La formule du Club Jokers se décline en projection d'un long-métrage suivie d'un débat autour du cinéma.
PARASITE, VERSION BLACK & WHITE
Thriller/Une sacrée satire sociétale sur les inégalités sociales !
Réalisé par Bong Joon Ho
Avec Song Kang-Ho, Woo-sik Choi, Park So-Dam, Chang Hyae Jin, Sun-kyun Lee, Cho Yeo-jeong, Jung Ziso, Jung Hyeon-jun, Lee Jeong-eun, Seo Joon Park...
Long-métrage Sud-Coréen
Titre original : Parasite, the Black & White Version
Durée: 02h12mn
Année de production: 2020
Distributeur: Les Bookmakers / The Jokers
Date de sortie sur nos écrans : le film ressortira au cinéma le 19 février 2020 en noir et blanc, sous le titre "Parasite, Version Black & White".
Le mardi 11 février 2020, le Club Jokers #10 nous a permis de découvrir l'avant-première française de PARASITE, VERSION BLACK & WHITE, supervisée par son réalisateur Bong Joon Ho.
Copyright photos @ Epixod
Cette nouvelle version soulève des questions sur l'intérêt de ressortir un film en noir et blanc quelques mois après sa sortie en salle. The Jokers apporte la réponse ci-dessous:
« Mais heu de toutes façons vous surfez sur le succès de Parasite comme des morfals, vous seriez même prêts à faire une version odorama pour continuer à vendre des tickets, salauds de capitalistes ! »
1. Cette version odorama est une excellente idée, on va y penser.
2. La version Black & White de Parasite, c’est une envie de Bong Joon Ho, et c’est même presque une obsession. Il avait déjà fait le coup avec Mother en 2009, et ceux qui ont vu cette version, savent à quel point elle apportait quelque chose d’unique.
3. Cette version est le fruit de longues heures passées en salle d’étalonnage par Bong Joon Ho lui-même et son étalonneur, avant même le début du Festival de Cannes.
PARASITE, VERSION BLACK & WHITE
Thriller/Une sacrée satire sociétale sur les inégalités sociales !
Réalisé par Bong Joon Ho
Avec Song Kang-Ho, Woo-sik Choi, Park So-Dam, Chang Hyae Jin, Sun-kyun Lee, Cho Yeo-jeong, Jung Ziso, Jung Hyeon-jun, Lee Jeong-eun, Seo Joon Park...
Long-métrage Sud-Coréen
Titre original : Parasite, the Black & White Version
Durée: 02h12mn
Année de production: 2020
Distributeur: Les Bookmakers / The Jokers
Date de sortie sur nos écrans : le film ressortira au cinéma le 19 février 2020 en noir et blanc, sous le titre "Parasite, Version Black & White".
Résumé : toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne...
Bande-annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : ce qui est marquant avec PARASITE est la souplesse narrative que le réalisateur Bong Joon Ho met en place pour nous raconter cette satire sociétale sur les inégalités sociales qui trouve un écho international.
Il nous donne sans cesse l'impression que son long-métrage va évoluer vers autre chose, ce qu'il fait sur le fond, mais pas sur la forme. Il garde ainsi un cap cinématographique net, tout en laissant l'histoire prendre des aspects différents pour irrémédiablement évoluer vers les événements finaux.
Avec Jin Won Han, Bong Joon Ho a co-écrit ce scénario malin qui paraît léger dans sa première approche, mais qui traite dans les faits de sujets difficiles et durs, dont les clous sont habilement enfoncés sous la caméra du réalisateur. Il y a une vraie pertinence et un sarcasme puissant qui se dessinent sous la farce dramatique proposée.
La mise en scène de Bong Joon Ho est extrêmement claire et précise. Elle permet de suivre pas à pas la toile qui se tisse sous nos yeux avec ses surprises et ses moments presque vaudevillesques, mais qui, pourtant, ne cessent jamais de nous passer des messages. On peut rire des situations, mais la dureté des propos sous-jacents laissent songeurs et nous remuent plus en profondeur que ce que l'on peut penser a priori.
Les décors des lieux d'habitation offrent la dichotomie parfaite qu'il fallait pour accompagner les éléments de ce récit. Quant au compositeur Jaeil Jung, il intensifie les moments-clefs par ses compositions. Sa musique est une élégante parure pour cette aventure.
Les acteurs nous plongent vraiment dans le contexte et font qu'on s'attache au devenir de leurs protagonistes. La famille au centre de l'intrigue est interprétée par Song Kang-Ho dans le rôle de Ki-taek, le père, par Chang Hyae Jin dans celui de Chung-Sook, la mère, et par Woo-sik Choi et Park So-Dam dans le rôle de leurs deux enfants.
L'autre famille impliquée est interprétée par Sun-kyun Lee dans le rôle de Mr. Park, par Cho Yeo-jeong, dans celui de sa femme Yeon-Kyo, par Jung Ziso dans le rôle de Da-Hye, leur fille et par Jung Hyeon-jun dans celui de leur petit garçon Da-Song.
Copyright photos @ The Jokers
On voit ici se dessiner un parallèle entre deux familles qui évoluent pourtant dans des univers très distincts à commencer par la présence d'une gouvernante chez les Park, Moon-Gwang, interprétée par Lee Jeong-eun.
PARASITE divertit, surprend, décontenance, dénonce et fait passer les spectateurs par différentes émotions qui sont comme autant d'étapes renvoyées en miroir pendant le déroulement des événements de cette histoire. La maîtrise de sa narration et de sa réalisation fait qu'il mérite ses multiples récompenses, mais c'est le plaisir de sa découverte qui fait qu'il remporte le cœur des spectateurs.
Cette version noir et blanc apporte plus de précisions et de profondeur à certains plans et intensifie les atmosphères intérieures. Les aspects théâtraux sont amplifiés. Par contre, à quelques moments, la couleur manque aux spectateurs, notamment sur les scènes extérieures. Si on a apprécié le visionnage de ce film en couleur, le découvrir dans cette version en propose un autre aspect.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
INTRODUCTION
Après avoir travaillé durant toute une décennie sur des films internationaux avec des budgets très conséquents – SNOWPIERCER & OKJA – Bong Joon Ho revient dans son pays et sa langue d’origine pour un film à priori plus intimiste mais dont la réalisation, elle, est peut-être plus ambitieuse encore. PARASITE n’est donc pas seulement le nouveau film de Bong Joon Ho, mais bel et bien le début d’une nouvelle étape dans la carrière du cinéaste coréen. Ce mélange d’humour noir, de satire sociale, et de suspense est typique du style de Bong Joon Ho, et néanmoins, il est difficile de trouver un autre film de sa filmographie qui ressemble à PARASITE. À une époque où la concentration des ressources dans les mains des puissants et l’accroissement des inégalités ne montrent aucun signe de ralentissement et où de larges couches de la population mondiale se sentent de plus en plus désespérées, la tentation est grande de blâmer les autres et de promouvoir des solutions faciles et unilatérales. Ce que PARASITE propose, c’est une allégorie complexe et sincère des défis auxquels nous devons faire face dans un monde où la coexistence des classes sociales est un idéal particulièrement dur à atteindre.
NOTE DU RÉALISATEUR
Pour des personnes issues de milieux différents, cohabiter n’est pas chose facile. C’est d’ailleurs de plus en plus vrai dans un monde où les relations humaines fondées sur les notions de coexistence et de symbiose se délitent, et où chaque classe sociale devient parasitaire pour les autres. Au milieu d’un tel monde, qui pourrait pointer du doigt une famille qui lutte pour sa survie en les affublant du nom de parasites ? Ils n’étaient pas des parasites au départ. Ils sont nos voisins, nos amis et collègues, qui ont été poussés vers le précipice. Représentant des personnes ordinaires qui se retrouvent mêlées à une situation inextricable, le film est : - Une comédie sans clowns, - Une tragédie sans méchants, Les circonstances vont les conduire à un enchevêtrement de violences et à une chute précipitée dans les escaliers. Vous êtes tous invités à cette tragicomédie impitoyable et cruelle.
BONG JOON HO.
À PROPOS DU RÉALISATEUR
Bong Joon Ho Né à Daegu, Corée du Sud, le 14 septembre 1969. PARASITE est le septième film du réalisateur Bong Joon Ho, après BARKING DOG (2000), MEMORIES OF MURDER (2003), THE HOST (2006), MOTHER (2009), SNOWPIERCER (2013) et OKJA (2017). Le déjà culte MEMORIES OF MURDER se penchait sur l’enquête qui eut lieu dans l’atmosphère autoritaire des années 80 en Corée du Sud, après une affaire encore aujourd’hui irrésolue de meurtres en série. Puis, THE HOST narrait l’enlèvement d’une jeune fille par une créature étrange vivant dans la rivière Han, pour révolutionner le film de monstres en lui insufflant un propos social incisif. Ensuite vint MOTHER, le récit d’une femme tentant de sauver son fils d’une incarcération pour un crime qu’il n’a pas commis, dans lequel est dépeint l’amour inconditionnel d’une mère à l’égard de son enfant. Le film de science-fiction SNOWPIERCER décrit les derniers vestiges de l'humanité dans un monde futuriste passé à l’ère glaciaire en raison de l’abandon par les gouvernements de la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin, OKJA raconte l’histoire d’une jeune fille qui se porte au secours d’un cochon transgénique qu’elle a élevé pour le compte d’une entreprise obsédée par le profit. Connu pour son approche sociale très engagée et caustique ainsi que pour son habileté à repousser les limites des genres qu’il explore, Bong Joon Ho a soulevé dans son œuvre des questions sur les institutions sociales et les inégalités de la société avec un dosage unique d’humour, d’émotion et de suspense. PARASITE est dans la droite lignée des œuvres du réalisateur coréen, tout en s’éloignant de ses prédécesseurs et en atteignant une dimension nouvelle.
Filmographie :
- PARASITE (2019)
- OKJA (2017)
- SNOWPIERCER (2013)
- MOTHER (2009)
- SHAKING TOKYO (2008, segment du projet TOKYO !)
- THE HOST (2006)
- MEMORIES OF MURDER (2003)
- BARKING DOG (2000)
ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR
Quel est la signification du titre PARASITE ?
Au premier abord, tout le monde s’attend avec un titre pareil à un film de monstres ou de science-fiction. Surtout parce que ça établit une forme de connexion, de continuité avec l’un de mes films précédents, THE HOST.
Mais comme je l’ai dit, les protagonistes du film sont au départ les membres d’une famille ordinaire. Ce sont des personnes qui aspirent à vivre avec autrui une relation proche de la symbiose, mais cela ne fonctionne pas, ce qui les amène à devenir des parasites. J’ai pensé PARASITE comme une tragicomédie qui dépeint l’humour, l’horreur et la tristesse qui surviennent lorsque vous voulez réunir tout le monde autour d’une même vie prospère, mais que vous vous heurtez ensuite à la réalité.
C’est un titre ironique, comme celui de MEMORIES OF MURDER, qui d’apparence fait référence à des souvenirs plaisants et agréables. Comment quelqu’un pourrait entretenir une forme de nostalgie pour un meurtre ? De la même manière que le film dépeint les souvenirs d’une époque par le biais d’une affaire de meurtres en série, PARASITE porte également une nuance ironique dans son titre.
À quel genre affilieriez-vous PARASITE ?
C’est avant tout un drame, mais qui est fortement imprégné du monde contemporain. Bien que l’intrigue se compose d’une série de situations incongrues, c’est une histoire qui aurait très bien pu se dérouler dans le monde réel. On peut le voir comme un incident qu’on aurait pioché dans les journaux ou sur les réseaux sociaux et sur lequel on se serait basé pour faire un film.
PARASITE est donc à mes yeux un drame plutôt réaliste, mais il pourrait tout aussi bien être perçu comme un polar, une comédie sociale ou encore un thriller horrifique. J’essaie toujours de dépasser au mieux les attentes du spectateur, et j’espère que PARASITE s’inscrira dans cette démarche.
Qui sont les deux familles au centre de l’histoire de PARASITE ?
La première famille est d’une origine sociale plutôt modeste, et vit dans un appartement sordide en sous-sol où elle mène une vie ordinaire, sans rien de spécial, qui s'avère pourtant difficile à mener. Le père de la famille a accumulé des échecs professionnels, la mère, quant à elle, n’a jamais eu un franc succès au cours de sa carrière d’athlète et le fils et la fille, pour finir, ont raté leurs concours d’entrée à l’université.
À l’opposé se trouve la famille très fortunée de Mr. Park, dirigeant d’une entreprise d’informatique. Le père de famille est un bourreau de travail, il est marié à une très belle femme et a deux enfants adorables. Les Park sont donc représentatifs de la famille idéale du monde moderne des élites.
Racontez-nous comment vous avez choisi les acteurs du film, le raisonnement qui a précédé vos choix ?
Pour ce film il était important de réunir un casting qui constituerait un ensemble homogène, comme une équipe de football. De ces acteurs devait se dégager au premier regard l’impression de voir une famille, j’y ai donc beaucoup réfléchi.
Le premier que j’ai choisi était Song Kang Ho, et quand je tournais OKJA avec Choi Woo Shik, je me suis dit que ce serait amusant de le voir jouer le film avec Song Kang Ho. Après cela, j’ai pris Park So Dam – dont la ressemblance avec Choi Woo Shik était forte – parce qu’elle avait de grandes compétences en terme de jeu. C’était important pour moi qu’ils se ressemblent pour faire le lien entre les membres de la famille. En ce qui concerne l'actrice Jang Hyae Jin, j'ai aimé la force dont elle faisait preuve dans le film THE WORLD OF US et je l'ai donc choisie pour le rôle de la puissante épouse de Song Kang Ho.
Pour la famille Park, je ne voulais pas du cliché parfait de la famille bourgeoise que l’on voit dans les drames coréens à la télévision, j’avais besoin à la place d’acteurs qui renvoient l’image d’une famille candide mais cultivée. J’ai toujours été fasciné par le charme aux multiples facettes de Lee Sun Kyun, d’où le fait que mon choix se soit porté sur lui. Cho Yeo Jeong qui joue la mère s’apparentait pour moi à une mine de diamants d’une profondeur incroyable, dont le potentiel n’avait pas été exploitée à fond, alors je l’ai choisie dans l’espoir d’en révéler ne serait-ce qu’une part.
Ce n’est pas un film avec un seul protagoniste, donc la façon dont les acteurs interagissaient était cruciale. A la fin du tournage, j’étais d’ailleurs très reconnaissant du travail que chacun avait accompli pour son rôle.
Quelle image de la société contemporaine vouliez-vous refléter à travers ce film ?
Je pense qu’il n’y a qu’une façon de décrire les inégalités qui s’emparent de notre société, c’est à travers une comédie dramatique. Nous vivons dans une époque où le capitalisme règne, sans aucune autre alternative possible. Ce n’est pas juste en Corée, le monde entier fait face à une situation où la doctrine du capitalisme ne peut être ignorée. Dans le monde réel, les familles Ki-taek et Park ne risqueraient jamais de se croiser. Le seul point de convergence entre les classes est autour de l’emploi, lorsque l’une est engagée en tant que domestique au service de l’autre.
Dans certains cas seulement, il arrive que les deux classes se rapprochent suffisamment pour entendre la respiration de l’autre. Dans le film, bien qu’il n’y ait aucune intention malveillante de part et d’autre, les deux classes sont entraînées dans une situation où le moindre dérapage peut provoquer une fracture irrémédiable. Dans la société capitaliste d’aujourd’hui, il existe des rangs et des castes qui sont invisibles à l’œil nu. Nous les tenons éloignés de notre regard en considérant les hiérarchies de classes comme des vestiges du passé, alors qu’il y a encore aujourd’hui des frontières infranchissables entre les classes sociales. Je pense que ce film décrit ce qui arrive lorsque deux classes se frôlent dans cette société de plus en plus polarisée.
Qu’espérez-vous que les gens retiennent de votre film ?
J’espère juste qu’il donnera matière à réfléchir aux spectateurs. C’est à la fois drôle, terrifiant et triste et si cela peut pousser le public à discuter du film autour d’un verre, je serais déjà comblé.
LE CASTING
SONG KANG HO – Ki-taek
« Fils, je vois que tu as un plan ! »
Ki-taek est à la tête d’une famille de quatre adultes sans emploi. Sans travail ni solution de secours, il absorbe les critiques de son épouse Chung-sook tout en restant calme et serein. Après de nombreux échecs commerciaux, il est sceptique quant à la nécessité d’échafauder des plans grandioses, mais lorsque son fils Ki-woo devient professeur particulier chez les Park, il commence à rêver de pouvoir manger à sa faim et vivre comme une personne normale.
Song Kang Ho est, pourrait-on dire, l’acteur par excellence du cinéma coréen. Depuis sa percée en tant que tête d’affiche à partir des années 2000, il est apparu dans des œuvres emblématiques du cinéma coréen contemporain. Outre ses collaborations régulières avec Bong Joon Ho dans MEMORIES OF MURDER, THE HOST et SNOWPIERCER, il est apparu dans des films d'autres réalisateurs de premier plan, notamment Park Chan-wook (JOINT SECURITY AREA ; SYMPATHY FOR M. VENGEANCE ; THIRST), Kim Jee- woon (THE FOUL KING ; LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLÉ ; THE AGE OF SHADOWS) et Lee Chang-dong (SECRET SUNSHINE), ainsi qu’un grand nombre de réalisateurs en devenir. Il a également été une star du box-office, avec des cartons comme A TAXI DRIVER, THE ATTORNEY et THE FACE READER.
LEE SUN KYUN – Mr. Park
« Je ne supporte les gens qui franchissent les lignes »
M. Park est le jeune PDG d’une société informatique mondiale. Il incarne la réussite ultime et le contraste parfait avec Ki-taek : Il dirige sa propre entreprise, a acheté une luxueuse maison conçue par un architecte de renom et vit avec sa belle épouse, son fils et sa charmante fille. Occupé au travail, il laisse la gestion quotidienne de la maison à son épouse et n'est jamais moins que courtois avec les personnes qui travaillent chez lui.
Lee Sun Kyun a fait preuve d'une grande diversité dans sa carrière, du détective pris au piège dans une situation de plus en plus désespérée dans A HARD DAY à l'ingénieur réfléchi et discret qu'il interprète dans le drame à succès MY MISTER. En un sens, il est difficile de résumer son charme en un seul mot. Dans PARASITE, il retranscrit avec précision l’allure cultivée et hautaine de M. Park.
CHO YEO JEONG – Yeon-kyo
« D’ordinaire je n’ai confiance en personne. Sauf ceux qu’on me recommande. »
Yeon-kyo est la femme de M. Park. Elle est responsable de l’éducation des enfants, l’embauche du personnel de la maison, et elle supervise également toutes les tâches ménagères. Elle est de personnalité naïve et innocente parce qu’elle fait confiance aux personnes trop rapidement, sans s’en rendre compte. Ses principales inquiétudes tournent autour de son fils Da-song, qui semble être un génie artistique en devenir, mais qui est aussi distrait qu’excentrique.
Cho Yeo Jeong s’est faite remarquer dans THE SERVANT et THE CONCUBINE, mais le public ne connaît pas la moitié de ce dont elle est capable. Sa performance dans OBSESSED, de laquelle émane une énergie si communicative, a impressionné Bong Joon Ho et l’a poussé à la prendre pour le rôle. Pour le rôle de Yeon-kyo, il est presque certain qu’elle impressionnera le public par sa créativité qui provoque de manière inattendue des instants comiques et conduit l’intrigue là où on ne l’attendait pas.
CHOI WOO SHIK – Ki-woo
« Papa, je ne considère pas ça comme une contrefaçon. »
Ki-woo est le fils aîné de Ki-taek et de sa femme. Après avoir échoué à l’examen d’entrée de l’université quatre fois, il passe ses journées sans travail, en effectuant simplement de petits boulots. De nature positive, il est recommandé par l’un de ses amis pour donner des cours particuliers chez les Park. Emportant avec lui un faux diplôme de l’université et l’espoir d’un revenu régulier, il passe un entretien chez les Park pour être embauché.
Choi Woo Shik a gagné de nombreux prix pour son rôle d’adolescent entêté dans SET ME FREE et a depuis joué dans DERNIER TRAIN POUR BUSAN, THE WITCH PART 1 et OKJA. Dans ce dernier, il a joué un second rôle qui aide le personnage principal, alors que dans PARASITE, il est vraiment le point de départ de l’histoire. Parce qu’il incarne les jeunes de sa génération, c’est de son personnage qu’émerge l’émotion centrale du film.
PARK SO DAM – Ki-jung
« Voudriez-vous bien ouvrir cette boîte noire pour moi ? »
Ki-jung est la jeune fille de la famille de Ki-taek. Elle aussi a raté son entrée dans l’école d’art et n’ayant pas d’argent pour se payer les cours préparatoires, elle est, comme le reste de la famille, au chômage. Malgré tout, ses compétences sur Photoshop lui permettent de fabriquer une contrefaçon absolument parfaite pour son frère. C’est le membre de la famille le plus obstiné et réaliste, et qui reste imperturbable quelle que soit la situation. Lorsqu’à son tour elle passe un entretien chez les Park pour devenir professeur d’art, elle devient un deuxième espoir de revenu stable pour la famille. Park So Dam a été largement identifiée comme un talent à suivre suite à sa performance effrayante de jeune fille possédée dans THE PRIESTS, tout comme celle d’une étudiante confrontée à l’horreur lors de l’occupation japonaise dans THE SILENCED. Dans PARASITE, sa volonté et sa force de caractère insufflent une dose de vitalité au film, en plus de révéler à cette occasion toute l’ampleur de sa palette de jeu.
CHANG HYAE JIN – Chung-sook
« L’argent est comme un fer à repasser. Il adoucit tous les plis. »
Chung-sook est une ancienne médaillée nationale d'athlétisme dans la catégorie du lancer du marteau. En comparaison avec son mari apathique, elle projette une image forte et déterminée. Et malgré les fréquents affrontements conjugaux, leur relation est saine. Lorsque Ki-woo se présente à une entrevue pour donner des cours particuliers, ses espoirs d'un revenu régulier augmentent.
Chang Hyae Jin s’est faite remarquer dans le film indépendant coréen THE WORLD OF US pour son portrait d'une mère qui aime ses enfants mais qui dans le même temps, doit se montrer réaliste face à la vie qui les attend. Bong Joon Ho savait qu'il avait besoin d'une comédienne capable de donner vie et entrain à la relation avec Song Kang Ho, et les années d'expérience de Chang en ont fait un choix évident.
LE FILM PAR CEUX QUI L’ONT FAIT
« Je me suis beaucoup amusé à tourner ce film. C'est un film axé sur les personnages, avec beaucoup de dialogues. L'objectif était donc focalisé de manière quasi obsessionnelle autour du visage des acteurs, mais c’est une chance de pouvoir explorer toutes les contradictions de ces visages. Song Kang Ho en particulier a joué dans un très grand nombre de films, mais l’expression qu’il dégage dans cette œuvre est neuve. Par ailleurs, ce n’est pas un film sur un seul personnage, c’est la coopération entre tous les acteurs qui a donné au film sa force. Le film est un grand huit émotionnel, mais laisse également un arrière-goût désagréable. Pour la première fois, je capturais la lumière irradiante de l’été avec la caméra, il était donc amusant de la capturer au bon moment. Je suis reconnaissant aux acteurs de leur patience dans l’attente de la lumière idéale et au réalisateur Bong Joon Ho d’avoir créé ce monde grâce auquel toute l’équipe était dans les meilleures conditions pour travailler. »
Le chef opérateur HONG KYUNG PYO
« Le premier concept que nous avons proposé pour le film s’inspirait du contraste entre la maison surélevée de la famille Park et le souplex de la famille de Ki-taek, de manière à ce que lorsqu’il pleut, l'eau coule de l’une à l’autre. Puis, nous voulions réaliser un travail d’orfèvre pour réaliser les décors. C’est pourquoi nous avons passé beaucoup de temps à parcourir les anciennes communautés de Séoul qui doivent être réaménagées. Et parce que la maison des Park est censée être conçue par un architecte de renom, nous avons construit un espace moderne et élégant, tout en étant spacieux pour qu’un personnage puisse y résider sans être complètement visible pour les autres. J'espère que les spectateurs seront pressés de découvrir les multiples escaliers et espaces qui relient les différentes parties de la maison. »
Le chef décorateur LEE HA JUN
« La première instruction du réalisateur était que les personnages devaient être absorbés par leur environnement. Généralement, la couleur ou le style sont utilisés pour que les personnages se démarquent dans le décor, mais dans PARASITE, les personnages font corps avec les espaces, à l’image d’une aquarelle. Parce que la famille de Ki-taek est au chômage, j’ai d’abord travaillé sur ce que les membres de la famille allaient porter lorsqu’ils sont chez eux et lorsque qu’ils sont à l’extérieur. De l’autre côté les Park étant très modernes, j’ai fait correspondre la couleur de leurs habits à l’environnement et opté pour un style épuré. Travailler avec Bong est toujours passionnant, car il nous guide toujours de manière précise. L’élan de créativité dans la conception de ce film me marquera pour une décennie au moins ! »
Le chef costumier CHOI SE YEON
Copyright des textes des notes de production
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LE DÉBAT
Suite à la projection, un débat était organisé sur le thème :
« J’ai l’estomac dans l’étalon » sur le travail d’étalonneur, en compagnie de Karim El Katari, étalonneur entre autres du Passé, de Message From The King, de Un peuple et son roi, ou de Ibiza (Bah quoi, faut bien vivre) (Source : The Jokers).
« J’ai l’estomac dans l’étalon » sur le travail d’étalonneur, en compagnie de Karim El Katari, étalonneur entre autres du Passé, de Message From The King, de Un peuple et son roi, ou de Ibiza (Bah quoi, faut bien vivre) (Source : The Jokers).
Définition de l'étalonnage:
L’étalonnage intervient à la fin du montage. L’étalonnage sert à ce que, pour le spectateur, tous les plans se « raccordent », en terme de lumière, comme si tous les plans avaient été tournés en même temps et que le film retranscrive, dans son entièreté, l’ambiance voulue par le réalisateur.
(Source : https://www.commentfaireunfilm.com/etalonnage-cest-quoi-et-pour-quoi/)
Le métier d'étalonneur est difficile, car les places sont peu nombreuses.
Karim a choisi l'étalonnage comme carrière, car cela va plus vite que le montage.
Une des questions était : l'étalonneur travaille avec le chef opérateur, comment intervient-il ? Pour Karim, la meilleure solution est d'être impliqué avant le tournage et pendant tout le processus, mais c'est rare. Il y a une différence entre ce métier en France et la façon dont il est pratiqué ailleurs. En France, l'étalonneur n'est pas impliqué au départ.
On reconnaît vite un bel étalonnage et on reconnaît la patte de chacun. Cela mène à des rivalités, car on compare et on donne un rang aux étalonneurs.
En France, l'opérateur est quasiment toujours présent. Les metteurs en scène sont moins demandeurs de recherche artistique. L'opérateur essaie avec l'étalonneur d'aller vers cette recherche.
LOGAN, MAD MAX FURY ROAD et PARASITE ont eu des versions noir et blanc qui sont vraiment travaillées. Les techniques de passage de la couleur au noir et blanc ont été, dans ces trois cas, prises au sérieux. Il y a un rééquilibrage à refaire en noir et blanc, les contrastes sont plus importants.
La discussion a ensuite abordé les formats de film. Karim a expliqué que l'étalonneur espère que le film sera tourné en 35 mm, car il y a moins de contraintes grâce aux bornes, alors qu'en numérique, il n'y a pas de repères. En numérique, l'étalonneur risque de dériver vers quelque chose de non-naturel. C'est cependant son travail de poser les limites et l'opérateur ainsi que le réalisateur doivent savoir l'écouter et lui faire confiance. La partie la plus créative dans ce métier est de savoir poser les limites et de réussir à prendre du recul. Karim a ensuite indiqué qu'il y a des teintes de noir & blanc, avec du froid et du chaud. Pour lui, le 35mm reste une réinterprétation du réel, alors que le numérique est un rendu du réel.
En cas de catastrophe visuelle, avec des relations compliquée, ce métier est à 20% technique et à 80% psychologique. L'étalonneur n'est pas au courant des relations sur le tournage et il est la dernière étape créative avant que le film ne soit terminé. Il s'établit alors un rapport de force entre l'opérateur et le réalisateur qui se retrouvent enfermés avec l'étalonneur pour travailler sur le film.
Pour Karim, la méthode anglo-saxonne est meilleure, car le chef opérateur et l'étalonneur travaillent ensemble dès le début et, à la fin, le réalisateur ne travaille qu'avec l'étalonneur, il y a donc une relation plus directe. Le métier d'étalonneur est plus respectée aux Etats-Unis. Il est vu comme le garant du travail de l'opérateur. Tout est prévu en amont, donc les choses se font de façon plus sereine. Les salaires des étalonneurs américains sont aussi plus importants. Il y a des postes techniques clef qui existent aux États-Unis, mais pas en France, comme l'ingénieur couleur par exemple. Cela explique les différences sur les images entre un film français et un film américain.
Karim a ensuite répondu sur l'esthétique des films de Michael Bay qui, pour lui, ont perdu en qualité avec le numérique. Sur les films Marvel, l'étalonneur est le garant d'une homogénéité, car sur les 10 derniers films, 8 ont été faits par le même étalonneur. Pour lui, si l'étalonnage se voit trop, c'est souvent que la direction artistique n'était pas à la hauteur pendant le tournage.
Autre question posée : sur un film qui dure deux heures, combien de temps dure l'étalonnage ? Karim a répondu que cela dépend du travail en amont, ça peut être 2, 3 ou 8 semaines. Pour lui, il ne faut pas s'attarder trop sur les images pour réussir à garder du recul et à conserver un regard neuf du côté de l'opérateur et du metteur en scène. Ce qui est intéressant, c'est de confronter sa vision avec les leurs et de faire une proposition différente par rapport à leur point de vue initial.
Karim a un pool de chefs opérateurs avec lesquels il travaille. En général, ce sont les agendas de chacun qui détermine avec qui il va travailler.
Karim a confirmé ensuite, qu'en France, il n'y aura plus de films tournés en 70mm, alors qu'aux États-Unis, il y en a encore.
Pour sa part, il est moins convaincu par la version noir et blanc de Parasite, car il trouve que cela amplifie le côté claustrophobique du film, alors que la couleur amenait plus de contraste à l'histoire.
Pour finir, il a expliqué que l'étalonnage peut totalement changer le ton d'une séquence, cela fait partie des outils que l'étalonneur a en sa possession.
Merci à The Jokers pour l'organisation de cette projection suivie de cette rencontre instructive !
#Parasite
#ClubJokers
#ClubJokers

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