Drame/Comédie/Un beau film sensible avec un superbe trio d'acteurs
Réalisé par Richard Linklater
Avec Bryan Cranston, Laurence Fishburne, Steve Carell, J. Quinton Johnson, Deanna Reed Foster, Yul Vazquez, Graham Wolfe, Jeff Monahan...
Long-métrage Américain
Durée: 02h04mn
Année de production: 2017
Distributeur: Metropolitan FilmExport
Date de sortie sur les écrans américains : 3 novembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 17 janvier 2018
Résumé : En 2003, Larry « Doc » Sheperd, un ancien médecin de la Navy, retrouve Sal Nealon, un gérant de bar et le révérend Richard Mueller. Tous les trois ont combattu ensemble au Vietnam mais ils ne s’étaient pas revus depuis trente ans. Larry est venu leur demander de l’accompagner aux funérailles de son fils, mort au combat en Irak et dont le corps vient d’être rapatrié aux Etats-Unis. Sur la route, l’émotion se mêle aux fous-rires car les trois hommes voient leurs souvenirs remonter et ils retrouvent leur camaraderie...
Bande annonce (VOSTFR)
Extrait "Il y a un temps pour tout" (VOSTFR)
Extrait "Cellulaires" (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE est un film très touchant. Son réalisateur, Richard Linklater, fait preuve de beaucoup de délicatesse pour nous accompagner dans cette histoire de deuil, de culpabilité et d'acceptation de la réalité. Bien que le sujet de fond soit d'une très grande tristesse (un père qui doit enterrer son fils), il réussit à parfaitement équilibrer le ton de son long-métrage pour le faire adroitement naviguer entre émotion et sourire. Il désamorce sans cesse la peine, mais on sent la douleur omniprésente. Il prend le temps de nous présenter le pourquoi et ses personnages de façon à ce qu'on s'attache à eux et qu'on comprenne leur passé et leur point de vue. Il attaque au passage les mensonges organisés du gouvernement et de l'armée, mais sans en faire un pamphlet politique, simplement en y confrontant des hommes concernés, donnant ainsi beaucoup de force à son propos.
Les trois acteurs principaux sont excellents. Steve Carell, qui interprète Larry « Doc » Shepherd, exprime avec une sensibilité incroyable les tourments intérieurs de son deuil. Il est tout en retenu, mais on ne doute pas un instant de la crédibilité de sa peine.
Les deux amis de Doc, Sal et Richard, sont comme les deux faces de la pièce qui lui permette de ne pas craquer et de tenir face à ce voyage terriblement difficile.
Bryan Cranston interprète Sal Nealon, le genre d'ami qui abandonne tout pour venir en aide à son pote et qui n'oublie jamais de donner son avis franc et direct en accord avec sa philosophie de vie un peu immature, mais sensée aussi.
Laurence Fishburne est le révérend Richard Mueller, faux calme et vrai conseiller, il refuse de revenir sur un passé duquel il s'est distancié. Lui aussi va trouver un cheminement intérieur en échangeant avec ses vieux amis.
Ces protagonistes sont superbement dessinés au travers des dialogues et des situations qu'ils abordent.
La fin du film est magnifique et très émouvante. Elle donne tout son sens à l'ensemble.
LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE est une aventure qui remue le cœur des spectateur par ses thèmes, sa franchise et la très belle interprétation de son trio d'acteurs principaux. N'hésitez pas à aller le découvrir.
Les trois acteurs principaux sont excellents. Steve Carell, qui interprète Larry « Doc » Shepherd, exprime avec une sensibilité incroyable les tourments intérieurs de son deuil. Il est tout en retenu, mais on ne doute pas un instant de la crédibilité de sa peine.
Bryan Cranston interprète Sal Nealon, le genre d'ami qui abandonne tout pour venir en aide à son pote et qui n'oublie jamais de donner son avis franc et direct en accord avec sa philosophie de vie un peu immature, mais sensée aussi.
Laurence Fishburne est le révérend Richard Mueller, faux calme et vrai conseiller, il refuse de revenir sur un passé duquel il s'est distancié. Lui aussi va trouver un cheminement intérieur en échangeant avec ses vieux amis.
La fin du film est magnifique et très émouvante. Elle donne tout son sens à l'ensemble.
LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE est une aventure qui remue le cœur des spectateur par ses thèmes, sa franchise et la très belle interprétation de son trio d'acteurs principaux. N'hésitez pas à aller le découvrir.
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
LAST FLAG FLYING est tout à la
fois un engagement solennel, une protestation contre l’injustice et une
célébration de la vie ; c’est un film à la fois insolent, drôle, profane et
profondément émouvant, où les émotions sont traitées avec autant de justesse
que de délicatesse et où le rire perce à travers les larmes... Richard
Linklater nous offre un magnifique moment de cinéma servi par un somptueux trio
de comédiens.
DU ROMAN À L’ÉCRAN
Le scénariste et réalisateur
Richard Linklater se souvient encore parfaitement de ce qu’il a ressenti il y a
douze ans en refermant Last Flag Flying, le roman de Darryl Ponicsan. Le
cinéaste nommé cinq fois aux Oscars raconte : « J’ai tout de suite pensé que ce
livre ferait un film fantastique. À l’époque, la guerre en Irak était déjà un
désastre, et le parallèle que dressait Darryl Ponicsan entre ce conflit et la
guerre du Vietnam était saisissant. Ce thème trouvait écho en moi, mais ce sont
avant tout les personnages de Doc, Sal et Mueller qui m’ont touché. Je suis
tombé sous le charme de ces trois quinquagénaires, j’avais envie d’en apprendre
davantage sur leurs vies et de dresser le portrait de ce trio de vétérans du
Vietnam. »
Le réalisateur a entrepris
d’adapter le roman pour le grand écran dès 2006 mais cette première version,
dont l’action se déroulait en 2005, n’a pas vu le jour. Il explique : « Le
moment était mal choisi. La société n’était pas encore prête à faire l’analyse
de cette guerre qui se déroulait juste sous nos yeux et semblait sans fin. Les
meilleurs films de guerre sont généralement ceux qui voient le jour plusieurs
années après le conflit qu’ils décrivent, quand les gens sont enfin prêts à se
pencher sur les évènements. »
Il y a environ deux ans, les deux
hommes ont décidé de donner une nouvelle chance au projet. Richard Linklater
raconte : « Je me souviens m’être dit qu’il serait plus intéressant d’aborder
LAST FLAG FLYING à la manière d’un film d’époque, en le situant en décembre
2003, au moment de la capture de Saddam Hussein. Darryl et moi étions
convaincus que les spectateurs se souviendraient de cet évènement et que cela
ancrerait l’histoire dans une sorte de réalité commune, ce qui était
l’intention initiale du roman. »
Darryl Ponicsan, qui a servi au
sein de la marine américaine dans les années 1960, est également l’auteur de
The Last Detail, dont est adapté LA DERNIÈRE CORVÉE, le film de 1973 acclamé
par la critique et interprété par Jack Nicholson, Otis Young et Randy Quaid
dans les rôles de sous-officiers de la marine qui décident d’offrir une virée
inoubliable au jeune détenu qu’ils escortent en prison. Bien que l’écrivain ait
imaginé Last Flag Flying comme une suite à son premier roman, la version
révisée du scénario s’éloigne sensiblement du livre, en particulier au regard
des expériences vécues par les personnages durant la guerre du Vietnam.
Lorsqu’on lui demande si LAST
FLAG FLYING est la suite de LA DERNIÈRE CORVÉE, Richard Linklater précise : «
Non, mais la question est logique puisque le roman sur lequel est basé le film
est lui-même la suite de The Last Detail. Le processus d’adaptation a été long
mais je pense que nous avons finalement créé quelque chose d’assez unique. Si
le film avait vu le jour il y a une dizaine d’années, il aurait sans doute
davantage eu des airs de suite. Cela ne s’est pas fait mais au lieu d’être
enterré, le projet, à l’image de la guerre, a perduré. Il n’était pas question
de priver les spectateurs de personnages aussi savoureux. »
Armé de la nouvelle version du
scénario, Richard Linklater a contacté Ted Hope, le producteur de films
indépendants tels que 21 GRAMMES, IN THE BEDROOM ou encore AMERICAN SPLENDOR
aujourd’hui à la tête de la production pour Amazon Studios. Le réalisateur
explique : « J’étais convaincu que nous étions prêts à nous pencher sur les
origines de la guerre en Irak, à nous confronter au sentiment que nous avons
tous ressenti après le 11 septembre, à la paranoïa qui s’est emparée des
États-Unis face à l’impensable et à tenter de comprendre pourquoi nous avons
répondu comme nous l’avons fait. Dix ans plus tard, l’histoire me semblait plus
opportune que jamais, et Ted a partagé mon avis. »
Les films du réalisateur se
caractérisent notamment par la qualité de leur distribution, qu’il s’agisse de
GÉNÉRATION REBELLE, le classique sur l’adolescence de 1993, de la trilogie
BEFORE ou de BOYHOOD, le drame familial tourné sur une période de 12 années. Et
il a de nouveau pu compter sur son intuition pour LAST FLAG FLYING dans lequel
il a rassemblé Steve Carell, Bryan Cranston et Laurence Fishburne dans le rôle
d’un trio de soldats autrefois liés comme les doigts de la main.
Il déclare : « Steve, Laurence
et Bryan sont très drôles, mais chacun d’entre eux possède son propre sens de
l’humour et sa propre personnalité. Leurs personnages étaient comme des frères
il y a 30 ans et nous voulions en quelque sorte leur faire remonter le temps
pour voir ce que cela provoquerait en eux. »
TRENTE ANS APRÈS
Steve Carell, que l’on a pu voir dans des comédies aussi
inoubliables que « The Office » ou 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU ainsi que dans
FOXCATCHER, le film dramatique qui lui a valu une nomination à l’Oscar, et le
blockbuster de 2015 THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE, a sauté sur l’occasion
de collaborer avec Richard Linklater. Il déclare : « Richard est un réalisateur
formidable, c’est ce qui m’a initialement attiré, et lorsque j’ai appris que
Laurence Fishburne et Bryan Cranston y prenaient également part, j’ai été ravi.
J’avais très envie de travailler avec eux. Avouez qu’il est difficile de
trouver meilleurs partenaires ! »
L’acteur confie avoir aussi été
séduit par le scénario de LAST FLAG FLYING. « Le script de Richard et Darryl
était très émouvant et vraiment unique, au point que je ne considère pas ce film
comme un film de guerre à proprement parler mais plutôt comme un film sur les
relations humaines ou un road trip. On pourrait aussi presque parler d’une
réunion d’anciens élèves parce qu’il est question de trois hommes qui ne se
sont pas vus depuis 30 ans et qui sont réunis par un évènement tragique. Ils
sont alors forcés de reconsidérer leurs relations, leur identité et les liens
qui les unissent encore – ou pas. Pour moi, la guerre n’est que la toile de
fond sur laquelle s’écrivent les interactions entre ces trois hommes. »
Pour préparer ce rôle, Steve
Carell s’est tourné vers son père, vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Il
déclare : « Je n’ai jamais servi dans l’armée, alors quand j’ai accepté le rôle
de Doc, je me suis appuyé sur l’expérience de mon père. Il m’a raconté ses
années de service et l’attitude de ses compagnons d’armes, mais également le
climat de peur qui régnait. Il n’avait jamais évoqué ces détails lorsque mes
frères et moi étions enfants. Il minimisait son expérience pour qu’elle ne nous
affecte pas de manière négative et racontait ce qu’il avait fait avec
énormément d’humilité. Cela m’a donné à réfléchir car je tenais à comprendre de
mon mieux ce que ces hommes avaient vécu. »
En creusant son personnage,
l’acteur en est venu à le considérer comme le « petit frère » de Sal et
Mueller. Il raconte : « Doc ne possède pas la même force de caractère que ses
deux camarades, c’est pourquoi ils l’ont pris sous leur aile au Vietnam. » On
découvre au fil de l’histoire que Doc a couvert ses amis et passé deux ans dans
une prison de la marine américaine pour un crime dont les conséquences les
hantent toujours tous les trois. Mais ça, c’était il y a 30 ans. Steve Carell
déclare : « Doc est désormais un homme placide, calme et contemplatif. Il mène
une vie simple, entouré par ce qui compte le plus pour lui : sa famille. »
Richard Linklater était
convaincu que Steve Carell saurait exprimer la force tranquille de Doc. Le
réalisateur commente : « J’ai vu tout ce qu’a fait Steve. En plus d’être un
fabuleux acteur, je trouve qu’il possède une grande sensibilité. Il est
toujours en train de réfléchir et sa vie intérieure est palpable à l’écran.
LAST FLAG FLYING souligne ses immenses qualités de coeur. Dès la première
scène, alors qu’il se fait arroser par la pluie et que la caméra mime le poids
du monde qui l’écrase lentement, on sent qu’un nuage noir plane au-dessus de
lui. Doc est un personnage passif, mais Steve lui confère une telle humanité
qu’on ne peut s’empêcher de le suivre dans le douloureux périple qu’il
entreprend. Comme je le lui ai dit dès le départ, LAST FLAG FLYING est avant
tout l’histoire de Doc. C’est un rôle difficile et complexe qu’il interprète
avec brio. »
L’acteur chevronné Laurence
Fishburne a été séduit par la filiation littéraire entre LAST FLAG FLYING
et LA DERNIÈRE CORVÉE, un film qu’il se souvient avoir vu quelques années avant
de décrocher le rôle qui l’a révélé dans APOCALYPSE NOW, le classique sur la
guerre au Vietnam réalisé par Francis Ford Coppola en 1979. L’acteur, nommé à
l’Oscar pour le rôle d’Ike Turner dans TINA en 1993, explique : « L’une des
choses qui m’a plu dans ce projet, c’est le lien avec LA DERNIÈRE CORVÉE, qui
fait partie des films avec lesquels j’ai grandi dans les années 1970. L’intérêt
de LAST FLAG FLYING repose également sur le fait qu’il parle des vétérans de
deux conflits différents : le Vietnam avec Doc, Mueller et Sal, et l’Irak avec
Washington. Et ces quatre hommes ont beaucoup en commun. Pour moi, ce film
était avant tout l’occasion de montrer ce à quoi les soldats sont confrontés
lorsqu’ils rentrent au pays. »
Laurence Fishburne était par
ailleurs impatient de retravailler avec Bryan Cranston, qu’il avait rencontré
sur CONTAGION de Steven Soderbergh en 2011. Il commente : « Bryan et moi nous
étions si bien entendus à l’époque que je ne pouvais pas laisser passer
l’occasion. Steve Carell est quant à lui quelqu’un de brillant qui fait preuve
d’une incroyable sobriété, en particulier dans le drame. Je ne savais jamais ce
qu’il allait dire ou comment il allait le dire, mais à chaque fois je me
demandais pourquoi je n’y avais pas pensé ! »
Pour développer son personnage,
Laurence Fishburne, sans doute plus connu du public international pour le rôle
de Morpheus dans MATRIX, s’est appuyé sur le riche passé de Richard Mueller.
Hanté par la violence dont il a été témoin au Vietnam, celui-ci a trouvé refuge
dans l’alcool avant de changer de vie et de devenir le pasteur d’une petite
église majoritairement fréquentée par des fidèles afro-américains. L’acteur
note : « Le passage de la vie civile à la vie militaire vous transforme
profondément. Et si vous avez la chance de survivre à la guerre et de revenir à
la vie civile, cela vous demande à nouveau de vous adapter. C’est un processus
difficile. »
Lorsqu’il lui a fait parvenir
le scénario de LAST FLAG FLYING, Richard Linklater n’imaginait personne d’autre
que Laurence Fishburne dans le rôle de Mueller. Le réalisateur explique : «
Nous nous sommes mis à discuter et Laurence m’a dit que bien qu’il n’ait jamais
fait partie des Marines, il avait passé trois ans en leur compagnie pendant le
tournage d’APOCALYPSE NOW aux Philippines. Il a en outre tourné dans plusieurs
autres films de guerre tels que JARDINS DE PIERRE et est un habitué des
personnages de militaires. Tout dans son interprétation indique que Mueller est
un vétéran. »
Mueller dévoile progressivement
des facettes inattendues de sa personnalité. L’image du pasteur mesuré
s’évapore après quelques heures passées en compagnie de ses anciens compagnons
d’armes. Richard Linklater raconte : « Lorsqu’ils se retrouvent, les trois amis
reprennent naturellement les rôles qu’ils avaient pendant la guerre. Cela prend
du temps, mais Sal réussit à faire ressortir la véritable personnalité du
révérend Mueller. Lorsque Sal manque de les tuer en faisant la course avec un
semi-remorque, Mueller n’arrive plus à se contenir. C’est comme si le lion
sortait enfin de sa cage et pendant le reste du film, le personnage est
tiraillé entre le Marine qu’il était et l’homme d’Église qu’il est devenu. Et
Laurence exprime ce conflit intérieur avec brio. »
Avant que LAST FLAG FLYING ne
retienne son attention, l’acteur primé six fois aux Emmy Awards Bryan
Cranston envisageait de prendre des vacances bien méritées après plusieurs
mois d’activité intense entre une pièce à Broadway (« All the Way »), une série
télévisée (« Sneaky Pete »), des films (INFILTRATOR, THE DISASTER ARTIST) et
une tournée de promotion pour son autobiographie, A Life in Parts. Mais
l’attrait combiné du réalisateur, de l’histoire et de la distribution a eu
raison de la décision de la star de « Breaking Bad ».
Il déclare : « LAST FLAG FLYING
ne tombait pas au meilleur moment car je me réjouissais à l’idée d’avoir un peu
de temps pour moi loin des caméras. Richard est connu pour le caractère
courageux et audacieux de ses films, mais je tenais à lire le scénario car le
plus important pour moi reste l’histoire. Il faut ensuite que le personnage
m’intéresse, et LAST FLAG FLYING cochait toutes les cases. Je suis aussi un
grand fan de Darryl Ponicsan et de LA DERNIÈRE CORVÉE, alors quand j’ai appris
que Steve Carell et Laurence Fishburne avaient déjà donné leur accord, je me
suis dit que les vacances pouvaient bien attendre encore un peu ! »
Bryan Cranston a travaillé avec
Richard Linklater afin d’étoffer le personnage de Sal Nealon, un ex-Marine
coureur de jupons désormais propriétaire d’un bar. L’acteur raconte : « Sal est
un personnage intéressant parce qu’il parvient à dissimuler ses émotions
derrière une énergie débordante naturellement présente chez lui, mais décuplée
par la consommation de diverses substances. Sal est tout le temps en train de
parler, de fumer, de manger, de boire ou de mâcher un chewing-gum, sa bouche
est constamment en mouvement. Il agace d’ailleurs Mueller au plus haut point.
Il est comme le grain de sable qui se faufile dans l’huître… mais qui donne
finalement naissance à une perle. »
La tension dramatique tout
comme l’humour de LAST FLAG FLYING sont principalement alimentés par la camaraderie
masculine un peu bourrue qui unit les trois personnages principaux. Bryan
Cranston déclare : « Doc, Mueller et Sal ne sont pas du genre à se dire qu’ils
s’aiment, ça ne leur viendrait même pas à l’esprit. Leur présence suffit à
exprimer ce qu’ils ressentent. Ils n’ont pas besoin de grandes effusions pour
se montrer leur affection, ils préfèrent aller boire un verre. Sal pratique
l’automédication pour dissimuler la douleur et la culpabilité qui
l’accompagnent depuis son retour du Vietnam. Il n’aime pas dévoiler ses
sentiments et les noie principalement dans l’alcool. Il se considère comme un
boute-en-train mais au cours de ce road-trip, il va s’ouvrir et découvrir à
quel point l’amitié est importante. »
Richard Linklater a encouragé
l’acteur à livrer une performance exubérante qui s’oppose en tout point à
l’interprétation tout en retenue de Steve Carell. Le réalisateur explique : «
Les spectateurs s’attendent davantage à voir Steve dans un rôle comique et
Bryan dans un rôle dramatique, mais dans LAST FLAG FLYING c’est l’inverse.
Bryan est un acteur caméléon qui donne tout et se fond dans son personnage au
point de devenir quelqu’un de complément différent. Être capable de passer de «
Malcolm » à « Breaking Bad » et d’interpréter Lyndon B. Johnson est en soi une
performance. Dans LAST FLAG FLYING, il apporte énormément d’énergie et
d’inventivité à Sal. »
LES RÉPÉTITIONS
Avant le début du tournage de
LAST FLAG FLYING, Richard Linklater a rassemblé Steve Carell, Laurence
Fishburne, Bryan Cranston, J. Quinton Johnson, qui interprète le jeune première
classe Charlie Washington, et Yul Vasquez, qui incarne le colonel Wilits à Los
Angeles pour deux semaines de répétitions.
Ensemble, le réalisateur et les
acteurs ont parcouru les principaux éléments de l’histoire. Tout au long du
processus, loin de leur imposer sa vision, Richard Linklater a encouragé les
acteurs à s’approprier leurs personnages. Bryan Cranston raconte : « Richard
est quelqu’un de très calme, il n’élève jamais la voix. Il laisse toujours le choix
aux acteurs de dire ce qui leur semble le plus approprié. Il n’est pas du genre
à donner des instructions précises, il choisit des acteurs dont il sent qu’ils
seront capables de s’approprier leurs personnages et de les présenter de la
manière la plus authentique possible. Il a fait les ajustements nécessaires au
cours des répétitions de manière à ce que le tournage se déroule sans problème.
»
Cette période a également permis aux acteurs principaux et au réalisateur
de faire plus ample connaissance. Richard Linklater déclare : « Ça a été
agréable de passer du temps tous ensemble et d’apprendre à nous connaître. Les
répétitions ont surtout consisté à relire le scénario, poser des questions et
définir le passé des personnages. Nous avons finalement fait très peu
d’exercices pratiques. Tous les acteurs du film sont brillants et ils tenaient
à interpréter leurs personnages avec le plus de réalisme possible, c’est donc
là-dessus que nous avons travaillé. J’ai également réécrit plusieurs scènes au
cours de cette période, guidé par leurs suggestions. »
DIRECTION LA PENNSYLVANIE
Le tournage de LAST FLAG FLYING
a duré 32 jours et a débuté à l’automne 2016 à Pittsburgh. La topographie
variée de l’État de Pennsylvanie a servi de doublure à la Virginie, au
Delaware, au Massachussetts et au New Hampshire. Richard Linklater, qui a passé
une longue journée à la fin du tournage à filmer les trois interprètes
principaux dans et autour de Pennsylvania Station à Manhattan, déclare : « Nous
nous sommes entre autres rendus à New York, mais de manière générale,
Pittsburgh nous a servi de base pour explorer le nord-est du pays. »
Richard Linklater et la
productrice Ginger Sledge ont fait appel à des collaborateurs de longue date,
dont le directeur de la photographie Shane Kelly, la chef costumière Carrie
Perkins et le chef décorateur Bruce Curtis. Le réalisateur explique : « Engager
des chefs de département avec lesquels j’avais déjà travaillé à plusieurs
reprises a rendu les choses plus faciles en matière de communication. J’avais
d’autre part l’impression d’avoir tourné maintes fois ce film dans ma tête au
fil des années. »
La deuxième partie de LAST FLAG
FLYING se déroule principalement à bord de trains tandis que les trois vétérans
du Vietnam, accompagnés du caporal Washington, escortent le cercueil de Larry
Jr. du Delaware vers le New Hampshire. Ginger Sledge a contacté la direction de
l’entreprise ferroviaire publique américaine Amtrak six mois avant le début du
tournage afin de coordonner ces scènes. Elle confie : « Je voyage très souvent
avec Amtrak, je connais donc très bien leurs trains et j’étais très
enthousiaste à l’idée de collaborer avec eux sur ce film. Cela a pris du temps
pour tout mettre en place, mais finalement, ils nous ont accordé presque tout
ce que nous leur avions demandé. »
Le directeur de la photographie
Shane Kelly, qui avait filmé BOYHOOD en 35mm, a cette fois-ci opté pour la
VariCam de Panasonic. Il explique : « C’est une formidable caméra qui m’a
grandement facilité la vie avec le planning serré du tournage et le modeste
budget du film. Pour les scènes de nuits en extérieur, il a fallu que
j’augmente les ISO afin de capter la faible luminosité, et la VariCam est
parfaite pour cela. Elle capte également à merveille les différentes couleurs
de peau et les mélanges de températures de couleur, comme c’est souvent le cas
dans ce film, en particulier en ville où se mêlent plein de sources de lumière
différentes. »
À l’inverse de sa précédente
collaboration avec Richard Linklater, le très lumineux EVERYBODY WANTS SOME!!,
l’atmosphère sombre de LAST FLAG FLYING a permis à Shane Kelly d’explorer
l’autre extrémité du spectre. Le chef opérateur déclare : « Ce film m’a permis
de créer une esthétique sombre et de repousser mes limites dans des domaines
que je n’avais pas encore eu l’occasion d’explorer. »
L’esthétique de LAST FLAG
FLYING est en partie inspirée des films des années 1970 préférés de Richard
Linklater. Il confie : « Nous avons pris plaisir à faire un clin d’oeil à
l’esthétique grunge des films des années 1970 puisque nos personnages ont connu
cette époque. Je trouve que cela enrichit beaucoup la palette du film. »
Le style visuel reflète
également l’atmosphère émotionnelle du film, notamment à travers la météo
lugubre qui semble accompagner les personnages partout où ils vont. Le
réalisateur explique : « Nous avons voulu instaurer une atmosphère très
particulière dans ce film, non seulement sur le plan photographique, mais
également à travers les décors. L’histoire se déroule en décembre, tout évoque donc
l’hiver, y compris la pluie quasi incessante. Lorsque le soleil pointait le
bout de son nez, on se réfugiait à l’intérieur. Sur la plupart des films c’est
généralement le contraire : on s’abrite lorsqu’il pleut ou que le temps se
gâte, mais nous, c’était en cas d’ensoleillement que nous allions tourner en
intérieur ! »
Sur le tournage, l’atmosphère
était très décontractée, chacun apportant sa pierre à un édifice collectif.
Laurence Fishburne se souvient : « Richard accorde aux acteurs comme aux
techniciens une immense liberté. Nous nous rassemblions tous les matins dans sa
loge pendant une vingtaine de minutes pour évoquer les principales scènes de la
journée, parcourir le script et proposer nos idées. Il discutait ensuite de la
logistique du tournage avec Shane et avec nous du contenu émotionnel de chaque
scène, sans vraiment insister. C’est quelqu’un qui a confiance en lui et dans
les aptitudes de ceux qui l’entourent, ce qui crée une formidable atmosphère de
travail. »
L’ÉMOTION DE VETERANS DAY
L’une des séquences les plus
mémorables de LAST FLAG FLYING a été filmée dans le hangar d’un aéroport de
Pennsylvanie transformé pour l’occasion en base aérienne de Dover par le chef
décorateur Bruce Curtis. Comme l’explique le film, c’est sur cette base
aérienne du Delaware qu’arrivent les dépouilles des soldats morts au combat
avant d’être transportées vers le cimetière d’Arlington ou d’autres lieux de
sépulture.
Le tournage sur le site a
débuté le 9 novembre 2016. Richard Linklater raconte : « C’était le jour de
l’élection présidentielle, je ne l’oublierai jamais. En pénétrant sur le décor,
j’ai découvert cinq cercueils enveloppés de la bannière étoilée et un immense
drapeau américain suspendu au mur. En voyant tous ces drapeaux, j’ai vraiment
pris conscience de la portée de cette scène et de cette tragédie, mais
également de la douleur des familles de voir revenir leurs proches dans ces
boîtes. Tout au long du tournage, plusieurs moments comme celui-ci nous ont
rappelé le caractère tragique de la guerre en général et de celles dont il est
question dans ce film en particulier… Il était impossible de ne pas y être
sensible. »
Bryan Cranston garde lui aussi
un souvenir ému de ces quatre jours passés sur le décor de la base aérienne de
Dover. La date du tournage coïncidait en outre avec le Veterans Day, une
journée commémorative en l’honneur des anciens combattants célébrée le 11
novembre. L’acteur raconte : « Lorsque nous avons vu pour la première fois ces
cercueils recouverts du drapeau américain, exposés en chapelle ardente, tout le
monde s’est tu. Nous savions qu’ils étaient vides, mais en tant qu’acteur on
doit se convaincre que des êtres humains reposent à l’intérieur de chacun
d’entre eux, des soldats qui ont servi leur pays et y ont laissé leur vie.
Filmer cette scène à l’occasion du Veterans Day a donné une tout autre
dimension à cette expérience, cela nous a obligés à nous interroger sur le sens
du sacrifice de ces jeunes gens. »
Laurence Fishburne a également
été profondément touché par la séquence dans laquelle le colonel Wilits,
interprété par Yul Vazquez (INFILTRATOR), ne peut dissuader Doc d’ouvrir le
cercueil où repose le corps mutilé de son fils. Il confie : « Ça a été une
leçon d’humilité. J’ai pris conscience de l’immense dette que nous avons envers
les femmes et les hommes qui servent dans les forces armées et se battent à
travers le monde en notre nom avant, si tout se passe bien, de rentrer chez eux
– parfois intacts, parfois brisés. Nous leur devons une profonde
reconnaissance, le respect et l’honneur. Je pense que c’est le message
principal du film et j’espère que nous rendons hommage à leur sacrifice à
travers cette histoire. »
TOUCHES FINALES
Lorsque le tournage principal
s’est achevé fin 2016, Richard Linklater a retrouvé Sandra Adair en salle de
montage. La monteuse déclare : « Les performances des acteurs étaient tellement
incroyables que le défi a surtout consisté à réduire le film à une durée
raisonnable. Il y avait énormément de rushs à visionner mais j’ai essayé d’être
la plus méticuleuse possible et de ne garder que le meilleur de chaque prise. »
Sandra Adair, qui a monté tous
les films de Richard Linklater depuis GÉNÉRATION REBELLE, sait désormais
d’instinct ce que recherche le réalisateur. Elle commente : « Richard est
particulièrement sensible aux mots et à la manière dont les personnages sont
présentés visuellement, ce sont des éléments auxquels je prête donc une
attention toute particulière. Il est attentif aux nuances que d’autres ne remarqueraient
probablement pas. Lorsque je peux visionner toutes les prises les unes à la
suite des autres, je parviens généralement à comprendre ce qu’il a cherché à
exprimer dans la scène. Et en la matière, la dernière prise est souvent la
meilleure car une fois qu’il a obtenu ce qu’il voulait, il passe à autre chose.
Mais il arrive que la dernière prise ne fonctionne pas avec ce qui précède ou
ce qui suit. Toute la difficulté consiste donc à juxtaposer des performances
qui s’accordent les unes aux autres pour donner l’impression qu’elles ont été
jouées au même moment. »
Pour la musique de LAST FLAG
FLYING, Richard Linklater s’est tourné vers Graham Reynolds, avec qui il
collabore fréquemment. Le compositeur basé à Austin a ainsi créé des thèmes aux
sonorités Americana qui reflètent l’atmosphère subtilement changeante du film.
Graham Reynolds, à qui Richard Linklater avait déjà confié l’écriture de la
musique de BEFORE MIDNIGHT, BERNIE et A SCANNER DARKLY, déclare : « Déterminer
avec précision la palette musicale d’un film est toujours délicat. Pour LAST
FLAG FLYING, cette palette est relativement simple. La musique n’a pas pour but
de faire ressentir aux spectateurs des émotions inventées de toutes pièces mais
de souligner et d’intensifier légèrement celle déjà présente dans la scène. Je
tenais à ce que la musique trouve sa place dans le film sans interférer avec
l’extraordinaire alchimie qui existe entre les acteurs. »
Après que le réalisateur lui
ait montré la première version du film, le compositeur a imaginé trois thèmes
récurrents. Il détaille : « J’ai composé un morceau pour accompagner les scènes
de road-trip puisque le film est aussi un « buddie movie », mais le caractère
tragique de l’histoire m’a également amené à écrire un thème pour le fils de Doc,
dont le cercueil apparaît régulièrement tout au long du film. Enfin, j’ai
imaginé un morceau sur l’amitié. Par moment, ces trois thèmes viennent se
superposer. »
Pour accentuer encore le
caractère élégiaque de l’histoire à travers la musique, Richard Linklater a
invoqué l’esprit de Bob Dylan, figure majeure de la folk américaine. Il se
souvient : « À plusieurs reprises, j’ai demandé à Graham ce que ferait Bob
Dylan si c’était lui qui composait la musique de LAST FLAG FLYING. Il nous a
d’une certaine manière accompagnés tout au long du film. Sa musique fait en
effet le lien entre les deux guerres dont il est question, celle du Vietnam et
celle d’Irak. Il est certes plus âgé que les protagonistes du film, mais pas de
beaucoup. »
Le cinéaste a en outre choisi «
Not Dark Yet » de Bob Dylan pour accompagner le générique de fin du film. Il
explique : « Ce titre correspondait parfaitement à ce que je souhaitais
exprimer, je n’en suis pas revenu quand nous avons obtenu le droit de
l’utiliser. »
Autre clin d’oeil à
l’Americana, LAST FLAG FLYING comprend également un morceau interprété par
Levon Helm du groupe The Band, « Wide River to Cross », qui accompagne la scène
poignante dans laquelle Doc coordonne l’enterrement de son fils.
UN ROAD MOVIE TRAGI-COMIQUE
Steve Carell, qui tient le rôle
du père endeuillé, moteur de l’action de LAST FLAG FLYING, souligne le
caractère plus léger du film. « Le postulat de départ peut paraître sinistre,
mais il y a en réalité beaucoup d’humour dans ce film. Richard s’est attaché à
ne pas faire la leçon aux spectateurs, il a abordé ce sujet difficile avec
beaucoup de délicatesse. Toute l’équipe tenait en outre à ce que les
personnages soient justes et sincères. Notre objectif était d’être le plus
fidèle possible à la vérité. »
Ce n’est pas la première fois
que Richard Linklater allie humour et tragédie dans un de ses films. Il
explique : « Comédie et tragédie sont à mes yeux indissociables. Je vois la vie
comme une comédie noire à la fois triste et drôle. Et puis ces personnages me
sont si chers que je tenais à les voir prendre vie sous les traits de ces
formidables acteurs. »
LAST FLAG FLYING, qui explore le thème de l’amitié forgée en temps de
guerre et altérée par les années, invite les spectateurs, comme nombre des
films de Richard Linklater, à tirer leurs propres conclusions. Le cinéaste
déclare : « J’aurais personnellement beaucoup de choses à dire sur la guerre,
c’est un sujet sur lequel je pourrais être très didactique, mais ce n’était pas
le but de ce film. J’espère que LAST FLAG FLYING fera réagir le public à
plusieurs niveaux car il interroge plusieurs notions : celle d’une nation en
guerre, mais également celle du sacrifice et de sa signification dans notre
culture et notre monde. Je me sens suffisamment à l’aise pour évoquer ces
sujets à l’échelle humaine. À chaque fois que l’on peut inciter les gens à
réfléchir à ces questions, je pense qu’il faut le faire. »
Textes
: Coming Soon Communication
#LastFlagFlying
Autre post du blog lié à LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE
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