de manger ou de porter comme vêtement selon les circonstances ? Entre utopie et dystopie, la science-fiction s’est chargée de tous ces sujets depuis son origine.
Code & langage
L’invention des langages et des langues pour communiquer figure sans doute parmi les plus belles réalisations de l’humanité. En témoignent ces supports ancestraux comme les inventaires sumériens, les hiéroglyphes et idéogrammes, et enfin cette langue sans mots, faite de chiffres et de symboles que sont les mathématiques, la langue de l’univers selon Galilée. Sans ces derniers, le verbe s’envole et disparaît des mémoires et de l’histoire.
Et parfois, parce que c’est la guerre ou bien qu’un conjoint, un employeur, un état ne doivent pas tout savoir, nous inventons aussi, à des fins de dissimulation, des langages codés destinés à une communauté restreinte. Le message apparent cache ainsi un contenu invisible, et ce depuis très longtemps. Déjà, César utilisait le chiffre qui porte son nom pour transmettre ses instructions en secret à ses généraux.
Toutefois, la langue n’est pas faite que de mots ou de symboles, ni de bruits prédéterminés, elle est signe et parfois signifiant elle-même. Elle peut utiliser le corps et les expressions du locuteur.
Sans oublier que le langage n’est pas seulement l’affaire de l’humanité : animaux et même plantes communiquent entre eux de mille façons, inaudibles parfois, insoupçonnées souvent et toujours fascinantes.
Changer la langue, la transmettre de la manière la plus limpide possible, c’est peut-être aussi changer le monde ou au moins la manière dont nous le percevons : s’il n’existe que des auteurs et des docteurs, il n’y a pas d’autrices, ni de doctoresses. Jusqu’à imaginer, comme Samuel Delany dans Babel 17, un langage qui pourrait programmer les actes et les pensées de son locuteur à son insu.
Code & information
L’apparition des nouvelles technologies a fait évoluer le statut même de l’information au sein de nos sociétés. Elles ont permis de déchiffrer des données au cœur de notre vie biologique et d’en voir émerger de nouvelles au centre de notre vie sociale et numérique. Ainsi, d’autres codes se glissent partout dans notre existence. La science-fiction s’en est faite l’écho bien avant que leurs mystères commencent seulement à devenir accessibles à la science. Il est d’abord celui qui n’est autre que le plan prédéfini et putatif de notre corps propre, l’ADN, mais qui préfigure aussi en partie celui de notre descendance. Manipuler ce code, des humains mutants aux animaux « améliorés » pour mieux nous servir, est désormais à portée de pipette.
Puis d’autres codes et algorithmes tentent de reproduire le réel in silico. Désormais, l’IA alliée au big data collecte les traces que nous laissons et décrit nos existences pour mieux pouvoir les transformer. Parfois, ils les prédisent. Vont-ils les réduire à un aquarium impalpable qui nous isolera du reste du monde ou qui dénoncera nos comportements à des opérateurs ? Le régulateur ultime du cyberespace, comme du corps, c’est le code. Demain, qui aura la mainmise sur ces codes fondamentaux et par là même sur l’avenir de l’humanité ?
Code & création
Au commencement était le mythe, ses règles, ses archétypes et ses tentatives de déchiffrer l’énigme des origines. Puis la narration s’est chargée de décrire l’univers selon ses propres codes qui s’épanouissent généreusement dans les littératures de genre telles la science-fiction ou le polar. Le lecteur ou spectateur néophyte, privé de la connaissance de ces attendus, de ces passages obligés, passe, étranger et confus, à travers ces forêts de symboles auto-reproducteurs, si peu familiers. L’art de la science-fiction en général a fait signe et code de lui-même. De l’utopie à l’anticipation, de la rétro-fiction à l’afro-futurisme, des Terres creuses au space opera, du post-apocalyptique à la cli-fi, du voyage dans le temps à l’uchronie et au steampunk, du pulp à l’œuvre expérimentale, les genres de la science- fiction se nourrissent les uns des autres. Littérature, cinéma, bandes dessinées, jeux de rôle ou jeux vidéo s’entremêlent en une vertigineuse toile co-évolutive dont les esthétiques et les concepts rendent compte du présent pour mieux espérer et prévenir le futur.
L'AFFICHE
Mathieu Bablet : son affiche et sa vision du thème des Utopiales 2019
Mathieu bablet signe l’affiche de la vingtième édition des utopiales !
Invité des Utopiales en 2011 pour son premier ouvrage La Belle Mort, Mathieu Bablet publie en 2013 l’époustouflante fable mythologique Adrastée. La même année arrive le phénomène SF Shangri-La, sélectionné en 2017 au festival d’Angoulême et pour le Prix BD des Utopiales.
Mathieu Bablet
« Avec le thème « Coder / Décoder » pour cette 20e édition des Utopiales, le plus évident aurait été d’illustrer du code informatique. Des lignes et des lignes de code… Mais je trouvais cette approche trop attendue et très premier degré.
Ancrées dans la Ville de Nantes, les Utopiales proposent chaque année une affiche dans laquelle la ville de Jules Verne est le personnage principal
Je me suis donc emparé de la thématique sous le prisme de la ville et je suis parti sur l’idée de « recoder » la Ville de Nantes. C’est-à-dire en proposer une vision du futur qui prenne en compte les défis que les villes vont devoir relever dans quelques décennies en se transformant : montée des eaux à la suite de la fonte des glaciers, urgence climatique, transition écologique…
Dans mon illustration, on découvre alors Nantes rehaussée de plusieurs étages pour sa propre sauvegarde, indépendante au niveau énergétique grâce à ses éoliennes et panneaux solaires et autonome sur le plan alimentaire avec ses jardins agricoles flottants et un parterre de rizières.
Parce que oui, la ville du futur sera autonome ou ne sera pas. »
Source des textes de la thématique et de l'affiche : site https://www.utopiales.org/
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