dimanche 11 février 2018

STRONGER



Drame/Biopic/Une belle histoire, bien amenée et très bien interprétée

Réalisé par David Gordon Green
Avec Jake Gyllenhaal, Tatiana Maslany, Miranda Richardson, Clancy Brown, Frankie Shaw, Maggie Castle, Acei Martin, Olivia Filleti...

Long-métrage Américain 
Durée: 01h59mn
Année de production: 2017
Distributeur: Metropolitan FilmExport 

Date de sortie sur les écrans américains : 29 septembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 7 février 2018


Résumé : L'histoire vraie de Jeff Bauman, une des victimes des attentats de Boston le lundi 15 avril 2013. 

Bande annonce (VOSTFR)



Extrait "Premiers Pas" (VOSTFR)



Extrait "Tout va bien" (VOSTFR)



Featurette " la vérité derrière le film" (VOSTFR)



Ce que j'en ai pensé : avec STRONGER, le réalisateur David Gordon Green nous invite à être témoin d'une histoire dramatique intime connecté à un contexte global traumatisant. Il est d'ailleurs intéressant de constater les impacts de la célébrité sur la reconstruction psychique des personnages. Chaque protagoniste est touché de plus ou moins près, mais tous se retrouvent à devoir gérer une situation très dure avec leur propre sensibilité et en fonction de leur parcours. 

L'humanité des réactions et les erreurs, la culpabilité, la colère, la douleur sont tous montrés avec franchise, mais aussi avec délicatesse. Le réalisateur n'insiste pas sur les moments extrêmement traumatisants de cette histoire vraie. Il en montre assez pour que le contexte soit clair, mais il met avant tout l'accent sur le combat et les conséquences pour le personnage principal et son entourage. 

Bien que le scénario suive des chemins assez classiques par rapport au développement de l'intrigue, la réalisation très maîtrisée et limpide, avec des effets spéciaux qui nous font oublier qu'on regarde un film, ainsi que le jeu des acteurs nous entraînent tout droit au centre de cette terrible épreuve et nous touche droit au cœur. Il ne s'agit pas ici de verser des torrents de larmes, mais il est vraiment difficile de ne pas avoir la gorge serrée tant par l'horreur de la situation que par la difficile reconstruction d'après le drame. 

Jake Gyllenhaal est totalement poignant dans le rôle de Jeff Bauman. 




Ses échanges avec Tatiana Maslany qui interprète Erin Hurley sont très convaincants. L'actrice est excellente face à ce partenaire génial. 


Miranda Richardson est-elle aussi très crédible dans le rôle de Patty Bauman, la mère de Jeff. Clancy Brown a un plus petit rôle, mais ne démérite pas dans son interprétation de Jeff Bauman Sr., le père de Jeff.

STRONGER est un film qui trouve le positif-là où il semble impossible de le rencontrer. Bien que le film soit émotionnellement fort, c'est une belle leçon de vie, à la fois très bien amenée par son réalisateur et superbement interprétée, qu'il ne faut pas hésiter à aller découvrir au cinéma. On en sort avec une autre perspective sur sa vie.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

STRONGER est l’histoire vraie de Jeff Bauman, un homme ordinaire devenu le héros de sa ville et le symbole mondial de l’espoir après les attentats du marathon de Boston en 2013. Débordant d’émotion, d’humanité et d’humour, ce film est le récit intime et profondément humain de la lutte d’un homme pour surmonter l’adversité et trouver sa propre force intérieure, mais aussi celui de la puissance des liens familiaux et de la fierté de toute une communauté. 

Alors qu’il se tenait près de la ligne d’arrivée du marathon de Boston, le 15 avril 2013, Jeff Bauman n’avait aucune intention de devenir un héros. Mais lorsque deux bombes artisanales explosèrent près de lui, sa vie bascula. Un photographe présent sur les lieux a immortalisé le terrifiant moment où il a été pris en charge par les secours, le bas de la jambe droite arraché et un os nu à la place de la jambe gauche. Cette image a fait le tour du monde. Jeff était soudain devenu l’incarnation de cette terrible tragédie aux yeux du monde entier. 

Todd Lieberman, de chez Mandeville Films, a découvert son histoire grâce à un collègue qui voulait que Jeff écrive un livre sur son expérience. Le producteur était alors à la recherche d’un nouveau projet, un sujet qu’il voulait puissant, capable à la fois d’inspirer et de divertir. Il déclare : « Les histoires qui soulèvent les spectateurs sont rares. Et puis j’ai entendu parler de l’histoire vraie de Jeff. C’était exactement ce que je recherchais. » 

Mais à l’époque, Jeff Bauman n’en était encore qu’au tout début de sa rééducation, et il ne tenait pas – on le comprend aisément – à revivre le calvaire qu’il tentait désespérément de surmonter. Lors de leur premier échange, Todd Lieberman lui a expliqué en toute franchise ce qu’impliquerait la réalisation d’un film. Il raconte : « Je lui ai dit que sa vie serait disséquée, que ses fragilités et sa douleur seraient exposées au grand jour, car mon objectif n’était pas de raconter une version édulcorée de son histoire. Je voulais montrer l’authenticité de son traumatisme, de ses émotions et des défis auxquels il a été confronté. Je lui ai assuré que s’il était prêt à le faire, je serais là pour l’accompagner, mais que s’il n’y tenait pas, je comprendrais. » 

Finalement, Jeff Bauman a décidé d’écrire un livre, Stronger, et a accepté d’en confier les droits d’adaptation cinématographique à la société de Todd Lieberman. Le producteur avait déjà un scénariste en tête pour l’adapter : John Pollono. Brillant dramaturge, celui-ci ne s’était encore jamais essayé à l’écriture d’un long métrage, mais étant originaire du même coin de la Nouvelle-Angleterre que Jeff Bauman, il semblait être le candidat idéal. Le scénariste, qui a grandi à Londonderry, dans le New Hampshire, connaissait bien la géographie physique, culturelle et émotionnelle de l’univers de Jeff et avait déjà décrit avec réalisme et humour la vie dans la région dans ses pièces de théâtre. 

John Pollono a immédiatement été touché par l’histoire et s’est très vite attaché à Jeff et ses proches : « J’avais l’impression de les connaître, ils me rappelaient ma propre famille. Quelqu’un qui n’aurait pas grandi dans ce genre de quartier n’aurait jamais pu écrire cette histoire. J’avais une immense responsabilité sur les épaules, mais il fallait que je le fasse. » 

En préparant le scénario, il a découvert que l’histoire de Jeff ne se limitait pas au contenu de son livre. Pour les comprendre, lui et son monde, il était essentiel d’étudier sa dynamique familiale, ses convictions profondes sur ce qui fait d’un homme un homme, et son inébranlable loyauté. Le scénariste commente : « Le livre contenait des choses magnifiques. Plus je creusais l’histoire, plus je découvrais des informations susceptibles d’étoffer le film. J’ai été touché par le fait que Jeff était un homme ordinaire qui travaillait au rayon charcuterie d’un hypermarché Costco et que ce n’était pas un athlète. Il était simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Je me suis demandé comment j’aurais réagi si c’était à moi que c’était arrivé… » 

Todd Lieberman raconte sa première lecture : « Le script de John était exceptionnel, les dialogues authentiques et magnifiques. Il surpassait toutes nos attentes. John avait réussi à mêler le tragique au comique à travers l’humour dont Jeff parvient à faire preuve face à la situation. Et c’est exactement ce que nous voulions. Son scénario s’est placé en deuxième position sur la Black List cette annéelà. » 

John Pollono a continué à peaufiner l’histoire durant plusieurs mois en parlant aussi souvent que possible avec Jeff Bauman. Les heures qu’ils ont passées au téléphone ont eu raison de la réserve naturelle du jeune homme et ont permis au scénariste d’en apprendre davantage sur sa vie, avant et après l’attentat. 

John Pollono déclare : « J’ai aussi passé beaucoup de temps à discuter avec ses proches car Jeff était encore en pleine convalescence à l’époque. Il revient de loin, mais il souffre de stress post-traumatique, la bataille sera encore longue même s’il a désormais passé le cap critique. » 

Le scénariste souligne qu’il ne s’agit pas d’un film sur le terrorisme, mais de l’histoire d’un homme et de ce qu’il doit surmonter pour reprendre le contrôle de sa vie. « Il a fallu trouver comment donner du sens à cette tragédie sans faire un film sombre et déprimant. L’humour noir est caractéristique de Boston et de la NouvelleAngleterre en général. Nous sommes des battants et nous en sommes fiers, le film se devait donc de traduire cette idée en adoptant l’humour typique de la région. »

L’ÉQUIPE DU FILM

Le producteur Todd Lieberman raconte : « La difficulté a ensuite consisté à trouver un réalisateur capable de sublimer l’équilibre délicat du scénario, entre espoir et désespoir. STRONGER raconte une histoire extrêmement émouvante qui comprend des soupapes de sécurité pour éviter qu’elle ne soit trop oppressante. Il fallait donc qu’elle soit mise en scène par quelqu’un qui comprenne que parfois, le meilleur moyen de faire face à la tragédie, c’est l’humour. Il n’y a rien de plus efficace que l’humour pour surmonter une période difficile. » 

David Gordon Green, à qui l’on doit des films aussi éclectiques que la comédie déjantée DÉLIRE EXPRESS ou le drame primé GEORGE WASHINGTON, s’est forgé une réputation de réalisateur polyvalent, c’est pourquoi Todd Lieberman était convaincu qu’il serait parfait pour ce projet. Mais après plusieurs films dramatiques, le cinéaste aspirait à renouer avec la comédie. 

Il se souvient : « J’avais envie de faire un film plus léger… et puis j’ai reçu le scénario de STRONGER. J’ai immédiatement été cueilli par les personnages et le thème du film. Il était évident que la tension mêlée à l’humour distillé par John tout au long du scénario permettrait de donner à cette tragédie un visage humain. » 

Le projet a définitivement pris son envol lorsque la production a reçu un appel de Jake Gyllenhaal, qui était intéressé par le rôle de Jeff Bauman. L’acteur voulait également produire le film – le premier de Nine Stories Productions, la société de production qu’il venait de créer. 

Il déclare : « J’ai vraiment été séduit par le personnage et le scénario m’a profondément touché, et je voulais m’assurer que le film verrait le jour. J’ai été frappé par l’histoire de Jeff et par le fait qu’il n’était pas question de l’attentat mais du parcours d’un être humain de la tragédie vers l’espoir. » 

Après que Jake Gyllenhaal a rejoint l’équipe, les cinéastes ont pris la direction de Chelmsford dans le Massachusetts pour apprendre à connaître Jeff Bauman et se familiariser avec son univers. Modeste commune d’environ 34 000 habitants, Chelmsford fait partie de ces anciennes villes ouvrières qui constituaient autrefois le pilier économique de la Nouvelle-Angleterre. 

David Gordon Green raconte : « Nous avons emmené tout le monde manger une pizza et boire une bière. Nous avons essayé de rester discrets et simples, et c’est ce qui nous a aidés à nouer de vrais liens avec ceux qui connaissaient le mieux l’histoire. Nous avons bu des Mai Tai avec les meilleurs amis de Jeff, Big D et Sully, au Hong Kong, le restaurant que l’on voit dans le film, pour essayer de mieux comprendre leur vie. J’ai été stupéfait par l’accueil qu’ils nous ont réservé et par la confiance qu’ils nous ont témoignée. Après tout, nous n’étions que des étrangers pour eux... » 

Le réalisateur se souvient avoir assisté à un événement particulièrement émouvant et intime dans la vie des Bauman. « Nous étions présents le jour où la fille de Jeff a fait ses premiers pas. C’était très émouvant de voir cet homme, lui-même en train de réapprendre à marcher, regarder son enfant faire ses premiers pas. » Une fois le tournage entamé, Jeff Bauman a continué à apporter son aide précieuse à la production. Bien qu’il ait décliné l’invitation de l’équipe à lui rendre visite sur le plateau, il était toujours disponible pour aider la production et recevait régulièrement des nouvelles des cinéastes. 

Todd Lieberman déclare : « John était sans cesse en train de retravailler le scénario pour qu’il soit aussi fidèle que possible à la vie de Jeff et à sa famille. Ce dernier aimait l’idée que son histoire fasse l’objet d’un film, mais il ne tenait pas à la revivre. Je n’ose imaginer combien cela a dû être difficile pour lui et les siens. »

À LA RECHERCHE DE JEFF BAUMAN

Saisir l’essence de son personnage s’est révélé être un processus long et difficile pour Jake Gyllenhaal. L’acteur était déterminé à rendre hommage à l’extraordinaire persévérance de Jeff Bauman sans perdre de vue son humanité et sa vulnérabilité, mais le stoïcisme naturel du jeune homme ne lui a pas facilité la tâche difficile. 

Il explique : « Les Bostoniens, et en particulier les hommes, font preuve de réserve et ne se dévoilent pas facilement. J’ai eu beaucoup de mal à faire exprimer ses sentiments à Jeff. Il ne cherchait pas à cacher quoi que ce soit, c’était simplement sa manière d’être. Il a donc fallu que je me base sur tout ce qu’il exprimait autrement que par les mots, par ses attitudes ou ses gestes. » 

Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises avant et pendant la production. Jake Gyllenhaal raconte : « Nous avons beaucoup discuté avant, et une fois le tournage en cours, j’ai continué à lui envoyer des messages et à l’appeler. Il reste quelque chose de très enfantin en lui, c’est la raison pour laquelle nous sommes tous tombés sous son charme. Jeff est non seulement charismatique mais il est aussi très affectueux. Il est espiègle mais possède aussi une part d’obscurité. » 

Si le film met en scène les efforts de Jeff Bauman pour réapprendre à marcher, il avait déjà récupéré toute sa mobilité lorsque Jake Gyllenhaal l’a rencontré, grâce aux complexes prothèses de jambes qui ont été fabriquées pour lui. L’acteur déclare : « La réalité physique de Jeff m’a beaucoup aidé à cerner sa personnalité car certains aspects de sa psychologie semblent étroitement liés à ses mouvements, et à sa manière de formuler ses phrases et d’aborder les gens. Son langage corporel mais également son sens de l’humour – qui ne le quitte jamais, même dans les moments les plus sombres – m’ont été d’une aide précieuse. » 

Passer du temps en compagnie de la famille Bauman s’est également révélé très utile pour l’acteur, qui confie : « Ils forment un clan uni et soudé. Ils sont présents les uns pour les autres. Jeff ne passe pas un jour sans parler ou voir sa famille. » Jake Gyllenhaal parvient à exprimer avec brio toutes les contradictions de son personnage sans jamais l’imiter, comme l’explique Todd Lieberman : « Jake fait partie des acteurs les plus polyvalents de sa génération. Il est sympathique et vulnérable, mais il est également capable d’être très inquiétant. Dans le rôle de Jeff, il est à la fois extraverti et au bord du gouffre, et parvient aisément à passer de la joie à la tristesse. Interpréter ce rôle lui a également fait prendre conscience de ce que signifie perdre ses deux jambes, il a passé énormément de temps avec Jeff ainsi que d’autres doubles amputés afin d’apprendre à se déplacer de manière réaliste. Jake a fait preuve d’un engagement exemplaire. » 

Par son enthousiasme et son dévouement, l’acteur a donné le ton au reste de l’équipe. Le producteur poursuit : « Il n’a jamais reculé, quelle que soit la difficulté de ce qu’on lui demandait. Il s’est véritablement glissé dans la peau d’un homme qui a traversé une expérience traumatisante. Jake exprime la douleur de Jeff à travers son regard et ses expressions et livre une interprétation tout en nuances qui est tout simplement remarquable. » 

L’acteur confie s’être souvent interrogé sur ce qu’il aurait fait dans la situation de Jeff. « J’avais beau essayer de comprendre ce qui lui était arrivé, je me heurtais la plupart du temps à un mur. Je ne suis pas certain que j’aurais survécu à une telle épreuve. »

LA FAMILLE BAUMAN

Pour incarner Erin Hurley, l’ex-petite amie que Jeff attendait sur la ligne d’arrivée du marathon – et qu’il a fini par épouser –, les cinéastes ont finalement choisi Tatiana Maslany, la star de la série de science-fiction « Orphan Black », récompensée aux Emmy Awards pour ses multiples rôles de « sœurs » clones aux personnalités, aux accents et aux apparences radicalement différentes. Le producteur Todd Lieberman explique : « Le travail de Tatiana sur « Orphan Black » nous a convaincus qu’elle était capable de jouer un personnage pluridimensionnel qui dépasse de loin celui du simple faire-valoir féminin. Elle est très sympathique, même dans les moments où elle n’est pas franchement agréable, ce qui rend le personnage complexe et réaliste. » 

L’actrice a obtenu le rôle grâce à son ressenti du personnage tout en vulnérabilité et en détermination ainsi qu’à son alchimie immédiate avec Jake Gyllenhaal. David Gordon Green commente : « Je connaissais Tatiana de nom, mais je n’avais jamais vu son travail. A la suite de son audition, j’ai regardé toutes les saisons de « Orphan Black », et sa capacité à passer d’un personnage à l’autre en changeant simplement de tenue m’a laissé sans voix. Elle a créé une galerie de personnages très différents mais tous aussi crédibles les uns que les autres. Pour ce film, nous ne cherchions pas simplement une jolie fille ; Erin se devait d’être forte et courageuse, que ce soit dans les moments où elle réconforte Jeff ou ceux où elle le pousse dans ses retranchements et essaye de le motiver. » 

Tatiana Maslany a été impressionnée par la capacité de John Pollono à décrire l’ambivalence des personnages face à un acte de violence aussi bouleversant. Elle confie : « Le scénario était magnifiquement écrit, il ne glorifiait personne. Il racontait l’histoire d’êtres humains confrontés à une tragédie intime et décrivait la manière dont cela affectait toute une famille. Je suis très heureuse d’avoir pris part à ce film. C’était un défi pour moi, mais c’est ce qui me plaît dans le métier d’actrice. » 

Dans le film, le personnage d’Erin est le fruit de l’interprétation de Tatiana Maslany et non une imitation de la véritable Erin Hurley. L’actrice déclare : « J’ai passé beaucoup de temps à essayer de mieux comprendre ce qu’Erin a vécu et à nous trouver des points communs. Cela a influencé mon interprétation, mais à aucun moment je n’ai fait le choix de l’imiter. Je me suis mise à la course à pied dès que j’ai su que j’avais obtenu le rôle. J’ai énormément de respect pour ceux qui sont capables de courir un marathon. Initialement, je n’arrivais pas à tenir plus de quelques minutes, mais j’ai fini par parcourir près de 15 km, ce dont je suis très fière. » 

Bien que Tatiana Maslany ait longuement discuté de son personnage avec David Gordon Green en amont de la production, le tournage lui a réservé son lot de surprises. Elle raconte : « Erin doit s’en remettre à son intuition et ça a parfois aussi été mon cas. Sa vie est totalement bouleversée, si bien qu’elle réagit plus qu’elle n’agit. Il n’y a aucune préméditation dans son comportement et cela a influencé mon interprétation. David m’a permis d’explorer différentes options et de faire preuve de spontanéité. » 

Tout au long de cette épreuve, en plus du soutien d’Erin, Jeff peut compter sur celui de sa mère, Patty. Courageuse, déterminée et aimante, Patty ne baisse jamais les bras et encourage son fils tout au long de sa convalescence. Le choix de l’actrice britannique Miranda Richardson peut sembler surprenant pour incarner cette Bostonienne au caractère bien trempé, mais Jake Gyllenhaal a insisté pour que ce soit elle qui obtienne le rôle. 

Avec ce portrait d’une femme complexe et tiraillée, l’actrice livre une interprétation inattendue et stupéfiante. L’acteur et producteur déclare : « Miranda est arrivée sur le tournage parfaitement préparée et armée d’une détermination et d’une force intérieure extraordinaires. Elle exprime à merveille l’amour de Patty pour Jeff, mais également sa colère intense et magnifique. Patty est assez impénétrable. » 

Admirateur de longue date de Miranda Richardson, David Gordon Green n’avait cependant pas pensé à elle pour le rôle jusqu’à ce que Jake Gyllenhaal en parle. « Nous voulions quelqu’un capable d’être drôle mais également sérieuse. Je me souviens avoir vu Miranda tenir tête à Jeremy Irons dans FATALE de Louis Malle puis présenter « Saturday Night Live ». Elle peut être très intense, comme dans THE CRYING GAME, puis charmante et loufoque, comme dans AVRIL ENCHANTÉ. » 

STRONGER a permis à l’actrice de se glisser dans la peau d’un personnage loin des rôles de femmes cultivées et bourgeoises qu’elle a l’habitude de jouer. « Je n’avais encore jamais interprété un personnage comme celui de Patty et j’aimais l’idée de faire partie d’un clan. Je suis toujours attirée par les rôles qui m’obligent à sortir de ma zone de confort, car ils m’enrichissent. C’est un peu effrayant bien sûr, mais c’est aussi passionnant. » 

Pour incarner la respectable matriarche de Chelmsford, l’actrice a dû se défaire de son élégance britannique. Todd Lieberman commente : « Miranda s’est complètement transformée, c’est remarquable. » Miranda Richardson n’a rencontré la vraie Patty Joyce qu’une fois le tournage entamé, mais cela ne l’a pas dérangée. Bien que son personnage soit basé sur une personne réelle, la version cinématographique de Patty est une sorte d’abstraction, comme l’explique l’actrice : « La vraie Patty est plus élégante et gentille qu’elle n’en a l’air dans le film, elle garde aussi mieux son sang-froid. Je lui suis très reconnaissante de m’avoir accordé du temps et d’avoir répondu à mes questions. » 

La venue de Patty Joyce sur le tournage a permis à Miranda Richardson, mais également au reste de l’équipe, de mieux comprendre Jeff Bauman. Todd Lieberman déclare : « Patty déborde d’amour et de fierté pour son fils car il a su surmonter cette épouvantable épreuve et est aujourd’hui une source d’inspiration dans le monde entier. » 

La version finale de STRONGER dépasse toutes les attentes de Miranda Richardson. « Aucun d’entre nous ne savait exactement ce qu’allait donner le film, il aurait pu tourner de plein de manières différentes. Mais il possède une retenue qui est à mon sens cruciale pour exprimer le poids émotionnel de l’histoire. Il est également profondément humain. Les personnages sont fragiles et commettent des erreurs, et c’est ce qui les rend si réalistes. » 

Le père de Jeff et ex-mari de Patty, surnommé Big Jeff, est incarné par l’acteur chevronné Clancy Brown, qui exprime avec brio la colère bouillonnante du personnage face à ce qui est arrivé à son fils. Il était primordial pour l’acteur de comprendre ce qu’avait ressenti Big Jeff en apprenant que son fils faisait partie des victimes de l’attaque à la télévision. Il déclare : « Imaginez que votre fils se trouve à l’hôpital et qu’une photo de lui mutilé s’étale sur toutes les chaînes d’information et sur Internet… Il a fallu de longues heures avant que Jeff n’obtienne davantage d’informations, il savait simplement que quelque chose d’atroce s’était produit. » 

Le film raconte non seulement le combat de Jeff, mais également la manière dont cette épreuve a affecté tous ses proches. Clancy Brown confie : « Après l’attentat, nous avons tous entendu parler de Jeff et des autres victimes, mais derrière chacune d’entre elles se trouvent des familles entières qui ont elles aussi été confrontées aux conséquences de cet acte insensé. » 

L’équipe a demandé à certains membres du corps médical qui ont accompagné Jeff durant sa guérison de jouer leurs propres rôles. Le producteur déclare : « La voix que l’on entend lorsque les bandages de Jeff sont retirés pour la première fois est celle du Dr Kalish, qui a soigné Jeff en 2013. Nous avons également fait appel à l’une des infirmières qui s’est occupée de lui. Paul et Greg Martino de United Prosthetics, qui ont fabriqué les prothèses de jambes de Jeff, apparaissent aussi dans le film. Ils ont aussi créé les prothèses de Jake. » 

Le Dr Kalish était présent sur le tournage en tant que conseiller technique, mais David Gordon Green a eu la brillante idée de lui faire faire une brève apparition dans son propre rôle. Le réalisateur raconte : « La scène n’apparaissait pas dans le scénario, mais sa présence ou celle des frères Martino, les propriétaires de United Prosthetics, confère un réalisme inattendu au film. De cette manière, nous sommes sûrs qu’ils utilisent leurs propres mots. »

« BOSTON STRONG »

Entièrement tourné dans le Grand Boston, STRONGER capture l’atmosphère unique et l’essence de la classe ouvrière de la région sans jamais tomber dans le sentimentalisme ou l’idéalisme. David Gordon Green déclare : « John a fait un travail extraordinaire et décrit avec brio cet univers et cette famille. La particularité de ce scénario repose à mes yeux sur son ancrage local et son réalisme, ce que nous avons essayé de souligner à travers la photographie, les décors et le jeu des acteurs. » 

Inciter la ville et les habitants à prendre part au film était une priorité pour la production. C’est la raison pour laquelle l’équipe a tourné aussi souvent que possible en décors réels. Plusieurs des lieux où les événements se sont produits figurent dans le film, c’est le cas du centre de rééducation Spaulding, où Jeff a été traité, et d’United Prosthetics, où ses prothèses de jambes ont été conçues et fabriquées. Expliquer en amont aux Bostoniens quel genre de film l’équipe souhaitait réaliser a été un facteur important dans l’obtention du soutien nécessaire au projet. Les cinéastes ont ainsi mis un point d’honneur à rencontrer Marty Walsh, le maire de la ville, et son directeur de cabinet, les responsables des clubs de sport professionnels et du marathon, ainsi que des responsables d’université, de manière à ce qu’ils comprennent comment allait se dérouler le tournage. La production a en outre fait le choix délibéré d’employer autant de locaux que possible. 

Le producteur exécutif Nicolas Stern commente : « Près de 80 % de la distribution était originaire de Boston car il était très important pour nous de laisser les habitants raconter cette histoire. » 

Parmi les rares décors construits de toutes pièces pour le film figure la ligne d’arrivée du marathon. Plutôt que d’utiliser des plans panoramiques du quartier, le chef décorateur a choisi de reproduire quelque 35 mètres de rues, de trottoirs et de devantures afin de donner une vue d’ensemble de l’explosion. Il commente : « Nous tenions à ce que cette scène soit très personnelle pour rester au plus près de ce que Jeff a vécu. » 

Le tournage des scènes du marathon s’est révélé très éprouvant pour Tatiana Maslany. La course est un rituel annuel pour les Bostoniens qui se rassemblent le long du parcours, devant leur téléviseur avec des amis ou dans leur bar préféré pour en suivre le déroulement. L’actrice confie : « Il était encore tôt pour raconter cette histoire. Les évènements sont encore très frais dans les mémoires, d’autant plus que le marathon a eu lieu pendant que nous nous trouvions sur place. Courir aux côtés des figurants qui étaient tous de Boston a été très émouvant. Je n’ose pas imaginer ce qu’ils ont dû ressentir, mais je leur suis très reconnaissante d’avoir participé au film. » 

Tout Boston s’est mobilisé en soutien à Jeff Bauman. Le tournage s’est en effet poursuivi à Fenway Park, où le jeune homme a donné le coup d’envoi de la saison de baseball. Les Bruins de Boston ont également autorisé l’équipe à filmer sur la glace du TD Garden afin de recréer un moment clé du film dans lequel Jeff fait une apparition durant un match de hockey. Après avoir assisté à un match de leur équipe, 5 000 fans des Bruins ont accepté de rester dans les tribunes et de servir de figurants pour la scène. John Pollono raconte : « La clameur, l’amour et la passion dont ils ont fait preuve étaient parfaitement authentiques. Je pense que jusqu’alors, le soutien des Bostoniens était un peu abstrait pour Jake, mais ce soir-là, il en a pleinement pris conscience. Et cela a influencé sa performance. » 

Chacun des chefs de département du film a été choisi pour ses talents de conteur, comme l’explique la productrice exécutive Riva Marker, la cofondatrice de Nine Stories Productions. « Nine Stories a été conçu comme un sanctuaire pour les conteurs et les cinéastes, et Jake et moi sommes très enthousiastes à l’idée de collaborer avec des artistes qui partagent cette vision. » 

Le directeur de la photographie Sean Bobbitt a débuté sa carrière en tant que documentariste et préfère manœuvrer lui-même la caméra. Il explique : « Cela me permet non seulement de rester au plus près des performances des acteurs, mais également de composer les plans pendant que je travaille car pour moi, la composition représente la moitié du travail du directeur de la photo. » 

Cela a permis à David Gordon Green de tourner les scènes de groupe dans le style naturaliste qu’il avait imaginé. Le réalisateur commente : « Sean soutient que les images les plus saisissantes et les plus mémorables qu’il a réalisées sont celles qu’il n’avait pas planifiées et qui sont nées par hasard. Nous avons donc laissé les acteurs se déplacer naturellement dans le décor et les avons suivis avec la caméra. Sa méthode consiste aussi à ne pas utiliser d’éclairage sur le plateau, il y avait évidemment des sources lumineuses à l’extérieur, mais je ne me souviens pas avoir vu ne serait-ce qu’un projecteur dans un environnement dans lequel nous filmions. » 

Les scènes ainsi réalisées possèdent la même intensité et le même caractère chaotique qu’une vraie réunion de famille. David Gordon Green déclare : « Ces scènes n’ont pas été chorégraphiées ni storyboardées. Nous en expliquions le but aux acteurs et les laissions improviser sous l’objectif de Sean. Nous voulions du réalisme, voire dans certains cas de l’hyperréalisme. Il s’agit après tout d’une histoire vraie, et nous avons fait en sorte qu’elle soit aussi authentique et convaincante que possible. » 

Le monde ouvrier du Massachusetts décrit dans le film était inconnu de Sean Bobbitt, qui s’est familiarisé avec cet univers en passant du temps avec Jeff Bauman et ses amis. Il raconte : « Je garde le souvenir d’une foule de détails incongrus et excentriques. Pour tenter de recréer ce fascinant univers tout en contradictions, je me suis inspiré d’éléments visuels récurrents comme ces restaurants chinois dotés de bars exotiques aux couleurs vives qui semblent fleurir à tous les coins de rue. » 

Les effets visuels complexes nécessaires pour recréer les blessures de Jeff sont délibérément présentés de manière crue et minimaliste. David Gordon Green explique : « Nous avons laissé le fantastique travail réalisé par l’équipe en charge des 13 effets visuels parler de lui-même. Les images de Sean sont légèrement granuleuses et sous-exposées. Elles ont été filmées sur le vif. » 

Le maquilleur Donald Mowat, qui a travaillé avec Jake Gyllenhaal sur NIGHT CALL et NOCTURNAL ANIMALS, a conçu le maquillage qui a permis la création d’une illusion très sophistiquée. « Toute la question était de savoir si cela fonctionnerait une fois terminé parce qu’il y avait énormément d’éléments à assembler. Il n’y a quasiment rien de comparable dans l’histoire du cinéma. » 

Todd Lieberman précise : « Les blessures de Jeff sont le fruit d’un mélange de maquillage prosthétique, d’effets visuels et d’une remarquable performance de la part de Jake. »

Trois moulages des jambes de l’acteur ont été réalisés dans différentes positions : debout, assis et allongé, et un fauteuil roulant sur mesure a été fabriqué. Chaque détail, jusqu’à la couleur des moignons prosthétiques, a été soigneusement pris en considération. Le producteur poursuit : « Il aurait été facile de les rendre effrayants et repoussants, mais nous ne cherchions pas à choquer les esprits. Il s’agit de la vie de Jeff et nous tenions à faire preuve de respect. » 

Voir Jake Gyllenhaal, David Gordon Green et le reste de l’équipe donner vie au film s’est révélé incroyablement satisfaisant pour Riva Marker, qui assure que son associé n’a jamais perdu de vue ses responsabilités en tant qu’acteur et producteur. Elle déclare : « Jake réfléchissait sans cesse à la meilleure manière de raconter cette histoire. Pendant qu’il tournait une scène, il pensait à l’objectif qui était utilisé, à l’angle de la prise de vue, au plan suivant et à la manière de rendre la séquence plus dynamique… Et David est quelqu’un d’incroyablement généreux et ouvert. Ce qui rend cette collaboration si remarquable, c’est que nous étions tous conscients que cette histoire nous dépassait et qu’il était de notre responsabilité de la raconter avec la plus grande justesse. » 

Pour Todd Lieberman, l’une des raisons pour lesquelles l’histoire de Jeff Bauman a captivé l’imagination du monde entier repose sur le fait qu’il s’agit d’un garçon ordinaire qui s’est retrouvé confronté à l’enfer. Il commente : « Le film pose des questions que Jeff s’est lui-même posées : pourquoi est-il devenu un symbole aux yeux de tant de monde ? Comment devient-on un héros ? Est-ce en réalisant quelque chose « d’héroïque » ou simplement en inspirant les autres à accomplir ce dont ils ignorent être capables ? » 

Malgré sa nature extrême, David Gordon Green est persuadé que l’histoire de Jeff Bauman revêt un caractère universel. « Le défi était pour moi de réaliser un film sincère et réaliste qui soit fidèle à la vérité sans en être une reconstitution. Je veux que les spectateurs s’identifient aux personnages et tombent sous leur charme. Je suis convaincu qu’ils seront inspirés par le douloureux parcours de Jeff ainsi que par l’amour et le soutien extraordinaire que lui apportent Erin, sa famille et ses amis, mais aussi tout le peuple de Boston. Si ce film les aide à réaliser qu’ils peuvent compter sur leurs proches, en cas de coup dur comme au quotidien, alors je serai comblé. » 

  
#Stronger

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