Biopic/Thriller/Policier/Bien mené & bien rythmé, Tom Cruise est très bon, super sympa !
Réalisé par Doug Liman
Avec Tom Cruise, Sarah Wright, Domhnall Gleeson, E. Roger Mitchell, Jesse Plemons, Caleb Landry Jones, Lola Kirke, Alejandro Edda...
Long-métrage Américain
Titre original : American Made
Durée : 01h55mn
Année de production : 2017
Distributeur : Universal Pictures International France
Date de sortie sur les écrans américains : 29 septembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 13 septembre 2017
Résumé : Trafiquant. Informateur. Patriote. L’un des hommes les plus fortunés de l’Amérique des années 80 est une personne dont vous n’avez jamais entendu parler. Avec son insolente démarche chaloupée et sa joie de vivre indécrottable, le pilote de la compagnie TWA : Barry Seal (Tom Cruise) faisait figure de héros dans sa petite ville paisible du Sud des États-Unis. À la grande surprise de sa femme Lucy (Sarah Wright Olsen), ce charmant entrepreneur et pilote respecté va devenir un acteur majeur d’un des plus gros scandales de l’histoire contemporaine.
Comment auraient-ils pu s’imaginer que ce qui avait commencé par l’acheminement clandestin de marchandise allait amener Barry à participer à la constitution d’une armée et au fi nancement d’une guerre ? Une fois impliqué dans les agissements douteux d’une division quelque peu obscure du gouvernement – transportant des caisses de fusils d’assaut AK-47 et de la cocaïne par kilos - le crack de l’aviation va se faire une fortune et devenir l’un des éléments-clés de l’affaire Iran-Contra, aussi connue sous le nom d’Irangate.
De la vente d’armes sous couvert de libération d’otages à l’assistance militaire secrète à des barons de la drogue latinoaméricains, Barry Seal devient un héros improbable travaillant à l’encontre du système. Mais, comment parvient-il à dormir sur ses deux oreilles ? Rien n’est illégal tant qu’on est du côté des gentils.
Comment auraient-ils pu s’imaginer que ce qui avait commencé par l’acheminement clandestin de marchandise allait amener Barry à participer à la constitution d’une armée et au fi nancement d’une guerre ? Une fois impliqué dans les agissements douteux d’une division quelque peu obscure du gouvernement – transportant des caisses de fusils d’assaut AK-47 et de la cocaïne par kilos - le crack de l’aviation va se faire une fortune et devenir l’un des éléments-clés de l’affaire Iran-Contra, aussi connue sous le nom d’Irangate.
De la vente d’armes sous couvert de libération d’otages à l’assistance militaire secrète à des barons de la drogue latinoaméricains, Barry Seal devient un héros improbable travaillant à l’encontre du système. Mais, comment parvient-il à dormir sur ses deux oreilles ? Rien n’est illégal tant qu’on est du côté des gentils.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : Doug Liman, le réalisateur, nous propose une version dynamique, colorée et pédagogique de la vie et de l'œuvre de Barry Seal, un trafiquant qui retourne sa veste aussi vite qu'il fait décoller ses avions. Il réussit à rendre le film fluide et clair par l'utilisation de croquis explicatifs, tout en gardant le cap en déployant la chronologie de son scénario, oscillant entre vie privée, accomplissement "professionnel" et Histoire. Il inclut tous ces sujets et nous entraîne dans cette aventure avec intensité et humour. Il nous offre de belles images qui feront plaisir aux amateurs d'aviation sur une bande son entraînante.
L'ensemble fonctionne parfaitement bien, l'ambiance de l'époque est parfaitement retransmise, le rythme ne faillit pas et on a vraiment plaisir à découvrir ce personnage hors du commun. Certes, Barry n'est pas un exemple à suivre, mais on peut dire qu'il a eu une vie bien remplie autant en actions qu'en émotions. Et il l'a vécue à sa façon. Le réalisateur ne moralise pas son scénario et nous laisse faire le bilan par nous-même.
Tom Cruise trouve en Barry Seal un rôle qui lui sied parfaitement. Il enfile ce costume de tête brûlée, pas mauvais gars dans le fond, mais pas trop regardant non plus sur les implications de ses actes. Il joue avec l'humour du personnage et le rend attachant. On ressent de l'empathie pour lui.
Domhnall Gleeson est lui aussi excellent dans le rôle de l'agent Monty Schafer, qui a du flair et est un bel embobineur carriériste.
Tout le casting tient parfaitement son rôle, sans aucune fausse note.
BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC ne ressemble pas aux biopics bancals et souvent ennuyeux. Bien que ce soit son thème, il s'en éloigne pour laisser l'aventure et l'humour prendre leurs envols. Le ton est léger, la forme dynamique et le fond est bien présent. C'est une réussite !
Doug Liman, le réalisateur, sur le tournage du film |
Tom Cruise trouve en Barry Seal un rôle qui lui sied parfaitement. Il enfile ce costume de tête brûlée, pas mauvais gars dans le fond, mais pas trop regardant non plus sur les implications de ses actes. Il joue avec l'humour du personnage et le rend attachant. On ressent de l'empathie pour lui.
Domhnall Gleeson est lui aussi excellent dans le rôle de l'agent Monty Schafer, qui a du flair et est un bel embobineur carriériste.
BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC ne ressemble pas aux biopics bancals et souvent ennuyeux. Bien que ce soit son thème, il s'en éloigne pour laisser l'aventure et l'humour prendre leurs envols. Le ton est léger, la forme dynamique et le fond est bien présent. C'est une réussite !
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Sous la forme d’une escapade
internationale, BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC raconte les exploits
incroyables mais vrais d’un pilote arriviste recruté de manière
inattendue par la CIA afin de mener à bien l’une des plus grosses
opérations secrètes de l’histoire des États-Unis.
Tom Cruise y retrouve Doug Liman, le
réalisateur d’EDGE OF TOMORROW (2014). Il est rejoint par les
acteurs Domhnall Gleeson, dans le rôle de l’agent Monty Schafer,
contact de Barry au sein de la CIA ; Sarah Wright Olsen, Lucy,
la femme de Barry ; E. Roger Mitchell, l’agent spécial du FBI
Craig McCall ; Jesse Plemons, Downing, le shérif de la petite
ville de Mena, dans l’Arkansas, qui regarde d’un œil douteux les
activités parallèles de Seal ; Lola Kirke, Judy Downing, la
femme du shérif ; Alejandro Edda, le narcotrafiquant colombien
Jorge Ochoa ; Benito Martinez, James Rangel, à la tête de la
DEA, le service fédéral de lutte contre le trafic de stupéfiants ;
Mauricio Majía, le célèbre narcoterroriste de Medellín Pablo
Escobar ; Caleb Landry Jones, JB, le frère cadet et
manipulateur de Lucy, et Jayma Mays, l’avocate Dana Sibota, bien
déterminée à mettre Barry derrière les barreaux une bonne fois
pour toutes.
Écrit par Gary Spinelli, le film est
produit par Brian Grazer d’Imagine Entertainment, récompensé aux
Oscars ; Tyler Thompson de Cross Creek Pictures ; Doug
Davison de Quadrant Pictures ; Kim Roth, Brian Oliver et Ray
Angelic. Doug Liman est assisté par une équipe technique composée
du directeur de la photographie César Charlone, du chef décorateur
Dan Weil, du chef monteur Andrew Mondshein, de la chef costumière
Jenny Gering et du compositeur Christophe Beck. Le film a pour
producteurs délégués Paris Latsis, Terry Dougas, Brandt Andersen,
Eric Greenfeld, Michael Finley, Michael Bassic et, Ray Chen, et comme
co-producteurs délégués Ryan Ahrens et Lauren Selig.
ONLY IN AMERICA : L’ÉLABORATION
DU FILM
En 2012, Doug Davison, de la société
Quadrant Pictures, était à la recherche de nouvelles idées de
films à développer. Il rencontre le scénariste novice Gary
Spinelli. Après quelques pitches dont aucun ne semble enthousiasmer
le producteur, Spinelli mentionne une dernière idée sur laquelle il
travaille alors. Ayant récemment vu ARGO (Ben Affl eck, 2012), il
s’était alors penché sur un autre scandale qui avait explosé à
la même époque et qui impliquait la CIA. Après quelques recherches
sur les acteurs-clés de l’affaire, il découvre alors l’existence
de Barry Seal, un personnage fascinant de l’histoire récente des
États-Unis, dont le bagou et le zèle avaient marqué tous ceux qui
l’avaient rencontré. « Gary a commencé à me décrire en
substance l’histoire de Barry et le déroulement de ses aventures.
L’homme n’était pas juste un trafiquant, c’était un mari et
un père de famille aimant qui menait une double vie », se souvient
le producteur. « Le genre d’histoire que j’avais clairement
envie de raconter ».
Le scénariste était fasciné par le
fait que Seal, de la fin des années 70 jusqu’au milieu des années
80, s’était quotidiennement et impunément livré à des activités
tout ce qu’il y a de plus illégales, ce qui semblait impossible de
nos jours. Nous vivons aujourd’hui dans un monde où prône la
transparence, nous sommes soumis à un fl ux constant d’informations,
et scandales et complots se déroulent en direct. « LES AFFRANCHIS
(Martin Scorsese, 1990) est un de mes films préférés. J’étais à
la recherche d’une histoire semblable, un détail caché de notre
histoire récente, quand je suis tombé sur ce qui allait devenir
BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC », se souvient Gary Spinelli. «
Des agissements a priori mineurs qui ont participé à des événements
majeurs, quand je suis tombé sur l’histoire de Barry Seal, à
Mena, dans l’Arkansas ». Six mois durant, producteur et scénariste
se sont documentés sur tout ce qui avait trait à Seal. Au cours de
leurs recherches, ils ont découvert les multiples facettes de la vie
du pilote, ses connexions avec le gouvernement américain et son
double jeu avec les Colombiens et le cartel de Medellín. Seal avait
eu un rôle déterminant dans le scandale qui allait entacher les
deux mandats de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis.
Doug Davison se souvenait de l’affaire
Iran-Contra comme d’un épisode confondant et complexe de
l’histoire du pays. « Ce qui a retenu mon intérêt dans
l’histoire de Barry, c’est qu’il travaillait pour notre
gouvernement, l’aidant à financer les efforts militaires des
Contras », déclare-t-il. Seal saisissait toutes les opportunités
lucratives qui se présentaient à lui, illégales ou non. Il menait
une vie trépidante et a, d’une certaine façon, « aidé » le
gouvernement à accomplir l’équivoque mission d’armer les
guérilleros nicaraguayens contre les sandinistes de Daniel Ortega.
En élaborant son scénario, Gary Spinelli a découvert dans ce
personnage exalté un protagoniste de cinéma qui, selon les
personnes interrogées, s’avérait être une fripouille, un
opportuniste, un trafiquant de drogue, un marchand d’armes et un
individu complexe gouverné par une multitude de considérations.
Quoi qu’il en soit, Seal se
présentait comme un homme avenant, et apparemment assez naïf quant
à la portée de ses exploits : il était difficile de ne pas le
trouver sympathique. « Une des caractéristiques les plus étonnantes
de Barry tient au fait qu’il n’ait jamais blessé ou violenté
personne, et qu’il soit devenu l’un des plus importants
trafiquants de drogue au monde. Je crois qu’à ce jour, personne ne
l’a encore surpassé », commente le scénariste. Les informations
réunies, Gary Spinelli prit quelques mois pour retravailler le
scénario. Doug Davison le fit alors parvenir à son amie, la
productrice Kim Roth, directrice de la production à Imagine
Entertainment, qui craqua pour l’histoire et rejoignit au projet,
avec son collègue, le producteur de renom Brian Grazer, lui-même
fort intrigué par le parcours de Seal. Avec à son actif, une
galerie impressionnante de personnages complexes, aux destins hors du
commun, d’AMERICAN GANSTER (Ridley Scott, 2007) à 8 MILE (Curtis
Hanson, 2002), en passant par UN HOMME D’EXCEPTION (Ron Howard,
2002), Brian Grazer avait trouvé avec Barry Seal son nouvel
antihéros.
Pour Kim Roth, Seal l’impressionnait
d’abord par son audace et sa truculence : «où qu’il se
rende, qui qu’il rencontre, Barry parvenait toujours à convaincre
l’assemblée. Garry s’est emparé de cette histoire à la minute
où il l’a dénichée sur Internet. Son rôle est inestimable. Il
était présent tout au long du tournage, travaillant étroitement
avec Tom et Doug, peaufinant chaque détail ». Le Tom et le Doug
dont elle parle ne sont autres que la superstar internationale Tom
Cruise et le prestigieux réalisateur Doug Liman, qui ont
préalablement collaboré sur le film EDGE OF TOMORROW et
qui étaient à la recherche d’un
nouveau projet en commun. Quand Brian Grazer leur a envoyé le
scénario de BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC, ils ont tout de
suite compris qu’ils tenaient une pépite.
Naturellement, le ton de l’histoire
fut infl uencé par l’arrivée de l’acteur, du réalisateur et
des producteurs. « Nous sommes passés d’un biopic à quelque
chose de plus léger et drôle, une tranche de vie durant laquelle
les choix de Barry faisaient prendre une certaine tournure aux
événements. Tom et Doug étaient le duo idéal pour donner corps à
cette histoire », se félicite Doug Davison. Brian Grazer a toujours
été supporter des individus qui se rebiffent contre le système et
il savait que Doug Liman serait l’homme de la situation pour la
production de taille qui se préparait : «le travail de Doug
est inclassable. Certains réalisateurs se sont constitué une
étroite zone de confort dans laquelle ils évoluent, mais quelque
part, Doug me fait penser à Barry : il défie les règles,
l’autorité, il prend des risques, et refuse de se répéter. Il ne
faisait aucun doute qu’il saurait donner vie au brillant scénario
de Gary, et que si nous avions la chance d’obtenir la participation
de Tom, BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC serait un film audacieux
et original ».
Quant au réalisateur, qui décrit le
film comme « un sympathique mensonge tiré d’une histoire vraie »,
il reconnaît qu’il a toujours apprécié les héros improbables
qui opèrent à revers du système. « Barry Seal a entraîné le
gouvernement, et notre pays, dans une virée incroyable »,
s’amuse-t-il à dire. « Son histoire offre tous les éléments
nécessaires pour un film qui combine à parts égales, suspense,
satire et comédie, et n’a de cesse de nous surprendre ».
Les producteurs découvrirent bientôt
qu’ils n’étaient pas les seuls à s’intéresser à la façon
dont les opérations secrètes étaient menées à ce niveau de
l’état. Le père du réalisateur, Arthur L. Liman s’avère avoir
été le principal conseiller de la commission d’enquête que le
Sénat a demandé sur les circonstances de l’affaire Iran-Contra.
Il a lui-même interrogé le lieutenant-colonel Oliver North lors des
audiences donnant d’autant plus de valeur à ce projet pour son
fils, qui ne manqua pas de discuter avec lui de l’absurdité des
tactiques mises en œuvre par le gouvernement de l’époque. Doug
Liman appréciait tout particulièrement le fait que, contrairement à
quantité d’autres films qui s’intéressent à des individus dont
le gouvernement a usés et abusés, l’histoire de Seal est celle
d’un homme « qui a arnaqué la Maison Blanche. Barry est une sorte
de zélote qui a croisé la route de certaines figures majeures des
années 80, de Ronald Reagan à Manuel Noriega, en passant par Bill
Clinton et Oliver North ».
À l’image de la success story
américaine par excellence, Seal a été recruté par la CIA pour
surveiller les activités communistes en Amérique centrale, et au
final, pour livrer des armes aux contrerévolutionnaires
nicaraguayens s’opposant au gouvernement sandiniste. Les États-Unis
menaient alors deux guerres de front, une contre la drogue et une
autre contre le communisme, et Barry Seal était au fait de l’une
comme de l’autre. « C’était un véritable opportuniste, avec un
avion rentrant à vide », explique Doug Liman. « Si la marchandise
devait absolument être livrée le lendemain, et que c’était
illégal, Barry était votre homme. Comme il travaillait sous couvert
de la CIA, il pouvait entrer et sortir du pays à sa guise. Et comme
cela n’avait aucun sens de voler à vide, autant rapporter de la
drogue. Il s’est donc retrouvé à travailler parallèlement pour
le gouvernement américain et pour les barons colombiens de la
drogue, à l’insu de l’un et de l’autre. Il était ainsi
doublement de mèche et s’est énormément enrichi. Mais il n’a
jamais vraiment agi par cupidité. Son moteur, c’était
l’excitation que cela lui procurait, la bravade et le fait de s’en
tirer avec un looping ».
L’histoire de Seal est tellement
ahurissante qu’elle invite à la comédie et suppose une certaine
dose d’ironie. « Doug n’est pas seulement un grand cinéaste et
un fin conteur, le contexte politique et historique dans lequel Barry
évoluait, l’attirait depuis longtemps. Il a vu dans son histoire
la possibilité de raconter nombre d’aventures et d’escapades
avec humour, en adoptant le point de vue de l’intéressé », nous
confie Kim Roth. Tom Cruise et Doug Liman sont tous deux pilotes. Par
analogie peut-être, ils se sont attachés à l’humanité de Barry,
qui tente de garder un semblant de vie normale malgré les risques
qu’il prend. Barry est très amoureux de sa femme Lucy. Il est prêt
à tout pour son bonheur et celui de leurs enfants. Leur couple est
gouverné par la passion, et par la raison. Les personnages sont
certes inspirés des Seal, comme pour tout film, mais les cinéastes
se sont aussi autorisés une certaine licence artistique.
Tom Cruise reconnaît que cette
incroyable histoire l’a d’abord intéressé parce qu’il n’avait
jamais croisé de personnage comme Seal auparavant. « Mark Twain
(l’auteur, entre autres, des Aventures de Tom Sawyer) est l’un de
mes romanciers favoris, et j’ai l’impression qu’il a infl uencé
l’écriture de Gary. Barry Seal a vécu un moment unique de
l’aviation, qu’on ne connaîtra plus. Sa vie est remplie
d’aventures inouïes. C’est un personnage qui a fl irté avec
l’Histoire ». Mais l’acteur était tout autant intrigué par la
nature ambivalente de ce héros improbable que par sa singularité :
«Barry était un pilote hors pair et un mari et père de famille
aimant. Mais il avait cette soif d’aventures. Il vivait au-dessus
des lois, en dépit des règles. Ce n’est plus possible
aujourd’hui, tout est contrôlé, institutionnalisé. L’espace
aérien est sur-surveillé, scruté au peigne fin. Ce que lui et ses
pilotes se sont permis de faire semble dément ».
Et le niveau d’implication de la star
et du cinéaste a largement impressionné les producteurs. « Pour
les suivre, mieux vaut ne pas être faible de constitution. Ils sont
infatigables et tenaces. Leur étique de travail est édifiante »,
commente Kim Roth. « L’énergie qu’ils déploient est
impressionnante », renchérit Doug Davison : « c’est excitant, et
ça va très vite. Doug avait annoncé dès le début qu’il voulait
que ce tournage soit une véritable aventure pour toute l’équipe.
Il a tenu sa promesse ». Durant le tournage en Géorgie, acteur,
réalisateur et scénariste partagèrent la même maison, échangeant
et affinant leurs idées jusqu’à tard dans la nuit, pour être à
nouveau opérationnels le lendemain à l’aube. Selon les mots de
Doug Liman, « c’était un camp d’entraînement-atelier de cinéma
comme je n’en avais jamais connu auparavant ».
Tyler Thompson de Cross Creek Pictures,
et son ex-collègue Brian Oliver, responsables en autres de la mise
en œuvre de BLACK SWAN (Darren Aronosfky, 2010), EVEREST (Baltasar
Kormákur, 2015) et STRICTLY CRIMINAL (Scott Cooper, 2015), vinrent
compléter l’équipe de production. Tyler Thompson, intrigué par
l’histoire de cet antihéros de Bâton Rouge, appréciait tout
particulièrement l’irrévérence et l’humour que l’équipe
créative avait su insuffl er au projet : «Gary et Doug ont
formidablement su définir et rendre compte de l’essence de Barry
Seal. C’était enthousiasmant et nous avons immédiatement voulu
être de la partie. Nous avons des racines en Louisiane, nous
connaissons des gens qui ont connu Barry ».
Durant la préparation du film, Kim
Roth rencontra Debbie Seal, avec l’espoir annoncé d’obtenir sa
bénédiction et d’entendre ses souvenirs et ses réfl exions sur
la vie du couple et de leur famille. La veuve de Barry partagea
généreusement nombre de photos et de vidéos. Au cours de cette
rencontre, il s’avéra évident que Barry était encore et toujours
l’homme de sa vie. « Nous avons toujours voulu aborder cette
histoire avec respect, en évitant de juger ou de condamner »,
explique la productrice.
Pour Tom Cruise, ce travail long et
passionné n’aurait pas été possible sans l’implication de ses
colocataires occasionnels, Gary Spinelli et Doug Liman. « Je ne fais
pas juste des films pour faire des films », déclare l’acteur qui
a lui-même piloté certains avions du film. « Le cinéma et le fait
de raconter des histoires me passionnent. Je veux donner le meilleur
de moi-même et m’entourer de gens qui partagent cette passion et
cette soif d’essayer, d’explorer ».
AGENTS FÉDÉRAUX ET NARCOTRAFIQUANTS :
LE CASTING
Pour incarner Lucy Seal, mariée à une
fripouille dont elle était irrémédiablement amoureuse, l’équipe
se tourna vers Sarah Wright Olsen qu’on a récemment pu voir dans
BLACKOUT TOTAL (Steven Brill, 2014) et la série "Marry Me"
(2014-15). Originaire du Kentucky, l’actrice n’eut que peu de
difficultés à appréhender son personnage et son accent. « Sarah
s’est emparée du rôle. Elle est drôle, généreuse, sincère.
Dès les premières répétitions, elle nous a fait rire et pleurer
en l’espace d’une scène », se souvient Kim Roth. Connu pour ses
personnages féminins bien trempés, le réalisateur déclare : «
dans mes films, les femmes ont tendance à être plus fortes que les
hommes ».
Dans le cas de Lucy Seal, quand
l’histoire commence, elle apparaît de prime abord comme un
personnage assez fade, mais au cours des épreuves et des
vicissitudes de son mariage avec Barry, la vraie nature de Lucy se
révèle et on prend conscience de ce dont elle est capable pour
protéger sa famille. Quand Doug Liman rencontra son interprète, il
fut immédiatement frappé par ses origines, son entrain et son
talent. « Je me suis dit : c’est cette attitude des gens du
Sud que je veux voir dans le film, et dans ce personnage.
Sarah donnait la réplique à l’une
des plus grandes stars du monde, et dès le début, quand le
tempérament de Lucy ne s’est pas encore révélé, elle avait déjà
cet aplomb qui correspondait exactement à ce que je cherchais. Elle
occupait tout l’écran. C’était incroyable à voir ». Comme on
l’a dit précédemment, le couple que formaient les Seal était mu
par la passion, et par un sens pratique. Quand les revenus du foyer
augmentent soudainement et considérablement, Lucy est immédiatement
suspicieuse des activités de Barry et lui demande d’y mettre fin.
Pour l’actrice, l’attrait de Lucy tient dans sa pugnacité.
« Barry est dingue de Lucy et elle est
le pouls de cette relation. Elle maintient leur famille unie, pour le
meilleur et pour le pire ». Ce qui amène l’actrice à l’une de
ses scènes préférées, juste après que les Seal aient
soudainement eu à déménager de Louisiane en Arkansas au beau
milieu de la nuit : «Lucy se retrouve dans une maison vide.
Elle est désorientée et contrariée. Elle passe un savon à Barry,
ce que toute femme aurait envie de faire à un moment pareil. Puis,
ils ont une conversation normale sur les menues choses qu’elle
souhaiterait : une cuisinière, un réfrigérateur, des lits
pour les enfants. À ce moment, on comprend qu’elle se fiche des
diamants, de l’or et du luxe. Elle veut seulement subvenir aux
besoins de ses enfants. C’est un moment clé dans leur relation ».
Domhnall Gleeson qui interprète
l’agent de la CIA Monty Schafer, dévoile ici une nouvelle facette
de son talent, après ses rôles dans INVINCIBLE (Angelina Jolie,
2014), IL ÉTAIT TEMPS (Richard Curtis, 2013) et EX MACHINA (Alex
Garland, 2014). Schafer voit en Barry Seal une chance de promotion,
voire plus, et l’utilise autant qu’il le peut. Doug Liman aimait
cette idée d’un adversaire puissant et parfaitement inattendu, il
voyait dans le jeune irlandais un rival idéal. « Je ne voulais pas
tomber dans le cliché de l’agent à la fois référent et rival,
entouré d’écrans d’ordinateurs et d’une armada de collègues
et de subalternes », commente le réalisateur. « Je me suis dit :
et s’il s’agissait d’un employé de la CIA dans un box, prêt à
saisir n’importe quelle opportunité et déterminé à ne laisser
personne lui barrer la route ? Domhnall est bluffant, de ce box
émerge une force avec laquelle il faudra compter ».
Pour se préparer, l’acteur lut
plusieurs autobiographies d’anciens agents de la CIA. À propos du
scénario, il déclare : «il était très agréable à lire,
d’un ton enjoué, avec une histoire totalement délirante et pleine
de suspense. Mais l’idée que l’homme est un loup pour l’homme
plane sur tout le film. Je pense que c’est une vérité plus
répandue qu’on ne veut bien l’admettre, dans la façon dont les
pays sont gouvernés et dont le monde fonctionne en général ».
Quant à E. Roger Mitchell, qu’on a pu voir dans ALL EYEZ ON ME
(Benny Boom, 2017) et EQUALIZER (Antoine Fuqua, 2014), et qui
interprète l’agent McCall, du FBI, il nous confie : «Tom et
Doug finissent les phrases l’un de l’autre. Ils sont prêts à
tout essayer pour trouver le ton juste. La confiance qu’ils se
portent mutuellement est palpable ».
Quant à Jesse Plemons, qui joue le
shérif de la petite ville de Mena - 900 âmes, il se lie d’amitié
avec Barry à son arrivée. Avec l’actrice Lola Kirke qui joue sa
femme, ils ont imaginé le passé de leurs personnages, qui pour eux
sont ensemble depuis le lycée. L’actrice commente : «
l’histoire de Barry se résume à la citation d’Oscar Wilde :
"dans ce monde, il n’y a que deux tragédies: l’une consiste
à ne pas obtenir ce qu’on désire et l’autre à l’obtenir"
». Dans le rôle de JB, le frère cadet de Lucy Seal, on retrouve
l’énigmatique Caleb Landry Jones. JB voit dans les nouvelles
opportunités qui s’offrent à son beau-frère, une aubaine pour
lui. Pour entrer dans la peau de son personnage qui arbore une coupe
mulet de toute beauté, l’acteur s’est plongé dans le rock des
années 80, s’inspirant d’Alice Cooper et d’Andrew Dice Clay.
Pour sa partenaire de jeu et grande sœur à l’écran : «Caleb
à l’art d’être simultanément un ange et un semeur de trouble,
comme si un rien pouvait le faire basculer ».
Et pour épauler la distribution
principale, on découvre Alejandro Edda, dans le rôle du
narcotrafiquant colombien Jorge Ochoa ; Benito Martinez qui
interprète James Rangel, à la tête de la DEA ; Mauricio
Mejia, en Pablo Escobar, et Jayma Mays, l’avocate Dana Sibota. Ceux
qui assistent Barry dans l’acheminement de ses cargaisons incluent
Jayson Warner Smith (Bill Cooper), Mark McCullough (Pete), Robert
Kinter et Stanton Kowalychk (deux des pilotes Snowbirds de Barry) et
Emilio Sierra (Hector).
LE TOURNAGE EN GÉORGIE : LES
DÉCORS
BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC suit
la famille Seal de la fin des années 70 à 1986, période durant
laquelle on voit s’amasser leur fortune. 1981 est une année
charnière pour eux, lorsqu’ils doivent lever le camp au milieu de
la nuit, déménageant de Bâton Rouge (Louisiane) à Mena
(Arkansas), avec l’aide de la CIA qui permet ainsi à Barry de
mener ses opérations à l’abri des regards indiscrets des
autorités fédérales et de l’état. Avec un mois de temps alloué
et une bonne dose de magie cinématographique, le chef décorateur
Dan Weil et son équipe transformèrent la petite ville de Ball
Ground, dans l’état de Géorgie, en Mena, version 1981. L’équipe
du film, comptant plus de 300 personnes, investit Ball Ground cinq
semaines durant.
Cette petite communauté de 1900 âmes
se situe dans le comté de Cherokee, à une heure de route environ du
centre d’Atlanta. Avec la chaîne des Appalaches en toile de fond,
l’équipe tourna au centre-ville de Ball Ground, à l’aéroport
du comté, et dans une maison située aux alentours, dans la ville de
Cumming.
Quand Doug Liman découvrit la rue
principale impeccablement préservée de Ball Ground, il comprit que
c’était le lieu rêvé pour recréer le Mena de 1981, avec ses
magasins d’antiquités et de brocantes et ses quelques cafés
parsemés le long de Gilmer Ferry Road. En accord avec les
représentants locaux, l’équipe entreprit de transformer la
pittoresque rue principale d’un style semi-moderne à un style
rétro. Il fallut cinq mois, entre le premier coup de fil aux élus
de la ville et le premier coup de manivelle, pour accomplir cette
métamorphose.
La population locale ne cacha pas son
enthousiasme, fabriquant des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire
« Ball Ground : la capitale mondiale du cinéma ». Afin de
donner aux rues un aspect vieillot, on saupoudra les trottoirs de
sable. Toute la signalétique et les panneaux modernes furent enlevés
et remplacés par des équivalents d’époque. Pour les besoins de
l’histoire, plusieurs banques durent être recréées, plus rétro
les unes que les autres. Weil utilisa des magasins existants, parfois
abandonnés et leur offrit un véritable lifting. L’équipe
installa aussi 26 cabines téléphoniques dans les rues de la ville
pour les coups de fil que Seal ne peut pas passer ou recevoir à la
maison. Du temps et de la persévérance furent nécessaires pour
trouver ces pièces de mobilier urbain vintage dans un état
convenable.
La productrice Kim Roth nous confie :
«le vrai Barry Seal se promenait avec un étui d’appareil photo
rempli de pièces pour pouvoir passer ses coups de fil ». Pour le
bureau du comté de Polk dans lequel travaille le shérif Downing,
l’équipe choisit de l’installer dans un mobile home et, comme
par miracle, un superbe spécimen, avec marches d’accès et drapeau
américain en prime, trônait au beau milieu du centre-ville, près
de la voie ferrée. L’intérieur fut doté d’une machine à
écrire électrique IBM, d’un transistor Channel Master, de
téléphones fixes avec câbles en spirale et d’une grande photo en
noir et blanc du centre de Mena dans les années 80.
Non loin du bureau/mobile home du
shérif se trouve sa maison, dont l’intérieur est un fl ash-back
vers une époque reculée de la technologie où les spectateurs
pourront repérer une console de jeux Intellivision, un
magnétocassette et un circuit électrique pour enfants Hot Wheels.
L’équipe des décors réalisa les devantures de plusieurs des faux
magasins et commerces (Royale Global, Royale Sports, Royale
Televisions et Royale Liquor) dont Barry se servait pour couvrir ses
activités illégales. « Ça ressemble à des peintures de Norman
Rockwell. Comment pourrait-on imaginer que des armes et de la drogue
transitaient par cette petite ville paisible ? », commente la
productrice.
Les atouts supplémentaires de Ball
Ground : sa forêt avoisinante, qui servit de doublure pour la
petite chaîne de montagnes Ouachita, terrain d’entraînement des
Contras, et la proximité de l’aéroport de Cherokee, avec le
hangar de Rich Mountain Aviation dans lequel Barry et ses pilotes
chargent et déchargent la marchandise en provenance ou à
destination de l’Amérique latine. Ce repaire fut doté des
attributs de rigueur : billard, fl ipper, baby-foot, jeu
Pac-Man, Rubik’s cube, ghetto-blaster et posters de pin-ups au look
des années 80. La signalisation de Rich Mountain Aviation est une
reproduction de celle aperçue dans un documentaire sur Barry Seal,
ces décors et accessoires sympathiques étant en complète
contradiction avec la triste nature des activités qui se tramaient
dans le hangar, où l’on découvre des fusils d’assaut AK-47 et
des kilos de cocaïne.
L’aéroport de Cherokee servit
également de doublure à celui de Los Brasiles à Managua
(Nicaragua) où furent prises les célèbres photos de surveillance
de Jorge Ochoa et Frederico Vaughan avec Seal. La maison des Seal à
Mena fut reconstituée à Cumming. D’abord d’un vert terne quand
la famille s’y installe, la maison subit d’importantes
transformations à mesure que la fortune de Barry s’amoncelle. Au
cours d’un long week-end de labeur, l’équipe de Dan Weil
transforma les lieux en une demeure rose à moulures blanches, dotée
d’un jardin impeccablement entretenu, d’un minigolf, de statues
ostentatoires, d’une toiture en terre cuite et d’une écurie pour
les animaux des enfants. Avant que Barry Seal ne commence à se faire
un maximum d’argent, il vivait avec sa famille dans une modeste
maison à Bâton Rouge.
Les scènes d’intérieur et
d’extérieur furent tournées dans la petite ville de Roswell, en
Géorgie, qui accueillit le premier des 39 jours de tournage dans la
région. Rideaux orange, boiseries laquées, papier peint et cheminée
en brique constituaient le décor idéal pour accueillir le canapé
en cuir et le service de table en plastique blanc, avec dans la
chambre du couple, un lit à baldaquin en satin bordeaux, sans
oublier le poste de télévision Zenith, le must de l’époque. Le
producteur Doug Davison explique ce souci des détails : «il
existe une vraie nostalgie pour cette époque. Tous ces objets de la
fin des années 70 – début des années 80 nous sont encore
familiers, tout en étant totalement déconnectés de notre quotidien
actuel ».
Autres lieux de tournage en Géorgie De
retour de Ball Ground, le tournage se poursuivit à Atlanta où les
bâtiments de l’académie de médecine Georgia Tech servirent de
doublure à la Maison Blanche. Le restaurant Evans Fine Foods à
Decatur, à 10 km au nord-est d’Atlanta, devint une Waffl e House
(Maison de la Gaufre), combiné avec l’extérieur d’une réelle
Waffl e House, à Norcross, un peu plus au nord. Le décor de la
chambre de motel de Seal fut aménagé au Cheshire Motor Inn, alors
que le bar bicentenaire près de l’aéroport est réellement le
Havana Club de Piedmont Road, et la bijouterie de Miami, celle de
Brown & Co. Jewelers, le long de Peachtree Road, à Atlanta.
L’équipe s’aventura encore à
Madison, à quelque 100 kms à l’est d’Atlanta, pour filmer
l’intérieur et l’extérieur de son magnifique tribunal,
construit en 1905. Quelques scènes de vol furent tournées au musée
de la compagnie Delta à Atlanta, qui abrite le seul simulateur de
vol accessible au public aux États-Unis et ayant servi à la
formation de nombreux pilotes, et notamment à l’intérieur et à
l’extérieur d’un DC-10 de 42 ans. Pour les scènes en studio,
l’équipe investit l’Atlanta Media complex, dans la région de
Norcross. Enfin, plusieurs scènes d’intérieur dans la maison
rénovée des Seal, dont celle du matin de Noël, furent filmées
dans une maison sur Rembrandt Street, dans le quartier de Buckhead à
Atlanta, où réalisateur, scénariste et acteur partageaient aussi
leurs quartiers.
DES COUPS DE PIED DANS LA POUSSIÈRE :
LES COSTUMES
La chef costumière Jenny Gering,
connue pour son travail sur la série située dans les années 80, «
The Americans » (2013-16), est allée chercher du côté des
vêtements vintage pour constituer la garde-robe de BARRY SEAL :
AMERICAN TRAFFIC. À cette époque, quel mec du Sud qui se respecte
n’arborait pas un jean bien moulant ? Pas d’exception pour Tom
Cruise en Barry Seal, sans oublier la paire de santiags, la veste en
cuir à revers et les chemises à boutons-pressions de rigueur.
Ajoutez une paire de rouflaquettes et un bip vissé à la ceinture,
et le tour est joué.
Quand les revenus de Barry viennent à
augmenter considérablement, il demande à sa femme de s’adapter à
leur nouveau standing et de revêtir la parure d’une femme aisée,
ce à quoi elle s’oppose tant bien que mal. Au début du film,
quand on découvre Lucy, elle arbore le style tout ce qu’il y a de
plus banal des filles du coin, adoptant petit à petit des tenues
plus tape-à-l’œil, avec lunettes de soleil design et bijoux de
luxe. Les pilotes, surnommés les Snowbirds, que Barry recrute pour
l’aider à acheminer ses cargaisons entre les États-Unis et
l’Amérique latine, ressemblent eux aussi à des cowboys, avec
quelques attributs de style, comme un boa constrictor, une guitare
sèche ou un iguane. « J’ai adoré habiller les Snowbirds »,
avoue la chef costumière. « Jayson Warner Smith (Bill Cooper) en
surfeur, avec mini-short et chemises hawaïennes, me fait penser à
l’oncle ou le cousin un peu dingue qu’on a tous dans notre
famille, et Mark McCullough (Pete) sait porter une paire de jean
Wranglers comme personne !»
L’acteur Domhnall Gleeson s’est
aussi aventuré dans plusieurs friperies d’Atlanta. Il y a dégotté
quelques pièces rares, dont un blazer bleu qu’il porte dans le
film, et que l’équipe des costumes a reproduit à l’identique. «
Un grand merci à Jenny et toute son équipe », professe l’acteur.
« Avec sa garde-robe changeante, ils ont largement contribué à
rendre compte de la versatilité de Schafer ». Mais le personnage de
JB reste l’un de ceux que la chef costumière a eu le plus de
plaisir à peaufiner, avec ses débardeurs courts, ses jeans coupés
et sa coupe nuque longue passablement propre. Elle avoue :
«Caleb ressemble à un grand ado efflanqué. Il n’a aucune
inhibition : un vrai bonheur pour moi ».
À L’AMÉRICAINE : LES VOITURES
ET LES AVIONS
Les voitures La mission de dénicher
les voitures d’époque revint au coordinateur des véhicules Tim
Woods, qui chercha tous azimuts, dans la région d’Atlanta, comme
sur E-Bay ou Craigslist. Naturellement, les belles américains ne
devaient avoir subi aucune modification. Un des objets de sa quête :
le modèle Trans-Am légendaire, apparu dans le film COURS APRÈS MOI
SHÉRIF (Hal Needham, 1977), avec Burt Reynolds. Pour briller à
l’écran et permettre aux acteurs de travailler en toute sécurité,
ces voitures de 30 ans (et plus) furent repeintes et largement
révisées.
Le reste de l’équipe ne put que
constater l’excellente remise en état de ces voitures mythiques,
dont une Corvette Stingray de 1970 (bleu marine avec intérieurs
noirs), un Cadillac Seville de 1982 (deux tons de bleu) que Barry
offre à Lucy, et une Mercedes 450 SL de 1984 (crème). Les autres
véhicules du film incluent la Ford Pinto de Judy Downing, l’AMC
Gremlin verte de JB, le minibus Volkswagen des Snowbirds, la Ford LTD
marron de McCall et toutes les voitures de police d’époque. En
plus des voitures sélectionnées par Tim Woods, les figurants
étaient encouragés à venir avec leurs propres véhicules vintage,
et certains de ces bijoux d’un autre temps sont fièrement
présentés par leurs propriétaires dans le film.
Les avions Pilotes confirmés et
passionnés, Doug Liman et Tom Cruise étaient particulièrement
attachés à la place et à l’utilisation des avions dans le film.
L’habileté de la star a largement impressionné son réalisateur :
«Tom a accompli lui-même toutes les scènes de vol, il a même
acheminé un de nos avions jusqu’en Colombie. Ce sont de petits
appareils, et on pourrait se dire : tu parles d’un coup ! Mais
c’est justement le genre d’avions que Barry pilotait. Il faisait
des vols de 10 heures dans de petits coucous. Barry partait avec des
réserves de carburant, Tom a lui fait des escales pour se
ravitailler. Pas moi, j’ai pris un vol Delta !»
Quant au coordinateur aérien Frederic
North, qui a œuvré sur plus d’une centaine de films, il déclare :
«c’était une nouvelle expérience pour moi, de travailler avec un
acteur principal qui a un tel savoir-faire et une telle passion pour
l’aviation. Tom était bien conscient que Barry avait l’habitude
de voler à basse altitude, et il était tout à fait prêt à
relever le défi ».
Il revenait à Fred North de trouver
les différents appareils requis, tous fabriqués entre 1967 et 1975.
Dans le film, Tom Cruise pilote ainsi un Aerostar 600 à six places,
et un Cassna 414, contenant jusqu’à 8 passagers. Il avait toujours
Doug Liman pour co-pilote. Mais la véritable star du film est le
Fairchild C-123, surnommé la « grosse dame » et prêté par le
musée de l’aviation de Beaver County, en Pennsylvanie. Cet
appareil, également surnommé le « cochon du tonnerre », pèse 16
tonnes à vide et peut voler à une vitesse maximale de 367 km/h. Il
a été retiré de la circulation en 1981 mais a encore fait des
apparitions remarquées au cinéma, déployant ses 33 m d’envergure
et ses 24 m de long, notamment dans AIR AMERICA (Roger Spottiswoode,
1990), avec Mel Gibson et Robert Downey, Jr. et dans LES AILES DE
L’ENFER (Simon West, 1997), avec Nicholas Cage, John Malkovich et
John Cusack. Les avions des Snowbirds sont un monomoteur Piper
Comanche, un Beechcraft Bonanza, et un Cessna 150.
Le scénariste rappelle l’importance
des avions dans l’histoire : «Barry a fait de nombreuses
vidéos amateur. Il y a une multitude de cassettes VHS qui montrent
sa famille, mais il a également filmé ses parachutages de drogue,
fait des vidéos d’initiation au largage de cocaïne en plein vol,
en expliquant la coordination nécessaire avec les personnes au sol
». Pour une scène très risquée, une grue hydraulique fut
construite pour soutenir la carlingue du Cessna de Barry et permettre
aux Seal de tester le coït en apesanteur.
LES PRISES DE VUES
Producteurs, réalisateur et star
avaient été séduits par le travail du chef opérateur César
Charlone sur le film de Fernando Meirelles, LA CITÉ DE DIEU (2002).
Ils avaient conscience que son style réaliste et cru serait un atout
majeur pour leur film. « Une importante partie de l’histoire se
déroule en Amérique du Sud et la présence de César s’imposait
d’elle-même », commente Doug Davison.
Mais sa consœur Kim Roth reconnaît :
«César était un peu notre joker. Aucun de nous n’avait travaillé
avec lui, ni ne l’avait rencontré. C’est un magicien qui tourne
constamment. Il a largement contribué au rythme et à l’énergie
de ce film ». Pour réaliser ce tour de force, et de magie, César
Charlone a utilisé les caméras Arri Alexa XT et Alexa M. L’Alexa
M est une toute petite tête de caméra reliée à son corps par un
câble de 12 m, permettant ainsi une grande liberté de mouvements et
une utilisation dans des lieux exigus. Armé de lunettes Cinemizer
OLED de Zeiss, le directeur de la photo pouvait vérifier le cadre et
l’image sans avoir à s’encombrer d’un moniteur vidéo. En
post-production, l’étalonneur apporta une teinte spécifique aux
différentes périodes que couvre le film, des débuts de Barry comme
criminel à son apothéose.
EN QUÊTE D’AUTHENTICITÉ : LE
TOURNAGE EN COLOMBIE
Pour tourner les scènes qui se
déroulent en Amérique latine, l’équipe se rendit en Colombie au
cours du mois d’août 2015. Tom Cruise, Sarah Wright Olsen,
Domhnall Gleeson et Alejandro Edda, qui avaient déjà tous tourné
ensemble à Atlanta, étaient du voyage, fl anqués naturellement du
réalisateur, du scénariste et des producteurs. Ils furent rejoints
sur place par les acteurs colombiens, dont Mauricio Mejía, qui
interprète pour la troisième fois de sa carrière, après deux
séries colombiennes (« El Chapo », 2017 et « La Viuda Negra »,
2014), le célèbre baron de la drogue Pablo Escobar. «Les paysages
colombiens sont très variés et nous ont permis d’y tourner des
scènes censées se dérouler au Panama, au Nicaragua et au Costa
Rica. Nous avons trouvé des pistes d’atterrissage et des
environnements qui correspondaient exactement à ceux que nous
recherchions pour illustrer ces pays. Nous avons parcouru la Colombie
en long en large et en travers à bord d’une armada de petits
avions », nous explique Doug Liman.
En ce qui concerne les techniciens, le
chef opérateur César Charlone, le chef décorateur Dan Weil, la
chef costumière Jenny Gering, ainsi que le chef cascadeur Rob
Alonzo, l’accessoiriste Kris Peck et l’ensemblier Rob Mallard
rejoignirent l’équipe principale en Colombie. La société de
production colombienne Dynamo, dirigée par Andrés Calderón, était
en charge de recruter le reste de l’équipe, dont beaucoup de
techniciens qui avaient participé aux tournages du film THE 33
(Patricia Riggen, 2015), avec Antonio Banderas, et de la série «
Narcos » (2015-18). Les avions jouant un rôle majeur dans la
relation de Seal avec l’Amérique latine, le coordinateur aérien
Fred North fit venir toute son équipe. Ils étaient ainsi en charge
de tous les avions pilotés par Seal et les siens, dont l’Aerostar,
ainsi que des hélicoptères utilisés par l’équipe pour les
besoins du tournage. Celui-ci se déroula à Medellín, lieu de
naissance du célèbre cartel ; à Santa Marta, considérée
comme la plus ancienne ville d’Amérique du Sud et située proche
du point le plus au nord du continent, sur de la mer des Caraïbes ;
dans la petite collectivité rurale d’Orihueca, dans le département
de Magdalena, ainsi qu’à Santa Fe de Antioquia. Tom Cruise
atterrit à l’aéroport Enrique Olaya Herrera, situé au centre de
Medellín, la deuxième plus importante ville de Colombie, à bord de
l’Aerostar, à la fin du mois d’août.
Le 24 août, Tom Cruise, Doug Liman,
Fred North et son équipe aérienne survolèrent avec ce même
appareil la partie du bassin amazonien située en Colombie. Sous la
protection de l’armée colombienne et avec Tom Cruise aux manettes,
ils furent à même de filmer les somptueux paysages qui entourent la
source du fl euve Amazon et la luxuriante jungle avoisinante. La
star, son garde du corps et le réalisateur terminèrent leur périple
en campant sur place pour la nuit.
Le tournage officiel dans le pays
débuta le 26 août, à Medellín, avec la première scène à
l’aéroport Enrique Olaya Herrera, pour la première arrivée de
Seal en Colombie. Le reste de la journée fut dédié à des prises
de vues au Palacio Municipal, le deuxième plus ancien musée du
pays, au style art déco, qui abrite de nombreuses œuvres de
Fernando Botero. Le bâtiment servit de doublure pour les bureaux de
Manuel Noriega, au Panama. La journée suivante, l’équipe se
rendit à El Poblado, un quartier huppé de Medellín, avec de
superbes vues sur les montagnes avoisinantes. Ils furent à même d’y
filmer la maison qui avait appartenu à José Gonzalo Rodríguez
Gacha, surnommé « El Mexicano », membre du cartel de Medellín,
avec les frères Ochoa et Pablo Escobar.
Dans la Casa Catahuanga, à Llano
Grande, à une heure de route au nord de Medellín, et à proximité
de l’aéroport international, l’équipe tourna les scènes de la
fête organisée par Jorge Ochoa (Alejandro Edda), figurant danse,
chant, corrida, crocodile géant et étalons, à l’occasion de
l’anniversaire de Seal et pour présenter Lucy à ses amis
sud-américains. Plus d’une centaine de figurants furent recrutés
pour peupler la fête, dans une ambiance d’excès et de débauche
caractéristique du cartel de Medellín, en 1981. Pour la scène dans
laquelle Barry est libéré d’une prison colombienne, la décision
fut prise de la tourner un samedi au cœur de Medellín, et
d’utiliser des vues extérieures du palais de justice. 300
figurants furent cette fois recrutés, et habillés dans le style des
années 80, pour la scène où Barry et Schafer traversent la place
et s’engouffrent dans un taxi. La production n’ayant pu
entièrement fermer le large boulevard qui passe devant le bâtiment,
de nombreux Paisas (nom communément utilisé pour désigner les
habitants de Medellín) en profitèrent pour regarder le spectacle.
Le 31 août, l’équipe se rendit à
Santa Marta, sur la mer de Caraïbes. La ville est aujourd’hui
devenue une destination de vacances prisée par les Colombiens.
Acteurs et techniciens logeaient dans la banlieue d’El Rodadero où
différentes stations balnéaires ont récemment vu le jour. De
nombreuses prises de vues furent réalisées dans un climat chaud et
humide, à l’aéroport, au centre de la ville, et devant et à
l’intérieur du bâtiment de l’administration locale. La maison
de bord de mer du gouverneur du département de Magdalena devint
l’hacienda de Pablo Escobar, et une piste d’atterrissage située
au milieu d’une plantation de bananes près de la ville d’Orihueca
servit de doublure pour Haïti et le Nicaragua.
L’équipe passa ensuite trois jours
sur une piste d’atterrissage réaménagée qui avait réellement
été utilisée par le cartel, à Santa Fe de Antioquia, à 60 km de
Medellín. Le gouvernement colombien se montra d’abord réticent à
l’idée d’un tournage sur ce site, mais autorisa finalement
l’utilisation de la piste. On pourra y voir Tom Cruise atterrir et
décoller dans l’Aerostar, et faire des vols de reconnaissance
jusqu’au hangar appartenant à Pablo Escobar. Comme pour toute
reconstitution d’époque, le superviseur des effets visuels Justin
Ball prit une multitude de photos des alentours. Il s’agissait pour
lui d’enregistrer le plus d’informations possible pour pouvoir
les incorporer ensuite, en post-production.
#BarrySeal
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