Comédie/Quelques gags marrants mais vulgaire dans l'ensemble et sans grand intérêt
Réalisé par Igor Gotesman
Avec Pierre Niney, François Civil, Igor Gotesman, Margot Bancilhon, Idrissa Hanrot, Pascal Demolon, Michèle Moretti, Philippe Duclos...
Long-métrage Français
Durée: 01h42mn
Année de production: 2015
Distributeur: StudioCanal
Date de sortie sur nos écrans : 30 mars 2016
Résumé : Cinq amis d'enfance rêvent depuis toujours d'habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer ! A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d'assumer sa part en se mettant à vendre de l'herbe. Mais n'est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autres choix que de se tourner vers la seule famille qu'il lui reste : ses amis !
Bande annonce (VF)
Ce que j'en ai pensé : J’ai été déçue par FIVE. Le film, réalisé par Igor Gotesman, n’apporte rien de nouveau au genre de la comédie sur les groupes de copains. Je pensais passer un bon moment en compagnie de personnages charmants, mais ce ne fut pas le cas. Cependant, j’ai ri à certains gags (même si le niveau d’humour n'est pas très fin). Ce qui me gêne vraiment c’est que les protagonistes ne sont pas attachants et que la morale du film laisse à désirer. Ces jeunes gens naviguent entre vulgarité, bêtise et immaturité. Je ne sais pas si la jeunesse peut vraiment se considérer bien représentée dans ce film… Le scénario est tiré par les cheveux, mais il a le mérite d’exister. Dans le fond, je pense que l’idée était excellente mais que, sous prétexte de faire de l’humour à tout prix, l’essentiel a été oublié : le film manque de cœur et d’intérêt.
Les jeunes acteurs jouent bien mais leurs rôles étant peu intéressants, il n’est pas aisé pour eux de sortir du stéréotype dans lequel ils sont enfermés.
Pierre Niney, qui interprète Samuel, est un acteur que j’apprécie beaucoup. Il met une belle énergie dans son interprétation, cependant cela ne sauve pas l’ensemble.
François Civil, qui interprète Timothée, est sympathique, mais le voir jouer la bêtise en boucle ennuie un peu à la fin.
FIVE aurait pu être très bien mais c’est une énième comédie vulgaire. Je ne vous la conseille pas pour une sortie ciné, elle pourra attendre un passage à la télévision.
Comment en es-tu arrivé à écrire, réaliser et interpréter ton premier film, Five ?
A vrai dire c’était pas gagné ! J’ai commencé par faire des études de droit. Jusqu’au jour où je suis allé voir Les Indestructibles. Ce dessin animé Pixar sur des super héros qu’on essaie de forcer à être normaux et dont la vraie nature revient au galop, a été un vrai déclic. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie d’être acteur pour ne pas me réveiller dans 6 ans dans la peau d’un avocat et passer la fin de ma vie à raser les murs devant les cinémas. En passant mes premiers castings, je me suis vite rendu compte que j’avais plutôt un physique pour jouer les sidekick dans les comédies comme Jason Segel ou Chris Pratt, mais en même temps j’avais pas l’âge. On me voyait pour faire des vigiles, des gardes du corps, et en même temps, je n’avais pas vraiment la tête à ça avec ma fossette et ma tête de gentil. Alors j’ai eu envie d’écrire mes propres rôles. Et grâce à ça, je me suis rendu compte que ce que je voulais vraiment faire, c’était écrire et réaliser.
C’est à ce moment-là que tu as écrit ton court-métrage, qui contenait déjà en germe tout ton long-métrage ?
Oui. Je me suis dit qu’il fallait que je commence par écrire une histoire qui me ressemble, une histoire d’amitié. Je l’ai produit grâce à mon coloc, des potes, mes parents, mes grands-parents - à l’époque j’ai mis dans mon film tout l’argent que j’avais gagné en enchaînant les petits jobs, de croupier au cercle Wagram à voiturier, comme dans le film ! J’ai pu le tourner en 2010. Après quasiment un an de post-production, on a projeté le film au Gaumont Opéra en novembre 2011. J’ai alors rencontré plusieurs producteurs. François Kraus avait produit un des seuls films pour lequel j’avais été payé en tant qu’acteur (Deux vies plus une, d’Idit Cebula), et il s’était retrouvé par hasard à la projection de mon court, je me suis dit que c’était un signe et j’ai signé avec les Films Du Kiosque. Au début, la question, ce n’était pas « Comment développer le court en long ? » mais plutôt « T’as quoi d’autre en boutique ? » Et puis à un moment, ça s’est imposé tout seul : c’est cette histoire-là que je voulais raconter. Il restait à trouver le prétexte pour mettre à l’épreuve cette amitié.
C’est un film authentique sur l’amitié, la famille qu’on se choisit. Tu es du genre à avoir les mêmes amis depuis le CP ?
Oui, j’ai les mêmes potes depuis le primaire, le collège et le lycée. Depuis que j’ai 23 ans, je vis en coloc avec un copain rencontré en seconde. On file le parfait amour, on est un peu comme Chandler et Joey dans Friends, une de mes références ! Un ami, c’est quelqu’un que tu choisis vraiment. Interrompre tes vacances parce qu’un pote ne va pas bien a une autre valeur que si c’était ton frère parce que tu n’es pas obligé de le faire.
Tu décris le film comme un « documentaire animalier sur les 25 ans »...
Je voulais qu’en voyant mon film les spectateurs découvrent l’univers d’une tribu avec ses codes, ses habitudes et son propre langage. C’est dans ce sens que je parle de mon film comme d’un documentaire animalier. Après, à 25 ans, il y a une sorte de ventre mou, tout le monde est à un moment différent de sa vie, certains travaillent déjà, d’autres changent d’orientation ou galèrent dans leur branche. Il n’y a pas de rites de passage qui m’auraient aidé à écrire une chronique, il n’y a pas le bac comme à 18 ans, alors il fallait que je trouve une problématique qui allait jouer comme un accélérateur de particules, d’où l’histoire du deal et de la drogue à écouler. Ils ont leur propre langage, leur propre vocabulaire. Il y a des mots destinés à devenir cultes comme la « gênance » ou le « fiono »... Ça me ferait marrer qu’après le film, les gens reprennent ces expressions ! C’est impossible de retracer la genèse de chaque mot. La « gênance », j’ai l’impression de l’avoir inventé par exemple, mais comme François, Pierre et sûrement plein d’autres gens dans le monde ! On parle comme ça dans la vie, on ne sait jamais vraiment d’où ça sort, ça « surgit ».
Tu avais des références ou des contre-références en tête ?
J’ai toujours aimé l’humour cul-pipi-caca. Les vannes trash sont plutôt l’apanage du cinéma anglo-saxon. J’adore SuperGrave ou En Cloque, mode d’emploi et en général les productions Apatow. Même dans Juno, il y avait une vraie liberté à faire parler une gamine de 14 ans comme un charretier. Coté français, bizarrement, une de mes grandes références est La haine. Pour beaucoup ce film est d’abord un film social mais comme je l’ai vu très jeune, je l’ai d’abord perçu comme une comédie, et ça n’a jamais changé. Le rythme, l’écriture, la liberté des dialogues et la quotidienneté des situations de ce film m’ont depuis toujours beaucoup inspiré. Le Péril jeune ou L’auberge espagnole m’ont aussi marqué dans le genre film générationnel, et La crise a bercé mon enfance. Je ne comprenais rien au film mais je voyais bien à quel point l’écriture était ciselée. Ce que j’aspire à éviter par-dessus tout, c’est le défaut des premiers longs où tu t’excuses de faire un film juste sur des potes, alors du coup, tu rajoutes artificiellement une histoire plus dramatique à côté et au final ça donne souvent l’effet d’un film qui veut être pour les 7 à 77 ans. Je n’y crois pas. C’est comme le menu terre mer, parfois ça marche, mais souvent c’est dégueulasse. Je préfère la jouer classique avec une bonne entrecôte ! Tout ça n’empêche évidemment pas de mettre de l’émotion dans le film, heureusement.
Quels étaient tes partis pris de mise en scène ?
J’ai toujours déploré que certains cinéastes qui excellent dans l’art de la comédie oublient qu’ils font aussi du cinéma. Il fallait mettre de l’énergie pas seulement dans la vanne mais aussi à l’image. Je me suis battu pour tourner en scope avec des vrais objectifs anamorphiques. C’est plus compliqué car les objectifs étant moins lumineux, il faut plus éclairer et les scènes de nuit sont difficiles à gérer. Et puis je n’avais pas envie d’une caméra posée, je voulais des caméras mobiles. La scène où Sam et Tim prennent des ecstas par exemple, j’ai tenu à faire un plan séquence dans la cage d’escalier pour montrer qu’ils « montaient », dans tous les sens du terme. Il a fallu faire venir de Belgique une grue, une « tower cam », qui monte et tourne en même temps, c’était compliqué mais je suis content d’avoir insisté pour qu’on le fasse. Pour la lumière, je souhaitais une lumière suédoise. On a repeint l’appart en bleu et en gris pour que ça se marie bien avec le bois. J’ai fait construire le grand bar de la cuisine en bois en essayant de respecter le format du scope pour que ça donne une sorte de cadre dans le cadre. Sans avoir la prétention de réinventer le cinéma, c’était important pour moi de m’appliquer et d’être exigeant.
Comment as-tu rencontré François Civil qui est à la fois dans ton court et dans ton long ?
Pendant le casting du court ! Au début, sur photo, c’était pas du tout le profil que je recherchais pour jouer Timothée. Moi je voulais un grand blond bogosse mais qui l’ignore et se saborde. François faisait très jeune mais on s’est quand même rencontré ! Le jour du casting, il est arrivé avec un petit gilet de concertiste en satin, une chemise blanche et un catogan, c’était pas du tout le rôle ! Mais on s’est tout de suite super bien entendu et surtout il a fait des super essais. Très vite, on est devenu potes. François, c’est un petit mowgli, un enfant sauvage, il dégage une énergie incroyablement libre. Grâce à ça, j’ai appris qu’il ne faut jamais se braquer sur le physique d’un acteur avant de voir ce qu’il a à proposer pour le rôle. Il faut se laisser la chance d’être surpris je crois.
Tim, son personnage, a toujours deux trains de retard. C’est sans doute le plus attachant de la bande.
Ça a été un vrai plaisir d’écrire ce personnage après avoir rencontré François, qui induit une bienveillance naturelle. Je savais que je pouvais lui faire dire des répliques atroces qui choquaient sur le papier et qu’on lui pardonnerait tout. « Ça c’est de la mamelle, ça me donne envie de les presser, d’en extraire le lait. Je te concocte un fromage de femme avec ça, mais goûteux le truc » par exemple, si t’as pas le sourire de François derrière, c’est compliqué... Il est attachant car c’est le pote qu’on a tous eu, le mec à côté de la plaque qui n’a pas tous les codes mais qui est entier.
A quel moment Pierre Niney est-il venu se greffer sur le film ?
Je l’ai rencontré quelques mois avant la sortie de J’aime regarder les filles. Il y a eu un vrai coup de foudre amical. Il m’a proposé d’écrire sa shortcom pour Canal + Casting(s) avec lui et Ali (Marhyar) et de jouer le directeur de casting. On bossait bien ensemble et on est devenu de plus en plus amis. Que Pierre soit dans le film est devenu une évidence. Et puis il s’entendait très bien aussi avec François. Ils ont une énergie complémentaire, ils s’alimentent l’un l’autre. Ils trouvent ce qu’on appelle une « phase » et ils se challengent pour trouver la façon la plus drôle de demander l’heure à un sourd sans utiliser les mains par exemple, ça peut durer des heures... Ils sont inépuisables. Je pars souvent en vacances avec eux, quand je rentre à Paris, je suis lessivé !
Samuel, son personnage, est celui par qui les emmerdes arrivent. Le fils de bourge qui détourne l’argent de papa pour payer ses cours de comédie...
Oui. Au départ, je n’avais pas trop envie d’en faire un comédien en herbe parce que les films qui parlent de films ou d’acteurs, c’est parfois compliqué. Mais en même temps, Sam ment et se met en scène exactement comme un acteur donc ça faisait trop sens pour qu’on l’enlève. Ce qui fait tout partir en couille, c’est qu’il n’a plus les moyens de tenir sa promesse à ses amis et qu’il ne veut surtout pas les décevoir.
Pourquoi as-tu ajouté une fille à la bande par rapport à ton court ?
J’avais envie de rendre hommage aux filles que je connais, des filles qui ont plus de couilles que les garçons ! Julia est à la fois un garçon manqué et une nana jolie, pour moi c’est très sexy. J’ai beaucoup d’amies filles avec lesquelles il n’y a aucune ambiguïté, ça m’a permis de les approcher de près et de voir vraiment comment elles se comportent entre elles. En vrai j’aimerais beaucoup écrire un jour sur une bande de filles ! Après l’amitié fille/garçon parfois ça « bifurque » un peu mais c’est souvent de belles histoires… Dans le film, le fait qu’il y ait une fille dans la bande va provoquer plein de choses, c’était une embellie pour moi en tant que scénariste.
Comment as-tu trouvé ta Julia ?
Je cherchais une fille très désirable et en même temps, une fille dont tu sens qu’elle peut t’envoyer bouler comme un mec. Une nana capable de passer une soirée avec des types qui pètent et qui rotent, et qui s’en fout. Margot m’a renvoyé ça, elle peut paraitre froide, dure, donner l’impression d’être un bulldozer et une seconde plus tard, être fragile et tendre.
Vadim, ton personnage, c’est un peu celui qui donne le "la" dans la bande...
Je ne me suis pas forcément donné le beau rôle. Vadim, c’est peut-être le mec le plus rationnel, le plus angoissé et certainement pas le plus courageux. Il peut adorer un ami et en même temps, s’il le voit débarquer avec un cadavre dans le coffre, sa première réaction va être de flipper et de penser aux conséquences. Vadim représente ces potes qui en première intention, peuvent te dire « Tu t’es mis dans la merde tout seul donc démerde-toi ». Je voulais aussi parler de ça : c’est quoi un bon copain ? Jusqu’où on va pour un ami ?
Nestor, le bogosse queutard, est celui qui la ramène le moins.
Nestor m’a été inspiré par un pote franco-congolais. Un gars hyper timide, toujours nickel, qui avait un succès de fou. J’avais besoin d’un personnage moins bavard qui puisse exister physiquement et qui soit très beau. Observateur et ténébreux, Nestor c’est le genre de mec qui repart avec la meuf à qui tu fais des vannes depuis le début de la soirée, sans lui avoir dit un mot. Idrissa avait naturellement cette grâce, cette élégance, ce port de tête...
PIERRE NINEY/SAMUEL
« Je connais Igor et François (Civil) depuis 6 ans. On a eu un vrai coup de foudre amical. Avec Igor, on a très vite parlé de caméra, de séries, de cinéma américain, du Péril jeune… Il m’a montré son court et là, j’ai vu qu’il avait mis toute sa vie dedans, toutes ses économies, celles de ses amis et de sa famille, pour réaliser ce film sur la jeunesse, sur l’amitié. L’amitié est une valeur au centre de nos vies à tous les trois. On s’est aussi tout de suite évidemment beaucoup marré ensemble. Le rire est notre moyen de communication préféré, il libère et nous permet de nous dire beaucoup de choses en réalité ! Alors faire ce film avec eux était une façon de prolonger tout ça. En plus, entre Yves Saint-Laurent et Un homme idéal, deux films à l’ambiance et à la préparation lourdes, j’avais très envie d’une comédie plus légère, dans une forme d’insouciance presque. Mais avec la volonté de le faire bien, de défendre le genre « comédie » que j’adore, parfois trop déprécié en France. »
Samuel
« Il est le contre-exemple du proverbe : « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ». C’est un jeune homme dans l’air du temps, pour qui l’amour des autres est primordial. Il a un problème de confiance en lui, il a peur de perdre les gens qu’il aime et de les décevoir, alors il ne fait pas forcément les bons choix. Souvent ça passe par une forme de positivisme, d’optimisme tellement poussé que ça confine à la mythomanie. Il veut être comédien mais il n’est pas forcément bon, ce côté passionné mais médiocre me plaisait aussi. Pas aussi bon acteur que menteur. Avec Igor et François, on aime bien l’imperfection, les trucs qui déconnent, que ce soit dans les personnages, les dialogues, les situations. Ça, c’est un vrai truc propre à notre génération : l’amour pour le médiocre qui peut devenir génial. On retrouve beaucoup ça chez les frères Coen ou chez Judd Apatow. Tourner une scène et la laisser vivre, balbutier, trébucher, comme dans la vie, c’est ça qui nous fait le plus rire ou nous émeut. La médiocrité peut être à la fois drôle, belle et touchante. »
Samuel et Timothée
« Tim est le meilleur sidekick de comédie. Il y a une symbiose improbable entre ces deux personnages. François Civil est un génie de comédie. Vraiment. Il est incroyable dans le rôle de Tim, c’est le coloc de Coup de foudre à Notting Hill ! On l’aime parce qu’il est à la fois nul, génial et touchant. François a toujours un temps de retard, et ce retard créé un contre-temps bien précis, comme en musique, et c’est aussi ça qui le rend hilarant. J’ai rarement senti une telle connexion avec un acteur, jouer avec lui c’était comme une drogue. On redoutait évidemment les fous rires pendant nos scènes. On se connaît tellement que quand on voit l’œil de l’autre qui frise, on est capable de partir en vrille et de ne jamais revenir. »
Génération Five
« Souvent dans les comédies, les dialogues de « djeuns » sont écrits par des scénaristes de 40 ou 50 ans, du coup ils ne sonnent pas forcément justes. Five est un film fait par des jeunes pour des jeunes. C’est une comédie « en immersion », sans filtre, moderne et libre, avec une forte énergie, sur ce que peut être une bande de potes aujourd’hui. Igor a une vraie patte. Non seulement il sait ce qu’est une belle image, mais je trouve que son écriture a parfois quelque chose des dialogues d’Audiard, dans la précision des répliques, le choix des mots un peu désuets qu’il affectionne par exemple, et en même temps, elle est très contemporaine. Dans une bande, tu crées toujours ton propre langage, une sorte de mini-culture. Là, c’est un mélange d’argot et de néologismes. Du Parrain à Star Wars en passant par Apatow, le cinéma, c’est toujours l’idée de choper les codes d’un microcosme et de rentrer en immersion dans cette nouvelle famille. C’est ce que réussit à faire Igor avec Five. »
Le plus gros fou rire
« Five m’a apporté les plus grands fous rires de ma vie. Ok, ça fait refaire des prises, ça met en retard, mais ça transpire à l’écran forcément, un moment ou un autre. La scène avec Pascal Demolon et Fanny Ardant a été un must. Je devais dire « Pinocchio » avec l’accent italien pour me la jouer à la fin de la scène. J’ai dû faire 70 prises au bas mot. C’est la première fois de ma vie où j’en ai enchaîné autant. Je devenais fou, j’allais prendre l’air dans le jardin entre deux fous rires, je revenais et je recommençais. J’étais en craquage nerveux tellement on riait. Pascal nous faisait hurler de rire avec son peignoir rouge, et Fanny Ardant jouait tellement bien l’actrice défoncée qu’elle restait complètement à l’ouest toute la journée. C’était absurde, on était dans une scène de Beckett ! »
L’amitié, c’est…
« Rare ! Une des meilleures définitions que je connaisse, c’est un vers de La Fontaine : « Chacun se dit ami ; mais fou qui s’y repose : Rien n’est plus commun que le nom, rien n’est plus rare que la chose. »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« Entre autres, deux secondes après l’avoir eu au téléphone, j’ai sauté dans un train de nuit pour aller consoler un ami en Espagne déprimé à cause d’une fille. J’ai aussi un jeu avec des potes depuis le primaire et le collège qui consiste à relever les défis des autres, et t’as intérêt à le faire pour pas baisser dans leur estime ! Donc quand on part en vacances ensemble, on écrit tous des défis qu’on met dans un chapeau et tous les matins, on en tire un. Je me suis retrouvé à prendre une douche en caleçon avec du gel douche en plein Time Square à New York, ou à ne pas parler pendant une semaine et demie… tout ça pour régaler mes potes ! »
Réplique préférée
«Mon frérot, mon frangin, mon pote, mon acolyte, mon sos’, mon compère, en fait c’est plein de mots pour parler d’un truc rare : quelqu’un qui est ni ta famille, ni ton amoureux, mais que t’aime quand même profondément.»
IDRISSA HANROT/NESTOR
Rencontre
« On s’était vaguement croisé à une soirée avec Igor, il était au lycée avec le copain de ma sœur ! Il s’est souvenu de moi pour le rôle de Nestor. Il m’a fait passer des essais puis m’a demandé de prendre des cours de théâtre avec un coach. Je n’avais jamais joué auparavant, je ne possédais aucune base. J’avais juste fait un peu de mannequinat pour payer mes études, bossé dans une agence artistique et comme assistant de production chez Stone Angels. Moi, à la base, ce qui m’intéresse, c’est la production. D’ailleurs, je suis en train de monter ma boîte ! Five a été une super expérience pour moi parce que du coup, j’avais un poste d’observation privilégié ! »
Nestor
« Il est un peu en retrait dans la bande. Il ambitionne de devenir avocat et il se concentre là-dessus. C’est un control freak et en même temps il a une grosse faiblesse : il saute sur tout ce qui bouge. Avec les femmes, il perd les pédales. »
Nestor et la bande
« C’est le plus indépendant. Il est un peu la voix de la raison. Comme il ne parle pas beaucoup, quand il l’ouvre, on l’écoute. Comme Igor, François et Pierre étaient très proches, pour créer un esprit de groupe, on est parti ensemble dans une grande maison à Avignon avec Margot. C’était super, il faisait beau, on a fait du paint-ball, du trampoline, la fête et un peu travaillé aussi ! Ils ont fait en sorte que Margot et moi, on s’intègre. Quand tu es face à eux, tu es forcement impressionné tellement ils maîtrisent l’art du jeu, le timing, le placement par rapport à la caméra, etc. »
Génération Five
« Mais l’univers d’Igor est tellement riche, il est à la fois tellement drôle et sensible, qu’il en fait un film générationnel sur l’amitié en montrant très bien cette étape où tu te construis en tant que jeune adulte. »
Le plus gros fou rire
« La scène où Sam et Tim sont sous ecstas. Quand Pierre et François sont lancés, ils peuvent aller super loin ! Moi, je devais assister à leur show et jouer le mec qui reste de marbre. Pierre dansait devant moi en faisant n’importe quoi, ils se propulsaient sur le canapé, se jetaient par terre, François a même explosé une table en tombant… Très très dur de garder son sérieux ! »
L’amitié, c’est…
« Sacré ! »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« J’ai menti, porté le chapeau pour couvrir les conneries des autres, accouru au milieu de la nuit… Des choses normales, finalement ! »
Réplique préférée
Quand Vadim dit à Julia, allongés sur le lit en train de mater un film : « Non, c’est pas ça, moi, je les aime bien tes poils, mais c’est juste que je vois même plus les sous-titres quand t’es à côté de moi ! »
MARGOT BANCILHON/JULIA
Rencontre
« Je connaissais François depuis un téléfilm, Tiger Lily, dans lequel j’interprétais sa mère jeune ! J’avais croisé Igor et Pierre à plusieurs occasions, notamment pour les Talents Cannes Adami où ils avaient présenté un court-métrage la même année où je jouais dans celui de Tomer Sisley. Un jour, Igor m’a contacté sur Facebook pour me parler de son projet de long et peu de temps après, j’ai passé des essais. D’ailleurs François était là pour me donner la réplique et on a beaucoup rigolé. Effectivement, ça n’a pas été évident de trouver sa place dans ce groupe, mais je crois que c’est aussi naturel, ça prend du temps, les rencontres. Mais quand la rencontre a eu lieu, ça a été vraiment chouette car au-delà d’être des comédiens talentueux, ce sont des personnes généreuses et chaleureuses. Et puis l’envie d’Igor, c’était de montrer le groupe comme une entité, pas de sectoriser : 4 mecs + une nana. L’important, c’était d’essayer de construire un quintet.
Julia
« Au départ, j’envisageais Julia dans le stéréotype du garçon manqué qui peut parler les jambes écartées et avec un côté plus brut. Et puis en travaillant avec Igor, on a affiné le personnage. Je pense que Julia est une fille de caractère mais on n’a pas pour autant gommé sa féminité. Je n’ai pas été dépaysée par le fait d’être la fille de la bande car il s’avère que j’ai grandi avec des frères et qu’au lycée, j’avais un groupe d’amis composé essentiellement de garçons. Donc j’ai retrouvé des ambiances familières et c’est cette atmosphère qui m’a séduite sur le projet. »
Julia et Vadim
« Elle est sincèrement amoureuse de Vadim mais elle veut garder le secret sur sa relation avec lui parce qu’elle a peur de déséquilibrer le groupe, cette amitié qu’ils partagent depuis l’enfance. Entre eux, c’est un peu l’amour vache parce que sa priorité, c’est la bande ! »
Génération Five
« Au-delà d’un film de potes, c’est un film sur une génération avec ses codes, son vocabulaire. Il y a une fraîcheur dans l’humour que je n’ai pas vue dans d’autres films. Mon petit frère de 16 ans s’est reconnu dans le scénario et mon père, à qui j’ai raconté deux ou trois trucs, a beaucoup rigolé. On peut soit s’identifier, soit découvrir comment les jeunes parlent aujourd’hui. Avec Igor, Pierre et François, j’ai été initiée à tout un jargon qui m’était inconnu jusqu’alors, et à force de traîner avec eux, c’est un peu devenu le mien ! Le film est truffé de ces expressions cultes. « Mimolette » pour dire « mi-molle » dans le film, ça me fait mourir de rire. Maintenant, j’utilise la mimolette pour dire tout et n’importe quoi, genre « Là, j’étais un peu en mimolette ! »
Le plus gros fou rire
« La scène de Sam et Tim sous ecstasy. Ils jouent tellement bien les mecs perchés que c’était intenable ! Heureusement, il y a plusieurs plans où je suis de dos, car rien que de tenir le regard sans exploser de rire était difficile. En plus, comme ils sont très inventifs, à chaque nouvelle prise, ils proposaient quelque chose de différent, c’était impro sur impro, donc on n’avait jamais le temps de s’habituer, ils ne faisaient que nous surprendre. Le duo Pierre/François est très fort, ils s’appuient l’un sur l’autre pour surenchérir en permanence, c’est du punching-ball. Tu prends vraiment plaisir à être spectateur devant eux, c’est toujours de nouvelles blagues, de nouveaux jeux. Un vrai show ! »
Les amis, c’est…
« Ce qu’il y a de plus important dans la vie. Il faut en prendre soin. Moi, mes amis, je les compte sur les doigts d’une main. Je les aime et pour rien au monde je ne voudrais que ça s’arrête. »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« Dépenser sans compter pour un pote en galère, débarquer en pleine nuit, sauter dans un train pour aller rejoindre une amie en détresse à l’étranger... Mais je crois que c’est sur la longueur que l’on voit la richesse d’une amitié, pas sur un truc en particulier. »
Réplique préférée
Quand Julia insulte son patron en disant : « Ta petite gueule de suceur versaillais, ton chandail de vieillard et tes mocassins d’avaleur de chibre ! »
FRANÇOIS CIVIL
Rencontre
« J’ai rencontré Igor en 2010, lors du casting de son court-métrage intitulé Five lui aussi. Il ne voulait pas me voir parce que je ne correspondais pas physiquement au rôle, mais sa directrice de casting a insisté. Merci à elle ! Sur le court, Igor était déjà un réalisateur accompli. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir écrit un rôle comme celui de Timothée. J’ai ensuite rencontré Pierre en suivant Igor lors d’une soirée mouvementée dans les rues de Paris en 2011, ça a fait « clic ». On a immédiatement déliré et ça ne s’est jamais vraiment arrêté depuis. Igor, Pierre et moi, on a tout de suite connecté dans le jeu. On se pousse les uns les autres à être le plus inventif, le plus drôle possible, c’est une compétition saine. On « phase » sans arrêt, comme on dit. Une soirée avec nous c’est sans doute fatigant pour les autres, mais c’est là qu’on se sent vibrer. »
Timothée
« Tim est encore un enfant. Il n’a pas trop conscience de ce qu’il fait, de ce qu’il dit. Il vit dans le moment présent, sans trop se soucier de quoi que ce soit, toujours optimiste. Ça ne va pas très vite dans sa tête, mais c’est un bon gars et il est prêt à tout pour ses potes. En fait, je ne crois pas à son côté un peu « à la ramasse » … Mais peut-être que je me trompe ! Pour moi aussi, l’amitié est une valeur forte. J’ai gardé des potes depuis la crèche ! Je connais mes meilleurs amis depuis plus de 20 ans… »
Timothée et Samuel
« Sam et Tim, c’est la dynamique classique leader/boulet. Le duo repose là-dessus, mais aussi sur la forte amitié qui les lie. Comme Pierre et moi sommes amis dans la vie, on n’avait pas à se soucier de créer cette complicité. On a pu se concentrer sur le comique de nos personnages, des situations, et aiguiser au maximum le timing comme on aime le faire. Pierre m’a déjà dirigé dans un court-métrage et sur sa série « Casting(s) », et c’est à chaque fois une chance et un plaisir immenses de bosser avec lui. Je lui dois beaucoup. Cette fois ci, j’ai pu voir de l’intérieur comment il abordait un film et travaillait un personnage, ça m’a beaucoup impressionné. C’est sans aucun doute l’acteur le plus doué de notre génération. »
Génération Five
« Le film parle de fraternité, de solidarité. On entend tout le temps que tout va mal, que la jeunesse est en perte de valeurs. Moi, je ressens de la bienveillance et je remarque beaucoup d’entraide au sein de ma génération. Bien qu’il y ait un scénario et des personnages écrits par Igor, le fait que cette bande de potes existe dans la vie fait que rien n’est fabriqué. Je pense que ce niveau de vérité dans nos rapports se ressent en voyant le film. On a la sensation de faire connaissance avec une tribu qui a ses propres habitudes, son propre langage. »
Le plus gros fou rire
« La scène ou Sam et Tim rencontrent le personnage de Barnabé… On a mis 3h à la mettre en boîte ! J’avais autour de moi une Fanny Ardant parfaitement « bancale », un Pascal Demolon au top niveau de l’impro et un Pierre qui propose des idées totalement improbables. Je me mordais les joues pour ne pas exploser de rire. »
L’amitié, c’est…
« La famille qu’on se choisit. »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« J’ai un principe avec un de mes meilleurs amis : tout ce qu’il fait, je dois le faire aussi. C’est comme ça que je me suis retrouvé à exécuter un saut de 15 mètres dans l’eau alors que je n’étais pas du tout chaud au départ ! »
Réplique préférée
« J’aime bien cette réplique toute simple adressée à Sam, qui résume assez bien mon personnage : « Parfois, c’est pas parfait, mais c’est pas grave... » »
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Entretien IGOR GOTESMAN
J'ai découvert FIVE lors d'une avant-première publique le 10 mars 2016. Après la projection, l'équipe du film - son réalisateur/acteur Igor Gotesman et les acteurs Pierre Niney, François Civil, Margot Bancilhon & Idrissa Hanrot - ont eu la gentillesse de venir répondre aux questions des spectateurs. Retrouvez ce moment d'échange dans les vidéos ci-dessous (attention, elles contiennent des spoilers) :
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Comment en es-tu arrivé à écrire, réaliser et interpréter ton premier film, Five ?
A vrai dire c’était pas gagné ! J’ai commencé par faire des études de droit. Jusqu’au jour où je suis allé voir Les Indestructibles. Ce dessin animé Pixar sur des super héros qu’on essaie de forcer à être normaux et dont la vraie nature revient au galop, a été un vrai déclic. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie d’être acteur pour ne pas me réveiller dans 6 ans dans la peau d’un avocat et passer la fin de ma vie à raser les murs devant les cinémas. En passant mes premiers castings, je me suis vite rendu compte que j’avais plutôt un physique pour jouer les sidekick dans les comédies comme Jason Segel ou Chris Pratt, mais en même temps j’avais pas l’âge. On me voyait pour faire des vigiles, des gardes du corps, et en même temps, je n’avais pas vraiment la tête à ça avec ma fossette et ma tête de gentil. Alors j’ai eu envie d’écrire mes propres rôles. Et grâce à ça, je me suis rendu compte que ce que je voulais vraiment faire, c’était écrire et réaliser.
C’est à ce moment-là que tu as écrit ton court-métrage, qui contenait déjà en germe tout ton long-métrage ?
Oui. Je me suis dit qu’il fallait que je commence par écrire une histoire qui me ressemble, une histoire d’amitié. Je l’ai produit grâce à mon coloc, des potes, mes parents, mes grands-parents - à l’époque j’ai mis dans mon film tout l’argent que j’avais gagné en enchaînant les petits jobs, de croupier au cercle Wagram à voiturier, comme dans le film ! J’ai pu le tourner en 2010. Après quasiment un an de post-production, on a projeté le film au Gaumont Opéra en novembre 2011. J’ai alors rencontré plusieurs producteurs. François Kraus avait produit un des seuls films pour lequel j’avais été payé en tant qu’acteur (Deux vies plus une, d’Idit Cebula), et il s’était retrouvé par hasard à la projection de mon court, je me suis dit que c’était un signe et j’ai signé avec les Films Du Kiosque. Au début, la question, ce n’était pas « Comment développer le court en long ? » mais plutôt « T’as quoi d’autre en boutique ? » Et puis à un moment, ça s’est imposé tout seul : c’est cette histoire-là que je voulais raconter. Il restait à trouver le prétexte pour mettre à l’épreuve cette amitié.
C’est un film authentique sur l’amitié, la famille qu’on se choisit. Tu es du genre à avoir les mêmes amis depuis le CP ?
Oui, j’ai les mêmes potes depuis le primaire, le collège et le lycée. Depuis que j’ai 23 ans, je vis en coloc avec un copain rencontré en seconde. On file le parfait amour, on est un peu comme Chandler et Joey dans Friends, une de mes références ! Un ami, c’est quelqu’un que tu choisis vraiment. Interrompre tes vacances parce qu’un pote ne va pas bien a une autre valeur que si c’était ton frère parce que tu n’es pas obligé de le faire.
Tu décris le film comme un « documentaire animalier sur les 25 ans »...
Je voulais qu’en voyant mon film les spectateurs découvrent l’univers d’une tribu avec ses codes, ses habitudes et son propre langage. C’est dans ce sens que je parle de mon film comme d’un documentaire animalier. Après, à 25 ans, il y a une sorte de ventre mou, tout le monde est à un moment différent de sa vie, certains travaillent déjà, d’autres changent d’orientation ou galèrent dans leur branche. Il n’y a pas de rites de passage qui m’auraient aidé à écrire une chronique, il n’y a pas le bac comme à 18 ans, alors il fallait que je trouve une problématique qui allait jouer comme un accélérateur de particules, d’où l’histoire du deal et de la drogue à écouler. Ils ont leur propre langage, leur propre vocabulaire. Il y a des mots destinés à devenir cultes comme la « gênance » ou le « fiono »... Ça me ferait marrer qu’après le film, les gens reprennent ces expressions ! C’est impossible de retracer la genèse de chaque mot. La « gênance », j’ai l’impression de l’avoir inventé par exemple, mais comme François, Pierre et sûrement plein d’autres gens dans le monde ! On parle comme ça dans la vie, on ne sait jamais vraiment d’où ça sort, ça « surgit ».
Tu avais des références ou des contre-références en tête ?
J’ai toujours aimé l’humour cul-pipi-caca. Les vannes trash sont plutôt l’apanage du cinéma anglo-saxon. J’adore SuperGrave ou En Cloque, mode d’emploi et en général les productions Apatow. Même dans Juno, il y avait une vraie liberté à faire parler une gamine de 14 ans comme un charretier. Coté français, bizarrement, une de mes grandes références est La haine. Pour beaucoup ce film est d’abord un film social mais comme je l’ai vu très jeune, je l’ai d’abord perçu comme une comédie, et ça n’a jamais changé. Le rythme, l’écriture, la liberté des dialogues et la quotidienneté des situations de ce film m’ont depuis toujours beaucoup inspiré. Le Péril jeune ou L’auberge espagnole m’ont aussi marqué dans le genre film générationnel, et La crise a bercé mon enfance. Je ne comprenais rien au film mais je voyais bien à quel point l’écriture était ciselée. Ce que j’aspire à éviter par-dessus tout, c’est le défaut des premiers longs où tu t’excuses de faire un film juste sur des potes, alors du coup, tu rajoutes artificiellement une histoire plus dramatique à côté et au final ça donne souvent l’effet d’un film qui veut être pour les 7 à 77 ans. Je n’y crois pas. C’est comme le menu terre mer, parfois ça marche, mais souvent c’est dégueulasse. Je préfère la jouer classique avec une bonne entrecôte ! Tout ça n’empêche évidemment pas de mettre de l’émotion dans le film, heureusement.
Quels étaient tes partis pris de mise en scène ?
J’ai toujours déploré que certains cinéastes qui excellent dans l’art de la comédie oublient qu’ils font aussi du cinéma. Il fallait mettre de l’énergie pas seulement dans la vanne mais aussi à l’image. Je me suis battu pour tourner en scope avec des vrais objectifs anamorphiques. C’est plus compliqué car les objectifs étant moins lumineux, il faut plus éclairer et les scènes de nuit sont difficiles à gérer. Et puis je n’avais pas envie d’une caméra posée, je voulais des caméras mobiles. La scène où Sam et Tim prennent des ecstas par exemple, j’ai tenu à faire un plan séquence dans la cage d’escalier pour montrer qu’ils « montaient », dans tous les sens du terme. Il a fallu faire venir de Belgique une grue, une « tower cam », qui monte et tourne en même temps, c’était compliqué mais je suis content d’avoir insisté pour qu’on le fasse. Pour la lumière, je souhaitais une lumière suédoise. On a repeint l’appart en bleu et en gris pour que ça se marie bien avec le bois. J’ai fait construire le grand bar de la cuisine en bois en essayant de respecter le format du scope pour que ça donne une sorte de cadre dans le cadre. Sans avoir la prétention de réinventer le cinéma, c’était important pour moi de m’appliquer et d’être exigeant.
Comment as-tu rencontré François Civil qui est à la fois dans ton court et dans ton long ?
Pendant le casting du court ! Au début, sur photo, c’était pas du tout le profil que je recherchais pour jouer Timothée. Moi je voulais un grand blond bogosse mais qui l’ignore et se saborde. François faisait très jeune mais on s’est quand même rencontré ! Le jour du casting, il est arrivé avec un petit gilet de concertiste en satin, une chemise blanche et un catogan, c’était pas du tout le rôle ! Mais on s’est tout de suite super bien entendu et surtout il a fait des super essais. Très vite, on est devenu potes. François, c’est un petit mowgli, un enfant sauvage, il dégage une énergie incroyablement libre. Grâce à ça, j’ai appris qu’il ne faut jamais se braquer sur le physique d’un acteur avant de voir ce qu’il a à proposer pour le rôle. Il faut se laisser la chance d’être surpris je crois.
Tim, son personnage, a toujours deux trains de retard. C’est sans doute le plus attachant de la bande.
Ça a été un vrai plaisir d’écrire ce personnage après avoir rencontré François, qui induit une bienveillance naturelle. Je savais que je pouvais lui faire dire des répliques atroces qui choquaient sur le papier et qu’on lui pardonnerait tout. « Ça c’est de la mamelle, ça me donne envie de les presser, d’en extraire le lait. Je te concocte un fromage de femme avec ça, mais goûteux le truc » par exemple, si t’as pas le sourire de François derrière, c’est compliqué... Il est attachant car c’est le pote qu’on a tous eu, le mec à côté de la plaque qui n’a pas tous les codes mais qui est entier.
A quel moment Pierre Niney est-il venu se greffer sur le film ?
Je l’ai rencontré quelques mois avant la sortie de J’aime regarder les filles. Il y a eu un vrai coup de foudre amical. Il m’a proposé d’écrire sa shortcom pour Canal + Casting(s) avec lui et Ali (Marhyar) et de jouer le directeur de casting. On bossait bien ensemble et on est devenu de plus en plus amis. Que Pierre soit dans le film est devenu une évidence. Et puis il s’entendait très bien aussi avec François. Ils ont une énergie complémentaire, ils s’alimentent l’un l’autre. Ils trouvent ce qu’on appelle une « phase » et ils se challengent pour trouver la façon la plus drôle de demander l’heure à un sourd sans utiliser les mains par exemple, ça peut durer des heures... Ils sont inépuisables. Je pars souvent en vacances avec eux, quand je rentre à Paris, je suis lessivé !
Samuel, son personnage, est celui par qui les emmerdes arrivent. Le fils de bourge qui détourne l’argent de papa pour payer ses cours de comédie...
Oui. Au départ, je n’avais pas trop envie d’en faire un comédien en herbe parce que les films qui parlent de films ou d’acteurs, c’est parfois compliqué. Mais en même temps, Sam ment et se met en scène exactement comme un acteur donc ça faisait trop sens pour qu’on l’enlève. Ce qui fait tout partir en couille, c’est qu’il n’a plus les moyens de tenir sa promesse à ses amis et qu’il ne veut surtout pas les décevoir.
Pourquoi as-tu ajouté une fille à la bande par rapport à ton court ?
J’avais envie de rendre hommage aux filles que je connais, des filles qui ont plus de couilles que les garçons ! Julia est à la fois un garçon manqué et une nana jolie, pour moi c’est très sexy. J’ai beaucoup d’amies filles avec lesquelles il n’y a aucune ambiguïté, ça m’a permis de les approcher de près et de voir vraiment comment elles se comportent entre elles. En vrai j’aimerais beaucoup écrire un jour sur une bande de filles ! Après l’amitié fille/garçon parfois ça « bifurque » un peu mais c’est souvent de belles histoires… Dans le film, le fait qu’il y ait une fille dans la bande va provoquer plein de choses, c’était une embellie pour moi en tant que scénariste.
Comment as-tu trouvé ta Julia ?
Je cherchais une fille très désirable et en même temps, une fille dont tu sens qu’elle peut t’envoyer bouler comme un mec. Une nana capable de passer une soirée avec des types qui pètent et qui rotent, et qui s’en fout. Margot m’a renvoyé ça, elle peut paraitre froide, dure, donner l’impression d’être un bulldozer et une seconde plus tard, être fragile et tendre.
Vadim, ton personnage, c’est un peu celui qui donne le "la" dans la bande...
Je ne me suis pas forcément donné le beau rôle. Vadim, c’est peut-être le mec le plus rationnel, le plus angoissé et certainement pas le plus courageux. Il peut adorer un ami et en même temps, s’il le voit débarquer avec un cadavre dans le coffre, sa première réaction va être de flipper et de penser aux conséquences. Vadim représente ces potes qui en première intention, peuvent te dire « Tu t’es mis dans la merde tout seul donc démerde-toi ». Je voulais aussi parler de ça : c’est quoi un bon copain ? Jusqu’où on va pour un ami ?
Nestor, le bogosse queutard, est celui qui la ramène le moins.
Nestor m’a été inspiré par un pote franco-congolais. Un gars hyper timide, toujours nickel, qui avait un succès de fou. J’avais besoin d’un personnage moins bavard qui puisse exister physiquement et qui soit très beau. Observateur et ténébreux, Nestor c’est le genre de mec qui repart avec la meuf à qui tu fais des vannes depuis le début de la soirée, sans lui avoir dit un mot. Idrissa avait naturellement cette grâce, cette élégance, ce port de tête...
PIERRE NINEY/SAMUEL
« Je connais Igor et François (Civil) depuis 6 ans. On a eu un vrai coup de foudre amical. Avec Igor, on a très vite parlé de caméra, de séries, de cinéma américain, du Péril jeune… Il m’a montré son court et là, j’ai vu qu’il avait mis toute sa vie dedans, toutes ses économies, celles de ses amis et de sa famille, pour réaliser ce film sur la jeunesse, sur l’amitié. L’amitié est une valeur au centre de nos vies à tous les trois. On s’est aussi tout de suite évidemment beaucoup marré ensemble. Le rire est notre moyen de communication préféré, il libère et nous permet de nous dire beaucoup de choses en réalité ! Alors faire ce film avec eux était une façon de prolonger tout ça. En plus, entre Yves Saint-Laurent et Un homme idéal, deux films à l’ambiance et à la préparation lourdes, j’avais très envie d’une comédie plus légère, dans une forme d’insouciance presque. Mais avec la volonté de le faire bien, de défendre le genre « comédie » que j’adore, parfois trop déprécié en France. »
Samuel
« Il est le contre-exemple du proverbe : « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ». C’est un jeune homme dans l’air du temps, pour qui l’amour des autres est primordial. Il a un problème de confiance en lui, il a peur de perdre les gens qu’il aime et de les décevoir, alors il ne fait pas forcément les bons choix. Souvent ça passe par une forme de positivisme, d’optimisme tellement poussé que ça confine à la mythomanie. Il veut être comédien mais il n’est pas forcément bon, ce côté passionné mais médiocre me plaisait aussi. Pas aussi bon acteur que menteur. Avec Igor et François, on aime bien l’imperfection, les trucs qui déconnent, que ce soit dans les personnages, les dialogues, les situations. Ça, c’est un vrai truc propre à notre génération : l’amour pour le médiocre qui peut devenir génial. On retrouve beaucoup ça chez les frères Coen ou chez Judd Apatow. Tourner une scène et la laisser vivre, balbutier, trébucher, comme dans la vie, c’est ça qui nous fait le plus rire ou nous émeut. La médiocrité peut être à la fois drôle, belle et touchante. »
Samuel et Timothée
« Tim est le meilleur sidekick de comédie. Il y a une symbiose improbable entre ces deux personnages. François Civil est un génie de comédie. Vraiment. Il est incroyable dans le rôle de Tim, c’est le coloc de Coup de foudre à Notting Hill ! On l’aime parce qu’il est à la fois nul, génial et touchant. François a toujours un temps de retard, et ce retard créé un contre-temps bien précis, comme en musique, et c’est aussi ça qui le rend hilarant. J’ai rarement senti une telle connexion avec un acteur, jouer avec lui c’était comme une drogue. On redoutait évidemment les fous rires pendant nos scènes. On se connaît tellement que quand on voit l’œil de l’autre qui frise, on est capable de partir en vrille et de ne jamais revenir. »
Génération Five
« Souvent dans les comédies, les dialogues de « djeuns » sont écrits par des scénaristes de 40 ou 50 ans, du coup ils ne sonnent pas forcément justes. Five est un film fait par des jeunes pour des jeunes. C’est une comédie « en immersion », sans filtre, moderne et libre, avec une forte énergie, sur ce que peut être une bande de potes aujourd’hui. Igor a une vraie patte. Non seulement il sait ce qu’est une belle image, mais je trouve que son écriture a parfois quelque chose des dialogues d’Audiard, dans la précision des répliques, le choix des mots un peu désuets qu’il affectionne par exemple, et en même temps, elle est très contemporaine. Dans une bande, tu crées toujours ton propre langage, une sorte de mini-culture. Là, c’est un mélange d’argot et de néologismes. Du Parrain à Star Wars en passant par Apatow, le cinéma, c’est toujours l’idée de choper les codes d’un microcosme et de rentrer en immersion dans cette nouvelle famille. C’est ce que réussit à faire Igor avec Five. »
Le plus gros fou rire
« Five m’a apporté les plus grands fous rires de ma vie. Ok, ça fait refaire des prises, ça met en retard, mais ça transpire à l’écran forcément, un moment ou un autre. La scène avec Pascal Demolon et Fanny Ardant a été un must. Je devais dire « Pinocchio » avec l’accent italien pour me la jouer à la fin de la scène. J’ai dû faire 70 prises au bas mot. C’est la première fois de ma vie où j’en ai enchaîné autant. Je devenais fou, j’allais prendre l’air dans le jardin entre deux fous rires, je revenais et je recommençais. J’étais en craquage nerveux tellement on riait. Pascal nous faisait hurler de rire avec son peignoir rouge, et Fanny Ardant jouait tellement bien l’actrice défoncée qu’elle restait complètement à l’ouest toute la journée. C’était absurde, on était dans une scène de Beckett ! »
L’amitié, c’est…
« Rare ! Une des meilleures définitions que je connaisse, c’est un vers de La Fontaine : « Chacun se dit ami ; mais fou qui s’y repose : Rien n’est plus commun que le nom, rien n’est plus rare que la chose. »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« Entre autres, deux secondes après l’avoir eu au téléphone, j’ai sauté dans un train de nuit pour aller consoler un ami en Espagne déprimé à cause d’une fille. J’ai aussi un jeu avec des potes depuis le primaire et le collège qui consiste à relever les défis des autres, et t’as intérêt à le faire pour pas baisser dans leur estime ! Donc quand on part en vacances ensemble, on écrit tous des défis qu’on met dans un chapeau et tous les matins, on en tire un. Je me suis retrouvé à prendre une douche en caleçon avec du gel douche en plein Time Square à New York, ou à ne pas parler pendant une semaine et demie… tout ça pour régaler mes potes ! »
Réplique préférée
«Mon frérot, mon frangin, mon pote, mon acolyte, mon sos’, mon compère, en fait c’est plein de mots pour parler d’un truc rare : quelqu’un qui est ni ta famille, ni ton amoureux, mais que t’aime quand même profondément.»
IDRISSA HANROT/NESTOR
Rencontre
« On s’était vaguement croisé à une soirée avec Igor, il était au lycée avec le copain de ma sœur ! Il s’est souvenu de moi pour le rôle de Nestor. Il m’a fait passer des essais puis m’a demandé de prendre des cours de théâtre avec un coach. Je n’avais jamais joué auparavant, je ne possédais aucune base. J’avais juste fait un peu de mannequinat pour payer mes études, bossé dans une agence artistique et comme assistant de production chez Stone Angels. Moi, à la base, ce qui m’intéresse, c’est la production. D’ailleurs, je suis en train de monter ma boîte ! Five a été une super expérience pour moi parce que du coup, j’avais un poste d’observation privilégié ! »
Nestor
« Il est un peu en retrait dans la bande. Il ambitionne de devenir avocat et il se concentre là-dessus. C’est un control freak et en même temps il a une grosse faiblesse : il saute sur tout ce qui bouge. Avec les femmes, il perd les pédales. »
Nestor et la bande
« C’est le plus indépendant. Il est un peu la voix de la raison. Comme il ne parle pas beaucoup, quand il l’ouvre, on l’écoute. Comme Igor, François et Pierre étaient très proches, pour créer un esprit de groupe, on est parti ensemble dans une grande maison à Avignon avec Margot. C’était super, il faisait beau, on a fait du paint-ball, du trampoline, la fête et un peu travaillé aussi ! Ils ont fait en sorte que Margot et moi, on s’intègre. Quand tu es face à eux, tu es forcement impressionné tellement ils maîtrisent l’art du jeu, le timing, le placement par rapport à la caméra, etc. »
Génération Five
« Mais l’univers d’Igor est tellement riche, il est à la fois tellement drôle et sensible, qu’il en fait un film générationnel sur l’amitié en montrant très bien cette étape où tu te construis en tant que jeune adulte. »
Le plus gros fou rire
« La scène où Sam et Tim sont sous ecstas. Quand Pierre et François sont lancés, ils peuvent aller super loin ! Moi, je devais assister à leur show et jouer le mec qui reste de marbre. Pierre dansait devant moi en faisant n’importe quoi, ils se propulsaient sur le canapé, se jetaient par terre, François a même explosé une table en tombant… Très très dur de garder son sérieux ! »
L’amitié, c’est…
« Sacré ! »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« J’ai menti, porté le chapeau pour couvrir les conneries des autres, accouru au milieu de la nuit… Des choses normales, finalement ! »
Réplique préférée
Quand Vadim dit à Julia, allongés sur le lit en train de mater un film : « Non, c’est pas ça, moi, je les aime bien tes poils, mais c’est juste que je vois même plus les sous-titres quand t’es à côté de moi ! »
MARGOT BANCILHON/JULIA
Rencontre
Julia
« Au départ, j’envisageais Julia dans le stéréotype du garçon manqué qui peut parler les jambes écartées et avec un côté plus brut. Et puis en travaillant avec Igor, on a affiné le personnage. Je pense que Julia est une fille de caractère mais on n’a pas pour autant gommé sa féminité. Je n’ai pas été dépaysée par le fait d’être la fille de la bande car il s’avère que j’ai grandi avec des frères et qu’au lycée, j’avais un groupe d’amis composé essentiellement de garçons. Donc j’ai retrouvé des ambiances familières et c’est cette atmosphère qui m’a séduite sur le projet. »
Julia et Vadim
« Elle est sincèrement amoureuse de Vadim mais elle veut garder le secret sur sa relation avec lui parce qu’elle a peur de déséquilibrer le groupe, cette amitié qu’ils partagent depuis l’enfance. Entre eux, c’est un peu l’amour vache parce que sa priorité, c’est la bande ! »
Génération Five
« Au-delà d’un film de potes, c’est un film sur une génération avec ses codes, son vocabulaire. Il y a une fraîcheur dans l’humour que je n’ai pas vue dans d’autres films. Mon petit frère de 16 ans s’est reconnu dans le scénario et mon père, à qui j’ai raconté deux ou trois trucs, a beaucoup rigolé. On peut soit s’identifier, soit découvrir comment les jeunes parlent aujourd’hui. Avec Igor, Pierre et François, j’ai été initiée à tout un jargon qui m’était inconnu jusqu’alors, et à force de traîner avec eux, c’est un peu devenu le mien ! Le film est truffé de ces expressions cultes. « Mimolette » pour dire « mi-molle » dans le film, ça me fait mourir de rire. Maintenant, j’utilise la mimolette pour dire tout et n’importe quoi, genre « Là, j’étais un peu en mimolette ! »
Le plus gros fou rire
« La scène de Sam et Tim sous ecstasy. Ils jouent tellement bien les mecs perchés que c’était intenable ! Heureusement, il y a plusieurs plans où je suis de dos, car rien que de tenir le regard sans exploser de rire était difficile. En plus, comme ils sont très inventifs, à chaque nouvelle prise, ils proposaient quelque chose de différent, c’était impro sur impro, donc on n’avait jamais le temps de s’habituer, ils ne faisaient que nous surprendre. Le duo Pierre/François est très fort, ils s’appuient l’un sur l’autre pour surenchérir en permanence, c’est du punching-ball. Tu prends vraiment plaisir à être spectateur devant eux, c’est toujours de nouvelles blagues, de nouveaux jeux. Un vrai show ! »
Les amis, c’est…
« Ce qu’il y a de plus important dans la vie. Il faut en prendre soin. Moi, mes amis, je les compte sur les doigts d’une main. Je les aime et pour rien au monde je ne voudrais que ça s’arrête. »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« Dépenser sans compter pour un pote en galère, débarquer en pleine nuit, sauter dans un train pour aller rejoindre une amie en détresse à l’étranger... Mais je crois que c’est sur la longueur que l’on voit la richesse d’une amitié, pas sur un truc en particulier. »
Réplique préférée
Quand Julia insulte son patron en disant : « Ta petite gueule de suceur versaillais, ton chandail de vieillard et tes mocassins d’avaleur de chibre ! »
FRANÇOIS CIVIL
Rencontre
« J’ai rencontré Igor en 2010, lors du casting de son court-métrage intitulé Five lui aussi. Il ne voulait pas me voir parce que je ne correspondais pas physiquement au rôle, mais sa directrice de casting a insisté. Merci à elle ! Sur le court, Igor était déjà un réalisateur accompli. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir écrit un rôle comme celui de Timothée. J’ai ensuite rencontré Pierre en suivant Igor lors d’une soirée mouvementée dans les rues de Paris en 2011, ça a fait « clic ». On a immédiatement déliré et ça ne s’est jamais vraiment arrêté depuis. Igor, Pierre et moi, on a tout de suite connecté dans le jeu. On se pousse les uns les autres à être le plus inventif, le plus drôle possible, c’est une compétition saine. On « phase » sans arrêt, comme on dit. Une soirée avec nous c’est sans doute fatigant pour les autres, mais c’est là qu’on se sent vibrer. »
Timothée
« Tim est encore un enfant. Il n’a pas trop conscience de ce qu’il fait, de ce qu’il dit. Il vit dans le moment présent, sans trop se soucier de quoi que ce soit, toujours optimiste. Ça ne va pas très vite dans sa tête, mais c’est un bon gars et il est prêt à tout pour ses potes. En fait, je ne crois pas à son côté un peu « à la ramasse » … Mais peut-être que je me trompe ! Pour moi aussi, l’amitié est une valeur forte. J’ai gardé des potes depuis la crèche ! Je connais mes meilleurs amis depuis plus de 20 ans… »
Timothée et Samuel
« Sam et Tim, c’est la dynamique classique leader/boulet. Le duo repose là-dessus, mais aussi sur la forte amitié qui les lie. Comme Pierre et moi sommes amis dans la vie, on n’avait pas à se soucier de créer cette complicité. On a pu se concentrer sur le comique de nos personnages, des situations, et aiguiser au maximum le timing comme on aime le faire. Pierre m’a déjà dirigé dans un court-métrage et sur sa série « Casting(s) », et c’est à chaque fois une chance et un plaisir immenses de bosser avec lui. Je lui dois beaucoup. Cette fois ci, j’ai pu voir de l’intérieur comment il abordait un film et travaillait un personnage, ça m’a beaucoup impressionné. C’est sans aucun doute l’acteur le plus doué de notre génération. »
Génération Five
« Le film parle de fraternité, de solidarité. On entend tout le temps que tout va mal, que la jeunesse est en perte de valeurs. Moi, je ressens de la bienveillance et je remarque beaucoup d’entraide au sein de ma génération. Bien qu’il y ait un scénario et des personnages écrits par Igor, le fait que cette bande de potes existe dans la vie fait que rien n’est fabriqué. Je pense que ce niveau de vérité dans nos rapports se ressent en voyant le film. On a la sensation de faire connaissance avec une tribu qui a ses propres habitudes, son propre langage. »
Le plus gros fou rire
« La scène ou Sam et Tim rencontrent le personnage de Barnabé… On a mis 3h à la mettre en boîte ! J’avais autour de moi une Fanny Ardant parfaitement « bancale », un Pascal Demolon au top niveau de l’impro et un Pierre qui propose des idées totalement improbables. Je me mordais les joues pour ne pas exploser de rire. »
L’amitié, c’est…
« La famille qu’on se choisit. »
Le truc le plus fou que tu aies fait par amitié ?
« J’ai un principe avec un de mes meilleurs amis : tout ce qu’il fait, je dois le faire aussi. C’est comme ça que je me suis retrouvé à exécuter un saut de 15 mètres dans l’eau alors que je n’étais pas du tout chaud au départ ! »
Réplique préférée
« J’aime bien cette réplique toute simple adressée à Sam, qui résume assez bien mon personnage : « Parfois, c’est pas parfait, mais c’est pas grave... » »
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