Drame/Famille/Un très joli film, touchant
Réalisé par Stephen Chbosky
Avec Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay, Mandy Patinkin, Daveed Diggs, Izabela Vidovic, Noah Jupe...
Long-métrage Américain
Durée : 01h53mn
Année de production : 2017
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie sur les écrans américains : 17 novembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 20 décembre 2017
Résumé : L'histoire de August Pullman, un petit garçon né avec une malformation du visage qui l'a empêché jusqu'à présent d'aller normalement à l'école. Aujourd'hui, il rentre en CM2 à l'école de son quartier. C'est le début d'une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de cœur ou à son étroitesse d'esprit. L'aventure d'Auggie finira par unir les gens autour de lui.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : déjà avec LE MONDE DE CHARLIE (2012), l'habileté du réalisateur Stephen Chbosky pour raconter des histoires sensibles avec délicatesse était palpable. Il confirme ce talent avec WONDER. Il y raconte l'histoire d'un petit garçon, qui souffre de malformation faciale, tout en incluant également celle de sa famille et de ses amis. La narration est très fluide et la mise en scène de Stephen Chbosky est à la fois efficace et cohérente. Il explique et montre, sans juger ni sans tomber dans le larmoyant, les difficultés que cette maladie génère pour ceux qui la vivent et ceux qui les entourent. Il explore ainsi différent point de vue, ce qui confère à son film une dynamique et un intérêt inattendus.
Il est aisé d'imaginer que le meilleur comme le pire des réactions des personnage est crédible et réaliste lorsque l'on est en dehors des critères de la norme sociétale. Certes, le scénario retombe parfois sur les sentiers classiques des bons sentiments, mais les personnages sont vraiment attachants et les événements s'inscrivent dans une vraie logique narrative - celle d'un chemin parcouru - du coup, on les accepte bien volontiers.
L'ensemble du casting est parfait pour donner un bel équilibre entre joies et larmes à cette histoire. Julia Roberts est magnifique dans son interprétation d'Isabel Pullman, une femme et mère au grand cœur et au caractère affirmé. Elle est le pilier de la famille et son intelligence se ressent à tous les niveaux.
Owen Wilson interprète Nate Pullman, le papa cool et lumineux. L'acteur est attachant dans ce rôle.
Jacob Tremblay interprète Auggie Pullman, un petit garçon drôle, malin, brillant qui doit subir minute après minute le regard des autres. Ce jeune acteur est remarquable pour nous transmettre avec justesse les émotions qui transpercent son protagoniste.
WONDER est un film parfait à découvrir en cette saison. Il raconte une très jolie histoire de façon plus joyeuse et imaginative qu'on ne pourrait s'y attendre a priori. C'est une petite pépite qui réchauffe le cœur et nous donne envie de croire que la tolérance et la bonté ont encore une chance.
Il est aisé d'imaginer que le meilleur comme le pire des réactions des personnage est crédible et réaliste lorsque l'on est en dehors des critères de la norme sociétale. Certes, le scénario retombe parfois sur les sentiers classiques des bons sentiments, mais les personnages sont vraiment attachants et les événements s'inscrivent dans une vraie logique narrative - celle d'un chemin parcouru - du coup, on les accepte bien volontiers.
L'ensemble du casting est parfait pour donner un bel équilibre entre joies et larmes à cette histoire. Julia Roberts est magnifique dans son interprétation d'Isabel Pullman, une femme et mère au grand cœur et au caractère affirmé. Elle est le pilier de la famille et son intelligence se ressent à tous les niveaux.
Owen Wilson interprète Nate Pullman, le papa cool et lumineux. L'acteur est attachant dans ce rôle.
Jacob Tremblay interprète Auggie Pullman, un petit garçon drôle, malin, brillant qui doit subir minute après minute le regard des autres. Ce jeune acteur est remarquable pour nous transmettre avec justesse les émotions qui transpercent son protagoniste.
WONDER est un film parfait à découvrir en cette saison. Il raconte une très jolie histoire de façon plus joyeuse et imaginative qu'on ne pourrait s'y attendre a priori. C'est une petite pépite qui réchauffe le cœur et nous donne envie de croire que la tolérance et la bonté ont encore une chance.
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire/regarder qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
LA MERVEILLE DES MERVEILLES
"On raconte que je suis sans doute l'une des merveilles créées par Dieu. Et personne n'a d'explication à fournir". Natalie Merchant, "Wonder"
Rares sont les livres qui ont le
pouvoir de pousser les gens à agir, mais c'est pourtant le cas du
roman "Wonder" de R.J. Palacio. Paru en 2013, cet ouvrage
était d'une grande audace. En effet, les lecteurs étaient-ils prêts
à s'attacher à un petit garçon qui, suite à une maladie
génétique, était né avec une "malformation cranio-faciale"
sévère susceptible d'attirer le regard ? Or, les lecteurs se sont
réellement intéressés à Auggie Pullman.
Le récit sans concession
et ponctué d'humour de R.J. Palacio qui, par ailleurs, offre les
différents points de vue de l'entourage du jeune héros, a touché
un point sensible chez la plupart des gens : dans la société
actuelle, on a tellement tendance à s'arrêter aux apparences qu'on
en oublie ce que certains d'entre nous vivent en leur for intérieur.
Si de nombreux romans plongent dans de terrifiants univers
post-apocalyptiques, "Wonder" s'en démarque largement : le
livre a ainsi prouvé qu'une histoire pouvait être captivante en
parlant d'un sujet aussi simple que la bienveillance envers autrui.
"J'ai toujours considéré que 'Wonder' était une méditation
sur la bonté", souligne l'auteur. Grâce à un formidable
bouche-a-oreille, le livre s'est vendu à plus de 5 millions
d'exemplaires, mais a surtout initié le phénomène "Choose
Kind" ["Choisir la bienveillance", NdT], campagne
contre le harcèlement scolaire, et encouragé les lecteurs à
raconter leur propre histoire. Le roman n'a pas tardé à intéresser
Hollywood. Les producteurs Todd Lieberman et David Hoberman, chez
Mandeville Films, ont lu le manuscrit le même soir et ont été
emballés.
"On s'est téléphoné et on était tous les deux en
larmes – je ne suis pas gêné de le reconnaître", se
souvient Lieberman. "On était tous les deux tombés sous le
charme de cette magnifique histoire de compassion et d'amitié".
Hoberman ajoute : "Ce récit nous a touchés parce qu'il aborde
des sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur. On a été
très sensibles au fait que le livre adopte plusieurs points de vue
et qu'il concerne tout un quartier des États-Unis, si bien que
chacun peut se reconnaître dans l'un des personnages du récit.
Surtout, ce qui nous a plu, c'est que ce livre évoque le fait qu'on
a tous senti, à un moment ou à un autre, qu'on n'était pas à
notre place et qu'il nous montre ce qui peut arriver quand on s'ouvre
aux autres".
Les deux producteurs avaient particulièrement à
cœur d'aborder un type de personnage qu'on voit rarement à l'écran
: un être qui bouscule totalement l'idée que nous sommes déterminés
par notre apparence physique. Quand ils se sont entretenus avec
l'auteur au téléphone, la complicité a été immédiate. R.J.
Palacio leur a dit qu'elle avait toujours pensé qu'elle
n'accepterait de céder les droits d'adaptation de son livre pour le
cinéma qu'à une condition : le film devait respecter le style
direct de l'ouvrage sans chercher à édulcorer le quotidien
d'Auggie.
"Quand j'ai écrit le livre, je n'ai pas cherché à
créer un phénomène mondial", souligne l'écrivain. "Je
l'ai écrit sans avoir la moindre attente : je ne me doutais même
pas qu'il serait publié. J'avais juste envie d'écrire un petit
livre comportant un simple message de bienveillance, si bien que je
me suis dit qu'on devait adopter la même démarche pour le film.
J'étais convaincue que Todd et David avaient la même vision que
moi". Elle poursuit : "D'autres réalisateurs avaient
envisagé de ne même pas représenter Auggie et j'estimais que
c'était un manque de respect à l'égard des enfants souffrant de
malformation cranio-faciale. Je ne voulais pas que le film minimise
la gravité des lésions sur le visage d'Auggie parce qu'elles font
partie intégrante de sa personnalité. Il était essentiel pour moi
– tout comme pour Todd, David et Stephen Chbosky – de faire en
sorte que le spectateur puisse regarder Auggie en face dès le
début".
REGARDER LES CHOSES EN FACE
"Quoi que vous pensiez, la réalité est sans doute pire". Auggie
Ce
qu'Augie appelle avec candeur "ce réflexe consistant à
détourner les yeux" – ce moment humiliant où les gens
évitent de croiser son regard – est précisément ce qui a inspiré
son personnage. R.J. Palacio reconnaît volontiers qu'un jour de 2008
elle a elle-même évité un enfant pas comme les autres chez un
marchand de glaces. Graphiste le jour, et écrivain en herbe la nuit,
elle profitait d'un bon moment avec ses enfants lorsqu'elle a eu un
geste qu'elle a sincèrement regretté. Elle reprend : "On était
assis à côté d'un gamin qui souffrait de malformation cranio-faciale et qui ressemblait pas mal à Auggie".
Mais l'anecdote
ne s'arrête pas là. Remplie de honte, R.J. Palacio a souhaité
renverser la situation en adoptant le point de vue le plus important
qui soit – celui qui avait provoqué sa réaction sans le vouloir.
Elle s'explique : "Je me suis mis à me demander ce qu'on
pouvait ressentir lorsqu'on doit affronter un monde qui, au
quotidien, a du mal à vous regarder en face. Ce soir-là, j'ai
commencé à écrire le livre".
C'est alors qu'est né Auggie
Pullman, accompagné d'une galerie de personnages qui ont même
surpris leur auteur. "Tous ces personnages qui jaillissaient sur
le papier m'ont semblé tellement réels que j'ai eu envie de
poursuivre", se souvient-elle. "J'ai eu peur que, si je
n'allais pas au bout de cette histoire, personne ne les connaisse et
j'avais vraiment envie que le monde les découvre". R.J. Palacio
tenait à faire d'Auggie un élève de primaire qui s'apprête à
faire sa première grande rentrée et qui se prépare à l'événement
comme un astronaute débarquant dans un univers extraterrestre.
"Cette période de la vie, entre 10 et 12 ans, est dévastatrice
parce que les enfants ne se font pas de cadeau", dit-elle.
"C'est l'âge où ils se cherchent et où ils se déterminent.
Tout évolue dans leur monde : leur corps, leurs fréquentations,
leurs centres d'intérêt, leurs rapports avec leurs parents. C'est
un moment particulièrement propice pour qu'Auggie découvre le
monde".
Au départ, l'écrivain ne connaissait pas grand-chose
aux malformations craniofaciales si bien qu'elle s'est plongée dans
la littérature médicale et qu'elle a recueilli des témoignages au
sein de sa propre famille. Elle a ainsi convenu qu'Auggie était
probablement né avec le syndrome de Treacher-Collins qui, tout en
étant provoqué par la mutation d'un seul gène, peut engendrer une
malformation profonde des os du visage. Certains souffrent d'une
forme tellement bénigne de la maladie qu'ils n'en ont même pas
conscience. D'autres, au contraire, ont un visage totalement déformé
: sont affectés sont comme tous ceux de leur âge : curieux,
sensibles et courageux. Mais la plupart des familles ont du mal à
accepter la réaction irréfléchie des autres. C'est ce constat qui
a poussé l'auteur à explorer un autre aspect qu'elle souhaitait
aborder depuis longtemps : les racines de la compassion ordinaire.
"Tous les parents veulent que leurs enfants vivent dans un monde
meilleur, mais ils oublient parfois que ce sont les choses les plus
simples qui peuvent améliorer notre quotidien", reprend-elle.
"C'est pour cela que j'ai voulu donner plusieurs exemples de
l'importance qu'il y a à être bienveillant les uns envers les
autres". Avec une telle approche, elle risquait de se fourvoyer
en versant dans le sentimentalisme et la mièvrerie. Mais grâce à
son style, elle a évité tout pathos. Au contraire, son écriture
s'est révélée âpre, sincère et sans concession. À la sortie du
livre, il a été salué par les personnes atteintes de maladies
cranio-faciales, qui attendaient depuis longtemps qu'on évoque leur
trajectoire dans une fiction, mais aussi par tous ceux dont la
différence – quelle qu'elle soit – tend à les exclure de la
société.
Pour l'auteur, il faut avant tout se montrer bienveillant
au quotidien. "Je crois sincèrement qu'au fond d'eux-mêmes les
gens ont envie d'être bienveillants et, dès qu'ils en ont
l'occasion, d'agir avec justesse. Mais nous devons tous nous y
employer. C'est le moins qu'on puisse demander – que chacun fasse
le maximum pour être quelqu'un de bien". C'est cette
thématique qui a séduit Julia Roberts dans le roman. "Je pense
que si on mettait en application les principes du livre – la
justice et la compassion –, on vivrait dans un monde meilleur",
dit-elle. "Pour moi, cet ouvrage m'a rappelé combien il est
important de privilégier la bienveillance au sarcasme ou à la
vision négative des choses".
L'ÉMERVEILLEMENT DE STEPHEN CHBOSKY
"Vos bonnes actions sont vos monuments". Proverbe égyptien
Une fois que Lieberman et Hoberman
ont obtenu l'approbation de l'auteur, les deux producteurs se sont
mis en quête d'un réalisateur capable de conserver la sincérité
et l'humour du livre. Ils ont immédiatement pensé à Stephen
Chbosky, avec qui ils avaient travaillé sur l'adaptation en prises
de vue réelles de LA BELLE ET LA BÊTE – et qui est aussi
romancier. Ce dernier avait déjà porté à l'écran son propre
ouvrage, "Pas raccord", sous le titre LE MONDE DE CHARLIE
et remporté l'Independent Spirit Award du meilleur premier long
métrage.
"Ce qu'il nous fallait en tout premier, c'était une
vraie capacité à faire surgir l'émotion sans être manipulateur ou
manichéen", signale Lieberman. "Stephen possède une vraie
intelligence émotionnelle, tout en sachant insuffler humour et
légèreté à des thèmes d'une vraie gravité". Au départ,
Chbosky a refusé la proposition, non seulement parce que sa femme
venait d'accoucher et qu'il ne sentait pas prêt à affronter un
tournage, mais aussi parce qu'il n'avait pas envie de réaliser un
autre film se déroulant dans une école. Mais devant l'insistance de
Hoberman, Lieberman et Lionsgate, il a fini par lire le livre – et
par se rendre compte qu'il risquait de passer à côté d'un projet
magnifique.
Comme il le dit lui-même, il ne pouvait se permettre de
tourner le dos à ce qu'il considère comme "un récit
initiatique pour la génération actuelle". Il poursuit : "Quand
mon fils Theodore est né, je me suis reconnu dans cette histoire et
je me suis senti prêt à m'y plonger. Ce qui m'a frappé dans le
roman, c'est qu'il montre que notre tempérament est le fruit de tous
les choix qu'on fait dans la vie. On peut, seul, décider d'être un
héros de sa propre vie – de se démarquer des autres, d'être
soi-même et de puiser dans ce qu'il y a de meilleur au fond de soi".
Au lieu de s'attacher uniquement à Auggie, il a pris en compte,
dans sa propre adaptation, les différents points de vue qui
s'expriment dans le livre. "Le courage d'Auggie se propage aux
autres personnages", note le réalisateur, "et les
différents points de vue permettent de comprendre qu'Auggie n'est
pas le seul à souffrir. C'est comme cela que naît l'empathie".
Progressivement, Chbosky et R.J. Palacio se sont liés d'amitié,
d'autant plus que le réalisateur s'est associé à Jack Thorne et
Steve Conrad pour adapter le roman. L'écrivain ne savait pas bien à
quoi s'attendre mais a choisi de faire confiance à Chbosky. "Stephen
a fait preuve de talent, mais aussi de respect pour le livre",
dit-elle.
"Tous ses choix scénaristiques étaient pertinents.
J'espère que les lecteurs seront conscients que Stephen s'est donné
beaucoup de mal pour restituer les personnages du livre, principaux
et secondaires, et je les ai tous retrouvés dans le film tels que je
les imaginais. Le film n'a pas transposé le roman dans ses moindres
détails car on ne peut pas réaliser une adaptation littérale, mais
Stephen y a insufflé un élément essentiel : ce sentiment que, dans
le livre, j'ai surnommé 'le rire dans les larmes'".
Pour
l'auteur, savoir saisir cette dualité était fondamental. "Si
le livre a touché autant de gens, c'est que la famille Pullman n'est
pas triste – ce sont des gens joyeux qui sont heureux de leur
sort", analyse-t-elle. "C'est le cas des vraies familles.
J'ai été contente de voir que Stephen soit dans la retenue et fasse
en sorte que ces personnages restent euxmêmes". "Le livre
était notre meilleure référence, si bien qu'on ne s'en est pas
beaucoup écartés", remarque Hoberman. L'auteur était
constamment disponible pour apporter ses conseils. "Elle a été
d'une aide précieuse, et nous a éclairés sur tous les aspects du
film, du scénario au casting. Elle est l'un des auteurs du film à
part entière".
AUGGIE
"Chacun sur cette Terre mérite une standing ovation au moins au moins une fois dans sa vie". Auggie
Tandis que le développement du
projet prenait forme, les auteurs se sont retrouvés face à une
difficulté majeure : trouver l'interprète d'Auggie. Non seulement
les nombreux lecteurs du livre s'étaient déjà représentés le
petit garçon, mais il fallait dénicher un comédien de 10 ans
capable d'incarner un enfant en butte à un monde souvent hostile.
"Ce rôle est si complexe qu'il nous fallait un acteur
extrêmement doué, pouvant aussi bien exprimer ses émotions par les
non-dits que par le dialogue", note Lieberman.
Les recherches
se sont avérées un casse-tête jusqu'au jour où les producteurs
ont découvert Jacob Tremblay dans ROOM où il campe la victime d'un
enlèvement qui n'a jamais quitté la chambre dans laquelle il est
enfermé. "Quand on a vu ROOM, on a compris qu'on avait trouvé
le petit garçon qui pouvait interpréter Auggie", déclare
Hoberman. "Jacob est doué pour un enfant de son âge, et même
dans l'absolu. Lorsqu'on l'a rencontré, on a eu le sentiment d'être
face à Auggie". Tremblay a également convaincu Chbosky : "Il
ne fallait en aucun cas que WONDER semble austère et Jacob est plein
d'humour, de curiosité et d'énergie dans le meilleur sens du
terme", dit-il.
Étonnamment, Tremblay a accepté les
longues séances de maquillage prosthétique sans sourciller : "Dès
qu'il a été maquillé, Jacob s'est transformé psychologiquement,
bien au-delà de sa métamorphose physique", affirme Lieberman.
"Il s'est totalement approprié l'état d'esprit d'Auggie".
Le jeune acteur explique que s'il s'est facilement glissé dans la
peau du personnage, c'est parce qu'il avait le sentiment qu'il était
capital de raconter son histoire. "Ce qui m'a vraiment motivé,
c'est d'interpréter un enfant qui voudrait contribuer à bâtir un
monde meilleur", indique le jeune acteur de 9 ans. "J'ai
trouvé le livre formidable et ma mère a pleuré en le lisant. Il
parle du combat d'Auggie pour s'intégrer et il montre qu'on ne
devrait pas être effrayé par un enfant comme lui".
Tout comme
n'importe quel comédien professionnel, Tremblay s'est plongé dans
la documentation et a rencontré plusieurs enfants souffrant de la
même malformation qu'Auggie pour entendre leur témoignage sur leur
rapport à la différence. Il a même souhaité tenir un carnet où
il conservait des lettres, des photos et des idées. "Je le
consultais tous les jours, surtout avant de tourner une scène un peu
difficile pour bien me préparer", explique-t-il.
Pour
l'auteur, il était indispensable que le jeune comédien soit aussi
attentif à la justesse de son jeu. "Les efforts considérables
que Jacob a fournis pour se documenter se retrouvent dans les nuances
de sa prestation", dit-elle. "Il a saisi l'une des clés du
personnage : Auggie accepte sa différence et il aimerait bien que
tout le monde en fasse de même ! Il a aussi compris qu'Auggie est un
garçon adorable, mais pas niais. C'est un farceur, et un dur à
cuire qui a déjà subi 27 opérations".
Tremblay partage la
passion d'Auggie pour l'univers STAR WARS, ce qui lui a permis de
mieux comprendre les fantasmes du personnage pour le cosmos. "Auggie
est conscient que les gens ont besoin d'un peu de temps pour
s'habituer à son visage", reprend-t-il. "À mon avis, c'est
pour cela qu'il aime l'espace et qu'il préfère se balader en
combinaison spatiale". Dans le livre, Auggie est d'autant plus
attachant qu'il se livre facilement sur ses peurs, ses frustrations
et ses rêves et Tremblay s'est reconnu dans cette attitude.
"Jacob
a parfaitement compris qu'Auggie a les problèmes d'un enfant de son
âge", analyse Chbosky. "Auggie ne doit pas rester centré
sur ses difficultés : il comprend que même s'il doit affronter des
brutes et des regards de défiance, d'autres que lui ont aussi leurs
problèmes et qu'il doit y être attentif. Il découvre que faire
preuve de compassion pour les autres est une vraie force".
Tremblay souligne que Chbosky a su créer une atmosphère où il
pouvait prendre des risques. "Quand on s'est rencontrés, on a
parlé de nos films préférés, et j'ai posé quelques question à
Stephen sur les prothèses et j'ai trouvé son point de vue sur le
livre vraiment chouette", se remémore le jeune comédien. "Par
la suite, j'ai découvert que Stephen est l'un des types les plus
gentils au monde. Le rôle du réalisateur est parfois ingrat, mais
Stephen ne s'énerve jamais. Il est toujours de bonne humeur et c'est
génial".
Chemin faisant, Tremblay est devenu de plus en plus
proche du personnage : "Quand j'ai vu le film, je me suis dit
que même si je savais que Jacob jouait le rôle, ça ne se voyait
pas. Pour moi, il s'est totalement coulé dans la peau d'Auggie",
ajoute l'écrivain.
ISABEL ET NATE
"Ton visage m'a manqué, Auggie. Je sais que tu ne l'aimes pas toujours, mais il faut que tu saches… moi, je l'aime". Nate
Julia Roberts et Owen Wilson campent
respectivement Isabel et Nate, les parents d'Auggie, qui tentent de concilier leur
instinct protecteur avec la nécessité pour leur fils de trouver sa
place dans le monde, quelles qu'en soient les difficultés. Parents
d'un enfant différent des autres, ils doivent surmonter leurs
angoisses et leur isolement, en cherchant à comprendre comment ce
petit garçon qu'ils connaissent si bien peut susciter des réactions
d'hostilité chez les autres.
Les producteurs étaient enchantés
par le casting. "Ce n'était pas un rôle de plus dans sa
filmographie", souligne Hoberman en parlant de Julia Roberts
avec qui il a travaillé sur PRETTY WOMAN. "Elle était
convaincue par le bien-fondé de cette histoire et souhaitait
vraiment que ce projet se concrétise".
Lieberman ajoute :
"Julia possède cette rare capacité à exprimer des émotions
très fortes sans jamais verser dans le sentimentalisme. Elle a une
telle élégance et un tel humour qu'on croit parfaitement à son
personnage de mère". Julia Roberts évoque son regard sur le
livre : "Il y a tout un éventail de personnages et j'ai adoré
leurs différents points de vue, leur compassion et leur complexité.
J'ai lu le roman avec mes enfants, qui l'ont beaucoup aimé, et c'est
à ce moment-là que je me suis dit qu'il fallait en faire un film".
Elle s'est aussitôt identifiée à la force maternelle d'Isabel,
mais aussi aux conflits personnels de cette femme indépendante dont
la vie et les ambitions ont été contrecarrées par une maternité
particulièrement difficile. "Isabel est à la croisée des
chemins", déclare la comédienne. "On vit tous un
bouleversement total quand on devient parent – quand on devient
responsable d'un autre être humain qui, soudain, est votre priorité
absolue. Pour Isabel, être la maman d'Auggie a été très
éprouvant. D'abord, parce que c'était déjà difficile de garder ce
petit garçon en vie. Ensuite, parce qu'elle a dû abandonner tout ce
qu'elle a cherché à construire sur un plan professionnel. Du coup,
elle est partagée quand Auggie finit par aller à l'école. D'un
côté, c'est la première fois qu'ils ne sont plus ensemble du matin
au soir. Mais de l'autre, elle peut se consacrer à ce qu'elle
faisait avant sa naissance. Il faut désormais qu'elle apprenne à
lâcher prise".
Toute l'équipe a été impressionnée par la
proximité qui s'est nouée entre Julia Roberts et Jacob Tremblay.
"Leur relation s'est construite de manière totalement
naturelle", signale Lieberman. Tremblay ajoute : "Isabel
est une mère géniale. Grâce à ses super-pouvoirs de maman, Auggie
se sent mieux quand il est triste – et elle lui explique ce qui lui
semble difficile à accepter dans la vie. Julia Roberts est une
partenaire formidable. J'ai énormément appris à son contact".
La comédienne souligne qu'elle a également beaucoup appris en
côtoyant Tremblay, même si elle l'a peu connu puisque, comme elle
constate elle-même, il s'était le plus souvent glissé dans la peau
d'Auggie. "Je me souviens qu'à la fin du tournage, au moment où
je disais au revoir à la mère de Jacob, elle m'a répondu, 'j'ai
l'impression que tu es la mère d'Auggie et moi, la mère de Jacob',
et c'était aussi mon sentiment". Julia Roberts sait gré à
Chbosky d'avoir laissé ses comédiens s'approprier leurs
personnages.
"Stephen s'intéresse vraiment aux gens et à leurs
rapports et il a un regard plein de tendresse sur la condition
humaine", dit-elle. "Parfois, il se mettait même à
pleurer quand il nous expliquait quelque chose qui lui tenait à
cœur. Et il est d'une grande vivacité". Si c'est la première
fois que Julia Roberts et Owen Wilson sont réunis à l'écran, leur
complicité a été immédiate.
"Nate est une sorte de clown
enfantin et drôle, alors qu'Isabel drôle, mais il est émouvant
dans le rôle de ce père qui cherche à sa façon à faire ce qu'il
y a de mieux pour son fils". "On ne peut jamais savoir si
l'alchimie va fonctionner entre deux comédiens qui campent un
couple, mais dès que Julia et Owen se sont retrouvés sur le
plateau, on ne s'est plus posé de question", acquiesce
Hoberman. Lui-même père de deux enfants, Wilson a été
particulièrement séduit par WONDER.
"J'ai eu le sentiment
qu'en jouant Nate, je contribuais à raconter une histoire au cinéma
qui a ému énormément de gens", dit-il. "Mais c'est aussi
la présence de Stephen Chbosky qui m'a intéressé. Avant le début
du tournage, on a beaucoup parlé et j'ai trouvé que sa passion et
son humanité étaient palpables : je savais que le film s'en
ressentirait". Wilson a également été sensible au fait que
Nate n'incarne pas l'autorité à la maison. "Je ne dirais pas
de lui que c'est un adepte de la discipline", dit-il en
souriant.
"Il préfère jouer avec Auggie en faisant du karaté
et du combat au sabre laser ! On pourrait croire que j'ai passé
toute ma vie à me préparer à ce rôle car je suis très bon dans
ces deux disciplines. J'ai grandi à Dallas et j'ai vécu dans une
famille où régnait l'humour comme chez les Pullman. Certes, ils ont
leur lot de problèmes, mais ils ne s'apitoient jamais sur leur
sort". Owen Wilson était enchanté d'avoir Julia Roberts comme
partenaire. "On ne rencontre pas souvent quelqu'un d'une telle
vitalité", confie-t-il. "Elle est comme ça dans la vie et
elle l'insuffle à son personnage".
Pour Julia Roberts, la
connivence entre eux a été instinctive. "Owen a improvisé
pour s'approprier totalement Nate et il a été merveilleux",
s'enthousiasme-t-elle. "Nous avons un sens de l'humour assez
similaire, si bien qu'on s'est mutuellement entraînés dans ce
ballet tragicomique". Jacob Tremblay a adoré nouer une
relation avec Owen Wilson : "Owen est l'un des types les plus
drôles au monde", déclare-t-il. "Dès qu'on le voit, on
est mort de rire".
D'autre part, Sonia Braga (LE BAISER DE LA
FEMME ARAIGNÉE) campe la grand-mère de la famille. "Ce qui m'a
donné envie de participer à ce projet, c'est qu'il aborde deux
thèmes essentiels pour moi : l'amour familial et la lutte contre le
harcèlement scolaire. Je me suis aussi sentie très proche du rôle
parce que c'est ma grand-mère qui s'est occupée de moi. Toute ma
vie, j'ai souhaité que ma grand-mère soit encore là, tout comme
Via dans le film. La scène où j'interviens est toute en délicatesse
et Stephen s'est montré d'une grande douceur".
VIA
"Comparé à ce qu'Auggie a enduré, même notre pire journée, notre pire mal de tête, notre pire blessure, notre pire crampe, ou notre pire souvenir ne sont rien". Via
Via, sœur adolescente d'Auggie, a sa
propre trajectoire dans WONDER. En bonne santé, elle s'est consacrée
au bien-être de son petit frère avec une patience totalement
altruiste. Ce qui ne veut pas dire qu'elle l'a vécu facilement.
Contrairement à Auggie, elle n'a jamais été au centre de
l'attention de ses parents, et même si elle en comprend la raison,
c'est un peu douloureux, surtout dans la période de chamboulement
qu'elle traverse.
Julia Roberts déclare : "La relation
d'Auggie et Via est très belle et très complexe. Via est un
personnage magnifique qui accepte de ne pas recevoir beaucoup
d'attention et qui est consciente que cette situation ne changera
pas".
'Auggie. Les producteurs ont trouvé un
mélange de férocité et de tendresse chez Izabela Vidovic, 15 ans,
qui a joué dans HOMEFRONT et la série ABOUT A BOY. "Nous avons
auditionné pas mal de comédiennes et Izabela a décroché le rôle
en étant ellemême", précise Hoberman. La jeune actrice
éprouve une telle admiration pour Via qu'elle était enthousiaste à
l'idée de l'interpréter. "Via est forte et altruiste et, au
bout du compte, elle trouve sa propre manière de se démarquer",
dit-elle.
"Sa relation avec Auggie est incomparable : elle veut
le protéger sans pour autant le dorloter comme le font ses parents.
Elle souhaite qu'il soit capable de se battre et de se prendre en
main". Le réalisateur a expliqué à la comédienne qu'il
était capital d'exprimer ouvertement les difficultés, souvent
tenues secrètes, auxquelles sont confrontés les frères et sœurs
d'enfants souffrant de pathologies lourdes.
"Il y a souvent des
rivalités entre frères et sœurs, mais dans le cas du film, c'est
un combat bien plus important pour Via", indique-t-il. "J'ai
moi-même une petite sœur que j'adore et je suis bouleversé par la
relation entre Via et Auggie". R.J. Palacio admire Via. "C'est
l'un de mes personnages préférés", renchérit-elle.
"Elle
appelle un chat un chat et quand les gens sont cruels envers Aggie,
elle est extrêmement remontée, bien plus que lui. Mais elle est
aussi agacée par son petit frère. Ils ont donc une relation de
frère et sœur tout à fait normale, même si elle est d'autant plus
forte qu'elle l'a vu subir 27 opérations. Via n'a jamais perdu
courage. J'adore ce personnage". Ultime membre de la famille,
la chienne Daisy entoure les Pullman d'un amour inconditionnel. Et
même si Chbosky est allergique aux chiens, il n'était pas prêt à
supprimer ce "personnage" qui sert de confident silencieux
aux membres de la famille en cas de coup dur. "Chacun d'entre
eux aime Daisy à sa façon et elle leur permet de rester soudés",
reconnaît-il.
LES CAMARADES DE CLASSE
"Ce que je voulais, c'est aller à l'école, mais seulement si je pouvais me retrouver dans la situation de n'importe quel enfant qui va à l'école". Auggie
Après avoir suivi sa scolarité à
domicile, Auggie est encouragé par ses parents à faire sa rentrée
en classe de CM2 à Beecher Prep. Il va devoir affronter les ragots,
le harcèlement et les menaces, mais aussi découvrir les labos de
sciences, les réussites personnelles et l'amitié. Grâce à ses
camarades de classe, son point de vue sur sa vie évolue.
Contrairement à sa famille, avec qui il a toujours vécu, ses
copains apprennent à le connaître à travers leur propre
expérience.
"C'est toujours difficile de faire en sorte que
les comédiens nouent une complicité à l'écran, et c'est encore
plus compliqué avec des enfants de 10 ans", souligne Lieberman.
"Il fallait qu'on trouve des enfants qui s'emboîtent comme les
pièces d'un puzzle. On a rencontré des centaines de gamins dans
plusieurs villes et on a essayé diverses combinaisons. Quand on les
a tous trouvés, c'était extraordinaire".
Petit florilège des
enfants qui comptent le plus dans la vie d'Auggie.
Jack Will
Jack est le premier vrai copain
d'Auggie à l'école ou, tout du moins, c'est ce que croit Auggie,
jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il joue la comédie au cours d'un
triste incident. Jack doit alors choisir son camp. Noah Jupe, qu'on a
vu dans THE TITAN et la série THE NIGHT MANAGER, campe le rôle.
Lui-même un peu marginalisé – issu d'un milieu défavorisé et
bénéficiaire d'une bourse –, Jack se sent des affinités
immédiates avec Auggie, même s'il veut aussi être accepté par les
jeunes les plus populaires de l'école. Noah Jupe a été séduit par
le charme et le manque d'assurance du garçon.
"Noah est un
formidable jeune comédien anglais, immédiatement attachant",
note Lieberman. Noah Jupe était fou de joie de décrocher le rôle
: "J'ai adoré le livre", relève-t-il. Autant dire qu'il
était très heureux de pouvoir rencontrer l'auteur. "Elle m'a
dit que je correspondais parfaitement à son image de Jack Will, et
on a vraiment parlé de ce que Jack pense et ressent – c'était
génial !" "M. Tushman a un éclair de génie quand il
désigne Jack pour guider Auggie", conclut R.J. Palacio. "Il
voit bien que Jack ne perçoit pas à quel point il est
extraordinaire et le place dans une situation où il peut révéler
au monde toutes ses qualités… et Jack relève le défi".
Julian
"S'il y a bien un méchant dans
WONDER, c'est Julian", estime Hoberman. Julian est le leader de
la petite bande de CM2 qui commence par se moquer d'Auggie, puis qui
finit par s'en prendre à lui physiquement. Originaire du Texas,
Bryce Gheisar, aperçu dans MES VIES DE CHIEN et WALK THE PRANK, a
décroché le rôle.
"C'était très difficile de choisir
l'interprète de Julian car on aurait pu, par facilité, engager
quelqu'un d'effrayant", rapporte Lieberman. "Mais on
voulait un acteur plus en nuances. Quand on a rencontré Bryce, on a
vu qu'il représentait une sourde menace et qu'il inspirait une peur
feutrée. Bryce a su l'interpréter comme un garçon charmant avec
une colère rentrée qui ne s'est pas encore exprimée – et le
spectateur s'en rend compte".
Comme ses partenaires, Gheisar
connaissait le roman, ce qui l'a poussé à fouiller les origines de
la malveillance du personnage. "Ce qui m'a plu, c'est que ce
livre a permis de rappeler que le harcèlement scolaire n'est pas
acceptable", déclare-t-il. "J'avais vraiment envie de
participer à ce projet". Pour l'auteur, Julian est un
personnage essentiel dans WONDER.
"Tous les gamins sont plus ou
moins complexés", dit-elle. "Auggie est sans doute celui
chez qui c'est le plus facilement perceptible à cause de son visage,
mais ils ont tous quelque chose qu'ils aimeraient changer dans leur
vie. Un garçon comme Julian est épouvanté par Auggie et comme il
ne sait pas gérer ses émotions, il se moque de lui. Il essaie de se
protéger mais le fait très maladroitement. En réalité, Julian a
peur, et ses parents ne le soutiennent pas comme il en aurait
besoin".
Pour Gheishar, son personnage évolue tout au long du
film. "Quand M. Tushman dit à Julian qu'Auggie ne peut pas
changer son apparence, mais qu'on peut sans doute changer le regard
des autres sur lui, j'ai le sentiment que cela lui ouvre l'esprit et
qu'il se met à croire qu'il peut effectivement évoluer",
dit-il.
Summer
Alors qu'Auggie se dit qu'il est seul à
Beecher Prep, il voit débarquer Summer, une fille futée et timide
qui semble vraiment l'apprécier. D'origine canadienne, Millie Davis,
qu'on a vue dans ORPHAN BLACK et THE ODD SQUAD, campe la fillette qui
redonne espoir à Auggie.
"Summer est d'une grande sagesse",
indique R.J. Palacio. "Elle a compris qu'Auggie a besoin de
quelqu'un qui le traite comme les autres. Elle ne supporte plus la
méchanceté autour d'elle et elle se découvre une âme sœur chez
Auggie".
Millie Davis est elle aussi grande admiratrice du
livre. "J'ai trouvé le livre très émouvant", dit-elle.
"Il parle de l'acceptation des autres et c'est un thème
génial". Parmi le groupe de copains d'Auggie, citons encore
Charlotte Cody, jeune actrice en herbe, interprétée par la danseuse
et comédienne débutante Elle McKinnon.
"Charlotte Cody aime
chanter, jouer la comédie, danser… comme moi", affirme Elle
McKinnon. "C'est un moulin à paroles, ce qui lui donne un côté
un peu décalé, mais elle est très drôle". Chbosky affirme :
"Elle McKinnon était tellement naturelle qu'elle m'a bluffé.
C'était pourtant son premier film. Et sa troisième audition. Je
suis vraiment ravi que les spectateurs la découvrent grâce à
WONDER".
Trois acteurs canadiens composent le gang de Julian :
Ty Consiglio dans le rôle d'Amos, Kyle Breitkopf dans celui de Miles
et James A. Hughes dans celui d'Henry. "J'avais hâte de voir la
scène où Amos, Miles et Henry viennent à son secours", note
l'écrivain. "C'est un moment de complicité que beaucoup de
gens adorent".
LES ENSEIGNANTS
"La grandeur d'esprit ne repose pas sur la force, mais sur l'usage que l'on en fait". Henry Ward Beecher
Deux enseignants jouent un rôle
majeur pendant la première année scolaire d'Auggie : son professeur
principal, M. Browne, et le proviseur M. Tushman, incarnés
respectivement par deux immenses comédiens de théâtre, Daveed
Diggs (lauréat du Tony Award et réputé pour avoir incarné Thomas
Jefferson dans "Hamilton") et Mandy Patinkin (lauréat du
Tony et de l'Emmy Award).
Les producteurs étaient enchantés
d'avoir pu obtenir l'accord de Diggs : "Daveed nous a tous
époustouflés dans 'Hamilton'. Dans le film, il a su interpréter un
prof drôle et humain très proche du personnage",
s'enthousiasme Hoberman. Dès l'instant où il a lu le scénario,
Diggs a su qu'il voulait participer au projet. "Je me suis dit
que c'était formidable de jouer dans un film qui combat la haine",
dit-il. "Je trouve aussi que raconter cette histoire à partir
du parcours d'un enfant nous permet de bien cerner des thèmes
importants. On ne peut pas faire preuve de cynisme en voyant WONDER".
Il poursuit : "C'était mon premier film, si bien que cette
expérience était doublement unique. Quand j'ai débarqué sur le
plateau le premier jour entouré de tous ces gamins merveilleux, je
me suis dit que si tous les tournages ressemblaient à ça, j'allais
continuer dans cette voie !" Diggs a puisé dans ses souvenirs
de ses profs préférés pour s'approprier le rôle : "Je me
suis inspiré de deux ou trois enseignants qui ont radicalement
changé ma vision du monde", explique-t-il.
"Je voulais
aussi transmettre l'idée selon laquelle, quand on enseigne, on est
autant transformé par ses élèves qu'eux peuvent l'être par soi".
Il adhérait totalement aux grands principes de M. Browne, inscrits
sur le tableau noir : "À mon avis, M. Browne estime que si l'on
applique ces préceptes au quotidien, ils peuvent vous permettre de
mieux vous connaître. C'est très important à ses yeux", note
Diggs.
En s'inspirant d'un livre de Wayne Dyer, souvent surnommé
"le père de la motivation", M. Browne initie ses élèves
au "choix de la bienveillance" : "En écrivant le
personnage de M. Browne, le choix de la bienveillance tel qu'il est
professé par Dyer m'est immédiatement venu à l'esprit",
indique l'auteur.
"Je me suis dit qu'entendre cet enseignant
inciter ses élèves à s'engager dans cette voie était une
formidable manière de démarrer l'année scolaire et de rappeler aux
enfants de quoi ils sont capables". Pour l'acteur, l'une des
scènes les plus marquantes est celle de l'affrontement entre Julian
et Jack Will. À ce moment-là, la fiction a été rattrapée par la
réalité … "Alors que M. Browne tente de s'interposer dans la
bagarre pour séparer les deux enfants, j'ai été saisi par une
émotion intense", reconnaît-il.
"C'est alors que Jack
Will s'écroule et se met à pleurer dans mes bras. Je n'oublierai
jamais cet instant". Dès le départ, R.J. Palacio avait
souhaité que Patinkin interprète le proviseur : grande fan du
comédien, elle n'a pas été déçue par sa prestation. "Mandy
insuffle humanité et sagesse à ses personnages", dit-elle. "Il
est doux et profond à la fois, ce qui correspond à mon image de M.
Tushman".
L'acteur s'est investi à 100% dans son rôle : "J'ai
voulu participer au projet parce que j'ai été bouleversé par
l'histoire", dit-il. "Dans notre monde contemporain, nous
devons faire face au racisme, aux préjugés et à la xénophobie
envers tous ceux qui sont différents de nous – et il est essentiel
d'en parler". Bien entendu, la connotation du patronyme de M.
Tushman [littéralement, "M. Fesses", NdT] n'a pas échappé
à Patinkin ! (R.J. Palacio raconte qu'elle avait elle-même un prof
d'université du nom de M. Butt ["M. Derrière", NdT],
source d'inspiration du personnage).
"Avec un tel nom de
famille, il fallait que Tushman fasse preuve de pas mal
d'autodérision, tout en incarnant l'autorité. Mandy était l'homme
de la situation. Il est capable de raconter une blague dans une scène
et d'être dans l'émotion la plus vive quelques minutes après",
souligne Lieberman. En travaillant avec Tremblay, Patinkin indique
qu'il a décelé une qualité très rare chez ses partenaires, quel
que soit leur âge : "Il sait écouter. Il sait ce que la
plupart des adultes ont oublié ou n'ont jamais appris",
remarque-t-il.
"Pour être comédien, il suffit de savoir
écouter – et il le fait avec un grand naturel". La force du
jeu de Patinkin a bouleversé Bryce Gheisar pendant la scène où
Julian est exclu de l'école. "J'avais l'impression qu'on
n'était plus en train de jouer car rien que d'entendre Mandy me
faisait pleurer", confie le jeune comédien. "Et puis,
entre deux prises, il m'a redonné le sourire en récitant ses
répliques de PRINCESS BRIDE – 'Je m'appelle Inigo Montoya. Tu as
tué mon père. Prépare-toi à mourir' Sa générosité m'a vraiment
aidé parce que je voulais faire de mon mieux pour lui".
La
séquence de fin d'année des CM2 restera l'un des temps forts de
Patinkin. L'écrivain et sa famille ont joué les figurants parmi
l'assemblée des parents d'élèves : "C'était un moment très
émouvant d'assister au discours de M. Tushman car le souvenir de
l'écriture de cette scène reste gravé en moi", confie R.J.
Palacio. "J'avais l'impression de regarder quelqu'un en train de
me regarder alors que je regardais quelqu'un d'autre".
LES CAMARADES DE VIA
"Parfois, on peut faire souffrir quelqu'un sans le vouloir". R.J. Palacio, "Wonder"
Tout comme Jacob a fait sa première
rentrée à l'école, Via se prépare à vivre sa première année au
lycée. Une année mouvementée où elle se forgera de nouvelles
amitiés et connaîtra les affres du premier amour. Deux camarades de
classe jouent un rôle central dans sa vie :
Miranda
Alors qu'avant l'été Miranda était
encore la meilleure amie de Via, elle a radicalement changé :
arborant une nouvelle couleur de cheveux, elle prend désormais ses
distances avec Via. Un coup dur pour celle-ci au moment où elle a
vraiment besoin de se confier à quelqu'un. Danielle Rose Russell, 17
ans, campe le rôle.
"J'ai adoré l'histoire et je me souviens
d'avoir envoyé un email à mon agent pour lui dire 'Il faut
absolument que je décroche ce rôle'", raconte-t-elle. Elle a
surtout été sensible au parcours de Miranda, autre personnage qui
se sent incompris : fille de parents divorcés, elle tente de
dissimuler son profond manque d'assurance en cherchant à se faire
aimer coûte que coûte, au prix d'un terrible mensonge.
"Miranda
est une fille bien mais elle a fait fausse route et du coup, elle
sent le besoin de se rebeller", indique la jeune comédienne.
"Au début de l'année, elle a les cheveux teints en rose, des
fringues hyper branchées et un anneau dans le nez – comme si elle
avait besoin de porter un masque. Mais derrière cette façade, elle
est en grande souffrance".
C'est grâce à Auggie que Via et
Miranda se réconcilient et repartent sur une relation plus sincère.
"Les rapports de Miranda et Auggie sont très émouvants",
note Danielle Rose Russell. "Elle l'appelle Major Tom en
référence à la chanson de Bowie et c'est elle qui lui a offert le
casque d'astronaute. Quand Auggie commence à lui manquer, elle
comprend combien elle a perdu en prenant ses distances avec Via".
Pour l'anecdote, elle a décroché le rôle en passant une audition
depuis chez elle, dans le New Jersey, via Skype.
Justin
Quand Miranda décide de prendre ses
distances avec Via, celle-ci se retrouve très seule au lycée. C'est
alors qu'elle fait la connaissance de Justin, fan de théâtre et
musicien, qui la convainc d'intégrer son club de théâtre. Dans le
livre, le chapitre de Justin a été écrit sans ponctuation, ni
lettres majuscules, pour exprimer l'approche organique de la vie qu'a
le garçon – et les producteurs souhaitaient engager un acteur
capable d'incarner physiquement cette dimension.
Jeter, comédien,
danseur et musicien originaire d'Atlanta, a longuement réfléchi aux
points de convergence entre Justin et Via. "Justin est fils
unique et il comprend la solitude de Via", dit-il. "Il
voudrait qu'elle accepte le fait que ce n'est pas grave de se sentir
blessé ou triste par moments, tant qu'on a quelqu'un pour être
épaulé".
La scène où Justin rencontre Auggie, dont
l'existence même lui avait été cachée, a profondément marqué
Jeter : "Quand il fait sa connaissance, il a un ressenti
semblable aux autres mais il n'est pas du genre à le laisser
paraître sur son visage", dit-il. "Il se retient. Et il
comprend alors les difficultés que rencontre Via. Ce qui me plaît,
c'est que Justin noue aussitôt une relation avec Auggie. Pour moi,
la force du scénario vient du fait que certains personnages
affichent leurs sentiments ouvertement et d'autres, au contraire,
sont plus intériorisés".
L'auteur a été touché par
l'humanité que Jeter a insufflée à son personnage. "Dans le
roman, Justin est un ado intello fan de théâtre, mais Nadji lui
apporte une tout autre dimension", dit-elle. "Quand
j'écrivais le personnage de Via, je voulais vraiment qu'elle ait
quelqu'un qui soit là uniquement pour elle. Justin l'incarne à la
perfection".
LE VISAGE D'AUGGIE
"J'aimerais bien que ce soit tous les jours Halloween. On porterait tous des masques. Comme ça, on pourrait prendre le temps d'apprendre à se connaître avant de dévoiler nos visages". Auggie
La "création" du visage
d'Auggie, mêlant maquillage, prothèses et effets numériques, était
fondamentale. "On a fait pas mal de recherches pour trouver le
style qui convenait le mieux, en tenant compte des contraintes de
temps car on travaillait avec un comédien enfant", signale
Hoberman. "On voulait que le maquillage soit à la fois fort et
réaliste et qu'on oublie l'apparence d'Auggie dès le début du
film".
Le réalisme du résultat final a impressionné les
comédiens. "Le maquillage est extraordinaire parce qu'on ne
dirait pas que c'est du maquillage", commente Daveed Diggs.
"Comme ils ont réussi à conserver le regard expressif de
Jacob, on en est bouleversé". Le maquilleur effets spéciaux
Arjen Tuiten, qui a récemment métamorphosé Angelina Jolie dans
MALÉFIQUE, a supervisé l'opération.
Pour WONDER, Tuiten a d'abord
étudié les symptômes de la maladie de Treacher-Collins : pommettes
très aplaties, oreilles quasi absentes et yeux inclinés vers le
bas. Tuiten a soumis le visage d'Auggie à une série de tests de
maquillage, d'éclairage et d'effets visuels pour déterminer le
juste équilibre de caractéristiques physiques, tout en laissant
transparaître sa personnalité. Puis, il a appliqué ce dispositif
au visage de Tremblay pour accélérer sa métamorphose.
"Arjen
est un petit génie du maquillage et il a réussi à réduire le
processus de transformation quotidienne à 1h30", explique
Lieberman. "Puis, son travail a été enrichi grâce au studio
d'effets visuels LOLA qui a apporté les touches finales impossibles
à obtenir de manière traditionnelle".
Tremblay est resté
constamment de bonne humeur, enjoué et curieux, tout au long des
séances de maquillage, car il était conscient qu'il était capital
d'obtenir le plus grand réalisme possible. "Une fois que
c'était fait, j'avais l'impression d'être dans la peau d'Auggie",
dit-il. "Sans le maquillage et les prothèses, j'aurais sans
doute moins bien joué. Par moments, ça me grattait, mais j'essayais
de ne pas trop y penser et j'avais alors l'impression d'avoir un
cocon chaud et moelleux autour de la tête".
Au cours des
essais préalables au tournage, le directeur de la photo cité à
l'Oscar Don Burgess (FORREST GUMP, SEUL AU MONDE) a mis au point une
stratégie pour éclairer Auggie. "On a soigneusement étudié
la forme du visage d'Auggie et la manière dont la lumière vient
l'éclairer, et dont la peau reflète la lumière", analyse
Burgess.
"Notre but était d'adapter l'éclairage pour faire
comprendre au spectateur les moments où il se sent très malheureux
et ceux où il se sent beaucoup plus en forme". Chbosky a
délibérément empêché les acteurs de voir Tremblay entièrement
maquillé avant le début du tournage pour préserver la spontanéité
de leurs réactions et les filmer.
L'ENTOURAGE D'AUGGIE
"Maman, papa et moi, nous sommes les planètes en orbite autour du Soleil. Le reste de la famille et nos amis sont comme des astéroïdes et des comètes, qui tournent autour des planètes qui gravitent elles-mêmes autour du Soleil". Via
Le style visuel de WONDER s'inspire
avant tout du point de vue d'Auggie sur le monde extérieur qu'il découvre. Pour le
mettre au point, Chbosky s'est entouré du directeur de la photo Don
Burgess, de la chef-décoratrice Kalina Ivanov et de la
chefcostumière Monique Prudhomme. Féru d'inventions, Burgess a
constaté très en amont qu'il y avait matière à jouer visuellement
sur la photographie. Il a ainsi décidé de tourner avec la caméra
RED Weapon 6K qui, selon lui, offre une grande souplesse et un
objectif capable de cerner les émotions à l'état brut du film.
Pour identifier les différents points de vue exprimés dans
l'histoire, le chefopérateur a adopté un style distinct pour chaque
protagoniste.
"Chaque trajectoire possède sa propre gamme
chromatique, son propre éclairage et ses propres angles de vue",
explique-t-il. "Le point de vue d'Auggie est caractérisé par
sa propre esthétique, mais quand on revoit un événement le
concernant à travers le regard de Via, par exemple, j'ai changé la
vitesse de la caméra. Pour Auggie, j'ai choisi des objectifs à
longue focale pour isoler le personnage et m'attarder davantage sur
lui en tant qu'individu". La palette de couleurs change
également.
"Chez les Pullman, les couleurs sont assez chaudes",
poursuit-il. "Mais à l'école, elles sont très froides car
c'est un environnement nouveau où le garçon n'est pas à l'aise. Et
à mesure qu'avance l'intrigue, les teintes sont plus chaudes".
Par souci d'efficacité, Burgess a parfois travaillé avec quatre
caméras à la fois. "Les enfants ne peuvent travailler qu'un
nombre limité d'heures par jour et, dans certaines scènes, on a
parfois jusqu'à neuf personnages dans le champ, si bien qu'on a
décidé d'avoir recours à plusieurs caméras", dit-il encore.
De son côté, Kalina Ivanov a essentiellement concentré ses efforts
sur la maison des Pullman, dont plusieurs détails fantaisistes
s'inspirent de la description du livre. Elle a supervisé la
construction d'un appartement de deux étages grandeur nature, dans
le pur style new-yorkais des "Brownstones", sur le plateau
de Braid Street à New Westminster, en Colombie britannique.
"L'histoire que raconte WONDER n'est pas strictement
new-yorkaise", précise R.J. Palacio.
"Elle pourrait se
passer n'importe où dans le monde, à n'importe quelle époque.
Kalina a créé un décor totalement universel". Le film
commence dans la chambre d'Auggie – son sanctuaire. "Dans sa
chambre, Auggie peut rêver et être lui-même sans craindre le
jugement des autres", note Kalina Ivanov.
"J'ai suggéré à
Stephen que sa chambre pourrait représenter la nuit. L'idée lui a
plu parce que la nuit fait penser à l'obscurité du cosmos, qui
obsède Auggie. On ne voulait pas non plus que la pièce soit trop
sombre : il y a de la fantaisie chez lui, si bien qu'on a peint
chaque étagère de sa bibliothèque de couleurs différentes. On
voulait faire ressentir à travers le décor que ce garçon dessine,
rêve, a plusieurs centres d'intérêt et possède une âme d'une
grande richesse".
Dans la chambre d'Auggie, sa courbe de
croissance, composée de 27 bracelets d'hôpital, raconte, d'une
certaine façon, son parcours depuis sa naissance. "On a passé
pas mal de temps à concevoir ces bracelets et à réfléchir à leur
emplacement", poursuit la chef-décoratrice. "À un moment
donné, Stephen a eu l'idée de les disposer sur une courbe de
croissance. Après quelques essais, on s'est rendu compte que, pour
des raisons de prises de vue, il valait mieux les disposer sur un
tableau en liège rectangulaire. On a constamment cherché à donner
l'impression que cette maison était habitée par une vraie famille".
La pièce était décorée avec un tel soin du détail que Tremblay
n'avait plus envie de s'en aller. "Il y avait des milliards
d'accessoires géniaux que j'adore", dit-il. "Auggie a des
Lego Star Wars, un plafond recouvert d'étoiles et un sabre laser. Il
a même une X-Box dans sa chambre alors que la mienne est au sous-sol
de la maison. J'adorerais l'avoir dans ma chambre !" La chambre
d'Auggie est diamétralement opposée à celle de Via. "Tandis
qu'Auggie a un ciel étoilé, Via a des murs recouverts d'un ciel
bleu et de nuages", ajoute Kalina Ivanov.
"On voulait
suggérer l'idée que leur mère, qui a été illustratrice, a peint
ces deux panneaux pour exprimer de manière émotionnelle la
personnalité de ses enfants. Le moindre accessoire, et le moindre
choix de couleur, a du sens, et comme Stephen est aussi écrivain, il
fait attention à ce genre de choses".
La chef-décoratrice
était ravie d'avoir les conseils de R.J. Palacio : "Elle m'a
renseigné sur les trajectoires des personnages qui ne figurent pas
dans le livre", dit-elle. "Par exemple, elle m'a raconté
qu'Isabel avait fait ses études à la Rhode Island School of Design
et que Nate, qui était musicien, avait étudié à Brown. Par la
suite, Nate a décidé de travailler dans la finance pour offrir à
son fils la meilleure vie possible. C'était formidable d'avoir
toutes ces informations. On voulait que leur maison soit aussi
réaliste que possible, ni trop bien rangée, ni trop parfaite, et
qu'elle donne l'impression qu'y vivent des gens qui traversent des
moments de joie et de détresse". Pour Beecher Prep, Kalina
Ivanov s'est inspirée de l'école de Brooklyn, datant du XIXème
siècle, fréquentée par les enfants de R.J. Palacio.
"Stephen
m'a demandé de faire en sorte que le style du film soit atemporel",
reprend-elle. "Du coup, on a évité d'utiliser les nouvelles
technologies présentes dans pas mal d'établissements. Pour la salle
de M. Browne, on a construit des tableaux verts traditionnels avec de
jolis cadres en bois. Il aime ses élèves et on a donc fixé partout
dans la salle des tas de petits mots personnels qu'il leur a écrits.
Le décor de la pièce est très particulier et on l'a aménagé en
fonction de l'avancement de l'année scolaire".
Pour
reconstituer le décor d'une fête de la science, le département
artistique a rempli le gymnase d'authentiques projets glanés dans
différentes écoles de la région. La production a construit la
chambre noire d'Auggie et Jack Will. L'école Heritage Woods, en
Colombie britannique, a accueilli près de 400 figurants pour la
pièce à laquelle participe Via dans son lycée, tandis que Camp
Howdy à Belcarra, également situé en Colombie britannique et fondé
dans les années 40, a campé la Réserve naturelle de Broarwood où
Auggie dort pour la première fois à la belle étoile.
"C'était
une formidable trouvaille et on a même vu un ours pendant nos
repérages", s'amuse Kalina Ivanov. "Camp Howdy est
ravissant, mais pas trop vaste, et correspondait parfaitement à nos
besoins. Auggie passe l'essentiel de son temps à l'intérieur et
c'est la première fois, dans cette scène, qu'il se retrouve dans la
nature, si bien que c'était vraiment important que le camp soit beau
sans être trop imposant".
La chef-costumière Monique
Prudhomme a dû imaginer jusqu'à 45 tenues différentes pour
certains personnages. Elle a commencé par Auggie : "On a créé
un contraste entre la force de son vécu et la banalité de son style
vestimentaire", dit-elle. "Il porte pas mal de joggings à
capuche au début, et puis de moins en moins, à mesure qu'il se sent
mieux dans sa peau". Malgré la simplicité de ses vêtements,
il y avait quelques embûches.
"On a dû faire en sorte de
confectionner des tenues qu'il pouvait enfiler par la tête et qui
dissimulaient les prothèses", confie-t-elle. La garde-robe de
Via évolue également. "Via est comme une fleur qui
s'épanouit", note Monique Prudhomme. "Au départ, elle est
très réservée, si bien que j'ai privilégié des tenues sobres et
jeunes. Mais quand elle rencontre Justin au lycée, elle affirme
davantage sa féminité".
Pour Isabel et Nate, la
chef-costumière s'est inspirée de leurs parcours. "Isabel
était une artiste avant la naissance d'Auggie, si bien que je me
suis dit qu'elle laissait libre cours à son imagination à travers
ses vêtements et ses bijoux", poursuit-elle. "Il fallait
néanmoins qu'elle ait l'air d'une vraie maman, avec un petit côté
branché et funky. Quant à Nate, il fallait qu'il ait l'air un peu
engoncé dans ses costumes, comme s'ils étaient un peu rêches pour
reprendre le terme de Stephen. Il travaille dans la finance, mais
pour bien montrer qu'il n'est pas à l'aise, je lui ai fait porter
des tennis quand il part travailler".
Le style d'Auggie tranche
avec celui des enfants qu'il rencontre à l'école, et Charlotte en
particulier. "Stephen voulait faire ressortir l'exubérance et
l'élégance d'Elle, si bien qu'on lui a fait porter des motifs de
papillon et des vêtements scintillants. Son look joyeux se démarque
du style d'Auggie au départ, mais il se rapproche d'elle
progressivement", conclut la chef-costumière.
LE CASQUE D'ASTRONAUTE ET CHEWBACCA
"Je n'ai pas détruit d'Étoile de la mort ou quoi que ce soit du genre, mais j'ai simplement survécu au CM2". Auggie
S'il y a bien un lieu où Auggie se
sent en sécurité, c'est derrière son casque d'astronaute. Non
seulement cet accessoire dissimule son visage, mais lui permet de
pénétrer dans un monde cosmique féerique où il se sent libre et
proche de l'état d'esprit courageux de ses héros : les astronautes
d'Apollo 11 qui ont marché sur la lune. Il était essentiel de
dénicher le bon casque.
"Il s'agit de l'accessoire préféré
d'Auggie et celui qu'on a utilisé a l'air authentique", confie
Tremblay. "En appuyant sur un bouton, le viseur peut même se
relever. Muni de son casque, Auggie se sent heureux et normal, sans
avoir à se préoccuper d'être vu par les autres". Le
département Accessoires a construit le casque, en l'adaptant à la
taille du visage d'Auggie, mais pour ses rêves spatiaux, la
production a loué une véritable combinaison de la NASA pour enfant.
"On a eu la chance de trouver une société qui fabrique des
combinaisons pour enfants", indique Monique Prudhomme. Pour
les fantasmes intergalactiques du petit garçon, Chbosky et Burgess
ont eu recours à des trucages. "On voulait qu'Auggie ressente
la liberté absolue de l'apesanteur", constate Burgess. "Pour
y parvenir, on a utilisé des caméras à très haute vitesse pour
simuler des mouvements en apesanteur, si bien qu'il semble flotter.
On a alors le sentiment que le petit Auggie dans sa petite
combinaison est capable de surmonter l'apesanteur".
Des
créatures spatiales débarquent sur Terre lorsque Auggie voit
Chewbacca, célèbre personnage de STAR WARS, errer dans les couloirs
de Beecher Prep. "On a été très heureux que Lucasfilm et
Disney soient sensibles à l'importance que représentent les
personnages de STAR WARS pour Auggie, si bien qu'ils nous ont
autorisés à utiliser Chewbacca dans notre film", rapporte
Hoberman.
"Tourner une scène avec Chewbacca restera parmi les
dix trucs les plus géniaux que j'aurais fait dans un film",
déclare Daveed Diggs. "Sérieusement, le petit garçon qui est
en moi était en transes ! J'ai une scène avec Chewbacca et ça,
c'est gravé dans ma tête pour toujours. Mieux encore : il est aussi
cool qu'on se l'imagine !"
TOUS LES AUGGIE DE NOTRE MONDE
"En apparence, ils peuvent sembler différents de vous, mais ils ont les mêmes sentiments que vous. Ce n'est pas l'apparence qui compte, mais la personne qu'on est".
"Imagine This: A World Without Bullies", de la Children's Craniofacial Association
D'emblée, la production tenait à ce
que les personnes atteintes de maladies cranio-faciales soient associées au
film et que leur témoignage soit entendu. Elle a collaboré avec
plusieurs organisations comme MyFace et la Children's Craniofacial
Association (CCA). Pour ces deux institutions, le livre était une
formidable occasion de sensibiliser l'opinion publique à cette
pathologie et à la lutte contre les stigmates sociaux. Pour R.J.
Palacio, l'amour pour son livre que lui ont témoigné les "Auggie"
de ce monde s'est révélé aussi gratifiant que le succès
populaire.
"L'amitié que j'ai nouée avec des enfants souffrant
de malformation cranio-faciale m'a touchée au cœur", dit-elle.
"C'est bouleversant de voir à quel point 'Wonder' a eu des
conséquences positives sur leur vie". Pour en savoir plus, la
famille de Jacob Tremblay a assisté à la retraite familiale de la
CCA. Une tradition initiée par la porte-parole de l'association,
Cher. "J'ai sympathisé avec des tas de jeunes", dit-il.
"C'était formidable. Tout en passant des moments géniaux, j'ai
énormément appris sur les enfants souffrant de malformation
cranio-faciale, ce qui m'a aidé à jouer le rôle avec plus de
justesse".
Une famille en particulier a largement influencé le
projet du film : celle du petit Nathaniel Newman, 12 ans, devenu
proche de R.J. Palacio. "Deux mois après la parution du livre,
les parents de Nathaniel m'ont contactée et on a déjeuné
ensemble", raconte-telle. "Alors que je ne le connaissais
pas au moment où j'écrivais le livre, j'ai découvert que Nathaniel
était l'incarnation même d'Auggie. Il souffre du syndrome de
Treacher-Collins et m'évoque pas mal ma propre représentation
d'Auggie, et parle comme lui. Il a des parents formidables et un
frère qui, lui, ne souffre pas de la maladie. Il a dû subir de
nombreuses opérations et affronter les mêmes problèmes qu'Auggie.
Et tout comme mon personnage, il est adorable, drôle et courageux
au-delà de l'imaginable".
L'auteur a engagé Nathaniel – qui
se remettait alors de sa 56ème opération – comme consultant.
"Nathaniel nous a vraiment donné des indications très précises
sur la vie d'un enfant comme Auggie", note Lieberman. "Et
bien qu'Auggie soit un personnage fictif, j'ai eu le plaisir de
rencontrer des gens formidables qui lui ressemblent".
Plusieurs
familles membres de la CCA sont venues sur le tournage à Vancouver :
chacun des enfants de l'association a pu jouer avec le casque
d'Auggie. R.J. Palacio espère que le public repartira de la
projection avec une conviction : "Ce ne sont pas les gens
atteints de malformation qui ont un problème", dit-elle, "ce
sont ceux qui les regardent avec des préjugés".
LE CHOIX DE LA BIENVEILLANCE
"Si chacun d'entre nous, dans
cette pièce, se fixait comme règle d'agir, où qu'il soit et quand
il le peut, avec un peu plus de bienveillance que nécessaire, le
monde serait meilleur". M. Tushman
Si "Wonder" a été un tel
phénomène, c'est qu'il a encouragé les jeunes gens à combattre
avec plus d'assurance les fléaux du harcèlement scolaire, du
sectarisme et de l'ostracisme. "Le livre a initié des campagnes
contre le harcèlement partout dans le monde", souligne
Lieberman.
"L'histoire évoque bien des manières dont les
jeunes peuvent être harcelés. Le harcèlement moral est très
important à mes yeux, et c'est l'une des raisons qui m'ont fait
adhérer au message du livre. De tout temps, certaines personnes se
sont mal comportées, mais avec les réseaux sociaux, certains
harcèlent leurs victimes à bien plus grande échelle. Du coup, on
n'a jamais eu autant besoin de ce genre d'histoires".
R.J. Palacio s'entretient désormais
avec des jeunes, partout aux États-Unis, à travers la campagne
Choose Kind lancée en réaction au livre : elle a convaincu des
milliers de gens à signer la charte du mouvement. Elle rappelle à
ces jeunes que leur attitude actuelle envers les autres les marquera
à vie. "Quand je discute avec eux, je leur demande quel
souvenir ils aimeraient qu'on garde d'eux dans 80 ans",
témoigne-t-elle.
"Voulez-vous qu'on se souvienne de vous comme
quelqu'un de malveillant ? Ou comme celui qui a fait preuve de
suffisamment de courage pour aller vers ce nouvel élève et devenir
son copain ? C'est alors que les jeunes comprennent que même un
geste qui peut sembler infime a un impact durable". Mais
l'auteur affirme que même si son livre est un instrument utile dans
la lutte contre le harcèlement, il ne suffit pas. Elle espère que
le roman et le film pousseront chacun d'entre nous à agir et à ne
pas hésiter à donner un coup de main à ceux qui en ont besoin
autour de nous.
"Parfois, il suffit de pas grand-chose pour
faire un geste décisif", ajoute-t-elle. "Ce qu'il y a de
formidable dans ces actes en apparence dérisoires, c'est qu'on ne
peut jamais savoir si, peut-être, on contribue à sauver la vie de
quelqu'un". Elle remarque que le mot-clé dans le nom de son
mouvement est "Choose" [Choisir, NdT]. Une notion que
Stephen Chbosky, ses techniciens et ses acteurs ont, selon elle, mise
en avant dans le film.
"La bienveillance ne se décrète pas
vraiment", conclut-elle. "Ce qu'on peut faire en revanche,
c'est encourager les gens à adopter le point de vue des autres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.