Comédie dramatique/Un petit film original qui aborde sujets sociaux et découverte de soi, très sympa !
Réalisé par Eric Gravel
Avec India Hair, Julie Depardieu, Yolande Moreau, Anne Charrier, Frédérique Bel, Tristán Ulloa, Adil Hussain, Hanns Zichler...
Long-métrage Français
Durée : 01h25mn
Année de production : 2017
Distributeur : Le Pacte
Date de sortie sur nos écrans : 2 août 2017
Résumé : L'histoire d'une jeune ouvrière psychorigide dont le seul repère dans la vie est son travail. Lorsqu'elle apprend que son usine fait l'objet d'une délocalisation sauvage, elle accepte, au grand étonnement de l'entreprise, de poursuivre son boulot en Inde. Accompagnée de deux collègues, elle va entreprendre un absurde périple en voiture jusqu'au bout du monde qui se transformera en une improbable quête personnelle.
Bande annonce (VF)
Teaser "Aglaé" (VF)
Teaser "Marcelle" (VF)
Ce que j'en ai pensé : CRASH TEST AGLAÉ fait partie de ces petits films qui vous titillent la curiosité et font passer des messages sous couvert d'humour. De façon inattendue, Eric Gravel, le réalisateur, nous entraîne dans un road trip fou avec des personnages a priori totalement sous-équipés pour ce genre d'expédition. Il nous offre de belles images de paysages, ainsi qu'une façon originale de nous conter cette histoire qui oscille entre comédie dramatique sociale et fable sur la découverte de soi. Le scénario offre bon nombre de surprises, même s'il est parfois évident que certains actes auront les conséquences attendues. On s'attache aux personnages qui sont barrés, mais avec des personnalités distinctes et nécessaires à la crédibilité de l'enchaînement des événements. Finalement, l'intrigue sur fond de délocalisation/mondialisation et manipulations patronat/syndicat est amère, car on en voit les effets sur les victimes directes, représentées ici par Aglaé, Liette et Marcelle. Trois portraits de femmes qui subissent totalement les actions décidées par d'autres et réagissent complètement différemment.
India Hair interprète Aglaé, une jeune femme dont le mode de fonctionnement et le passé la pousse à aller se chercher très loin. Elle est marrante. Son interprétation confère une étrangeté et aussi une authenticité à son personnage.
Julie Depardieu interprète Liette, une femme avec une certaine fragilité et une sensibilité à fleur de peau. Elle est touchante dans ce rôle.
Yolande Moreau interprète Marcelle, une femme expérimentée qui sait saisir les opportunités. Elle apporte sa forte personnalité au trio et marque les esprits.
India Hair interprète Aglaé, une jeune femme dont le mode de fonctionnement et le passé la pousse à aller se chercher très loin. Elle est marrante. Son interprétation confère une étrangeté et aussi une authenticité à son personnage.
Julie Depardieu interprète Liette, une femme avec une certaine fragilité et une sensibilité à fleur de peau. Elle est touchante dans ce rôle.
CRASH TEST AGLAÉ est une bonne surprise. Ce film souffle un vent de fraîcheur et apporte une vision singulière de son sujet. Il pousse un peu à la réflexion avec un œil critique sur le monde de l'entreprise, tout en nous offrant dépaysement, humour et aventures. C'est une jolie découverte que je vous conseille.
NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
ENTRETIEN AVEC ÉRIC GRAVEL
D’où est née l’idée du film ?
J’avais envie de raconter l’histoire d’un anti-héros féminin
- j’aime voir des femmes au cinéma et j’adore les personnages de
losers magnifiques. Une usine de fabrication d’appareils médicaux
venait d’être délocalisée non loin du village où je vis, dans
l’Yonne, laissant des centaines d’ouvrières sur le carreau. J’ai
imaginé qu’Aglaé, l’héroïne, pouvait être l’une des
victimes de la mondialisation galopante qui frappe cette région.
C’est une réalité qui me touche de près : mon père a toujours
vécu de métiers précaires, et enfant, j’avais la hantise de me
retrouver dans la même situation que lui plus tard.
Chez elle, la
peur de ne plus travailler est si forte qu’elle n’hésite pas une
seconde à accepter l’offre de reclassement qui lui est faite.
Il y
avait une joie presque philosophique à placer mon personnage dans
cette situation ! Sa réaction n’a bien sûr aucun sens. Les
responsables d’entreprise qui formulent ces offres sont eux-mêmes
conscients de leur absurdité - et de leur indécence -, mais
l’entêtement d’Aglaé à accepter l’inacceptable avait quelque
chose de jubilatoire, tant je suis convaincu que plus personne
aujourd’hui, du plus haut dirigeant au simple exécutant, n’est
en mesure de contrôler le monde du travail.
On pourrait croire que
vous en faites le porte-drapeau d’une classe ouvrière fière de sa
condition… si vous ne lui prêtiez aussitôt ces TOCs hérités de
son enfance qui font qu’elle est incapable de supporter le moindre
changement.
Je le fais d’une certaine façon : Aglaé aime
profondément son travail. Elle a le sentiment d’être utile et
appréciée. Comme beaucoup, Aglaé n’est pas préparée à
affronter les transformations radicales du monde du travail, et comme
beaucoup, elle s’accroche à ses acquis. C’est terrifiant de
comprendre qu’une entreprise n’a plus besoin de vous : vous
n’avez plus de valeur, vous n’avez plus aucun poids. Dans son
cas, c’est encore plus grave : son équilibre rompu, son confort
brisé, elle ne voit qu’une solution : s’accrocher à la promesse
de retrouver du travail. Peu lui importe la réalité de ce qui
l’attend en Inde.
Pourquoi avoir choisi de prendre le contre-pied du
drame en emmenant résolument le film vers la comédie ?
Suivre le
sort d’un groupe d’employés lors d’une fermeture d’usine
n’est ni amusant ni original. J’aimais l’idée que leur destin
soit absurde, drôle ; jouer sur l’espoir plutôt que sur l’impasse
; que, derrière ces malheurs, il puisse y avoir le déclenchement
d’une histoire extraordinaire.
Au-delà de la comédie, vous
adoptez un ton très singulier, entre fantaisie, suspense, noirceur,
parfois.
J’avais envie d’entraîner le spectateur dans une
histoire hors-norme et qu’il glisse graduellement dans
l’exceptionnel, un pied dans la fantaisie, un autre dans le conte
satirique. De toute évidence, Aglaé, l’héroïne, a surtout
profondément besoin de changer de vie. C’est toute la
contradiction du personnage. En entreprenant ce voyage vers l’Inde,
elle commet un acte manqué : elle se fait croire à la possibilité
de garder son travail alors qu’elle se saborde. Elle va vivre un
crash test en direct. Mais c’est pour mieux se réinventer ensuite.
Parlez-nous de ces deux personnages d’ouvrières que vous entraînez
à sa suite…
Liette et Marcelle représentent deux autres
générations d’ouvrières à deux étapes différentes de la vie.
Chacune d’elle a quelque chose à prouver. Parvenue à la
quarantaine, Liette a besoin d’exister en tant que mère ; à
soixante ans, Marcelle est plus pragmatique - elle ne s’enquiquine
pas avec les détails. J’ai beaucoup pensé à ma grand-mère en
l’imaginant. Issue d’une famille de cultivateurs, elle avait le
génie de mettre de coté tout ce qui pouvait ressembler à des
considérations complexes.
Marcelle a, elle aussi, quelques
obsessions : la poussière, le ménage…
Elle n’a pas de TOC,
comme Aglaé. Pour elle, nettoyer représente une valeur forte. Mais
ces « grands chantiers » qu’elle s’impose servent surtout à
masquer le fait qu’elle a laissé filer sa vie. À l’aube de la
retraite, elle va avoir un sursaut : elle n’a plus rien à perdre.
Lorsqu’on fait sa connaissance, elle représente ce qu’Aglaé
aurait pu devenir si sa vie n’avait pas déraillé.
À travers le
mari de Liette, vous critiquez sévèrement les syndicats…
En tant
que Québécois et même si je vis en France depuis dix-sept ans,
j’avoue ne pas toujours bien comprendre comment fonctionnent les
syndicats dans ce pays. Je ne pense pas être plus sévère avec eux
que je ne le suis avec les patrons. Chacun en prend pour son grade.
C’était une volonté de ma part que tout ce qui a trait au monde
du travail dans mon film finisse par dérailler. On peut voir Clovis,
le mari de Liette, comme un syndicaliste indigne. Moi, j’ai plutôt
le sentiment de dépeindre un personnage avec ses contradictions : à
mes yeux, sa faiblesse avec la DRH est plus liée à sa condition
d’homme qu’à celle de syndicaliste.
On bascule très vite vers
le road movie.
Et ce qui est ironique, c’est qu’aucune de ces
trois femmes n’a véritablement envie de se lancer dans ce voyage.
Toutes l’entreprennent pour de mauvaises raisons.
Le voyage dérape
aussitôt lorsque Liette et Marcelle décident d’aller demander des
comptes au PDG de leur entreprise en Suisse. Derrière le picaresque,
la satire n’est jamais loin…
C’est un détour essentiel : grâce
à cette rencontre, les femmes vivent une expérience forte ensemble
et Aglaé peut enfin commencer à ouvrir les yeux. Aglaé et ce PDG
ont des points communs. Il est entêté, comme le sont beaucoup de
grands dirigeants, je crois, monomaniaque, comme elle. Les grands
patrons sont souvent obnubilés par une obsession ; la réussite,
accumuler les milliards, écraser la compétition… Je ne vois pas
d’autres explications à ce désir de conquête absolue qu’une
certaine forme de folie qui entraine avec elle le destin de milliers
de travailleurs. Dans THE CORPORATION, le documentaire de Mark Achbar
et Jennifer Abbott, les entreprises sont comparées à des
psychopathes qui cherchent à détruire leurs congénères sans état
d’âme. Malheureusement, il faut de grands malades pour guider ces
monstres.
Autre moment décisif du voyage : la visite que rendent les
trois femmes à Sigrun, la belle-mère d’Aglaé, qui vit en
Allemagne…
C’était une autre étape indispensable : pour des
raisons liées à l’enfance, Aglaé est restée bloquée à
l’adolescence. Elle doit renouer avec ses racines pour avancer et
devenir adulte. Elle recherche donc son père qui n’est
malheureusement plus là. On va vivre cette rencontre par procuration
avec sa belle-mère, elle aussi plutôt fantaisiste et qui vit
symboliquement dans une maison en bordel, à l’opposé d’Aglaé.
À ce moment du film, tout concourt à énerver Aglaé et à lui
faire poursuivre son voyage - ou sa fuite.
Il y a un côté fable
dans cette séquence. La belle-mère et son chien sont inquiétants
et la décision prise par Marcelle de rester auprès d’eux est
d’autant plus intrigante.
J’aime les personnages plus grands que
nature. Avec leurs angoisses, leurs folies, leurs passions et leurs
rêves, ce sont eux qui donnent le ton. Sigrun, la belle-mère n’est
sans doute pas pire qu’une autre et, si Marcelle aurait préféré
rester avec le père d’Aglaé, plus bel homme, elle se fait une
raison : c’est quelqu’un qui vit dans le moment et, d’une
certaine manière, elle montre la voie aux deux autres.
Avec son
départ, puis celui de Liette, Aglaé est littéralement livrée à
elle-même.
Elle l’est depuis sa naissance. Pour ne plus être
seule, Aglaé est obligée de s’affronter à elle-même et Marcelle
et Liette jouent le rôle de catapultes : elles la lancent vers son
destin.
On ne s’attend pas à trouver en Ukraine cette usine ultra
moderne liée au même groupe que celui dans lequel travaillent
Liette et Aglaé.
Le monde change, il nous échappe et on ne s’en
rend pas toujours compte au niveau national : les pays qui
paraissaient les plus en retard prennent de l’avance. Il y a une
dizaine d’années, alors que je traversais la Slovaquie, je me suis
retrouvé sur une autoroute toute neuve à Bratislava. En face de
moi, une usine rutilante venait manifestement de sortir de terre.
J’ai compris que l’Europe de l’Est bougeait vite. Récemment,
dans un reportage d’Envoyé spécial, j’ai vu deux syndicalistes
de Whirlpool avoir une même réaction déconfite en découvrant une
filiale ultra-sophistiquée de leur entreprise. En montrant cela, je
ne cherche pas à faire œuvre de militant, juste représenter la
réalité à laquelle l’Europe se trouve confrontée.
À côté de
cette économie triomphante, vous montrez la pauvreté de cette
famille qui prend Aglaé en stop : les deux versants de la
mondialisation…
Cette séquence est pour moi le moment le plus
important du film. Il ouvre au rêve et à la fantaisie. Grâce à
cette rencontre, Aglaé commence à cesser de subir. Elle s’ouvre
enfin et accepte qu’il puisse lui arriver autre chose.
Pour autant,
elle poursuit son idée. C’est assez fascinant de voir ce petit
bout de femme capable de tout affronter pour parvenir à son but.
Elle fait absolument tout ce qu’elle ne veut pas faire pour
l’atteindre : arriver en Inde et retrouver le cours de sa vie. Elle
vit par défaut. Chacun de ses gestes, chacun de ses actes est contre
intuitif par rapport à ce qu’elle voudrait vivre.
À travers ce
constat, diriez-vous que la morale du film est qu’il faut trouver
sa singularité ?
Absolument. CRASH TEST AGLAÉ parle de se donner la
chance de vivre de manière hors du commun ou, en tout cas, de se
donner les moyens de trouver sa voie. J’ai travaillé dans des
entreprises où des jeunes de vingt ans en étaient déjà à
calculer le montant de leur retraite. Cela m’avait déprimé. Il
faut rêver, sinon on traverse la vie en attendant le moment où l’on
cessera d’être en activité. Mes parents sont morts jeunes : s’ils
ont rêvé de retraite, c’était en vain.
En rencontrant le médecin
transgenre qui la soigne - et qu’interprète Adil Hussain -, Aglaé
trouve un pendant ô combien flamboyant de sa propre singularité…
Chaque personnage que croise Aglaé a des caractéristiques fortes
mais il me semblait important que le voyage se termine par une
rencontre à l’image du voyage, imprévisible et différent. Je
voulais qu’il y ait un effet de miroir entre ces deux personnages
que tout oppose. Ils se retrouvent dans le cricket et dans leur
différence. Pour moi, on est tous le médecin transgenre de
quelqu’un d’autre – son étrangeté. C’était très important
que le film se termine sur cette communion entre eux.
India Hair est
impressionnante dans le rôle d’Aglaé. Comment l’avez-vous
choisie ?
Je l’avais remarquée dans CAMILLE REDOUBLE, de Noémie
Lvovsky. Elle n’avait qu’un rôle secondaire mais l’imprégnait
d’une belle originalité. J’étais parfaitement conscient du
caractère particulier de mon personnage : l’actrice qui allait
l’interpréter devait pouvoir m’offrir quelque chose d’inattendu.
Est-ce lié à ses origines anglophones ? India a parfaitement
compris le ton de mon écriture, et l’exercice particulier qu’était
pour moi le fait d’écrire un film en France. J’ai aimé sa
faculté à expérimenter les choses : India crée sans cesse la
surprise dans son jeu et réussit à créer cette chose unique d’être
à la fois émouvante et décalée.
Julie Depardieu et Yolande Moreau
apportent beaucoup de poésie au film…
J’avais écrit Liette et
Marcelle en pensant à elles. J’ai eu beaucoup de chance qu’elles
acceptent l’aventure. Tout comme India, ce sont des actrices qui
apportent une singularité rare. Elles ont un « truc », comme on
dit. Je rêvais d’avoir un trio de femmes qui donne le ton au
spectateur ; lui dise avant même qu’il ait vu le film, qu’avec
elles, ce ne sera pas ordinaire.
CRASH TEST AGLAÉ se déroule dans cinq
pays différents. Quelles contraintes cela supposait-il ?
Ça a été
un énorme travail de repérage et de préparation en amont. Je suis
allé deux fois au Kazakhstan et deux fois en Inde. Il faut se
retrousser les manches, être réactif. La principale difficulté
consistait à être constamment obligé de changer de lieu de
tournage : impossible, dans ces conditions, de s’autoriser à
parcourir deux cents kilomètres pour aller tourner un plan. Et
impossible aussi de retourner une scène une fois un pays quitté.
C’était comme réaliser cinq films distinct dans cinq pays avec en
tête l’idée qu’ils devaient rentrer en un seul. Il faut être
méthodique, très organisé, très compartimenté. Sur le tournage,
les techniciens se moquaient de moi. « Aglaé, c’est toi », me
disaient-ils. Il y a un peu de vrai dans leurs propos : comme elle,
je suis précis dans tout ce que je fais, j’ai besoin d’être
compartimenté, préparé.
Le mélange des langues vous a-t-il posé
un problème ?
C’est au contraire un exercice auquel j’adore me
prêter. Je l’avais déjà fait dans certains de mes courts
métrages. Il comporte une part d’inconnu – les acteurs apportent
leur culture, leur ton et un humour qui leur est propre. J’aime
cela.
La mise en scène semble absolument épouser les paysages
traversés. Très raide au début puis de plus en plus ample au fur
et à mesure que l’on touche au but.
Je voulais une image en
constante transformation. La première partie est volontairement très
rigide : les cadrages sont fixes, rien ne bouge, comme dans la tête
d’Aglaé. Et, de même qu’elle s’ouvre aux autres et à
elle-même, le film se libère graduellement. On passe à des plans
caméra à l’épaule, la vie entre, on sent s’installer les
influences plus rugueuses de l’Europe de l’est, les cadres sont
moins ciselés ; quelque chose d’organique prend le dessus. À
partir de la Russie, la caméra devient plus sensible, plus
subjective, proche des nouvelles sensations qu’éprouve Aglaé. Et,
dès lors qu’on arrive en Asie, les plans deviennent de plus en
plus larges et serrés, les extrêmes se côtoient révélant
l’immensité du voyage et de l’introspection, les cadres se
libèrent jusqu’au choc de l’arrivée brutale en Inde.
La musique
joue un rôle important dans le film.
Je voulais qu’elle accompagne
l’état d’esprit d’Aglaé. Parfois légère, parfois
mélancolique et parfois complètement bordélique.
Vous êtes
Québécois. Pourquoi avoir souhaité vous installer en France, et y
tourner votre premier long métrage ?
J’ai toujours été fasciné
par l’Europe. Je viens d’une banlieue pauvre de Montréal.
Enfant, la façon que j’avais trouvée de m’évader était de
regarder des films européens. J’avais douze ans quand j’ai
découvert LE TAMBOUR, de Volker Schlöndorff. Cela a de quoi frapper
l’imagination. Mes études de cinéma terminées, et après avoir
tourné quelques courts métrages, j’ai eu assez vite l’opportunité
de trouver un travail de technicien en France. J’y vis avec ma
femme depuis dix-sept ans. Suis-je devenu Français ? Suis-je
toujours Québécois ? Je me sens comme les personnages d’un
spectacle de Robert Lepage, Les Aiguilles et l’opium, dans lequel
Jean Cocteau et Mile Davis se croisent au milieu du ciel - dans une
sorte de flottement.
En tant que technicien, vous avez touché à peu
près à tous les métiers du cinéma…
J’ai fait des effets
spéciaux, du trucage digital, de l’étalonnage, j’ai été
cadreur, réalisateur deuxième équipe, j’ai surtout participé
activement au Kino, ce mouvement cinématographique né à Montréal
dont la devise est : « Faire bien avec rien, faire mieux avec peu,
mais le faire maintenant. » J’ai ramené le concept en France et
la réalisation de ces petits films m’a conduit à fréquenter les
festivals du monde entier. Certains ont été achetés par la
télévision. C’est grâce à eux que j’ai rencontré Nicolas
Sanfaute, mon producteur, qui m’a encouragé à écrire un long
métrage.
Aviez-vous conscience, en vous lançant dans cette
aventure, de son caractère épique ?
Pas du tout. J’ai commencé à
écrire, mon producteur a trouvé cela intéressant. Je me suis mis à
creuser. Et l’exercice de style auquel je pensais m’adonner est
devenu ce film.
Avez-vous des projets ?
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