Thriller/Epouvante-horreur/Un film qui manie très habilement terreur et émotions, les jeunes acteurs sont supers
Réalisé par Sergio G. Sánchez
Avec Anya Taylor-Joy, George MacKay, Mia Goth, Charlie Heaton, Matthew Stagg, Kyle Soller, Tom Fisher, Robert Nairne...
Long-métrage Espagnol
Titre original : Marrowbone
Durée: 01h51mn
Année de production: 2017
Distributeur: Metropolitan FilmExport
Interdit aux - de 12 ans
Date de sortie sur nos écrans : 7 mars 2018
Résumé : Pour ne pas être séparés, Jack, 20 ans, et ses frères et sœurs plus jeunes, décident de cacher à tout le monde le décès de leur mère qui les élevait seule. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la ferme familiale isolée, mais bientôt, d’étranges phénomènes indiqueraient qu’une présence malveillante hante leur unique refuge…
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : LE SECRET DES MARROWBONE est un thriller d’épouvante qui réussit à surprendre, car, au-delà de l’angoisse, son histoire est émouvante. Il faut accepter que le récit ne prenne pas tout son sens immédiatement et que les questions trouvent une réponse au fur et à mesure que le réalisateur Sergio G. Sánchez décide de les dévoiler. Mais, étant donné, qu’on finit par avoir les réponses, la construction narrative, qui nous laisse dans le mystère pendant la majorité du film, est au final agréable. Bien que certains aspects se devinent, le scénario est touchant et, le fait que le réalisateur fasse cohabiter épouvante et émotions adroitement est une réussite. Sa façon d’amener les scènes stressantes est très efficace. Les atmosphères sont maîtrisées, on ressent la légèreté comme la peur viscérale selon les moments. Le sujet de la violence au sein de la famille est abordé frontalement.
Les jeunes acteurs sont très convaincants. Jack, le grand frère, est interprété par George MacKay. La sensibilité de son jeu est remarquable.
Jane, la sœur raisonnable, et Billy, l’adolescent courageux, sont respectivement interprétés par Mia Goth et Charlie Heaton. Tous les deux sont impeccables dans leur rôle.
Le petit Sam est interprété par l’adorable Matthew Stagg.
Étant donné qu’on s’attache à cette fratrie, le pari est gagné. Leur aventure nous intéresse et on essaye de comprendre leur point de vue. Anya Taylor-Joy interprète Allie, une jeune femme à la forte personnalité qui ne laisse pas ses sentiments être influencés par la bienséance.
LE SECRET DES MARROWBONE est un film qui parle de sujets durs, mais qui ne tombe pas dans le mélodrame. Il apporte de l’humanité à sa terrible histoire. La réalisation gère très bien les ambiances et les acteurs savent nous transporter dans l’univers particulier de la famille qu’ils représentent. Je vous le recommande.
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
LE SECRET DES MARROWBONE marque le
passage à la réalisation de Sergio G. Sánchez, à qui l’on doit
certains des meilleurs scénarios du cinéma espagnol de ces
dernières années. Réputé pour sa capacité à jouer sur les
émotions des spectateurs et à les captiver en quelques minutes, le
scénariste est surtout connu pour L’ORPHELINAT et THE IMPOSSIBLE,
tous les deux brillamment mis en scène par son ami J.A. Bayona.
Sergio G. Sánchez était à la
recherche de l’histoire parfaite pour faire ses premiers pas
derrière la caméra, et il l’a trouvée avec LE SECRET DES
MARROWBONE. La productrice Belén Atienza raconte : « C’est à
l’occasion d’un voyage en train au cours duquel nous avons évoqué
les histoires que Sergio affectionnait, les classiques du cinéma et
nos vieux films préférés qu’est née l’idée du SECRET DES
MARROWBONE. » La productrice et le scénariste avaient déjà
travaillé ensemble sur L’ORPHELINAT et THE IMPOSSIBLE, et Belén
Atienza, qui connaissait les aptitudes de Sergio G. Sánchez pour la
mise en scène, tenait absolument à prendre part à ce nouveau
projet.
Le scénario du SECRET DES MARROWBONE
s’est construit page après page. Sergio G. Sánchez se souvient de
ce singulier processus d’écriture : « Le développement s’est
fait en plusieurs étapes. Pendant l’écriture de la première
ébauche du script, j’envoyais tous les jours quelques pages à
Belén sans savoir précisément quelle direction prendrait
l’histoire. »
La productrice raconte : « C’était
comme recevoir un roman-feuilleton : chaque jour, j’en découvrais
davantage sur les personnages et l’histoire. Nous avons ensuite
harmonisé le tout car il s’agissait d’une histoire complexe avec
différentes chronologies et beaucoup de rebondissements qui devaient
parfaitement s’imbriquer. »
L’idée du roman-feuilleton était
intentionnelle. LE SECRET DES MARROWBONE constitue un monde à part
fait de secrets qui captivent les spectateurs et les invitent à s’y
abandonner.
La société de production Telecinco
Cinema a été conquise par les possibilités offertes par le
scénario de Sergio G. Sánchez. Le producteur Ghislain Barrois
déclare : « Nous avons tout de suite su que nous tenions là
quelque chose de spécial et de rare. »
Comme Belén Atienza, Telecinco Cinema
a soutenu le cinéaste lorsqu’il a choisi de se tourner vers la
réalisation. La société, qui le connaissait bien en tant que
scénariste, avait désormais l’occasion d’accompagner son
passage derrière la caméra avec une histoire à part. Álvaro
Augustin, producteur chez Telecinco Cinema, commente : « LE SECRET
DES MARROWBONE mêle fantastique, épouvante et drame. C’est le
genre de film qu’on ne voit pas tous les jours. Nous savions que
nous n’avions pas affaire à un film ordinaire. »
Sandra Hermida, la productrice
déléguée de L’ORPHELINAT et THE IMPOSSIBLE, a rejoint l’équipe
du SECRET DES MARROWBONE en tant que productrice déléguée et
productrice exécutive. Elle déclare : « Je n’aurais jamais cru
qu’il s’agissait du premier film de Sergio si je ne l’avais pas
su car il a réussi à s’attirer la confiance et l’affection de
tout le monde dès la préparation de la production. »
Cela s’explique en partie par
l’engagement dont Sergio G. Sánchez a toujours fait preuve durant
sa carrière de scénariste en s’investissant systématiquement
audelà du processus d’écriture. Son implication auprès de J.A.
Bayona lors de la préparation de leurs deux films a dépassé le
simple cadre de la relation réalisateurscénariste. Ils ont
développé une véritable symbiose créative qui leur a permis de
créer les univers singuliers de L’ORPHELINAT et THE IMPOSSIBLE,
dans lesquels se dessine leur vision commune. Sergio G. Sánchez a
également participé à la prise de plusieurs décisions, notamment
sur le choix des interprètes et en matière de réalisation.
Pour Sandra Hermida, il était donc
inévitable que J.A. Bayona prenne part au SECRET DES MARROWBONE. «
Ce sont deux cinéastes dont le style cinématographique est analogue
et complémentaire. Ils partagent en outre un intérêt pour les
mêmes thèmes. » C’est ainsi que celui-ci est devenu producteur
exécutif, après avoir été réalisateur de L’ORPHELINAT (7 Prix
Goya dont ceux du meilleur jeune réalisateur pour Bayona et du
meilleur scénario original pour Sánchez), de THE IMPOSSIBLE (5 Prix
Goya dont celui du meilleur réalisateur pour Bayona et nomination à
l’Oscar et au Golden Globe de la meilleure actrice pour Naomi
Watts) et de QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT (9 Prix Goya dont celui
du meilleur réalisateur). Au début de leur collaboration sur
L’ORPHELINAT, Sergio G. Sánchez et J.A. Bayona ne se connaissaient
pas très bien, mais ils ont vite réalisé qu’ils partageaient les
mêmes goûts cinématographiques. J.A. Bayona déclare : « Notre
cinéphilie commune est d’une certaine manière à l’origine du
SECRET DES MARROWBONE. » Le réalisateur, qui était prêt à
soutenir n’importe quel projet entrepris par Sergio G. Sánchez,
admet avoir été époustouflé par l’intensité du scénario du
SECRET DES MARROWBONE. Il a offert ses conseils à son ami mais
toujours avec respect, parfaitement conscient que le projet était en
de très bonnes mains. Le cinéaste a également partagé son savoir
créatif durant les différentes phases du film, soumettant ses
remarques après la lecture du scénario et donnant son point de vue
pendant le montage.
Sergio G. Sánchez et J.A. Bayona ont
en commun un intérêt particulier pour les thèmes de l’enfance,
de la jeunesse et du passage à l’âge adulte. Ce n’est pas un
hasard si, comme en écho aux thèmes de L’ORPHELINAT et THE
IMPOSSIBLE, les quatre personnages principaux du SECRET DES
MARROWBONE sont des enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge
adulte.
Les deux cinéastes défendent l’un
comme l’autre l’importance de la fiction comme remède aux maux
les plus profonds, ou comme refuge face à une réalité hostile à
laquelle on ne peut pas faire face. LE SECRET DES MARROWBONE raconte
l’histoire de quatre frères et sœurs orphelins qui n’ont
personne d’autre au monde et qu’un terrible passé revient
hanter. Pour échapper à la menace, ils se réfugient dans une
maison isolée dans l’espoir de se reconstruire…
J.A. Bayona déclare : « Ce genre de
films ne se fait plus aujourd’hui. La manière dont la tension
monte est très subtile et n’exige ni effets spéciaux ni
maquillage, le sentiment d’épouvante s’insinue progressivement
et gagne peu à peu tout l’univers du film. »
SEULS AU MONDE POUR SURVIVRE
LE SECRET DES MARROWBONE raconte
l’histoire de quatre frères et sœurs pleins de vie mais hantés
par un terrible secret. Les relations entre les quatre personnages
sont donc la pierre angulaire du film, d’où l’importance
primordiale du choix des interprètes. Il fallait non seulement des
acteurs accomplis individuellement, mais également capables de
former un ensemble cohérent. Sergio G. Sánchez déclare : « Comme
il s’agissait de mon premier film, je pensais que j’aurais du mal
à attirer des acteurs de haut niveau, mais j’ai été très
surpris par la qualité des auditions que j’ai reçues. »
Il poursuit : « La difficulté ne
consistait pas seulement à trouver quatre bons acteurs mais à faire
en sorte qu’ils se complètent les uns les autres. J’avais du mal
à considérer les personnages individuellement, je devais être sûr
qu’ils forment un groupe qui fonctionne. »
Le réalisateur a soigneusement
imaginé la personnalité de chacun des membres de la fratrie –
Jack, Jane, Billy et Sam – de manière à ce qu’au-delà du lourd
traumatisme qui les lie, les personnages s’opposent et se
complètent.
JACK (GEORGE MACKAY)
Jack est celui qui porte la plus
grande responsabilité de tous car en tant qu’aîné, c’est à
lui qu’il incombe de veiller sur ses frères et sœurs. Mais il a
du mal à trouver l’équilibre entre ses sentiments pour Allie, son
devoir de protection envers sa famille et la promesse qu’il a faite
à sa mère.
Sergio G. Sánchez déclare : « Jack
est un personnage torturé qui tente désespérément d’échapper à
un passé douloureux. Il est incarné par George MacKay, un acteur
parmi les plus dévoués qu’il m’ait été donné de rencontrer
et dont la valeur n’a certainement pas attendu le nombre des
années. La performance qu’il livre dans ce film témoigne de son
engagement total envers le personnage. »
Sandra Hermida ajoute : « George s’est
tellement identifié à son personnage que sur le tournage, il a
endossé le rôle de leader parmi les acteurs. »
George MacKay a également fait preuve
de beaucoup de considération pour l’équipe, comme lorsque le
dernier jour du tournage, il a laissé un petit mot manuscrit à
chaque personne qui avait participé au film afin de les remercier
pour cette formidable expérience.
JANE (MIA GOTH)
Jane, la sœur cadette, couvre ses
frères d’amour dans l’espoir de combler l’absence de leur
mère. Elle incarne la bonté face à la violence et à la
négativité. Le réalisateur commente : « Jane se bat pour que ses
frères puissent laisser derrière eux leur douloureux passé. »
Le personnage est interprété par Mia
Goth. Le réalisateur poursuit : « En dépit de ses 19 ans, le
personnage fait preuve d’une maturité hors du commun, ce qui
s’explique par la situation et l’environnement de l’histoire. »
Anya Taylor-Joy, qui joue Allie dans
le film, se souvient avoir été submergée par l’incroyable
prestation de sa partenaire dans la séquence où Jane se frictionne
violemment les bras. « Toute l’intensité du jeu de Mia se dévoile
dans cette scène. »
À propos de la méthode de Mia Goth,
Sergio G. Sánchez déclare : « Elle tient à vivre la même chose
que son personnage. Elle s’est véritablement glissée dans la peau
de Jane car pour elle, si on fait semblant, cela ne fonctionne pas. »
BILLY (CHARLIE HEATON)
Billy, le troisième membre de la
fratrie, est sans doute celui qui est le plus sur le fil du rasoir.
Il incarne le courage et la bravoure dont manque parfois Jack, mais
contrairement à Jane, il a un penchant pour les ténèbres, comme le
démontre la scène dans laquelle frères et sœurs débattent pour
savoir s’il faut récupérer la boîte en métal remplie de
billets. Jane y est totalement opposée car il s’agit à ses yeux
du « prix du sang », alors que Billy se porte volontaire pour
aller la chercher. Billy est un des personnages les plus intéressants
de l’histoire car il incarne la peur de ses frères et sœurs, une
peur avec laquelle ils doivent apprendre à vivre.
En bon adolescent, Billy rêve
d’aventure et de liberté – comme tous les garçons de son âge.
Mais au vu de la situation particulière de sa famille, son
comportement se révèle contre-productif et dangereux. Il est comme
un oiseau en cage qui meurt d’envie de prendre son envol.
Le personnage est interprété par
Charlie Heaton, qui s’est fait connaître dans le rôle de Jonathan
dans la série « Stranger Things ». Ses partenaires saluent en lui
un acteur d’une incroyable intensité. Anya Taylor-Joy qualifie sa
performance de « poignante » tandis que George MacKay confie avoir
été très impressionné par son énergie débordante.
SAM (MATTHEW STAGG)
Sam, le benjamin de la fratrie, est
surprotégé par ses aînés, qui tentent de le préserver des lourds
secrets qui rongent leur famille.
Sam est cependant un membre clé de la
fratrie. Il a conscience de devoir jouer l’innocent devant ses
frères et sœurs de peur de les mettre en danger s’il avouait
comprendre leur situation. Jack, Jane et Billy ont en effet besoin de
croire qu’il est plus fragile et naïf qu’il ne l’est en
réalité, car pour eux, son innocence est la preuve vivante que
l’espoir subsiste.
C’est le jeune Matthew Stagg qui a
été choisi pour incarner Sam. En raison de son âge, le petit
garçon n’a pas abordé son personnage de la même manière que ses
partenaires. Sergio G. Sánchez explique : « Nous avons fait très
attention à le protéger des aspects les plus sombres du film et
avons abordé les scènes les unes après les autres au lieu de lui
exposer toute l’histoire. Matthew a pris plaisir à découvrir son
personnage chaque jour un peu plus, et c’était émouvant de le
voir évoluer devant la caméra. »
ALLIE (ANYA TAYLOR-JOY)
Le film met également en scène un
personnage essentiel qui n’appartient pas à la fratrie : il s’agit
d’Allie, interprétée par Anya Taylor-Joy. Elle est le seul lien
qu’ont Jack, Jane, Billy et Sam avec le monde extérieur, la
fenêtre à travers laquelle ils observent ce qui se passe au-delà
des murs de leur microcosme.
Sergio G. Sánchez déclare : « Allie
est un personnage lumineux et joyeux qui fait le lien entre les
spectateurs, l’histoire et les enfants Marrowbone. Elle représente
le monde réel, par conséquent sa vie est radicalement différente
de celle des quatre frères et sœurs. »
George MacKay, qui partage le plus de
temps à l’écran avec Anya Taylor-Joy, ajoute : « Elle a beaucoup
d’empathie pour son personnage, ce qui vous amène naturellement à
vous impliquer dans tout ce qu’elle fait. »
Le réalisateur poursuit : « Anya est
en avance sur son âge, j’avais parfois du mal à croire qu’elle
n’avait que 20 ans. Elle est incroyablement talentueuse et est
capable d’exprimer chacune de ses pensées et chacun de ses doutes
avec une clarté absolue. Elle a l’esprit vif et possède une
extraordinaire intensité. » J.A. Bayona précise : « Malgré son
jeune âge, Anya Taylor-Joy a pris part à de nombreux projets
significatifs tels que THE WITCH ou SPLIT, et elle tire pleinement parti
de son expérience. »
Pour les cinq acteurs, qui ne se
connaissaient pas avant le tournage, toute la difficulté a consisté
à former un clan soudé à l’écran. Heureusement, ils se sont
immédiatement bien entendus et ont tiré profit des deux semaines
passées dans les Asturies avant le début du tournage. Au lieu de
répéter leurs scènes, ils ont passé la majorité de leur temps à
improviser, créant ainsi des liens forts. Le fait de se retrouver
isolés dans un pays étranger dont ils ne parlaient pas la langue
les a beaucoup rapprochés. D’une certaine manière, et même si ce
n’était que pour une période limitée, ils ont formé une
famille. Pour J.A. Bayona, la qualité du film repose en grande
partie sur le talent de ces jeunes acteurs.
TOUT AU BOUT DU MONDE
La maison où
vivent Jack, Jane, Billy et Sam constitue un univers miniature qui
les affranchit autant qu’il les enferme. Elle joue un rôle majeur
dans cette histoire. Bien que les événements se déroulent dans une
localité fictive du Maine, le film a été tourné dans les Asturies
en Espagne. Sergio G. Sánchez, qui est originaire de la région,
tenait à tourner le film dans son pays pour renforcer le caractère
émotionnel de l’histoire. Ce sont en effet les paysages de
l’Asturie qui ont accompagné et influencé l’état d’éprit du
cinéaste tout au long de l’écriture du scénario. C’est donc en
toute logique que le film y a été tourné.
Il était très important pour Sergio
G. Sánchez, comme pour le reste de l’équipe, que la maison soit
réelle ; il ne voulait pas qu’elle soit construite en studio. Il
explique : « Il était essentiel qu’elle craque et qu’elle
respire. » C’est donc lui qui a proposé Torre de Arango, sur la
commune de Pravia, comme décor principal.
Le chef décorateur Patrick Salvador,
dont le brillant travail sur AUTOMATA de Gabe Ibáñez a impressionné
l’équipe, a eu pour mission de donner l’illusion que la demeure
de pierre asturienne du XVIIe siècle se situe en réalité dans le
Maine. Pour ce faire, la façade extérieure ainsi que l’agencement
intérieur de la maison ont dû être modifiés.
Sergio G. Sánchez ne voulait pas
d’une maison terrifiante ; il cherchait plutôt quelque chose
d’authentique qui reflète l’état émotionnel de ses occupants.
Il était donc nécessaire de souligner le caractère vétuste des
lieux, conformément à la situation financière précaire de la
fratrie. Ainsi, la pelouse n’a pas été tondue durant les cinq
mois qui ont précédé le tournage, de sorte que le jardin qui
entoure la maison a progressivement pris des airs de jungle. Cette
végétation luxuriante marque la frontière entre la maison et le
reste de la civilisation. Les personnages évoluent dans un monde
régi par ses propres règles, invisibles aux yeux de la société
qui continue à suivre son cours de l’autre côté de ce mur
végétal.
Pour créer cette atmosphère hors du
temps, le choix de la maison, totalement isolée et sans aucun signe
de vie moderne aux alentours, comme oubliée du reste du monde, a
joué un rôle crucial.
À l’intérieur, l’austérité
domine. Chaque détail, chaque objet a cependant été choisi avec
soin par le chef décorateur pour raconter subtilement l’histoire
des enfants. Tout au long de sa carrière, Patrick Salvador s’est
distingué par sa capacité à faire de ses décors une extension de
l’histoire.
Tous les acteurs étaient très
enthousiastes à l’idée de tourner en décors réels. Charlie
Heaton déclare : « C’était fascinant de tourner dans une vraie
maison. »
Non loin de là se trouve le village
où se rend occasionnellement Jack pour faire quelques courses. La
petite localité a été imaginée de manière à offrir un contraste
brutal avec la maison. Tandis que cette dernière est restée
inchangée depuis qu’elle a été fermée en 1931, les habitants du
village sont en phase avec l’époque à laquelle se déroule
l’action, en 1969. Patrick Salvador déclare : « On voit très peu
la ville, c’est pourquoi il était important de transmettre en
quelques images seulement l’impression que l’on se trouve dans un
autre monde. Nous avons choisi l’ancienne Fabrique d’armes
d’Oviedo qui a également dû être transformée pour répondre aux
besoins géographiques et temporels de l’histoire. »
Pour que la maison prenne tout son
intérêt, le travail de Patrick Salvador se devait de s’accorder
avec la photographie de Xavi Giménez, un prestigieux directeur de la
photographie à la filmographie impressionnante. Son style visuel
intemporel convenait admirablement à ce lieu figé dans le temps.
Il déclare : « Le scénario
comprenait déjà les principales indications au plan stylistique. La
grammaire visuelle était déjà là. L’instabilité émotionnelle
de l’histoire se traduit à l’écran à travers le jeu des ombres
et de la lumière. » La collaboration entre Sergio G. Sánchez et
Xavi Giménez s’est faite tout naturellement. Les deux hommes
étaient d’accord pour utiliser l’éclairage et les palettes de
couleurs qui correspondaient le mieux à l’histoire. Le réalisateur
tenait à ce qu’il émane de chaque plan une impression de souvenir
idéalisé. La photographie évoque ainsi les étés de l’enfance
que l’on n’oubliera jamais et qu’on aimerait revivre, mais qui
nous échappent chaque jour davantage.
De même que pour les décors du film,
Sergio G. Sánchez était attaché à ce que la photographie
s’éloigne délibérément des conventions du genre. J.A. Bayona,
qui a travaillé avec Xavi Giménez sur la série « Penny Dreadful
», commente : « Le style photographique du SECRET DES MARROWBONE
est très réaliste et ne fait pas dans la démesure. Je trouve cette
manière d’aborder le genre très intéressante. »
Pour l’éclairage également, la
production a dès le départ opté pour une lumière naturelle. Le
directeur de la photographie explique : « Nous avons utilisé un
mélange de lumière naturelle et de lumière artificielle aussi
réaliste que possible qui permet aux personnages de se déplacer
naturellement et avec beaucoup de liberté dans les décors. »
La mise en scène était cependant
très importante car il était impératif que l’éclairage
soutienne les performances des acteurs. Ce détail a également été
dicté par le fait que bien que le principal décor du film – la
maison – soit raccordé au réseau électrique, les personnages ne
l’utilisent pas en raison de la vétusté de l’installation. De
cette manière, le recours à la lumière naturelle répond de façon
organique aux besoins du scénario. À propos de Xavi Giménez et de
la manière dont il a abordé l’éclairage du film, Patrick
Salvador déclare : « Xavi montre beaucoup d’audace dans son
travail et fait un usage poétique du clair-obscur. »
Le tournage dans les Asturies a
confronté l’équipe en charge de l’éclairage à quelques
difficultés. Il était par exemple impossible de prédire le temps
qu’il ferait d’une heure à l’autre car dans la région, le
beau temps peut laisser la place à un épais brouillard en l’espace
de quelques minutes. Ces conditions climatiques aléatoires ont
obligé la production à prendre des décisions rapides en fonction
de ses besoins. En contrepartie, les paysages à couper le souffle
des Asturies imprègnent le film de leur force saisissante.
Dès la première semaine du tournage,
Xavi Giménez et Sergio G. Sánchez ont compris que LE SECRET DES
MARROWBONE n’était pas un film qui pourrait être tourné
normalement et qu’ils allaient devoir être souples. Il fallait
qu’ils lâchent prise et qu’ils laissent les émotions guider la
caméra. Le réalisateur confie : « C’est un véritable luxe de
travailler avec un directeur de la photo aussi à l’écoute des
émotions. »
LA MUSIQUE
Les émotions du film s’expriment
également à travers la musique de Fernando Velázquez, le
compositeur à qui l’on doit les bandes originales inoubliables de
nombreux films, dont L’ORPHELINAT et THE IMPOSSIBLE. Les chemins de
Sergio G. Sánchez et Fernando Velázquez s’étaient donc déjà
croisés et les deux hommes étaient impatients de retravailler
ensemble. Leur confiance l’un en l’autre était si évidente que
Sergio G. Sánchez a encouragé le compositeur à prendre toute
liberté avec ses créations.
Fernando Velázquez déclare : « LE
SECRET DES MARROWBONE est un film très émouvant et plein de
caractère. J’espère que lorsque les spectateurs le verront, ils
ressentiront grâce à la musique ce que j’ai éprouvé en le
découvrant. Mon objectif était d’évoquer le caractère
intemporel de l’histoire ; la musique contribue à renforcer la
dimension classique du film. »
Le réalisateur n’avait aucun doute
sur le choix du compositeur, dont la capacité à exprimer les
émotions et à créer des mélodies simples mais inoubliables
correspondait parfaitement à ce qu’il recherchait pour l’histoire.
L’objectif était non seulement de composer une musique qui
accompagne les spectateurs au-delà du film, mais qui les guide
également dans l’intrigue en traduisant chaque élément du
scénario sur le plan musical. Fernando Velázquez révèle qu’il a
commencé par écrire la musique des séquences les plus lumineuses
de l’histoire avant de s’attaquer aux moments les plus sombres –
un cheminement de la lumière vers l’ombre qui reflète l’évolution
du film.
Pour le thème principal, Fernando
Velázquez a choisi un morceau auquel il a apporté des variations en
fonction de celui des quatre frères et sœurs qu’il accompagne,
renforçant du même coup l’unité de la fratrie et l’individualité
de ses membres. Pour Sam par exemple, il a utilisé des instruments
tels que la harpe ou le célesta, tandis que pour Billy, il a opté
pour des violons américains. Le compositeur a par ailleurs pris en
compte le fait que l’univers musical d’Allie et Porter se devait
d’être différent de celui des quatre frères et sœurs puisqu’ils
appartiennent à la réalité tandis que Jack, Jane, Billy et Sam
sont associés à un espace hors du temps.
La bande originale du SECRET DES
MARROWBONE a permis à Fernando Velázquez de collaborer avec
l’Orchestre Symphonique de la Principauté des Asturies. Il raconte
: « Il s’agit d’un des meilleurs orchestres d’Espagne et c’est
la première fois qu’il participe à un film. J’ai donc eu la
double chance de pouvoir les diriger et de les accompagner dans leur
première expérience cinématographique, un processus quelque peu
différent de celui d’un concert symphonique. Ça a été un
privilège de travailler avec eux, j’avais l’impression d’être
un enfant le matin de Noël ! »
L’enregistrement de la bande
originale a eu lieu à l’auditorium Príncipe Felipe d’Oviedo
dont l’impressionnante acoustique a, selon le compositeur, conféré
une qualité très particulière à la musique et renforcé sa
dimension classique. Les créations de Fernando Velázquez viennent
parfaire l’univers complexe du SECRET DES MARROWBONE, un film conçu
dès le départ pour pouvoir être vu et revu plusieurs fois, en ne
révélant tous ses secrets qu’au fur et à mesure.
Sergio G. Sánchez conclut : « Il est
difficile d’arriver à parler du SECRET DES MARROWBONE sans révéler
les détails de l’intrigue… Ce que je peux vous dire en revanche,
c’est que le public va découvrir un univers incroyablement riche,
tout en nuances, dans lequel les rebondissements se succèdent, mais
avant tout plein d’émotions. C’était en tout cas notre
intention en faisant ce film, et j’espère que c’est ce que les
spectateurs verront. »
Textes des notes de production : Coming Soon Communication
#LeSecretdesMarrowbone
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