Science fiction/Thriller/Une oeuvre dense, visuellement stupéfiante
Réalisé par Denis Villeneuve
Avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto, Ana de Armas, Sylvia Hoeks, Robin Wright, Dave Bautista, Mackenzie Davis...
Long-métrage Américain
Durée : 02h32mn
Année de production : 2017
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Date de sortie sur les écrans américains : 6 octobre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 4 octobre 2017
Résumé : En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...
Bande annonce (VOSTFR)
Extrait - Ils te savent ici (VOSTFR)
Featurette Time to Live/Il est temps de partir (VOSTFR)
Featurette The World of Blade Runner 2049/Le Monde de Blade Runner2049 (VOSTFR)
Featurette Joshi (VOSTFR)
Featurette Luv (VOSTFR)
Featurette Joi (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : le défi du réalisateur Denis Villeneuve prend de multiples facettes. BLADE RUNNER est un film culte, il doit donc convaincre les fans de l'utilité de ce prolongement et de sa capacité à respecter l'esprit de l'original. Comme BLADE RUNNER est un long-métrage de 1982, il faut aussi intéresser les jeunes générations qui ne connaissent pas forcément ce premier opus et qui ne doivent pas penser être perdues en allant découvrir cette suite. À mon avis, son pari est réussi.
BLADE RUNNER 2049 est un film dense. Denis Villeneuve est, sans aucun doute, un grand cinéaste, ses précédents films le prouvent. Il enfonce le clou ici en nous proposant deux heures quarante-trois de plans cinématographiques impeccables. Le soin apporté à une mise en scène au cordeau est tout simplement bluffant. Les ambiances se multiplient et pourtant, il y a une grande cohérence dans l'univers présenté. Denis Villeneuve utilise avec talent les ombres et les lumières, les couleurs, les décors et les effets spéciaux de façon à servir la narration.
L'histoire reste vraiment dans les pas du scénario de BLADE RUNNER, mais s'étend dans sa logique. Le spectateur est face un véritable film de science-fiction autant sur le fond que sur la forme. Les thématiques de la place de l'humanité dans l'univers, de l'usure de la Terre pour nos besoins en ressources naturelles, de ce qui définit la condition humaine sont bien présentes en coulisse de cette quête d'identité. La souffrance est omniprésente dans ce monde déshumanisé où la haine et la violence prennent facilement racine dans une atmosphère surpeuplée et étouffante, au sein d'une société où les écarts sont immenses.
Tout en respectant effectivement l'esprit de l'original, Denis Villeneuve produit ici un film qui porte sa marque. Rien ne nous est servi sur un plateau, les explications arrivant au fur et à mesure. Il n'en résulte pas de confusion pour autant, car l'imbrication des idées et des faits se déroule régulièrement. La réponse à une interrogation provoque une nouvelle question qui est résolue et ainsi de suite.
Les acteurs et actrices participent à rendre cette aventure envoûtante, à la limite du songe cauchemardesque. Les femmes ont des rôles périphériques, mais elles sont très présentes et ont des visages multiples et extrêmes, qu'elles soient fantasmées comme Joi, interprétée par Ana de Armas, déterminées et violentes comme Luv, interprétée par Sylvia Hoeks, leaders comme le lieutenant Joshi, interprétée par Robin Wright ou encore rebelles comme Mariette, interprétée par Mackenzie Davis. L'exploitation du corps de la femme est le thème central et le fil conducteur de ce récit.
Ryan Gosling interprète l'officier K. Il nous transmet avec sensibilité et subtilité les doutes et les peines associés à la raison même de son existence.
Harrison Ford reprend son rôle de Rick Deckard, on a vraiment le sentiment de retrouver ce personnage, il est toujours aussi excellent dans son interprétation.
BLADE RUNNER 2049 est un réplicant nouveau modèle, magnifique visuellement, fort dans ses propos, répondant aux attentes et les dépassant même parfois. Cela ne signifie pas qu'on ait envie de mettre l'ancien modèle au rebut. Bien au contraire, les deux films se font écho et ont chacun une personnalité bien définie. Après visionnage, cette nouvelle mouture se laisse décanter tant elle est intense en images et en idées. Denis Villeneuve nous offre une véritable œuvre de science-fiction et les amateurs du genre ne doivent pas passer à côté.
BLADE RUNNER 2049 est un film dense. Denis Villeneuve est, sans aucun doute, un grand cinéaste, ses précédents films le prouvent. Il enfonce le clou ici en nous proposant deux heures quarante-trois de plans cinématographiques impeccables. Le soin apporté à une mise en scène au cordeau est tout simplement bluffant. Les ambiances se multiplient et pourtant, il y a une grande cohérence dans l'univers présenté. Denis Villeneuve utilise avec talent les ombres et les lumières, les couleurs, les décors et les effets spéciaux de façon à servir la narration.
L'histoire reste vraiment dans les pas du scénario de BLADE RUNNER, mais s'étend dans sa logique. Le spectateur est face un véritable film de science-fiction autant sur le fond que sur la forme. Les thématiques de la place de l'humanité dans l'univers, de l'usure de la Terre pour nos besoins en ressources naturelles, de ce qui définit la condition humaine sont bien présentes en coulisse de cette quête d'identité. La souffrance est omniprésente dans ce monde déshumanisé où la haine et la violence prennent facilement racine dans une atmosphère surpeuplée et étouffante, au sein d'une société où les écarts sont immenses.
Tout en respectant effectivement l'esprit de l'original, Denis Villeneuve produit ici un film qui porte sa marque. Rien ne nous est servi sur un plateau, les explications arrivant au fur et à mesure. Il n'en résulte pas de confusion pour autant, car l'imbrication des idées et des faits se déroule régulièrement. La réponse à une interrogation provoque une nouvelle question qui est résolue et ainsi de suite.
Les acteurs et actrices participent à rendre cette aventure envoûtante, à la limite du songe cauchemardesque. Les femmes ont des rôles périphériques, mais elles sont très présentes et ont des visages multiples et extrêmes, qu'elles soient fantasmées comme Joi, interprétée par Ana de Armas, déterminées et violentes comme Luv, interprétée par Sylvia Hoeks, leaders comme le lieutenant Joshi, interprétée par Robin Wright ou encore rebelles comme Mariette, interprétée par Mackenzie Davis. L'exploitation du corps de la femme est le thème central et le fil conducteur de ce récit.
Ryan Gosling interprète l'officier K. Il nous transmet avec sensibilité et subtilité les doutes et les peines associés à la raison même de son existence.
BLADE RUNNER 2049 est un réplicant nouveau modèle, magnifique visuellement, fort dans ses propos, répondant aux attentes et les dépassant même parfois. Cela ne signifie pas qu'on ait envie de mettre l'ancien modèle au rebut. Bien au contraire, les deux films se font écho et ont chacun une personnalité bien définie. Après visionnage, cette nouvelle mouture se laisse décanter tant elle est intense en images et en idées. Denis Villeneuve nous offre une véritable œuvre de science-fiction et les amateurs du genre ne doivent pas passer à côté.
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire/regarder qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Le réalisateur
nommé à l’Oscar Denis Villeneuve (PREMIER CONTACT) nous livre une
nouvelle vision du futur avec BLADE RUNNER 2049, la suite très
attendue de BLADE RUNNER – un film considéré comme un monument de
la science-fiction.
BLADE RUNNER 2049
est interprété par les acteurs nommés aux Oscars Ryan Gosling (LA
LA LAND) dans le rôle de K et Harrison Ford (la saga STAR WARS,
WITNESS : TÉMOIN SOUS SURVEILLANCE), qui reprend celui de Rick
Deckard. La distribution internationale comprend également Ana de
Armas (WAR DOGS), Sylvia Hoeks (RENEGADES), Robin Wright (WONDER
WOMAN), Mackenzie Davis (SEUL SUR MARS), Carla Juri (BRIMSTONE) et
Lennie James (« The Walking Dead »), ainsi que Dave
Bautista (la franchise LES GARDIENS DE LA GALAXIE) et l’acteur
oscarisé Jared Leto (DALLAS BUYERS CLUB).
Les producteurs
sont Andrew A. Kosove & Broderick Johnson (THE BLIND SIDE –
L'ÉVEIL D'UN CHAMPION), cités aux Oscars, et Bud Yorkin, lauréat
de trois Emmys & Cynthia Sikes Yorkin. Le cinéaste nommé aux
Oscars à de multiples reprises Ridley Scott (SEUL SUR MARS,
GLADIATOR), à qui l’on doit le premier BLADE RUNNER, assure la
production exécutive du film. Bill Carraro est producteur exécutif
et administrateur de production.
Denis Villeneuve
réalise le film d’après un scénario d’Hampton Fancher et
Michael Green, sur une histoire d’Hampton Fancher basée sur les
personnages du roman de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils
de moutons électriques ?. Tim Gamble, Frank Giustra, Yale Badik
et Val Hill sont aussi producteurs exécutifs.
BLADE RUNNER 2049
marque la troisième collaboration du réalisateur Denis Villeneuve
avec le directeur de la photographie Roger A. Deakins, après SICARIO
et PRISONERS pour lesquels le chef opérateur a remporté deux de ses
13 nominations aux Oscars. L’équipe technique du film comprend
également le chef décorateur oscarisé Dennis Gassner (BUGSY, 007
SPECTRE, INTO THE WOODS : PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS), le chef
monteur nommé aux Oscars Joe Walker (12 YEARS A SLAVE, SICARIO,
PREMIER CONTACT) et la chef costumière Renée April (SICARIO,
PREMIER CONTACT). La musique est signée par le compositeur oscarisé
Hans Zimmer (DUNKERQUE, LE ROI LION) et Benjamin Wallfisch (ÇA,
ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL).
Alcon Media Group
présente, en association avec Columbia Pictures, une production
Ridley Scott/Alcon Entertainment/Bud Yorkin, en association avec
Torridon Films et 16:14 Entertainment, un film de Denis Villeneuve.
Projeté en 2D et en 3D dans certains cinémas et salles IMAX, BLADE
RUNNER 2049 sera distribué aux États-Unis par Warner Bros.
Pictures, une société Warner Bros. Entertainment, et à
l’international par Sony Pictures Entertainment.
DE BLADE RUNNER À BLADE RUNNER 2049
J’ai occupé ton
poste dans le temps…
Qu’est-ce qui
définit un être humain ? Telle est la question soulevée
par le réalisateur Denis Villeneuve, et les étonnantes réponses
proposées par son nouveau film, BLADE RUNNER 2049, défient notre
conception de ce qu’est l’humanité… et de la direction qu’elle
prend.
Ce n’est pas la
première fois que la valeur – et les valeurs – de l’humanité
sont remises en cause. Il y a trente-cinq ans sortait sur les écrans
BLADE RUNNER, un film de science-fiction révolutionnaire. Réalisé
par le légendaire Ridley Scott et inspiré du roman de Philip K.
Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, il
plongeait les spectateurs dans un futur tel qu’ils n’en avaient
encore jamais vu, à la fois inédit et étrangement familier.
À l’époque,
personne n’imaginait l’impact qu’allait avoir le film sur la
culture contemporaine en inventant un tout nouveau genre
cinématographique : le néo-noir cyberpunk. Aujourd’hui, le
chef-d’œuvre visionnaire de Ridley Scott est considéré comme
l’un des plus grands films de tous les temps. Son influence a été
telle qu’elle a dépassé le seul cadre du cinéma pour trouver des
échos à la télévision, dans la musique, dans l’art, la mode et
même à l’université.
Plus de trois
décennies après, BLADE RUNNER 2049 nous replonge dans l’univers
qui a fasciné plusieurs générations de fans. Mais s’il s’agit
de la suite tant attendue de l’original, le film n’en est pas
moins une expérience cinématographique à part entière.
Denis Villeneuve,
qui fait lui-même partie des fans du film de 1982, déclare :
« Je me souviens très clairement de la première fois que j’ai
vu BLADE RUNNER. J’ai été époustouflé par ce qui est pour moi
l’une des scènes d’ouverture les plus saisissantes de l’histoire
du cinéma : un survol du Los Angeles de 2019 où dominent les
centrales pétrolières. Ridley Scott donnait à voir un futur
dantesque à la fois séduisant et terrifiant.
« Sur le
plan esthétique, poursuit-il, BLADE RUNNER était révolutionnaire
car il mêlait deux genres qui, à première vue, n’allaient pas
ensemble : la science-fiction et le film noir. C’était du
jamais vu et cela m’a profondément marqué. Ce film a influencé
mon éducation cinématographique avant même que je prenne la
décision de devenir réalisateur. »
Ridley Scott admet
qu’en raison de toutes ces particularités, jamais il n’aurait pu
prédire le caractère emblématique qu’allait revêtir le film –
l’un des premiers de sa carrière. « On ne pense pas à cela
sur le moment, en revanche j’étais tout à fait conscient que nous
avions réalisé quelque chose de très spécial. »
Ryan Gosling, qui
joue le rôle de K, un Blade Runner de la police de Los Angeles,
remarque : « Le film original vous hante, il laisse un
souvenir indélébile. Il vous oblige à vous interroger sur votre
propre conception de la nature humaine, et vous fait douter de votre
capacité à distinguer le héros du méchant. Il met en scène une
vision cauchemardesque de l’avenir qui est solidement ancrée sur
des bases plausibles et donc, paraît tout à fait tangible et
vraisemblable. Et pourtant la manière romantique et onirique dont
elle est présentée est particulièrement envoûtante. Le temps a
démontré la singularité de cette œuvre. »
Dans BLADE RUNNER
2049, K se voit assigner une mission qui pour plusieurs raisons,
pourrait avoir des conséquences bien plus lourdes qu’il ne l’avait
anticipé. Elle va remettre en cause la séparation entre les humains
et les réplicants, entre l’espèce humaine et la technologie, ce
qui pourrait faire basculer le monde dans l’anarchie ou même la
guerre. »
Mais BLADE RUNNER
faisait plus que brouiller la frontière entre les humains et la
technologie. Il abordait également bien des préoccupations
sociétales qui prédominent aujourd’hui. À l’aube de 2019,
l’année où se déroulait BLADE RUNNER, le film, qui avait entre
autres préfiguré le déclin urbain, le changement climatique, la
manipulation génétique, la surpopulation et l’accroissement du
fossé économique et social, semble plus éloquent et pertinent que
jamais.
Harrison Ford y
incarnait le personnage central, Rick Deckard – un rôle
inoubliable qu’il reprend aujourd’hui. Il déclare : « BLADE
RUNNER était prémonitoire à bien des égards. Avec le
développement de la technologie, les gens ont commencé à voir
certains des problèmes soulevés dans le film apparaître dans leur
vie quotidienne, ce qui a rendu les thèmes de BLADE RUNNER d’autant
plus vraisemblables. »
Le producteur
Andrew A. Kosove ajoute : « BLADE RUNNER était en avance
sur son temps à bien des égards. Avec son histoire captivante
offrant matière à réflexion et son univers visuel caractéristique
brillamment conçu par Ridley Scott, le film a imprégné notre
culture et modifié notre perception des rapports entre l’espèce
humaine et la technologie, ce qui en retour, nous pousse à nous
interroger sur ce qui fait de nous des humains. Je pense que c’est
la raison pour laquelle il s’est imposé comme un film culte. »
Cette popularité
et cette admiration ont naturellement fait réfléchir Andrew A.
Kosove et son associé chez Alcon Entertainment, le producteur
Broderick Johnson, lorsqu’ils ont été contactés pour discuter de
la possibilité d’une suite. Broderick Johnson raconte : « Il
a évidemment fallu mener une solide réflexion avant d’accepter un
projet aussi ambitieux, mais nous aimions tellement l’original que
nous avons décidé de nous lancer. »
Ce sont les
producteurs Bud Yorkin, qui faisait partie de l’équipe de
production du précédent film, et sa femme, Cynthia Sikes Yorkin,
qui ont soumis à Alcon l’idée de créer un nouveau chapitre à
l’histoire de BLADE RUNNER. Cynthia Sikes Yorkin se souvient :
« Bud rêvait depuis des années de donner une suite à
l’histoire et j’ai tout fait pour que son rêve se réalise.
Malheureusement, il est décédé avant de pouvoir voir le film
achevé, mais il était très heureux de savoir qu’il verrait le
jour. Andrew et Broderick ont fait preuve de beaucoup de respect
envers Bud et ils nous ont impliqués dès le début dans chaque
aspect de la production. Ils ont mis tout leur cœur dans ce projet,
je n’aurais pas pu demander de meilleurs partenaires pour donner
vie à notre rêve. »
La première étape
a consisté à remonter à la source. Andrew A. Kosove explique :
« Il était essentiel pour Broderick et moi de nous rendre à
Londres pour rencontrer Ridley Scott. »
Le cinéaste, qui
assure la production exécutive du nouveau film, déclare : « BLADE
RUNNER avait été conçu comme un film unique, mais à l’époque
déjà, nous étions conscients que l’histoire ne s’arrêtait pas
là. »
Ridley Scott a
alors contacté le scénariste Hampton Fancher, coauteur du film
original. Ce dernier se souvient : « On aurait dit que
c’était écrit : je venais juste de terminer une nouvelle qui
se déroulait dans l’univers de BLADE RUNNER. J’ai lu à Ridley
le premier paragraphe et il m’a demandé si je pouvais venir à
Londres. C’est comme ça que tout a commencé. »
Ridley Scott
poursuit : « Hampton n’a pas écrit un scénario
conventionnel, il a écrit une nouvelle où l’on retrouvait son
superbe style de dialogues. Nous avons ensuite fait appel à Michael
Green pour en faire un scénario qui a progressivement pris forme. »
Lorsque
l’opportunité de prendre part à un nouveau BLADE RUNNER s’est
présentée à Michael Green, le scénariste, fan du premier film, a
immédiatement accepté. Il confie : « Hampton et Ridley
avaient déjà mis en place les fondations de ce que pourrait donner
un nouveau film et j’ai eu l’extraordinaire chance d’étoffer
ces éléments. Le premier film est riche de thèmes fascinants, dont
celui de la limitation de la durée de la vie. Parmi les thèmes que
nous voulions explorer dans BLADE RUNNER 2049 figurait celui non de
la durée, mais de la qualité d’une vie. Les deux films mettent en
scène des humains et des réplicants, et bien qu’ils se comportent
de la même manière sous bien des aspects, ils ont des origines très
différentes car les premiers naissent tandis que les seconds sont
créés. La société accorde une valeur bien plus importante aux
humains qu’aux réplicants parce que seuls ceux qui sont nés ont
une âme. Mais qu’est-ce que l’âme ? Et est-elle uniquement
humaine ? »
Denis Villeneuve
se souvient de sa réaction lorsqu’il a reçu la version finale du
scénario. « J’étais très ému par la confiance que me
témoignait Alcon en me confiant la réalisation de ce film. Ça a
été l’un des plus beaux compliments de ma carrière. »
Après avoir
collaboré avec le cinéaste sur le film dramatique à succès
PRISONERS, les producteurs étaient pleinement conscients de ce qu’il
pouvait apporter au projet. Broderick Johnson commente : « Denis
est un formidable réalisateur qui sait exactement ce qu’il veut et
comment l’obtenir. Nous savions que c’était l’homme de la
situation non seulement en raison de ses qualités de directeur
d’acteurs, mais aussi de sa capacité à générer de la tension et
à instaurer une atmosphère particulière, comme il le fait avec
brio dans chacun de ses films. C’était indispensable au succès de
BLADE RUNNER 2049 car la magie du film repose sur sa tension, son
intrigue et ses personnages, et Denis maîtrise tout cela à la
perfection. »
Avant d’accepter
de diriger le film, le réalisateur avait une requête. « Je
voulais l’approbation de Ridley Scott. C’était ma seule
condition. »
Sans surprise, le
cinéaste lui a accordé sa bénédiction et bien plus encore. Denis
Villeneuve raconte : « Il m’a dit exactement ce que
j’avais besoin d’entendre, à savoir que j’avais une liberté
totale mais que si jamais j’avais besoin de lui, je pouvais
l’appeler à n’importe quel moment et il répondrait présent. Et
ça a été le cas à chaque fois que j’en ai eu besoin. Je lui en
serai toujours reconnaissant. »
Pour le style
visuel du film, Denis Villeneuve tenait à rester fidèle à l’esprit
de l’original. Il explique : « Mon objectif était
d’honorer l’esthétique inspirée du film noir du premier opus
tout en conférant à BLADE RUNNER 2049 son identité propre. »
En effet, si le
film peut être considéré comme une suite, il forme aussi une
entité indépendante. Cynthia Sikes Yorkin précise : « Vous
n’aurez aucun mal à comprendre l’histoire même si vous n’avez
jamais vu BLADE RUNNER. BLADE RUNNER 2049, grâce à la manière dont
il est écrit et présenté, est divertissant et captivant même si
l’on ignore ce qui s’est passé avant. »
L’équipe du
film a dû imaginer les conditions qui régneraient sur la planète
trente ans plus tard. Denis Villeneuve explique : « BLADE
RUNNER se déroulait en 2019 et était prophétique à certains
égards, mais nous savons déjà que notre avenir proche sera très
différent de celui décrit dans le film. Nous avons donc pris la
décision de créer notre propre version de 2049 dans le prolongement
du premier film. L’univers de BLADE RUNNER 2049 est une extension
de celui de BLADE RUNNER, pas de la réalité. »
Le réalisateur
poursuit : « L’esthétique du film a été dictée par
cette décision. Dans BLADE RUNNER, la nature avait quasiment
disparu ; trente ans plus tard, la Terre connaît des conditions
encore plus hostiles. On retrouve le même genre d’atmosphère
oppressante que dans le premier film, mais plus pesante encore.
L’environnement est encore plus toxique, les océans
incontrôlables, les conditions météorologiques sont plus
rigoureuses encore, il fait encore plus froid… Le climat est plus
invivable encore et cela se reflète dans l’architecture, les
véhicules et les costumes. »
Pour donner vie à
cet univers apocalyptique, Denis Villeneuve a fait appel au directeur
de la photographie Roger A. Deakins, au chef décorateur Dennis
Gassner et à la chef costumière Renée April. Il déclare :
« Artistiquement, Roger, Dennis, Renée et moi étions sur la
même longueur d’onde car nous tenions tous à honorer ce qui avait
été fait précédemment. »
Il ajoute :
« Les acteurs ont également fait preuve d’un grand
enthousiasme pour le projet ; le film leur doit à tous
beaucoup, mais en particulier à Ryan Gosling et Harrison Ford qui
ont apporté de nombreuses idées et ont été mes sources
d’inspiration sur le tournage. »
Les deux acteurs
n’ont eux aussi que des éloges pour le réalisateur. Harrison Ford
déclare : « J’ai vu tous les films de Denis, et je les
admire. Je n’ai pas tout de suite mesuré son approche de BLADE
RUNNER 2049, il m’a fallu un moment avant de cerner réellement
l’ampleur de ce qu’il ambitionnait pour ce nouveau film. Denis
est quelqu’un de réfléchi et d’extrêmement intelligent qui
prend le temps nécessaire pour répondre aux questions qu’il se
pose. Il a été un partenaire intellectuel de choix pour aborder
tous les sujets difficiles dont traite le film. »
Ryan Gosling
ajoute : « Dès ma première conversation avec Denis, je
me suis senti en confiance. Il tenait à ancrer le film dans la
réalité et à raconter une histoire empreinte de sincérité. Il
avait le plus grand respect pour l’original mais cela n’a jamais
semblé l’intimider. Il a transformé son admiration en
inspiration, et cela nous a poussés à faire de même. »
Le tournage de
BLADE RUNNER 2049 s’est entièrement déroulé en Hongrie, se
partageant entre les studios Origo à Budapest, les studios Korda à
Etyek, et plusieurs sites à travers le pays.
L’équipe du
film a pris la décision d’éviter au maximum d’avoir recours aux
images de synthèse et aux écrans verts, privilégiant les effets
spéciaux physiques et des décors réels. Denis Villeneuve
explique : « J’aime travailler dans de vrais décors, avec de vrais
objets. Il était très important pour moi de créer un univers
tangible afin que les acteurs évoluent dans le monde que nous avions
créé plutôt que d’essayer de l’imaginer. »
Pouvoir évoluer
dans des environnements physiques a eu l’effet désiré sur la
distribution, comme en atteste Ryan Gosling : « C’était
incroyable de pouvoir jouer dans des décors réels parce qu’en
tant qu’acteur cela vous permet de vous concentrer sur ce qui se
passe à l’intérieur de votre personnage au lieu d’essayer de
vous représenter un monde extérieur qui n’existe pas. »
Denis Villeneuve
ajoute : « BLADE RUNNER 2049 nous plonge dans un monde
fantastique qui conserve cependant un caractère profondément
humain. Le film raconte une histoire finalement intimiste dans un
cadre d’une ampleur saisissante. »
HUMAINS ET
RÉPLICANTS
Deux des rôles
principaux de BLADE RUNNER 2049 étaient déjà attribués avant même
que le scénario ne soit écrit. Il va sans dire que personne d’autre
que Harrison Ford ne pouvait incarner Rick Deckard, mais il s’avère
que les cinéastes n’avaient qu’un seul nom en tête pour
l’interprète de K, le nouveau Blade Runner : Ryan
Gosling.
Le scénariste
Hampton Fancher se souvient : « Dans le vol qui m’emmenait
à Londres voir Ridley, je réfléchissais au casting, et je me suis
dit : « C’est Ryan Gosling qu’il nous faut ».
L’une des premières questions que Ridley m’a posées a été de
savoir qui je voyais dans le rôle… et lui aussi avait déjà
choisi Ryan de son côté ! À ce stade, on ne savait même pas
encore ce qu’allait être l’histoire, mais j’avais déjà en
tête l’image du personnage principal, et c’était Ryan. »
Ryan Gosling s’est
intéressé au projet dès qu’il en a appris l’existence. « Quand
on m’a dit que Ridley envisageait de poursuivre l’histoire, j’ai
tout de suite voulu m’investir : j’avais toujours eu envie
de savoir la suite… C’était formidable d’avoir la chance de
faire partie de cet univers et de contribuer à raconter cette
histoire. »
À propos du
nouveau film, l’acteur note : « Le monde est devenu bien
plus âpre et plus désolé que celui que l’on a découvert il y a
trente ans. La profession des Blade Runners est plus difficile
encore. Quand on fait la connaissance de K, il est confronté à ces
difficultés et à l’isolement.
« Au début
du film, c’est une journée comme les autres pour lui. Il a été
envoyé « retirer » un réplicant de l’ancien modèle.
Mais au cours de sa mission, il met par hasard au jour un mystère
qui le pousse à remettre en question tout ce qu’il croyait
savoir. »
Denis Villeneuve
observe : « K mène une existence très dure, très
solitaire. Il a le pire boulot possible, mais de façon inattendue,
sa dernière mission va éveiller en lui un rêve, un désir si fort
qu’il va l’aveugler. C’est une évolution extraordinaire pour
ce personnage.
« Lorsque
j’ai lu le scénario, poursuit le réalisateur, Ryan Gosling avait
déjà été suggéré pour jouer K, et j’ai dit oui tout de suite.
C’est un acteur qui exprime énormément sans même une parole. Il
me fallait un comédien d’une extrême intelligence, possédant
cette force qui permet de plonger dans les ténèbres et d’en ressortir. La
passion de Ryan et ses efforts constants pour s’assurer que chaque
scène correspondait parfaitement à ce que nous souhaitions m’ont
profondément ému. On sentait que c’était aussi important pour
lui que pour moi de faire un grand film ensemble. »
Harrison Ford lui
aussi était convaincu qu’il fallait confier le rôle à Ryan
Gosling. « Je pensais que K serait un bon rôle pour Ryan, et
j’ai fait part de mon enthousiasme aux producteurs. Nous étions
tous du même avis. J’ai adoré travailler avec lui. Il apporte de
l’originalité à tout ce qu’il fait, c’est un homme
intelligent et un acteur sensible. Son jeu est toujours impeccable,
on ne voit jamais ses rouages internes tourner. Il ne lutte pas pour
entrer dans la peau du personnage, il l’habite littéralement. »
Ryan Gosling
retourne son compliment à son partenaire : « Harrison est
un grand. Ce n’est pas par hasard si la plupart de ses films sont
entrés dans la légende, et ce n’est pas un hasard non plus si
certains sont revisités. Il est la constante de toutes ces
équations. Il existe plusieurs façons de jouer une scène, mais
quand vous travaillez avec Harrison, vous réalisez qu’il n’y a
qu’une seule grande manière de le faire. Et lui sait la voir avant
tout le monde. »
Ridley Scott se
souvient : « Lorsque j’ai contacté Harrison Ford
pour lui proposer de reprendre le rôle de Rick Deckard, j’ai
pensé qu’il serait peut-être sceptique. Mais quand je lui ai
envoyé le scénario, il m’a dit : « Ridley, c’est
fantastique. Correction : c’est le meilleur script que j’aie
jamais lu ! »
Harrison Ford
déclare : « C’est très amusant de rejouer un même
personnage trente ans plus tard. D’une certaine façon, j’y suis
habitué, c’est comme remettre de vieux vêtements….
Heureusement, ils me vont encore, et je n’avais aucune appréhension
à incarner à nouveau Deckard. »
Denis Villeneuve
commente : « Il aurait été inenvisageable de faire une
suite à BLADE RUNNER sans Harrison Ford. C’était pour moi un
privilège de travailler avec lui parce qu’il est étroitement lié
à ma passion pour le cinéma : j’ai grandi en regardant ses
films. J’étais fébrile avant notre rencontre : j’allais
faire la connaissance d’une de mes idoles ! Heureusement,
Harrison a tout de suite brisé la glace. C’est l’une des
personnes les plus chaleureuses, les plus charmantes, les plus
généreuses et les plus humbles que j’aie rencontrées. Le diriger
a été pour moi comme de revenir sur les bancs de l’école de
cinéma ; il avait tellement d’expérience et tant à donner,
il est tellement généreux dans son jeu… J’ai rarement connu
cela. Nous avons eu des échanges passionnants sur la manière
d’aborder son personnage, ce personnage qu’il n’avait pas vu
depuis trois décennies. »
Dans cette
histoire, personne n’a vu Rick Deckard depuis trente ans.
Harrison Ford explique : « Deckard a vécu des événements
tragiques depuis le précédent film. Mais il a aussi été chargé
de protéger certains secrets, et il s’est senti un devoir moral,
un engagement, raison pour laquelle il a disparu. Il savait qu’il
était recherché, il est donc allé dans un endroit où personne ne
penserait à le trouver. Un endroit dangereux. Il y mène une vie
singulière, très solitaire. »
Ryan Gosling
précise : « Deckard est un élément clé dans l’affaire
que mon personnage essaie de résoudre. K part à sa recherche, il
veut obtenir des réponses à des questions qui sont désormais très
personnelles. »
Harrison Ford
reprend : « K piste Deckard, et ce qui va se passer entre
eux est passionnant. L’intrigue est fascinante et aborde une
question très audacieuse. Ce que j’ai le plus
aimé, c’est le contexte émotionnel, je trouve qu’il a
énormément de valeur. »
L’indice qui
lance K sur la piste de Deckard a été découvert dans les archives
de la Wallace Corporation. Bien que la plupart des documents aient
été détruits dans la tempête électromagnétique de 2022 – le
Blackout – quelques éléments ont pu être sauvés, dont un
enregistrement à peine audible de la voix de Deckard.
Niander Wallace
est l’énigmatique dirigeant de la Wallace Corporation. Sa parfaite
éducation dissimule mal son ambition dévorante. Son obsession
envers la création du réplicant idéal – d’une docilité
absolue, ne remettant jamais en question l’autorité humaine – a
conduit à la mise au point du dernier modèle, le Nexus 9. Wallace
voit les réplicants comme nécessaires à la survie de l’humanité…
mais il ne peut en produire qu’une quantité limitée. Des années
plus tôt, ses avancées dans le domaine des aliments génétiquement
modifiés ont évité une famine planétaire. En s’appuyant sur
cette dette que le monde a contractée envers lui, il a fait pression
pour mettre fin à l’interdiction des réplicants, et au cours du
processus, il a amassé une fortune incalculable… et un pouvoir
sans limite.
Jared Leto,
qui incarne ce personnage, déclare : « J’ai sans doute
une vision différente de ce personnage. C’est l’homme qui a
sauvé la planète de la famine, alors son ego est incommensurable.
Il a sauvé le monde, pour de vrai ! Il a acquis son pouvoir
grâce à un dur travail et des études rigoureuses. C’est un
génie, et aussi un fou – difficile de faire la différence. Il est
fascinant et complexe. C’était un rôle très, très séduisant à
jouer !
« Le lien que
j’entretiens avec l’univers BLADE RUNNER remonte à mon plus
jeune âge : je l’ai vu en vidéo sur mon magnétoscope VHS.
Nous avons tous été marqués par certains films plus que d’autres.
Pour diverses raisons, ils changent notre vision de la vie et du
monde. BLADE RUNNER a été l’un d’eux pour moi. Il a eu un
impact énorme et je n’ai jamais oublié. Il a toujours eu une
place à part, et m’a très souvent inspiré au fil des ans. »
Denis Villeneuve
confie : « Niander Wallace est un rôle difficile parce
qu’il a des dialogues pas du tout évidents. Il fallait un acteur
capable d’intégrer ces dialogues pour leur donner vie avec force,
conviction, et aussi une certaine poésie. J’ai choisi une star,
Jared, et il nous a tous époustouflés. J’ai apprécié qu’il
s’immerge totalement dans chacune des facettes du rôle. Je savais
avec quelle intensité Jared incarne tous les personnages qu’il
joue, et j’étais curieux de le voir faire avec Wallace – un
personnage aveugle… Quand Jared est arrivé, il ne jouait pas les
aveugles : il l’était. »
Pour préparer son
rôle, Jared Leto a passé du temps avec des personnes malvoyantes ou
non-voyantes, observant entre autres leur manière de se déplacer
dans un espace ou d’interagir avec leurs interlocuteurs. Denis
Villeneuve déclare : « Jared est quelqu’un de passionné
qui aborde son travail avec énormément de sérieux. Il était
impliqué à 100 %. »
Du réalisateur,
l’acteur dit : « Denis est un artiste rare. Sa
fascination et son enthousiasme ne faiblissent jamais, et il est
curieux de nature. Il vit chaque instant avec les acteurs et sait
faire partager sa soif de découverte et son envie. C’est un
metteur en scène incroyable et je suis ravi d’avoir eu la chance
de faire ce film avec lui. »
Étant donné son
profil et son travail, il est logique que le bras droit de Wallace
soit un Nexus 9. Sylvia Hoeks joue Luv, dont le
dévouement absolu envers Wallace dépasse largement le cadre de son
travail. L’actrice explique : « Wallace est bien plus
que son patron. Il est son créateur, et s’il l’a fabriquée, il
peut la détruire à tout moment. Je pense qu’une partie de son
dévouement repose sur cette peur-là. Son objectif est d’être la
meilleure possible, d’être tout ce qu’il attend d’elle et
davantage encore. Elle est prête à tout pour l’aider à conquérir
le monde et à réaliser ses rêves. Elle a le sentiment que c’est
pour elle la clé du bonheur… même si elle ne sait pas trop ce
qu’est réellement le bonheur. »
Sylvia Hoeks se
souvient : « Pour préparer mon rôle, je me suis
intéressée aux jeunes femmes qui incarnent la réussite
aujourd’hui, des femmes puissantes, qui cherchent à gagner une
sorte de course à la réussite. Elles sont observées et souvent
jugées très durement, sur leurs actions, leur façon de vivre et
même leur consommation. En un sens, c’est un peu comme si elles
étaient fabriquées – leur image, du moins, l’est – et j’ai
trouvé que c’était une manière très intéressante d’aborder
le personnage. »
Denis Villeneuve
note : « Sylvia est l’une des meilleures actices avec
qui il m’ait été donné de travailler. Elle a une grande force
intérieure et elle n’a pas peur de dépasser ses limites et de
faire des choses folles, toujours pour servir son personnage. »
La relation
qu’entretiennent Joi et K est très complète et dépasse le
cadre amoureux : elle est son amie, sa confidente, et son seul
vrai soutien. Ana de Armas, qui l’incarne, déclare :
« Joi est intelligente, drôle et intuitive, surtout pour tout
ce qui concerne K. Elle est indéniablement sexy mais il y a bien
autre chose chez elle qu’une plastique séduisante. C’est une
femme très complexe. »
Ana de Armas a
développé le personnage en collaboration avec Denis Villeneuve :
« C’était très intéressant d’explorer le personnage avec
Denis. Sa seule existence était déjà un point de départ très
important. Qui est-elle ? Que ressent-elle ? Quelles sont
les règles à suivre pour développer dans la scène suivante ce que
l’on a construit dans la précédente ? Denis m’a laissé
une grande liberté dans la découverte de tout cela au fil du
film. »
Denis Villeneveuve
commente : « Ana avait déjà fait plusieurs films, mais
c’est rare pour un réalisateur d’avoir l’impression d’assister
à l’éclosion d’une vraie star. Ana a toutes les qualités
requises : le talent pour la comédie, l’énergie, l’émotion,
la puissance émotionnelle, le savoir-faire. Elle était parfaite
pour jouer un personnage aussi compliqué. »
Tandis que les
développements toujours plus surprenants de l’enquête de K
l’entraînent sur une voie très dangereuse, Joi est la seule à
qui il puisse faire pleinement confiance. En retour, elle le guide et
l’encourage, lui offrant une perspective que personne d’autre ne
pourrait lui donner.
Même la
supérieure de K ignore tous les détails de ce que le jeune Blade
Runner a découvert en cherchant à connaître la vérité. Robin
Wright incarne le lieutenant Joshi de la police de Los
Angeles. Cette patronne déterminée et volontaire montre à travers
les ordres qu’elle donne à K qu’elle fera tout pour maintenir
l’ordre.
Robin Wright
déclare : « Joshi a parfaitement saisi les enjeux :
elle sait qu’une découverte de cette ampleur pourrait plonger le
monde dans le chaos. Mais elle se fait aussi du souci pour K. Elle
est consciente que quelque chose ne va pas, qu’il cache peut-être
des informations. Pourtant, elle ne peut pas laisser ses
préoccupations et ses inquiétudes l’entraver dans son travail. »
Denis Villeneuve
commente : « Robin incarne une figure d’autorité
impressionnante en la personne du lieutenant Joshi. Mais il était
aussi vital de montrer que cette femme de pouvoir est capable de
compassion, notamment dans ses rapports avec K, et Robin a su faire
passer cela avec beaucoup de subtilité. »
Joshi a lancé K à
la recherche de Sapper Morton, un réplicant d’un vieux
modèle qui a l’air d’être un simple fermier producteur de
protéines inoffensif lorsque K débarque chez lui. Dave Bautista,
qui incarne le personnage, explique : « Il veut juste
exister – survivre. Quand K débarque, Sapper a tout de suite un
mauvais pressentiment parce que d’une part il n’a jamais aucun
visiteur, et d’autre part, il déteste en avoir. Il réalise que
cela pourrait bien être la fin pour lui – ce qu’il a toujours
essayé d’éviter. C’est pour cela qu’il s’est toujours gardé
de se mêler des affaires des autres, préférant rester à
l’écart. »
Denis Villeneuve
déclare : « Dave a été l’un des premiers à qui nous
avons pensé pour jouer Sapper parce qu’il a beaucoup de présence
et de charisme. Je voulais un acteur imposant physiquement, un géant
– mais un gentil géant. Quelqu’un qui suscite l’empathie.
C’est important pour ce personnage. Et la tristesse mélancolique
qu’on lit dans ses yeux, la vulnérabilité que lui a apportée
Dave est essentielle. »
Il n’y avait
qu’un problème : Dave Bautista est considérablement plus
jeune que le personnage. Le maquilleur Donald Mowat – « un
maître ! » selon les propres termes de Denis Villeneuve –
a été chargé de vieillir le comédien. Le réalisateur se
souvient : « Beaucoup de gens m’ont dit : « je
ne savais pas qu’il était si vieux ! », ce qui est un
compliment : on ne voit pas le maquillage, on voit juste Dave
bien plus âgé qu’en réalité ! »
La mission de K,
« retirer » Sapper, aurait dû n’être qu’une mission
de routine, une de plus. Jamais le Blade Runner n’aurait imaginé
qu’elle ouvrirait la porte à une révélation stupéfiante, qui
allait faire voler en éclats toutes ses certitudes…
Aux côtés des
rôles principaux, on découvre Mackenzie Davis dans le rôle
de Mariette, une mystérieuse « doxie » qui semble
s’intéresser de près à K ; Carla Juri dans celui du
Dr Ana Stelline, dont le travail est vital pour la création
et le comportement des réplicants, et Lennie James dans celui
de Mister Cotton, qui veille sur des centaines d’enfants et
d’adolescents abandonnés et détient peut-être les réponses aux
questions de K.
L’AVENIR
PREND FORME
Le style
visuel
Les
décors
Avant le début du
tournage de BLADE RUNNER 2049, Denis Villeneuve a passé plusieurs
semaines avec son collaborateur de longue date, le directeur de la
photo Roger Deakins, à dessiner des storyboards et à mettre au
point l’aspect visuel du film. « Roger a joué un grand rôle
dans le langage cinématographique du film », précise le
réalisateur.
Le producteur
Andrew A. Kosove déclare : « Roger est l’un des plus
grands directeurs de la photographie de tous les temps. Il a pris une
année de congé pour préparer le film. Il dit qu’il lui a fallu
mettre au point pour ce film certains des éclairages les plus
complexes et les plus difficiles de toute sa carrière. »
« C’était
néanmoins une opportunité rarissime, et un projet particulièrement
excitant ! précise le directeur de la photo. Denis et moi
n’avons pas été bloqués par l’original, bien au contraire :
il nous a nourris. C’était l’une des premières visions d’un
avenir apocalyptique, et une des plus stylisées. »
Le réalisateur
ajoute : « L’un des plus grands défis a consisté à
unir visuellement les deux films ; il fallait donner
l’impression d’évoluer dans un futur inspiré par le passé. »
La caractéristique
esthétique majeure du premier BLADE RUNNER reste sans conteste son
ambiance sombre, humide, oppressante – et les conditions ne se sont
pas améliorées en trente ans. Le réalisateur explique : « Je
suis originaire de Montréal, et le climat du film s’inspire du
sale temps du Canada, où il peut faire un froid mordant. Au lieu
d’une pluie incessante, il y a maintenant aussi de la neige et de
la boue. »
Ridley Scott
remarque : « Le style est important, et Denis a fait
preuve d’un grand respect pour ce que nous avions fait dans le
premier film. »
La majorité de la
population vit dans des cités d’immeubles qui s’élèvent très
haut dans un ciel toujours gris. Le chef décorateur Dennis Gassner
se souvient : « Ma première question à Denis a été :
« Si tu devais résumer l’esthétique du film en un seul mot,
quel serait-il ? ». Il a répondu « Brutale. Je veux
une architecture brutale. » Nous sommes partis de là pour nos
recherches, afin de développer la structure générale du langage
visuel.
« Le mot
d’ordre pour BLADE RUNNER 2049, c’est que tout a été conçu
autour de la survie, de la technologie à l’architecture. Les
bâtiments ont été édifiés pour résister aux conditions météo,
donc beaucoup ressemblent à des bunkers. »
Les
costumes
« Brutal »
a aussi été le concept qui a présidé à la création des
costumes. Renée April, la chef costumière, observe :
« L’environnement est très dur, il pleut, parfois il neige.
Ça a été notre point de départ. Pour les matières, j’ai
privilégié la fausse fourrure et le plastique, ce qui était une
première pour moi. Je ne pouvais utiliser ni cuir,
ni laine, ni matériau naturel quelconque car rien de tout cela
n’existe plus. Tout est synthétique, artificiel. Et puis les
coupes sont amples, oversized, à cause du froid.
« J’ai eu
beaucoup de chance de travailler avec de pareils acteurs et actrices,
tous conscients de l’importance des costumes. Ryan Gosling sait
très bien ce qu’il peut porter ou non et ce qu’il aime ou pas.
Il valait mieux qu’il aime son manteau parce qu’il garde le même
pendant tout le film ! »
La productrice
Cynthia Sikes Yorkin commente : « On avait tous envie de
son manteau ! Les femmes en étaient folles. Renée est
brillante, elle a créé des costumes géniaux qui correspondent
parfaitement à la nature des personnages et aux lieux dans lesquels
ils évoluent. »
Renée April
précise : « Les costumes de Luv et Joi nécessitaient
deux approches différentes. Pour Luv, la silhouette générale est
fluide et épurée. Aucune fioriture, rien de superflu, et pas de
couleur marquée, tout est beige, blanc ou gris. À l’opposé, Joi
porte des couleurs vives et des tenues plus féminines, moins
structurées.
« Pour les
costumes de Niander Wallace, je me suis inspirée du superbe décor
créé par Dennis Gassner pour son bureau. Beaucoup d’espace, des
lignes pures, un esprit zen, dépouillé. J’ai donc voulu des
lignes très simples, presque un uniforme, ou une sorte de pyjama
pour quelqu’un qui ne sort pas et n’a plus rien à prouver.
« Quant aux
costumes de Rick Deckard, ils s’accordent bien à quelqu’un qui
reste sous les radars depuis des dizaines d’années, il porte des
vêtements qui paraissent vieux et usés. »
Parmi les plus
mémorables images du premier BLADE RUNNER figurent les gigantesques
panneaux électroniques qui diffusent des publicités animées. Le
producteur Broderick Johnson explique : « Pour cette
suite, nous sommes passés au niveau supérieur étant donné que
trente années se sont écoulés. Il y a des publicités en
hologrammes 3D qui possèdent une forme d’intelligence : si
vous marchez dans la rue, une pub peut interagir avec vous. C’est
assez terrifiant comme concept ! »
Denis Villeneuve
ajoute : « L’idée, c’était que l’atmosphère est
tellement épaisse à Los Angeles en 2049 que l’on peut y projeter
des images en 3D. Les pubs ne se déroulent plus sur des écrans
géants, elles sont au beau milieu de la foule. Là encore, il s’agit
d’une projection de notre monde, d’un prolongement de notre
réalité. On tend vers cette direction. »
Le réalisateur
poursuit : « Pour préparer le film, nous avons rencontré
des scientifiques, des médecins, des architectes, des designers, des
chercheurs, des experts en informatique… Ces gens nous ont fait
part des grandes lignes du développement de leurs spécialités
respectives, de la forme que pourrait prendre l’avenir de notre
société. Leurs conclusions ont beaucoup influencé l’esthétique
globale du film. »
LOS
ANGELES, 2049
Le
tournage
Le tournage de
BLADE RUNNER 2049 s’est déroulé en Hongrie. Son ampleur a
nécessité les six plateaux et le backlot des studios Origo à
Budapest, trois plateaux des studios Korda à Etyek, et plusieurs
autres lieux répartis dans le pays.
Bill Carraro,
producteur exécutif et administrateur de production du film,
commente : « Les studios sont parfaitement équipés, et
ce qui nous a attirés en Hongrie, et en particulier à Budapest,
c’est la variété architecturale de la ville, où l’Europe de
l’Est côtoie l’esthétique brutaliste de l’ère soviétique. »
Denis Villeneuve
précise : « Budapest possède un style qui a impacté le
film. Nous avons pu tourner certaines scènes dans les rues de la
ville parce que l’architecture correspondait parfaitement à
l’esprit du film. »
Aux studios Origo
et Korda, Dennis Gassner et son équipe ont construit l’univers du
film en partant presque entièrement de zéro puisque le réalisateur
souhaitait travailler en décors réels. Denis Villeneuve déclare :
« J’ai besoin d’environnements concrets parce qu’ils
donnent des idées. Nous avons pris très tôt la décision de tout
construire et d’employer le moins possible d’écrans verts, ce
qui plaisait à tout le monde. Il a bien entendu fallu un peu
d’images de synthèse pour l’extension de certains décors, mais
tout ce que vous voyez au premier plan est vrai. »
Harrison Ford
commente : « Les environnements physiques sont extrêmement
utiles. On se comporte forcément plus naturellement quand le décor
permet des choses comme le son normal de vos pas. En tant qu’acteur,
je trouve que cela aide beaucoup. »
BLADE RUNNER 2049
commence par une scène où K se rend dans la ferme de Sapper Morton
à bord d’un véhicule que les fans du premier film connaissent
sous le nom de Spinner. Dennis Gassner déclare : « C’est
le premier élément du film que nous avons conçu. C’est un
hommage à l’original, mais dans le contexte du style brutaliste
que souhaitait Denis. »
Le Spinner de K
est un peu plus anguleux et légèrement plus compact que celui
qu’avait Deckard dans BLADE RUNNER, mais même s’il s’agit d’un
modèle plus récent, il n’est pas neuf, loin de là. Le
superviseur artistique Paul Inglis note : « L’intérieur
semble indiquer que le véhicule a 10 ou 15 ans. Tout est usé,
marqué, éraflé… C’est un décor complet en soi. »
Deux Spinners ont
été construits pour K, dont l’un pouvait être conduit et était
pourvu de portières à servocommande pouvant s’ouvrir à la
verticale. Équipé d’un moteur électrique et d’une direction
assistée, il pouvait rouler à 80 km/h – ce qui n’était pas
recommandé sur le plateau de tournage ! L’autre était conçu
pour être suspendu par des câbles afin de simuler le vol, ou monté
sur une plateforme à cardan sur grue avec Ryan Gosling à
l’intérieur. Des caméras étaient installées derrière l’acteur
pour filmer son point de vue à travers le pare-brise, tandis que les
essuie-glaces balaient la pluie incessante.
Le Spinner de K
dispose d’un accessoire qui n’existait pas dans le premier film :
un objet intelligent semblable à un drone que John Nelson, le
superviseur des effets visuels, appelle « poisson-pilote ».
« Il est placé à l’arrière du Spinner et quand K fait un
arrêt, il s’élève en vol stationnaire comme un drone. C’est un
peu le coéquipier numérique de K, à qui il peut ordonner de
surveiller la voiture, mais aussi de prendre la zone en photo et de
lui donner des informations. »
Outre le Spinner,
on voit d’autres véhicules dans le film, dont un Spinner-limousine
à plusieurs places et le véhicule de Deckard, qui a été actualisé
à partir de celui qu’il pilotait dans le premier film.
Les terres et le
corps de ferme chez Sapper Morton ont été édifiés sur le backlot
des studios Origo. C’est là que se déroule la confrontation entre
K et Sapper, chorégraphiée par le coordinateur des cascades Joel
Kramer. Celui-ci raconte : « Ryan Gosling s’investit à
fond dans tout ce qu’il entreprend. Chaque fois qu’il avait une
minute de libre, il venait s’entraîner avec nous. Tout ce qu’on
lui disait, il l’intégrait avec une rapidité impressionnante. »
Joel Kramer a opté
pour une approche très différente pour le combat entre K et Luv qui
a lieu plus tard dans l’histoire. Il explique : « Même
si Luv est une femme, elle sait se battre au moins aussi bien que K,
si ce n’est mieux. J’ai trouvé une championne d’arts martiaux,
Chloé Bruce, capable d’accomplir des prouesses physiques que je
n’avais encore jamais vues. Ses mouvements ne paraissent même plus
humains ! J’ai montré une bande démo à Denis, Andrew et
Broderick, ils étaient fous ! On a engagé Chloé et on l’a
entraînée en même temps que Sylvia Hoeks pour que cette dernière
apprenne aussi les mouvements. Sylvia ne pouvait pas tout faire, bien
sûr – personne n’est capable des mêmes prouesses que Chloé,
mais elle s’est vraiment donnée. Et elle s’en est tirée de
façon impressionnante, surtout quand on pense qu’elle n’avait
encore jamais fait de combat. »
Sylvia Hoeks
confie : « Les scènes d’action représentaient un vrai
challenge pour moi. Je me suis entraînée six mois, et j’ai adoré
parce que j’ai acquis des compétences que je n’avais jamais
eues. Je me transformais en quelqu’un de fort physiquement et cela
m’a aidée à interpréter mon personnage. Et puis comme actrice,
c’était une chance extraordinaire de travailler ces mouvements, de
développer mon corps et d’apprendre toutes ces techniques. »
Les décors de
grande taille comprenant les différents bureaux et les archives de
Wallace Corporation ont été construits sur des plateaux des deux
studios. Le design minimaliste du bureau personnel de Wallace ne
traduit en rien la complexité du décor, dont le centre, entouré
par un fossé intérieur rempli d’eau, n’était accessible que
par un chemin de pierres automatisé. Roger Deakins a utilisé les
ondulations de l’eau des bassins pour jouer sur les reflets et les
éclats de lumière sur les murs et le plafond, afin d’obtenir un
effet lumineux spectaculaire.
Le superviseur
artistique Paul Inglis observe : « La lumière jouait un
rôle plus important dans ce décor que le style architectural. Roger
avait été très clair : il voulait une lumière naturelle,
pareille à celle du soleil, qui n’existe pas au-dehors parce que
le ciel est toujours obscurci par la brume. Vous remarquerez qu’il
n’y a d’ailleurs de
fenêtre sur aucun des décors, mais dans l’univers de Wallace, on
a le sentiment d’un soleil artificiel grâce aux rayons de lumière
qui le parcourent. »
Jared Leto
déclare : « Je pouvais sentir l’énergie qui se
dégageait de ce décor. Jouer quelqu’un d’aveugle dans ce lieu
particulier m’a fait ressentir les choses différemment – une
expérience que je n’aurais jamais pu vivre autrement. Quand vous
fermez les yeux, vous percevez l’espace autour de vous autrement,
et c’est incroyable de vous rendre compte de la masse d’information
que vous en tirez. L’une de mes grandes découvertes, c’est la
réverbération du son des voix dans ces espaces vastes comme des
cathédrales. Ces sons m’ont réellement aidé à me sentir fort
dans ce rôle. »
La Tour Wallace
contraste fortement avec l’environnement des moins fortunés qui
vivent hors de ses murs. Tous ces gens moins chanceux aiment se
retrouver dans des endroits comme le Bibi’s Bar, un lieu à ciel
ouvert bondé où des hordes d’humains et de réplicants mélangés
peuvent tout acheter, nourriture, boisson, marchandises diverses, et
sexe. Ce décor complexe a été construit sur un plateau aux studios
Korda. On y voit quantité de distributeurs automatiques à écran
tactile, des étalages brillamment éclairés, des kiosques… Des
trains passent au-dessus et des tuk-tuks manœuvrent parmi plus de
300 figurants en costumes.
Dennis Gassner
souligne : « Bibi’s représente la première vraie
concentration de couleurs. Étant donné l’état de la nature, le
monde est plongé dans un hiver perpétuel, et donc tout a une
couleur grisée, désaturée. Mais chez Bibi’s, on peut donner de
l’énergie, redynamiser grâce à la couleur, comme Roger l’a
fait avec la lumière. »
Parmi les décors
les plus marquants du Los Angeles de 2049 figurent aussi le petit
appartement fonctionnel de K, le toit de son immeuble d’habitation
où il danse sous la pluie avec Joi, et le commissariat de police où
est situé le bureau du lieutenant Joshi.
LOIN DE
LOS ANGELES
Au contraire du
premier film, l’histoire de BLADE RUNNER 2049 nous entraîne hors
des limites de Los Angeles – un changement accueilli avec plaisir
par Denis Villeneuve, qui explique : « Cela m’a donné
l’occasion de réfléchir à ce à quoi ressemblerait le monde en
dehors de la ville. Cela ouvrait sur une esthétique différente. Par
exemple, dans le lointain, le brouillard est moins dense,
l’atmosphère moins saturée, il y a donc plus de lumière. Il ne
s’agit pas d’une belle lumière solaire brillante, elle reste
faible, filtrée, mais il fait quand même moins sombre qu’en
ville. »
L’enquête de K
le conduit au sud de San Diego, où il effectue un atterrissage forcé
avec son Spinner dans une vaste casse, une décharge qui s’étend à
perte de vue. La « mesa d’ordures », comme l’a
surnommée le chef décorateur, a été le plus grand décor du film.
Il a été édifié sur le backlot des studios Origo. Cet immense
décor réel a par la suite été étendu encore davantage grâce aux
effets numériques et à l’utilisation de maquettes, pour qu’il
s’étire jusqu’à l’horizon.
Dennis Gassner a
imaginé le concept de base de cette « mesa d’ordures »
en s’inspirant des cimetières de bateaux géants où on démantèle
de vieux superpétroliers et des navires de la Marine réformés.
Parmi les déchets, on peut repérer des morceaux de métal rouillé
de toutes tailles, dont certains sont encore identifiables comme
ayant fait partie d’un grand vaisseau. Pour des raisons de
sécurité, les pièces de « métal » placées à
proximité des acteurs étaient faites de caoutchouc peint.
S’élevant
au-dessus des montagnes de détritus, des antennes paraboliques
géantes ont été converties en quartier général : c’est là
que s’exercent les activités de récupération de Mister Cotton.
Les infortunés qui doivent vivre et travailler sur la décharge y
trouvent aussi refuge.
Les intérieurs
ont été assemblés dans différents lieux : un plateau à
Origo, la centrale électrique Inota datant de l’ère soviétique,
à une heure de route de Budapest, et un ancien entrepôt
d’électronique situé à Kistarcsa, en Hongrie.
Sur les traces de
Rick Deckard, K quitte la Californie pour aller jusqu’à Las Vegas,
dans le Nevada. La ville ne ressemble plus du tout à celle que l’on
connaît aujourd’hui, avec ses néons scintillants, ses casinos et
ses lieux de détente. Toutes les lumières, toutes les couleurs se
résument désormais à un halo monochromatique d’un rouge orangé,
résultat de la catastrophe qui s’est produite cinquante ans plus
tôt et a laissé la cité autrefois foisonnante de vie déserte…
ou presque.
Pour créer ce Las
Vegas post-apocalyptique, Denis Villeneuve et Dennis Gassner ont
rencontré Syd Mead, célèbre futuriste visuel et concept artist,
qui avait précédemment guidé Ridley Scott dans la Cité des Anges
de 2019. Ce dernier explique : « Nous avons essayé
d’imaginer ce à quoi ressemblerait Las Vegas en 2049. Un seul
homme pouvait me donner la réponse : Syd Mead, un maître en la
matière. Je lui ai expliqué les difficultés du film et il m’a
donné en retour ces somptueuses illustrations de Vegas. »
Dennis Gassner
ajoute : « Vegas et la région sont devenu un endroit
désert, mort, où personne n’a envie d’aller – c’est
justement ce qui en fait un lieu sûr pour Deckard, qui peut s’y
cacher en plein jour. »
Au centre de
Budapest, la production a transformé un immeuble vide qui abritait
précédemment les locaux de la plus grande station de télévision
hongroise en hall d’hôtel dont la grandeur passée est à présent
étouffée sous une couche de poussière rouge. Les autres décors de
l’hôtel/casino, dont le penthouse, la salle de casino et la salle
de spectacle, ont été construits sur les plateaux des studios
Origo.
Dans la salle de
spectacle, les souvenirs des jours de gloire de Vegas prennent vie
sous forme des incarnations holographiques des immortels Elvis
Presley et Frank Sinatra. Des showgirls habillées par Renée April
de plumes et de sequins dansent sur la scène. Ce « spectacle »
a nécessité une mise en lumière particulièrement délicate. Roger
Deakins raconte : « Le show démarre brusquement, puis
tombe peu à peu en panne. Il clignote, et devient complètement
anarchique. J’ai passé plusieurs semaines à mettre au point les
différents éclairages, puis j’ai travaillé avec une société
locale à Budapest pour créer une prévisualisation informatique de
l’ensemble de la scène. Nous avons tout retravaillé pour en tirer
les procédés d’éclairage concrets et les structures dont j’avais
besoin pour filmer la scène en vrai. »
Certaines des
journées de tournage les plus difficiles se sont déroulées dans un
immense bassin construit spécialement par la production pour une
séquence d’action clé. Le superviseur des effets spéciaux Gerd
Nefzer et son équipe ont dirigé la construction de ce bassin d’une
contenance de près de quatre millions de litres allant de un à cinq
mètres de profondeur.
Le seul problème
avec le bassin était que pour la scène du mur d’eau de mer, il
fallait de grosses vagues… Gerd Nefzer explique : « Je
me suis documenté sur différentes machines à vagues mais aucune ne
produisait la taille de vagues dont nous avions besoin. Il a donc
fallu inventer la nôtre. »
L’équipe du
superviseur des effets spéciaux a acheté plusieurs citernes de
propane qu’ils ont scellées et fixées sur des perches. Ils ont
ensuite expérimenté en leur imprimant des mouvements synchronisés ;
les citernes étaient plongées dans l’eau puis remontées. Plus le
rythme était rapide, plus les vagues produites par le déplacement
de l’eau étaient hautes.
L’équipe des
effets spéciaux a également fabriqué des supports pour imprimer au
Spinner de transport le mouvement adéquat quand il est battu par les
vagues. « Il était très important pour Denis que la limousine
ne reste pas dans l’eau immobile comme une statue. Quand elle est
frappée par les vagues, elle bouge en fonction du mouvement de
l’eau. Le dispositif mécanique qui nous a permis d’obtenir cet
effet a été difficile à mettre au point et à régler. »
Pour protéger les
acteurs travaillant dans le bassin, souvent plusieurs heures
d’affilée, de grosses chaudières diesel ont maintenu l’eau à
une température relativement confortable de 27 degrés. Dans l’air
froid nocturne, cela formait de la vapeur qui venait ajouter à
l’atmosphère de la scène.
ÉCHELLES
ET DIMENSIONS
Bien loin de la
Hongrie, les paysages urbains et campagnards que l’on peut voir à
l’horizon dans le film ont été créés en miniature par l’équipe
de Weta Workshop en Nouvelle-Zélande. Denis Villeneuve affirme :
« Le terme miniature est réducteur : certaines de ces
maquettes étaient absolument gigantesques ! »
Alex Funke,
directeur de la photo chez Weta, confirme : « Nous avons
construit la Tour Wallace – qui est dans le film l’un des plus
hauts buildings sur Terre – à l’échelle 1/600e, et
même ainsi, elle mesurait quand même près de quatre mètres de
haut ! Pour chaque décor, on adaptait l’échelle parce qu’il
fallait prendre un tas de choses en compte : à quelle distance
la caméra allait s’approcher, quelle serait la texture en surface,
quelle taille l’objet était supposé avoir à l’échelle un. Et
question pratique : pourrait-on sortir la miniature de l’atelier
de construction pour la transporter jusqu’au studio ? L’énorme
« mesa d’ordures », par exemple, a été construite au
1/48e parce que cela donne des dimensions encore gérables.
Nous aurions bien aimé la construite au 1/24e, mais il
n’y aurait pas eu assez de place dans le studio ! »
Alors que la fin
du tournage approchait, Denis Villeneuve a commencé à se consacrer
au montage, en collaboration avec le chef monteur Joe Walker. Il a également
travaillé avec les compositeurs Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch
pour donner naissance à l’ultime élément créatif : la
musique.
Benjamin Wallfisch
se souvient : « Il y avait une incroyable camaraderie, une
magnifique connexion entre nous parce que nous aimions tous BLADE
RUNNER. Partant de là, la tâche était monumentale : il
fallait imaginer l’évolution musicale, trente ans après. »
Hans Zimmer
explique : « Il est très difficile de prendre la suite de
Vangelis, le créateur de la musique très évocatrice du premier
film. Son utilisation des synthétiseurs est entrée dans la légende.
Pour moi, il s’agissait de faire ce que Denis a réussi à
accomplir : reprendre l’ADN de ce qui a été fait et y
apporter une vision artistique complètement inédite. »
Dans cette
optique, l’une des premières décisions prises par les
compositeurs a été de préférer à une formation orchestrale
traditionnelle une bande originale basée sur les synthétiseurs.
Hans Zimmer explique : « Nous avons fait ce choix
artistique pour être sûrs que la musique serait cohérente avec
l’univers sonore de BLADE RUNNER. Si nous avions opté pour un
orchestre au grand complet, cela aurait donné un film très
différent. »
Benjamin Wallfisch
commente : « Notre mission était de trouver le cœur du
film, d’imaginer une analogie musicale à l’interrogation de K :
qu’est-ce qui définit l’être humain face à des réplicants si
sophistiqués qu’il est impossible de faire la différence ?
Quel serait le son de cette question ? C’était un vrai
processus de recherche et de découverte. Et quand nous sommes
arrivés finalement au thème le plus épuré possible, une mélodie
de quatre notes qui recèle une sorte de symétrie, il a ouvert la
porte à tout le reste de la musique. »
Outre la musique
de Zimmer et de Wallfisch, les cinéphiles pourront reconnaître
certains passages de « Tears in the Rain » de Vangelis
présents dans la bande originale de BLADE RUNNER. Ces notes
familières forment un pont oral entre les deux films.
Denis Villeneuve
confie : « Pour moi, BLADE RUNNER 2049 est une lettre
d’amour à BLADE RUNNER, et je sais que tous ceux qui ont travaillé
sur ce film ont été profondément inspirés par l’univers du
premier et par la vision de Ridley Scott. Même les gens qui ne
savent rien de cet univers vont découvrir que même s’il s’agit
effectivement d’un film de science-fiction, c’est avant tout un
drame humain poignant.
« Le propos
de l’histoire ne se concentre pas sur la technologie mais sur la
condition humaine, et c’est ce qui lui donne autant de puissance.
Je n’aurai pas la prétention de prédire ce que les gens
retiendront du film, mais ce que je peux assurer, c’est qu’ils
passeront un bon moment. J’espère vraiment qu’ils seront touchés
par le parcours de K. »
LA MUSIQUE
SUMMER WIND
Paroles et musique de
Johnny Mercer, Hans Bradtke et Henry Mayer
Interprétée par Frank
Sinatra
Avec l’accord de Frank
Sinatra Enterprises, LLC
Sous licence Universal
Music Enterprises
PIERRE ET LE LOUP
Composé par Sergei
Prokofiev
SUSPICIOUS MINDS
Paroles et musique de Mark
James
Interprétée par Elvis
Presley
Avec l’accord de RCA
Records
Et de Sony Music Licensing
KARMA DRAMA
Paroles et musique de
Kully Bharma
Interprétée par Kully B
et Gussy G
CAN'T HELP FALLING IN LOVE
Paroles et musique de
Luigi Creatore, Hugo Peretti, et George Weiss
Interprétée par Elvis
Presley
Avec l’accord de RCA
Records
Et de Sony Music Licensing
ONE FOR MY BABY (AND ONE
MORE FOR THE ROAD)
Paroles et musique de
Harold Arlen et Johnny Mercer
Interprétée par Frank
Sinatra
Avec l’accord de Frank
Sinatra Enterprises, Llc
TEARS IN RAIN (FROM "BLADE
RUNNER")
Composé par Vangelis
Avec l’accord de Warner
Bros. Entertainment Inc.
© Alcon Entertainment, LLC
Textes : Pascale & Gilles Legardinier
#BladeRunner2049
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