Drame/Bouleversant, un très beau film
Réalisé par Kenneth Lonergan
Avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, Gretchen Mol, Lucas Hedges, Tate Donovan, Heather Burns, Erica McDermott, Matthew Broderick...
Long-métrage Américain
Durée: 02h15mn
Année de production: 2016
Distributeur: Universal Pictures International France
Date de sortie sur les écrans américains : 18 novembre 2016
Date de sortie sur nos écrans : 14 décembre 2016
Résumé : Manchester by the Sea raconte l’histoire de la famille Chandler, famille de classe ouvrière du Massachusetts. Après la mort subite de Joe (Kyle Chandler) son frère ainé, Lee (Casey Affleck) devient le tuteur légal de son neveu (Lucas Hedges). Lee doit faire face à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi (Michelle Williams) ainsi que de la communauté où il est né et a été élevé.
Tourné sur la rive nord du Massachussetts, Manchester by the Sea est le nouveau film écrit et réalisé par Kenneth Lonergan (You Can Count on Me, Margaret).
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : J'ai eu la chance de découvrir ce long-métrage lors du dernier SHOWEB (une convention du cinéma dédiée aux influenceurs, blogueurs et médias on-line) en octobre 2016. Il y a à la fois une force dans le sujet de ce drame et dans la façon qu'à le réalisateur, Kenneth Lonergan, de montrer le lent retour vers la vie de son personnage principal.
MANCHESTER BY THE SEA est un film qui plonge le spectateur dans une tranche de vie sans expliquer le pourquoi dès le départ. En tant que spectateurs, il faut accepter de comprendre a posteriori puisque les informations sont distillées au compte goutte. Le réalisateur organise très bien sa narration, nous permettant d'abord de connaître les personnages, puis de comprendre leurs comportements et leurs interactions une fois qu'on a pris conscience de toute l'ampleur des faits qui s'avèrent impossibles à surmonter. C'est d'ailleurs cela qui est admirable dans ce film, car, malgré l'horreur, cette histoire raconte que les morceaux du puzzle ne seront désormais jamais correctement assemblés, mais quelque part l'assemblage peut tout de même recommencer.
Le réalisateur nous guide par les images et par les sons. On sent que le personnage principal cherche l'isolement et le calme, les sons du quotidien sont forts, comme envahissants, pour mieux nous guider dans la compréhension de son état de non acceptation de la vie. Kenneth Lonergan n'en fait jamais trop, son approche est très pudique et réaliste. Il sait pourtant nous faire comprendre l'intensité du malheur, lorsqu'il s'abat, dévastateur et sans appel.
Casey Affleck interprète Lee Chandler. Il est très touchant dans ce rôle. Il minimalise son jeu pour mieux laisser transparaître la douleur infinie et la toute petite lueur d'espoir qui se dessine peu à peu.
Kyle Chandler interprète le grand frère de Lee, Joe Chandler. Costaud, présent, solide, malgré les problèmes qu'il traverse. On comprend son importance dans la vie de Lee au fil des souvenirs qui viennent assaillir ce dernier.
Lucas Hedges interprète Patrick, le fils de Joe Chandler. Ce gamin doit faire face à des adultes compliqués. Il a appris à construire sa vie et il est bien ancré dans sa communauté d'amis. Il joue un rôle capital vis-à-vis de son oncle. Ils ont besoin l'un de l'autre, mais ne veulent pas l'admettre.
Michelle Williams est impressionnante dans le rôle de Randi. En très peu de scènes, elle construit son personnage et lui apporte une force émotionnelle incroyable.
MANCHESTER BY THE SEA est un film qui prend le temps de poser les jalons de sa bouleversante histoire. Ses acteurs nous font brillamment vivre un drame intense de l'intérieur. C'est un très beau film sur le deuil, la résilience, le réapprentissage de la vie que je vous conseille absolument.
On a tourné le film à Cap Ann (Massachusetts), entre fin février et début mai. Au début, il faisait très froid, mais c’était magnifique. À Cap Ann, on n’est jamais très loin de la mer. J’ai adoré passer du temps sur l’océan et dans les criques, tourner sur le bateau, dans les docks, les marinas et les maisons de Manchester, Gloucester et Beverly. J’ai adoré ça, même quand on accumulait les heures supplémentaires et que je rêvais de me coucher et de ne plus jamais avoir à me lever.
La nourriture était excellente. Mon restaurant préféré : Clam Box à Ipswich. On y sert les meilleurs lobster rolls (sandwich au homard) qu’il m’ait été donnés de goûter, bien que le restaurant m’ait été recommandé pour ses palourdes frites, qui sont également excellentes, mais pas aussi bonnes que celles servies à Nicky’s Cruisin’ Diner à Bangor (Maine), près de l’aéroport...
Durant le tournage, j’ai eu la chance de loger dans une maison dans le quartier d’Annisquam, à Gloucester. Elle dominait une petite crique, en retrait de la rivière. Il y avait une grande baie vitrée et une véranda donnant sur un bois et des maisons de l’autre côté de la rivière. Au cours de la journée, je pouvais voir toutes sortes d’oiseaux, et presque toutes les nuits, une voûte étoilée spectaculaire. En dehors des week-ends, j’étais généralement à la maison très tôt le matin, avant que je ne parte sur le tournage ou après que j’en revienne. Au début du printemps, un cygne a fait son apparition. Je le voyais régulièrement se laisser porter par les flots, dans la crique. Je n’y connais rien aux cygnes, en dehors de ce que j’ai pu lire dans La Trompette du cygne d’E.B. White. Dans le livre, le mâle nage autour et aux abords du nid le printemps durant, à l’affût des prédateurs, pendant que sa femelle couve leurs œufs. J’ai pensé que c’était peut-être ce que faisait ce cygne. Je n’en ai pas la moindre idée, bien sûr, parce que le tournage s’est achevé et je suis rentré chez moi avant que les bébés cygnes ne naissent... et que je n’y connais rien aux cygnes.
On ne sait jamais ce qui nous motive à parler des choses dont on parle dans un film. Je suppose que l’impulsion de créer est trop spécifiquement ancrée dans la psyché de chaque artiste pour qu’elle soit d’un quelconque intérêt pour qui que ce soit d’autre, mais j’espère que le résultat le sera. Ce que je préfère dans la fabrication d’un film, c’est le processus par lequel une histoire initialement née dans votre imagination personnelle pénètre et s’installe dans l’affectif d’autres personnes. L’histoire est nourrie par les émotions et les idées de vos collaborateurs, et elle s’épanouit sous leurs soins. Elle devient une sorte de fantasme partagé, appartenant à tous, jusqu’à ce qu’elle soit enfin transmise à des spectateurs dans leur vie intérieure desquels, on l’espère, elle trouvera une place, de la même façon que les films que j’aime font partie de moi.
Kenneth Lonergan
NOTE DE KENNETH LONERGAN
La nourriture était excellente. Mon restaurant préféré : Clam Box à Ipswich. On y sert les meilleurs lobster rolls (sandwich au homard) qu’il m’ait été donnés de goûter, bien que le restaurant m’ait été recommandé pour ses palourdes frites, qui sont également excellentes, mais pas aussi bonnes que celles servies à Nicky’s Cruisin’ Diner à Bangor (Maine), près de l’aéroport...
Durant le tournage, j’ai eu la chance de loger dans une maison dans le quartier d’Annisquam, à Gloucester. Elle dominait une petite crique, en retrait de la rivière. Il y avait une grande baie vitrée et une véranda donnant sur un bois et des maisons de l’autre côté de la rivière. Au cours de la journée, je pouvais voir toutes sortes d’oiseaux, et presque toutes les nuits, une voûte étoilée spectaculaire. En dehors des week-ends, j’étais généralement à la maison très tôt le matin, avant que je ne parte sur le tournage ou après que j’en revienne. Au début du printemps, un cygne a fait son apparition. Je le voyais régulièrement se laisser porter par les flots, dans la crique. Je n’y connais rien aux cygnes, en dehors de ce que j’ai pu lire dans La Trompette du cygne d’E.B. White. Dans le livre, le mâle nage autour et aux abords du nid le printemps durant, à l’affût des prédateurs, pendant que sa femelle couve leurs œufs. J’ai pensé que c’était peut-être ce que faisait ce cygne. Je n’en ai pas la moindre idée, bien sûr, parce que le tournage s’est achevé et je suis rentré chez moi avant que les bébés cygnes ne naissent... et que je n’y connais rien aux cygnes.
On ne sait jamais ce qui nous motive à parler des choses dont on parle dans un film. Je suppose que l’impulsion de créer est trop spécifiquement ancrée dans la psyché de chaque artiste pour qu’elle soit d’un quelconque intérêt pour qui que ce soit d’autre, mais j’espère que le résultat le sera. Ce que je préfère dans la fabrication d’un film, c’est le processus par lequel une histoire initialement née dans votre imagination personnelle pénètre et s’installe dans l’affectif d’autres personnes. L’histoire est nourrie par les émotions et les idées de vos collaborateurs, et elle s’épanouit sous leurs soins. Elle devient une sorte de fantasme partagé, appartenant à tous, jusqu’à ce qu’elle soit enfin transmise à des spectateurs dans leur vie intérieure desquels, on l’espère, elle trouvera une place, de la même façon que les films que j’aime font partie de moi.
Kenneth Lonergan
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