Action/Aventure/Fantastique/Visuellement époustouflant, un scénario moyen
Réalisé par Jordan Vogt-Roberts
Avec Tom Hiddleston, Brie Larson, John Goodman, Samuel L. Jackson, Toby Kebbell, John C. Reilly, Jing Tian, Corey Hawkins...
Long-métrage Américain/Vietnamien
Durée: 01h58mn
Année de production: 2017
Distributeur: Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 10 mars 2017
Date de sortie sur les écrans vietnamiens : 10 mars 2017
Date de sortie sur nos écrans : 8 mars 2017
Résumé : Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : KONG : SKULL ISLAND est extrêmement réjouissant visuellement. Le réalisateur, Jordan Vogt-Roberts, nous offre de splendides images de paysages et de monstres qui mettent dans l'ambiance. Notamment quand il met Kong à l'honneur. On s'y croirait ! L'impression d'être au cœur de l'action et de voyager avec les protagonistes est encore plus forte en IMAX 3D.
Il fait un excellent travail pour nous remettre dans l'atmosphère post guerre du Vietnam. Les jalons de l'histoire sont bien posés, l'introduction des personnages est maîtrisée, les protagonistes sont identifiés et attachants, et l'arrivée sur Skull Island est aussi spectaculaire qu'impressionnante. Cependant, le scénario s'essouffle à partir de là et des incohérences apparaissent. Je ne parle pas d'incohérences scientifiques, il s'agit d'un film fantastique avec des monstres, donc tout est plus ou moins autorisé. Le problème vient des comportements humains. Une certaine caricature s'installe. On a l'impression que les décisions qu'ils prennent servent uniquement à introduire de l'action dans la scène suivante au détriment de l'histoire. Cela décrédibilise l'ensemble de l'aventure.
Le comportement destructeur de l'homme face à l'environnement est ici clairement dénoncé. Les acteurs sont tous supers, mais la multitude de personnage fait qu'ils n'ont pas vraiment la place d'exister, car l'île de Skull Island est un personnage à part entière et elle est beaucoup plus passionnante que les humains. Finalement, au-delà du début du film, on ne les connaît pas vraiment ces protagonistes. Pourtant, ils sont sympas et on a plaisir à voir jouer d'excellents acteurs. Tom Hiddleston interprète James Conrad, un ancien militaire et aventurier, qui sait comment survivre face aux menaces de la jungle.
Brie Larson interprète Mason Weaver, une photo reporter qui n'a pas froid aux yeux.
Samuel L. Jackson interprète le Colonel Preston Packard, un militaire qui ne voit la vie qu'au travers du prisme militaire.
John C. Reilly interprète Hank Marlow, un personnage drôle et décalé.
KONG : SKULL ISLAND est définitivement un divertissement visuellement époustouflant, aux moments d'action palpitants et aux images magnifiques. Cependant, un scénario mieux travaillé aurait permis au film de prendre plus d'ampleur et de donner plus de profondeur à son sujet environnemental. En tout cas, il est parfait pour un bon moment de détente.
Le comportement destructeur de l'homme face à l'environnement est ici clairement dénoncé. Les acteurs sont tous supers, mais la multitude de personnage fait qu'ils n'ont pas vraiment la place d'exister, car l'île de Skull Island est un personnage à part entière et elle est beaucoup plus passionnante que les humains. Finalement, au-delà du début du film, on ne les connaît pas vraiment ces protagonistes. Pourtant, ils sont sympas et on a plaisir à voir jouer d'excellents acteurs. Tom Hiddleston interprète James Conrad, un ancien militaire et aventurier, qui sait comment survivre face aux menaces de la jungle.
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
VIVE LE
ROI !
Hors du commun. Unique
survivant de son espèce. Roi de Skull Island.
Depuis sa première apparition
il y a plus de 80 ans, King Kong crève encore magistralement l'écran pour faire
son entrée dans notre monde avec une force qui résonne toujours autant dans
l'imaginaire collectif. L'heure est venue de restituer sa couronne au monstre
le plus emblématique de l'histoire du cinéma.
"Kong représente tout
ce qu'il reste de mystère et de magie dans le monde", déclare le réalisateur Jordan Vogt-Roberts. "C'est
la raison pour laquelle il ne cessera jamais de parler au public".
C'est l'équipe de producteurs
de GODZILLA, en 2014, qui s'est lancée dans ce nouveau projet : imaginer une
toute nouvelle aventure au gorille le plus puissant de l'histoire du cinéma.
Pour Thomas Tull, qui a produit
le film avec Mary Parent, Jon Jashni et Alex Garcia, cette perspective était à
la fois stimulante et redoutablement intimidante. "On voulait mettre au
point une expérience complètement inédite pour le public", raconte
Thomas Tull. "En tant que fans du personnage, on tenait beaucoup à
respecter les ingrédients essentiels qui ont touché tant de gens partout dans
le monde. Le résultat est une aventure grandiose, divertissante, monumentale,
qui offre du grand spectacle et des scènes d'action trépidantes".
La légende de Kong et
l'imagerie qui lui est associée continuent à toucher au plus profond des
générations entières de fans, mais pour des raisons très variées. "Il y
a beaucoup d'éléments qui caractérisent King Kong – sa taille, sa puissance,
son animalité, mais aussi son grand coeur et sa grandeur d âme", note
la productrice Mary Parent. "Il puise dans notre affection naturelle
pour les primates en général, et c'est ce qui a toujours différencié King Kong
des autres monstres. Bien que ce soit un prédateur terrifiant, on ne peut qu'être de son côté. Dans un sens, il tient plus du héros romantique traditionnel que du méchant".
Kong est le
précurseur des méchants les plus balèzes du grand écran. Le personnage évoque à
la fois toute la violence de la nature sauvage mais aussi nos propres instincts
primitifs. Tom Hiddleston suggère que "King Kong incarne le conflit
intérieur entre les êtres civilisés que nous sommes et cette part de nous-mêmes
qui nous dépasse. Comment concilier le fait que cette créature gigantesque soit
à la fois une force de la nature terrifiante mais aussi un être sensible à
l'intelligence différente de la nôtre mais tout aussi prodigieuse ?"
À l'origine,
King Kong est sorti tout droit de l'imagination du maître des effets spéciaux
Willis H. O'Brien et du sculpteur Marcel Delgado : il deviendra alors le
personnage central énigmatique du film de Merian C. Cooper et Ernest B.
Schoedsack – classique KING KONG (1933) – , relecture époustouflante de
"La Belle et la bête" ponctuée d'aventures et de monstres géants qui
a sidéré et émerveillé des millions de spectateurs à travers le monde. Au plus
fort de la Grande Dépression, le film est projeté dans des salles pleines à
craquer et continue de battre des records pendant plusieurs dizaines d'années
durant lesquelles il est régulièrement diffusé à la télévision et dans les
salles de cinéma. C'est la première grosse production à effets spéciaux centrée
autour d'un monstre : il a été souvent parodié et a fait l'objet de remakes et
de spin-offs, à la télévision comme au cinéma. King Kong est également devenu
un symbole de la culture populaire, inspirant jeux vidéos, paroles de rap,
thèses académiques, et toutes sortes de figurines, jouets et jeux.
La fin du
film, qui montre King Kong, l'air conquérant, au sommet de l'Empire State
Building, est l'une des plus emblématiques de l'histoire du cinéma. Mais pour
les fans, dont Thomas Tull fait partie, c'est le début particulièrement
audacieux qui fait figure d'histoire des origines par excellence. D'ailleurs,
sans elle, il n'aurait pas pu complètement réaliser son rêve d'un film estampillé
MonsterVerse du XXIe siècle. Les producteurs ont sollicité les scénaristes Dan
Gilroy, Max Borenstein et Derek Connolly pour qu'ils élaborent le script à
partir d'une histoire originale de John Gatins. Thomas Tull témoigne : "L'un
des éléments les plus intéressants de l'univers de King Kong, c'est Skull
Island, qui regorge de créatures toutes plus exotiques et dangereuses les unes
que les autres, et sur lesquelles King Kong règne en maître. C'est cet aspect
de son univers que nous voulions dévoiler dans le film. Nos personnages ne
chasseront pas King Kong de l'île. C'est à eux de survivre sur son territoire".
Samuel L.
Jackson, qui incarne le lieutenant-colonel Preston Packard, le mâle dominant
parmi les personnages humains du film, raconte avec enthousiasme : "Ce
qu'on veut, c'est voir Kong dans un environnement grandiose et spectaculaire à
sa hauteur. On sait qu'il vit dans la jungle, mais qu'est-ce qu'on y trouve
d'autre ? Qu'est-ce qui lui permet d'y subsister ? Est-ce qu'il y en a d'autres
comme lui, ou est-il le seul de son espèce ? On apprend en fait qu'il faisait
d'abord partie d'une communauté avant qu'elle soit anéantie par une autre
créature présente sur l'île. C'est maintenant lui qui règne sur l'île et qui
maintient l'ordre".
Avec KONG :
SKULL ISLAND, et GODZILLA avant lui, l'équipe de production jette les bases
d'un vaste univers peuplé de monstres, situé dans notre monde, mais postulant
l'existence de MUTOs (Massive Unidentified Terrestrial Organisms, ou Organismes
Terrestres Géants Non identifiés, selon la terminologie de l'univers
MonsterVerse). Mais pour lui rendre justice, il fallait non seulement organiser
la rencontre de deux univers cinématographiques anciens mais aussi faire
fusionner deux chronologies différentes.
La solution
est venue d'une idée de génie de Vogt-Roberts, jeune réalisateur qui n'avait
qu'un seul film à son actif, THE KINGS OF SUMMER, grand succès du cinéma
indépendant. Le producteur Alex Garcia raconte : "L'essentiel de notre
histoire autour de Godzilla, c'est l'idée que les essais nucléaires de 1954
n'étaient pas vraiment des essais, mais que le gouvernement essayait en réalité
d'exterminer une créature. Jordan nous a suggéré l'idée de situer le film dans
les années 1970, et ça a tout de suite titillé notre imagination. Non seulement
la période collait bien avec l'univers MonsterVerse, mais c'est aussi une
époque très riche à explorer sur un plan thématique, ce qui nous a permis
d'introduire à la fois des scènes de guerre hyper réalistes et des monstres
géants dans un seul et même film".
Pour
Vogt-Roberts, KING KONG marque l'origine de son obsession pour le cinéma. "KING
KONG fait incontestablement partie de l'histoire du cinéma, et lorsque j'ai
découvert le film de 1933, j'ai été stupéfait par les possibilités
cinématographiques infinies qu'il offrait", rapporte-t-il. "C'était
le premier film à transporter le public dans un monde inexploré et sauvage.
Bien qu'il se trouve sur notre planète, on s'y retrouvait confronté à des
phénomènes dont on ne soupçonnait pas l'existence".
Lui qui se
qualifie d'intello renfermé, le cinéaste originaire de Detroit a visionné, dans
son enfance, un nombre incalculable de films de monstres, de superproductions,
et de jeux vidéo. C'est sa découverte du cinéma des années 70 qui le pousse sur
la voie de la réalisation. Bien que produits avant sa naissance, les films audacieux,
frondeurs et engagés de cette génération font écho à son quotidien et à sa
sensibilité. "Les années 70 reflètent étrangement notre société
actuelle", remarque-t-il. "Tout ce qui se passait alors – les
scandales politiques, l'agitation sociale, des guerres impopulaires, une
certaine méfiance envers les gouvernants – rappelle très exactement ce qui se
passe à l'heure actuelle. Et en même temps, c'est aussi la fin d'une période de
coexistence entre la science et le mythe. Depuis, on s'est engagés petit à
petit à détruire l'inconnu".
En inscrivant
le monde perdu de Cooper et de Schoedsack dans une époque chaotique marquée par
la présence d'hélicos, le napalm et le rock’n’roll, et en plongeant ainsi les
spectateurs directement dans le bain, Vogt-Roberts espérait communiquer au
public d'aujourd'hui toute la puissance et la dimension atemporelle de King
Kong. "Je veux que le film bouscule le public, et le projette immédiatement
dans une aventure à la fois viscérale, intense, et hors du commun. Je suis à
peu près certain que dans aucun autre film on ne voit une créature géante aux
allures de gorille envoyer un grand coup de poing dans un hélicoptère
Huey", dit-il en souriant. "Mais c'était ça le film que je
voulais voir".
En transposant
l'histoire des années 30 à une époque plus moderne – mais pas contemporaine –,
le décor s'est parfaitement adapté aux thèmes que le réalisateur et ses
producteurs voulaient aborder. Tom Hiddleston, qui avait accepté le rôle du
capitaine James Conrad – vétéran désabusé du Special Air Service britannique –
avant même que le réalisateur ne soit engagé, raconte : "On est dans un
monde qui précède la tyrannie des satellites et de la surveillance généralisée
et de l'hyper-information. On n'avait pas l'impression, comme c'est le cas
aujourd'hui avec Internet, les téléphones portables et les GPS, qu'on savait
tout du monde qui nous entoure. L'époque choisie nous a aussi permis d'avoir un
prisme très large pour appréhender le rôle de King Kong dans un débat sur la
guerre et sur la propension des êtres humains à détruire ce qui leur
échappe".
Pour Brie
Larson, qui incarne Mason Weaver, une photojournaliste de guerre, c'est cette
dynamique qui a donné aux acteurs un vaste territoire thématique à explorer. "Pour
moi, cette histoire ressemble à une allégorie de la nature animale qui est en
chacun de nous", suggère-t-elle. "On est tellement éloignés
aujourd'hui de cette part de nous-mêmes : on a l'impression qu'il faut qu'on
s'en débarrasse en quelque sorte. Il s'agit aussi de la façon dont on aborde le
monde qui nous entoure et dont on traite la nature, de l'importance qu'on lui
accorde, et de l'importance qu'on accorde aux autres êtres humains".
L'année 1973 a
marqué à la fois la fin de la guerre du Vietnam, mais aussi le début du programme
Landsat, dans le cadre duquel la NASA a commencé à cartographier la planète
depuis l'espace. Une décision qui a permis aux producteurs de justifier la
découverte de l'habitat naturel de King Kong. "Sauf que",
explique le producteur Jon Jashni, "Skull Island est un espace où l'arrogance
des hommes peut leur porter préjudice s'ils ne font pas attention à l'endroit
où ils mettent les pieds".
Bien que King
Kong soit la créature la plus puissante de l'île, il n'est pas le plus méchant
ni le plus terrifiant, loin de là... "Skull Island s'est retrouvée
complètement en autarcie et a suivi sa propre évolution un peu étrange",
explique Alex Garcia. "C'est un lieu sublime, mais c'est aussi le plus
dangereux de la planète et il fourmille de créatures hors du commun. Ça n'est
pas un endroit favorable aux êtres humains, et leur simple présence va en fait
avoir des conséquences profondes sur cet équilibre fragile".
Vogt-Roberts a
imaginé les métamorphoses de l'île en matière d'atmosphère et de caractère et
réfléchi à l'impact produit par chaque source d'émerveillement ou de terreur
sur les personnages et leurs décisions. "L'une des plus grandes
réussites de l'être humain, c'est de s'être soustrait à la chaîne
alimentaire", note-t-il. "Les personnages débarquent à Skull
Island pleins de certitudes sur notre place dans le monde, et tout à coup, tout
ça ne leur sert plus à rien, parce qu'ils ont repris leur place dans la chaîne
alimentaire. Je voulais réfléchir aux répercussions que cela peut avoir sur les
gens : Qui s'effondre ? Qui en ressort plus fort ? Qui décide de s'entraider
?"
Ce sont ces
questions qui servent de point d'ancrage pour le film, ajoute le réalisateur. "J'adore
l'idée d'avoir une poignée de personnages qui rentrent de la guerre du Vietnam
sans plus croire en rien et sans savoir exactement où est leur place dans le
monde, et de les projeter dans cet espace mystérieux. Dans le film, King Kong
n'est pas seulement un animal gigantesque. Il ne s'agit pas d'une histoire où
l'homme lutte contre la nature. Et c'est la raison pour laquelle notre King
Kong sera le plus grand de toute l'histoire l'Hollywood : je veux que le public
se rende compte de l'effet que ça fait de lever les yeux et de s'apercevoir
qu'une créature féroce de trente mètres de haut vous surplombe".
KONG : SKULL
ISLAND confronte le spectateur à un véritable colosse majestueux et puissant.
Mais sa stature titanesque n'est pas le seul élément que les producteurs ont
choisi de modifier. Mary Parent explique : "King Kong est adolescent
quand on fait sa connaissance pour la première fois : il est tout juste en
train d'assumer son rôle de mâle dominant, sur une île qui regorge de créatures
bien plus féroces que lui, comme les Skullcrawlers qui ont anéanti ses ancêtres
et l'ont réduit à être le dernier représentant de son espèce. Et c'est la
raison pour laquelle revisiter cet aspect de l'univers de King Kong est
tellement passionnant. King Kong lui-même est un personnage extrêmement captivant,
mais il se prépare à mener le combat de sa vie, afin de conquérir son titre de
roi de Skull Island".
Pour permettre
au public de s'immerger totalement à Skull Island, l'équipe a traversé la
planète et s'est rendue dans les lieux les plus sublimes et les plus exotiques
jamais filmés. Vogt-Roberts raconte : "Quand on porte un mythe à
l'écran, non pas en tant que symbole mais en chair et en os, il est primordial
de le faire dans un cadre qui donne l'impression d'être palpable, réel et
complètement vivant. C'est la raison pour laquelle il était si important pour
nous de tourner presque exclusivement dans un cadre où les acteurs pouvaient
interagir avec leur environnement, et non pas devant un fond vert. Je veux que,
dans la salle de cinéma, les gens se disent 'J'y crois'".
Le tournage du
film s'est déroulé sur trois continents, notamment en Australie, à Hawaï, et au
Vietnam. Les images ont ensuite été subtilement montées afin de susciter
l'impression d'un monde hors du commun. C'est le premier film de cette ampleur
à être tourné en grande partie au Vietnam. Du coup, il a fallu prendre des
dispositions logistiques complexes afin de pouvoir tourner dans des sites
complètement vierges au nord du pays, tout en préservant l'écosystème local à
chaque instant.
Afin de
permettre au personnage central de faire un retour fracassant au cinéma,
Vogt-Roberts a réuni une équipe de choc de techniciens qui a mis la barre très
haut en matière de décors, d'effets spéciaux et de personnages infographiques.
KONG: SKULL
ISLAND n'est que le deuxième film de Vogt-Roberts, mais c'est de loin son
projet le plus ambitieux qu'il a mené à bien sans se laisser impressionner. Il
se souvient : "Ce qui m'a guidé tout au long de cette aventure
titanesque, c'était la perspective de concevoir une expérience sensorielle qui
soit aussi réaliste que possible, afin que le mythe de Kong ait une vraie
résonance aux yeux des spectateurs. Même si on a tourné un film complètement
nouveau, avec une intrigue résolument originale, il s'agit toujours de King
Kong".
Les producteurs ont réuni une équipe d'acteurs de premier plan pour camper toute une galerie de personnages dont les trajectoires individuelles s'inscrivent sur la toile de Skull Island. Citons notamment Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, John Goodman, Brie Larson et John C. Reilly, ainsi que Jing Tian, Toby Kebbell, John Ortiz, Corey Hawkins, Jason Mitchell, Shea Whigham, Thomas Mann et Marc Evan Jackson.
"C'est une histoire humaine que je voulais raconter à travers ce film spectaculaire, et j'ai eu beaucoup de chance de faire équipe avec tous ces acteurs extrêmement talentueux et dévoués", témoigne Vogt-Roberts. "Les comédiens ont énormément donné de leur personne, et n'ont pas eu peur d'être dans la spontanéité, si bien que le film en a vraiment bénéficié et que chaque instant est profondément drôle, effrayant, ou réaliste".
"Jordan s'est montré courageux, audacieux et original dans sa conception du film, et a pris soin de rester très ouvert à tous les acteurs du film", juge Tom Hiddleston.
John C.
Reilly, qui incarne le naufragé Hank Marlow, ajoute : "Jordan est
complètement imperturbable. Il portait sur ses épaules le poids d'une
superproduction, et pourtant on aurait dit qu'il était en train de réaliser un
film indépendant. Il nous a permis de faire des découvertes, d'explorer des
idées nouvelles, et c'est très rare dans ce genre de films".
KONG : SKULL
ISLAND commence en 1973, à une période de changements, de guerre perdues, et de
vieilles croyances qui partent en fumée au milieu des vapeurs de napalm et au
rythme du rock’n’roll. L'humanité a conquis et apprivoisé les moindres recoins
du monde, et la NASA a lancé un satellite afin de traquer ce qu'il reste de
territoire inconnu, en cartographiant pour la première fois la planète depuis
l'espace.
Tandis que
Landsat 1 repère une anomalie géothermique de grande ampleur dans le Pacifique
Sud, ses objectifs et ses capteurs y détectent de la terre ferme. Pour la NASA,
l'île en forme de crâne n'est qu'une simple masse terrestre... connue pour les
nombreux navires et avions qui disparaissent à ses abords.
Seul Bill
Randa, agent spécial à la tête de l'équipe Monarch incarné par John Goodman,
pense savoir ce que cette tempête a pu cacher depuis des millénaires. Créée au
milieu des années 50 en réponse aux "essais" nucléaires dans l'atoll
de Bikini – qui était plus précisément la cible de ces essais –, l'équipe
Monarch a beaucoup perdu de son prestige par la suite. Au début des années 70,
ce que Thomas Tull surnomme "la CIA de MonsterVerse" ne
subsiste que parce que Randa a la ferme conviction qu'il faut dénicher tous les
MUTO avant qu'ils ne s'attaquent aux humains. Et le satellite Landsat vient de
transmettre son meilleur cliché permettant de prouver ce qu'il avance et de
reprendre les recherches.
"Ça fait trente ans que Randa est à la recherche de Skull Island", explique Goodman. "Du coup, grâce à un coup de pouce du gouvernement Nixon, il rassemble une équipe qui va s'associer à la mission Landsat, officiellement pour chercher des ressources naturelles rares dans les sous-sols de l'île. Enfin c'est ce qu'il raconte, en tout cas", ajoute-t-il en souriant.
Le géologue
qu'il recrute à la sortie de Yale vient d'écrire un article controversé, bien
que solide sur le plan scientifique, au sujet de la théorie – que certains
qualifieraient de complotiste – de la Terre creuse. Corey Hawkins, qui campe
Houston Brooks, le jeune et brillant diplômé, raconte : "Il a écrit un
papier convaincant sur la Terre creuse, mais pour Houston ça n'est rien d'autre
qu'une théorie. Il est sceptique. Pour être honnête, Houston doit penser que
Randa est fou, mais pour un jeune homme noir dans les années 70 c'est un bon
tremplin".
Dans les rangs
de l'équipe Monarch, on trouve San, biologiste de renom dont le travail
convaincant sur les anomalies dans la jungle du Brésil a immédiatement attiré
l'attention de Randa. Jing Tian, qui tient son rôle, témoigne : "San
étudie l'existence de ces créatures depuis longtemps et sait dès le départ ce
que nos explorateurs peuvent s'attendre à trouver sur Skull Island. Même si
leur approche est différente, Brooks et San forment une très bonne équipe et
s'épaulent durant l'expédition. Cette dynamique s'est installée très naturellement
entre moi et Corey, qui est un acteur extrêmement talentueux".
Les deux
jeunes acteurs étaient très heureux de travailler avec John Goodman, acteur
bien plus aguerri. "Il était partant pour tout", se rappelle
Hawkins. "Je me souviens d'un moment sur le tournage où on est montés
en haut d'une colline. Je lui ai demandé : 'John, pourquoi est-ce que vous
faites ça ici avec nous ?' Et il a répondu : 'Parce que c'est un truc que je
n'ai jamais fait'".
Tandis que
l'équipe Landsat se prépare – pense-t-elle – à une étude de routine destinée à
vérifier la fiabilité des satellites, Randa, lui, se lance dans une aventure
qui pourrait tous leur coûter la vie. Afin de se repérer sur ce territoire
vierge inexploré, et de dénicher la créature dont il est convaincu de l'existence,
il lui faut un traqueur. Et il sait où trouver le meilleur d'entre eux : dans
un tripot de Saigon.
Tom Hiddleston
joue le rôle du Capitaine James Conrad, ancien officier du Special Air Service,
que l'acteur décrit comme "plus ou moins perdu en Asie quand Randa
tombe sur lui ; il n'a pas envie de rentrer chez lui et en est d'ailleurs
incapable".
Pourtant,
Conrad est un type exceptionnel. Durant la guerre du Vietnam, il a entraîné les
troupes américaines et sud-vietnamiennes à se battre dans la jungle, et a été
envoyé dans des endroits sauvages ravagés par la guerre à la recherche de
soldats perdus. "J'ai toujours été fasciné par les êtres humains qui
supportent les conditions naturelles les plus extrêmes, ce dont Conrad est
capable", explique Hiddleston.
Choisi pour le
rôle un an et demi avant le début du tournage, l'acteur s'est beaucoup
renseigné et a découvert un aspect de la guerre très méconnu, qui deviendra le
pilier de l'histoire de cet homme désabusé accro aux sensations fortes. "L'Angleterre
n'est jamais officiellement entrée en guerre, mais en faisant des recherches,
je me suis rendu compte que les forces spéciales britanniques avaient en secret
envoyé des troupes au Cambodge et en Indonésie pour entraîner les soldats
américains et sud-vietnamiens en raison de leur expertise dans le domaine du
combat dans la jungle", nous apprend l'acteur. "C'est la
raison pour laquelle j'ai tellement apprécié de participer avec Jordan et les
producteurs à l'élaboration du personnage, et à réfléchir à sa situation
personnelle au moment où il s'embarque dans cette aventure qui va
fondamentalement remettre en question toutes ses certitudes".
Tout comme
Conrad, Mason Weaver fait partie des outsiders qui rejoignent l'équipe. Mais
pas exactement de la même façon, comme l'explique Brie Larson qui joue le
personnage : "Mason Weaver ne se voit pas proposer de participer à la
mission. En fait, c'est elle qui leur jette de la poudre aux yeux pour les
convaincre de la laisser les rejoindre, parce qu'elle est convaincue que
quelque chose qu'on lui dissimule se trame dans l'ombre".
Bien que Mason
Weaver ait une relation très particulière avec King Kong, elle ne joue pas le
rôle de la demoiselle en détresse. Il ne s'agit pas non plus de la Belle là où
King Kong serait la bête. Photojournaliste d'investigation débrouillarde, elle
prend part à la mission après avoir arpenté les zones de combats les plus
dangereuses. "Elle a acquis la réputation d'être très courageuse et
d'être prête à tout pour révéler la vérité", raconte Brie Larson. "Elle
s'est fait des ennemis comme ça, parce que beaucoup de publications, tout comme
les hommes figurant sur ses clichés, n'apprécient pas beaucoup que l'on dévoile
la face cachée de la guerre. D'ailleurs, dans les années 70, les champs de
bataille sont des lieux exclusivement masculins, et on voulait ainsi rendre
hommage aux femmes qui ont fait ce travail, et qui le font encore à l'heure
actuelle".
Mason Weaver,
qui se qualifie de "photographe pacifiste", a pour seule arme
son fidèle appareil photo Leica. Brie Larson, grâce à son expérience de
photographe, connaissait un peu le sujet, mais s'est largement documentée en
matière de vieux appareils photos. "J'ai pris beaucoup de photos sur le
tournage et j'ai fini par voir le monde à travers l'objectif de Mason
Weaver", raconte-t-elle. "J'essayais de cerner des moments de
relâchement, et je me suis mise à voir les gens différemment".
Grâce aux
contacts de Randa à Washington, la mission de l'équipe Landsat devient tout à
coup une priorité, obtient un financement conséquent, et un soutien militaire
complet pour aller cartographier la fameuse masse terrestre dans le Pacifique
Sud. "L'équipe Landsat n'avait jamais eu accès à quoi que ce soit de ce
genre", explique John Ortiz, qui joue Victor Nieves, le chef d'équipe
de la mission d'exploration. "Ils commencent donc à se poser des
questions sur la véritable raison de la présence de l'équipe Monarch à leurs
côtés... et ils ne sont pas préparés à entendre la réponse".
L'unité militaire
qui mène l'exploration aérienne de l'île est dirigée par le lieutenant-colonel
Preston Packard, qui s'est fièrement battu au Vietnam et avait bien l'intention
de gagner la guerre … sauf que le gouvernement américain en a décidé autrement.
Lorsqu'on propose à Packard d'accompagner la mission Landsat, on lui explique
que l'expédition garantira à son équipe, les Sky Devils (ou diables du ciel),
de l'argent facile. Il leur suffit de les emmener, de les ramener, et puis ils
pourront rentrer chez eux. Rien de plus simple.
Samuel L.
Jackson, qui joue le rôle d'un soldat endurci par la guerre, explique : "Packard
est content de rentrer avec tous ses hommes en vie, mais saisit l'opportunité
d'un dernier vol avant le retour au pays. Les gens disent qu'on a perdu la
guerre, alors que lui pense qu'on a juste rendu les armes. Il veut donner à ses
soldats l'occasion d'être fiers, et voit dans l'expédition une opportunité d'en
faire des héros qui pourront rentrer avec une victoire à leur actif".
Toby Kebbell,
Jason Mitchell, Shea Whigham, Thomas Mann et Eugene Cordero jouent les Sky
Devils, les équipiers fidèles et durs à cuire de Packard. Vogt-Roberts a choisi
méticuleusement ces acteurs afin de refléter la diversité des hommes et des
jeunes envoyés au front au Vietnam, pour ne peut-être jamais rentrer au pays.
Le réalisateur précise : "Ils venaient de tous les milieux, jeunes ou
vieux, et ces acteurs ont insufflé beaucoup de réalisme à la dimension humaine
de la guerre".
Outre leur
préparation physique et militaire, les acteurs ont pu passer du temps en
compagnie de vétérans de différents conflits armés, notamment de la guerre du
Vietnam. "J'ai l'air très jeune, et du coup quand j'ai rencontré Jordan
pour la première fois, je me suis dit : 'Jamais je n'aurais pu être pilote
pendant la guerre du Vietnam'", se souvient Mitchell, qui incarne
l'adjudant Glen Mills, le jeune plaisantin de l'équipe des Sky Devils. "Mais
en réalité la plupart de ces pilotes avaient entre 19 et 20 ans. Savoir qu'ils
étaient si jeunes souligne d'autant plus à mes yeux leur courage, ce à quoi
j'ai voulu rendre hommage à travers le personnage de Mills".
Kebell, qui
joue le rôle du commandant Jack Chapman, le fidèle compagnon de Packard, ajoute
: "On nous a dit : 'En tant que pilote d'hélico, personne n'est jamais
mécontent de vous voir. Dans toute l'armée, vous êtes littéralement la seule
personne que tout le monde – à part vos ennemis – est heureux de voir. Vous
êtes là pour prendre soin des autres'. Et ça nous a rendus très fiers, ça nous
a permis de comprendre véritablement qui sont les Sky Devils. On a eu
énormément de chance de pouvoir discuter avec ces hommes".
Afin de souder
leur équipe, les acteurs ont passé autant de temps ensemble que possible durant
le tournage, que ce soit pour répéter, improviser sous les traits de leurs
personnages, ou simplement pour se détendre. "J'ai l'impression qu'on a
vraiment créé des liens fraternels", raconte Cordero, qui joue le rôle
du sergent Joe Reles. "On ressent parfois un certain agacement à
l'égard de ses camarades, mais toujours un amour inconditionnel; et puis, dans
les moments où on en a le plus besoin, on se dit que c'est la meilleure chose
qui nous soit jamais arrivée. Chacun devient comme un petit frère, et ça n'a
vraiment pas été difficile de se mettre dans cet état d'esprit avec ces
gars-là".
C'est l'avion
cargo Athena qui emmène l'équipe Landsat, les scientifiques de Monarch, les Sky
Devils et les électrons libres Mason Weaver et James Conrad, au plus près de
leur destination. L'appareil doit cependant respecter une distance de sécurité
sans laquelle il risquerait d'être précipité vers les dangereux récifs qu'il
survole, ou par la masse agitée de nuages noirs, de poussière et de forces
magnétiques qui s'étend à l'horizon. Le téméraire Packard prend la décision de
quitter l'avion et l'équipage s'envole à bord d'une escadrille d'hélicoptères
Huey.
Par-delà les
nuages, nos explorateurs découvrent un véritable Eden à couper le souffle,
primitif et totalement vierge, qui donne lieu à un moment de pur émerveillement
pour tous les passagers... jusqu'à ce que la chute de leurs engins explosifs
mette le feu à ce coin de paradis.
C'est le début
de l'intrusion humaine à Skull Island.
Et elle
s'accompagne de la rencontre avec son gardien à la stature inimaginable et à la
puissance dévastatrice.
Même Randa est
pris de court : "Il n'a jamais rien vu qui ressemble de près ou de loin
à King Kong", témoigne Goodman. "Ils sont incapables de l'apprivoiser
à l'aide de leurs outils technologiques, ni d'utiliser leurs connaissances
scientifiques pour l'aveugler : le conflit est donc immédiat".
Tandis que
Packard contemple la scène d'un air horrifié, "King Kong envoie valser
les hélicoptères d'un coup de poing, tuant par la même occasion la plupart de
ses hommes", raconte Jackson. "Lui qui n'a jamais abandonné
l'un de ses gars au Vietnam, et qui est animé par ses instincts guerriers,
refuse de jeter l'éponge aussi facilement. Étant maintenant pleinement investi
et ayant du sang sur les mains puisqu'il a échoué à ramener ses hommes chez
eux, King Kong devient la cible de sa rage".
Mais Conrad se
rend compte qu'ils ne sont pas de taille à l'affronter. "Il constate la
force prodigieuse de King Kong, et son expérience de la nature lui a appris
qu'il ne sert à rien de vouloir résister", remarque Tom Hiddleston. "Autant
pisser dans un violon. Il leur faut plus d'humilité, ce que Conrad comprend
tout de suite, mais qui échappe un peu à Packard et ses armes de guerre.
Pourtant, dans ces conditions, même Conrad, armé de son expérience et de ses
connaissances considérables, est pris de court face à cette créature massive,
primitive, qui ne ressemble à rien de connu".
Décimés, pris
au piège et séparés par des champs de débris calcinés d'hélicoptères, les survivants
tentent de comprendre ce qu'ils viennent d'apercevoir. "On est
convaincus de régner en maîtres sur notre territoire", avance
Vogt-Roberts. "Mais lorsqu'on regarde cette chose, on ne peut que
conclure qu'on est face à un phénomène qui nous dépasse. C'est maintenant à
chacun d'entre eux de décider s'ils veulent l'accepter, la combattre, ou
simplement survivre".
Brie Larson
acquiesce : "Les personnages rencontrent la même créature, mais au fur
et à mesure de l'aventure, leurs réactions prennent deux tournures bien
différentes : certains veulent dominer la bête, tandis que d'autres se sentent
pris d'affection et de compassion pour elle. King Kong est plus qu'une force de
la nature : il incarne littéralement la nature. On pense qu'on peut la
dominer, mais elle gagne toujours malgré nos effort".
Tout comme
King Kong, Packard est une force avec laquelle il faut compter.
Séparés des
militaires, Mason Weaver et James Conrad, accompagnés des scientifiques du
Monarch ainsi que d'un des hommes de Packard, l'adjudant Reg Slivko, se lancent
à la recherche des survivants parmi les Sky Devils et se dirigent vers leur
seule porte de sortie : le site d'extraction au nord de l'île. Thomas Mann, qui
joue le rôle de Slivko, explique : "Séparé de son unité, et en
compagnie de personnes dont l'état d'esprit est très différent de celui de
Packard, Slivko ne suit pas le même chemin que ses frères d'armes. Dans un
sens, c'est encore un enfant qui ne sait pas dissimuler son émerveillement ou
sa peur".
Si les
personnages sont les seuls intrus de l'île, ils ne sont pas pour autant les
seuls êtres humains. Alors qu'ils se préparent à découvrir les merveilles et
les horreurs que renferme l'île, ils se retrouvent soudainement encerclés par
les guerriers de la tribu indigène de l'île, les Iwis.
Puis, à leur
grande surprise, un visage amical et résolument américain apparaît devant eux :
il s'agit de Hank Marlow, joué par John C. Reilly. Pilote durant la Seconde Guerre
mondiale, il s'est écrasé sur l'île 28 ans auparavant et a survécu depuis, tout
en espérant de tout son coeur pouvoir un jour retrouver sa femme et le fils
qu'il n'a jamais connu. "Hank Marlow est un personnage
fantastique", raconte Reilly. "C'est un homme complètement
coupé de son époque qui a aussi un peu perdu la tête à force de vivre sur
l'île. Il a traversé la vingtaine, la trentaine, et la quarantaine quasiment
éloigné de tout ce qui lui est familier. Moi, je deviendrais complètement fou
au bout de six mois, alors après 28 ans n'en parlons pas ! Hank a dû perdre la
tête, retrouver ses esprits avant de sombrer à nouveau dans la folie une bonne
dizaine de fois".
Pourtant, il
n'a pas toujours été seul. Après un intense combat aérien avec un pilote
japonais qui détruit leurs appareils, Marlow se retrouve à devoir affronter le
pilote ennemi, Gunpei Ikari (incarné par Miyavi) au corps à corps. Mais tout
change lorsqu'ils se retrouvent confrontés à une force qui les dépasse : King
Kong. "Lorsque les deux hommes se rencontrent, ce sont des soldats
acharnés qui ont bien l'intention de s'entretuer, et puis 28 ans plus tard, on
comprend qu'un phénomène merveilleux s'est produit", rapporte Reilly. "Ils
ont dépasse leurs différences pour devenir frères".
Marlow a fait
de son mieux pour s'intégrer aux Iwi, et grâce à eux, a fini par comprendre
King Kong. "Les Iwi vivent en symbiose avec l'île", explique
Vogt-Roberts. "Ils comprennent le rôle majeur que joue King Kong : sans
lui, certaines forces de l'île se soulèveraient et modifieraient l'équilibre
fragile qui maintient la paix et évite une complète extermination".
Reilly ajoute
: "King Kong vit à la surface de la terre, et les diables sous terre.
King Kong est le seul capable de les tenir à l'écart, ce qui permet à un
certain nombre d'espèces de vivre en harmonie sur l'île. Pour les Iwi, King
Kong est un dieu".
En avertissant
les nouveaux venus du rôle sacré de King Kong, Hank ne fait qu'envenimer le
conflit imminent entre ceux que Goodman nomme les "mâles dominants de
l'île" : Packard, Conrad, et King Kong. Lorsque l'unité de Packard
part en reconnaissance avec le groupe de Conrad, il devient évident que le chef
militaire est dévoré par son désir de vengeance, si bien que même
l'avertissement de Marlow sur ce qui risque de se produire si Packard parvient
à tuer King Kong ne le fait pas changer d'avis. "La réaction de King
Kong était prévisible", affirme Reilly. "Comme Hank tente de
leur faire comprendre, 'On n'entre pas chez quelqu'un en balançant des bombes
sans être prêt à en découdre !'"
Chacun à leur
façon, Packard et Kong sont des protecteurs : Kong est responsable de son
habitat, et Packard de ses hommes, jusqu'à ce que celui-ci perde de vue ce
qu'il protège. "À ce moment-là, il s'est complètement coupé des
autres", remarque Jackson. "Chacun commence à comprendre qu'en
cherchant à venger les hommes qu'il a perdus, tout en sachant le risque qu'il
fait courir aux autres, il n'est plus à la hauteur du chef raisonnable sur qui
ses soldats ont toujours compté. Dans un monde rationnel – et s'il n'était pas
aussi bouleversé par les pertes qu'il a subies –, il comprendrait l'équation
biologique en jeu. Et pourtant, il est toujours décidé à se servir sur la
bête".
"Pakcard n'a jamais laissé tomber ses hommes, et ils sont prêts à le suivre jusqu'au bout", explique Whigham, qui campe le capitaine Earl Cole. "Cole obéit aux ordres, mais le colonel se met à agir de manière tellement irrationnelle qu'il se met à remettre en cause ses décisions et se sent à la fois triste et déstabilisé de ne plus être sûr de ce qui est juste".
Mason Weaver
est la première à rencontrer King Kong en personne, mais son but n'est ni
scientifique, ni politique. Elle est donc la première à comprendre la véritable
ampleur du phénomène que nos explorateurs viennent de déclencher sans le
savoir. "La rencontre de Mason Weaver avec King Kong lui fait éprouver
une immense compassion", observe Brie Larson. "King Kong est
la créature la plus imposante de toute l'île, et pourtant il ne choisit pas
d'utiliser sa force pour lui faire du mal. Au départ, elle veut rentrer avec
des clichés lui assurant succès et célébrité, mais en fouillant l'âme de cette
créature, elle se rend vite compte qu'il y a une créature sur l'île qui est extrêmement
précieuse et qu'il faut préserver".
Conrad
rencontre à son tour le roi majestueux de l'île et il se rend compte qu'il
était à la recherche d'une forme de rédemption sans le savoir. "Conrad
est en train de contempler le territoire du haut d'une falaise, et se retrouve
tout à coup à un mètre de King Kong, assez prêt pour pouvoir le toucher",
analyse Tom Hiddleston. "Il sait que King Kong l'a repéré, et qu'il est
en train de plonger son regard dans celui d'un être sensible, ce qui le rend de
nouveau réceptif à l'émerveillement, à l'innocence, et à l'humilité. Au début
de l'aventure,Conrad est un être cynique, puisque tout ce qu'il souhaite, c'est
gagner de l'argent facile. Jusque-là, il vivait sa vie comme un somnambule,
mais à présent il a les yeux grands ouverts".
DE BRUIT ET
DE FUREUR : LA CRÉATION DU MONSTRE
Pour la
production, la mission la plus complexe – et la exaltante – était sans doute la
création de Kong. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas choisi la facilité… "Je
me suis toujours dit que Kong appartenait à une espèce à part et qu'on ne
pouvait tout simplement pas le ranger dans une catégorie de primates en
particulier", affirme Thomas Tull.
Le parti-pris
de Thull correspondait à celui du réalisateur : "Dans le film, Kong
nous ramène aux monstres des classiques du cinéma d'horreur", dit-il. "Ce
n'est pas un simple primate. Je voulais que Kong se rapproche davantage d'un
dieu solitaire. Par la suite, je souhaitais montrer progressivement qu'il était
doué d'empathie et d'émotion et qu'il pouvait nouer une relation affective avec
son entourage. Même si dans le film il s'apparente à une divinité, il a une
part d'humanité à laquelle le spectateur sera sensible".
Pour que la
créature soit aussi réaliste que possible et qu'elle puisse exprimer des
émotions, la production a mobilisé des spécialistes d'effets visuels, des
animateurs, des graphistes, et des designers sonores qui ont tous travaillé en
équipe sous la supervision de Vogt-Roberts, en cherchant à sortir des sentiers
battus.
Le célèbre studio
Light & Magic, qui a signé les effets visuels d'importants blockbusters, a
largement collaboré à la création de Kong, sous la houlette du superviseur
effets visuels senior Stephen Rosenbaum et du superviseur effets visuels Jeff
White.
L'équipe ILM comptait
près de 300 artistes, animateurs et techniciens, installés dans trois lieux
différents. Pour mettre au point la créature, il aura fallu au total plus d'un
an et demi, dont huit mois ont été consacrés à la conception du monstre. Il
s'agissait non seulement de créer un personnage charismatique et déterminé,
mais d'en faire également un puissant antihéros. "Notre principale
difficulté consistait à faire aimer le personnage du public et à l'affubler
d'une certaine humanité", explique Rosenbaum.
Vogt-Roberts a
tout d'abord demandé à l'équipe ILM de s'inspirer de l'esprit du KING KONG de
1933, en conservant son aura et sa dimension de monstre classique du cinéma.
C'était un postulat de départ exigeant mais l'ensemble des producteurs y
souscrivait.
Ce mélange
entre le spectaculaire et l'intime a donné lieu à des scènes à la fois
viscérales, originales et terrifiantes, mais aussi à des moments de grande
émotion parfaitement inattendus. White reconnaît qu'il a une tendresse
particulière pour les séquences intimes où Kong se lie avec certains
explorateurs ou contemple la beauté fascinante de Skull Island. "J'adore
les scènes où Kong est tranquillement assis et observe les aurores boréales, ou
vient en aide à Mason Weaver pour soigner un animal blessé et noue contact avec
Mason et Conrad tandis qu'ils sont sur le flanc d'une falaise. Je trouve que
c'est dans ces moments-là que Kong s'impose vraiment comme un personnage à part
entière".
Le film de
1933 a également donné des idées pour l'allure du monstre. Carlos Huante,
concepteur de créature particulièrement réputé, s'est inspiré de photogrammes
de l'oeuvre de Shoedsack et Cooper pour dessiner les muscles et certaines
postures physiques, tout en leur donnant un aspect plus contemporain.
"À partir de là, on s'est vraiment creusé la tête pour retrouver ce qui a fait de Kong une créature aussi marquante", suggère White. "On a intégré les proportions excessives du museau épaté de Kong, on l'a affublé d'une crinière au sommet du crâne, d'un énorme front et de poils de couleur brun orangé, puis on a utilisé de puissants éclairages latéraux pour faire ressortir davantage ces caractéristiques physiques".
Mais dans
cette toute nouvelle version du monstre, la taille a son importance. D'une
hauteur de 30 mètres, il domine son monde… et les visiteurs venant de débarquer
sur l'île. "C'est essentiel parce que grâce à sa taille et à son poids,
Kong en impose vraiment", note White. "Du coup un être humain
a l'air d'une fourmi face à ce colosse : on comprend à quel point notre espèce
n'a pas sa place dans son monde".
C'est le
gabarit hors du commun de Kong qui a poussé le réalisateur à créer les
mouvements du monstre en animation traditionnelle – sous la supervision de
Scott Benza d'ILM – plutôt que d'avoir recours à la "performance
capture" et, donc, aux déplacements d'un comédien. Ce parti-pris a
également permis à Vogt-Roberts de mieux travailler avec les animateurs d'ILM
pour mettre au point le "jeu d'acteur" de Kong tel qu'il l'envisageait.
En outre, il a enrichi l'allure et les mouvements de Kong grâce à une session
de "facial capture" avec Toby Kebbell (qui interprète aussi le
commandant Jack Chapman) et une autre de "motion capture" avec Terry
Notary, coach de mouvements réputé (LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT, la
trilogie du HOBBIT).
Une fois
l'animation finalisée, l'équipe d'ILM a construit le squelette et la structure
musculaire de Kong, puis a simulé les flexions et extensions des muscles sous
la peau et la réaction des poils au mouvement de la peau. Là encore, le film de
1933 a été une formidable source d'inspiration. Par exemple, Kong roule de
grands yeux quand il rugit, ce qui, selon Benza, renvoie à sa dimension de
monstre. "On pourrait croire qu'il plisse les yeux lorsqu'il se met en
colère, mais on aimait bien le regard qu'il a dans la version de 1933", dit-il.
Pour ILM,
trois éléments, qu'on observe pourtant tous les jours dans la nature, posaient
particulièrement de problèmes techniques : les poils, l'eau et le feu,
extrêmement difficiles à restituer de manière infographique. Dans KONG: SKULL
ISLAND, ces trois éléments interagissent les uns avec les autres à l'image.
La crinière de
Kong était en soi un extraordinaire pari technique : l'équipe d'ILM a passé une
année entière à brosser, dessiner et sculpter les 19 millions de poils de la
bête. "On ne pouvait en aucun cas se contenter de la générer sur
l'ordinateur", relève White. "Il fallait préciser au logiciel
infographique où positionner les poils et quelle allure leur donner".
Il était
d'autant plus difficile de simuler la présence de l'eau qu'il en fallait
d'immenses quantités. "L'eau est entièrement générée de manière
numérique mais obéit à de véritables lois physiques", poursuit White.
"Il fallait tenir compte du fait que Kong est tellement colossal et se
déplace tellement vite que sa main percute l'eau à 60 ou 80 km/h. L'eau était
projetée tellement haut qu'on ne voyait même plus Kong. Il fallait qu'on
détermine comment 'tricher' pour qu'on distingue quand même sa tête, tout en donnant
le sentiment que le mouvement de l'eau obéit malgré tout aux lois de la
physique".
Les effets
sonores avaient, eux aussi, leur importance. Bien en amont du tournage, la
production a testé plusieurs techniques pour mettre au point le rugissement
glaçant et déchirant de Kong ainsi qu'une palette de son permettant au
spectateur de plonger dans cet univers viscéral.
La conception
des cris fracassants du monstre a été orchestrée par le monteur son/ designer
sonore Al Nelson qui rend hommage à Vogt-Roberts : "Jordan ne voulait
pas se contenter de rugissements plus forts et percutants que dans les versions
antérieures", affirme Nelson. "Il tenait à ce que Kong
s'apparente à une divinité et qu'on comprenne qu'il règne en maître sur Skull
Island. Par conséquent, loin d'être une horrible créature en colère qui passe
son temps à grincer des dents et à hurler, Kong est une créature majestueuse
régnant sur ce monde féerique. Ses consignes ont été très précieuses".
Nelson a
commencé par se rendre au parc zoologique de Washington et au Disney's Animal
Kingdom d'Orlando où il a enregistré des lions. "Si je me suis servi
des rugissements de lions, c'est parce que Kong est le premier monstre de
cinéma qui ait intégré des effets sonores", indique Nelson. "C'est
Murray Spivak qui a sonorisé la créature dans la version de 1933. Il a utilisé
le rugissement d'un lion et celui d'un tigre diffusé à l'envers qui,
pense-t-on, ont été enregistrés au zoo de Los Angeles. Je voulais me servir
d'un lion comme point de départ pour rendre hommage à ce grand classique des
années 30". Par ailleurs, Nelson a employé des bruits de gorille et de
singe, qu'il a mixés et associés aux premiers sons pour enrichir le répertoire
sonore de Kong.
Bien entendu,
aucune créature du règne animal ne peut émettre les sons tonitruants de Kong.
Pour bien restituer les cris de la bête, l'équipe a installé un système de
playback à Skywalker Sound, dans le nord de la Californie. "On a mis en
place des enceintes et un dispositif de spatialisation sonore", raconte
Nelson. "On a ainsi diffusé les mugissements et rugissements de Kong
sur un système sonore 5.1 pour obtenir un effet de réverbération et d'écho,
afin de pouvoir les utiliser dans un cadre plus naturel".
LE DOMAINE
DE KONG
Kong règne sur
le domaine vierge de Skull Island, sanctuaire dont aucun être humain n'a encore
foulé le sol. C'est un espace grandiose qui inspire l'effroi, mêlant
fantastique et réalité. "Il se définit par un écosystème extraordinaire
qu'on ne trouve nulle part ailleurs", indique Alex Garcia.
"Très en amont du projet, nous tenions à ce que Skull Island possède son propre climat et d'autres caractéristiques fantastiques", ajoute Mary Parent. "On a cherché à offrir au public des images inédites".
Le chef-décorateur
Stefan Dechant précise que Vogt-Roberts a su expliquer clairement à ses
collaborateurs l'idée qu'il se faisait des paysages de l'île : "C'est
vraiment l'univers de Jordan et on abordé les décors comme s'il s'était
vraiment rendu à Skull Island, qu'il y était retourné plusieurs fois et qu'il
nous avait raconté des anecdotes sur son périple", note Dechant.
Avec KONG:
SKULL ISLAND, c'est la première fois qu'un studio tourne un long métrage quasi
entièrement au Vietnam. Le film a aussi été tourné à Oahu, qui fait partie de
l'archipel d'Hawaï, et sur plusieurs sites de la Gold Coast australienne.
"Le tournage au Vietnam a été un formidable atout pour nous", analyse Garcia. "On y trouve des paysages extrêmement différents qu'on ne voit nulle part ailleurs. On a ensuite pu intégrer ces images à la majesté des sites hawaïens et australiens – le résultat était saisissant".
L'intrigue de
KONG: SKULL ISLAND comportait des détails majeurs sur l'esthétique de l'île
fictive de Skull Island. "Dès qu'on est arrivés sur place, j'ai compris
qu'il y avait quelque chose d'unique dans les paysages du Vietnam", affirme
le réalisateur.
L'équipe a
tourné pendant trois semaines dans plusieurs sites du Vietnam, dont certains
n'avaient jamais été filmés dans un long métrage. La production a ainsi
parcouru Yen Phu, Tu Lan, le belvédère de Phon Nha, le fleuve Tam Coc à Ninh
Binh, Trang An, les marécages de Van Long et la baie d'Along qui offre des
panoramas à couper le souffle.
L'acheminement
des acteurs, des techniciens et du matériel de tournage dans les provinces les
plus reculées du pays a nécessité une véritable organisation : il a fallu
mettre en oeuvre une opération logistique de grande ampleur et notamment
construire des routes dans un environnement totalement vierge. Une fois les
images en boîte dans chacun des sites, la production a pris soin de restaurer
le fragile écosystème qui prévalait avant son intervention. Le régisseur
d'extérieurs Ilt Jones, autoproclamé "protecteur de
l'environnement", a fait en sorte que les lieux visités soient en
meilleur état après le départ de l'équipe qu'au moment des repérages.
Attentif aux
consignes de Vogt-Roberts selon lesquelles le Vietnam devait inspirer la
plupart des décors du film, Jeff White a sillonné le pays en avion pendant
plusieurs semaines, prenant des photos aériennes qui ont ensuite été scannées. "On
a fini par utiliser ces prises de vue non seulement pour donner plus
d'envergure aux scènes tournées au Vietnam, mais pour qu'elles se substituent à
certains paysages filmés à Hawaï, par souci d'une cohérence d'ensemble", dit-il.
"C'était particulièrement utile pour certains sites hawaïens qu'on a
déjà vus au cinéma et qui sont donc facilement reconnaissables. On a conservé
l'espace immédiat dans lequel évoluent les comédiens, puis remplacé le paysage
et l'horizon par les montagnes du Vietnam. C'était non seulement beaucoup plus
cohérent, mais cela permettait d'ancrer davantage le film dans un environnement
esthétique vietnamien".
Vogt-Roberts
s'est pris de passion pour ce pays : "J'espère que le spectateur
tombera amoureux du Vietnam et qu'il appréciera sa beauté grâce au film", dit-il.
"Ce que j'y ai vécu m'a profondément marqué. Je suis tombé amoureux de
la culture et de la population du Vietnam, et je serais extrêmement heureux que
le public du monde entier puisse découvrir les merveilles et la force de ce
pays".
Oahu, plus
connu du grand public, recèle également de sites exotiques. La production a
ainsi tourné au Kualoa Ranch et au parc naturel d'Ohulehule, dans la vallée de
Waikane.
Si le Kualoa
Ranch attire de nombreuses équipes de tournage, ses paysages luxuriants ont été
transformés pour offrir un cadre mystérieux au périple des personnages. Au fond
d'une immense vallée entourée d'imposantes montagnes, la production a installé
l'ossuaire de l'île – vaste étendue jonchée d'énormes ossements et
d'inquiétantes dépouilles. Cet ossuaire – augmenté par la suite par l'équipe
effets visuels – est un lieu hanté par la mort et les disparus… mais qui, en
réalité, est bel et bien vivant.
Le site
regorge d'indices à la fois intrigants et éprouvants sur les origines de Kong.
Le réalisateur note : "Dans les versions antérieures de l'histoire du
monstre, on ne savait pas d'où venait Kong et on n'avait aucun détail sur son
espèce ou sa famille. Grâce à l'ossuaire, on découvre ce qui lui est arrivé et
ce qui a façonné son destin. On découvre les vestiges de ses ancêtres et
d'autres créatures".
Mike Meinardus
et son équipe effets spéciaux sont également à l'origine de contributions
majeures au décor, à l'instar d'explosions dans les conduits de l'ossuaire –
"à la manière d'un volcan", remarque-t-il – et d'une épaisse
fumée jaunâtre en provenance du sous-sol, enveloppant les lieux.
Pour la scène
où Packard, ivre de vengeance, se sert de son expérience de la guerre du
Vietnam pour mettre en place un piège – un lac truffé de napalm que le
personnage transforme en véritable enfer – , Meinardus a supervisé la
construction d'un lac artificiel dont une partie a ultérieurement été agrandie
de manière infographique. L'équipe effets spéciaux a équipé le lac de lances à
incendie et d'injecteurs d'heptane à partir desquels des flammes s'élevaient
jusqu'à 20 mètres de hauteur. "Nous avions plus de 100 km de lances à
propane et environ 230 mètres de tuyaux à incendie qui étaient tous sur des
collecteurs", se rappelle Meinardus. "On était en pleine
jungle, si bien que tout devait être parfaitement organisé et contrôlé par
mesure de sécurité et de protection de l'environnement".
En dehors de
la jungle, Conrad débarque dans un bar clandestin et tripot de Saigon, mais
Dechant a reconstitué la métropole vietnamienne dans le Chinatown d'Oahu. "Saigon
est aujourd'hui une ville très contemporaine, et pour restituer l'atmosphère
qu'on recherchait, il semblait logique de tourner à Hawaï et d'y recréer le
Saigon des années 70", dit-il.
Après avoir
quitté Oahu, l'équipe s'est installée en Australie où elle a tiré parti de la
diversité des paysages. "La Gold Coast était formidable car elle
offrait une pluralité de décors naturels, comme un désert, une jungle touffue
et des formations rocheuses, sans oublier des plateaux de tournage et des
techniciens extrêmement compétents aux studios de Village Roadshow", indique
Garcia.
Le décor le
plus imposant est celui de la carcasse rouillée du SS Wanderer, navire à
l'abandon qui a échoué sur le rivage de Skull Island il y a très longtemps. Il
a depuis été transformé en sanctuaire par la tribu Iwi qui le considère comme
un don des dieux.
Sur le plateau
du studio, Dechant et le directeur de la photo Larry Fong ont travaillé de
concert pour éclairer cet espace digne d'une cathédrale, en se servant pour
l'essentiel de la lueur de bougies et de rayons de soleil artificiels
s'immisçant à travers les trous de la coque du bateau.
Des images
gravées sur des piliers ajoutent à la dimension mystique du sanctuaire. Tandis
que les personnages s'y aventurent, d'autres surprises les attendent : on
comprend qu'il y a là tout un monde peuplé de créatures étranges et de
monstres. Jeff White s'explique : "Cette scène a été imaginée pour que
Marlow puisse communiquer des informations sur le passé de Kong. On a consacré
beaucoup de temps à chaque image pour faire en sorte que les informations
soient transmises de manière claire, et ensuite on a transposé chaque gravure
dans la langue graphique des Iwi. Pour Jordan, il était essentiel que les
images aient l'air de former un chaos inintelligible au départ, puis qu'elles
soient porteuses de sens dès lors que le point de vue des personnages – et du
spectateur – change. Pour chaque prise de vue, on a choisi un plan où l'image
était reconnaissable, puis on a modifié l'emplacement des piliers
infographiques pour faire en sorte que l'image ne soit pas immédiatement
déchiffrable. C'était un gros défi sur un plan graphique mais qui enrichit le
mystère et la complexité de Skull Island".
La production
a été très sensible aux paysages sidérants de l'Australie, s'aventurant à
l'intérieur des terres de la Gold Coast et notamment sur le Mont Tamborine,
dans la Vallée de Tallebudgera et la forêt de Paperbark.
Les
magnifiques dunes de sable de l'île de South Stradbroke ont servi de toile de
fond à la séquence d'ouverture. Comme l'indique Garcia, l'expédition nécessaire
pour se rendre sur place n'est pas si éloignée du périple des personnages du
film. "Il nous a fallu une demi-heure en bateau pour traverser la
crique de Jumpinpin, puis 40 minutes en buggy tout-terrain pour parcourir la
plage", précise-t-il. "Par moments, on avait l'impression
d'être sur la lune".
Brie Larson
s'est souvenue de son expérience avec un éléphant pour l'une des rares scènes
entièrement tournée sur fond vert : il s'agit du premier face-à-face entre
Mason Weaver et Conrad d'un côté, et Kong, de l'autre, tourné aux studios de
Village Roadshow. "C'est peut-être un peu exagéré, mais je ne m'étais
jamais retrouvée aussi près d'une créature aussi imposante et puissante… mais
qui se comporte avec douceur avec moi", dit-elle en souriant. "Il
y a là quelque chose d'extraordinaire : Kong est la créature la plus imposante
de l'île, et pourtant il ne se sert pas de sa force pour faire du mal aux
hommes".
Néanmoins,
cette scène émouvante a représenté une journée de tournage éprouvante pour les
comédiens qui étaient censés nouer un lien très fort avec leur partenaire
gigantesque mais… invisible ! Hiddleston a improvisé, suggérant de diffuser un
morceau de musique évocateur – l'Adagio en Ré mineur, extrait de la
bande-originale de SUNSHINE – afin que la séquence se mette en place. "Il
y très peu de moments où on peut se dire, 'c'était magique', et celui-ci en
fait partie", confie Vogt-Roberts.
La production
a choisi de situer l'intrigue en 1973, époque où le monde semblait en plein
chaos. Il faut dire que la guerre du Vietnam, qui touchait à sa fin, durait
depuis plusieurs années et qu'une profonde crise économique, sociale et
politique secouait la planète.
Dans le même
temps, comme le signale le réalisateur, cette époque était "fascinante
sur un plan esthétique. La beauté se nichait dans d'infinis détails".
Pour cerner au mieux ce style, Vogt-Roberts et Fong ont conçu
des objectifs anamorphiques – uniques dans leur genre – en collaboration avec
Panavision. "Ces objectifs ont un côté rétro, ce qui correspondait bien
à l'esprit des seventies qu'on cherchait à retrouver", indique Fong.
"Panavision nous a dit qu'il s'agissait des lentilles anamorphiques les
plus sophistiquées que la société ait jamais conçues".
Pour que KONG:
SKULL ISLAND se démarque esthétiquement d'autres productions du genre, Fong et
Vogt-Roberts ont choisi très en amont une palette de couleurs originales, afin
d'envelopper le film dans un climat hallucinatoire évocateur de la guerre du
Vietnam.
Dirigée par
Bill Randa (John Goodman), l'organisation d'agents secrets du Monarch, postés
sur le porte-avions Athena, est elle aussi marquée par l'époque. C'est à partir
de là que les explorateurs se rendent en hélicoptère sur Skull Island. Les
hélicoptères Huey – autre moyen de transport emblématique des années 70 –
jouent un rôle décisif dans le film. Le son caractéristique de leurs hélices – fop,
fop, fop – évoque les dilemmes de Packard concernant la fin de la guerre et
rythment l'affrontement violent, projeté au ralenti, entre Kong et les hélicos
envahissant son territoire. Pour restituer ce son si particulier, le designer
sonore Pete Horner, les monteurs effets sonores Benjamin A. Burtt, Pascal
Garneau et William McGuigan, et le chef-monteur son Steve Slanec ont collaboré
avec le Vietnam Helicopters Museum de Concord (en Californie) pour enregistrer
un authentique Huey des années 70.
"Le musée a mis un hélico Huey à notre disposition et, équipés de toutes sortes de micros et d'appareils d'enregistrement, nous nous sommes postés sous les hélices pendant qu'elles tournaient afin d'obtenir ce fop, fop, fop aussi nettement que possible", déclare Horner. "C'était exaltant. Ensuite, les pilotes nous ont emmenés à bord de leurs Huey et ont effectué des figures acrobatiques, dont les sons – qu'on a enregistrés – sont perceptibles dans la scène où les hélicos fendent l'orage épouvantable qui protège l'univers de Skull Island".
Pour les
costumes, Vogt-Roberts et sa chef-costumière Mary Vogt ont choisi un style
classique, évitant les tendances à la mode de l'époque comme les chemises à
carreaux et les cravates extra-larges. "Nos personnages portent les
mêmes tenues pendant longtemps, si bien qu'il fallait qu'elles soient les plus
réalistes possible", commente le réalisateur.
Pour
Hiddleston, ancien agent spécial des forces aériennes, Mary Vogt a consulté une
brochure sur le Special Air Service britannique rédigée par un ancien membre de
cette unité d'élite. "La brochure regorge de détails sur la mission de
ces hommes et raconte, par exemple, qu'ils passaient plusieurs jours sans
changer de vêtements", rapporte la chef-costumière. "Du coup,
on a affublé Tom d'une allure simple et héroïque, qui rappelle le Steve McQueen
des films de cette époque, qu'il s'agisse des pantalons aux lignes épurées, des
bottes et des chemises ajustées".
Packard, campé
par Samuel L. Jackson, arbore un foulard à maille militaire qui le protège
contre les insectes et lui donne une allure princière. "Cette tenue le
distingue aussi des autres membres de son unité", signale Mary Vogt.
En outre, le
chef-accessoiriste Steven B. Melton a fait en sorte que chacun des hommes de
Packard porte un casque d'aspect authentique. "J'ai acheté 21 casques
sur eBay et on a mis au point 300 graphismes différents avant d'obtenir les
sept qu'aimait Jordan", note-t-il. "Chaque casque est orné
d'autocollants et d'emblèmes bien spécifiques dont certains ont été achetés
auprès d'anciens pilotes d'hélicoptères ayant participé à la guerre du
Vietnam".
Mason Weaver (Brie
Larson), photographe de guerre, porte des bottes à lacets, une chemise gris
pâle, et des pantalons kaki qui lui donnent "une allure quasi
militaire", précise la chef-costumière.
De toute
évidence, Marlow (John C. Reilly) n'est pas un homme des années 70. Du
coup, Mary Vogt l'a affublé d'une casquette d'aviateur de la Seconde Guerre
mondiale que Reilly a appréciée et a choisi de porter tout au long du tournage.
"L'uniforme de pilote est romantique et héroïque", note la
chef-costumière. Le superviseur maquillage Bill Corso précise que le fait
d'être coincé sur une île pendant trente ans a considérablement marqué Marlow. "Son
visage est parcheminé comme le cuir et on dirait qu'il se taille la barbe avec
le sabre d'un samouraï… et c'est d'ailleurs le cas", dit-il.
Le film est
aussi marqué par les années 40. En effet, l'improbable navire de Marlow – qui
date de cette époque – représente l'ultime espoir pour nos explorateurs de
quitter Skull Island. Construite par Marlow et son ennemi d'autrefois – et désormais
défunt – Gunpei Ikari, l'embarcation est un croisement improbable qui emprunte
au P-51 de Marlow et au Zero de Gunpei. Meinardus et son équipe ont fabriqué le
moteur du bateau ex nihilo, et ont fait en sorte qu'il puisse vibrer, fumer et
trembler, ainsi que la cheminée du navire qui crache une épaisse fumée noire.
Les Iwi, tribu
indigène de l'île, traversent les époques. Ce n'est pas un hasard si leur
destin est lié à celui de Kong. Garcia précise : "Les Iwi sont coupés
du reste du monde. Ils sont pacifiques, et à la fois simples et très
sophistiqués. Les Iwi ont un rapport symbiotique avec Skull Island, et ils
savent que si Kong, dernier représentant de son espèce, est éliminé, le fragile
écosystème de l'île sera anéanti".
Vogt-Roberts
ajoute : "Je voulais que les Iwi vénèrent Kong et que, d'une certaine
façon, ils soient plus évolués que ceux qui viennent de débarquer à Skull
Island".
Les motifs
délicats peints sur les Iwi ne sont pas seulement décoratifs. Ces graphismes
complexes ornant le corps et le visage des indigènes s'inspirent d'une source
improbable. Amateur de jeux vidéo depuis longtemps, Vogt-Roberts souligne : "J'étais
intrigué par les formes farfelues de la plupart des personnages de jeux vidéo,
avec leurs arêtes marquées et leurs angles droits. Ce qui me plaisait, c'était
de créer quelque chose d'anachronique, à la fois moderne et ancien. Du coup,
nous avons conçu ces motifs peints qui ont plusieurs fonctions. On comprend que
ces figures comportent leur propre langage crypté : elles servent de camouflage
et permettent aux Iwi de se fondre dans l'île et de survivre malgré les
innombrables menaces qui pèsent sur eux".
CASCADES ET
"SKULLCRAWLERS"
Pendant
l'essentiel de leur périple, les explorateurs doivent livrer des combats d'une
envergure que même les soldats de Packard les plus endurcis n'auraient pas
imaginés.
Pour mettre au
point les scènes d'action spectaculaires du film, le chef-cascadeur George
Cottle a piloté une équipe de 60 cascadeurs qui ont répété les combats et le travail
au filin pendant deux mois avant le début du tournage.
Pour les
cascadeurs, le plus difficile était l'accès aux sites vietnamiens enclavés :
pour atteindre plusieurs d'entre eux, il fallait compter 45 minutes de route
avec un cortège de plusieurs camions, puis de longues marches.
La
disponibilité de certains matériels était tout aussi problématique que l'accès
aux différents sites. Par exemple, Cottle avait besoin d'une immense grue pour
une scène où l'un des protagonistes se retrouve soudain perché dans les airs. "Il
n'y avait, à notre connaissance, qu'une seule grue dans tout le Vietnam, et il
nous a fallu douze heures de route pour aller la chercher", se
souvient-il. "Lorsqu'on a récupéré la grue, il s'est avéré qu'elle
était plutôt archaïque, mais on l'a faite fonctionner et tout s'est déroulé
sans encombres".
Les comédiens
concernés par la séquence ont été sidérés par la complexité de la cascade. "On
l'a répétée à huis clos et aucun des acteurs ne savait ce qui se passait",
confie Cottle dans un sourire. "Du coup, leur réaction première a
été formidable".
Cottle tient à
saluer les comédiens qui, dans leur ensemble, n'ont pas hésité à se soumettre
aux entraînements et aux cascades les plus éprouvants. Mais il rend
particulièrement hommage à Hiddleston qui était censé avoir la forme physique
d'un agent des Forces Spéciales. "Tom est une machine et une rock-star
!", s'enthousiasme Cottle. "Il s'investit à fond dans son
travail et c'est un vrai passionné par son métier. C'est un type physique qui a
parfaitement compris la réalité et l'énergie propres aux cascades".
Cette
dimension physique est également palpable dans une séquence impressionnante où
Conrad affronte un essaim de créatures volantes, avec un sabre katana pour
seule arme. Pour bien manier cette épée délicate et redoutable à la fois,
Hiddleston et John C. Reilly – elle appartient en réalité à Marlow et lui a été
transmise par Gunpei – se sont entraînés tous les jours avec le chorégraphe
combats Ilram Choi. Par mesure de sécurité, ils se sont initiés au katana avec
un tube de plastique, mais en quelques semaines, les deux comédiens
maîtrisaient le maniement de l'épée. "Ils s'y sont donnés à fond",
indique Cottle. "Certains acteurs répètent vaguement les gestes de
ce genre de figure le jour même du tournage et n'ont qu'à prier pour que tout
se passe au mieux. Mais John et Tom nous demandaient quotidiennement s'ils
pouvaient prendre une demi-heure avec Ilram et s'entraîner".
Brie Larson a
également apprécié de pouvoir laisser libre cours à l'héroïne de film d'action
qui sommeille en elle. "C'est un rôle bien plus physique que tout ce
que j'ai fait jusque-là et c'est formidable de pouvoir mettre à profit mes
facultés physiques d'une manière inédite", confie-t-elle.
Grâce au film, les comédiens ont également pris de la hauteur ! "Avec Brie, on a embarqué à bord d'une flotte de Huey avec la 2ème équipe", raconte Hiddleston. "On survolait cette vallée volcanique et l'océan Pacifique à bord d'un hélico conçu pour les cascades, qui n'avait pas de portière, et avec Brie, on avait la tête à l'extérieur de l'appareil, mais on était totalement sanglés et en sécurité. C'est tout simplement extraordinaire d'avoir l'occasion de faire un truc pareil dans le cadre du boulot !"
La séquence
d'acrobatie la plus audacieuse et la plus exaltante est sans doute celle où nos
explorateurs débarquent à Skull Island, d'autant que certains d'entre eux
périssent dans le choc terrible entre Kong et les hélicos. Cottle souligne que
la plupart des cascades ont été réalisées avec d'authentiques hélicoptères,
sans recours aux effets infographiques.
Le
chef-cascadeur a également apprécié le travail du conseiller technique
militaire Harry Humphries, ancien Navy SEAL qui a combattu au Vietnam.
"Harry a vraiment participé aux combats", affirme Cottle. "C'est
une légende vivante si bien que lorsqu'il donnait des consignes aux comédiens,
ils l'écoutaient".
Humphries
s'est assuré que le jargon militaire était véridique et a été consulté sur les
engins volants de l'époque, à l'image de l'hélico Huey UH-1 déjà cité
(principal moyen de transport servant aussi à la livraison de matériel et au
combat à l'époque de la guerre du Vietnam), ou encore sur l'utilisation des
fusils de combat M-16 et des lance-grenades M-79 par les unités d'infanterie.
Malgré leur
impressionnant arsenal, Packard et son unité livrent le combat de leur vie en
affrontant Kong et les autres habitants de Skull Island. Si Kong est le roi de
l'île, les autres bêtes règnent chacune sur leur propre domaine.
Le réalisateur
tenait à ce que chaque créature frappe le spectateur par sa singularité.
"Quand j'étais gamin, j'adorais découvrir des choses nouvelles au
cinéma", dit-il. "Je faisais attention aux moindres
particularités des monstres".
Le pire ennemi
de Kong est le vorace Skullcrawler, très ancienne créature qui a tué les
ancêtres de Kong et condamné celui-ci à être l'ultime représentant de son
espèce. "Le Skullcrawler est l'ange déchu du royaume de Kong", constate
Vogt-Roberts. "Il vit sous la terre et incarne la part d'ombre de l'île
et du mythe. Il ne s'agit pas d'une créature particulièrement
harmonieuse".
Voilà bien un
euphémisme ! Le Skullcrawler ressemble à un serpent muni de deux bras puissants
et d'une terrifiante tête de mort. Pour les animateurs, l'aspect de la créature
représentait un véritable défi, tout particulièrement pour une scène de combat
titanesque. "Étant donné que le Skullcrawler n'a que deux membres et
une très longue queue, il fallait qu'on soit sûr qu'il puisse conserverson
équilibre", explique Scott Benza. "On s'est arrangé pour que
son poids prenne appui sur sa queue, ce qui est un phénomène qu'on observe très
peu dans la nature".
S'il était
difficile de le manœuvrer, la gueule et la physionomie repoussantes du
Skullcrawler ont inspiré les designers sonores. "Jordan souhaitait que
cette créature vous glace les sangs et qu'elle n'appartienne pas au règne
animal", indique Al Nelson. "On ne pouvait pas non plus
exagérer dans le choix des sons qu'il émet même si on s'est vraiment amusés à
rendre ses cris aussi affreux que son allure".
Les designers
sonores ont d'abord pensé au bruit d'un lapin agonisant – "ce genre de
couinement qui exprime la souffrance", note Nelson. Il a aussi utilisé
les cris d'une otarie "qui émet les cris les plus atroces qu'on puisse
entendre dans la nature – comme si elle crachait ses poumons – et les cris d'un
écureuil qui pousse des cris perçants quand il appelle l'un de ses congénères.
C'est vraiment flippant. Du coup, lorsqu'on songe à cette bête monstrueuse, on
entend un petit écureuil !", ajoute-t-il en souriant.
EN GUISE DE
CONCLUSION
Outre les
effets sonores, la production a confié à Henry Jackman une partition
symphonique d'une grande richesse. "Ce que j'adore dans les films de
monstres, c'est qu'ils permettent d'utiliser la musique symphonique d'une
manière extravagante", dit-il. "Jordan souhaitait exploiter la
force et la profondeur d'un orchestre symphonique mais on a aussi exploré des
pistes moins traditionnelles. C'est une expérience formidable pour un
compositeur".
Jackman
souligne l'attachement de Kong à certains personnages en donnant à quelques
morceaux "un peu d'humanité et de sensibilité", selon ses
propres termes. En outre, il déclare que les scènes du Vagabond sont celles
qu'il préfère. "John C. Reilly, sous les traits de Marlow, est notre
guide dans le sanctuaire, si bien que j'ai composé un morceau foncièrement
américain – un thème patriotique qui évoque Marlow et son passé de pilote de
chasse pendant la Seconde Guerre mondiale".
En hommage au
contexte où se déroule l'intrigue, Jackman a ponctué la bande-originale des
tonalités classiques de guitares psychédéliques des années 70. Ce dispositif
permettait également de glisser avec élégance des thèmes emblématiques de
l'époque dans la partition du film. "Je voulais reprendre des chansons
de l'époque de la guerre du Vietnam et de nombreux tubes des années 70", affirme
le réalisateur. "On obtient ainsi des contrastes saisissants et ces
partis-pris donnent le ton et nous offrent des moments jubilatoires de pur
bonheur".
"On a installé un tourne-disques sur le bateau à bord duquel les personnages remontent le fleuve, ce qui fait que la musique provient d'une source réelle", poursuit Vogt-Roberts. "Les rapports que nos protagonistes entretiennent avec la musique réservent des moments inattendus".
Parmi les
titres de la bande-originale, citons "Time Has Come Today" des
Chambers Brothers, chanson emblématique de l'époque psychédélique, le tube
"White Rabbit" de Jefferson Airplane, "Ziggy Stardust" de
David Bowie, "Long Cool Woman (In A Black Dress)" des Hollies,
"Paranoid" de Black Sabbath, "Bad Moon Rising" et "Run
Through the Jungle" de Creedence Clearwater, "Down on the
Street" des Stooges, le tube de rock vietnamien psychédélique “Mặt Trời Đen”
et "Brother" de la pop-star brésilienne Jorge Ben Jor.
La musique,
qui cherche à mettre en valeur l'émotion et les scènes d'action du film, a été
écrite vers la fin de la post-production. Il s'agit de l'aboutissement d'une production
gigantesque qui a sillonné trois continents. Autant dire que le réalisateur et
ses producteurs Thomas Tull, Mary Parent, Jon Jashni et Alex Garcia ont dû
surmonter d'innombrables obstacles pour un résultat final qui s'est révélé plus
que gratifiant. Tout au long du tournage, l'ensemble des collaborateurs de
création et de production ont souhaité rendre hommage au mythe de Kong, tout en
imaginant une aventure inédite à cette créature légendaire.
"Pour
réaliser KONG: SKULL ISLAND, nous avons tous vécu une expérience palpitante et
hors du commun", conclut Jordan Vogt-Roberts. "Nous tenions à aborder Kong en
rendant hommage à tous les films antérieurs consacrés au monstre et en en
proposant une lecture nouvelle".
#KongSkullIsland
Copyright: © 2016 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC., LEGENDARY PICTURES PRODUCTIONS, LLC AND RATPAC-DUNE ENTERTAINMENT LLC. ALL RIGHTS RESERVED
Photo Credit: Courtesy of Warner Bros. Pictures
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