Épouvante-horreur/Un film soigné qui ménage quelques bons moments d'effroi, malgré des longueurs
Réalisé par David F. Sandberg
Avec Stephanie Sigman, Talitha Bateman, Lulu Wilson, Philippa Anne Coulthard, Grace Fulton, Lou Lou Safran, Samara Lee, Tayler Buck dans ses débuts au cinéma, Anthony LaPaglia et Miranda Otto
Long-métrage Américain
Titre original : Annabelle Creation
Durée : 01h49mn
Année de production : 2017
Distributeur : Warner Bros. France
Interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie sur les écrans américains : 11 août 2017
Date de sortie sur nos écrans : 9 août 2017
Résumé : Elle est de retour ! Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d'un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d'Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon…
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL est en fait la préquelle d'ANNABELLE. Il revient, comme son titre l'indique, sur les origines de la possession démoniaque de la fameuse poupée et il le fait bien. Le réalisateur, David F. Sandberg, soigne ses plans, ses ambiances et ses effets spéciaux. Il réussit par moment à créer de l'effroi chez les spectateurs. La musique, les sons et les silences sont d'efficaces complices pour y parvenir. Il y a de bonnes idées de mise en scène pour nous faire peur, même si la majorité des instants angoissants sont de grands classiques du genre. On sera donc plus ou moins sensibles à ces derniers en fonction de notre expérience de visionnage des films du même type.
Réalisé par David F. Sandberg
Avec Stephanie Sigman, Talitha Bateman, Lulu Wilson, Philippa Anne Coulthard, Grace Fulton, Lou Lou Safran, Samara Lee, Tayler Buck dans ses débuts au cinéma, Anthony LaPaglia et Miranda Otto
Long-métrage Américain
Titre original : Annabelle Creation
Durée : 01h49mn
Année de production : 2017
Distributeur : Warner Bros. France
Interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie sur les écrans américains : 11 août 2017
Date de sortie sur nos écrans : 9 août 2017
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL est en fait la préquelle d'ANNABELLE. Il revient, comme son titre l'indique, sur les origines de la possession démoniaque de la fameuse poupée et il le fait bien. Le réalisateur, David F. Sandberg, soigne ses plans, ses ambiances et ses effets spéciaux. Il réussit par moment à créer de l'effroi chez les spectateurs. La musique, les sons et les silences sont d'efficaces complices pour y parvenir. Il y a de bonnes idées de mise en scène pour nous faire peur, même si la majorité des instants angoissants sont de grands classiques du genre. On sera donc plus ou moins sensibles à ces derniers en fonction de notre expérience de visionnage des films du même type.
Le scénario est à la fois explicite pour raconter la raison de l'existence d'Annabelle et malin pour faire le lien entre les deux opus. Cependant, il tire en longueur et l'incohérence de certaines réactions des personnages casse le rythme. Il aurait mérité d'être un peu moins long pour gagner en impact. On s'attache malgré tout aux protagonistes et on veut savoir comment cette histoire va se finir pour eux. Le démon, porteur du Mal dans le monde des Hommes, s'en prend ici à des enfants qui représentent le bien avec leur bonté et leur innocence. Cela le déshumanise encore plus et démontre qu'on ne peut pas pactiser avec le diable.
En terme d'atmosphère, le film est très bien travaillé. Le protagoniste principal peut être identifié comme étant la maison dans laquelle les événements se produisent : une grande demeure magnifique, à l'ancienne, avec une personnalité réconfortante et confortable de jour, puis des couloirs sombres et des recoins inquiétants de nuit. Perdue au milieu de paysages désertiques, elle accueille et isole ses habitants provocant des sentiments ambigus à son égard, jusqu'à ce qu'on ne ressente plus que de la peur en la voyant. Elle abrite tous les cauchemars qui prennent vie. Ses décors sont vraiment soignés et le réalisateur l'utilise à bon escient pour se jouer de nous à l’écran.
Les jeunes actrices sont toutes convaincantes.
Talitha Bateman interprète Janice, une enfant que sa santé vacillante fragilise. Elle fait un bon travail pour composer des attitudes totalement opposées.
Lulu Wilson interprète Linda, une excellente amie pour Janice. Elle est très expressive avec sa mignonne petite bouille.
Anthony LaPaglia interprète Samuel Mullins et Miranda Otto interprète Esther Mullins. Ce duo d'acteur est convaincant pour offrir au couple une attitude ambivalente et mystérieuse.
Stephanie Sigman, dans le rôle de Sœur Charlotte, offre aux jeunes filles une personnalité réconfortante et à l'écoute.
ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL réussit donc à remplir efficacement sa double mission : celle d'être un long-métrage explicatif et un film proposant sursauts et moments d'angoisse. Sa réalisation respecte l'esthétique du premier opus et également celle des CONJURING. D'ailleurs sa scène post-générique fait écho à CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD refermant ainsi habilement le cercle (de l'enfer ?).
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
"Tout est resté si calme toutes ces années. Le contact, discret au départ, a demandé à entrer dans la poupée".
Annabelle fait son retour sur les
écrans, et cette fois les spectateurs vont découvrir les origines
de la redoutable poupée, de son premier foyer – la chambre d’une
fillette – à sa première possession d’une âme d’enfant.
Après une brève apparition
terrifiante dans CONJURING, suivie du rôle principal dans son film
éponyme, les producteurs ont compris que les spectateurs étaient
prêts à découvrir les origines de la poupée qui les a à la fois
terrorisés et fascinés. Du coup, suite au succès de DANS LE NOIR,
son premier film en tant que réalisateur sorti l'an dernier, David
F. Sandberg a été engagé pour prendre les rênes d’ANNABELLE 2,
LA CRÉATION DU MAL.
Il s'agit du nouveau chapitre de l’univers
CONJURING de James Wan, produit par Peter Safran et Wan lui-même. J’étais déjà un grand fan de CONJURING, un film qui a tout
d’un classique et qui se démarque vraiment du cinéma d'horreur
contemporain, confie David F. Sandberg. Je me souviens avoir
été très intrigué par cet univers et impatient de m’approprier
ce registre en proposant un vrai classique du genre. Peter Safran
déclare : David est un cinéaste-né et constitue un atout
indéniable pour cet univers. Il sait parfaitement jouer avec nos
peurs et construire la psychologie des personnages. Il a une approche
globale du film, dans sa façon d’assembler toutes les pièces du
puzzle, et il offre un point de vue novateur sur l’univers
d’Annabelle.
Lorsque je réalisais le premier opus de
CONJURING, et qu’on était en train de concevoir la pièce remplie
d’objets hantés dans la maison des Warren, je me souviens qu’avec
les gens du studio et les producteurs, on s’est tous regardés, et
on s’est dit : Vous savez quoi – ça serait génial de pouvoir
raconter l’histoire de chacun de ces objets', se souvient James
Wan, qui fait allusion aux objets confisqués par le couple tout au
long de leurs enquêtes occultes. Même à l'époque, on trouvait
que c’était super de faire démarrer THE CONJURING avec le
personnage d’Annabelle, mais on s’est dit qu’elle avait encore
beaucoup à raconter. Chaque fois que la poupée apparaissait à
l’écran, ne serait-ce que quelques minutes, les gens bondissaient
de leur siège. Le personnage fait réagir le public. Il était
évident que les gens n’avaient pas eu leur dose d’Annabelle,
poursuit Peter Safran. Ils l’adorent.
L’une des remarques
qu’on a le plus entendue était : 'Mais qui est Annabelle et d’où
est-ce qu’elle vient ?' On a commencé à répondre à cette
question dans ANNABELLE, mais la suite logique était de faire un
prequel. Afin d’élaborer l’histoire, les producteurs ont
sollicité Gary Dauberman, qui avait écrit le scénario d’ANNABELLE
et avait hâte de se remettre au travail. Pour le premier film, il
s’agissait d’explorer l’univers de la poupée,
explique-t-il. Dans celui-ci, on a voulu fouiller son passé et
essayer d’expliquer l’original du mal. Une poupée est un
objet qui rend les gens heureux, pas vrai ?, ajoute-t-il. On
les offre en cadeau, on les transmet de génération en génération.
J’ai donc cherché à partir du même postulat pour Annabelle, en
lui faisant voir le jour dans un lieu chaleureux, au sein d’une
famille heureuse, afin de préparer le terrain pour établir un
contraste saisissant avec tous les phénomènes atroces qui vont se
produire. Étant donné que l'intrigue s'articulait autour d'un
jouet, il semblait important de faire intervenir des enfants.
Pendant
une séance de brainstorming, Gary Dauberman raconte que c’est
James qui a eu l’idée que les enfants soient des orphelines, et à
partir de là, les bases étaient posées. Il ne me restait plus qu’à
inventer les raisons qui poussent cette poupée à être si
maléfique. David F. Sandberg révèle que ce sentiment de crainte
envers la poupée s’est communiqué à tout le plateau. Il raconte
: Même les acteurs s’en méfiaient un peu ; ils me demandaient
: "Je suis vraiment obligé de la toucher ? J’ai pas trop
envie de la toucher…, s’amuse-t-il. D’ailleurs, à la
demande de certains acteurs, la production a sollicité les services
d’un prêtre catholique afin qu’il bénisse le plateau de
tournage ainsi que les poupées, comme cela avait été fait avant le
début du tournage du deuxième opus de CONJURING, ainsi que de THE
NUN.
Au cas où…
TROUVE-MOI…
"On s'était dit qu'on trouverait notre rédemption en aidant ces filles. On s'est retrouvés à lui donner exactement ce qu'elle attendait".
L’histoire commence au milieu des
années 1940, mais l'essentiel du film se déroule une dizaine
d’années plus tard, dans la deuxième moitié des années 1950,
justifiant ainsi la chronologie déjà établie dans CONJURING et
ANNABELLE. Et comme c’est un geste d’amour qui a donné naissance
à Annabelle – l’amour d’un père pour sa fille –, Gary
Dauberman a décidé de lier la sombre nature de la poupée à la
plus grande tragédie qui soit : la perte d’un enfant, et les
extrémités auxquelles ses parents en viennent pour dissiper leur
chagrin.
David F. Sandberg explique : La famille Mullins a
traversé une terrible épreuve qu’elle n'a pas surmontée comme il
aurait fallu. Elle a choisi de laisser le mal entrer dans sa vie, et
désormais, pour se racheter de certains événements qui se sont
produits, elle prend à nouveau une mauvaise décision. Les
Mullins décident de mettre fin à leur solitude des douze dernières
années en invitant six jeunes orphelines qui viennent de perdre leur
seul refuge à venir vivre chez eux avec leur tutrice, une bonne
sœur. C’est une mauvaise idée, ajoute David F. Sandberg, parce qu’évidemment, Annabelle aussi vit avec eux. On est
tout de suite attendri quand on parle d’orphelines, estime Peter
Safran. Du coup, le fait de leur offrir un tel espoir, pour
ensuite les plonger dans ce contexte atroce, semblait encore plus
épouvantable. Ce sont les acteurs chevronnés Anthony LaPaglia et
Miranda Otto qui jouent les parents, Samuel et Esther Mullins.
C’était une grande chance d’avoir Miranda et Anthony pour
camper les Mullins, note David F. Sandberg. Ils ont une classe
incroyable et ils sont toujours formidables dans chacun de leurs
rôles. Le réalisateur n’était pas le seul à se réjouir
qu’Anthony LaPaglia s'engage dans l'aventure. Sa fille de 13 ans
était aux anges lorsqu’elle a appris que son père avait accepté
le rôle. Elle m’a toujours vu jouer dans des films,
raconte-t-il. Elle me demande souvent sur quoi je travaille, je
lui raconte, mais ça ne suscite jamais de réaction particulière.
Mais quand je lui ai dit que j’allais jouer dans ce film, elle a
sauté de joie en criant : 'Il faut absolument que je raconte ça à
mes amis, c’est le plus beau jour de ma vie, ça va changer ma vie
!' Je ne m’étais pas rendu compte à quel point le personnage
d’Annabelle était à la mode, mais une chose est sûre : ça a
fait très plaisir à ma fille. C’est d’ailleurs mon premier rôle
dans un film de ce genre, mais ça m’a beaucoup plu.
Anthony
LaPaglia a également apprécié de travailler avec David F. Sandberg
en raison de son ouverture d’esprit, son regard neuf. La
première fois que je me suis entretenu avec lui à propos du projet,
on a eu une discussion très enrichissante. Il était passionnant et
j’ai adoré ses idées et mon approche du personnage de Samuel lui
a plu. J’étais ravi qu’il soit prêt à prendre des risques dans
sa mise en scène. Miranda Otto raconte qu’elle a beaucoup aimé
travailler avec David F. Sandberg. Il sait exactement ce qu’il
veut et il est très clair dans ses consignes, tout en restant très
patient, gentil, modeste, facile à vivre. Ça a été un plaisir de
travailler avec lui.
Miranda Otto révèle que ce sont notamment
ses souvenirs d’enfance qui expliquent son intérêt pour le rôle
: J’aimais beaucoup les poupées quand j’étais enfant, et je
collectionnais celles qui étaient anciennes, confie-t-elle. Elle
reconnaît volontiers que comme elles prennent la forme d’un
être vivant, tout en étant inanimées, elles ont quelque chose de
profondément perturbant. Esther, son personnage, ne partage pas
son avis, du moins pas dans un premier temps. Au début du film,
Samuel et Esther mènent une existence tout à fait heureuse. Il
fabrique des poupées magnifiques pour les enfants, ils habitent une
sublime maison ancienne avec leur jolie petite fille, Bee. C’est
une famille parfaitement heureuse.
Je le qualifie d’expert en
matière de fabrication de poupées, raconte Anthony LaPaglia. Il
gagne sa vie en fabriquant des poupées magnifiques. De mon point de
vue, une chose qui reste assise dans un coin, les yeux ouverts, et
passe son temps à vous scruter, c’est un peu perturbant. Mais
Samuel est un artiste fier de ses créations et il s’entend à
merveille avec sa femme et sa fille. Lui et Bee ont ce petit jeu, qui
ressemble à cache-cache, sauf qu’ils s’écrivent des petits mots
pour se donner des indices. Mais cette existence idyllique ne dure
pas : leur Bee chérie périt dans un tragique accident. Après
une ellipse de 12 ans, on retrouve un couple complètement détraqué,
révèle LaPaglia. On voit bien qu’il y a quelque chose qui ne
tourne pas rond. Comme tous les parents face à une situation
pareille, ils sont anéantis, renchérit Miranda Otto. Mais
contrairement à d’autres, ils ont décrété qu’ils étaient
prêts à tout pour la récupérer… absolument tout. Ils se sont
mis à prier, à invoquer n’importe quelle force supérieure qui
voudrait bien leur permettre de la revoir, de sentir sa présence.
Mais en faisant cela, ils ont réveillé des esprits que personne ne
voudrait héberger sous son toit… Esther en particulier en a
payé le prix. Douze ans après le drame, elle porte encore les
stigmates physiques et mentaux de ces contacts. Du coup, pour alléger l’atmosphère sombre et déprimante qui règne désormais
dans leur maison, d’après Anthony LaPaglia, et dans l’espoir que
les rires des enfants feront du bien à sa femme, ils décident
d’ouvrir leur porte à six jeunes orphelines. Sœur Charlotte
accompagne les petites filles depuis leur orphelinat qui vient de
fermer ses portes et leur sert à la fois de mère de substitution et
de chaperon.
Stephanie Sigman incarne la nonne peu orthodoxe,
ancienne pensionnaire d’une abbaye dans le sudest de l’Europe. Si
la religieuse a un passé trouble, elle consacre à présent toute
son attention à ses jeunes protégées. Stephanie Sigman révèle
que : Sœur Charlotte est une personne très enjouée et une femme
forte, et c’est ce qui m’a plu chez ce personnage. Tout ce qui la
préoccupe, c’est de s’occuper de ces petites filles, de ne pas
les séparer, d’en faire une véritable famille. Elles n’ont pas
de foyer, elles n’ont nulle part où aller. Elles emménagent donc
chez les Mullins et Sœur Charlotte les invite à voir le bon côté
des choses. Janice, l’une des plus jeunes des petites
orphelines, semble avoir le plus besoin d’attention. Janice et
Charlotte ont une relation privilégiée, comme on en connait tous
avec certaines personnes, souligne Stephanie Sigman. On ne peut
pas dire que Charlotte ne se préoccupe pas des autres fillettes,
mais elle passe simplement un peu plus de temps avec elle. Enfin
beaucoup plus de temps en fait, parce que Janice est sérieusement
limitée physiquement, et a besoin de l’aide de Charlotte pour
beaucoup de choses. Janice est handicapée physiquement parce
qu’elle souffre de la polio, maladie qui était bien plus courante
à l’époque où se déroule le film qu’aujourd’hui. Elle porte
une attèle à la jambe, ce qui l’empêche de courir ou de jouer,
et même de se déplacer aussi facilement que les autres petites
filles. Et comme toutes les chambres sont à l’étage, elle aurait
même du mal à se déplacer dans la maison si Mr Mullins n’avait
pas fait usage de ses talents pour lui confectionner un
monte-escalier.
Talitha Bateman, qui joue le rôle de
Janice, raconte : Elle éprouve une grande tristesse parce qu’elle
ne peut pas sortir jouer dehors comme les autres qui se moquent
gentiment d’elle, même si au fond elles l’aiment très fort.
C’est plus de la taquinerie qu’autre chose, mais Janice est
sensible et ça lui fait de la peine. Elle les envie de pouvoir aller
se balader dans les environs et ça la rend triste. Et puis un jour,
elle entre dans la maison et aperçoit le monte-escalier. Elle ne
sait pas trop quoi en penser au départ, mais les autres la poussent
à monter dessus. Quand elle commence à gravir l’escalier, les
filles se mettent à applaudir et elle se sent alors enfin chez
elle. Mais c’est au moment où Janice gravit l’escalier que
les choses commencent à mal tourner. Elle jette un œil en
direction de la chambre de Bee, révèle Talitha Bateman. Et
vous voyez comment parfois on sent une présence positive ? Et bien
on peut aussi ressentir une présence hostile. Et je pense que Janice
ressent quelque chose d’inquiétant à cause d’Annabelle. C’est
fou parce que ça n’est qu’une poupée, mais c’est elle qui
provoque toutes ces ondes maléfiques et elle est dotée d’un grand
pouvoir. On adore les superhéros qui ont un immense pouvoir, mais
ils le mettent au service du bien. Alors que c’est tout le
contraire chez Annabelle. Le démon qui vit en elle utilise ses
pouvoirs pour faire des choses abominables. C’est ça qui me fait
peur chez elle. Talitha Bateman suppose aussi que c’est parce
que Janice part explorer un soir la chambre de Bee, alors qu’elle
n’y est pas autorisée, qu’elle devient vulnérable aux forces du
mal. Elle est très curieuse. Et la curiosité est un vilain
défaut…
Outre sœur Charlotte, un autre
personnage aime Janice de tout son cœur, révèle Talitha Bateman. Linda est un peu comme la petite sœur de Janice ; elles sont
extrêmement proches, beaucoup plus que de toutes les autres petites
orphelines. Elles sont inséparables, et ce, depuis leur plus tendre
enfance. Habituée des films d’horreur, Lulu Wilson campe la
petite Linda au visage d’ange, qui, bien qu’elle soit la plus
jeune des deux, s’inquiète pour son amie. Je pense qu’elle se
rend compte que quelque chose ne tourne pas rond lorsque Janice
désobéit et s’introduit dans la chambre de Bee, dit-elle. Bien
évidemment, Linda la suit. Elle voit la poupée Annabelle qui la
regarde droit dans les yeux et ça lui fiche la frousse.
Lulu Wilson est même restée à bonne
distance de la poupée entre les prises. Elle est gigantesque et
ses yeux vous suivent partout comme la Joconde. Quand on la regarde,
on se dit 'oh, elle me fixe du regard, il faut que je me déplace'.
Mais quand on se déplace et qu’on se tourne à nouveau vers elle,
elle est toujours en train de vous fixer. Et ses sourcils sont
légèrement froncés, si bien qu’on a l’impression qu’elle est
toujours sur le point de vous attaquer, c’est terrifiant.
Cependant, Lulu Wilson raconte qu’une des scènes les plus
effrayantes dans laquelle intervient son personnage met en scène un
jouet tout à fait différent, créé spécialement pour le film par
le chef-accessoiriste Thomas Spence,, à partir d’un prototype de
David F. Sandberg. Linda est en possession d’un vieux pistolet à
bouchon qu’elle a pris dans la chambre de Bee, avec une très, très
longue ficelle et une balle rose au bout. C’était très lourd
d’ailleurs, ça m’a étonnée. Et dessus il y a une sorte de
moulinet de canne à pêche pour récupérer la balle. Elle tire dans
le couloir plongé dans le noir, parce qu’elle a très peur, mais
ensuite elle ramène la balle vers elle en tournant le moulinet et
tout se passe bien. Et puis, elle tire à nouveau et là… Les
choses tournent mal.
Si ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL est le
troisième film d’horreur de Lulu Wilson, son expérience de
tournage avec David F. Sandberg restera inoubliable. C’est un
réalisateur absolument génial, déclare-t-elle. En général,
quand on tourne une scène, elle n’a rien d’effrayant sur le
moment, sans la musique et les effets. Mais quand j’ai tourné des
scènes avec David, le climat était d'emblée terrifiant sur le
plateau – j’ai adoré ! Quatre autres petites filles de
l’orphelinat viennent s’installer chez les Mullins : Carol,
Nancy, Tierney et Kate. C’est Gary Dauberman qui a choisi leur nom
à toutes, y compris Janice et Linda, empruntant ceux de sa mère, de
ses tantes, et de quelques collègues de chez New Line. Il y a
clairement une hiérarchie au sein des filles.
Grace Fulton joue le
rôle de Carol, la plus âgée, qui prend naturellement la tête du
groupe. Carol est la plus âgée et elle semble équilibrée,
alors qu’elle est bourrée de complexes, révèle Grace Fulton. Il y a beaucoup de paramètres qu’elle peut maîtriser, mais pas
son âge, et comme on peut s'en douter, les parents préfèrent
adopter un enfant plus jeune. Même si une bonne âme faisait son
apparition, son choix se porterait plutôt sur un bout de chou. Du
coup, Carol fait très attention à son apparence, elle feuillette
les magazines pour voir à quoi ressemblent les autres filles de son
âge. C’est parce qu’elle est très peu sûre d’elle qu’elle
a toujours besoin d’avoir raison. Elle sait que le temps lui est
compté. Et comme Janice est la plus vulnérable et qu’on lui porte
plus d’attention, elle éprouve de la jalousie envers elle et la
considère comme égoïste.
Philippa Coulthard incarne Nancy,
autre orpheline parmi les plus âgées, qui est en quelque sorte le
bras droit de Carol. Nancy est audacieuse, enjouée, elle adore
partir à l'aventure et inventer des jeux, rapporte l’actrice. Elle est assez sensible en réalité, mais quand elle est avec
Carol, Nancy devient beaucoup plus fanfaronne et se montre assez
autoritaire envers les filles plus jeunes, comme Janice et Linda.
Mais lorsque la situation commence à devenir étrange, inquiétante,
et même terrifiante, elles se serrent les coudes et Nancy se montre
protectrice envers elles.
Le personnage de Tayler Buck, Kate, est
à un âge où elle se retrouve un peu coincée entre les deux
groupes. Kate considère Janice comme son amie, mais elle est
aussi en train de grandir, suggère Tayler Buck. Elle ne fait
plus partie du groupe des petites de dix ans. Elle passe plus de
temps avec Carol et Nancy qui l’ont acceptée dans leur groupe et
dont elle se rapproche. Malgré la tension et les angoisses qu'on
ressent à l'image, Tayler Buck raconte que pour son premier
tournage, l'atmosphère entre les prises était très détendue : Tout le monde s’est bien entendu, c’était génial. Grace nous
a même appris à danser le swing.
Lou Lou Safran vient compléter
le groupe des orphelines : elle incarne Tierney, très proche de
Kate, mais qui, bien que légèrement plus jeune, fait aussi partie
du groupe des adolescentes mené par Carol. Tout comme Lulu Wilson,
Lou Lou Safran évoque son expérience : Parfois, quand on jouait
une scène, il fallait se rappeler que ça n’était pas la réalité,
parce que tout avait l’air si vrai ! C’est fou qu’une poupée,
qui est un objet innocent et destiné aux enfants, puisse devenir une
créature aussi maléfique et atroce. Et tout ça arrive à des
enfants, ce qui est encore plus terrifiant.
La première petite
fille qu’on rencontre dans le film n’est pas une orpheline. C’est
Bee, la fille des Mullins, incarnée par Samara Lee. On fait sa
connaissance au début du film, à une époque où la famille mène
une vie bien plus heureuse. Samara Lee, qui n’était âgée que de
huit ans à l’époque du tournage, est elle-même une grande
amatrice de films d’horreur. Lorsque j'ai fait sa connaissance,
se souvient David F. Sandberg, je lui ai dit : 'Tu sais que Samara
c’est le prénom d’un personnage célèbre de film d’horreur,
un personnage du CERCLE', et elle m’a tout de suite répondu : 'Je
sais, j’adore ce film, on m’a donné ce prénom en référence au
personnage'. Pendant le tournage, CONJURING 2 est sorti au cinéma et
elle est allée le voir cinq fois. Malgré sa grande passion pour
le cinéma d’épouvante, même Samara Lee reconnaît qu’elle a
des limites. Lorsque j’ai vu ANNABELLE pour la première fois,
j’ai eu très peur, parce que je déteste les poupées effrayantes
qui bougent. J’ai eu peur que mes propres poupées prennent vie et
du coup je les ai cachées dans un placard !, confie-t-elle.
David
F. Sandberg est très satisfait de ses jeunes recrues. En réalité,
c’est le rôletitre qui lui a demandé le plus de travail. Comme
Annabelle est une poupée, elle ne se déplace pas, et on ne voulait
pas qu’elle puisse le faire de peur de tomber dans le ridicule. Ça
a été un défi intéressant de provoquer des situations effrayantes
malgré cette contrainte, raconte-t-il. Et c’est justement
souvent plus effrayant de jouer sur le horschamp, parce que
l’imagination du spectateur fonctionne souvent mieux qu’un
costume en latex hors de prix ou qu’un personnage infographique.
Pour sa troisième apparition sur grand
écran, Annabelle a été légèrement transformée par Amalgamated
Dynamics Inc. J’ai toujours rêvé de travailler avec ADI,
rapporte Sandberg. Ils fabriquent des maquillages, des prothèses
et des accessoires pour le cinéma depuis très longtemps et ils ont
collaboré à tous les grands classiques de mon enfance. Ils ont
conçu une nouvelle version de la poupée, qui diffère légèrement
des précédentes. Même James trouvait que la première Annabelle
était un peu trop effrayante pour l’histoire, et il avait raison.
Quel père fabriquerait une poupée comme ça pour sa fille ? ADI a
donc modifié son allure pour qu’elle fasse un peu moins peur dans
certaines situations, mais avec le bon éclairage elle est toujours
aussi terrifiante.
C'est par là…
"Dans cette maison, je ressens un autre genre de présence… Une présence maléfique".
ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL a
essentiellement été tourné sur le plateau 26 des studios Warner,
où la production a bâti les intérieurs de la maison des Mullins.
Les décors ont d’abord été construits et reconstruits plus d’une
fois dans un entrepôt situé dans le quartier d’Elysian Valley, à
Los Angeles, afin de permettre à l'équipe d’évaluer les
dimensions de la maison et de déterminer les conditions idéales de
tournage.
Ce que j’ai adoré, c’est qu’on a tout construit
sur un plateau de tournage, souligne Sandberg. On avait tout un
jeu de murs et de plafonds amovibles, on pouvait placer des caméras
et des grues où on voulait… On pouvait vraiment faire exactement
ce qu’on voulait. J’avais toujours rêvé de tourner sur un
plateau où le champ des possibles est presque infini. La maison
elle-même est une ferme de deux étages de style gothique américain,
inspirée par la visite de la chef-décoratrice Jennifer Spence au
musée d’Heritage Square, ensemble de neuf bâtiments historiques
dans le quartier de Montecito Heights à Los Angeles. Chacun des
étages a été construit séparément, côte à côte et en miroir,
afin de faciliter leur installation sur le plateau de tournage. Les
scènes de l’époque la plus récente ont été tournées en
premier, et Jennifer Spence a imaginé une esthétique inspirée de
la fin du XIXe siècle, avec quelques touches plus modernes, qui
indiquent que si le temps a passé, les Mullins n’ont pas évolué.
L’équipe artistique a aménagé le décor pour la période plus
ancienne en retirant notamment les lits des orphelines, en remplaçant
la télévision par une radio dans le salon, et en égayant les lieux
pour illustrer la présence de Bee et un climat plus serein.
Lorsque
j’ai lu le scénario pour la première fois et que j’ai vu que
l’histoire se situait dans le passé, j’étais super contente,
se souvient Jennifer Spence. J’ai beaucoup aimé le fait qu'on
n'ait pas tous ces objets à sa disposition dont on ne peut plus se
passer aujourd’hui, comme les téléphones portables ; là, aucun
moyen d’appeler les secours aussi facilement. Pas d’ordinateur,
rien… Les choses étaient plus simples à cette époque. Je pense
que d’une certaine façon ça contribue à rendre l’atmosphère
plus effrayante, parce qu’aujourd’hui il est beaucoup plus facile
d’appeler la police, alors que dans une ferme enclavée, dans les
années 1950, si le téléphone ne fonctionnait pas, on était
impuissant. Jennifer Spence, qui avait travaillé avec David F.
Sandberg sur DANS LE NOIR, avait déjà noué des liens avec lui. David est extrêmement créatif, et très détendu ; comme il
s’agit de notre deuxième collaboration, il connait maintenant ma
façon de fonctionner et il me fait confiance, si bien qu'il m’a
donné énormément de liberté, révèle-t-elle. J’ai bien
sûr privilégié l'aspect pratique pour les scènes d’action, mais
en termes d’esthétique j’ai tenté d'avoir un style élégant et
inquiétant à la fois. Jennifer Spence est tout simplement
incroyable, se réjouit David F. Sandberg. Elle a imaginé un
nombre hallucinant de petits détails super chouettes, comme des
croix et des abeilles cachées partout. C’est cette esthétique qui
a largement contribué aux scènes les plus effrayantes du film.
La pièce maîtresse est le hall d’entrée qu’on aperçoit dans
la plupart des scènes au rez-de-chaussée et qui comprend un
escalier magistral. Jennifer Spence a imaginé une balustrade en bois
dans laquelle elle a intégré des figures gothiques, et l’entresol
est surmonté d’un magnifique vitrail, qui donne un air de
cathédrale à l’ensemble. Les marches elles-mêmes sont incrustées
de grilles de fer décoratives qui permettent à l’air et à la
lumière de circuler, détail que Jennifer Spence avait repéré dans
un immeuble new-yorkais et qu’elle a décidé d’utiliser pour
intensifier l'impact visuel. Les morceaux de verre rouge sang
incrustés dans les grilles et le lustre en verre soufflé vénitien
sont un clin d’œil au producteur James Wan qui utilise souvent
cette couleur pour évoquer une présence démoniaque. Dans toute la
maison, Jennifer Spence a inséré des références subtiles à Bee
Mullins, comme le papier peint nid d’abeille à motif floral, les
abeilles sculptées dans chacune des balustrades, ainsi que les
quatre cadres disposés en nid d’abeille ornés de fleurs séchées.
Il y a même un bourdon au centre du vitrail dans la chambre de Bee.
L’un des accessoires essentiels, qui joue un rôle central dans
l’intrigue, est le monte-escalier de Janice. L’objet est d’époque
et a été importé d’Allemagne, mais pour les besoins du film
seuls le moteur et les rails en cuivre ont été conservés. La
chaise elle-même est une reproduction d’un objet trouvé au marché
aux puces, agrémenté d’un velours d’époque, repeint, et ajusté
au moteur.
La salle de séjour, l’une des plus
grandes pièces de la maison, compte parmi les grandes réussites de
Jennifer Spence ; chaque pièce donnant sur plusieurs autres, il n’y
avait aucun endroit au rez-de-chaussée où se cacher. Par exemple,
depuis la salle de séjour, on aperçoit le salon, le hall d’entrée,
et la salle d’étude, bien que chaque pièce soit nettement
séparée. Quant au couloir, il a été conçu pour traverser toute
la maison, depuis la porte d’entrée jusqu’à l’office, afin de
permettre de tourner des plans longs et spectaculaires. Et le parquet
qu’on trouve dans toute la maison est authentique, disposé de
façon à craquer quand on marche dessus. La chambre d’Esther
Mullins est également située au rez-de-chaussée de la ferme, à
l’époque la plus récente de l'histoire. Esther passe son temps
cloîtrée dans sa chambre, cachée derrière les voiles de son lit à
baldaquin, autour duquel Samuel a taillé de grandes croix en bois
dans les volets de la chambre, pour protéger la jeune fille des
forces maléfiques qui habitent la maison, ce qui contribue à
l’atmosphère oppressante de la pièce.
Bien que les années aient
passé, la chambre de Bee n’a pas changé, comme figée dans le
temps depuis sa mort. Il s’agit très clairement d’une chambre de
petite fille, avec du papier peint rose d’époque, agrémenté de
petits animaux enfantins. La pièce renferme une grande variété
d’accessoires et d’éléments de décor, comme le petit théâtre
de marionnettes construit par le chef-accessoiriste Thomas Spence, la
table pour la dînette et surtout, la maison de poupée.
Extérieurement, la maison de poupée est une réplique de la façade
de la ferme, avec les mêmes croix et la même terrasse. À
l’intérieur, la maison de poupée reproduit également les quatre
pièces principales : la salle de séjour et le salon situés au
rez-de-chaussée, ainsi que la salle de couture d’Esther et la
chambre de Bee au premier étage. C’est Samuel qui l’avait
construite pour l’offrir à sa fille, en soignant les détails
jusqu’au papier peint, et en ajoutant des éclairages dans chacune
des pièces. Aucune petite fille n’aurait pu y résister, pas même
Janice.
Pendant le tournage, Spence, en discutant avec Sandberg, a
proposé d’installer un monte-plats dans la maison. “Au début,
il y avait un placard, mais je pensais que cela pouvait être un
élément de décor intéressant avec lequel jouer, une façon un peu
terrifiante de passer d’une pièce à une autre. La production a
adoré l’idée, et Gary Dauberman a écrit des scènes formidables
à partir de cet élément”.
Ces scènes se sont avérées
particulièrement effrayantes pour l’une des orphelines, puisqu’il
a fallu qu'une personne se glisse dans la boîte. “J’essaie de
tourner autant de scènes que je peux pendant le tournage”,
explique Sandberg. “Je trouve que c’est en filmant la grande
majorité des scènes qu’on obtient les meilleurs résultats, avant
de créer des images en infographie pour la touche finale. Même si
on bénéficie des meilleurs effets numériques au monde, quand on
tourne un film d’horreur, on doit avoir le sentiment qu’il y a
bien quelque chose à tel endroit, et que les acteurs ont vu quelque
chose qui les a fait réagir”.
Tout comme Wan, Sandberg aime
beaucoup “les longs plans-séquences. Du coup, on a joué sur les
mouvements d'appareil pour assurer de belles transitions entre les
scènes”. Heureusement pour Sandberg, le directeur de la
photographie Maxime Alexandre les apprécie également. “Maxime a
une grande expérience en matière d'horreur, si bien que c’était
passionnant de se retrouver dans la journée pour discuter avec lui
de la meilleure façon de filmer telle ou telle scène”. “J’ai
envisagé ce film un peu comme un western, en raison des extérieurs
autour de la ferme : de grands espaces quasi désertiques, ouverts
sur l’horizon, poussiéreux, et très isolés”, poursuit
Sandberg. “Maxime a réussi à cerner cette atmosphère, comme les
vieilles images en Cinémascope qu’on voit dans certains westerns”.
Alexandre ajoute : “David et moi nous sommes mis d’accord sur
deux directions que la photographie du film devait emprunter pour
illustrer les différentes tonalités de l’histoire. L’une était
comparable à la peinture flamande, avec cette lumière qui vient
essentiellement de l’extérieur, sans aucun élément artificiel
provenant des structures intérieures. Tout cela suscitait une
atmosphère très douce qui accompagnait parfaitement la palette
colorée que Jennifer avait élaborée, et rehaussait la douceur des
événements heureux de l’histoire. Puis, on est passé à un style
plus contrasté, plus flamboyant, proche des peintures de la
Renaissance du Tintoret, pour les scènes dramatiques, de façon à
évoquer la noirceur qui s’en dégageait. Le noir a été très
important dans ces moments-là”. L’extérieur de la ferme a été
principalement filmé en extérieur au Big Sky Ranch, à Simi Valley,
à une cinquantaine de kilomètres du centre-ville de Los Angeles.
L’équipe a utilisé une structure existante, puis a ajouté un
bardeau blanc pour donner à la maison un style néo-gothique, ainsi
que des croix architecturales et une terrasse faisant le tour la
maison.
Les paysages du Big Sky ont offert à Sandberg le décor de
western dont il rêvait, non sans quelques éléments d’horreur.
“C’est un environnement plutôt hostile”, reconnaît le
réalisateur. “On a dû faire appel à un spécialiste pour chasser
les serpents à sonnettes et les tarentules qui se cachaient dans
l’herbe, avant de laisser une actrice s’élancer dans un champ
pour une scène”. Mais pour l’histoire d’ANNABELLE 2, ce cadre
s’est avéré idéal. “Il faisait chaud et sec, et on aurait dit
que la vie avait déserté ces lieux. Même les arbres morts étaient
parfaits pour le film”, remarque Sandberg. “Cependant, pour la
période plus ancienne du récit, il fallait que ça ait l’air plus
attrayant, puisque c’était une période plus heureuse, et donc le
département des effets visuels a ajouté des feuilles sur les
branches, et a rendu le décor plus vivant”.
Sœur Charlotte et les
filles arrivent à la ferme des Mullins en autocar : il s'agit d'un
Airstream d’époque, datant de 1937, l’un des treize et uniques
exemplaires de ce véhicule, et le seul encore existant. La
transmission d’origine se faisait par un boîtier à 5 vitesses,
mais elle a ensuite été remplacée par une boîte automatique à la
fin des années 1990, bien que la pédale d’embrayage et la boîte
manuelle aient été conservées pour donner un aspect plus
authentique. Pendant le trajet, l’une des filles lit un magazine
pour passer le temps : c’est la mère de Spence, ancienne
mannequin, qui est sur la couverture.
Plus près…
"Janice a découvert cette poupée… la poupée en robe blanche".
La chef costumière Leah Butler n’a
eu aucun mal à concevoir les tenues correspondant à chacune des
époques différentes de l’histoire, allant même jusqu’à créer
un habit de nonne d’époque pour Sœur Charlotte, interprétée par
Stephanie Sigman. “Leah avait la photo d’une nonne datant de 1956
que j’ai vue quand je suis allée faire les essayages”, raconte
l’actrice. “Ma tenue était exactement la même. Elle avait fait
un travail tellement remarquable qu’une fois ma tenue enfilée, je
me sentais déjà une tout autre personne, et ça m’a vraiment
aidée à me glisser dans l’univers de Charlotte”.
Trouver le bon
appareillage d’époque pour les jambes de Talitha Bateman, qui
interprète Janice, une orpheline atteinte de la polio, s’est avéré
une tâche encore plus ardue. Au tout début, Thomas Spence et son
équipe pensaient avoir déniché l’appareil orthopédique adéquat
sur eBay en s’appuyant sur les photos présentées sur le site,
mais une fois reçu, il s’est avéré bien trop petit. Finalement,
l’équipe a réussi à trouver un appareillage d’époque, mais
les chaussures ont dû être adaptées à la pointure de Talitha,
puis raccordées à l’appareil orthopédique. Mais la trouvaille
d’époque la plus marquante reste cependant le fauteuil roulant
utilisé par l’actrice dans le film, que Spence a acquis aux
enchères. Il avait auparavant appartenu à l'auteur de “Tarzan”,
le romancier Edgar Rice Burroughs.
Parmi les accessoires les plus
marquants, le “masque” que porte Esther Mullins pour dissimuler
son visage défiguré donne l’impression qu’il a été
confectionné par son mari, lui-même fabricant de poupées. “J’ai
beaucoup aimé l’idée d’être derrière des voiles, des écrans
et des masques”, déclare Miranda Otto. “En tant qu’actrice, je
trouve que c’est presque un cadeau de nous donner à travailler ces
différentes épaisseurs, pour comprendre qui est vraiment le
personnage dissimulé sous ce masque. Je trouve que le personnage a
ainsi gagné une dimension plus mystérieuse et plus inquiétante”.
La musique a encore accru le suspense tout au long du film. Une
chanson en particulier a contribué à cette atmosphère délétère,
du moins pour Janice, attirée vers la chambre condamnée de Bee
lorsqu’elle entend le tourne-disque jouer “You Are My Sunshine”,
morceau en apparence inoffensif. Sandberg s’est inspiré du
contraste entre la tonalité de cette chanson et la nature de
l’histoire, ainsi que de la musique du compositeur polonais
Krzysztof Penderecki. Mais c’est surtout la bande-originale du
compositeur d'ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL, Benjamin Wallfisch,
qui a permis au réalisateur de maintenir ce sentiment de malaise
croissant tout au long du film. “Ben était entièrement partant
pour faire quelque chose de totalement inhabituel”, explique le
réalisateur. “Il a même réservé une séance avec un orchestre
de professionnels, juste pour créer des sons étranges avec leurs
instruments, pour que l’on ait un matériau sonore unique sur
lequel travailler. On en a utilisé un bon nombre tout au long du
film”.
James Wan était vraiment ravi de la façon dont Sandberg
s’est approprié et a sublimé la saga d’horreur qu’il avait
initiée. “David a donné à ce film une dimension
cinématographique très classique, qui le positionne loin des films
d’horreur traditionnels du cinéma contemporain”, détaille Wan,
“et je pense que c’est la clé pour permettre à cet univers de
rester moderne et unique en son genre. Chacun des films est
indépendant des autres et présente une atmosphère très
spécifique. Et pourtant, ils sont tous liés les uns aux autres”.
Peter Safran est du même avis : “Ce que James a conçu, et que
David a poursuivi avec ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL, ce sont des
films qui réveillent nos peurs les plus profondément enfouies,
celles qui sont inscrites dans nos gènes. L’idée de la poupée,
cet objet inanimé qui finit par provoquer un chaos apocalyptique,
parle à tout le monde”.
“Ces films illustrent parfaitement la
raison pour laquelle les gens aiment aller au cinéma”, explique
Sandberg. “C’est un environnement protégé, où nous pouvons
faire l’expérience collective d’un grand éventail d’émotions,
où nous pouvons passer de la peur à la joie, et plus encore. En
outre, ce film offre un nouvel élément qui permet de comprendre en
partie comment le monde de CONJURING est lié à celui de ANNABELLE…
et peut- être de deviner ce qui va arriver par la suite”.
#Annabelle2
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