Documentaire/Très intéressante plongée au cœur du groupe de rock japonais JAPAN X
Réalisé par Stephen Kijak
Avec Yoshiki, Gene Simmons, Wes Borland, Richard Fortus, Hiroshi Morie, Toshi, Sugizo, Pata...
Long-métrage Britannique/Américain/Japonais
Durée : 01h35mn
Année de production : 2016
Distributeur : Eurozoom
Date de sortie sur nos écrans : 6 décembre 2017
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : avant ce documentaire, je n'avais jamais entendu parlé du groupe de rock X JAPAN, cependant mes connaissances musicales étant proches du zéro infini, ce n'est pas franchement surprenant. Je suis sortie de la projection de WE ARE X avec l'envie d'acheter leurs albums et de les écouter en boucle. Le film montre la gloire, mais ce n'est finalement qu'assez superficiel en comparaison de la découverte de ces artistes et de leurs blessures.
WE ARE X s'intéresse de plus près au membre-fondateur du groupe, le très charismatique, mystérieux et virtuose Yoshiki. À travers lui, on comprend vite que derrière les maquillages délirants, les costumes bariolés, l'imagerie parfois violente se cachent des douleurs intenses et des peines immenses. Au-delà de leur talent flagrant et de leur travail acharné, c'est le tourment qui est le lien indéfectible entre ce groupe et leurs fans. Ils savent que ceux qui souffrent physiquement ou spirituellement trouvent dans leur musique une façon de célébrer la vie et que cela leur donne la force d'avancer.
Mais le documentaire, réalisé par Stephen Kijak, explore aussi d'autres aspects propre au vécu de ce groupe. Tout d'abord, il a été précurseur d'un genre musical conspué au Japon dans les années 80. Ne parlant à l'époque que le Japonais, leur conquête internationale a été quelque peu compliquée et pourtant elle apparaît aux spectateurs comme une évidence étant donné la personnalité impressionnante qui ressort de X JAPAN en tant que groupe musical. Il ne faut également pas sous-estimer l'impact des drames qui ont ponctué l'histoire du groupe et les vies personnelles de ses membres.
WE ARE X est une exploration touchante, intéressante et vibrante d'un groupe musical qui mérite d'être connu. Les fans adoreront, les néophytes seront intrigués et convaincus par ce documentaire.
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le documentaire pour éviter les spoilers !)
NOTE DU RÉALISATEUR
J’ai été fasciné par Yoshiki : le gardien des secrets du groupe, un génie créatif sans limites, parvenant à atteindre la croisée des symphonies classiques et des conflagrations du hard rock. Il est vulnérable et vénéré, difficile et déterminé, énigmatique et étonnamment ouvert – en un mot, un être brillant. À travers lui, j'ai pu faire un film allant de l'intime à l’incommensurable, du personnel à l’universel de la culture dans la veine de mes films préférés comme GIMME SHELTER des frères Maysles (1970), STOP MAKING SENSE réalisé par Jonathan Demme en 1984, DON’T LOOK BACK de D.A Pennebaker (1967) et bien sûr, le récent SUGAR MAN de Malik Bendjelloul (2012).Ces films entremêlent l'électricité de la musique et un voyage intérieur saisissant, WE ARE X m’a permis de transcender les frontières du récit intime, comme le fait la musique.
X JAPAN
X Japan est le groupe de rock le plus populaire de l’histoire du Japon.Le groupe a vendu plus de 30 millions d’albums, de singles et rempli les 55.000 sièges du Tokyo Dome 18 fois un record. Il s’est produit devant des dizaines de milliers de fans hors de ses frontières. Dès le début de sa carrière, le son et l’apparence physique du groupe bouleversent la scène musicale : X Japan contribue à faire du “Visual K”, phénomène culturel rock japonais, un mouvement mondial.
En 1982, Yoshiki et Toshi, alors adolescents, forment X Japan (communément appelé X). Au cours des 13 premières années, le groupe sort cinq albums studio (Vanishing Vision (1988), Blue Blood (1989), Jealousy (1991), Art of Life (1993) and Dahlia (1996)), six albums live, 10 compilations de leurs meilleurs titres et 20 DVD. X Japan est le premier groupe japonais à obtenir un succès populaire en ayant signé avec un label indépendant. Sa popularité en fait bientôt un phénomène culturel. À l’automne 1997, au sommet de leur gloire, le groupe se sépare. Quatre mois plus tard, Hide, le guitariste original d’X Japan, est retrouvé mort dans son appartement de Tokyo. À son enterrement, une foule de plus de 50.000 fans pleure sa disparition.
Début 2007, Yoshiki et Toshi reprennent contact. Plus tard la même année, X Japan est officiellement reformé.
Le groupe officialise ses retrouvailles par trois concerts au Tokyo Dome en 2008. Deux ans plus tard, X Japan enregistre un clip vidéo sur le toit du Dolby Theatre d’Hollywood (USA) auquel participent quelques 8.000 fans américains présents sur Hollywood Boulevard. Mais ce n’est que le 8 août 2010 qu’X Japan joue devant un public américain au festival Lollapalooza. Au lendemain du festival, X Japan donne le plus grand concert de sa carrière, et rempli deux jours consécutifs les 70.000 places du Nissan Stadium de Yokohama. La première tournée nord-américaine du groupe s’achève le 11 octobre 2010 par concert monumental à guichet fermé au Roseland Ballroom de New York.
En juin 2011, X Japan donne le coup d’envoi de sa tournée européenne au Shepherd’s Bush de Londres, dont les billets se vendent en trente minutes. La même année, ils réalisent une tournée mondiale à guichets fermés (Amérique du Nord, Europe, Amérique latine, et Asie du Sud-est), la popularité du groupe touche désormais tous les continents.
Japan reprend ensuite le chemin de l’Asie et se produit dans des stades à Séoul, Shanghai, Hong Kong, Taipei et Bangkok. En 2012, X Japan est le premier groupe japonais à remporter le Golden Gods Awards américain du meilleur groupe international.
En 2014, X Japan donne un concert gigantesque au mythique Madison Square Garden de New York. Chronique de l’histoire d’X Japan, WE ARE X est projeté en janvier 2016 en première mondiale au Festival de Sundance (USA) dans la catégorie “Documentaires du monde” et remporte le prix spécial du Jury du meilleur montage. Présenté peu après au Festival South by Southwest – SXSW d’Austin (USA), il remporte le prix du Public pour son générique.
Fin 2016, X Japan a sorti son premier album studio depuis 20 ans.
Le 4 mars 2017, X Japan était à l’affiche du Wembley Arena (Royaume-Uni).
À ce jour, X Japan est composé de Yoshiki (paroles, batterie et piano), Toshi (voix), Pata (guitares), Heath (basse) et Sugizo (guitares et violon).
YOSHIKI
De formation classique, le leader de X Japan, Yoshiki mène également d’autres projets de grande envergure.
En 1999, il compose un concerto pour piano, joué accompagné un orchestre de 77 musiciens, pour célébrer le dixième anniversaire du règne de l’Empereur du Japon.
Yoshiki compose l’hymne et dirige le Super World Orchestra lors de la cérémonie d’ouverture de l’Exposition universelle d’Aichi en 2005. La même année, il enregistre un album de musique classique avec le London Philharmonic Orchestra, coproduit et arrangé par Sir George Martin, le célèbre producteur des Beatles.
En parallèle à la musique, Yoshiki est aussi le visage d’une carte Visa et d’une MasterCard istribuées par l’une des plus grandes banques japonaise. Plus récemment, le légendaire Stan Lee s’est inspiré de lui pour créer l’un de ses personnages, et la marque Hello Kitty a sorti une nouvelle collection d’objets à son effigie, “Yoshikitty”.
En 2010, Yoshiki lance une ONG, la “Yoshiki Foundation America”, qui soutient diverses organisations caritatives, notamment en faveur des victimes du tsunami de 2011.
En 2012, il compose la musique officielle des Golden Globes, diffusés dans 167 pays. Sorti sur iTunes en janvier 2013, ce morceau est disponible dans 111 pays à travers le monde.
En 2014, Yoshiki entame la première partie de la tournée mondiale “Yoshiki Classical” qui l’amène dans 10 pays différents (USA, Mexique, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Thaïlande, Taiwan et Japon).
Élevé dans une famille de fabricants de kimonos, le musicien a créé une collection de kimonos d’inspiration rock dévoilée lors de la clôture de la Mercedes Benz Fashion Week de Tokyo en 2015. La même année, Noconico Video, plateforme japonaise de vidéos dédiée au streaming de contenus en direct, lance la chaîne “Yoshiki”.
Toujours en 2016, Yoshiki devient conseiller de la Japan House, équivalent des Instituts français à l’étranger, dont les bureaux implantés à Los Angeles, Londres et Sao Paulo ont pour but de promouvoir la culture et la technologie japonaises.
ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR
Comment avez-vous rejoint le projet ?
Je voulais vraiment refaire un film avec Passion Pictures et son producteur John Battsek. Ce sont les meilleurs. John m’a passé le projet. Je n’avais jamais entendu parler d’X Japan. Un seul coup d’œil aux vieilles photos d’X à leur heure de gloire m’a convaincu. J’ai été immédiatement fasciné par leur charisme visuel. Je voulais en savoir plus.
En quoi cette histoire vous a-t-elle inspirée ?
En premier lieu, leur apparence visuelle, sans aucun doute. Mais ensuite j’ai découvert une histoire incroyablement tragique – des morts, une secte – ces choses-là ne s’inventent pas. Et puis j’ai rencontré Yoshiki et je suis tombé sous le charme d’une créativité et d’une détermination quasi surnaturelles... Je n’avais jamais rencontré un groupe de rock avec une histoire pareille. J’ai compris qu’il y avait matière à faire un film extraordinaire.
X Japan tient une place importante dans la culture japonaise et le cœur d’un public inconditionnel. A-t-il été facile de respecter la vérité de son histoire tout en créant quelque chose de signifiant pour ses fans ?
C’est le défi de tout documentaire sur un groupe de rock célèbre – s’adresser aux fans fidèles et ceux qui n’en ont jamais entendu parler. Si tu arrives à faire un film qui plaise autant aux uns qu’aux autres, tu as fait ton boulot. Il s’agit de se concentrer sur l’histoire et le personnage – si ces deux arches sont fortes et captivantes, tout le monde se laissera emporter.
X Japan a une longue histoire, traversée d’intrigues et de personnages. Comment définir l’approche la plus adéquate pour la raconter ?
L’intro m’est venue en rêve. Le reste du film repose sur les nombreux et longs entretiens que j’ai eus avec Yoshiki. Le film raconte l’histoire du groupe, et à travers elle, celle de Yoshiki. C’est le leader, il compose toutes les chansons ; c’est lui qui a ressuscité X en les poussant à enregistrer et à repartir en tournée.
Nous avons eu un temps de préparation très court : c’est un de ces tournages où l’on écrit le film en le faisant, où l’on découvre des choses en cours de route (et apprendre à connaître Yoshiki prend du temps). C’est une découverte progressive, une recherche constante, tant pendant le tournage qu’en salle de montage.
Quels ont été les principaux défis de ce film ?
Je dirais qu’ils sont apparus au montage. Il y a tant à montrer. Et puis aussi – comme avec presque n’importe quelle rock star – leur personnalité et leur carrière reposent sur des éléments narratifs communément admis et répétés depuis des années. Il faut essayer de creuser sous la surface pour atteindre une sphère émotionnelle qui permette d’appréhender l’histoire sous un autre angle. De plus, les différences culturelles et de perception pouvaient empêcher les non-fans d’entrer complètement dans le film et de s’identifier à Yoshiki.
Dans ce film, le plus grand défi a été de créer de l’empathie, montrer à la fois un dieu du rock et un être humain vulnérable auquel on peut s’identifier.
Difficile de mettre une étiquette sur un tel film. Comment le décririez-vous au public ?
Je détournerais le slogan d’X Japan et je l’appellerais “Violence psychédélique, crime de choc documentaire”.
Qu’avez-vous appris en faisant ce film ?
J’en sais plus sur l’incroyable groupe qu’est X Japan et j’ai découvert tout un univers musical que j’ignorais totalement. Ma perception de la musique japonaise a pris une claque et ça a été un choc et une immersion culturels exceptionnels. Je n’avais jamais été au Japon, alors ça a été une belle leçon de vie et une révélation pour moi et j’espère les transmettre au public.
Avez-vous visionné d’autres films pour vous préparer à raconter cette histoire ? Pouvez-vous nous parler de vos influences cinématographiques ?
Par chance, quand nous étions en montage, A POEM IS A NAKED PERSON de Les Blank (1974) ressortait en salle. J’adore ce film. C’est l’œuvre à la fois la plus surréaliste et impressionniste de Les Blank, et je voulais m’en imprégner. J’aime GIMME SHELTER d’Albert Maysles, Charlotte Zwerin, et David Maysles (1970) et tous les documentaires sur le rock de cette époque. Si WE ARE X relève une forme narrative plus traditionnelle, elle laisse lentement la place à une vérité et un espace mental légèrement psychédélique.
Et mon héros, David Lynch, m’est apparu comme par magie un jour alors que je visionnais des archives non étiquetées, je devais aller dans cette direction !
À votre avis, que peut apprendre le public sur l’histoire de Yoshiki ?
Tout aussi gentillet que ça puisse paraître, je vais citer Yoshiki, quand il croise un obstacle ou une situation à laquelle on lui dit qu’il ne peut rien faire : “Tout est possible”.
Stephen Kijak Réalisateur
Documentariste, Stephen Kijak est notamment connu pour SCOTT WALKER: 30 CENTURY MAN (2006), encensé par la critique et récompensé d’un BAFTA, le culte CINEMANIA (2002) et le mythique STONES IN EXILE (2010) (produit par les Rolling Stones et Passion Pictures). En 2012, il s’associe à nouveau avec Passion Pictures pour réaliser JACO, documentaire sur la grande légende de la basse électrique, Jaco Pastorius. En janvier 2015, Backstreet Boys: Show 'Em What You're Made Of, crée l’événement mondial.
Ancien batteur, il réside à Los Angeles.
John Battsek Producteur
John Battsek dirige le département cinéma de Passion Pictures. Il est l’un des producteurs de films documentaires les plus prolifiques et récompensés de la profession. En 1999, John Battsek conçoit et produit UN JOUR EN SEPTEMBRE, Oscar du meilleur documentaire. S’ensuivent une trentaine de documentaires de grande qualité dont : SERGIO de Kevin Macdonald (d’après le livre de Samantha Power, lauréate du Prix Pulitzer ; nommé aux Oscars 2010) ; Restrepo, être soldats en Afghanistan de Tim Hetherington et Sebastian Junger (2010, nommé aux Oscars) ; THE TILLMAN STORY de Amir Bar-Lev (2011, nommé aux Oscars, Emmy Award 2012 du meilleur documentaire historique) ; THE IMPOSTER de Bart Layton (2010, BAFTA 2013 de la révélation pour un réalisateur) ; SUGAR MAN de Malik Bendjelloul (2012, BAFTA et Oscar du meilleur documentaire en 2013).
John Battsek a récemment produit LISTEN TO ME MARLON de Stevan Riley, présenté en avant première au Festival de Sundance, sorti aux USA et au Royaume-Uni en 2015, et nommé aux Oscars et aux BAFTA 2016 dans la catégorie “meilleur documentaire”.
Nommé trois fois aux Producers Guild of America Awards, John Battsek a reçu en 2013 le prestigieux Grierson Trustees Awards pour son apport exceptionnel au genre documentaire.
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