vendredi 8 janvier 2016

CREED



Drame/Sport event/Un héritage parfaitement maîtrisé, une belle réussite

Réalisé par Ryan Coogler
Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Phylicia Rashad, Wood Harris, Tony Bellew, Ritchie Coster, Graham McTavish...

Long-métrage Américain
Titre original : Creed 
Durée: 02h14mn
Année de production: 2015
Distributeur: Warner Bros. France

Date de sortie sur les écrans américains : 25 novembre 2015
Date de sortie sur nos écrans : 13 janvier 2016


Résumé : Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…

Bande annonce (VOSTFR)



Featurette - Michael B. Jordan / Sylvester Stallone


Ce que j'en ai pensé : CREED m’a beaucoup plu. J’ai grandi en regardant les ROCKY et j’étais un peu inquiète sur la qualité de cet héritage par rapport à l’esprit des films d’origines. Je n’ai absolument pas été déçue.
Ryan Coogler, le réalisateur, fait un travail remarquable pour mélanger un côté 'old school' propre aux ROCKY et y insérer de la modernité pour emmener cette histoire sur le chemin de la continuité, sans répétition. Sa réalisation est nette, enthousiasmante, parfois impressionnante. Elle saisit parfaitement l’émotion de certains moments.
J’ai aimé par-dessus tout la façon dont il respecte la pudeur des sentiments des personnages. C’est un film fort en émotions, mais qui ne tombe pas dans le mélo. Elles sont amenées avec de la sensibilité. Pour un film sur la boxe, je lui ai trouvé beaucoup de délicatesse.
Il y a des références aux précédents ROCKY et elles servent intelligemment l’histoire. De plus, elles sont suffisamment bien amenées pour que les spectateurs qui n’en ont vu aucun auparavant ne soient pas perdus et profitent du film à 100%.
Les acteurs sont supers ! Sylvester Stallone reprend son rôle de Rocky Balboa et, vraiment, on retrouve cette personnalité simple et généreuse. C’est le même gars de Philly des années plus tard. Il n’a pas changé, seul son âge lui impose des barrières physiques. Il est excellent.




Michael B. Jordan est parfait dans le rôle d’Adonis Johnson. Il est extrêmement crédible physiquement et très attachant. Il incarne impeccablement le lien entre la boxe du passé et celle du présent.




Rocky et Adonis forment un duo qui fonctionne à merveille.




Tessa Thompson incarne Bianca, une jeune femme de caractère. Elle apporte la modernité et son charme à l’histoire.


Phylicia Rashad interprète Mary Anne Creed. Elle a la classe naturelle qu’il faut à ce rôle et sait rendre très lisibles les émotions de son personnage sans jamais en faire trop.


Ce CREED est un coup de cœur pour moi. Il réunit tout ce que je souhaitais trouver dans cette suite. J’adore son message positif, au-delà de toutes les difficultés. C’est une vraie réussite que je vous conseille absolument.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
Un grand boxeur a dit un jour "Ce n'est pas la force de tes coups qui compte, mais c'est celle avec laquelle tu peux être frappé et te relever".Adonis Johnson 
Devenir un champion de boxe de renommée mondiale demande beaucoup de courage et de détermination. Mais même s'il a la boxe dans le sang, Adonis Johnson a besoin d'un guide : Rocky Balboa. Pour sortir de l'ombre d'Apollo Creed, ce père qu'il n'a jamais connu, Adonis doit faire remonter Rocky sur le ring. L'ancien champion a beau s'être éloigné du monde de la boxe, Adonis lui rappelle le jeune homme endurci et fougueux qu'il a lui–même été. Après quelques hésitations, Rocky accepte de l'entraîner, à sa façon. Pour le scénariste et réalisateur Ryan Coogler, revisiter cette histoire d'antihéros – qui a commencé avec ROCKY – est un projet qu'il avait envisagé avant même la fin de ses études de cinéma. 

"J'ai grandi en regardant les films de ROCKY avec mon père, c'était notre passion commune", déclare-t-il. "Rocky est un personnage auquel les spectateurs s'identifient, qu'il s'agisse des fans de cinéma d'action ou de drames, des incurables romantiques et même des simples cinéphiles : tout le monde aime cette saga car tout le monde s'y projette". Avant qu'Adonis puisse convaincre Rocky de faire son retour, il a fallu que Coogler se sente légitime pour s'emparer du personnage légendaire et que Stallone accepte d’enfiler à nouveau ses gants de boxe. Autant dire qu'il a dû attendre l'assentiment de la star. Stallone, également producteur, a campé l’une des figures les plus aimées et les plus emblématiques de l'histoire du cinéma dans les six épisodes de la saga ROCKY tournés sur près de quatre décennies. 

"L'impression que Rocky fait sur les gens est pour moi déconcertant et sidérant", commente l'acteur. "C'est pour cela que j'ai toujours ressenti une grande responsabilité vis-à-vis de ce personnage et que j'ai cherché à le préserver. Du coup, quand Ryan m'a contacté dans l'idée de raconter une histoire autour d'Adonis Creed, j'ai trouvé incroyable qu'un si jeune cinéaste soit autant fasciné par cette saga ancestrale et j'avoue que j'ai été intrigué". Le réalisateur sourit en se remémorant sa première rencontre avec la star : "J'ai bien vu qu'il avait un peu d'appréhension. Je n'avais encore jamais fait de long métrage et il se demandait sans doute qui était ce gamin qui venait lui parler de refaire un ROCKY. Mais j'ai senti également qu’il se disait qu'on pouvait s'y prendre de plusieurs façons…" 

Michael B. Jordan, protagoniste de FRUITVALE STATION, se souvient que le réalisateur lui a aussi fait part de ce projet dès le tournage de ce film : "Ryan est intelligent et très doué, et c'est un plaisir de travailler avec lui. Quand il m'a parlé de ce projet pour la première fois, j'ai trouvé que c'était une idée géniale et je me suis dit que si ce film se faisait, je voulais vraiment y participer. Ensuite, quand ça a commencé à se concrétiser, j'ai voulu m'y investir et là je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une énorme responsabilité puisqu'on poursuivait la tradition de 40 ans de ROCKY !", déclare Jordan. 

En se penchant sur cet héritage, le réalisateur souhaitait que CREED : L’HÉRITAGE DE ROCKY BALBOA retrouve le ton âpre et sombre des premiers ROCKY tout en se forgeant sa propre identité, bien ancrée dans le monde contemporain. Il était important d'être fidèle aux personnages et de signer une œuvre à même d'assurer le lien entre les enfants du baby-boom et les "Millenials", ceux des années 2 000. En effet, le film était susceptible de séduire les deux générations et tous ceux qui se situaient entre elles. Coogler a donc imaginé une histoire, puis s'est associé à son coauteur Aaron Covington pour aboutir à un scénario : "Ryan et moi nous sommes rencontrés lors du premier jour de cours à USC [University of Southern California, NdT.]", déclare Covington. 

"Nous avons des parcours similaires, des centres d'intérêts communs, et on a commencé à travailler ensemble quasiment dès le début, en s'épaulant mutuellement sur les plateaux de tournage et en développant des idées ensemble. Un jour, il m'a demandé si j'avais regardé les films de ROCKY quand j'étais gamin et, bien entendu, je les avais vus une douzaine de fois. Il m'a ensuite suggéré de poursuivre l'histoire autour du fils d'Apollo Creed. J'ai senti que Ryan avait une vision vraiment intègre du projet et j'ai immédiatement décidé d’y participer". Pour le réalisateur, ce besoin d'intégrité vient du rituel qu'il avait institué avec son père lorsqu'ils regardaient ROCKY tous les deux : "J'étais un grand sportif et il m'accompagnait à mes entraînements de football, d'arts martiaux et de basket-ball. Et avant un match important, il me faisait regarder avec lui ROCKY II : LA REVANCHE. C'est comme ça que j'ai découvert le personnage et son histoire. On a fini par tous les regarder et j'en suis tombé raide dingue grâce à lui", déclare Coogler. 

Étant donné que, pour la première fois, l'intrigue n'a pas été écrite par Stallone, Robert Chartoff et Irwin Winkler, de la société de production Chartoff Winker, avaient quelques raisons légitimes de s'inquiéter. Les deux hommes ont en effet produit le premier ROCKY, qui a obtenu trois Oscars – dont celui du meilleur film – sur dix nominations. Malheureusement, Chartoff est décédé il y a peu de temps et CREED lui est dédié. "On se disait qu'on quittait la scène avec panache avec ROCKY BALBOA qui avait été très bien reçu lors de sa sortie", raconte le producteur Irwin Winkler. "Je ne me doutais pas qu'un jeune homme aurait l'idée de reprendre cette histoire sous un angle totalement nouveau". Le producteur Charles Winkler, son fils, a grandi en regardant la saga ROCKY et a été producteur exécutif et réalisateur 2ème équipe du sixième opus, ROCKY BALBOA. "J'ai trouvé l'idée de Ryan tellement bonne que nous avons tous immédiatement compris que c'était ce qu'il fallait pour inscrire l'histoire dans une nouvelle direction et la faire découvrir à une nouvelle génération. Ça a été fascinant de passer le flambeau et d'en être le témoin", confie-t-il. 

William Chartoff a lui aussi grandi avec Rocky : son père, Robert Chartoff aujourd'hui disparu, a produit l'ensemble de la saga et lui-même a travaillé sur les quatrième et sixième épisodes, produisant notamment ce dernier. Son père et lui ont été producteurs de CREED : "Ce projet nous tenait vraiment à cœur", souligne-t-il. "J'étais conscient que ces films avaient beaucoup compté pour mon père et moi, ainsi que pour Ryan et sa relation avec son propre père. Ryan a ensuite écrit le personnage d'un jeune homme qui essaie de suivre la voie tracée par son père et d'être digne de son héritage, ce qui représente déjà en soi un fardeau considérable, encore alourdi par le fait qu'il ne l'a jamais connu. Il s'agit là d'une histoire pleine de rebondissements qui comporte aussi une forte dimension personnelle". "L'idée de Ryan nous a surpris", ajoute le producteur David Winkler [frère de Charles, NdT.]. 

"Il n'y a jamais eu, dans aucun des épisodes de la saga, d'allusion au fait qu'Apollo a eu un enfant illégitime : il ne partait donc pas d'un personnage dont nous pouvions connaître l'existence – il a complètement inventé ce protagoniste". Ce fils a donc la boxe dans le sang, hérité de celui a été un dieu du ring. Qui pourra aider Adonis à développer ce don et faire de lui un boxeur digne d'un titre, si ce n’est cet ancien grand champion qui était aussi le meilleur ami de son père ? Vers qui d'autre se tourner pour l'accompagner dans sa carrière – mais aussi lui permettre de mieux cerner ce père dont l’absence a marqué sa vie tout en étant une présence quasi étouffante ? Pour Coogler, "Adonis n'a jamais eu de père ou de figure paternelle dans sa vie ; je voulais explorer ce que ça ferait d'affronter ce type de problématique à l'âge adulte. Rocky avait Mickey et c'est donc une situation qu'il connaît bien, à l'instar d'un coach ou d'un entraîneur qui peut parfois incarner un parent de substitution pour un jeune sportif". 

Si Rocky n'avait pas prévu de remonter sur le ring, il n'avait certainement pas imaginé qu'un autre Creed frapperait à sa porte, même si celui-ci ne décline pas immédiatement son identité. Mais il n'est pas au bout de ses surprises en laissant Adonis (Donnie, comme il l'appelle) entrer dans sa vie. "Si j’me bats, vous aussi", déclare le jeune homme à son nouveau mentor, "oncle" et ami. Mais c'est à Rocky de décider s'il a encore en lui la rage de se battre. Tourné intégralement à Philadelphie et dans ses environs, CREED nous ramène là où tout a commencé, tout en inaugurant une nouvelle ère pour les fans de ROCKY du monde entier. 
ADONIS Chaque fois que j’vais bouger, chaque fois que j’vais cogner, j’serai tout l’temps comparé à lui.
BIANCA Tu es le fils d'Apollo Creed, reprends son nom. C'est le tien. 
Rocky Balboa explique à Adonis Johnson que le pire adversaire n'est pas celui qu'on affronte sur le ring, mais le reflet que lui renvoie le miroir : c'est un phénomène que Rocky connaît d’expérience, dans la boxe et dans la vie. Il sait aussi que comme le jeune homme se démène pour sortir de l'ombre de son célèbre père, un des plus grands boxeurs de l'histoire, il devra lui enseigner que la boxe est tout autant une discipline mentale que physique. Adonis se sent peut-être prêt à se tailler un nom mais sera-t-il à la hauteur de l’héritage de son père ? 

"Je voulais raconter l'histoire de la famille d'Apollo Creed car il était mon personnage préféré de la saga ROCKY, et l'interprétation de Carl Weathers était absolument magistrale", affirme Coogler. "Il jouait ce personnage avec la même assurance dont [Mohamed] Ali pouvait témoigner. J'étais très sensible au fait que ce personnage avait l'air réfléchi et maîtrisait parfaitement sa propre destinée". Jordan décrit son personnage, ce jeune homme qui a conscience de devoir se faire un nom et de s’en montrer digne : "[Adonis] a toujours trouvé difficile de savoir qui il est car il n'a pas connu son père et a perdu sa mère jeune. Petit pour son âge, il se vante beaucoup et se retrouve toujours dans des bagarres terribles. Trimballé de famille d'accueil en famille d'accueil, il vit des expériences difficiles avant d'être adopté par Mary Anne Creed". 

"Il se retrouve alors dans un endroit vraiment agréable. Mais au fond de lui, il ne s’y sent pas à sa place non plus. Il ressent toujours le besoin de s'en prendre à quelqu'un car il ne sait pas qui il est", poursuit l'acteur. Mary Anne apparaît aux côtés de son mari dans les films de la saga, et dans CREED, elle est incarnée par la célèbre Phylicia Rashad, qui note : "Au moment où Mary Anne voit Adonis, elle sait qu'il est le fils de son mari. C'est une petite boule de colère, aussi adorable qu'on puisse imaginer, mais qui en veut au monde entier. Et parce qu'elle le comprend, elle le recueille chez elle et l'élève comme son propre fils. Il a une part d'Apollo en lui et à ses yeux, cela explique qu'il fait aussi partie intégrante d'elle-même – c'est précisément ce qui lui a manqué jusque-là". "Mary Anne lui apporte la stabilité et le pousse vers une vie meilleure et une plus juste compréhension du monde", ajoute Jordan. "Mais il ressent toujours un vide qu'il n'arrive pas à combler et il essaye de comprendre pourquoi. Quand il boxe, tout prend sens à ses yeux : il se sent vivant et à sa place". 

Jordan signale que la principale cause du mal-être d'Adonis vient du fait qu'il est un enfant illégitime. "C'est un fardeau très lourd à porter et c'est une part de lui-même dont il aimerait se défaire. Il ne sait pas encore qu'à moins de s'accepter complètement, on ne peut pas avancer et savoir qui l'on est. Cette évolution consiste notamment à accepter ce que, pendant longtemps, il a considéré comme honteux". "Avec Mike, nous avons parlé de la nature de la colère d'Adonis, une violence qu'il ne peut verbaliser mais qu'il évacue quand il se donne physiquement à fond, jusqu'au bord de l'épuisement", ajoute Coogler. "On a le plus souvent tendance à vouloir faire les choses pour lesquelles on est doué, et lui est incroyablement doué pour la boxe. Qu'il en ait conscience ou pas, il essaie de nouer un lien avec son père, car c'est [en boxant] qu'il se sent le plus proche de lui". Le réalisateur n'avait aucun doute sur le fait que Jordan saurait interpréter les tumultes intérieurs d'Adonis tout en relevant le défi physique requis par ce rôle. "J'ai toujours su que si je devais faire ce film un jour, je voudrais que Mike joue ce rôle. Il a un talent fou et une éthique professionnelle incroyable : c'est quelqu'un qui s'engage, qui se consacre à fond à son travail et qui en est fier. Quand il s'intéresse à quelque chose, on est incité à le suivre". 

"Ryan est très humble et n'aime pas attirer l’attention : il déteste qu'on tienne des propos gentils à son sujet ou qu'on lui fasse des compliments", révèle Jordan avec le sourire. "Mais il possède avant tout un talent extraordinaire : il est d'une honnêteté à toute épreuve et il aide toujours les acteurs à puiser dans leur vécu pour traduire des émotions de la manière la plus authentique possible. On avait vraiment sympathisé lors de notre premier projet ensemble et retravailler avec lui m'a fait prendre conscience de l'importance de la relation entre un acteur et son réalisateur et de la qualité de la communication entre eux. Une fois qu'on a établi ce lien, le tournage est vraiment beaucoup plus facile". Quand Adonis décide d'arrêter de se battre de l'autre côté de la frontière mexicaine et qu'il comprend que, par respect pour Mary Anne, personne n'accepte de l'entraîner à Los Angeles, il décide de faire ce qui lui semble le mieux : quitter le confort de la résidence Creed de Baldwin Hills pour Philadelphie… et Rocky Balboa. 

"Il se dit que comme Rocky était proche d'Apollo, il sera peut-être le seul à comprendre ce qu'il traverse et qu'en raison de son histoire commune avec son père, il acceptera de l'entraîner, lui son fils", commente Jordan. "Mais ça ne se passe pas comme ça ". Rocky est catégorique sur le fait qu'il ne veut pas renouer avec le milieu de la boxe et, comme l'explique Jordan, "le seul fait que son père était Apollo Creed ne veut pas dire qu'il va devenir champion du monde. Ça demande énormément de travail". Mais Jordan qui s'est toujours entraîné tout seul n'a pas peur de travailler dur : il est prêt à frapper le punching ball. Cette attitude est éloquente pour un homme comme Rocky qui décide de le prendre comme élève en dépit de ses réserves.

"Ça m'intéressait beaucoup de voir quels effets le temps avait produit sur Rocky", admet Coogler. "Et de voir comment quelqu'un réputé pour être une figure de légende, qui a par ailleurs conservé toutes ses capacités physiques, est néanmoins affecté par le temps qui passe". Le réalisateur fait le parallèle avec Mickey, le premier entraîneur de Rocky qui a occupé une présence capitale dans sa vie. "J’ai toujours trouvé fascinant que lorsqu'on rencontre Mickey dans ROCKY, il n'y a aucune référence à sa famille, à une femme ou des enfants. Il est juste Mickey, il a ce club de gym et ses boxeurs et c'est tout. Quand on retrouve Rocky, il nous rappelle Mickey ; la seule différence, c'est qu'on connaît son histoire à lui. On sait qui est mort dans son entourage et ça nous touche encore plus de le voir attendre son heure et laisser entrer ce gamin dans sa vie même si c'est dur pour lui", confie-t-il. Stallone, qui a imaginé Rocky Balboa et l'a incarné à six reprises, s'est coulé avec aisance dans la peau de son personnage. L'acteur était en effet très enthousiaste à l'idée d'explorer cette phase de la vie de Rocky et de voir comment il réagit à cette opportunité inattendue qui se présente à lui. 

"Même si ce personnage vient de moi, j'aimerais bien lui ressembler un peu plus", plaisante Stallone. "Il est l'exemple même de la patience, il ne possède pas une once de méchanceté et même s'il a un grand sens de la compétition, il se bat avant tout pour la gloire". "Sly connaît Rocky mieux que personne, et il en sait plus sur la boxe et le métier de réalisateur que je n'en saurai jamais", ajoute Coogler. "Lorsqu’on écrivait des scènes, je l'appelais et lui demandais, 'qu'est-ce que ferait Rocky?' Si j'avais des idées, il était le premier que je contactais et s'il avait des idées, il faisait de même. C'est quelqu'un de vraiment généreux, et ça a été une collaboration extraordinaire". "Comme la plupart des sports, la boxe est avant tout une discipline qui se joue à 80 % dans la tête", résume l'acteur. "On peut être vaincu avant même de sortir du vestiaire. C'est pourquoi un bon 'corner man' ou entraîneur doit être un vrai psychanalyste du ring. Il doit faire en sorte que son boxeur tienne le coup. C'est un travail assez extraordinaire et je me suis dit que ce serait génial pour Rocky de pouvoir se servir de toutes ses années de boxeur et transmettre son savoir à ce jeune homme". 

Grand connaisseur du milieu de la boxe, Stallone a eu l'occasion de se demander ce qui pousse un athlète à monter sur le ring : "Pourquoi se battre si on peut l'éviter ? Qu'est-ce qui motive le boxeur ?", s'interroge-t-il. "Le boxeur a une personnalité hors du commun qui l'encourage à se mesurer à lui-même de cette façon. Même Rocky qui est très doux a une part animale qui se réveille en lui quand il monte sur le ring. Il s'agit de repousser ses propres limites et de se dépasser d'une manière assez radicale : par le combat au corps à corps, qui est en soi quelque chose que la plupart des gens refusent". Le réalisateur tenait à montrer la relation entre entraîneur et protégé – entre Rocky et Adonis –, mais aussi le parallèle entre ces deux générations pleines d'espoir, à quelques dizaines d'années d'écart. "Dans ROCKY, on rencontre ce jeune assez solitaire", souligne Coogler. "Il essaie de percer dans la boxe et de nouer une relation avec Adrian [Pennino] : il a Paulie dans sa vie mais il rentre seul chez lui le soir. Et après tout ce qu'il a obtenu et cherché à obtenir, le voilà de nouveau totalement seul. Quand Adonis débarque, Rocky le voit exactement tel qu’il était lui-même à son âge, quand il n'avait rien mais qu'il savait qu'il avait l'avenir devant lui". 

Stallone poursuit en expliquant qu’en plus des émotions liées à la vie personnelle de Rocky, qui comporte ses hauts et ses bas, sa rencontre avec Adonis "ravive soudain sa douleur d’avoir perdu Apollo et de se sentir responsable de sa mort. Il s'en est toujours voulu. Désormais, il ne peut que se morfondre dans ses souvenirs, d'autant plus que le fils de son ami lui ressemble énormément et veut monter lui aussi sur ce redoutable ring… et souhaite que Rocky l'aide à y parvenir. Mais Rocky sait que s'il refuse, quelqu'un d'autre finira par accepter et que Donnie pourrait être grièvement blessé. S'il [Rocky] fait de son mieux, peut-être pourra-t-il le garder sain et sauf et se faire pardonner pour ce qui s'est passé des années auparavant", raconte l'acteur. Dans CREED, Rocky affronte aussi un sérieux problème de santé qu'il rechigne à faire soigner puisqu'il n'a pas de famille. Mais la présence d'Adonis le pousse à changer de perspective et à voir s'il lui reste encore un peu le goût du combat. 

En dehors du tournage, Stallone a noué une très forte amitié avec Jordan : "J'adore Michael, c'est un acteur formidable", dit-il. "Il s'investit énormément dans son travail. Même après avoir fini une scène et l'avoir mise en boîte, il peut revenir vingt minutes après et dire 'j'ai pensé à quelque chose d'autre : ça vous dérange qu'on fasse une dernière prise ?' Et bien évidemment, celle-ci est encore meilleure". "Venant de lui, ça compte beaucoup", admet Jordan. "Honnêtement, je me suis senti proche de lui en tant qu’acteur et d'un point de vue personnel, bien plus que je ne le pensais. Car ce type est une légende, ce qui peut être intimidant. Mais c'est quelqu'un de vraiment sincère. Ryan, en tant que réalisateur, laisse les acteurs répéter et trouver le ton de la scène et Sly et moi avons eu des séquences assez intenses à jouer. Nous nous sommes mutuellement poussés à nous dépasser. Il m'a amené sur un terrain émotionnel que je n'ai pas partagé depuis longtemps avec un autre acteur". 

Bien qu'il se déroule dans le monde viril de la boxe, CREED ne s'attache pas seulement à des personnages masculins. De même que Rocky rencontre l'amour avec Adrian, Adonis vit une expérience similaire avec sa voisine Bianca. "Nous savions que nous avions besoin d'un personnage féminin fort", explique le scénariste Aaron Covington. "Quand on pense à Rocky, on ne peut s'empêcher de penser à elle aussi. Comme Rocky, Adonis a besoin de quelqu'un de fort dans sa vie pour lui apporter un équilibre, absorber toute son agressivité et lui faire garder les pieds sur terre". Il n'a pas été simple de dénicher l'interprète de ce personnage d'auteur-compositeur censé également chanter : c'est finalement Tessa Thompson qui a été choisie. "Nous avions besoin de quelqu'un qui puisse faire le poids face à Sly et Mike, qui soit vraiment musicienne et qui puisse chanter et enregistrer ce que Bianca compose. Et dès que Tessa est arrivée, elle a immédiatement commencé à travailler avec notre compositeur Ludwig Göransson et à écrire ces formidables chansons dont on avait besoin pour le film. Elle a été parfaite, absolument parfaite", raconte Coogler. 

"Quand j'ai entendu parler de ce projet pour la première fois, tout ce que je savais, c'est qu'il s'agissait du dernier long métrage de Ryan Coogler", raconte Tessa Thompson. "J'aime tellement ses précédents films, et je le trouve tellement doué, que je voulais participer au projet avant même de savoir s'il y avait un rôle pour moi. Puis, j'ai lu le script et j'ai découvert cette merveilleuse histoire qui raconte qu'on peut se trouver une famille de manière inattendue et je pense que c'est un thème qui parle au public. Ce que j'ai toujours trouvé d'exceptionnel dans la saga ROCKY, c'est qu'elle ne parle pas vraiment de la boxe mais plutôt de confiance en soi, d'endurance, de persévérance et de l'importance de poursuivre ses rêves. Ce sont des thèmes qui touchent tout le monde, qu'on aime la boxe ou pas". Comme Adonis, Bianca cherche à réaliser ses rêves : "On voit en eux deux jeunes gens qui s'aiment beaucoup mais qui cherchent à se construire un avenir et [on se rend compte de] l'investissement que cela demande", explique l'actrice. "Bianca est une chanteuse de Philadelphie où il y a une grande tradition musicale, et j'ai donc travaillé avec Ryan pour trouver les sources d'inspiration de Bianca et avoir une idée de son style de musique. J'ai passé du temps à Philadelphie avec des musiciens qui y vivent : il règne une grande complicité entre eux et c'était exaltant. Jouer avec Mike n'a pas été désagréable non plus !" 

"Tessa est géniale", ajoute Jordan avec un grand sourire. "C'est un vrai plaisir de travailler avec elle. Et honnêtement on n'aurait pas dit qu'on travaillait : j'imagine que c'est toujours le signe qu'on est dans la justesse. Bianca est très forte, c’est une femme indépendante qui a ses ambitions et ses propres règles de conduite. C'est une fille du nord de Philadelphie qui a l'habitude d'être très franche et directe. Adonis ne sait jamais à quoi s'attendre avec elle et ça lui plaît". "Dans le film, malgré son jeune âge, Bianca dégage une assurance et une honnêteté qui séduisent Adonis", explique Coogler. "Elle sait qui elle est, ce qu'elle veut et où elle va. C'est exactement le sens de sa quête à lui aussi". Adonis a peut-être du mal à se connaître, mais ce n'est pas lié à un manque d'affection dans son foyer d'adoption : après avoir séjourné, enfant, dans une maison de correction, il a grandi avec Mary Anne qui s'est occupée de lui comme une mère. 

"Quand j'ai la chance de travailler avec de jeunes gens brillants, je la saisis et j'étais très intéressée à l'idée de collaborer avec Ryan et Michael", relève Phylicia Rashad. "J'ai aussi adoré interpréter cette femme intelligente et élégante qui sait pardonner. Mary Anne aimait énormément son mari, assez pour non seulement lui pardonner son infidélité mais aussi pour élever son fils". "Phylicia est vraiment élégante et classe : elle a une présence extraordinaire à l’écran. Elle me rappelle ma propre mère, ce qui était très émouvant et a été bénéfique à nos rapports sur le tournage", ajoute Jordan. Mary Anne a beau comprendre la passion d'Adonis pour la boxe, elle aimerait néanmoins qu'il choisisse une autre voie. Mais elle sait que ses espoirs sont vains quand il la quitte. "Chaque être humain est né pour suivre son chemin et choisir sa destinée", déclare l'actrice. 

"La question pour Anne Marie n'est pas de savoir 'est-ce qu’il m’aime assez pour renoncer à ce qu’il veut faire ?', mais plutôt 'est-ce que je l'aime assez pour le laisser emprunter la voie qu’il a choisie et l’encourager puisque c'est important à ses yeux ?'" "C'est un véritable phénomène qui peut se produire dans une relation, dans une famille, ou au sein d’une communauté", remarque Coogler. "Et Phylicia a fait un travail formidable pour restituer toute la complexité que cela représente dans une famille". 
ROCKY Tu vas te prendre une raclée, tu vas te faire mettre K.-O., tu vas te relever, et tu verras alors si tu as vraiment ce qu'il faut pour devenir champion. 
Dans CREED, Adonis affronte trois boxeurs, mais il est clair qu'il n'est pas de leur niveau. Pour les incarner, Coogler a fait appel à trois professionnels de la boxe : Anthony Bellew, Andre Ward et Gabriel Rosado. "À chaque fois que Michael monte sur le ring sous les traits d'Adonis, il affronte de vrais boxeurs", raconte Coogler. "Ce sont de formidables athlètes mais il y a une différence entre boxer pour de vrai et boxer devant la caméra. Ils économisent la force de leurs coups, ils ne balancent pas leurs poings pour impressionner et faire bien devant la caméra : souvent ces types se déplacent si rapidement et efficacement que la caméra n'arrive même pas à les suivre. On a dû leur apprendre comment 'se vendre' et en montrer un peu plus. Ça a été un tournant pour eux et c'était très dangereux pour Mike, car si ces boxeurs vous frappent vraiment, ils peuvent vous faire très mal". 

Les auteurs du film se sont assurés que l'environnement était sécurisé au maximum tant pour les acteurs que pour les boxeurs qui sont tous en activité et ont repris leur carrière dès la fin du tournage. Le boxeur britannique Anthony Bellew joue "Pretty" Ricky Conlan, champion du monde des poids mi-lourds en titre et meilleur boxeur invaincu parmi les athlètes de même poids et de même talent ["pound for pound"] de l'histoire de la boxe, avec un record de 36-0-0 et de 28 victoires par K.-O. D’après Bellew, lui et son personnage se ressemblent beaucoup : "Ricky est de Liverpool comme moi, c'est un grand fan d'Everton, il l'a toujours été et moi aussi. C’est quelqu'un qui réussit mais n'a jamais oublié ses origines". 

Mais c'est là que s'arrête toute ressemblance : "C'est un père célibataire qui essaie seulement de vivre au jour le jour mais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête", explique Bellew. "Les enjeux sont très lourds et c'est donc d'autant plus difficile pour lui de se concentrer sur un match. Ryan m'a aidé à me glisser dans la peau de ce personnage qui s'apprête à aller en prison, ce qui le tétanise car il redoute par-dessus tout d'abandonner ses enfants. Je trouve cette perspective bouleversante et Ryan a su faire naître cette émotion-là en moi". Boxeur depuis l'adolescence, Bellew a été surpris de recevoir un appel téléphonique du producteur Kevin King-Templeton pour lui proposer de jouer dans le film. "J'ai tout d'abord cru que c'était un ami qui me faisait une blague ! 

Quelqu'un qui se faisait passer pour Kevin King et qui me faisait une farce. J'ai demandé à ma femme de vérifier son identité sur Internet et elle a dit qu'il s'agissait du même type avec la même voix. Je n'étais toujours pas convaincu jusqu'à ce que je rencontre Kevin et Charlie Winkler. Mais ce n'est que lorsque j'ai fait la connaissance de Ryan que j'ai vraiment compris que je pourrais incarner Ricky tel qu'ils le voulaient". "Tony est d'un charisme hallucinant", précise Coogler. "Je ne suis jamais allé au RoyaumeUni et je l'ai déniché sur Internet. Je voulais que Ricky Conlan soit un adversaire bien réel pour Adonis, et qu'il incarne tout ce qu'il n'est pas : très fanfaron, très expérimenté, fier de ses origines. C'est un garçon de Liverpool qui revendique ses racines tandis qu'Adonis est un peu nomade et qu'il cherche encore à savoir où il va atterrir. Tony était vraiment le type qu’il nous fallait pour ce rôle". Stallone connaissait déjà le travail de Bellew : "Tony a ça dans le sang. Quand il se fait frapper ou qu'il s'énerve, il n'y a qu'à voir son regard pour y déceler de l’agressivité et du danger. Ce n'est pas une banale colère : c'est un sentiment sauvage et primitif. C'est ce dont on a besoin pour gagner – cette part de bestialité que très peu de gens comprennent et qui anime les boxeurs". 

"La saga ROCKY cerne parfaitement bien ce qu'endure un boxeur, et pas seulement du point de vue physique", explique Bellew. "Grâce à Sylvester Stallone, on a découvert les boxeurs tels qu'ils sont : nobles, courageux, honnêtes, et élégants. Bien sûr, il y a de sales types dans le milieu de la boxe, comme on le voit dans les films, mais la plupart d'entre nous sommes bien éduqués, intelligents et futés. Comme dans la vie, on trouve dans la boxe des gens très différents, et c'est exactement ce que Stallone raconte dans ses films". Le match d'Adonis contre "Pretty" Ricky Conlan se décide lorsque le manager de ce dernier, cherchant un adversaire pour son boxeur, appelle Rocky. C'est l'acteur Graham McTavish, originaire d'Écosse, qui joue le rôle de l'agressif – et chevronné – Tommy Holiday. "Ricky est comme un fils pour Tommy, il a toujours été à ses côtés et il veut le protéger", raconte McTavish. 

"Il sait que Ricky va devoir affronter une situation terrible dans peu de temps et qu'il a besoin d'un grand match sur lequel finir en beauté, pas seulement pour qu'on parle de lui mais pour assurer l'avenir de ses enfants. Tommy a un côté très dur mais ce n'est pas quelqu'un que je qualifierais de méchant". McTavish a passé du temps en compagnie du manager de Bellew, Gary Disley, dont l'acteur raconte qu'il "a essayé de me faire prendre conscience qu'avant un match, le travail du coach est de préparer le boxeur à l'épreuve qu'il va devoir affronter. Au cours du match, après chaque round, ça dure trois minutes mais pour certains ça passe à la vitesse de l'éclair tellement c'est intense. Il faut alors re-concentrer le boxeur car son instinct se réveille et il se demande ce qu'il fait là à se faire cogner en plein visage. Et à la fin, le travail du coach est de l'aider à se re-concentrer de nouveau, à le ramener à la réalité, qu'il ait gagné ou perdu, et à faire en sorte qu'il aille bien. Il est donc assez facile de se sentir protecteur en dehors des matchs de boxe". Avant de pouvoir monter sur le ring pour se mesurer à Conlan, Adonis doit d’abord faire face à deux adversaires d'un genre bien différent. 

Alors qu'il est encore à Los Angeles, il affronte Danny "Stuntman" Wheeler ["cascadeur", NdT.] à la Delphi Boxing Academy, où Apollo Creed avait l’habitude de s’entraîner. Fort d'un palmarès record de 31 combats disputés et tous gagnés, dont victoires par K.-O., Wheeler est le n° 2 au monde parmi les boxeurs de même poids. Il s’entraîne au Delphi avec Tony "Little Duke" Burton, dont le père avait lui-même formé Apollo Creed, puis Rocky Balboa. Wood Harris campe Burton tandis que le boxeur professionnel Andre Ward joue Wheeler. "J’ai littéralement grandi avec les films de ROCKY et leur B.O.", raconte Ward. "J’adore les scènes de boxe mais j’apprécie aussi vraiment la phase de préparation qui précède le combat sur le ring. Je suis boxeur, et je peux donc me retrouver dans cet univers, parce que j’ai vécu quasiment la même chose. Ce qui m'a poussé à participer au film, c'est que les fans de boxe n’ont pas souvent la chance de voir ce qu’on vit, avec ses hauts et ses bas et ses épreuves. Ce film dépeint cette réalité de manière convaincante. Et comme Ryan a fait appel à de nombreux vrais boxeurs, le film gagne encore en authenticité". 

Peu de temps après son arrivée à Philadelphie, Adonis rencontre Leo "The Lion" Sporino, le meilleur espoir de la ville qui s’entraîne chez Mighty Mick, l’ancien club de l’"Italian Stallion" [Rocky, NdT.]. Pete Sporino, son père, dirige le club et surnomme le nouveau venu avec une certaine dose de dérision "Hollywood". Leo détient un record impressionnant de combats tous gagnés, dont par K.-O. Cet ancien membre de l’équipe olympique américaine 2012 est le quatrième mondial dans la catégorie des poids mi-lourds. L’acteur Ritchie Coster incarne Pete et son fils prodigue est interprété par le vrai boxeur originaire de Philadelphie Gabriel Rosado. "La ville de Philadelphie est très attachée à Rocky", explique Rosado. "En tant que boxeur issu de ce milieu, qui ai dû poser des conduites d’eau la nuit avant de finalement faire carrière dans la boxe, je sais ce que c’est que de se battre. Je me reconnais dans le personnage, comme beaucoup d’autres que moi, si bien que c'était formidable de participer à l'aventure. J’ai en fait rencontré Stallone quand je disputais mon deuxième match pro et du coup c’était super excitant de s’entraîner sur le plateau avec lui sous les traits de Rocky". 

Les trois boxeurs professionnels n’ont que des compliments à faire sur l’éthique de travail de Jordan et sa forme physique naturelle sur le tournage. "Michael s’est entraîné et a passé beaucoup de temps à préparer son rôle", reprend Ward. "Il a même réussi à me surprendre avec certaines prises et je les ai senties. On s’est bien amusé". "Ça a été merveilleux de travailler avec Michael", ajoute Rosado. "On était à la gym dès huit heures du matin, on s’entraînait jusqu’à midi puis on revenait à 15h pour encore deux ou trois heures de plus. Il s’est entraîné autant que nous". "Mike a travaillé sans relâche", confirme Bellew. "Il a un physique incroyable, c’est un athlète épatant. Il s’est très bien adapté à ce sport et ça s'est vu pendant les prises. Il peut être très fier". 

Outre les athlètes, Coogler a fait appel à plusieurs spécialistes connaissant les coulisses de la boxe pour camper les experts que Rocky recrute pour entraîner Adonis dans le film : Ricardo "Padman" McGill ["patte d’ours", se dit des protections rembourrées qu’un entraîneur tient dans ses mains et sur lesquelles frappe un boxeur, NdT.] incarne Padman, qui travaille avec les gants ; le boxeur professionnel Malik Bazille joue Amir, fils de Padman, et s’entraîne avec Adonis ; Jacob "Stitch" Duran ["point de suture", NdT.], un cutman [responsable de la prise en charge des blessures d'un boxeur entre chaque round, à ne pas confondre avec le médecin, NdT.] de renommée mondiale dans l’univers des sports de combat, est "Stitch", le meilleur cutman de Philadelphie ; et le créateur de vêtements et d’équipements sportifs Elvis Grant tient son propre rôle. Dans la tradition de ROCKY, le casting est complété de plusieurs figures d'émissions de sport comme les commentateurs Max Kellerman, Jim Lampley et Michael Wilbon, les journalistes Anthony Kornheiser et Hannah Storm, et le célèbre présentateur Michael Buffer, qui tient le micro au centre du ring. 
ROCKY Tu dois te donner à fond. Je te jure que si tu te lances pas, je te lâche. 
ADONIS Chaque fois que j’ai cogné, j’ai cogné tout seul. Personne ne m’a montré comment faire. J’suis prêt. 
Un pied devant l’autre, un coup de poing à la fois, un round après l’autre. C’est l'adage que Rocky serine à Adonis pendant son entraînement pour aider ce jeune boxeur avide d’en découdre à rester concentré. Bien sûr, pour que Donnie puisse faire ses preuves devant Rocky, Michael B. Jordan a d’abord dû se mettre en excellente forme physique. "Il m’a fallu un an de travail acharné pour me mettre en condition physique pour ce projet", révèle Jordan. "Je me suis lentement entraîné à la moindre occasion, entre deux films, avant de pouvoir y aller à fond". L’acteur a travaillé avec l’entraîneur de boxe et conseiller technique Robert Sale du centre sportif Powerhouse Gym de Burbank, en Californie, apprenant les bases presque comme son personnage dans le film. 

"On se croit en forme parce qu'on a un physique de sportif, mais quand on monte sur le ring, on constate tout ce qui reste à accomplir", reconnaît l’acteur. "On savait qu’il fallait être des plus précis dans les scènes de boxe", déclare le réalisateur. "Car si ça ne faisait pas crédible, cela serait préjudiciable au film et on décevrait les fans et beaucoup d’autres personnes dont c’est le métier". Dès qu’il a commencé à travailler avec Sale, "l'entraînement s’est lentement transformé en séance de levée de poids avec mon propre coach, Corey Calliet, avec qui j’ai déjà collaboré sur un autre film", poursuit Jordan. Calliet a non seulement élaboré le programme d’entraînement de Jordan mais aussi son régime nutritionnel. "Apollo Creed était sacrément baraqué mais je voulais voir si on pouvait faire mieux", explique l’entraîneur personnel. 

"J’ai toujours plaisir à transformer un corps en sculpture vivante". "Le régime a été le premier objectif de Corey", reprend l’acteur. "Beaucoup de gens qui veulent se muscler ne comprennent pas combien leur apparence dépend de la quantité et du genre de nourriture qu’ils ingurgitent. Il m’a fait abandonner les sucres, le pain, les pâtes, les laitages, le fromage. Tout ça a disparu !" "À tel point que Mike m’appelait à l’heure des repas pour me demander, 'Qu’est-ce que je peux manger ?'", note Calliet en riant. "Je ne le laissais rien boire ni manger sans me consulter au préalable, parce que je ne pouvais pas me permettre qu’il fasse n’importe quoi". 

En revanche, le comédien pouvait consommer de l'eau en quantité illimitée. "J’essayais de boire au moins 5 litres et demi d’eau par jour", se souvient Jordan. "Quand on finit par en voir les bénéfices, ça pousse à s’astreindre à cet entraînement quotidien délirant et à ce régime strict". Coogler tenait particulièrement à ce que Jordan soit rompu à la corde à sauter puisque cette activité joue un rôle important à plusieurs reprises au cours de l’histoire. "Ryan voulait que Mike soit capable de vraiment bien sauter à la corde", intervient le coach. "Mike possède un talent inné et, du coup, je lui ai montré un soir ce que je voulais le voir faire le lendemain et il l’a fait, ce qui est assez rare". Comme Jordan a les pieds plats, "on a fait toutes sortes d’exercices pour qu’il travaille ses déplacements", poursuit Calliet, "bouger, sauter, se déplacer à cloche-pied, faire des 'burpees' [exercices de renforcement musculaire intégral, NdT.] et de la pliométrie simple [un type d'exercice de musculation, NdT.]. Je savais qu’il aurait besoin d’être rapide pour perfectionner ses gestes et que ces exercices l’y aideraient". 

De même que Rocky fait profiter à Adonis de ses années d’expérience, Calliet apprend à Jordan que "le corps ne fait que ce que l’esprit lui dicte. Si on réfléchit avant de parler, on peut aussi réfléchir avant de cogner. Ça nous garde en vie. Si on se dit qu’on peut y arriver, on y arrive. Il y a eu des jours où Mike voulait s’arrêter : je le regardais et lui rappelais, 'Ton esprit s’arrête d’abord. Dis à ton esprit de continuer. Car ton corps ne fera que ce que ta tête lui dit de faire' ". Calliet a lui-même boxé pendant plus de huit ans tout en travaillant de jour, comme Adonis dans le film avant de se rendre à Philadelphie. "La boxe a été mon premier amour. J’avais l’habitude d’aller courir 10 km avant le travail et d’aller boxer après. Tout le monde voulait être comme Rocky. Son code de l’honneur et ses discours d’encouragement m'ont fait du bien – tout cela m’a poussé à aller de l'avant. J’ai vu les films des centaines de fois, et du coup, je n'ai pas pu résister à l'opportunité de participer à un tel projet", souligne-t-il. 

Une fois Jordan en condition physique, Coogler et le chef cascadeur Clayton Barber se sont concentrés sur le réalisme et l'authenticité du film. "Je fais du sport depuis l’âge de 6 ans et j’apprécie ça mais j'étais moins à l'aise avec la boxe", reprend le réalisateur. "J’ai dû l’étudier. J’ai suivi des cours pendant qu’on écrivait le scénario. Je voulais apprendre les fondamentaux pour pouvoir me mettre dans la peau d’Adonis. Sly a apporté la touche du professionnel, et nous a donné accès à sa documentation fournie sur le sujet et des places pour assister à des matchs. Et Clay et son équipe ont fait en sorte que tout le monde se donne à fond et ait l’air parfaitement à sa place". Pour Barber, tout commence avec l'intrigue. "La première fois que j’ai pris contact avec Ryan, on n’a parlé que de ça. Pas de la chorégraphie, seulement de l’histoire", amorce le chef cascadeur. "Puis on est revenu à l’histoire même de Rocky pour y trouver les détails que nous voulions intégrer à l’univers de la boxe que nous étions en train de créer. Il y a quatre combats 18 pendant le film et chacun d’eux raconte une étape différente de la quête d’Adonis, du premier au dernier". 

Coogler et Barber ont encouragé Jordan à choisir un boxeur de la vie réelle dont il pensait pouvoir reproduire le style et à regarder tous ses matchs disponibles en vidéos. "Il a choisi un boxeur nommé Timothy Bradley, issu du sud de la Californie [et champion du monde dans la catégorie des poids super-légers, NdT.], et ça l’a beaucoup aidé", confirme le réalisateur. Le fait que Jordan, qui est acteur, se retrouve face à de vrais boxeurs dans le film a représenté un défi inédit pour le chef cascadeur. "C’était intéressant de réfléchir à la manière de réunir un vrai boxeur en train d’apprendre à jouer devant la caméra et un acteur qui apprend à boxer, parce qu’ils travaillent tous les deux dans des domaines complètement différents au départ", admet Barber. "Au cours d'une de mes premières conversations avec Ryan, il m’a dit qu’il voulait un 'ballet violent'. Ça a immédiatement été le déclic. J’ai compris exactement ce qu’il voulait je et m’en suis inspiré. Et c’est ce qu’on s’est acharné à reproduire sur le ring". "Il y avait une certaine pression pour qu'on ait un minimum d'originalité", affirme le réalisateur. 

"Nous devions nous montrer créatifs pour saisir l’essence même de Rocky, tout en offrant aux spectateurs quelque chose de nouveau et en leur présentant ce héros qui fait partie intégrante de la culture américaine sous un jour différent". Alors même qu’ils cherchaient à donner un nouveau souffle à la saga, les auteurs du film reconnaissent les avantages indéniables d’avoir à leurs côtés Stallone, qui a élaboré la chorégraphie des combats de Rocky. "Le mérite en revient à Ryan, à qui j’ai passé mes croquis. Il les a analysés et s’en est servi", précise Stallone. "Je lui ai aussi dit qu’il y avait en fait deux films en un : l'intrigue et les combats. Et il faut que chacun de ces combats, qui durent 9 minutes, raconte à lui seul une histoire. C’est très compliqué à faire et extrêmement intimidant. Mais il y est parvenu sans problème". 

Le réalisateur et le chef cascadeur ont étroitement collaboré avec la directrice de la photographie Maryse Alberti et ensemble ils ont mis au point la chorégraphie. La caméra allait montrer le ring sous des angles différents de ce qu’on a l’habitude de voir au cinéma. La production a donc utilisé une Steadicam tout au long du tournage, notamment pour les séquences de combat, et l'affrontement entre Adonis et Sporino a même été tourné en une seule prise de deux minutes. Les mesures de sécurité pour les séquences de combat ont toujours été une priorité absolue, sans pour autant priver le public d’une expérience viscérale. "On a maintenu une zone très sécurisée et on a pris grand soin de choisir la façon dont les coups étaient portés, en rapprochant la caméra mais sans jamais rien perdre du jeu frénétique des acteurs", précise le chef cascadeur. "Si on s’y prend bien, ça a tout autant d’impact. Chaque geste provoque une réaction. Comme le geste est violent, la réaction permet d’accrocher le public. L’accroche est visuelle et c’est ce qu’on a travaillé". 

"Comme on voulait restituer ce que ça fait d’être à ce moment-là, sur le ring, on a eu l’idée d'un plan circulaire", ajoute le réalisateur. "On a donc réalisé une prise en continu en plan rapproché et qui tourne autour du ring pendant qu’Adonis a le dos plaqué contre les cordes, sans aucune échappatoire possible". À l’aide d’un stabilisateur de caméra MoVI [système de portée plus compact, plus léger et plus facile à manipuler qu’une Steadicam, NdT.], l'équipe a pu filmer à 360°. "Nous avons pu faire tout le tour du ring, et passer au-dessus des cordes pendant que les deux boxeurs s’affrontent", raconte Coogler. "C’est dément qu’on ait réussi à s’en tirer, d'autant que ce dispositif complexe sert à un plan qui ne dure que quelques secondes. Mais je pense que ça a été efficace. Je crois que le public va ressentir ce que ça fait d’être sur le ring". 

Pour chaque combat, le chef cascadeur a insisté auprès de Jordan sur le comportement du personnage. "Adonis est dans un certain état d’esprit, alors j’ai dit à Mike de faire en sorte que ça se reflète dans chacun de ses mouvements", souligne Barber. "De la même façon qu’un mot a un sens quand on parle, l’acteur traduit ça dans ses gestes. Je lui disais, 'Ce n’est pas simplement un coup de poing, ce geste signifie quelque chose. Montre-moi ce qu’il veut dire'. C’est ainsi que cela renvoie au personnage et permet au public de sentir ce qu’il est en train de vivre". 
ADONIS Je me suis battu toute ma vie. J’ai jamais eu le choix. 
ROCKY On a toujours le choix. 
Du point de vue du réalisateur, il ne faisait aucun doute que CREED devait se situer à Philadelphie, là où tout a commencé. Et pour la production, il était évident que le tournage s'y déroulerait lui aussi. "Rocky est le chaînon manquant entre le passé et l’avenir d’Adonis", souligne Coogler. "Son parcours ne pouvait l'emmener qu'à un seul endroit – là où se trouve Rocky. Et c’est Philadelphie. En fait, on a utilisé pas mal de lieux que l’on trouve dans ROCKY, que les fans vont les reconnaître. Mais on a aussi tourné dans des sites inédits, pour singulariser notre film". 

Le réalisateur s'est entouré des chefs costumières Emma Potter et Antoinette Messam, ainsi que de plusieurs techniciens à l'affiche de FRUITVALE STATION, comme les chefs monteurs Michael P. Shawver et Claudia Castello et la chef décoratrice Hannah Beachler. "Ryan savait très bien quelles thématiques il voulait aborder visuellement", annonce Hannah Beachler. "Du coup, je suis repartie des premiers films et j’ai compris comment en extraire ce qu’il nous fallait et l’intégrer à notre version de 2015, en créant une unité à cette saga. Il m’a fait confiance pour rendre l'ensemble authentique et pour concevoir les trois décors différents que sont Philadelphie, Los Angeles et Liverpool". Deux éléments de décors devaient impérativement figurer dans le film : la statue de Rocky et la longue volée de marches emblématiques du Philadelphia Museum of Art. 

Le réalisateur les a intégrés de manière à refléter harmonieusement l'atmosphère de la ville et à rendre hommage au personnage de Rocky aujourd’hui. Le tournage, lui, n'a pas été de tout repos. "Sly lui-même est plutôt admiratif de voir tant de monde sur ces marches", indique le réalisateur. "Le jour où nous tournions, il m’a déclaré, sincère, 'Je n’arrive pas à croire que des gens montent ces marches en courant, c’est fou'. Mais c’est vrai, les gens sont fous de lui, ils se ruent en masse dès qu'ils le voient et ils s’adressent à lui comme s’il était Rocky pour de vrai. C’est un personnage de fiction, mais pas seulement. C'était formidable d’être là-bas avec Sly et d’assister à tout ça". "J’ai tendance à me perdre dans les événements de la journée et à oublier ce qui s'est passé", avoue Stallone. "Quand je retourne à Philadelphie et que je prends conscience que la ville a en fait adopté ce personnage, ça me fait vraiment quelque chose !" 

"C’est surréaliste, tout le monde l’interpelle pour le saluer et les fans l’adorent", constate Jordan. "Vous imaginez : il y a une statue de cet homme, un homme bien réel, dans la peau d’un personnage fictif, érigée devant le musée et des gens du monde entier viennent la prendre en photo pour s'en inspirer". Afin de maintenir une continuité entre les décors des différents ROCKY, la chef décoratrice a repris plusieurs détails visuels pour les incorporer où elle le voulait. "Je tenais à être sûre que tous les ROCKY soient représentés dans la maison. J’ai donc retrouvé certains objets, comme par exemple le poster de Rocky Marciano, qui se trouve dans le sous-sol [de Rocky] dans CREED et qui était dans son appartement dans ROCKY. Il y a des traces de la présence d’Adrian, et on pourrait se dire, 'Bon, elle a dû faire quelque chose ici', mais en fait il n’a rien changé depuis qu’elle est morte il y a longtemps : on pourrait croire que le temps s’est arrêté. On a fait de petits aménagements de ce genre pour que le public se fasse une idée du temps écoulé pour Rocky". 

Pour la maison du sud de Philadelphie, où habite Rocky, Hannah Beachler s’est inspirée de son foyer dans ROCKY BALBOA. Et elle est soulagée d’y être parvenue : "Stallone est arrivé sur le plateau et ça me rendait vraiment nerveuse, parce qu’il était important d’avoir son approbation. Il a regardé autour de lui et déclaré, 'Ouais, cet endroit est vraiment merdique : c'est parfait !' J’ai alors compris qu’on avait mis dans le mille". Pour évoquer l'importance des générations et de la famille, la maison de Rocky est au départ "quasi déprimante", comme l'indique la chef décoratrice. "Mais en même temps, il fallait qu’elle donne l'impression d'être confortable et chaleureuse, comme s’il ne lui manquait qu’un peu d’amour. Du coup, quand Adonis y débarque, nous avons rendu les lieux plus accueillants. La maison devient alors un peu plus gaie et lumineuse et perd de son côté sombre. Par la suite, la cuisine devient la pièce où ils se retrouvent quand ils deviennent une sorte de famille de substitution l’un pour l’autre". 

Si Rocky a cherché à vivre modestement toutes ces années, Adonis, lui, a grandi dans le luxe de la demeure familiale, dans le quartier chic de Baldwin Hills de Los Angeles. Même si l'équipe a tourné en réalité dans une maison de la Huntingdon Valley, Hannah Beachler a mené des recherches intensives sur Baldwin Hills. "Ray Charles a vécu ici et beaucoup de sportifs noiraméricains y résident. Il fallait donc qu’Apollo Creed ait vécu ici. Apollo était un homme d’un grand charisme et il fallait le montrer", fait-elle remarquer. "Il fallait aussi donner l’impression qu’il avait acheté cette maison dans les années 1980 et qu'elle était restée quasiment intacte : il y a du marbre et des dorures et elle dégage une allure luxueuse et imposante", poursuit-elle. "On a choisi une palette de tonalités très neutres, et l’endroit est donc dans les teintes crème et marron, avec du cuir et des meubles de marque. C’était aussi une façon de différencier Los Angeles de Philadelphie et le style de vie d’Apollo – dont jouit Adonis depuis plusieurs années – de celui de Rocky. Ces deux hommes étaient très proches mais finalement leurs vies ont pris des directions entièrement différentes. On a propulsé cette maison vers le XXIe siècle, pour ainsi dire, mais son aura porte la marque de 1983". 

L’immeuble où vivent Adonis et Bianca a été filmé en décors réels dans le nord de Philadelphie et la production a déniché un site dans le même quartier pour le premier rendez-vous d’Adonis et Bianca, tourné dans le célèbre restaurant Max’s Steaks. Les salles de concert où elle chante sont également bien réelles : il s'agit de Johnny Brenda’s dans le quartier de Fishtown, le coin des gens branchés du nord de la ville ; et de l'Electric Factory. Le compositeur Ludwig Göransson et son acolyte Moses Sumney apparaissent dans le film sous les traits d’artistes qui accompagnent Bianca. La production a tourné dans trois clubs de sport et les fans reconnaîtront deux d’entre eux : la Delphi Boxing Academy, le berceau d’Apollo Creed où il amène Rocky pour l’entraîner dans ROCKY III : L’ŒIL DU TIGRE et où Adonis se mesure à Danny "Stuntman" Wheeler ; et Mighty Mick’s Boxing, où Rocky s'exerçait avec Mickey et où Leo "The Lion" Sporino s’entraîne. Les scènes d’intérieur chez Mighty Mick ont été tournées au Must Fight Gym de Chester [au sud-ouest de Philadelphie, NdT.], tandis que la façade de la North Front Street est la même que dans les précédents films. Le troisième club de gym qu'on aperçoit dans le film est la Front Street Gym dans le quartier de Kensington au nord de Philadelphie, où Rocky entraîne Adonis, loin de toute distraction et des regards indiscrets. "Dès qu’on a aperçu Front Street, Ryan a annoncé, 'C’est là que Rocky amène Adonis' ", raconte la chef costumière Hannah Beachler. 

"Et grâce à son histoire et à son cachet, on n’a pas eu à faire grand-chose. En outre, l’endroit n’avait encore jamais été filmé, ce qui était enthousiasmant. On a créé quelques posters supplémentaires que l’on a accrochés aux murs, mais des pots de peinture suspendus au plafond pour récupérer l’eau à la manière dont le punching-ball était fixé jusqu'aux énormes sacs de frappe qui se balançaient du plafond au bout d’une vieille chaîne – tout évoquait immédiatement un lieu d'un autre genre". Afin de bien distinguer les clubs de sport les uns des autres, Hannah Beachler les a élaborés dans des palettes de couleurs distinctes. "Le Delphi est le club rouge et noir de Los Angeles ; celui de Mickey est or et noir ; et Front Street se parte surtout de rouge, blanc et bleu", précise-t-elle. Pour le quatrième club de sport, le Holiday Gym où "Pretty" Ricky Conlan s’entraîne à Liverpool, elle a aussi recouru au rouge, au blanc et au bleu, "mais un énorme drapeau de l’Union Jack est pendu au fond", fait-elle remarquer. 

La plupart des scènes qui se déroulent à Liverpool ont été tournées en décors réels dans la ville de Chester et le club de sport de Conlan, le Shuler Gym, devait évoquer la thématique de Front Street. "On voulait montrer qu’Adonis et Ricky étaient surtout issus du même milieu, et ces deux clubs de gym se ressemblent donc au niveau des couleurs, mais à part ça, ils sont différents", poursuit la chef costumière. En revenant sur les précédents films, "on a tourné au Victor’s Café dans le sud de Philadelphie pour camper celui d’Adrian, qui est aussi celui qu'on voit dans ROCKY BALBOA", indique-t-elle aussi. Consciente que Rocky lui-même n'aurait pas vraiment apporté de changement au lieu, Hannah Beachler a fait de même, hormis quelques légères touches artistiques ici et là. La salle de concert de Temple University a été utilisée pour abriter le combat de Sporino. S'agissant du match opposant Adonis et Conlan, le tournage a eu lieu dans les Sun Studios, au sud de Philadelphie, qui ont pour l’occasion été aménagés en Goodison Park, berceau du club de football d’Everton. Les scènes qui y ont été tournées ont nécessité pas moins d’un millier de figurants et ont bénéficié d'un gigantesque fond vert. L’équipe des effets visuels a créé le reste de la foule en infographie. 

La conférence de presse qui se tient avant le match a été filmée à Elkins Estate, dans Elkins Park ; quant aux scènes dans le vestiaire que l’on voit juste avant le début du match, elles ont été tournées au stade de football Philadelphia Union MLS. Pour le grand match final du film, Conlan arbore un caleçon avec un imprimé écossais. Alors que Bellew opte généralement pour un short de boxe plus classique, "acteur et personnage portent tous deux les couleurs de l’équipe de football préférée de Tony, Everton", note le réalisateur. Coogler et ses chefs costumières Emma Potter et Antoinette Messam ont choisi le motif du kilt pour ce personnage parce que, "je savais qu’Adonis porterait un caleçon traditionnel, et j’ai donc voulu que celui de Conlan soit extravagant. On a étudié beaucoup de styles et on s'est inspiré de Ricky Hatton et Adrien Broner avec leurs boxers tape-à-l’œil qui ressemblaient à des jupettes spartiates", note le réalisateur. Si les shorts d’Adonis sont traditionnels, les gants de Jordan ne le sont pas tout à fait. "On a fait spécialement concevoir des gants de combat de taille normale mais dans un matériau qui le protège un peu plus", révèle Coogler. 

Dans la "Ville de l’Amour Fraternel" [étymologie grecque de Philadelphia, NdT.], le réalisateur a particulièrement aimé filmer… l’amour fraternel. "J’ai aimé les vibrations qu’on y sent : ça ressemble énormément à Oakland, où les gens sont très fiers de leurs équipes de sport et de leurs origines", élabore-t-il. "La culture musicale y est très importante et on a pu transposer cette atmosphère dans le film à travers le personnage de Bianca, grâce à Tessa et à notre compositeur". Ludwig Göransson, qui a aussi collaboré avec Coogler sur son précédent film, a écrit la musique du film et a aussi composé plusieurs des chansons que le personnage de Tessa Thompson interprète. "C’est un défi de créer un disque pour un artiste imaginaire susceptible de faire parler de lui. Mais je savais ce que Ryan avait en tête pour ce personnage, si bien que Tessa et moi avons pu aller en studio dès qu’elle a été choisi pour le rôle", raconte-t-il. 

"On a écrit et enregistré environ huit chansons et Ryan a choisi celles qu’il préférait pour le film. Tessa et moi avons tous les deux vécu une expérience exceptionnelle, parce qu’on voyait – et entendait – comment Bianca se 'trouve' grâce à la musique". Le compositeur a également adopté une démarche inédite pour élaborer la musique du film. "Ryan m’encourage toujours à être original et à créer un son auquel je crois", explique-t-il. "J’ai commencé par enregistrer les bruits que fait un boxeur en train de s’entraîner, avec l’idée de transformer ces sons en éléments musicaux qui me serviraient de base pour la musique. Après quelques essais, j’ai réarrangé l’un des thèmes musicaux évoquant l’amour que j’avais écrit pour lui donner une sonorité plus agressive et orchestrale, ponctuée de quelques éléments modernes et d’une mélodie puissante". 

Bien entendu, l’histoire musicale de la saga ROCKY a dû être prise en compte. "J’ai attentivement étudié la musique composée par Bill Conti pour ces films et j’ai été inspiré par sa façon d'allier des harmonies classiques à celles du jazz", précise Göransson. "Je n’avais pas l’intention d’utiliser la musique d’un des ROCKY en dehors d’une scène importante, mais Ryan et moi avons évoqué la manière de créer une musique pour un Rocky plus âgé et nous avons décidé d’utiliser le thème évocateur d’Adrian". Profondément marqué par la saga ROCKY et déterminé à laisser son empreinte sur cet univers, Coogler était très heureux de pouvoir enfin porter à l’écran le nouveau chapitre de cette saga tant aimée. Il espère que le public sera aussi enchanté de voir le film qu’il l’a été en le réalisant. "D’aussi loin que je me souvienne, je suis fan de Rocky. Je connais ces films par cœur. Je pense qu’on a su en restituer l’esprit tout en y apportant une touche de nouveauté qui plaira au spectateur", conclut-il.

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