Thriller/Espionnage/Action/Des plans séquences géniaux, une belle esthétique qui sert parfaitement une Charlize Theron impressionnante, un rythme irrégulier
Réalisé par David Leitch
Avec Charlize Theron, James McAvoy, Sofia Boutella, Bill Skarsgård, John Goodman, Toby Jones, Eddie Marsan, James Faulkner...
Long-métrage Américain
Durée : 01h55mn
Année de production : 2017
Distributeur : Universal Pictures International France
Date de sortie sur les écrans américains : 28 juillet 2017
Date de sortie sur nos écrans : 16 août 2017
Résumé : L'agent Lorraine Broughton est une des meilleures espionne du Service de renseignement de Sa Majesté ; à la fois sensuelle et sauvage et prête à déployer toutes ses compétences pour rester en vie durant sa mission impossible. Envoyée seule à Berlin dans le but de livrer un dossier de la plus haute importance dans cette ville au climat instable, elle s'associe avec David Percival, le chef de station local, et commence alors un jeu d’espions des plus meurtriers.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : ATOMIC BLONDE est basé sur le roman graphique “THE COLDEST CITY” publiée chez ONI PRESS écrite par Anthony Johnston et illustrée par Sam Hart.
Le réalisateur David Leitch a clairement voulu se faire plaisir avec son film, du coup, il soigne chaque plan. Sa réalisation est très esthétique et très jolie, faisant d’ailleurs écho au style d'un roman graphique.
Cependant, à trop chercher la photographie parfaite, le réalisateur retire un peu de spontanéité à certaines scènes. La dynamique qui s’installe au tout début du film s’essouffle assez vite et la première partie tire un peu en longueur. Le rythme est en dents de scie.
L'histoire d'espionnage se positionne au fur et à mesure. Elle ne sort pas vraiment des sentiers battus dans le fond, mais elle fait son travail d’intrigue à rebondissements efficacement. Elle aborde les thèmes de la perte de l’identité, de la corruption, de la violence sous-jacente et des multiples dangers liés aux lieux et à l'époque décrite dans le film.
David Leitch, le réalisateur d'ATOMIC BLONDE |
L'histoire d'espionnage se positionne au fur et à mesure. Elle ne sort pas vraiment des sentiers battus dans le fond, mais elle fait son travail d’intrigue à rebondissements efficacement. Elle aborde les thèmes de la perte de l’identité, de la corruption, de la violence sous-jacente et des multiples dangers liés aux lieux et à l'époque décrite dans le film.
C'est surtout le travail sur les ambiances, les lumières, des plans-séquences de folie sur fond de baston qui vous collent à votre fauteuil, ainsi qu’un super casting qui donnent du relief à ce long-métrage.
Quand le réalisateur passe la seconde, il nous entraîne dans ses mouvements de caméra et il nous ravit. Il insère quelques moments d'humour judicieux. L’atmosphère 'punks et graffiti' du Berlin sous tension de la fin des années 80 est admirablement bien retranscrite, on s’y croirait.
Charlize Theron est excellente en femme fatale - littéralement. Elle assure physiquement et son charisme laisse transparaître l'intelligence instinctive de Lorraine Broughton, une espionne qui n'a pas froid aux yeux.
James McAvoy est très à l'aise dans son rôle de David Percival, un espion aux nombreux visages, totalement intégré aux milieux berlinois underground.
John Goodman et Toby Jones sont deux acteurs à la force tranquille, impeccables pour jouer des agents manipulateurs de haut niveau.
Dans l'ensemble, ATOMIC BLONDE permet de passer un très bon moment au cinéma, malgré quelques défauts. Mené d'une main de fer par une Charlize Theron en grande forme, avec une belle esthétique dans la mise en scène et des scènes de combat impressionnantes, il remplit haut la main son contrat de divertissement de l'été.
Crédits photos : Jonathan Prime & Focus Features
LA SOIRÉE
J'ai été conviée par Universal à participer à la pré-soirée de la projection ATOMIC BLONDE le 10 juillet 2017, qui s'est tenue dans ce lieu spécial que sont Les Voûtes.
Les participants se sont retrouvés au fond d'une charmante petite cour.
Des food trucks étaient venus nous régaler de leurs bons plats.
L'ambiance cool et détendue faisait penser au Berlin de la fin des années 80. Des canapés, des fauteuils et des chaises confortables nous invitaient à venir nous installer pour discuter.
Une animation permettait de se frotter à un cascadeur pour l'envoyer valser sur un tapis et la musique du film battait son plein pour nous accompagner dans cette bulle de détente.
Après avoir partagé cet agréable moment dans cette atmosphère parfaitement alignée sur le film, nous avons pu rejoindre la salle de projection pour découvrir ATOMIC BLONDE.
C'était une très belle soirée et je remercie Universal pour l'invitation.
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
L’HISTOIRE
L’action se situe en
1989 dans la ville de Berlin, à la veille de la chute du mur, où
toutes les superpuissances essaient de tirer leur épingle de ce qui
est devenu un redoutable nid d’espions et un vrai panier de crabes.
Si au quotidien la confiance n’est pas de mise, dans la poudrière
qu’est devenue la plus froide des villes, se joue un jeu de dupes
fatal. Lorraine Broughton (Charlize Theron) agent d’élite du MI6,
dont la beauté est aussi létale que glaciale, est envoyée en
Allemagne pour démasquer un réseau d’espion qui vient
d’assassiner, sans raison connue, un agent allié infiltré.
Repérée dès son arrivée, elle échappe à une exécution sommaire
et se voit contrainte de faire équipe avec David Percival (James
McAvoy), véritable tête brûlée et l’agent en place le plus
imprévisible du département. La mission est supervisée par Eric
Gray (Toby Jones) un enquêteur de MI6 et Emmett Kurzfeld (John
Goodman) une huile de la CIA, qui voient tous deux d’un très
mauvais œil la mission leur échapper lentement mais sûrement,
jusqu’à ce qu’elle ne dérape et devienne hors de contrôle avec
l’intervention bien trop intime et torride de l’espionne
française, Delphine Lasalle (Sofia Boutella).
Tous ces espions, sans
compter ceux qui manœuvrent dans l’ombre, tentent de mettre la
main sur une véritable bombe qui menace les services secrets de
l’Ouest: une liste des vraies identités de tous les agents
infiltrés à Berlin détenue par un officier de la Stasi (les
services secrets d’Allemagne de l’Est) qui répond au nom de code
de Spyglass (Eddie Marsan). Aussi bien assortis que le feu et la
glace, Broughton et Percival vont pourtant devoir s’entendre pour
mettre la main sur celui qui est recherché par le tout Berlin, afin
de l’exfiltrer. Malgré le froid, la fièvre embrase la ville alors
que la chute imminente du mur exacerbe les tensions. Lorraine
Broughton va devoir déployer tout l’éventail de ses talents afin
de faire tomber ses adversaires et déjouer les trahisons qui la
menacent aussi bien sur le plan professionnel que personnel.
NOTES DE PRODUCTION
CARRÉMENT ATOMIQUE : LE
DÉVELOPPEMENT DE L’ACTION
L’action se déroule à une période
très précise de l’histoire: à la veille de la chute du mur qui
séparait Berlin en deux parties depuis 28 ans. Construit en 1961 par
les communistes de l’Allemagne de l’Est, il était destiné à
séparer la ville des secteurs américains, français et anglais,
instaurés en 1945 par la conférence de Postdam à la fin de la
seconde guerre mondiale. Le mur avait entraîné une coalition
d’espions, d’agents en opération et différents acteurs de la
guerre froide qui se livraient entre eux à des jeux de pouvoirs très
dangereux, totalement illicites et surtout échappant à la moindre
législation. KELLY MCCORMICK, un des producteurs du film, souligne
les différentes facettes de la situation de l’époque: « Le mur
ne se contentait pas de retenir les gens, il retenait aussi des
informations qui pouvaient mettre en danger ceux qui y résidaient,
ruiner leurs carrières et leurs vies. Il était constitué de deux
clôtures distinctes: le mur extérieur constituait la frontière
ouest de la ville, et le mur intérieur, fidèlement et lourdement
gardé, celle de l’Est. Entre les deux se trouvait un no man’s
land entre les strates de béton et les barbelés, où patrouillaient
des soldats armés avec des chiens, où des bandes de sable rendaient
visibles les traces de quiconque s’y serait aventuré. Le mur était
doté de près de 113 kms de barbelés, 310 miradors, 65 tranchées
anti-véhicules et 40 000 soldats soviétiques prêts au combat ».
Le film est basé sur la bande dessinée ‘‘The Coldest City’’
publiée en 2012, écrite par ANTHONY JOHNSTON et illustrée par SAM
HART. C’est une restitution artistique de ce que symbolisait
l’année 1989, la chute du mur et la fin de la guerre froide.
Passionné par la guerre froide et l’espionnage, Anthony Johnston
s’est lancé dans le projet en 2008 alors que le genre n’était
pas du tout à la mode. Il se rappelle: « J’étais un grand fan
des romans de John Le Carré, des films de James Bond. La chute du
mur reste un moment gravé dans ma mémoire. Je suivais les
évènements en direct à la télé, et ça avait l’air
complètement fou, ça allait changer l’avenir du monde, mener à
une paix mondiale! Une période pareille m’a toujours semblé le
cadre idéal pour les machinations des espions qui ne cessent de
faire et défaire le monde dans lequel nous vivons sans que nous en
ayons la moindre idée ».
ERIC GITTER et PETER SCHWERIN les
producteurs, bien qu’étant des habitués de l’adaptation de
bandes dessinées à l’écran, n’en n’avaient jamais lues qui
ressemblent autant à un scénario. Complexe, avec un personnage
central fort, la BD reflétait le milieu interlope, à la fois rock,
punk et très sexuel d’une ville où tout semblait alors possible.
Une image à cent mille lieues de la version terne et ennuyeuse que
les gens se faisaient de Berlin dans ces années-là.
KURT JOHNSTAD,
le scénariste avait lui même une relation particulière à la ville
de Berlin car son père, pilote pour la Pan Am, y avait été basé
dans les années 60 puis 80. Il y avait donc passé beaucoup de temps
avant que le mur ne tombe. Sa sœur y vit d’ailleurs toujours avec
sa famille. Il se rappelle le secteur américain mais aussi l’unique
ligne de train qui reliait l’Est à l’Ouest: « C’était une
ville tellement colorée, qui attirait les artistes, les musiciens,
les anarchistes du monde entier pour défier l’oppression
communiste. C’était l’endroit où il fallait être quand on
était un tant soit peu artiste. Les arts et le spectacle vivant y
régnaient en maîtres. Et en même temps le danger était palpable.
C’est ce que j’ai essayé de faire transparaître dans le
scénario. De plus je suis souvent allé de l’autre côté du
rideau de fer, et ai pu voir le quotidien des villes du bloc
soviétique. Les gens étaient prêts à mourir pour s’échapper et
leurs histoires étaient passionnantes, surtout à un moment où
l’échiquier international était totalement bouleversé par la fin
de la guerre froide ». Il y avait matière à faire un film
détonant, provocateur, sexy et passionnant. Avec un personnage
central aussi fort et si éminemment féminin, une histoire
suffisamment complexe dans un cadre historique tellement puissant, le
cocktail ne pouvait être que détonnant.
Oni Press, Denver &
Delilah (la maison de production de Charlize Theron), en coproduction
avec Sierra/Affinity ont alors négocié les droits avec Universal,
Focus Feature et des distributeurs indépendants. Charlize Theron
était très enthousiaste sur le projet car elle est aussi à l’aise
dans le drame que dans l’action et ni les cascades, ni les scènes
de combat n’étaient des exercices nouveaux pour elle. DAVID
LEITCH, le réalisateur, venait de fonder 87Eleven sa maison de
production, fort des succès de JOHN WICK (2014) qu’il avait
co-réalisé avec Chad Stahelski, et de ses expériences en tant
qu’assistant-réalisateur sur JURASSIC WORLD (Colin Trevorrow,
2015) et CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR (A. & J. Russo, 2016).
Au-delà de l’action du film, puisque luimême a eu une carrière
prolifique de directeur de cascades, il a voulu se servir du talent
de comédienne de son actrice principale et se concentrer ici sur les
motivations affectives de sa protagoniste. À ce propos il déclare :
« c’est une femme qui connaît le pire visage de l’humanité et
qui pourtant réussit à trouver la force de s’en sortir et
continuer. En tant qu’espionne elle est déterminée et
disciplinée, stylée et assez détachée pour pouvoir évoluer dans
un monde sans pitié. Mais son humanité, sa souffrance et son
altruisme sont à fleur de peau et apparaissent à travers ses
blessures ». Ami de longue date avec le scénariste Kurt Johnstad,
leur collaboration a été aussi fluide que fructueuse et ils n’ont
pas hésité à prendre des risques pour un résultat à la hauteur
de leurs espérances.
DE TRAÎTRES EN ESPIONS : LE CASTING
DU FILM
Pour incarner les différents espions
en poste dans le Berlin de 1989, la distribution est composée de
comédiens venus de tous horizons.
LORRAINE BROUGHTON - CHARLIZE
THERON
Cette super espionne, agent d’élite du MI6, dont la beauté
est aussi létale que glaciale est une battante. Elle semble n’avoir
peur de rien et n’éprouve jamais le besoin de se justifier. C’est
une espionne de haut vol, surentraînée, sensuelle et brutale, elle
dézingue le stéréotype de la blonde potiche. Dans cette mission
ses chances de survie sont très minces, voire nulles. À la minute
où elle atterrit à Berlin, elle est livrée à elle-même. Elle a
conscience qu’il s’agit du genre de mission à laquelle rien ne
peut vous préparer. Elle n’a à sa disposition que son courage et
sa capacité de résilience qu’elle mettra à profit en se servant
de son entraînement, son charme et son instinct pour réussir à
s’en sortir vivante. La comédienne qui a travaillé 5 ans sur le
script en tant que productrice via sa maison de production Denver &
Delilah nous explique: « c’était une époque sauvage et violente.
Il y avait d’un côté le KGB russe qui travaillait avec la Stasi
des Allemands de l’Est et de l’autre la CIA américaine, le MI6
britannique et la DGSE française. Mais tout le monde se livrait au
chantage, à la corruption. Les pots-de-vin et la violence étaient
le pain quotidien des agents en poste dans cette ville ».
DAVID PERCIVAL - JAMES McAVOY
David
Percival a très bien intégré que les règles du jeu d’espionnage
ont été créées pour mieux être enfreintes. Le Berlin de la
guerre froide était fait pour cet homme très solitaire et
foncièrement individualiste. En sa qualité de chef de station pour
le MI6, il n’a besoin de personne et opère principalement seul
sans avoir à de compte à rendre à Londres. Son commerce de
contrebande est bien plus qu’une couverture et lui permet d’avoir
des contacts des deux côtés du mur, tout en y prenant un plaisir
non dissimulé. À la fois charmeur, fourbe et sans pitié, il est
l’alter ego de Lorraine qui ne lui fait aucune confiance, même
s’il est censé être son seul allié à Berlin. Ce qui est
d’ailleurs totalement réciproque, dans la mesure où elle menace
l’impunité avec laquelle il gère ses affaires totalement
illicites. Berlin est son territoire et il ne passera pas la main si
facilement. Fort de son dernier succès au box-office, avec SPLIT (M.
Night Shyamalan 2017), le comédien dans ses recherches préliminaires
sur les espions, s’est rendu compte que les services secrets
n’embauchaient que des gens dont le caractère leur assurait une
durée de vie limitée afin qu’il n’y ait aucun risque qu’ils
finissent par divulguer des informations obtenues sur un long terme.
Le comédien nous confie : « Percival est tout le contraire d’un
James Bond ou d’un Jason Bourne. Il adore le climat trouble dans
lequel il baigne et dont il a appris à tirer avantage. Il est devenu
un animal sauvage hors de contrôle, que ce soit pour ses supérieurs
ou ses ennemis. Le film est pour moi une version très rock de la
guerre froide. Dans cette ville les intérêts sont énormes et tout
le monde se connaît, ce qui rend le jeu dangereusement enivrant, et
exacerbe le côté auto-destructeur de cette tête brûlée. Il sait
très bien que les agents de l’acabit de Lorraine n’interviennent
qu’en dernier recours et que cela ne sent pas bon pour ses petites
affaires, qu’il n’est de toute façon pas près de lâcher ».
EMMETT KURZFELD - JOHN GOODMAN
L’agent
américain est peut-être le plus digne de confiance de tout ce
panier de crabes. Il travaille en coopération avec le MI6 afin de
récupérer le microfilm qui, entre de mauvaises mains, pourrait
compromettre la vie des agents de l’Ouest. Il essaie de découvrir
la vérité dans un environnement où tout le monde joue un double
jeu. Il doit mettre la pression sur Lorraine tout en la rassurant, le
tout sous la surveillance du MI6. Il incarne la force et l’équilibre,
au milieu d’un jeu de dupes. Le comédien a été choisi grâce à
son fort capital sympathie auprès de son large public et son
impressionnante filmographie. Sa stature et son statut inspirent
immédiatement le respect et il ne se départit jamais d’un grand
sens de l’humour qui l’empêche de se prendre trop au sérieux.
Un recul primordial pour incarner ce genre de rôle. Sur le plateau
il a amené son expérience et son professionnalisme avec une
générosité et une bonne humeur plus large que nature.
DELPHINE LASALLE - SOFIA BOUTELLA
L’espionne française est beaucoup plus jeune et idéaliste que ses
comparses. Elle est fascinée par le mélange de beauté et
d’assurance de Lorraine, et son innocence semble fissurer l’armure
de la blonde glaciale. Pour sa première mission Delphine doit se
mesurer à des vétérans surentraînés et rompus au terrain. Son
charme et son ingénuité lui confèrent une sorte de pureté que
Lorraine a un jour connue mais perdue depuis bien longtemps. Elle va
se laisser séduire par ce miroir inversé de ce qu’elle était
autrefois. Une distraction à laquelle elle ne s’attendait pas et
qui augmente encore le danger de sa situation.
SPYGLASS - EDDIE MARSAN
Cet officier de
la Stasi ne se contente pas de posséder le microfilm tant convoité,
il l’a également mémorisé, se rendant ainsi irremplaçable. Il
échange, au risque de sa vie et celle de sa famille, ces
informations classées confidentielles, en échange d’une nouvelle
vie à l’Ouest. Il fait un choix très risqué en plaçant son
existence dans les mains de gens dont il est loin d’être sûr.
Pour les espions, et ce qu’importe le côté du mur où ils se
trouvent, l’enjeu est de sentir où le vent va tourner.
ALKSETER
BREMOVYCH - ROLET MOLLER
L’agent appartient à la vieille école du
KGB, et il est totalement hermétique à la culture rock punk dont
s’est éprise la jeunesse est-allemande. Pour lui la chute du mur
signifie la fin de la grandeur de la puissance soviétique. Il fait
de la capture de la liste et de son détenteur une affaire
personnelle. Brutal et violent il réserve un mauvais quart d’heure
à quiconque le défie. Si le glas doit sonner pour lui, il va
s’arranger pour qu’il résonne longtemps pour ses vieux
adversaires de la CIA et du MI6 confondus.
L’HORLOGER - TIL
SCHWEIGER et ERIC GRAY - TOBY JONES
Ces deux agents viennent boucler
la boucle infernale des espions qui gravitent autour de Lorraine.
Alors que Gray semble être le plus soupçonneux des agissements de
notre belle blonde, le taiseux fabricant de montre reste
indéchiffrable.
RECRÉER LE BERLIN DES ANNÉES 80 :
LES DÉCORS, LES ACCESSOIRES ET LES COSTUMES
Pour ATOMIC BLONDE, le réalisateur
s’est entouré de collaborateurs de longue date, en qui il a
toujours eu une confiance aveugle, et qui ont tous travaillé avec
lui sur JOHN WICK. SAM HARGRAVE, qui a été formé par Leitch à
l’art de la cascade, s’est chargé de chorégraphier les combats
impressionnants de notre espionne en talons aiguilles, de diriger la
réalisation de la seconde équipe. Il incarne également Gascione à
l’écran. DAVID SCHEUNEMANN, directeur artistique sur INGLORIOUS
BASTARDS (Quentin Tarantino, 2009), s’est occupé de la création
des décors d’une ville entre restrictions et débauches. CINDY
EVANS a minutieusement composé le look stylisé de l’agent le plus
glamour du MI6. À eux quatre ils ont su capturer et adapter à
l’écran la vibration d’une ville au bord de l’implosion.
L’ambiance artistique et le contexte sociopolitique faisaient de la
ville la toile de fond rêvée pour les entrelacs des différents
destins, de personnages exceptionnels mais désespérés, à un
moment unique de l’histoire. Les décors et le mur Évidemment
Berlin a totalement changé depuis la chute du Mur. La texture même
de la ville n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était dans ces
années-là. On peut néanmoins la retrouver à Budapest, que ce soit
celle de Berlin Est ou Ouest. C’est une ville qui possède une
multitude de vieux bâtiments abandonnés, qui ont des façades
incomparablement décrépies et des intérieurs complètement
défraîchis, parfaits pour recréer le Berlin d’avant la chute du
mur. De plus Budapest a conservé ses ruelles étroites, qui lui
donnent un aspect plus dense et plus cinégénique et adapté à une
histoire d’espions. La capitale de la Hongrie pouvait également
ressembler à Paris ou Londres avec quelques ajustements nécessaires.
C’est ainsi que l’avenue Etrassi, un des boulevards les plus
réputés de Budapest, s’est retrouvée choisie pour abriter les
locaux du MI6.
Les intérieurs y évoquaient encore la splendeur
britannique avec ses fauteuils en cuir, son mobilier en merisier, ses
plafonds en bois sculptés et ses lourdes et riches tentures. Pour
les extérieurs, l’équipe a recréé un bout de mur de 76 m de
long et près de 4 mètres de haut. Construit en plusieurs sections
afin d’être transportable, ce mur a été monté et démonté aux
quatre coins de la ville pour servir de toile de fond aux différentes
scènes qui se déroulaient le long des frontières des différentes
sections. Des graffeurs locaux ont été engagés pour reproduire les
graffitis que les Berlinois et les visiteurs avaient tagués sur la
portion de mur qui se situait en Allemagne de l’Est. Cette partie
du mur était devenue la toile favorite des artistes du monde entier.
Ils y ont laissé un incroyable canevas de dessins, peintures et
inscriptions multicolores qui, la plupart, remettaient en cause
l’autoritarisme est-allemand avec virulence et ironie.
Les forces de sécurité ne
plaisantaient pourtant pas. Du côté est-allemand, chaque personne
qui s’approchait trop près du mur était supprimée à la
mitraillette. Des postes vigiles, des rondes avec des chiens et des
soldats armés gardaient l’espace situé entre les deux murs et
appelé le No Man’s Land, où sont morts 130 Est-Allemands qui ont
essayé de le franchir. Ce mur portable a servi jusqu’à la scène
du 9 novembre 1989, jour où le monde entier a vu le mur s’écrouler
sous les coups de masse et les hurlements de joie des Berlinois, qui
pouvaient enfin retrouver les proches que le Mur les avait séparés.
Le spectre de David Bowie Le film est également un hommage à une
époque musicale dont David Bowie reste l’emblème incontesté.
Entre punk et new wave, les influences s’y mélangeaient avec
hardiesse au son des guitares de Nick Cave et Iggy Pop. Sur le
plateau résonnait ‘‘Cat People’’ alors que le chanteur
venait de quitter notre monde.
David Bowie avait vécu à Berlin dans
les années 70, et y avait écrit 3 albums, connus sous le titre de
‘‘Berlin Trilogy’’ dont l’inspiration lui était venue en
regardant son producteur se tenir près du mur depuis la fenêtre de
son studio d’enregistrement. Le fait que la musique et la mode de
l’ouest aient été interdites à Berlin Est les a rendus encore
plus mythiques pour les jeunes du coin. La musique et la mode de
l’Ouest ont alors pris un côté violemment subversif, et les
morceaux les plus emblématiques apparaissent dans le film, ainsi que
quelques morceaux moins connus et plus underground, mais
véritablement authentiques. La bande originale est truffée de
morceaux issus de la période la plus prolixe et créative du XXe
siècle, et qui relayaient les tensions d’alors. La photographie de
l’époque
JONATHAN SELA, le directeur de la photographie, a élaboré
une palette qui allait d’un gris voilé pour Londres à des
couleurs sombres et pourtant chatoyantes pour Berlin,
particulièrement pour le côté est et sa faune punk. Il s’est
servi d’une camera Alexa et d’optiques anamorphiques pour
capturer des plans larges. C’est ainsi qu’il a pu obtenir des
plans étonnants d’immeubles en désuétudes dans les rues désolées
et étroites de Budapest, à qui il a pu donner cet aspect dangereux
et clandestin. Il développe: « en faisant mes recherches sur la
ville, j’ai été surpris par le fait qu’elle était beaucoup
plus colorée que dans mon imagination. J’ai donc opté pour des
couleurs saturées de néon bleu et rose, notamment dans le bar où
Lorraine et Delphine se rencontrent. Le gris était réservé à
l’austérité du côté Est. Le vert quant à lui servait à
symboliser la créativité qui régnait à l’Ouest. Le contraste
des couleurs entre les deux parties de la ville faisait également
écho aux différences politiques et économiques et aux univers où
les protagonistes se perdent en allers retours jusqu’à ne plus
savoir de quel côté ils se trouvent vraiment. Le jaune, lui, était
réservé à la boutique de montres, à la richesse et la
sophistication de l’orfèvre dont c’est le repère ».
Des accessoires typiques La montre que
porte Lorraine est une Carl F. Bucherer qui a été prêtée par la
prestigieuse marque pour l’occasion. Le fait qu’elle confie un
objet d’une telle valeur à l’horloger est à la fois un acte de
confiance et une façon d’attirer l’attention. Un technicien a
spécialement été mandaté sur le tournage pour assurer les
démontages et remontages multiples de la précieuse montre, lors des
nombreuses prises en gros plan du travail de l’agent allemand.
MARCUS HAENDGEN, a su dénicher nombre d’articles moins précieux
mais tout aussi incontournables de l’époque, comme les appareils
d’écoute utilisés par les agences d’espionnage. Ce qui manquait
à Berlin en termes de liberté et d’autonomie politique était
compensé par une liberté d’expression artistique et sexuelle sans
précédent. La séquence tournée dans un bar clandestin où
Percival et Lorraine se retrouvent a été filmée dans un cabaret
désaffecté de Budapest bâti à l’identique du Moulin Rouge de
Paris. La production l’a rempli de danseurs partiellement dévêtus,
de cabines téléphoniques rouges, de chandeliers, de statues de nus
et d’un gigantesque portrait de Ronald Reagan affublé d’un
chapeau de cow-boy et chaps. Ils en ont fait un lieu où rien n’était
interdit et où la jeunesse pouvait oublier les restrictions, les
privations et l’autorité. Les costumes Ils ajoutent au film
l’aspect inimitable de la mode des années 80, à la fois racé et
totalement borderline.
En parallèle de son trafic de contrebande, la
ville possédait une vie nocturne underground et subversive, très
bien recréée dans la séquence au Pike Club, où Lorraine et
Delphine se rencontrent. Un soussol humide décoré de mannequins
nus, de remparts en béton, de cages, de lumière au néon, de murs
couverts de graffitis dont le plus imposant résonne comme une règle
de vie «Tout ce que vous désirez se trouve de l’autre côté de
la peur. » En plus de l’équipe technique et artistique, 250
figurants étaient réunis pour électriser l’ambiance de cette
boîte underground. Pour l’occasion il a fallu dénicher des
vêtements typiques des années 80, aussi stylés que possible, tout
en bannissant le ridicule et qui auraient pu être crédibles dans le
Berlin des années 80.
Bien sûr l’Ouest était plus tendance et
raffiné alors qu’à l’Est les vêtements étaient plus ternes et
démodés malgré une jeunesse totalement punk. Les costumes se
devaient de représenter les différentes époques qui avaient
conduit à ces styles vestimentaires. La plupart des costumes
venaient de Angels Costumes une boutique mythique de Londres, mais
également du Studio Babelsberg à la sortie de Berlin, où sont
stockées des fripes de l’armée est allemande. La production a
également écumé les friperies de Budapest, et notamment le magasin
Human, une mine d’or, remplis de vêtements de seconde main. Quant
aux costumes de l’agent Broughton, ils ont été copiés d’après
les archives de l’époque de Christian Dior, qui leur a notamment
prêté le superbe manteau rouge qui éclaire littéralement la
séquence d’extérieur nuit dans laquelle il figure. Il va sans
dire que chaque élément de costume de la super espionne a dû être
répliqué en raison des nombreux accrocs que la violence de ses
rencontres leur imposait.
MASTER CLASSE DE CASCADE :
L’ENTRAÎNEMENT D’UNE BLONDE
Pendant la préparation du film, David
Leitch s’est très vite rendu compte de la condition physique et
des capacités de Charlize Theron. C’est ainsi qu’il a conçu
cette scène de combat hallucinante de 7 minutes 30, dans laquelle
notre espionne au regard d’acier se débarrasse de ses prétendus
assassins un par un. C’est bel et bien Charlize Theron qui se bat à
l’écran. Forte d’une formation de danseuse classique, la
comédienne s’est entraînée 5 heures par jour pendant 3 mois, et
a mémorisé toutes les chorégraphies des combats pour arriver à
étonner son public qui ne l’a jamais vue aussi intense, exposée
et sauvage. Son entraînement a commencé à peine deux mois après
la fin de MAD MAX : FURY ROAD (George Miller, 2015). Son partenaire
d’entraînement n’était autre que Keanu Reeves qui s’entraînait
à l’époque pour JOHN WICK 2 (Chad Stahelski, 2017). Le
réalisateur a été impressionné par l’implication de sa
comédienne principale et a story-boardé cette séquence en fonction
du potentiel qu’il voyait en elle. Il nous confie: « c’est une
véritable athlète, il aurait été dommage de ne pas s’en servir.
J’ai réécrit la scène afin qu’elle puisse y donner tout ce
dont je la pensais capable, et j’ai mis la barre très haut. »
JONATHAN SELA, le directeur de la photographie, qui travaille depuis
longtemps avec le réalisateur, a porté une attention toute
particulière à ces scènes d’action afin que le spectateur en
prenne plein les yeux et s’est aussi bien servi du talent de la
comédienne que de l’agilité de l’athlète.
SAM HARGRAVE, le
directeur des cascades a entraîné ses comédiens et ses cascadeurs
avec douceur et méthode tout en les poussant à des extrémités
auxquels aucun d’eux ne se croyait capable. Selon lui Lorraine
Broughton est un agent de l’acabit de John McClane (incarné par
Bruce Willis dans la saga DIE HARD): « elle est capable de marcher
sur des éclats de verre s’il le faut pour gagner. J’ai
chorégraphié ses combats de manière réaliste, ne lui faisant
jamais frapper frontalement un adversaire supérieur en force.
Lorraine est une combattante qui s’économise dès qu’elle peut
et ne commence jamais avec les poings, elle frappe tout d’abord à
mains ouvertes, se sert de ses épaules, et finit avec 3 coups de
poing, là où un homme n’en donnerait qu’un. Elle est également
capable de repérer et se servir de tout ce qui tombe à portée de
main, que ce soit un tire-bouchon ou un tuyau d’arrosage, pour en
faire une arme fatale.
Charlize était prête à tout et après
quelques dents fissurées, elle a tout de même accepté d’être
doublée parfois par Monique Geterton, notamment pour le saut avec le
tuyau. On répétait les scènes très lentement, pour se remettre la
chorégraphie en tête, s’adapter aux décors et repérer les
emplacements des caméras et les angles requis pour les prises de
vues. Puis on accélérait le rythme progressivement pour que le
reste de l’équipe technique puisse anticiper et suivre les
mouvements. Charlize allie les qualité physiques d’une danseuse à
la précision d’une comédienne, elle savait exactement quand et où
donner son regard et ses intentions ».
L’engagement physique de la
comédienne a permis des prises de vues plus longues, et moins de
bidouillage avec des doublures que d’habitude. Sa condition
physique, son talent et la maîtrise qu’elle a de son corps lui ont
permis de ne pas faire semblant. En plus de son entraînement
physique, il a fallu qu’elle travaille avec un orthophoniste pour
raffiner son accent anglais ainsi que les différentes langues que
son personnage est censé maîtriser, y compris le russe. La force et
l’agilité de la comédienne ont été mises à l’épreuve dès
les premiers jours de tournage, qui a commencé par la scène où
elle s’échappe d’une voiture en train de sombrer. La star avoue
qu’en tant que productrice elle n’aime pas beaucoup voir ses
comédiens attachés dans des voitures qui coulent, mais en tant que
comédienne elle a insisté pour pouvoir le faire elle-même, et avec
enthousiasme !
Une des scènes les plus intenses était un long
travelling où la comédienne devait faire 30 mouvements
chorégraphiés de combat avant de fracasser une table en bois. À
chaque prise, il fallait non seulement remplacer la table par une
autre intacte et identique, mais également remplacer et ranger tous
les autres accessoires qui volaient dans la pièce pendant le combat.
Le réalisateur se souvient « on a épuisé toutes les tables…
pour la dernière on avait plus d’alternatives et ça a été la
bonne ! »
Les scènes de James McAvoy ont du être repoussées
puis montées minutieusement car l’acteur s’était cassé le bras
quelques semaines avant le tournage. Mais le réalisateur et le
comédien, loin de se trouver handicapés par cet aléa, s’en sont
servis pour accentuer le côté tête brûlée de Percival.
En
revanche il s’en est fallu de peu lors d’une cascade dans
laquelle l’acteur conduisait lui-même une Porsche 911 des années
80 : lors de la 7e ou 8e prise, les freins ont cédé et il a foncé
tout droit vers l’équipe avant de terminer sa course, dans un mur.
Bien heureusement il y a eu plus de peur que de mal. Le parc
automobile de la guerre froide La séquence où sont réunis nos
trois protagonistes principaux a peut-être été la plus délicate à
mettre en scène. Il a fallu coordonner plus de 400 figurants, dans
une rue transformée, aux panneaux d’affichages intégralement
maquillés, et remplie de voitures des années 80. La plupart de ces
voitures étaient des recréations d'une voiture fabriquée en Saxe
et largement exportée dans les pays du bloc soviétique. Équipée
d’un bruyant moteur, elles n’avaient pas une grande capacité
d’accélération et leurs carrosseries étaient faites de plastique
recyclé connu sous le nom de Duroplast. Autant de caractéristiques
qui ont rendu mythique la voiture surnommée Trabi, avec un capital
tendresse pour son inefficacité et sa laideur qui en ont tout de
même fait un objet de choix pour les collectionneurs.
ZSOLT SOMOGY,
le responsable du parc automobile du film explique qu’étant donné
que les citoyens de la RDA devaient attendre 3 ou 4 ans pour en avoir
une, la voiture a pris un caractère précieux et ils en prenaient
extrêmement soin. Pour se procurer une quarantaine de véhicules, il
a passé une annonce, et son équipe a écumé la campagne hongroise
en frappant aux portes des maisons devant lesquelles étaient garées
les fameuses voitures. L’important n’était pas vraiment qu’elles
puissent encore rouler, mais qu’elles puissent servir de décors au
Berlin des années 80. Pendant la durée du tournage, plus de 500
Trabis ont pu être dénichées. Celle qu’ils recherchaient le plus
était un modèle de police, dont ils avaient besoin pour une
séquence de course-poursuite tournée durant une semaine dans les
rues de Budapest par la première et la deuxième équipe. Pour cette
séquence une plate-forme a été amarrée à une autre voiture pour
assurer toutes les prises de vues possibles. Mais c’est bien la
Trabi que l’on voit à l’écran.
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