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mardi 1 mars 2016

ZOOLANDER 2



Comédie/Un délire pop, inclassable et fun

Réalisé par Ben Stiller
Avec Ben Stiller, Owen Wilson, Penélope Cruz, Kristen Wiig, Will Ferrell, Cyrus Arnold, Nathan Lee Graham...

Long-métrage Américain
Durée: 01h42mn
Année de production: 2016
Distributeur: Paramount Pictures France 

Date de sortie sur les écrans américains : 12 février 2016
Date de sortie sur nos écrans : 2 mars 2016


Résumé : Blue Steel. Le Tigre. Magnum… Des regards si puissants qu’ils arrêtent des shuriken en plein vol et déjouent les plans de domination mondiale les plus diaboliques. Un seul top model est capable de conjurer autant de puissance et de beauté dans une duck-face : Derek Zoolander ! Quinze ans après avoir envoyé Mugatu derrière les barreaux, Derek et son rival/meilleur ami Hansel, évincés de l’industrie de la mode suite à une terrible catastrophe, mènent des vies de reclus aux deux extrémités du globe. Mais lorsqu’un mystérieux assassin cible des popstars célèbres, les deux has-been des podiums se rendent à Rome pour reconquérir leur couronne de super mannequins et aider la belle Valentina, de la Fashion Police d’Interpol, à sauver le monde. Et la mode.

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait - Elle est bonne, je lui fais confiance (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : A mon avis, avant d'aller voir le 2 il faut impérativement avoir vu ZOOLANDER et avoir adhéré à l'univers de ce dernier. ZOOLANDER 2 est une suite qui s'inscrit parfaitement dans l'esprit du premier. J'ai été agréablement surprise et j'ai passé un très bon moment. C'est un inclassable, une espèce de délire pop aux réparties improbables. Il est également ultra référencé et si on ne saisit pas les clins d’œil, cela retire un peu d'intérêt à l'ensemble.
Il faut suivre le réalisateur Ben Stiller là où il veut nous emmener et si ça marche, on se marre bien. J'apprécie que sous couvert d'absurdité, il passe quand même des messages. L'histoire ne va pas chercher bien loin, mais je m'en fiche un peu parce que la mise en scène inventive rattrape le manque de scénario.
La réalisation est dynamique et rythmée. Tout est permis mais le film reste bon enfant, il s'agit plus de suggestions osées que d'images choquantes. Tout comme dans le premier, il y a une palanquée de seconds rôles et je ne gâcherais pas la surprise ici en vous disant lesquels car cela serait dommage, mais il y en a un en particulier que j'ai trouvé super délire et quand vous le verrez, vous saurez...

J'ai eu plaisir à retrouver Ben Stiller dans son rôle de Derek Zoolander. Il réussit toujours à rendre Derek attachant malgré sa bêtise et il n'a rien perdu de sa belle énergie.



Owen Wilson, qui interprète Hansel, vient toujours parfaitement compléter Derek. Ce duo est la marque de fabrique des films et il fonctionne toujours aussi bien.



Penelope Cruz, qui interprète Valentina Valencia, apporte son charme très féminin à l'ensemble.



Kristen Wiig m'a bien fait rire avec son interprétation d'Alexanya Atoz. Elle est pratiquement méconnaissable.

Que seraient Derek et Hansel sans leur ennemi ultime : Mugatu ? Will Ferrel enfile de nouveau le costume de ce méchant haut en couleurs et visiblement il y prend toujours autant de plaisir.

ZOOLANDER 2 a été une bonne surprise pour moi car l'esprit du premier y est vraiment conservé. J'ai bien ri avec les références et les seconds rôles. Si vous êtes fan de ZOOLANDER, vous devriez apprécier ce second opus sans problème.






NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Le retour du blue steel

Son regard signature a capturé le cœur du public et des professionnels de la Mode, jusqu’à s’inscrire dans le langage courant. Un hashtag avant l’existence des hashtags.
Imaginé par Drake Sather et Ben Stiller, le concept vit le jour à l’occasion d’un sketch pour les Fashion Awards de la chaîne VH1 en 1996. Le sketch en question donnait un aperçu des coulisses d’un shooting mode et de ses personnages « bigger-than-life ».
« Drake m’a demandé de faire le top model. Ça paraissait ridicule, mais c’est précisément pour ça qu’il voulait que je le fasse », se souvient Stiller.

« Drake, qui était un cerveau comique incroyablement brillant, adorait la mode. On a fini par le faire deux années d’affilée ». Le sketch fut si bien reçu que l’idée d’en faire un film ne tarda pas à germer.

Mais la route qui mène au grand retour de Derek et Hansel sur les écrans fut longue et capricieuse, étalée sur plus de quinze ans et marquée par de nombreux faux départs.
« Ce film a mis longtemps à se faire », explique son scénaristeréalisateur-star Ben Stiller. « On aurait probablement pu enchaîner avec une suite un an après la sortie du premier film, mais personne n’est venu le voir en salles, et donc personne ne voulait d’une suite », raconte Stiller en riant.

Sorti en Septembre 2001, en pleine hébétude post-9/11, ZOOLANDER ne fit pas d’étincelles au box-office. Mais il se trouva une nouvelle légion de fans en DVD et gagna peu à peu ses galons de film culte. « ZOOLANDER est devenu un signe de reconnaissance, un film de studio ‘underground’ que les gens s’échangent sous le manteau, comme un 33 tours vintage. Le public a eu la sensation de le découvrir par lui-même et se l’est donc complètement approprié », explique Justin Theroux, qui apparaissait dans le film original et a participé à l’écriture de sa suite.

Les personnages et les répliques du film résonnèrent avec le public et entrèrent dans l’inconscient collectif. Avec l’avènement des réseaux sociaux et des plateformes d’échange, les « catchphrases » de Derek et Hansel furent partagées et recréées partout sur la planète. « Où que j’aille, en Europe, au Mexique ou en Amérique du Sud, je suis toujours surpris de la popularité de ZOOLANDER. Les gens viennent me voir et me demandent de faire ‘Blue Steel’, ce qui par ailleurs n’a rien à voir avec mon personnage » plaisante Owen Wilson. « Les comédies américaines ne fonctionnent pas toujours à l’étranger, mais les personnages de Derek et Hansel atteignent un tel degré de ridicule qu’ils en deviennent universels », ajoute-t-il.

L’éventualité d’une suite fut discutée à plusieurs reprises au cours de ces quinze dernières années, et Stiller travailla dessus avec certains des meilleurs scénaristes comiques du moment, dont John Hamburg, déjà à l’œuvre sur le premier film, le scénariste-réalisateur Nicholas Stoller (SANS SARAH RIEN NE VA) et Justin Theroux, collaborateur de Stiller sur TONNERRE SOUS LES TROPIQUES. « J’avais fini par me persuader qu’on ne le ferait jamais. Mais à un moment, les étoiles se sont alignées et le film est devenu une réalité », se souvient Stiller.

Ce temps de gestation exceptionnellement long permit à Stiller et son équipe de développer l’histoire et les personnages de telle manière à honorer tout ce que le public avait aimé dans le premier film. Stiller raconte : « On voulait que cette suite soit à la hauteur de l’original et des attentes que le public en avait. Je suis si reconnaissant de l’amour que les gens portent à ZOOLANDER que je ne voulais pas les décevoir ».

Derek, Hansel et Mugatu ont toujours la cote : le retour du trio

Dans chacune des versions du script apparues pendant le développement, le trio Derek-Hansel-Mugatu a toujours été l’élément inamovible et central de l’histoire. Dans cet univers aussi farfelu que délirant, la force des personnages constitue pour le public la seule planche de salut, et Stiller savait qu’il ne pourrait échapper au retour de la triplette infernale. « Au bout du compte, ce sont les personnages qui intéressent le public. Pour moi, quelqu’un qui aime ZOOLANDER aime avant tout Derek, Hansel et Mugatu. Ce sont eux qui font du film ce qu’il est », note Stiller.

Pour Stiller, revenir quinze ans après dans les pompes (bien lustrées) de Derek ne fut pas chose aisée. « Derek est une personnalité unique. Il est ‘entier’, incroyablement égocentré, mais tout ça découle d’une grande innocence, d’une grande naïveté. J’ai revu le premier film pour être sûr de ne pas me tromper et, au bout de deux semaines, ça me venait naturellement. Et j’ai commencé à m’amuser ».
Au rayon des icônes de pop-culture, Hansel capture à la perfection cette mystique de rock-star bohème qui fascine les masses. « J’ai eu la chance de jouer des personnages passionnants dans ma carrière, mais le simple fait qu’Hansel n’a pas de nom de famille, comme Madonna ou Sting, témoigne à mon sens de sa richesse et de son génie », remarque Wilson.

« Owen a une présence comique unique, je suis éternellement fan », confie Stiller, son collaborateur de longue date. « Il a une sensibilité qui n’appartient qu’à lui et, au moment d’improviser, il vous sort des trucs inimaginables. De plus, comme son personnage, il est d’une beauté inouïe… C’était super fun de le regarder réapprendre à jouer Hansel. Première semaine de tournage, on filme une scène où il doit observer le désert à perte de vue et boum ! Il trouve le regard et les lèvres pincées d’Hansel. C’était parti ! » Iconique au point que sa silhouette seule suffit à l’identifier, Jacobim Mugatu figure parmi les méchants les plus révérés et repoussants de l’histoire du cinéma. Avec un penchant pour les tenues extravagantes, les petits chiens et le lancer de Latte, sans oublier un immense talent pour déterminer ce qui est hot ou non, Mugatu est un personnage sans pareil. Nouveau venu à l’époque du premier film, Will Ferrel s’était régalé à inventer le personnage de fond en comble. « L’univers de la mode est naturellement rempli de ‘personnages’, c’est un terrain fertile, commente Ferrell. Mugatu est très important dans ma carrière. C’était la première fois qu’on m’autorisait à jouer un personnage aussi énorme et délirant, et il a fini par faire impression sur les gens ».

Stiller raconte : « Aujourd’hui, Will est sans doute la personne vivante la plus drôle du monde. Aussi dingo que puisse être son registre et son cheptel de personnages, il est l’être humain le plus normal et pragmatique qui soit. Au point qu’il donne l’impression de jouer un personnage même quand il est lui-même, une sorte de Will Ferrell ‘normal’ ».        Pour Ferrell, enfiler l’infâme perruque de Mugatu après tout ce temps fut une expérience intéressante. « Ça m’a d’abord paru étrange de retrouver la perruque et les tenues délirantes. Et puis, très vite, l’étrangeté est venue du fait que ça ne me paraissait pas étrange du tout », plaisante-t-il. J’avais oublié à quel point il était intense. Mugatu n’est jamais tranquille, toujours en train de hurler contre quelqu’un, rien ne va comme il veut… Mais c’est tellement marrant à jouer ».  

Au premier rang derrière son moniteur, Stiller fut le témoin extatique du retour de Mugatu à la vie : « On n’avait plus vraiment retravaillé ensemble depuis le premier film et je me suis éclaté à le voir se couler dans le personnage une seconde fois. Dès le premier jour, il s’en prenait à Todd (joué par Nathan Lee Graham) et c’est comme si on l’avait quitté la veille. Je pourrai le regarder faire Mugatu pendant des heures. Je me pissais dessus à chaque prise ».

Seconds rôles : compléter le casting avec du nouveau et de l'ancien

Lorsqu’on les a quittés à la fin de ZOOLANDER, Derek et Hansel fêtaient l’ouverture du « Centre Derek Zoolander pour les enfants qui lisent pas génial et veulent apprendre d’autres trucs », et Mugatu était derrière les barreaux. On découvre rapidement que depuis ce tempslà, une terrible catastrophe s’est produite qui a contraint Derek et Hansel à un exil forcé, loin des podiums, des tapis rouges et des flashes de paparazzi. Après avoir tout perdu, Derek jure de mener une vie d’ermite tandis qu’Hansel, défiguré et portant un masque qui dissimule son infirmité, squatte une hutte dans le désert. Après des années de réclusion, ils reçoivent tous deux une invitation pour participer au prochain évènement Fashion organisé par Alexanya Atoz (Kristen Wiig), l’impératrice de l’industrie de la mode. Trop pressé de renouer avec la gloire, le duo mord à l’hameçon et se rend à Rome.
 
À leur arrivée, Derek et Hansel comprennent rapidement que le monde qu’ils connaissaient a disparu ; les « regards signature » et les « défis défilés » appartiennent au passé. L’industrie est désormais aux mains de la génération « Millenials » et des célébrités internet qui vloggent et détestent la mode avec ironie. Dans le monde post-Steve Jobs des réseaux sociaux et de l’hyper-technologie, Derek et Hansel ont un léger train de retard, comme le prouvent certains des accessoires utilisés dans le film. « L’un des gags du premier film concernait le téléphone ridiculement petit de Derek, alors qu’aujourd’hui on a tous d’énormes smartphones », rigole Stiller. « Le monde a changé sous l’influence des réseaux sociaux et on ne pouvait pas ignorer qu’aujourd’hui, tout le monde a le nez collé à son écran ».

« Ils sont un peu comme des hommes des cavernes face au nouvel ordre Fashion. L’anti-mode est devenue la mode et le moindre effort est récompensé. Tout ce qui leur était important a cessé d’exister », explique le producteur et production designer Jeff Mann. Peu après leur arrivée à Rome, Derek et Hansel sont approchés par la belle Valentina Valencia, agent spécial de la division Global Fashion d’Interpol, qui les recrute pour l’aider à boucler son enquête sur des meurtres de popstars. Les victimes ont une caractéristique commune : elles ont toutes réalisé un selfie au moment de leur mort en arborant le look « Blue Steel ». Persuadée que lui seul est en mesure d’interpréter ce regard, Valentina se tourne vers Derek pour l’aider à infiltrer le gotha de la mode et résoudre l’affaire.

« Valentina est incroyablement belle, un agent sexy de la fashion police qui déborde de sexualité mais ne pense qu’au boulot. Elle veut juste savoir qui assassine ces popstars », explique Stiller.

Durant l’écriture, Stiller n’avait qu’une seule actrice en tête pour le rôle de l’enquêtrice super sexy, l’incomparable Penélope Cruz. « Ça a toujours été Penélope. J’adorais l’imaginer dire nos répliques avec son accent quand on les écrivait. Elle fut l’une des premières personnes contactées et a dit oui très rapidement. J’étais soulagé parce que je n’imaginais personne d’autre qu’elle pour le rôle ».

« Ben m’a appelé et quand il a mentionné ZOOLANDER, je lui ai demandé s’il me faisait marcher parce que je suis une grande fan du premier film », se rappelle Cruz. « J’étais très flattée qu’il veuille de moi pour la suite ».

Cruz a été intrigué par la surprenante complexité de Valentina. « J’aime ce personnage parce qu’il a de nombreuses facettes. Elle est la plus intelligente et efficace du groupe mais elle a un petit grain, elle aussi, ce qui la rapproche de Derek. Il a fallu que je trouve où situer le curseur entre ces deux natures », raconte Cruz.

Malgré l’absurdité de certaines situations, Penélope a approché le personnage avec beaucoup d’aplomb et de concentration, de manière à contraster avec la nature légère et éventée de Derek. « Penélope a pris Valentina très au sérieux, s’intéressant à ses origines et son parcours. Elle se demandait constamment comment Valentina réagirait dans telle scène, notamment par rapport à Derek. Et c’est fantastique ! Dans un film au ton aussi absurde, plus l’acteur prend le matériau au sérieux, plus le public est capable de s’investir dans la réalité de la fiction », commente Stiller.

Le monde délirant de ZOOLANDER a créé des personnages iconiques que le public adore pour leurs excentricités ; Plus c’est délirant et ‘out-of-this-world’, mieux c’est. Stiller et son équipe ont tout fait pour préserver l’esprit et l’enthousiasme des personnages originaux tout en en créant de nouveaux, aussi farfelus que leurs prédécesseurs. « On avait pris de gros risques sur le premier film en pariant sur certains gags et sur cette réalité décalée que l’on présente au public, et on a décidé de faire pareil cette fois-ci. On a tenté de trouver le bon équilibre entre l’ancien et le nouveau », explique Stiller.

Avec Mugatu derrière les barreaux, le monde de la mode s’est retrouvé du jour au lendemain sans leader ; une nation de fashionistas forcées de déterminer par elles-mêmes ce qui est hot et ce qui ne l’est pas. Heureusement, le vide fut comblé dans des proportions épiques par la nouvelle Reine de la mode, l’insurpassable Alexanya Atoz. Si aimée et redoutée qu’elle se déplace en flottant dans les airs (marcher, c’est so normal), Alexanya décide de tout dans l’industrie : quelle tendance suivre, quel motif porter, comment se porte l’indice beauté etc. Lorsque Alexanya invite Derek et Hansel à défiler pour le show de son protégé Don Atari, ils comprennent l’importance du geste et se préparent à faire leur grand retour sur les podiums.

Alexanya Atoz est une installation d’art ambulante. Elle ne se contente pas de porter des vêtements; elle sculpte consciencieusement chaque aspect de son apparence et ne manque jamais une opportunité de faire passer des idées à travers sa garde-robe. Dans sa quête de beauté éternelle, elle a tout tenté pour inverser la courbe du vieillissement. Le résultat est un visage dodu, injecté, tiré et bronzé qui renvoie à l’obsession de la société pour la jeunesse et la chirurgie esthétique. « Alexanya est un désastre de chirurgie en quête de beauté éternelle, si grossièrement botoxée de partout qu’elle peut à peine parler », dit Justin Theroux.

L’actrice populaire Kristen Wiig, ancienne du Saturday Night Live, fut choisie pour le rôle et s’appuya sur les excentricités physiques d’Alexanya pour définir le personnage. « Elle a un côté Reine Maléfique, je n’avais jamais joué quelqu’un comme ça. Le scénario la décrit comme ayant subi tellement de chirurgie qu’elle peine à s’exprimer. Ses dialogues étaient écrits en phonétique avec un petit feeling Russe, et on a finalement décidé qu’elle refusait de porter attention à la bonne prononciation des mots ».

Pour Alexanya, le maquilleur Mark Coulier et son équipe créèrent un look unique en combinant prothèses faciales, perruques extravagantes, extensions et garde-robe complexe. En tout, près de quatre heures de pose. « Ça nécessite de s’oublier quelque temps. Je n’avais jamais porté de telles prothèses; c’est vraiment incroyable. Très étrange de se regarder dans le miroir et de reconnaître ses yeux mais pas son visage », note Wiig.

La transformation fut totale. « C’était super de voir à quel point le maquillage l’inspirait. Après être passée par tout ce processus de métamorphose, elle est rentrée dans le personnage et a commencé à jouer avec ses doigts. C’est le plus beau travail de doigt que j’aie jamais vu », se souvient Stiller.  

« J’ai surtout joué avec le visage et les ongles. J’adorais ces ongles longs ; ils m’ont inspiré quelques gestes de griffure qui la rendent encore plus méchante. Leesa Evans, notre fantastique styliste, a imaginé des costumes très élaborés, étranges, vraiment cinglés. Entre les prothèses, les perruques, les ongles et les costumes, je me suis éclaté », dit Wiig.

Les partenaires de Wiig furent soufflés par sa performance et son point de vue unique sur le personnage. « Dans son approche de la comédie, Kristen fait des choix démentiels et téméraires. Elle est l’une de mes comiques favorites », confie Will Ferrell. « Elle a créé ce personnage de femme-chat dysphasique, à la fois belle, drôle, élégante et grotesque ».
Wiig et Ferrell partagent un moment spécial à l’écran, qui restera comme l’un des baisers de cinéma les plus mémorables de l’année. Sur le tournage, Stiller resta le plus vague possible quant aux particularités du baiser et fut surpris de découvrir jusqu’où ces deux monuments de la comédie étaient prêts à aller. « On en a un peu parlé avant de filmer. Je lui ai dit qu’il pouvait me lécher le visage s’il le voulait, d’autant que ce n’était pas mon vrai visage. Vu sa surprise, je crois que Ben ne s’attendait pas à ça. On y est vraiment allé à fond », rigole Wiig.

« Je ne leur ai donné aucune directive de jeu – Will et Kristin ont une grande confiance l’un envers l’autre et ce qu’ils ont accompli dépasse l’entendement. C’est l’un des moments les plus drôles du film », concède Stiller.

À leur arrivée à Rome, Derek et Hansel réalisent à quel point la mode a changé. Ils reviennent dans un monde qu’ils ne comprennent pas, saturé de hashtags, de tweets et de vlogs. Il n’y a plus de « défis défilé » ou de « regards signature » ; Il n’y a que des designers récompensés pour leur opportunisme. Le plus hot du moment s’appelle Don Atari (Kyle Mooney), un hipster obséquieux qui aime se faire passer pour un gamin de la rue. Le nouveau Bad Boy de la mode. Atari s’est fait un nom en propulsant le casual sur le devant de la scène, en une sorte de critique in situ des standards de la mode. Enfant terrible de l’industrie, Atari a décidé que la beauté est moche, que ce qui n’est pas cool est cool et que ce qui n’est pas vraiment tendance est super tendance. « Il représente tout ce que Derek et Hansel ne comprennent pas dans le Nouvel Ordre Fashion », explique le producteur Jeff Mann. « Atari peut encenser et détruire dans une même phrase. Pour Derek et Hansel, l’écouter parler revient à regarder un match de tennis sans queue ni tête où les déclarations s’annulent les unes après les autres. Ils ne pigent rien ».

Membre actif du Saturday Night Live, le comédien Kyle Mooney fut chargé d’incarner ce personnage super ironique. Heureux de faire partie du projet, Mooney embrassa pleinement le ridicule du personnage. « Don Atari représente le pire de la culture hipster. Il se contredit constamment en usant de mash-up et de références totalement opposés. Je me suis beaucoup amusé à exagérer tout ça ».

Stiller admire l’énergie que Mooney a infusée au personnage. « Kyle est un jeune talent fabuleux. Il n’a pas encore joué dans beaucoup de films mais possède une énergie et une vibration qui n’appartiennent qu’à lui. C’était super de le plonger dans cet environnement, auquel il amène sa fraîcheur et son point de vue ».

L’une des motivations qui pousse Derek à retourner dans le monde civilisé est la perspective de renouer avec son fils Derek Jr., qui a vécu toute sa vie dans un orphelinat italien suite à la réclusion forcée de son père. Derek est surpris de constater que Jr. ne ressemble pas du tout au fils du plus beau top model du monde. Espérant trouver un garçon « vraiment, vraiment, ridiculement beau » doté d’une coupe de cheveux « zoolanderesque », il découvre un chérubin plus intéressé par la lecture que par l’apprentissage de la duck face, sans brushing ni abdominaux. Pour jouer Derek Jr., Stiller dénicha le jeune Cyrus Arnold, lequel était fou de joie de rejoindre le monde étrange et délirant de ZOOLANDER.  
  
« Je voulais un gamin qui soit vraiment bon acteur, capable de jouer l’intelligence et de rester stoïque face à Derek et Hansel. Cyrus est un garçon très futé avec un sens de l’humour inné. Sur le tournage, je pouvais toujours compter sur son investissement et sa concentration ».

Dans cet hommage enamouré aux tapis rouges et aux podiums, la liste d’apparitions de stars se lit comme un Who’s who du monde de la mode. Contrairement à la première fois, les professionnels de l’industrie, désormais familiers avec le matériau, se sont rués pour faire partie de l’aventure. « Le premier film ayant beaucoup marqué, les personnalités de la mode étaient d’autant plus ravies de jouer le jeu cette fois-ci, ce qui nous arrangeait bien puisqu’ils font entièrement partie de l’histoire. Il s’agit d’une comédie absurde, mais leur présence ajoute beaucoup à la réalité de ce monde. C’est intéressant de jouer sur les deux tableaux », dit Stiller.

L'annonce parisienne : retour triomphal de derek et hansel dans les défilés

Dans le monde cruel de la mode, vous êtes tendance l’espace d’un instant et n’êtes plus rien la seconde d’après… Dedans, dehors. Connue pour sa faculté à créer et ringardiser des tendances en un battement de cils, l’industrie fashion évolue dans le moment présent. Les designers vivent ou meurent en fonction de l’accueil réservé à leurs défilés.
Une fois le début des prises de vues annoncé, le retour des deux plus grands mannequins hommes de la planète méritait un coup d’éclat à la hauteur de leur légende. Après un hiatus de quinze ans (bien au-delà de la date d’expiration d’un super model), quelle meilleure plateforme pour un comeback qu’un défilé sur un podium ? Pour semer le trouble entre fiction et réalité, il fut décidé que Derek et Hansel feraient leur retour en « crashant » l’un des gros défilés de la Fashion Week à Paris. Et pour garantir une sortie vraiment surréaliste, personne n’était prévenu. Ni les médias, ni les mannequins, ni le public présent dans la salle. « On pensait que ce serait marrant d’annoncer le film sans l’annoncer, en faisant défiler Derek et Hansel comme ça, sans rien dire de plus. Du moins ça nous semblait amusant… Jusqu’au jour J, où on a commencé à paniquer. ‘À quoi est-ce qu’on pensait ? Et si ça foirait ?’ », raconte Stiller.

Mais quel designer approcher ? Qui pourrait accepter de prêter son podium et de s’amuser de toute cette farce ? Une question d’importance dans une industrie réputée pour se prendre un peu trop au sérieux. « Il nous fallait trouver un partenaire susceptible de nous inviter à l’intérieur de son show, ce qui n’était pas évident puisque ces défilés sont extrêmement importants dans la vie d’une marque. Je pensais qu’on allait finir dans un magasin Célio ou quelque chose comme ça. Qui, dans ce monde, pourrait bien avoir le même sens de l’humour que nous ? ».

La marque en question devait coïncider créativement et culturellement avec l’intrigue du film. Plusieurs options furent considérées. « On a cherché à trouver le bon équilibre entre l’absurdité du monde que l’on décrit et le respect immense que l’on porte à cette industrie. Il nous fallait un défilé de mannequins hommes. Le timing du show devait être spécifiquement réglé et la marque, italienne ».

Surpassant leurs attentes les plus folles, la maison qui accepta finalement de les accueillir fut Valentino, l’une des plus légendaires. Amie de longue date de Stiller, la directrice de la communication de Valentino, Francesca Leoni, eut l’idée un peu folle de caler l’évènement pendant leur défilé féminin de la Fashion Week à Paris. De cette manière, c’est certain, tout le monde serait surpris. « Maria Grazia et Pierpaolo sont très respectés dans l’industrie. Leurs défilés sont réputés pour leur intégrité, davantage centrés sur les mannequins, la musique et les vêtements que sur le spectacle. On s’est assis avec Ben pour échanger quelques idées et ils n’ont pas hésité une seconde. Ils étaient enchantés », se souvient Leoni.  

Fans du premier film, les directeurs créatifs de Valentino Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli ont sauté sur l’opportunité d’apporter un peu de fantaisie dans leur défilé, d’ordinaire si propre et si intense. « Quand Ben nous a proposé d’annoncer le film à l’intérieur de notre show, on y a vu comme une continuation de notre histoire commune, laquelle remonte au premier ZOOLANDER. Pour moi, c’est le film qui représente le mieux la mode et son univers parfois extrême », explique Piccioli.

« Il me semble qu’on est nous-mêmes un peu Zoolander par moments », rigole Chiuri. Si le duo n’a eu aucune hésitation quant à la venue de Derek et Hansel dans leur show, leur entourage était plus sceptique. « Certains nous ont dit, ‘Quoi ?! Vous êtes fous ! C’est dangereux d’associer l’image de la marque à quelque chose d’aussi désinvolte ! », se souvient Chiuri.

Piccioli enchérit : « Accueillir Zoolander dans le défilé avait quelque chose de subversif. La mode, c’est sérieux. Mais ça n’empêche pas l’humour, non ? ».

L’élément de surprise fut primordial. Luttant contre les réalités d’un monde où l’information circule 24/24 et s’échange instantanément depuis un simple téléphone, la production dût employer des tactiques dignes d’un film d’espionnage. « Seuls Maria Grazia, Pierpaolo, le président de Valentino Mr. Sassi et moi-même étions au courant. Aucun des chargés de relation ou des mannequins ne savait. On a utilisé des faux noms pendant la préparation, personne ne se doutait de rien », explique Leoni.

Arrivés secrètement à Paris sous des déguisements, Stiller, Wilson et leur petite équipe furent acheminés vers le lieu de l’événement trois heures avant le début du show et cachés sous une tente, incognito, jusqu’au grand final. Les lumières baissèrent d’intensité, la musique débuta et les mannequins descendirent la rampe sous les yeux du gotha de la mode, heureux de découvrir la nouvelle collection Valentino. Juste avant le final, et le traditionnel salut collectif, les lumières et la musique changèrent. Tandis que Stiller et Wilson firent leur entrée des deux côtés du podium ovale, le public passa en une seconde de la confusion aux éclats de rire. « J’ai senti en descendant le podium que les gens étaient perplexes. Les téléphones étaient de sortie. Les gens ont commencé à pouffer, puis à s’esclaffer, et le temps qu’on arrive au bout du podium, ils étaient debout en train d’applaudir », se souvient Stiller.   L’équipe Valentino observa tout en coulisses. « Les gens sont d’abord restés silencieux, saisis par l’étrangeté de la situation. La surprise était totale et on a senti depuis notre planque en coulisses que le monde de la mode s’offrait un petit moment de liberté. Tout le monde riait et applaudissait, comme si vous étiez à l’église et que le pape se mettait soudainement à danser », plaisante Piccoili.

« À la fin, on s’est tous regardé en se demandant ce qui venait de se passer. C’était comme si on avait gagné le Superbowl, alors qu’on avait juste défilé sur un podium », dit Stiller.

Un échange soigneusement chorégraphié avec Jérôme Jarre, la star de l’application Vine, ajouta encore à la confusion et au subterfuge. À sa sortie du podium, Derek attrape « spontanément » le téléphone d’un spectateur pour un #selfie qui sera vu partout dans le monde, officialisant ainsi le retour de Blue Steel. Stiller, soucieux de ne pas se planter, répéta méticuleusement avant le show. « À l’hôtel, je me suis entraîné à attraper un téléphone avec un manteau sur l’épaule, à jeter le manteau par-dessus mon épaule, à prendre le selfie etc. La chose la plus absurde qu’un homme seul puisse faire dans sa chambre d’hôtel », rigole Stiller.
 
Après sa diffusion en ligne, l’évènement le plus discuté de la Fashion Week est rapidement devenu l’un des grands moments Fashion de l’année. Le défilé de Derek et Hansel fut en tête des trends les plus populaires durant six heures d’affilée, récoltant plus de deux milliards de commentaires en 24 heures. D’après Jeff Mann, « Le moment fut palpable. La réponse de la salle, puis du monde entier, fit tomber la foudre. Être dans cette petite bulle et la sentir exploser à la fin du défilé, c’est une sensation qu’on n’oubliera jamais ».

Transposer le monde de zoolander dans l'ancienne ville de rome

Fan de cinéma italien, notamment de Federico Fellini et Vittorio De Sica, Stiller pensait que l’Italie offrirait une merveilleuse toile de fond pour les nouvelles aventures de ZOOLANDER. « Chaque fois que je vais en Italie, tout le monde me parle de ZOOLANDER. Ils ont là-bas un rapport unique avec ces personnages. J’aimais l’idée d’un décor ‘international’ pour la suite, et ça semblait logique puisque la mode elle-même est internationale ».
Bien que Milan soit considérée comme l’épicentre de la mode en Italie, Rome constituait le décor idéal pour l’histoire du film. « Milan est davantage associée à l’industrie de la mode, mais un certain nombre de grandes maisons ont leurs quartiers généraux à Rome, dont Valentino et Fendi. Et Rome est une ville éminemment cinématographique, ce qui a beaucoup joué en sa faveur », explique le producteur Clayton Townsend.

Forte de sa richesse historique et de son paysage visuel, Rome cadrait idéalement avec l’esthétique et l’intrigue du film. « Après quinze ans d’absence, il nous a semblé que Rome était le décor rêvé pour réintroduire cet univers. Elle offre un cadre plus large et plus international, ce qui est parfait pour une suite. Les ramifications mythologiques de l’intrigue bénéficient grandement d’une toile de fond historiquement aussi chargée », confie le producteur et le chef décorateur Jeff Mann.

Le tournage se déroula au printemps 2015, sur une période de quatre mois, avec une équipe de production constituée d’une poignée d’américains et de la « crème de la crème » des artisans du cinéma italien. La liste des lieux de tournage ressemble à un itinéraire touristique rêvé à travers les sites les plus réputés de la ville : le Forum, le Panthéon, les Thermes de Caracalla, le Palais de Venise, le musée Macro, le Tibre, le Palais des Congrès et les légendaires studios de Cinecitta.

Le chef-décorateur et producteur Jeff Mann plaça la barre haut en ce qui concerne les décors et le look du film. Le Palais de la civilisation italienne, avec son architecture unique, fut choisi pour figurer la façade extérieure de l’empire d’Alexanya Atoz. Monument de l’architecture fasciste, l’immeuble fut édicté en 1937 sous les ordres de Mussolini pour y accueillir la fine fleur de l’Art Romain. Une construction au design imposant et aux dimensions prodigieuses, recouverte de marbre travertin. « L’immeuble est austère, extrême, particulièrement graphique. Il projette une idée de grandeur et de vice », explique Mann.  

De manière à rester dans une échelle avoisinante, le Palais des Congrès de Rome servit de doublure pour l’intérieur de la Maison Atoz. Construit à l’origine pour l’exposition universelle de 1942, mais annulé pour cause de seconde guerre mondiale, le vaste Palais fut le squelette à partir duquel Mann et son équipe créèrent la chambre de conception hyper sophistiquée d’Alexanya. « L’espace où vit et travaille Alexanya devait ressembler à une sorte d’immense mausolée, digne de son statut d’impératrice ».

Et que trouve-t-on dans le bureau de toute impératrice créative qui se respecte ? Un nid géant depuis lequel elle gouverne son empire. « On aimait l’idée qu’Alexanya ponde ses grandes idées fashion au milieu d’un nid », rigole Mann.

Les sites touristiques les plus visités de Rome furent utilisés pour le tournage. Le Panthéon a servit de toile de fond à une longue poursuite entre un gang de tueurs à moto et l’une des plus grandes popstars du monde, tandis que les Thermes de Caracalla et leur système de tunnels souterrains furent le théâtre de plusieurs séquences. L’un des sites archéologiques les plus imposants du monde, les Thermes furent bâtis entre 212 et 217 après J.C. et demeurent un magnifique témoignage de l’ingénierie romaine. Le rez-de-chaussée servit de décor pour l’« Incredi-ball », l’événement le plus important de l’industrie de la mode où Derek, Hansel et Valentina prennent en filature les personnalités influentes du milieu, jusqu’à une chambre sacrificielle dissimulée dans les entrailles de l’établissement.

Quelques scènes furent filmées directement dans les tunnels des Thermes de Caracalla, mais un des dômes fut recréé sur un plateau à Cinecitta. Les légendaires studios, commandités en 1937 par Mussolini, sont considérés comme l’épicentre du cinéma italien et ont accueilli certains des plus grands trésors du cinéma local, dont le chef d’œuvre de Fellini, LA DOLCE VITA. La production de ZOOLANDER mobilisa plusieurs plateaux en simultané, l’un d’eux abritant la construction la plus coûteuse du film : la chambre sacrificielle. « C’était le décor le plus élaboré et le plus long à construire, avec plein de pièces mouvantes. Ça s’est avéré assez compliqué mais le résultat est très cool », explique Clayton Townsend.
Derek et Hansel constatent de visu à quel point le monde de la mode s’est transformé en arrivant au défilé de la maison Atoz, mettant en vedette le designer tendance du moment, Don Atari. Situé dans une décharge médicale abandonnée obligeant les invités en talons à se faufiler à travers des grillages et à patauger dans la boue jusqu’aux genoux, le défilé reflète l’esthétique anti-mode du designer dans toute sa gloire « j’menfoutiste ». « On s’est beaucoup amusé à commenter les standards de la mode à travers tous ces niveaux d’absurdité. L’idée était de montrer que tout fonctionne dans les extrêmes et que la frontière est mince entre « Voilà quelques fripes balancées les unes sur les autres » et l’artisanat sophistiqué de la Haute Couture », commente Jeff Mann.

Le show « dévasté » de Don Atari traduit sa vision à la fois terne et élaborée de la mode : un décor massif constitué d’un grand échafaudage et de conduits d’égouts en béton encadrant un podium en forme de tapis roulant. Mann voulait créer un environnement assemblé à la va-vite mais exécuté avec une grande précision. « Cette production gigantesque montrant des personnes âgées mal fringuées défilant sur un tapis roulant illustre à merveille la dichotomie du personnage de Don Atari ».

Pour Stiller et Mann, l’un des objectifs premiers du film était de viser plus haut qu’une comédie traditionnelle en termes d’échelle et de scope. « En tant que réalisateur, Ben a une esthétique qui lui est propre et, même s’il s’agit d’une comédie, il se démène pour que le film ait de la gueule. Ça lui tient vraiment à cœur », explique Mann. « On aimerait que le public soit surpris par ces environnements et que l’énormité du design trouve le bon équilibre entre réaliste et ‘over the top’ ».

Pour définir le look du film, Stiller s’inspira de plusieurs classiques du cinéma italien. « Je me suis replongé dans ces merveilleux films technicolor de De Sica des années 60 avec Marcello Mastroianni et Sophia Loren, aux couleurs pop et aux images riches. Il m’a semblé qu’on pouvait se permettre d’avoir un monde aussi stylisé pour ZOOLANDER ».
« Généralement, on n’attend pas d’une comédie qu’elle soit jolie à regarder. Mais dans ce film, les costumes, la lumière et les décors détaillés conspirent pour créer quelque chose d’une beauté un peu folle. Ben a un goût sûr et un œil incroyable », commente Penélope Cruz.  Kristen Wiig confirme : « Ben est incroyablement passionné, attentif au moindre détail. Il est très visuel et exige que tout ait l’air beau. C’est agréable de travailler avec des gens aussi investis ».

« En tant que réalisateur, Ben est complètement sous-estimé. Il est très concentré et il sait cultiver l’énergie des acteurs. Il a des idées géniales mais il tient à ce que les acteurs s’épanouissent et s’investissent à fond dans leurs personnages », explique Will Ferrell.  
Pour Stiller, il était important de créer sur le plateau le bon environnement pour permettre à son talentueux casting de s’épanouir sans contraintes. « Fournissez leur un contexte, assurez-vous que l’objectif de la caméra n’est pas flou, et laissez les acteurs faire leur truc. Réaliser une comédie, en fin de compte, revient à être spectateur de la drôlerie des autres, et c’est une vraie joie de travailler avec des gens aussi talentueux. Je suis très chanceux ».

Réaliser un film est une entreprise difficile qui requiert de porter plusieurs casquettes à la fois et de jongler avec une multitude d’éléments. Non seulement Stiller mène les opérations derrière la caméra, mais il est de surcroît le visage de la franchise ZOOLANDER.

Son habileté à passer d’acteur à réalisateur à l’intérieur d’une scène a subjugué son entourage. « C’est incroyable de le regarder travailler parce qu’il joue la scène, la réécrit, la réalise et la monte dans sa tête. On peut voir dans son regard que ça va à cent à l’heure », plaisante Justin Theroux.

« C’était fou de voir Ben entrer et sortir de la fiction en un claquement de doigts, se souvient Cruz. Il dirigeait, modifiait l’éclairage et les mouvements de caméra et revenait dans la peau de Derek, tout ça à l’intérieur d’une scène. Je l’ai vu faire ça une bonne centaine de fois par jour. Peu de gens sont capables de résister à un tel niveau de pression. J’admire sa flexibilité ».

Quand la comédie rencontre la mode : les costumes de zoolander

Son histoire fermement ancrée dans le monde de la Haute Couture, Stiller dût trouver une styliste à même d’établir le bon ratio entre mode et comédie. Avec des films comme CRAZY AMY et MES MEILLEURES AMIES à son palmarès, Leesa Evans fut embauchée, et immédiatement intriguée par la perspective de travailler sur un film situé dans les coulisses de la mode. « Je pouvais à travers le film mettre l’accent sur l’artisanat de la mode. On ne se moque pas pour se moquer. On voulait montrer que la mode peut être fun, capricieuse, imaginative ou hilarante, selon le contexte », explique Evans.

Soutenue par la profession, la suite de ZOOLANDER offrait l’opportunité de travailler avec les meilleurs designers, créateurs et monteurs de l’industrie, ce qui n’était pas vraiment le cas sur le premier film. « Quand on a commencé à réfléchir à ce qu’on voulait faire, on s’est vite rendu compte qu’on allait avoir besoin du soutien de l’industrie. Contrairement à la première fois, on a pu avoir accès à tous les gens qu’on désirait ».  

« Heureusement, l’industrie dans son ensemble était friande du film original, et de nombreuses personnalités étaient excitées à l’idée de participer. Il me semble qu’on a pu infuser à l’écran beaucoup plus de mode que dans le premier film », dit Evans.

Bien qu’il s’agisse d’une satire, l’équipe créative tenait à créer un équilibre entre la ‘vraie’ Haute Couture et la réalité absurde du monde de ZOOLANDER. « On a cherché à déterminer quels créateurs correspondaient le mieux à nos personnages. Je suis parti de vraies pièces et j’y ajouté mes propres designs pour parvenir à cette fusion entre couture et comédie. Vestimentairement parlant, on voulait que le film soit 50% Haute Couture, 50 % comédie ».  

Evans dût moderniser l’attirail de Derek et Hansel sans pour autant bousculer leurs caractéristiques premières. Les deux mannequins prennent leurs choix vestimentaires très au sérieux, même après avoir laissé les podiums derrière eux. « Derek et Hansel seront toujours à l’écoute de la mode, c’est en partie ce qui les définit ».  
Quand on les retrouve, Derek et Hansel vivent coupés du monde à des bouts opposés de la planète, ayant juré de ne jamais retourner à la civilisation. Pourtant, dans le plus pur style ZOOLANDER, ils sont toujours habillés comme s’ils s’apprêtaient à défiler. Seul sur sa montagne, à des milliers de kilomètres des podiums, Derek porte des habits d’hiver hyper tendance, tandis qu’Hansel coule des jours paisibles en tenue de Yogi bohème chic. « L’idée derrière le look de Derek était d’imaginer ce que donnerait un shooting mode à la montagne. Pour Hansel, sa tenue est la version fashion d’un sherwani indien, avec ses beaux textiles, ses couleurs incroyables et son artisanat de pointe… Ils sont toujours prêts à défiler », rigole Evans.  

Mais tout a changé durant le long exil de Derek et Hansel, comme l’illustre le nouveau créateur tendance de l’industrie, Don Atari. « Pour Derek et Hansel, la mode est un spectacle élaboré doublé d’une discipline artistique, et ils voient en Don Atari un monsieur-je-sais-tout de la mode anti-mode ». Le look de Don Atari, où le banal s’improvise Haute Couture, permettait de moquer l’esprit de sérieux des ténors de la mode. « Don Atari décide arbitrairement de ce qui est tendance ou non. Il prend ces costumes ringards d’Halloween et en fait des œuvres d’art. Une paire de chaussettes blanches ? Oui, ça aussi maintenant c’est fashion », s’amuse Evans.  

La garde-robe la plus ornée et spectaculaire reste celle d’Alexanya Atoz, dont la vision unique s’exprime à travers les vêtements et les environnements qu’elle crée. Les tenues qu’elle porte sont des œuvres d’art ambulantes, toutes plus grandioses les unes que les autres. Evans a pu repousser certaines limites grâce à Alexanya et à sa fausse collection. « Avec sa ligne de vêtements, on a vraiment poussé dans le ridicule. On s’est bien amusé à donner une vision aussi sauvage et cinglée de la mode ».

Kristen Wiig était soufflée par les détails et la beauté de chaque création. « Toutes ces robes étaient dingues, Leesa est incroyable. Avant le tournage, elle m’a envoyé des dessins dans lesquels elle avait développé des thèmes associés à chaque tenue, comme par exemple un écureuil volant sexy avec des ailes en fourrure, une mohawk et du cuir violet ».

Les créations d’Alexanya sont accompagnées d’accessoires cheveux qui dialoguent avec les vêtements. Si une robe a des motifs en cases, une forme carrée était aussitôt incorporée à l’accessoire. « Les perruques et les accessoires de cheveux avaient parfois du mal à se marier. Il a fallu déterminer quelle hauteur de perruque fonctionnait avec quel accessoire, ce qui s’est révélé très amusant à faire ».

Certaines tenues étaient aussi belles qu’impraticables. Wiig se souvient : « La robe fleurie violette était un peu flippante parce que mes bras devaient passer à travers une grosse fleur posée sur ma tête. Seul mon visage était exposé. Enfin mon nez et mon menton seulement puisque le reste était faux. Certainement pas la robe la plus confortable que j’ai porté, mais Dieu qu’elle était belle ! ». Pour Valentina, le très sérieux agent d’Interpol, la comédie vient de son sex appeal inné et non intentionnel. Qu’il s’agisse d’un corset qu’elle porte sous ses vêtements au cas où elle devrait traverser un océan à la nage, ou d’une combinaison de moto moulante assortie à sa moto rouge, Valentina est impeccablement habillée pour les besoins de l’enquête. Ses différentes tenues évoquent le look classique de l’espionne sexy, tirant avantage de la beauté naturelle de Penélope et du fait qu’un rien l’habille. « Avec le personnage de Penélope, on voulait jouer avec l’image de ces belles femmes italiennes des années 60, type Sophia Loren, tout en s’amusant du fait qu’elle-même ne sait pas à quel point elle est sexy », dit Evans.
  
« Ces personnages se prennent beaucoup trop au sérieux, ce qui est important pour le rythme et l’humour du film. Mais ce que Leesa a créé est vraiment spécial. Certaines tenues sont tellement ‘over the top‘ qu’elles vous piquent les yeux. Il y a tellement de beauté dans chacune d’entre elles », commente Cruz.

L’Italie étant réputée pour ses infrastructures et son savoir-faire, Evans et son équipe travaillèrent d’arrache-pied à créer tous les costumes sur place. « C’était comme faire un film d’époque. Aucun de ces personnages ne pouvait se contenter d’une paire de jeans et d’un t-shirt. Tout était fait sur mesure ».

« Ce qu’elle a imaginé était incroyablement ambitieux, et on a tout fait fabriquer en Italie. Les costumes devaient se fondre dans chaque environnement. Sur un film de cette nature, ils étaient d’une importance capitale », commente Stiller.

Chaque look nécessitant plusieurs départements séparés, la collaboration sur le plateau était primordiale. « Certains personnages consistaient en une addition de costume, de maquillage, de cheveux et de prothèses, chaque partie affectant l’autre étroitement. C’était incroyable de voir toutes ces pièces s’assembler », commente le producteur Clayton Townsend. Gérer simultanément la conception des costumes et l’afflux constant de caméos compliqua encore un peu plus la tâche d’Evans et son équipe. Compte-tenu des emplois du temps chargés des « guests », l’équipe d’Evans eut très peu de temps pour se préparer à recevoir les plus grands noms de la mode. « Le plus souvent, on apprenait la venue d’une personnalité 24 heures avant, et on devait se débrouiller dans le temps imparti. Il y a tellement de gens dans cette industrie que je voulais honorer. C’était important de les habiller avec goût, et dans un style qui leur est propre », explique Evans.  
Malgré le chaos d’une production installée dans un pays étranger et mettant en scène les plus grands noms de l’industrie, l’équipe a relevé le défi de rendre hommage à l’artisanat de la mode tout en faisant un gros clin d’œil au public. « L’idée était que le film plaise aux professionnels de la mode autant qu’aux fans de comédie. Si c’est le cas, alors on a bien fait notre travail. Artistiquement, nous sommes parvenus à nous distinguer du premier film tout en lui restant fidèle. Et de ça, je suis extrêmement fière ».

lundi 17 février 2014

Back to the future











Aventure/Animation/Très mignon pour les enfants, un peu long pour les adultes

Réalisé par Phil Lord et Chris Miller
Avec les voix, en version originale, de Chris Pratt, Will Ferrell, Elizabeth Banks, Will Arnett, Morgan Freeman, Alison Brie, Charlie Day, Liam Neeson, Nick Offerman, Channing Tatum, Jonah Hill, Cobie Smulders, Will Forte, Dave Franco, Graham Miller, Shaquille O'Neal, Billy Dee Williams...
Avec les voix, en version française, de Arnaud Ducret, Tal......

Long-métrage Américain/Australien
Durée: 01h40mn
Année de production: 2014
Distributeur: Warner Bros. France

Titre original : 

A partir de 3 ans

Date de sortie sur les écrans U.S.: 7 février 2014
Date de sortie sur les écrans australiens : 3 avril 2014
Date de sortie sur nos écrans: 19 février 2014 


Résumé : Emmet est un petit personnage banal et conventionnel que l'on prend par erreur pour un être extraordinaire, capable de sauver le monde. Il se retrouve entraîné, parmi d'autres, dans un périple des plus mouvementés, dans le but de mettre hors d'état de nuire un redoutable despote. Mais le pauvre Emmet n'est absolument pas prêt à relever un tel défi !

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : LA GRANDE AVENTURE LEGO est un chouette film pour enfants. Il est fun, coloré, plein d'action. En général, les personnages Lego ne leur sont pas inconnus, ils se sentiront donc immédiatement à l'aise avec l'univers décrit dans le film. Le scénario est simple, l'histoire est facile à suivre. Le personnage principal, Emmet, est très sympathique et attachant. 



La morale de l'histoire est mignonne, elle salue l'imagination. L'animation est réussie. Elle reste fidèle aux jouets à la fois dans les attributs physiques et les mouvements possibles tout en étant fluide et créative. Les scènes d'action sont particulièrement impressionnantes. 


Il y a de l'humour ainsi que des références geeks et cinématographiques. On retrouve plein de super héros et de personnages emblématiques de grande saga.


 
Les enfants apprécieront la 3D qui met toujours agréablement en relief les personnages dans les films d'animation.
De mon point de vue d'adulte, j'ai trouvé que le film tirait en longueur. J'ai eu la sensation que des scènes se répétaient et l'impression que l'histoire était surtout prétexte à nous présenter toute la gamme des jouets Lego. J'ai été un peu déçue. Je m'attendais à un film plus drôle dans l'ensemble. Mais comme je ne suis pas la cible, en même temps, peu importe. Je suis vraiment persuadée que les enfants, eux, passeront un excellent moment et c'est tout ce qui compte. 
LA GRANDE AVENTURE LEGO est donc un film à découvrir en famille pour faire plaisir aux plus jeunes.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

COOL-TAG
…La seule chose capable de neutraliser le Kragle est la Pièce de Résistance et, selon la prophétie, celui qui le trouvera est le Spécial. Le Spécial est censé unir les Maîtres Constructeurs encore en vie, prendre d'assaut la Tour Octan, où le Président Business a ses bureaux, s'emparer de la Pièce de Résistance et la placer sur le Kragle pour le mettre définitivement hors d'état de nuire.  
EMMET
Génial. Je crois que j'ai compris. Mais au cas où quelque chose m'aurait échappé, réexplique-moi tout ça. J'avais la tête ailleurs. 

Quiconque a déjà imaginé, à même le sol de sa chambre, tout un univers à partir de simples pièces détachées comprendra ce que Phil Lord et Christopher Miller, auteurs de LA GRANDE AVENTURE LEGO, veulent dire lorsqu'ils affirment qu'ils avaient constamment des seaux remplis de briques de Lego dans leur enfance. "On construisait des navettes spatiales et toutes sortes d'objets délirants, mais ce n'est pas tant la construction en tant que telle qui nous fascinait que le nombre infini de possibilités qui s'offrait à nous", déclare Miller. Devenus réalisateurs, les deux hommes se sont intéressés à autre chose. "Chris et moi avons été inspirés par l'ingéniosité et l'humour qui se dégagent de la communauté mondiale des fans de Lego", ajoute Lord, qui fait allusion à CUUSOO, programme permettant aux fans de soumettre des idées de nouveaux produits, aux forums "ReBrick", où les internautes peuvent partager leurs propres créations avec le reste du monde, et au nombre croissant de court métrages utilisant des briques et des personnages de Lego, produits et postés sur Internet par des fans du monde entier. Car la marque Lego, jeu de construction qui n'a cessé d'évoluer au fil des années, éveille le potentiel créatif de nombreuses générations, partout sur la planète, depuis ses débuts. Déterminés à respecter cet état d'esprit, Lord et Miller étaient conscients qu'il ne pouvait s'agir d'un banal film d'animation, mais d'un long métrage entièrement conçu à partir de briques et d'éléments de Lego. "On s'est dit que ça serait génial de réaliser un film d'aventures aux scènes d'action spectaculaires, qui donnerait le sentiment que les personnages et les décors ont été assemblés par un enfant, tout en étant une vaste fresque", poursuit Lord. "Et l'idéal serait de pouvoir conserver l'aspect artisanal des petits courts métrages qu'on a tant aimés. Car à partir du moment où l'une des vertus des briques de Lego réside dans l'accessibilité de ce moyen d'expression, on voulait tourner un film qui donne l'impression que n'importe qui aurait pu le faire dans sa cave – à condition d'avoir une cave immense et quelques millions de briques à sa disposition !" 

D'ailleurs, le chiffre approximatif est de 15 millions, si l'on compte l'ensemble des briques, personnages, décors et accessoires utilisés pour le tournage. S'il s'agit d'un film familial, qui enchaîne séquences d'action et de comédie, il défend aussi quelques idées majeures. "Je voulais d'abord que ce soit un film que je puisse savourer avec mes fils, et qui témoigne de l'imagination et de l'ingéniosité des enfants", affirme le producteur Dan Lin. "Surtout, j'ai deux garçons, très exubérants, et ça leur arrive de faire tomber et de casser des jouets. Ce que j'apprécie dans le Lego, c'est qu'on peut non seulement fabriquer un objet à partir des briques, mais qu'on peut aussi le reconstruire pour en faire quelque chose de plus réussi encore". Ce sentiment est partagé par l'ensemble des auteurs et des producteurs, ainsi que par les comédiens qui ont prêté leur voix et qui soulignent leur attachement à l'univers Lego. Will Ferrell, qui incarne le Président Business et son redoutable alter ego, Lord Business, s'explique : "Alors que je suis père aujourd'hui, c'est assez amusant de voir mes propres enfants jouer avec des briques de Lego, ce qui me donne l'impression que la boucle est bouclée ! C'est même fascinant de voir que ça passionne autant mon fils de 3 ans que mon aîné de 9 ans. Le plus difficile, c'est de me retenir de leur demander de me passer les briques afin de les aider. Je dois résister à cette envie pour les laisser faire leurs propres découvertes". "Il y a deux manières de jouer aux Lego", analyse Miller. "La première, c'est de suivre le mode d'emploi et de construire un très bel objet qu'on dépose ensuite sur une étagère et qu'on ne touche plus jamais pour ne pas le casser. La seconde, c'est de partir d'une pile de briques réunies de façon aléatoire et de fabriquer quelque chose en suivant son imagination, puis de le casser pour construire autre chose. L'intrigue de LA GRANDE AVENTURE LEGO s'inspire de ces deux démarches puisqu'il y est question d'innovation, de créativité et de l'importance du changement". Pour le producteur Roy Lee, les deux réalisateurs sont "deux des artistes les plus inventifs que je connaisse. Ils s'en sont remarquablement sortis avec TEMPÊTE DE BOULETTES GÉANTES, adapté d'un livre assez inconsistant, et ils ont su donner une véritable épaisseur aux personnages et étoffer la matière de départ. S'agissant de LA GRANDE AVENTURE LEGO, il y avait tout à inventer et ils se sont révélés être les hommes de la situation". Mais le petit monde des Lego court à sa perte… jusqu'à ce qu'un certain Emmet, héros malgré lui, fasse son apparition. Travaillant sur des chantiers, Emmet se décrit lui-même comme un moins que rien. Il se contente de mener sa vie sans se poser de question, convaincu qu'il est un être des plus ordinaires – jusqu'à ce qu'une crise d'envergure exceptionnelle ne lui dévoile un aspect extraordinaire de sa personnalité qu'il ne soupçonnait pas. "Le premier jour, on a évoqué nos souvenirs de ces moments où l'on construisait un objet avec des briques de Lego et où l'on éprouvait parfois un sentiment de frustration lorsqu'on n'arrivait pas à trouver immédiatement la pièce qui nous manquait", rapporte Dan Hageman qui, tout comme son frère et collaborateur à l'écriture Kevin Hageman, a développé l'intrigue avec Phil Lord et Christopher Miller. "C'est ce sentiment-là qui résume le mieux le personnage d'Emmet. Il estime qu'il ne peut être heureux qu'en suivant les consignes qu'on lui a données, mais le destin de la planète repose sur sa capacité à découvrir sa propre créativité". 

Chris Pratt, qui incarne Emmet, ajoute : "Grâce à cette mission, il va explorer des univers Lego dont il ignorait l'existence, où tout est un peu ridicule, mais d'une manière positive. Tout y est beau, inventif, exaltant et très drôle. On y découvre des personnages adorables, des décors sublimes, des scènes d'action insensées, pas mal d'amour et un message très positif qu'on a envie de transmettre à nos enfants et avec lesquels on peut donc aller voir le film". 

"Le film aborde plusieurs sujets, mais le plus important, c'est que nous avons tous des ressources insoupçonnées en nous", déclare Lin. "Même si l'on pense qu'on est un être sans importance, on peut malgré tout faire bouger les choses", renchérit Lee.

Outre Pratt et Ferrell, le casting réunit Elizabeth Banks, Will Arnett, Nick Offerman, Alison Brie, Charlie Day, Liam Neeson et Morgan Freeman. 

"On s'est tous beaucoup amusés", souligne Elizabeth Banks qui prête sa voix à Cool-Tag, jeune femme rebelle. "On essayait de se faire rire mutuellement. Chris et Phil adorent cet univers et ils ont mis l'accent sur l'humour et sur l'originalité. En tout cas, on a pris un grand plaisir avec ces personnages". 

Selon Lord, la drôlerie du film est notamment liée à l'échelle des décors et des personnages : "C'est très amusant de voir ces petites figurines jaune vif qui jouent aux gros durs ou qui menacent de détruire la planète, tout en ayant les proportions de personnages de Lego !", dit-il. "C'est franchement irrésistible de les voir prendre tout ça très au sérieux". 

En tous les cas, les auteurs ont pris au sérieux les valeurs de Lego et leur résonance chez les millions de fans du monde entier de la marque. "C'était assez flippant de se lancer dans un film dont le héros est un jouet aussi apprécié", poursuit Lord. "C'était un immense honneur, mais aussi une sacrée responsabilité". 

Sur le plan visuel, Lord et Miller ont opté pour un style réaliste se rapprochant de l'animation en stop-motion afin de donner aux personnages et aux décors l'esthétique artisanale propre aux constructions de Lego. Plutôt que d'avoir recours aux effets infographiques, les animateurs ont créé chaque objet et élément de décor brique par brique – technique qui s'est révélée particulièrement efficace puisque, dans l'histoire, certains bâtiments et autres objets étaient censés être pulvérisés, puis reconstruits aussitôt pour donner lieu à des armes ou à des véhicules à grande vitesse. 

"C'est assez facile de tracer des lignes droites en infographie, mais on voulait de la texture et de la matière à l'écran", affirme Lord. "C'est plus compliqué à réaliser avec cette méthode, mais cela rehausse la qualité du film et c'est davantage en adéquation avec les valeurs de notre histoire. On a beaucoup travaillé sur les éraflures et les traces de doigt, et on a vraiment essayé de faire en sorte que les briques ne soient pas assemblées de manière parfaite et régulière, comme si tout cela était fait à la main". 

Pour y parvenir, la production a collaboré avec le célèbre studio d'animation Animal Logic, installé en Australie, et a même recruté Chris McKay (ROBOT CHICKEN) en tant que coresponsable de l'animation. Ce dernier a piloté des centaines de techniciens, tout en participant au montage et en assurant un lien constant entre les réalisateurs, les story-boardeurs, les animateurs et les autres monteurs. "McKay a occupé plusieurs fonctions sur ce film", souligne Lin. "On n'y serait pas arrivés sans lui". 

"Phil et Chris ont su instaurer un environnement de travail presque ludique, propice à une bonne entente entre chaque département, afin qu'on puisse proposer des idées et les développer jusqu'au bout", note McKay. "C'était un processus extrêmement fluide, des story-boards à l'animation et à la conception des décors". 

Pour la production, les contraintes physiques des personnages de Lego font tout leur charme, si bien qu'ils n'ont jamais envisagé de les modifier pour s'adapter à l'échelle d'un tournage. Dans le film, les personnages se déplacent et nouent des relations de manière authentique, comme s'il s'agissait de marionnettes guidées par une main invisible. Même pour leurs expressions de visage, les auteurs ne souhaitaient pas s'écarter des mimiques propres au Lego, que traduisent leurs yeux, sourcils et bouches peints sommairement. Pourtant, tout en respectant ces contraintes, McKay et son équipe ont réussi à exprimer toute une palette d'émotions. 

Le plus révolutionnaire dans le film, c'est la manière dont la production a su utiliser de simples briques de Lego pour orchestrer de vastes séquences d'action à grande échelle. "Tout ce que voit le spectateur – qu'il s'agisse de fumée ou d'eau, de rochers, de feu ou même d'explosions – est constitué d'éléments de Lego", remarque Lin. "On voulait représenter des décors naturels à partir de briques de Lego comme on ne les avait jamais vues auparavant sur grand écran". 

"Quand on voit l'océan de Lego, avec ses vagues de briques qui ondulent, ou encore la tempête qui s'abat sur le navire de pirates et la mer alentour, c'est extraordinaire", constate Miller. "On a eu recours à des éclairages et des mouvements d'appareil dignes d'un blockbuster afin que le résultat soit aussi cinématographique que possible". 

"Ce qui me plaît vraiment dans ce projet, c'est que l'intrigue traverse plusieurs univers de Lego", rapporte Lord. "On a commencé par story-boarder une scène de course-poursuite qui démarre en ville et qui continue dans le Far West. Cela dégénère en bagarre de saloon avant que les flics de la ville voisine ne débarquent et ne donnent à la séquence un côté polar des années 70 à la BULLITT. J'adore voir ce mélange des genres, où chaque personnage a son tempo". 

"C'est alors que Batman fait son apparition et que le film prend un tour plus délirant encore", ajoute Miller. 

Outre la célébrissime Batwing en Lego, le film nous fait découvrir toute une gamme de nouveaux véhicules révolutionnaires qui permettent à Emmet et ses amis de prendre la fuite ou d'affronter leurs ennemis, dans les rues de la ville, en mer ou sous la mer, ou encore dans l'espace. On fait également connaissance de plusieurs nouveaux héros et méchants qui se mêlent aux personnages de Lego existants. 

Au cours des trois années de développement et de tournage que le film aura nécessitées, les réalisateurs ont souvent puisé dans leur propre imagination. "Nos bureaux étaient remplis de briques de Lego et on passait notre temps à chercher des moyens amusants de nous en servir pour illustrer un rebondissement de l'intrigue", indique Miller. Lord ajoute : "J'ai fabriqué mon siège de bureau en briques de Lego. Et même mes chaussures ! Elles ne sont pas super confortables, mais on finit par s'y habituer !" 

À la fois fans de Lego et novateurs dans leur style, ils ont souhaité rendre hommage à ce jeu légendaire, tout en ayant l'esprit frondeur. 

"On cherche toujours à réaliser des films qui nous fassent rire, et qui fassent rire nos amis", affirme Miller. "Et on ne veut surtout pas être condescendant vis-à-vis des enfants". 

"Il est clair que les enfants et leurs parents apprécieront le film, mais on tenait à réunir les générations et à ne jamais oublier qu'il existe toute une communauté d'adultes, fans de Lego, qui réalisent des objets auxquels un enfant ne penserait pas", reprend Lord. "Ce que je préfère au cinéma, c'est lorsque je peux y emmener ma grand-mère, ou mes parents et ma petite amie, ou mes neveux et nièces, et que je suis certain qu'ils vont tous passer un bon moment. Ce qui est formidable, c'est que des gens de tous les âges puissent s'amuser ensemble". 
COOL-TAG 
J'ai un petit copain, du coup, ne te fais pas d'idées. 
EMMET 
Je ne me fais jamais d'idées.
Emmet n'est jamais tombé sur un mode d'emploi qui ne lui ait pas convenu : quelles que soient les règles, il se contente de les appliquer. De même, il se met à siffloter machinalement un air qu'il entend à la radio, et se satisfait de manger la même chose que son voisin ou de voir la même émission que celui-ci regarde à la télévision. Il consulte même un livre pour se souvenir de prendre sa douche et d'enfiler son pantalon – dans cet ordre – tous les matins, avant de se mêler à la foule anonyme des habitants de Bricksburg qui se rend, comme chaque jour, au travail. 

"Pour le personnage principal, on voulait un comédien qui ait une solide expérience de la comédie, mais qui sache aussi se rendre attachant et incarner ce type banal", indique Lord. "Chris Pratt s'est imposé dès le début". 

Tous les jours sur le chantier, Emmet entreprend de raser tous les immeubles jugés "bizarres" et de les remplacer par d'autres totalement uniformes, suivant ainsi les consignes du Président Business. "Brickbsburg est une ville tentaculaire, où tout se ressemble et où l'on ne trouve que des maisons en préfabriqué, car le moindre quartier conservant encore un peu de cachet et d'originalité a été détruit", analyse Pratt. "La ville a donc été conçue suivant des règles d'uniformisation totalement utopiques : on sent bien qu'une force maléfique est à l'oeuvre et qu'une puissance contrôle les habitants de Bricksburg". 

Mais le cours de l'existence d'Emmet s'apprête à changer lorsque, par accident, il tombe tête la première dans une fosse qui vient d'être creusée et qu'il y rencontre Cool-Tag, entrée sur le chantier par effraction : c'est la plus ravissante jeune femme qu'il ait jamais vue. Qu'il s'agisse de son sweat-shirt recouvert de graffiti, de ses mèches bleu turquoise et rose fuchsia, ou de son attitude rebelle, il n'y a décidément rien de banal chez cette femme. 

Elizabeth Banks précise : "J'ai adoré camper une héroïne de film d'action. Cool-Tag essaie de se montrer à la hauteur de sa réputation. Elle a un côté rebelle assez sympa auquel la plupart des ados seront sensibles, et c'est une jusqu'auboutiste qui cherche à affirmer son identité et son style. Ce que j'ai surtout aimé chez elle, c'est qu'elle est futée et forte. Elle n'hésite pas à foncer sur son adversaire et à être frondeuse, et elle n'a rien d'une sainte-nitouche ! C'est elle, au contraire, qui sauve pas mal de situations désespérées". 

Pendant qu'elle enregistrait ses dialogues, la comédienne était souvent pieds nus. "J'aime bien bouger et sauter en l'air", dit-elle. "Or, on ne peut pas faire de bruit lorsqu'on fait le doublage, si bien qu'il fallait que j'enlève mes chaussures, surtout pour les scènes d'action. Comme le personnage passe son temps à s'agiter dans tous les sens, à donner des coups et à courir, je faisais moi-même tous ces gestes derrière mon micro". 

Cool-Tag est une Maître Constructrice – la première qu'Emmet ait jamais rencontrée. "Dans le film, il existe des légendes vivantes, appelées 'Maîtres Constructeurs', particulièrement inventifs et capables de construire n'importe quel objet à partir d'une pile de briques ou de ce qui leur tombe sous la main, que ce soit un panneau de signalisation ou une benne à ordures", explique Miller. "En bref, ils peuvent transformer n'importe quel objet en un autre objet". 

"On est partis du principe que les grandes figures de l'histoire et de la littérature sont tous des Maîtres Constructeurs et que donc Shakespeare, Abraham Lincoln, Wonder Woman et Robin des Bois pourraient se retrouver dans le même panthéon car ils ont en commun les mêmes facultés", poursuit Lord. 

Mais les Maîtres Constructeurs, autrefois respectés, sont aujourd'hui contraints de vivre dans la clandestinité parce que le Président Business, alias Lord Business, a horreur de leur spontanéité et de leur esprit créatif. Pire encore, il ne se contente pas de les chasser de la société – il veut désormais les éliminer et éradiquer leur héritage grâce à une arme aussi redoutable que secrète : le Kragle. Cool-Tag fait partie du mouvement de rébellion qui tente de le mettre hors d'état de nuire avant qu'il ne soit trop tard. 

Au moment où elle tombe sur Emmet, sur le chantier, elle est à la recherche du seul instrument à même de contrecarrer les noirs desseins de Lord Business, si l'on en croit la prophétie : la Pièce de Résistance. Du coup, lorsqu'il s'avère que celle-ci est fixée, pour une raison inexplicable, dans le dos d'Emmet, ce petit homme ordinaire dont la seule ambition est de se fondre dans la masse ne peut être en réalité que le Spécial, autrement dit l'homme le plus important de l'univers ! Et le plus traqué… Avant même d'avoir le temps de reprendre ses esprits, Emmet se retrouve sur la moto customisée de Cool-Tag – qu'elle continue à modifier tout au long du parcours –, fonçant à toute allure à travers les rues de la ville, pendant que l'armada de robots meurtriers de Lord Business les talonnent de près. 

Pour Will Ferrell, son personnage est un "obsédé du contrôle. Lord Business a la mainmise sur tout et ne supporte ni le moindre élan créatif, ni la moindre personne qui construise un objet ne figurant pas sur le plan de travail. Alors qu'il a bâti son univers suivant ses propres préceptes – la perfection –, il devient fou de colère en apprenant que des individus osent vouloir changer les choses". 

"C'est un Maître Constructeur contrarié et un type franchement antipathique, qui devient un super-méchant et qui voudrait figer l'univers à tout jamais afin qu'il ne change plus et qu'il corresponde exactement à sa vision des choses", précise Miller. 

Lord Business est anormalement grand pour un personnage de Lego : "Quand il se présente sous son visage le plus avenant, celui du Président Business, il est plus soigné et a l'air d'un cadre sup, avec son costume trois-pièces, sa cravate et ses cheveux soigneusement peignés", précise Ferrell. "Mais quand il se révèle sous son vrai visage, celui de ce cinglé de Lord Business, il porte une cape et des bottes de 6 m de haut – à l'échelle du monde de Lego – afin d'avoir une allure plus diabolique et terrifiante encore". 

L'homme de main de Lord Business n'est autre que Méchant Flic/Gentil Flic, tour à tour effrayant et farfelu, personnage un brin schizophrène, au double visage pivotant, campé par Liam Neeson. 

"Ce qui est très amusant chez lui, c'est qu'on voit clairement les deux facettes de sa personnalité", souligne Dan Lin. "Il est le Méchant Flic quand il exécute les ordres de Lord Business, et il correspond alors au stéréotype du gros dur qui ne se pose pas de question et qu'on a l'habitude de voir au cinéma. Et puis, il lui arrive d'être le Gentil Flic, si bien qu'il livre un combat avec lui-même. Il a un visage orné de lunettes réfléchissantes et barré d'une bouche aux dents serrées, alors que son autre facette est celle d'un type souriant et doux. Liam a su apporter à chaque aspect de sa personnalité sa propre identité". 

"Quand j'ai vu quelques images et que je me suis souvenu de l'histoire de la police new-yorkaise, je me suis dit qu'il devrait être irlandais, et même du nord de l'Irlande", déclare Neeson, qui a donné à Mauvais Flic cet accent "nordiste", et qui a choisi une tonalité de voix différente à son alter ego sympathique. "Le Gentil Flic est irlandais, lui aussi, mais il est un peu plus fougueux". 

En outre, l'acteur prête sa voix à Papa Flic, père du policier à la double personnalité. 

Pour le comédien, la trajectoire d'Emmet rappelle le cycle arthurien : "À l'origine de toutes ces histoires, il y a la quête – celle de personnages qui recherchent l'impossible et qui, chemin faisant, améliorent le monde. C'est aussi ce que raconte LA GRANDE AVENTURE LEGO". Mais c'est aussi l'humour qui a frappé Liam Neeson : "Les traits d'esprit que s'échangent les personnages sont loufoques et délirants, et je trouve ça génial !" 

Neeson et Ferrell ont joué les scènes où leurs personnages sont l'un en face de l'autre et ont ainsi improvisé ensemble : tandis que Neeson était dans un studio d'enregistrement de New York, Ferrell, lui, était à Los Angeles. "Le contraste entre la voix posée et grave de Mauvais Flic et celle, déjantée, de Lord Business est irrésistible", note Lin. 

S'agissant de Morgan Freeman, c'est son timbre de voix chaleureux et charismatique qui rend son interprétation du sage sorcier Vitruvius aussi drôle. Qu'il campe un rôle dramatique ou qu'il serve de narrateur à un documentaire, Freeman apporte profondeur et authenticité à ses textes. Cependant, le spectateur ne tardera pas à se rendre compte que tout ce que dit Vitruvius n'est ni fiable, ni très logique… 

Sorte d'ancien hippie portant des sandales et une chemise chinée à peine visible sous son encombrante barbe blanche, "Vitruvius est beau parleur, mais un peu flou quant aux détails", reprend Miller. "Il ne sait pas très bien comment s'y prendre pour arrêter Lord Business. On dirait presque qu'il invente ce qu'il raconte au fur et à mesure". 

Les fans de l'acteur seront sans doute surpris d'apprendre que c'est la toute première fois qu'il double un film d'animation. 

Une fois en possession de la Pièce de Résistance, Emmet, Cool-Tag et Vitruvius doivent trouver le moyen de s'en servir : alors qu'ils en appellent aux Maîtres Constructeurs pour leur venir en aide, ceux-ci refusent car ils estiment qu'Emmet manque d'expérience, d'idées, de compétences, de confiance en soi et de capacité à échafauder un plan. 

Par chance, le trio a encore quelques amis sur lesquels compter : l'énigmatique petit copain de Cool-Tag, Batman (Will Arnett), Unikitty (Alison Brie), adorable mais un peu tendue, un pirate remarquablement astucieux du nom de Barbe d'Acier (Nick Offerman), et l'astronaute loufoque et un rien dépassé Benny (Charlie Day). 

Plus intrépide et ombrageux que jamais, Batman, dont la voix rocailleuse est reconnaissable entre toutes, prouve qu'il est fair-play : il accepte de céder son statut de super-héros à Emmet et ne proteste pas lorsque celui-ci lui vole sa petite amie. Mais cela ne le gêne pas car, comme le dit Arnett, "le Batman de Lego n'est pas le meilleur petit copain dont on puisse rêver. Il est assez centré sur lui, et sans doute pas très sensible non plus. Mais bon, c'est Batman et il doit s'occuper de pas mal de choses". 

En enregistrant leurs dialogues ensemble, Pratt, Elizabeth Banks et Arnett ont pu se répondre les uns les autres, ce qui est rarement le cas en matière d'animation. "On a réussi à trouver un rythme correspondant à leur fonctionnement commun et à la manière dont ils se complètent mutuellement", constate Arnett. "C'était un vrai plaisir et je pense que ça se voit à l'écran". 

La petite bande met d'abord le cap sur le Pays des Nuages Perchés, contrée imaginée spécialement pour le film et définie comme un royaume sans règles, sans gouvernement, sans heure de coucher, sans visage réprobateur et sans onde négatives. Ce pays imaginaire est présidé par Unikitty, mi-licorne, mi-chaton et tout sucre, tout miel. En tout cas, à première vue… 

"Le Pays des Nuages Perchés est une contrée merveilleuse où tout est gai et léger, et Unikitty est un être constamment heureux, qui ne se soucie que de bonbons et de barbe à papa", note Alison Brie. "Mais mieux vaut ne pas la contrarier. Elle a un sacré caractère. Et on ne sait jamais quand elle va exploser…" 

"C'était sympa de jouer ce personnage car elle passe d'une humeur extrême à l'autre, sans nuances", poursuit-elle. "Elle a du mal à maîtriser ses accès de colère. Et quand elle s'énerve, elle essaie encore de dire des choses gentilles, mais sur un ton menaçant. C'est un bon exemple du genre d'humour destiné aux adultes qui parcourt le film. Les enfants vont passer un bon moment, et leurs parents s'amuseront grâce aux jeux de mots et au second degré que les plus jeunes percevront ultérieurement". 

Ce n'est pas le cas de Barbe d'Acier dont l'aspect physique relève lui-même d'une blague ! "C'est un pirate déjanté qui a perdu son corps au cours d'un combat avec Lord Business, et qui a ingénieusement, et sans doute aléatoirement, remplacé ses membres par toutes sortes d'instruments et d'objets qui le font ressembler à un couteau suisse, flanquée d'une toute petite tête", signale Miller. 

"Il a un requin en guise de bras droit et une sorte de canon en guise de bras gauche", souligne Offerman, "ce qui lui donne un air terrifiant et qui le rend déterminé à obtenir sa vengeance". 

Pour la voix du personnage, l'acteur précise : "Je me suis inspiré de l'esprit du graphisme et de l'animation. J'ai essayé de faire de lui un type farfelu et j'y ai ajouté mes souvenirs de mes dessins animés préférés : on obtient un savoureux mélange qui définit Barbe d'Acier. J'ai aussi changé pas mal de pronoms, comme dans la phrase 'Donne-moi mon bouteille de rhum'. Pour une raison que je ne m'explique pas, ce genre d'archaïsme donne à la langue un côté pirate des mers. Sans oublier, de temps à autre, l'onomatopée 'Argh !'" 

Dernier membre de la joyeuse équipe : Benny l'Astronaute. Tout comme Batman, l'Astronaute est l'un des deux personnages de Lego déjà existants, alors qu'Emmet, Cool-Tag, Vitruvius, Lord Business et Méchant Flic/Gentil Flic ont été spécialement imaginés pour les besoins du film, ainsi que les deux personnages en briques – Barbe d'Acier et Unikitty. Astronaute du début des années 80, Benny fait partie des personnages qu'aimaient Phil Lord et Chris Miller dans leur enfance : il était hors de question qu'il ne participe pas à l'aventure ! 

Il porte un casque fissuré, suggérant que le manque d'oxygène peut expliquer son état d'esprit actuel. Pour le superviseur Infographie Damien Gray, d'Animal Logic : "On s'est vraiment efforcé de le vieillir, et de parsemer sa tenue d'éraflures et de poussière puisqu'il est censé avoir roulé sa bosse pendant plus de 30 ans. Cela fait partie de son identité. Il est un peu décalé et hors du coup, et il ne trouve plus vraiment sa place à notre époque". 

Cependant, il est toujours partant pour l'aventure : "Benny ajoute du piquant à la petite bande et une énergie nouvelle, et peu d'acteurs tels que Charlie Day arrivent à insuffler un tel tempo", souligne Lin. "Benny rejoint l'équipe en dernier. Il n'est pas certain d'être d'une quelconque utilité, mais il est enthousiaste, même si les nouvelles technologies lui échappent et que cela l'irrite constamment". 

UN VRAI TRAVAIL D'ÉQUIPE 
"Tout est super génial. Tout est cool quand on fait partie d'une équipe". 
Le tournage de LA GRANDE AVENTURE LEGO témoigne de l'état d'esprit du film et de la chanson qu'on entend à intervalles réguliers : "Tout est formidable quand on fait partie d'une équipe". 

Le tournage s'est déroulé de manière quasi concomitante à trois endroits différents : à Los Angeles, centre névralgique de la production, où l'intrigue, les personnages et le graphisme ont été mis au point, et où Lord et Miller ont passé l'essentiel de leur temps; au studio d'animation d'Animal Logic, en Australie, où le monteur et coresponsable de l'animation Chris McKay a piloté 250 animateurs qui ont mis en oeuvre ses idées; et au QG de l’entreprise Lego, au Danemark, où les graphistes, sous la direction du vice-président Matthew Ashton (également producteur exécutif du film), ont proposé leurs conseils d'expert pour fabriquer certains personnages et accessoires imaginés par les deux réalisateurs. 

Le tournage a suivi une évolution cyclique, davantage que linéaire, puisque les idées concernant l'intrigue et le graphisme n'ont cessé de fuser. Les réalisateurs se sont ainsi rendus régulièrement au Danemark et en Australie, tandis que les chefs de poste d'Animal Logic et du groupe Lego ont fait plusieurs déplacements à Los Angeles. Pour autant, le plus souvent, ils communiquaient en vidéoconférence et à l'aide du logiciel cineSync, ce qui leur a permis de visionner les rushes et de monter en temps réel. 

Il était essentiel que les personnages et les décors qu'on voit à l'écran soient non seulement construits à partir de briques virtuelles, mais qu'il soit théoriquement possible qu'ils aient pu être assemblés manuellement avec de véritable briques. Du coup, la solidité de certains décors particulièrement complexes a été testée au siège de Lego. Le bureau de production de Los Angeles envoyait ainsi des dessins et des projets à la maison-mère située au Danemark, où des maquettes étaient parfois construites de toutes pièces, puis photographiées afin que les réalisateurs puissent s'en inspirer. Par la suite, après plusieurs échanges entre le siège de Lego et la production, des finitions étaient souvent apportées aux décors par les graphistes et les techniciens. Enfin, les éléments concernant le style des décors et personnages, une fois finalisé, étaient transmis aux animateurs qui mirent au point un logiciel informatique, susceptible de susciter de nouvelles finitions. 

"Le groupe Lego s'est montré très pragmatique", affirme Roy Lee. "On leur a montré ce qu'on voulait faire et ils nous ont proposé beaucoup d'idées formidables pour améliorer le résultat". 

"Il nous arrivait de leur dire qu'on avait besoin d'une navette spatiale, ou d'un navire de pirates qui se transforme en sous-marin, et ils nous proposaient une maquette qui avait non seulement beaucoup d'allure, mais qui n'était pas dépourvue d'humour", poursuit Dan Lin. "On montrait ensuite ces maquettes aux animateurs et on réfléchissait ensemble à la meilleure manière de les transposer à l'écran". 

Dans d'autres cas, les animateurs ont mis au point leurs propres maquettes à partir de l'immense catalogue de briques qu'ils avaient eux-mêmes constitué. 

Suite à sa lecture du scénario, Matthew Ashton déclare : "Il y avait toute une partie du travail que l'équipe d'animateurs pouvaient faire sans notre aide, mais il y avait aussi certains points majeurs sur lesquels on pouvait les épauler. J'ai une équipe de 60 graphistes qui ont chacun des compétences spécifiques. Certains sont très bons pour mettre au point des maquettes traditionnelles, d'autres s'y connaissent en navettes spatiales et autres objets futuristes, et d'autres encore brillent par leur esprit astucieux, sachant par exemple faire fonctionner une trappe ou surgir une arme d'un véhicule. À partir des indications graphiques, on a fabriqué les objets afin qu'ils soient à la fois réalistes et esthétiques. Le plus important pour nous, c'était que l'histoire fonctionne et que la concrétisation des idées des réalisateurs ait fière allure". 

"Nous avons travaillé en bonne intelligence avec les graphistes de la production et ceux du groupe Lego", note Lin, "car ces derniers connaissent les potentialités et les limites des briques mieux que quiconque, mais, dans le même temps, notre équipe, qui avait un point de vue cinématographique, a suggéré des idées nouvelles dans l'usage des briques de Lego. Du coup, ils ont tous collaboré main dans la main". 

"Nos valeurs essentielles rejoignent les leurs, en ce qui concerne l'imagination, la qualité du résultat et l'humour, si bien que les responsables chez Lego nous ont permis de réaliser le film tel qu'on voulait le faire", analyse Miller. "Nous avions tous le même objectif : tourner ce film du mieux possible. Ils ont été à nos côtés à chaque instant". 

L'expertise de l'entreprise s'est avérée particulièrement précieuse pour les scènes d'action qui nécessitaient de déconstruire certains accessoires existants, puis de réassembler ces pièces détachées pour en faire de nouveaux objets : par exemple, un bâtiment est devenu un camion, et un camion s'est métamorphosé en avion. Le superviseur Infographie Aidan Sarsfield, chez Animal Logic, s'explique : "Dans l'histoire, les Maîtres Constructeurs doivent une grande partie de leur réputation au fait qu'ils peuvent tout construire à partir de n'importe quel objet. Les éléments d'une ruelle peuvent ainsi être transformés en voiture de course, et cela a représenté des défis intéressants pour les machinistes et les graphistes qui ont conçu et bâti les pièces détachées et les accessoires. Ils ont dû réfléchir au meilleur moyen de construire une voiture à partir de pièces qui pouvaient aussi servir à fabriquer le décor d'une ruelle". 

"Par exemple, ils ont conçu environ 24 maquettes différentes à partir d'une scène où des cafés, des voitures, des camions-poubelles et des marchands de glace ambulants sont transformés en machines volantes hors du commun capables de participer à un combat aérien", reprend Lord. "C'était un postulat de départ bien précis, mais qui ouvrait des perspectives infinies, et les graphistes de Lego nous ont fait des propositions fantastiques". 

"Un tel film fait appel à l'intelligence d'artistes et techniciens de spécialités différentes", conclut-il. "Cela reflète aussi le propos du film puisqu'il s'agissait de mettre en place un environnement propice à la créativité". 

Brique après brique 

Lord et Miller ont conçu LA GRANDE AVENTURE LEGO comme un film d'action, et cette vision de départ a présidé à chacun des choix artistiques. 

Le chef-décorateur Grant Freckelton affirme : "On avait réuni des dizaines et des dizaines de croquis avant même que quiconque ait assemblé deux briques. Tout film d'animation est créé ex nihilo, mais celui-ci a dû être conçu à partir de briques de Lego, si bien qu'on a dû transposer toutes nos idées sous cette forme particulière". 

Grant Freckelton et son équipe ont téléchargé le logiciel LEGO Digital Designer, gratuit et accessible pour tous : "On a commencé par concevoir et fabriquer des objets à partir de nos esquisses, en utilisant des briques virtuelles", dit-il. "En outre, ils nous ont fourni un mur en pièces détachées, dont chaque élément était numéroté, si bien qu'au moment de la construction, on pouvait se référer à ces pièces détachées, les prendre en photo, et mieux en comprendre l'aspect esthétique et les moindres détails. On a aussi utilisé de nombreuses photos, prises en macro, de vraies briques car Chris et Phil tenaient à obtenir un réalisme absolu et à donner le sentiment qu'on est dans un authentique décor en Lego". 

Les briques, modélisées séparément les unes des autres, intègrent de subtiles traces d'usure, comme si elles avaient été longuement utilisées par des enfants jouant au Lego, et ne sont donc pas flambant neuves, comme si elles venaient d'être déballées. Puis, l'équipe a fait en sorte que ces légères éraflures soient visibles à l'écran. Le superviseur Éclairages Craig Welsh, d'Animal Logic, a collaboré avec Freckelton pour obtenir cet effet : "On a constitué une solide base de photos d'objets de Lego, prises dans des conditions de luminosité différentes, afin de mettre au point l'ombrage, le surfacing et le texturing", dit-il. "Par défaut, l'ombrage était assez terne, et on savait donc qu'il nous faudrait pratiquer de petites éraflures et autres imperfections dans le plastique pour que la lumière s'y reflète de manière réaliste, comme si l'on regardait une brique de Lego de près. Ensuite, on a installé les éclairages, les accessoires et les personnages, comme s'ils étaient disposés sur un décor miniature et éclairé avec de véritables lampes". 

"Quand le réalisme est le mot d'ordre, ce n'est pas tant ce qu'on perçoit à l'image qui compte que l'élément qui nous semblerait faire défaut s'il n'était pas là", ajoute Welsh. "Si on commet la moindre erreur, le spectateur peut, en un instant, décrocher et ne plus avoir le sentiment que ce qu'il regarde est réaliste, et c'est pour cette raison qu'on a déployé autant d'efforts dans cette direction". 

Chaque aspect du film était soumis à la même rigueur. "Le moindre détail devait être réaliste et correspondre au projet initial", indique Dan Lin. "Chris et Phil se souciaient de chaque élément du film, sans perdre de vue la globalité du résultat final. Ils ont donné l'exemple à toute l'équipe. Même une scène apparemment très simple, comme celle où on fait la connaissance d'Emmet dans son appartement, nous a demandé des heures de discussions et d'allers-retours entre nous tous". 

LA GRANDE AVENTURE LEGO a mobilisé 3 863 484 briques de Lego différentes. Certaines ont été réutilisées dans plusieurs scènes, pour des décors, des personnages et des accessoires, et le nombre total de briques utilisées dépasse les 15 millions, autrement dit, le nombre de briques qu'il faudrait à un individu pour créer l'intégralité des éléments du film à la main. 

Par ailleurs, la production s'est servie de 183 personnages, dont beaucoup sont chers au coeur des réalisateurs. Alors qu'il visitait le parc Legoland, à Billund (Danemark), Phil Lord a découvert de nombreux personnages et retrouvé plusieurs figurines qu'il affectionnait dans son enfance : il tenait à ce qu'ils apparaissent dans le film. "Qu'il s'agisse de nouveaux personnages ou de figurines bien connues que j'avais oubliées, j'ai pris des photos que j'ai envoyées à Chris et je lui ai demandé s'il pensait qu'on pouvait les utiliser dans le film, même en arrière-plan. Les objets liés à l'espace de la fin des années 70-début des années 80 jouent un rôle important car ils ont bercé notre enfance, et que plusieurs adultes fans de Lego sont nostalgiques de cette époque". 

Le chef-opérateur et Superviseur Modélisation Pablo Plaisted, chez Animal Logic, a accentué la dimension réaliste souhaitée par les réalisateurs en relevant le défi d'éclairer un univers de Lego. Pour lui, le plus important consistait à "imposer la stop-motion comme langage visuel auprès du spectateur, tout en nous laissant la possibilité de recourir aux effets infographiques", dit-il. "Il fallait que le spectateur ait le sentiment de regarder un film en prises de vue réelles, tourné dans un décor miniature mais de nature épique et cinématographique. Et en raison des proportions spécifiques des personnages, il nous a fallu repenser le cadrage".

COOL-TAG 
“Tu peux devenir le Spécial parce que je crois en toi".

Si le spectateur s'attache autant à ces petits personnages de plastique jaune, au visage peint sommairement, c'est grâce aux animateurs d'Animal Logic et à l'investissement personnel de Chris McKay. "Ce qui est extraordinaire, c'est de voir l'humanité que Chris et son équipe ont su donner à ces personnages, sans parler des comédiens de doublage, à partir de nos idées et de quelques dessins", souligne Lord. 

McKay a occupé une double fonction puisqu'il a d'abord été monteur, pendant la phase de développement de l'intrigue et des story-boards, puis superviseur de l'animation en Australie. Surtout connu pour sa participation à la série ROBOT CHICKEN, il possédait une expérience en matière de stop-motion et d'animation de pâte à modeler qui s'est avérée être un véritable atout pour LA GRANDE AVENTURE LEGO. En effet, même si le film n'a pas été tourné en stop-motion, il était destiné à en adopter le rythme. 

Pour McKay, il ne s'agissait pas de rendre les mouvements des personnages fluides, mais de respecter la nature même de leurs articulations. "Ils sont très limités dans leurs mouvements, puisqu'ils peuvent uniquement se pencher et se tourner", dit-il. "On a donc dû y réfléchir sérieusement. Par moments, nous les avons fait marcher ou sauter, et à d'autres moments, on dirait qu'une main soulève l'un de ces personnages et le propulse en avant !" 

Le coproducteur Igor Khait explique que ce sont les détails qui comptent. "Quand on essaie de donner l'illusion que de petites figurines de plastique sont vivantes, il faut faire vraiment prêter attention aux détails", souligne-t-il. "Il n'y a pas de plans faciles à exécuter. Même un plan où Emmet traverse son salon pour prendre un livre sur une étagère demande de nombreux ajustements afin de satisfaire aux critères de vraisemblance. Car on a dû faire en sorte que ses mouvements soient les plus subtils possible". 

À partir du moment où elle conservait la nature des personnages de Lego, la production a dû faire en sorte que les traits des figurines restent plats, comme sur un autocollant. Comme l'explique le superviseur du département Animation chez Animal Logic, Alfie Olivier, "C'est un visage en 2D sur un personnage en 3D". Il a donc fallu établir un catalogue d'yeux, de bouches et de sourcils qui ont ensuite été projetés sur les personnages afin de rendre Emmet charmant, Cool-Tag mystérieuse, Mauvais Flic menaçant et Lord Business… tout simplement cinglé ! 

"Chris McKay est hallucinant", poursuit Olivier. "Je ne pense pas avoir jamais travaillé avec un responsable de l'animation qui se soit autant consacré à jouer chaque émotion, comme s'il campait lui-même le personnage. Du coup, on savait exactement dans quelle direction aller". 

McKay a poussé les animateurs à imaginer ce que leurs personnages éprouvaient et comment cela se traduisait dans leurs mimiques et leur gestuelle. "Je voulais que le comportement de ces petites figurines soit authentique", renchérit-il. "Je voulais que tout soit réaliste, et il nous fallait donc comprendre comment raisonnaient ces personnages et le type de sentiments qu'ils éprouvaient. Il était crucial de les rendre attachants". 

Phil Lord et Christopher Miller auraient pu réaliser le film en animation traditionnelle, mais cela n'aurait pas été fidèle à l'état d'esprit du Lego ou à son charme intrinsèque. D'entrée de jeu, les réalisateurs ont conçu le film tel qu'il a été réalisé et produit – autrement dit, en conviant les spectateurs dans un univers Lego à la fois fantastique et familier, et en leur donnant le sentiment qu'ils auraient pu eux-mêmes le construire. 

"On entend beaucoup dire qu'on vit à une époque en panne de créativité", indique Lord. "Mais le jeu de Lego stimule le potentiel créatif de chacun d'entre nous, à domicile, et c'est ce qui nous a séduit : on voulait réaliser un film qui soit divertissant et qui rende hommage au pouvoir de l'imagination, tout en poussant certains à construire leurs propres créations. Il s'agissait donc de développer la créativité du grand public !" 

"Pour nous, le Lego est moins une marque qu'un moyen d'expression, comme l'argile", conclut Miller qui, comme tant d'autres, se souvient d'avoir été plongé pendant des heures et des heures dans des univers fascinants grâce au Lego. "Avec ces briques, on peut construire un château ou une station spatiale, de même qu'avec de l'argile. Tout le monde peut y arriver. Et les possibilités sont infinies".