Animation/Aventure/Comédie/Fun, mignon et Gaulois, par Toutatis !
Réalisé par Louis Clichy
Avec Roger Carel, Guillaume Briat, Lorànt Deutsch, Laurent Lafitte, Alexandre Astier, Alain Chabat, Elie Semoun, Géraldine Nakache, Artus de Penguern, Lionnel Astier, François Morel, Florence Foresti...
Long-métrage Français/Belge
Durée : 1h22m
Année de production : 2014
Distributeur : SND
Date de sortie sur nos écrans : 26 novembre 2014
Résumé : Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains. : « Le Domaine des Dieux ». Nos amis gaulois résisteront ils à l’appât du gain et au confort romain ? Leur village deviendra-t-il une simple attraction touristique ? Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César.
Bande annonce (VF)
Ce que j'en ai pensé : C'est fun, mignon et Gaulois, par Toutatis ! L'animation, supervisée par Louis Clichy, est magnifique et fluide. Il y a un grand soin apporté aux petits détails, aux couleurs, aux mouvements... Elle est vraiment superbe.
Alexandre Astier a bien capturé l'esprit de la bande dessinée 'LE DOMAINE DES DIEUX' dans les dialogues. Il s'est écarté un peu du scénario de la BD pour s'approprier l'intrigue et nous surprendre. Cela permet aussi aux dialogues d'intégrer quelques références cinématographiques et télévisuelles bien sympathiques. Il a bien sûr apporté un soin particulier à la musique qui accompagne l'action de manière rigolote.
Le doublage est parfaitement synchronisé avec l'animation. On sent qu'Alexandre Astier a écrit les paroles en pensant aux acteurs. On reconnaît les voix, c'est amusant. Elles collent bien aux personnages. On retrouve tous les protagonistes du village des irréductibles Gaulois avec leur personnalité et leurs "petits" défauts.
On fait aussi, mais pas seulement, la connaissance des romains : empereur, soldats et civils. Il y a un bon équilibre entre l'approche de ces deux univers. Le rythme est soutenu, on ne s'ennuie pas du tout.
J'ai une nette préférence pour ce film d'animation comparé aux films 'Astérix' qui sont sortis ces dernières années au cinéma. Pour moi, il n'y a même pas de comparaison possible, s'il faut en voir un, c'est celui là ! ASTÉRIX : LE DOMAINE DES DIEUX est un film d'animation réussi. Il faut aller le voir en famille, tous les âges y trouveront leur compte. C'est un bon moment assuré.
Alexandre Astier a bien capturé l'esprit de la bande dessinée 'LE DOMAINE DES DIEUX' dans les dialogues. Il s'est écarté un peu du scénario de la BD pour s'approprier l'intrigue et nous surprendre. Cela permet aussi aux dialogues d'intégrer quelques références cinématographiques et télévisuelles bien sympathiques. Il a bien sûr apporté un soin particulier à la musique qui accompagne l'action de manière rigolote.
Le doublage est parfaitement synchronisé avec l'animation. On sent qu'Alexandre Astier a écrit les paroles en pensant aux acteurs. On reconnaît les voix, c'est amusant. Elles collent bien aux personnages. On retrouve tous les protagonistes du village des irréductibles Gaulois avec leur personnalité et leurs "petits" défauts.
On fait aussi, mais pas seulement, la connaissance des romains : empereur, soldats et civils. Il y a un bon équilibre entre l'approche de ces deux univers. Le rythme est soutenu, on ne s'ennuie pas du tout.
J'ai une nette préférence pour ce film d'animation comparé aux films 'Astérix' qui sont sortis ces dernières années au cinéma. Pour moi, il n'y a même pas de comparaison possible, s'il faut en voir un, c'est celui là ! ASTÉRIX : LE DOMAINE DES DIEUX est un film d'animation réussi. Il faut aller le voir en famille, tous les âges y trouveront leur compte. C'est un bon moment assuré.
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)
Le phénomène Astérix
C'est en 1959 que
commence l'aventure Astérix avec une première parution dans le numéro zéro du
magazine Pilote.
Albert Uderzo se souvient : «Nous avons rencontré François
Clauteaux qui voulait créer un journal pour les petits Français. A l'époque,
mis à part les titres belges Tintin et Spirou, les journaux étaient remplis de
BD américaines. Dans cette époque d’après- guerre où les influences étaient
très fortes, Il souhaitait que ses enfants puissent lire des histoires où la
culture française serait prédominante.»
Quelques semaines
avant le 29 Octobre, les auteurs René Goscinny et Albert Uderzo sont donc sous
pression. Car ils doivent relever un formidable défi : créer une série BD
originale issue de la culture française.
Ils ont déjà travaillé sur le Roman de Renar mais ils ont appris qu’un
autre auteur de bd avait déjà exploité cette histoire. Ils n’ont plus que 3
semaines pour créer un personnage. Ils se sont longtemps interrogés sur l'image
de leur héros, son allure, sa personnalité, ses racines, il faut un anti-héros,
pas fort, pas musclé, pas trop grand, pas trop intelligent mais il devra être
malin... Après moult réflexions, ils passent en revue l’Histoire de France. Et
d'un coup, la période des Gaulois avec ses noms aux sonorités chantantes et
drôles s'est imposée à eux. René Goscinny raconte : "Ces gaulois qui,
assez curieusement, étaient un peu oubliés en France, nous semblaient être un
sujet plein de possibilités ! Nous inspirant du nom de Vercingétorix, souvenir
des premières leçons d’Histoire de notre enfance, nous baptisons aussitôt nos
personnages: Astérix, Obélix, Panoramix, et autres « ix ». Nos romains auront
des noms en « us », comme par exemple: « Encorutilfaluquejelesus ». Leurs
villes, des noms se terminant en « um »: Babaorum, Aquarium, Petibonum ».
Ainsi Astérix est né. Il devait être solitaire, car ils ne
voulaient pas de faire-valoir. Mais Albert Uderzo est têtu et il dessinera
quand même un grand gaulois baraqué comme il les aime : Ce sera Obélix !
Très vite, cette
série BD Les Aventures d'Astérix le Gaulois prend une ampleur incroyable : le
premier album est publié en 1961 et vendu à 6000 exemplaires, et 10 ans plus
tard, le 17ème album Le domaine des dieux est vendu à plus d'un million
d'exemplaires. Le succès est total ! La BD, désormais culte, fait d’Astérix, le
Gaulois le connu du monde ! 1977 marquera la disparition tragique de René Goscinny
le scénariste mais Albert Uderzo, à la demande des lecteurs, décide de
continuer la série. Il fera 9 albums de
plus. En 2013, Monsieur Uderzo dépose les crayons et confie ses personnages à
un nouveau duo : Jean Yves Ferri et Didier Conrad qui réalisent Astérix chez
les Pictes. Sorti en 24 langues, c’est un succès international.
En 1959, deux auteurs de génie ont créé un phénomène
éditorial. En 2014, 55 ans plus tard, Astérix continue d'attirer toutes les
générations.
A ce jour, la série
BD compte 35 albums, traduits dans plus de 110 langues et dialectes, 355
millions d'albums ont été vendus à travers le monde. Cela représente 13 000
tonnes de BD, soit l'équivalent en poids de 13 millions de sangliers - de quoi
contenter l'appétit d'Obélix!
Par ailleurs, plus de 100 millions de spectateurs ont déjà
suivi les aventures d’Astérix au cinéma grâce à 8 films d’animation et 4 films
live !
Albert Uderzo
Lorsque M6 m’a proposé, il y a 5 ans, de produire le premier
dessin animé d’Astérix en 3D Relief, j’ai été très vite séduit par cette
opportunité de voir les personnages que nous avions créés avec mon ami René
Goscinny il y a plus de 50 ans trouver une nouvelle vie au cinéma.
Dès 1967, René Goscinny et moi-même avions adapté les
histoires de nos Gaulois en dessin animé, et dans les années 1970, nous avions
même créé les Studios Idefix pour produire « les douze travaux d’Astérix »,
mais il s’agissait alors de films traditionnels en 2D, très proches de mon
propre travail de dessinateur.
Sur ce nouveau film d’Astérix- Le Domaine des Dieux, il s’agissait d’un projet totalement
différent, faisant appel à des technologies très avancées de création d’images
par ordinateur et associant à la fois des artistes graphiques et des
ingénieurs. C’était quelque chose de très nouveau pour moi et assez éloigné de
mes connaissances techniques.
J’avais évidemment déjà eu l’occasion de voir plusieurs
films américains utilisant cette technologie du 3D relief, et même si je
trouvais ces images magnifiques, il me semblait qu’il était encore nécessaire
de faire de nouvelles évolutions afin de bien faire ressortir le caractère et
les expressions des personnages d’Astérix, et que ces techniques ne fasse pas
perdre, mais au contraire renforcent, la qualité de l’animation.
Après plusieurs mois de tests de modélisation informatique
et d’animation, j’ai finalement été convaincu par le travail du jeune
réalisateur Louis Clichy et du directeur d’animation Patrick Delage. Leur
personnage d’Obélix était formidable et j’ai senti que la technologie était
maintenant suffisamment au point pour faire un très grand film des aventures
d’Astérix en 3D Relief.
J’ai ensuite pris beaucoup de plaisir à faire des visites
régulières au studio de production à Levallois-Perret. Avec Louis Clichy, je
pouvais rencontrer tous les animateurs et les techniciens qui travaillaient sur
le film. Je vous avoue que je n’ai pas fait beaucoup de progrès en
informatique, mais j’ai éprouvé beaucoup d’émotion à voir progressivement tous
les personnages prendre vie et s’animer, et la version en relief du film va
réellement être magnifique.
Anne Goscinny
Le Domaine des Dieux est probablement l’un des albums les
plus réussis de mon père. Un album qui vient prendre à partie les enjeux qui
font tourner le monde !
Il y a des rencontres qu’il faut savoir favoriser,
accompagner et dont il faut prendre soin. Alexandre Astier sur le chemin
d’Astérix, est depuis le formidable « Mission Cléopâtre » d’Alain Chabat, ce
qui est arrivé de mieux à la mémoire de mon père. Nous avons là deux
générations qui, alors qu’elles ne se sont jamais croisées, se reconnaissent et
dialoguent, parlant couramment la même langue, celle de l’humour.
Une adaptation réussie implique à la fois un grand respect
de la part de celui qui s’empare de l’œuvre mais aussi une émancipation de
l’œuvre d’origine pour mieux la servir.
Il faut savoir s’affranchir du texte premier pour y revenir autrement.
On opère alors un tour de passe-passe aussi délicat que périlleux qui relèvera,
s’il est réussi, de l’alchimie. C’est le cas ici.
Alexandre Astier et Louis Clichy ont réinventé avec talent,
grâce et élégance cet album culte de la série. J’aurais tant aimé regarder mon
père sourire et s’amuser du talent d’Alexandre. Je sais qu’il aurait été fier
de revendiquer la paternité d’esprit de ce fils-là.
Si l’on sait qu’Astérix est une œuvre qui ne se démode pas
et qui fait l’unanimité, l’on sait aussi que le village gaulois est compliqué à
animer et qu’il ne suffit pas d’imiter pour créer. Mais on ne peut pas non plus
créer en faisant fi du modèle. Les auteurs du film en rendant un hommage
sincère et fidèle à la bande dessinée, nous offrent pourtant bien leur
Astérix.
Il est impossible de faire parler les absents, de les faire
penser, de leur demander d’avoir une opinion. En revanche je sais qu’il est
possible, non pas de les faire rire, mais de rire à leur place. C’est alors un
rire exigeant qui s’impose, un rire dont on a la responsabilité. Et aujourd’hui, c’est avec beaucoup de joie
et de plaisir que j’assume cette responsabilité !
Entretien avec Louis Clichy- Réalisateur
Comment êtes-vous arrivé sur le film ?
L'aventure a démarré par un appel de M6 qui cherchait un
coréalisateur aux côtés d'Alexandre Astier, avec une expérience de long
métrage. Même si je n'avais pas réalisé de long métrage jusque-là, j'avais
malgré tout collaboré à des films d'animation chez Pixar aux États-Unis. Par
ailleurs, il fallait que je m'entende avec Alexandre, et c'était le cas.
Qu'est-ce qui vous intéressait dans le projet ?
Je trouvais qu'avec la licence d'Astérix, qui est très
forte, il restait quelque chose de novateur à faire: je voulais revenir aux
sources de la BD, voire aux origines des films d'animation, comme Les douze
travaux d'Astérix.
On a d'abord eu des échanges sur l'écriture, Alexandre et
moi, et c'est d'abord ce travail qui a compté pour voir comment pousser les
failles des personnages. En termes visuels, on s'est très vite calé sur le
design d'Albert Uderzo qui fonctionne très bien en 3D car on y trouve un respect
des volumes, et il s'est avéré que modéliser ses personnages en relief faisait
sens. On n'a pas fait d'autre choix, comme Spielberg avec Tintin qui a
réinterprété son design pur. Même si on a apporté du réalisme au graphisme, on
a conservé les personnages classiques tels qu'ils existent.
Quels changements principaux avez-vous apportés ?
On a extrapolé la BD, en faisant évoluer les personnages
dans un univers plus ouvert, plus riche, et plus réaliste. Pour la forêt, par
exemple, on souhaitait réaliser une sorte d'imaginaire de la forêt de
Brocéliande, pas féerique au sens de Disney, mais très organique, ce qui est
extrêmement difficile à faire en 3D.
On a très peu extrapolé le style romain qui, par ses lignes
géométriques, tranche avec l'univers de la forêt : on a fait pas mal de
recherches, et on s'est amusé sur certains éléments, comme l'aigle très maniéré
qui trône dans le palais de César. Le
Domaine des dieux, lui, est assez massif : c'est un bâtiment romain qu'on a
surdimensionné en termes d'étages, et qui évoque un peu le Caesar's Palace de
Las Vegas, sorte de palais en stuc avec quelques indices de romanisation.
Comment avez-vous abordé les personnages ?
Je tenais absolument à faire un film en français.
Contrairement à un film américain dont les voix françaises sont enregistrées a
posteriori, on a enregistré des voix comme s'il s'agissait d'une fiction radio
: les comédiens n'avaient aucune image à l'écran et ils étaient dirigés par
Alexandre et moi. On a ensuite posé les voix sur le story-board pré- monté,
comportant une durée approximative des plans, des bruits d'ambiance, et des
musiques temporaires. Tous les animateurs ont conçu leur animation en fonction
de ces voix, ce qui apporte de la richesse et de l'épaisseur aux personnages.
Techniquement, quelles étaient vos priorités ?
Avec mon directeur d’animation Patrick Delage, on a amené de
la texture aux personnages, en donnant un côté réaliste à un design assez
"cartoon". Ce qui produit l'animation, c'est le "key-frame"
: à la manière d’un Pixar, on n'a pas eu recours à la "motion
capture" car ce dispositif ne donne pas d'intensité au regard et appauvrit
le travail de l’acteur. Les acteurs ont été filmés pour qu'on s'inspire de
temps en temps de leur gestuelle, comme Elie Semoun qui est particulièrement
expressif.
Quelle palette de couleurs avez-vous privilégiée ?
Notre directeur artistique Thierry Fournier a beaucoup
travaillé là-dessus. À partir du story-board, on a d'abord travaillé une image
en "key-light" : il s'agit d'une petite vignette qui indique le ton
en fonction de l'atmosphère, des émotions, de la météo, etc. de la scène. Et
grâce à cet enchaînement de vignettes, on suit l'évolution chromatique du film.
On a travaillé les clairs-obscurs et les ombres portées sur les personnages,
alors que c'est précisément ce qu'on essaie d'éliminer dans un film en prises
de vue réelles. J'ai aussi travaillé le palais de César, dont je voulais faire
un vrai méchant : il s'agit d'un bâtiment proche d'une église, très froid, avec
un marbre glacial, et on a donc favorisé les moments où le personnage est dans
une quasi totale obscurité. Cela intensifie la menace et le plan machiavélique
qui pèsent sur les Gaulois.
Pour le village, comme il est assez iconique, j’avais assez
peur qu’en le modélisant pour le film, on se sente dans un décor de film, voire
dans le parc Astérix. Ce qui aurait sorti le spectateur de la narration ! Même
s'il fallait coller à une certaine tradition, je ne souhaitais pas avoir une
atmosphère de fête foraine. Quant au Domaine des dieux, je voulais une ambiance
méditerranéenne pour qu'on ait le sentiment d'avoir une invasion romaine en
Armorique.
Le film est riche en émotions.
Pour moi, cela faisait partie intégrante de la mise en
scène. J'ai tenté d'éviter l'écueil du sentimentalisme à l'américaine. Il
fallait qu'il y ait quelque chose d'attachant dans les non-dits, et dans la
relation entre Obélix et l'enfant. Du coup, on a fait d'Obélix une sorte de
héros à la Hercule dans le regard de l'enfant. On voulait aussi rendre Astérix
un peu défaitiste, et c'était d'autant plus intéressant que c'est difficile de
jouer avec ce personnage emblématique. Les
Gaulois constituent certainement le groupe le plus intéressant du film,
ils se laissent happer par la petite mondialisation qui s’opère devant chez
eux. Après leur cupidité et leur petite lâcheté, on a voulu qu’ils aient une
vraie rédemption au final, et c’est cela qui les rend vraiment empathiques et
touchants.
Parlez-moi de votre collaboration avec Alexandre Astier.
Elle s'est passée intelligemment dans la mesure où il
écrivait une première version du scénario, puis on en discutait : pendant que
je gribouillais des dessins, lui réécrivait des dialogues. C’était dense, drôle
et il y avait aussi de bonnes engueulades. Tout cela était très fertile.
On a aussi fait attention au rythme, autant pour moi en
animation que pour lui dans les dialogues. On a préservé cela au maximum pour
rester dans un vrai dynamisme des échanges entre personnages qui fonctionnent
et qui font mouche. Après nos discussions, je faisais le pré-découpage du film
que je peaufinais avec mes story- boardeurs. On montait très vite le tout avec
les voix par-dessus pour juger du rythme
ensemble.
Comment avez-vous vécu la participation de Monsieur Uderzo à l'aventure ?
Sa présence a été enrichissante : ses retours sur les
personnages, au moment de leur modélisation, ont été très importants pour moi.
Il nous a fait de petites remarques, par exemple, sur le nez des Gaulois pour
qu'il reste cohérent avec la BD. On a donc parlé avec lui sur la manière de
"tricher" avec la réalité puisque le passage de la bande dessinée à
l'animation 3D nécessitait de modifier beaucoup d’éléments graphiques.
Entretien avec Alexandre Astier – Réalisateur et
Oursenplus
Comment vous êtes-vous retrouvé à adapter l'univers
d'Astérix en film d'animation?
Lorsque M6 Studio m'a proposé de scénariser un grand film
d'animation, en 3D, à partir d'un album d'Astérix, j'étais très tenté. En
effet, pour moi, il y a deux catégories d'albums : les "chroniques"
qui représentent la vision des années 60 de René Goscinny à travers la visite
d'un pays étranger, où la trame scénaristique est un peu mince au profit de
gags et d'un regard parodique de leur auteur ; et ceux qui se rapprochent d'un
scénario de cinéma, et que je préfère, où l'on rencontre un antagonisme
puissant doté d'un plan susceptible de faire tomber les Gaulois malgré la
potion magique. Dans Le Domaine des Dieux, on trouve un vrai méchant – en
l'occurrence César – dont la stratégie est totalement machiavélique : il est
tout près d'annihiler le village d'Astérix en jouant sur la cupidité et en
tirant profit du côté bagarreur des Gaulois. Par conséquent, j'ai réussi à
convaincre le studio de transposer cet album qui, à mon sens, se prêtait très
bien au cinéma.
Qu'est-ce qui vous touche et vous amuse dans cet univers ?
C'est une BD qui a marqué mon enfance : les albums étaient
chez ma grand-mère, et je les ai lus et relus quand j'étais en vacances chez
elle. Ce qui me plaisait, c'était de me replonger dans une ambiance familiale.
Car Astérix est directement lié à ma petite enfance. Et à l'époque, Le Domaine
des Dieux m'avait particulièrement frappé parce que les Gaulois prenaient un
vrai risque et qu'on sentait que César jouait sur leur fragilité : le manque de
cohésion et même la cupidité. Je me souviens que j'avais été angoissé en voyant
ces hommes réputés invincibles et soudés être menacés par l'appât du gain et le
style de vie "bourgeois" des matrones romaines.
Comment faire pour respecter l'univers d'Astérix tout en y
apposant votre marque ?
C'était très difficile car même si j'ai un immense respect
pour l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo, on me demandait d'apporter ma
contribution. J'ai donc développé quelques lignes narratives auxquelles l'album
s'attachait moins, et j'ai beaucoup travaillé les dialogues, comme s'il
s'agissait d'un film en prises de vue réelles car je ne raisonne pas en termes
de "film d'animation" ou de "film pour enfants". Ce que
j'ai adoré écrire, ce sont ces discussions qui n'en finissent plus : c'est très
excitant de filmer des personnages qui communiquent mal et ne se comprennent
pas !
Il y a de petites allusions sociales et politiques très
drôles…
Sans être sensible à l'actualité, on retrouve des thèmes
très proches de ce qu'entendaient les auteurs d’Astérix à la radio dans les
années 60 et de ce que les médias nous relatent aujourd'hui, où l'on soupçonne
les gens d'une certaine propension à la corruption. La dimension écologique
très actuelle a également toute sa place puisque César vend à ses concitoyens
romains le Domaine des Dieux comme étant l'Armorique verte à l'air pur, loin de
l'agitation et du bruit. Il y a quelque chose de tellurique dans cet album, où
la forêt est presque un personnage à part entière. René Goscinny avait
tellement bien senti ces thématiques environnementales que son regard est
toujours d'actualité.
L'animation permet d'immerger le spectateur au cœur de
l'histoire, comme s'il s'agissait d'un conte de fée : il n'y a pas vraiment de
violence directe. C'est pour cela que je préfère toujours décaler les
situations dans le temps et dans l'espace : j'aime raconter des choses qui nous
concernent, sans que cela soit tout à fait nous. Les personnages d'animation,
qui sont colorés et facilement identifiables, permettent de nous projeter
immédiatement dans les décors du film et de suggérer des idées fortes.
Comment décrire votre personnage, Oursenplus ?
J'incarne le centurion responsable du camp de Babaorum,
constamment en conflit avec le village gaulois. Il est en charge de la sécurité
du chantier, ce qui est sans doute la pire tâche qu'on ait pu confier à qui que
ce soit puisque tout le monde cherche à faire capoter la construction du site !
Il a affaire à un jeune architecte qui, lui, tient à ce que le chantier se
termine, et qui en devient fou. Mais il doit aussi faire face aux Gaulois qui
veulent détruire le chantier, aux esclaves qui refusent de travailler, puis aux
soldats qui considèrent que les esclaves sont mieux traités qu'eux ! Résultat :
il se retrouve en plein milieu d'un capharnaüm syndical…
Comment avez-vous travaillé votre voix ?
C'est avant tout un personnage qui existait dans la BD et
qui m'accompagne depuis que je suis tout petit. Du coup, j'ai eu le temps de
m'imaginer son registre vocal et sa tonalité, en me repassant les répliques de
l’album dans ma tête. Comme il est constamment de mauvaise humeur, et qu'il est
toujours animé par l'aigreur et l'impatience, c'était assez simple de lui
trouver une voix.
Comment s'est déroulé le casting ?
Il y avait des personnages qui n'imposaient pas spécialement
de comédiens, ce qui m'a permis de choisir les interprètes avant l'écriture et
de ciseler des répliques sur mesure. Du coup, le désir de l'acteur peut
précéder tout, ce qui est très différent du doublage d’un film américain. En
revanche, pour les personnages qui suggèrent une voix, comme Obélix ou d'autres
qui, par exemple, se définissent par la colère, j'ai pensé à des gens que je
connais, soit dans un emploi classique, soit à contre-emploi.
Tout d'abord, nous avons eu la chance d'avoir la présence du
"parrain", Roger Carel, qui a accepté d'incarner de nouveau Astérix.
Au départ, je pensais qu'il ne faisait plus de doublage, ce qui m'avait
attristé. Mais lorsqu'il a entendu parler du projet, il nous a donné son accord
: cela nous aurait manqué terriblement de faire un Astérix sans lui.
À ses côtés, Guillaume Briat – le roi Burgonde dans la série
Kaamelott – a donné une orientation un peu nouvelle au personnage d'Obélix, et
je trouve que leur duo fonctionne très bien.
Géraldine Nakache et le regretté Artus de Penguern, disparu
depuis l'enregistrement, forment le premier couple de Romains désigné pour
aller habiter au Domaine des Dieux.
Florence Foresti incarne Bonemine, la femme du chef, et
Alain Chabat est venu prêter sa voix au vrai méchant de l'histoire, un sénateur
manipulateur et comploteur Prospectus : j'avais vraiment envie de lui offrir un
rôle de méchant !
Lorànt Deutsch campe Anglaigus, l'architecte, toujours
énervé et pollué par son arrivisme et son envie de pouvoir, et Laurent Lafitte
interprète Duplicatha le chef des esclaves Numide à la peau de bête, tel qu'il
a été imaginé dans l'album, même si on en a fait un personnage plus verbeux,
plus cérébral, à qui chaque situation impose une grande réflexion : à force de
passer son temps à parler, il agace son entourage !
François Morel interprète Ordralfabetix le poissonnier, et
Elie Semoun un soldat romain anonyme, qu'on reconnaîtra facilement à la voix
!
Quelle est votre conception de la direction d'acteurs dans
un film d'animation ?
Étant donné qu'on a commencé par enregistrer les voix comme
s'il s'agissait d'une fiction radio, on avait une grande liberté : lorsque le
résultat nous plaisait sur le plan rythmique et mélodique, cela devenait
l'étalon à partir duquel le film allait se fabriquer. C'est assez rare et c'est
la raison pour laquelle on a l'impression de ne pas "subir"
l'animation, mais plutôt de bénéficier d'une liberté d'acteurs
extraordinaire.
Quelles étaient vos priorités s'agissant du style visuel ?
L'animation permet d'obtenir des choix extrêmement tranchés,
puisqu'on peut passer du palais de César la nuit, dans des tons bleutés, au
soleil brûlant de l'arène, puis aux tentes rouges des soldats romains… On a
donc des éléments de décors et de gammes de couleurs qui varient d'une scène à l'autre : c'est un
rêve pour un chef-opérateur ! Louis Clichy a eu un choix à faire entre
l'extrême réalisme, comme pour les cheveux par exemple, et un dessin plus
proche de la BD. Un excès de réalisme aurait rendu les personnages trop
simplistes. Il a opté pour un entre-deux : on est bien dans un univers de
dessin animé, mais avec un niveau important de détails, en matière de textures,
de grain et de patine sur les vêtements.
Parlez-nous de vos rapports avec Louis Clichy.
C'est une jolie rencontre car on vient de mondes extrêmement
différents : il a fait l'école des Gobelins et a travaillé chez Pixar, et c'est
une pointure en matière d'animation, alors que, de mon côté, je suis
pointilleux sur d'autres paramètres – sur le rythme, sur le texte, sur les
enchaînements mélodiques. Je pense que j'ai une approche plus musicale que lui.
Autant dire qu'on n'a pas cessé de se disputer, mais c'est ce que j'aime.
D'ailleurs, cela me rappelle les rapports que j'ai avec le dessinateur des BD
de Kaamelott : il maîtrise quelque chose qui ne relève pas de mes compétences,
tandis que je m'occupe du scénario, auquel il ne participe pas. Aucun des deux
n'aurait pu réussir sans l'apport de l'autre. Il y a une hybridation de deux
mondes dans ce film. Evidemment, ce n'était pas complètement cloisonné : il a
signé la mise en scène, mais j'y ai aussi participé, et si j'ai écrit le script,
il y a également apporté sa contribution. Le film est le résultat de nos
convictions respectives : ces confrontations à deux ont permis de trouver un
juste équilibre.
Comment avez-vous orchestré le relief ?
Il ne concerne pas la totalité de la vie du film, puisque
les gens ne vont pas tous le voir chez eux en relief. Le plus intéressant,
c'est quand le relief sert à nous immerger encore un peu plus dans le dessin
animé, pour qu'on sente davantage les objets et les personnages qui nous
entourent. Cette technique permet aussi de faire surgir tout d'un coup un
élément qu'on aurait mis en avant d'une autre façon en 2D. Avec le relief, on
joue non seulement sur les distances, mais aussi sur le point - ce qui apparaît
clair ou flou. C'est un "outil" de plus avec lequel il faut s'amuser,
et pour autant, le relief n'est pas un personnage à part entière car trop de
gens n'y ont pas accès.
Entretien avec Alain Chabat - Prospectus
À quand remonte votre passion pour Astérix ?
Elle remonte à l'enfance. J'ai commencé très tôt à lire les
albums...
Qu'est-ce qui vous a séduit et amusé dans le projet ?
Au départ, je n'avais pas lu le scénario. C'est Alexandre -
qui est vraiment féru d'Astérix - qui m'en a parlé. Il m'a décrit mon
personnage, expliqué mes scènes et je me suis senti en confiance. On s'était
rencontré sur le tournage de Kaamelott, où j'ai incarné le duc d'Aquitaine, et
je connaissais donc déjà sa grande capacité de travail. Du coup, les choses se
sont enchaînées assez rapidement. Je trouve qu'il a réussi un savant mélange
alliant une certaine fidélité à l'album, tout en réinventant l'histoire.
Comment décrire votre personnage, Prospectus ?
C'est un sénateur romain de César, un gros bonhomme adipeux,
qui n'est beau ni à l'extérieur, ni à l'intérieur d'ailleurs. Il va aider et
pousser César à mettre son plan à exécution : construire le Domaine des dieux à
côté du village, sorte de complexe immobilier pour gallo-romaniser le village
d'irréductibles Gaulois.
En quoi cette expérience est-elle différente des autres
doublages de films d'animation ?
Déjà, la version originale est en français. On a commencé à
enregistrer les voix sur des animatiques, même si j'avais déjà vu les
personnages finis sur des croquis. On a fait une première session de voix, sur
laquelle les animateurs ont travaillé, puis on a refait deux ou trois sessions
pour repréciser des voix et apporter quelques changements au texte.
Comment s'est passée votre collaboration avec Louis Clichy
et Alexandre Astier ?
Le réalisateur Louis Clichy est un type formidable : il
était présent pendant les séances d'enregistrement. Lui et Alexandre sont deux
amoureux d'Astérix. D'après ce que j'ai observé pendant les enregistrements,
Louis a une vision extrêmement précise de l'animation, qu'il s'agisse des
possibilités, des contraintes, de l'efficacité ou encore de l'importance de
certains détails visuels - il sait exactement comment les animateurs peuvent
utiliser une voix -, tandis qu'Alexandre a davantage donné le ton et dirigé les
acteurs.
En quoi le film se singularise-t-il des autres adaptations
en animation ?
J'ai le sentiment qu'il est marqué par l'originalité et le
ton d'Astier : il y a des vannes, un rythme et une approche qui n'appartiennent
qu'à lui. En matière de rebondissements dramatiques
permanents, il y a une modernité formidable, comme on voit dans les grands
films d'animation de DreamWorks ou de Pixar. Ce film est audacieux et
l'ambition est placée au bon endroit : on est tour à tour ému, inquiet et
amusé. Le tout, en restant fidèle à l'esprit d'Astérix : Alexandre a eu
l'humilité de se dire "ce sont ces personnages qu'on connaît et qu'on
aime, tous les archétypes, tous les codes sont en place".
Parlez-nous de la direction d'acteurs.
C'est assez proche d'une direction d'un film en prises de
vue réelles, en dehors du fait qu'on est rivé à nos marques car on doit être à
bonne distance du micro pour que la voix soit la plus expressive et la plus
nette possible. La direction d'Alexandre est précise : il sait exactement où il
veut amener les comédiens. Pour autant, il est ouvert aux propositions quand on
reste dans son cadre. Donc, on a travaillé comme sur un film
"traditionnel". À l'inverse, sur Shrek, je me glissais dans la peau
de Mike Myers et j'essayais de retrouver une émotion proche de celle suscitée
par le comédien en VO. Les séances d'enregistrement ont été très joyeuses.
Alexandre Astier est un mec marrant et
un très bon acteur. Il sait comment faire claquer une vanne. Quand il proposait
une interprétation, je me disais "ok, va falloir que je retrouve ce qu'il
vient de faire" !
Qu'avez-vous pensé du rendu de votre personnage à l'écran ?
Il correspond parfaitement à son caractère et à sa
personnalité. On le voit sournois, manipulateur, calculateur, sans scrupules.
Un véritable homme politique… Sans faire de délit de faciès, il apparaît comme
un bon gros sénateur bien nourri. Les attitudes m'ont beaucoup plu :
l'"acting" est formidable.
Que pensez-vous du résultat final ?
Formidable. J'ai énormément ri ! Je suis certain que les
petits pourront rire en regardant cette aventure, tout comme les adultes. C'est
le cas quand on lit les albums d'Albert Uderzo et René Goscinny. Cet équilibre
a dû être très difficile à trouver, mais il est bien là. Le film est joyeux,
fluide, drôle et très beau esthétiquement.
Entretien avec Guillaume Briat – Obélix
Avez-vous toujours été fan d'Astérix ?
J'ai toujours aimé les aventures du plus célèbre Gaulois.
Comme tous les enfants des années 60, j'ai reçu mon premier album d'Astérix au
pied du sapin ! Je ne connais pas les répliques par cœur, mais on m'offrait
tous les ans un album que je dévorais avec mon frère. J'étais déjà attiré par
le personnage d'Obélix à l'époque : j'aimais bien son côté "tombé dans la
potion magique tout petit", et sa force physique surhumaine.
Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Ce qui m'a plu, c'est le mélange entre la fidélité aux
albums d'Astérix et la "patte" d'Astier. On retrouve l'univers
d'Albert Uderzo et René Goscinny dont on
ne peut pas se départir. Alexandre Astier nous a tous rassemblés autour
de ce projet, et Roger Carel a tout de suite eu envie de tourner avec lui. Je
pense aussi qu'Alexandre m'a proposé le rôle parce qu'il me connaissait : je jouais
un personnage "fort en couleurs" et un peu rustre dans Kaamelott, et
du coup, je pense qu'il a dû se dire que je pouvais camper ce personnage un peu
rond dans Astérix.
Le personnage d'Obélix est mythique et a déjà été campé par
plusieurs comédiens.
Comment vous l'êtes-vous approprié ?
C'est toute la difficulté de l'exercice : il faut rester
humble, s'inspirer des voix qui ont déjà
été prêtées au personnage tout en allant dans la direction que souhaite le
réalisateur. La voix d'Obélix est toujours grave et empreinte de bonhommie,
mais plus jeune que celle de Pierre Tornade qui l'a si longtemps incarné.
Dans quelle direction l'avez-vous amené ?
Au départ, j'étais trop proche de la BD et Alexandre m'a
demandé de revenir à un registre plus simple, et plus réaliste. Du coup, j'ai
adopté une voix assez ronde, débarrassée de toutes fioritures pour rester le
plus sobre possible. C'est aussi une voix positive qui doit inspirer de la
sympathie : Obélix est le rigolo de l'équipe et un type attachant.
Comment se sont déroulées les prises de son ?
J'étais déjà présent en amont pour assurer les voix pilotes
de tous les personnages : je suis passé du poissonnier au sanglier qui passe
son chemin ! Ensuite, le travail avec Roger Carel a duré cinq jours. On a eu la
chance d'être ensemble pour pouvoir collaborer de façon efficace : on a créé le
rythme avec nos répliques et les dessinateurs ont ensuite esquissé les personnages
à partir de nos voix.
Est-ce qu'on a besoin d'entrer dans la peau du personnage,
plus encore que dans un film traditionnel ?
Je crois qu'on se glisse dans la peau du personnage assez
naturellement. Comme on n'a pas de bande-rythmo, on n'est pas tributaire d'un
rythme qui a déjà été impulsé : on se tient devant notre page et on se lance.
L'élan physique, les gestes et le rythme s'imposent assez vite en définitive.
J'ai du mal à rester calme derrière un pupitre, et en fait je me mets très
rapidement à jouer ! J'étais assez libre de mes mouvements, avec bien entendu
la direction d'acteurs à côté. C'est une expérience très différente d'un
doublage de film d'animation américain.
Comment Alexandre Astier dirige-t-il ses acteurs ?
Il fonctionne un peu comme un chef d'orchestre. Sa direction
est assez musicale : il est capable de nous reprendre en nous donnant une note et on comprend tout de
suite dans quelle direction aller. Il sait choisir parmi les différentes prises
celle qui est la meilleure et la plus juste. Son travail est d'une grande
précision : il a l'oreille absolue et dès que ça sonne faux, il l'entend
immédiatement et nous demande de reprendre. C'est formidable de travailler à
l'oreille.
Entretien avec Roger Carel – Astérix
Voix reconnaissable entre toutes, Roger Carel a incarné – au
sens fort du terme – quantité de personnages d'animation qui ont accompagné les
familles françaises pendant plusieurs générations. Prêtant sa voix à Astérix
depuis 1967, il est aussi Jiminy Cricket dans Pinocchio, Kaa dans Le livre de
la jungle, Winnie l'ourson, ou encore le petit robot C3 PO dans La guerre des
étoiles.
Pour autant, Roger Carel a doublé d'immenses acteurs, à
l'instar de Peter Lorre, Jerry Lewis, Peter Sellers, Eli Wallach et Jack
Lemmon, et s'est produit dans Le vieil homme et l'enfant, On a volé la cuisse
de Jupiter, Le coup du parapluie et Papy fait de la résistance, où son
interprétation mémorable du général Muller s'est inscrite dans la mémoire
collective. Avec Astérix et le domaine des dieux, c'est la neuvième fois qu'il
prête sa voix au petit Gaulois.
« Pour moi, Astérix est un vieux compagnon. La première fois
que je l’ai interprété, c’était il y a plus de trente-cinq ans, pour la radio.
René Goscinny et Albert Uderzo souhaitaient faire des feuilletons et
cherchaient des voix. Le personnage, bien que sympathique, était toujours un
peu en train de râler ! Le type même du petit Français vu par les étrangers !
Mais il est aussi honnête et juste et il se définit également par son amitié
avec Obélix. Chacun est le faire-valoir de l’autre.
« Au fil du
temps, j’ai vu Astérix évoluer. Dans ce film, je le trouve plus tendre, plus
sensible, plus ému qu’il ne l’a été même dans les bandes dessinées. C’est une
nouvelle facette chez lui. Devant ce garçon, sa fibre paternelle s’éveille pour
la première fois.
« Avec entre autres
Kermit, C3-PO, Winnie l’Ourson, Alf, j’ai la chance de prêter ma voix à de bons
personnages qui durent - Winnie depuis 1950 ! - mais franchement, Astérix tient
une place à part. D’abord parce que c’est une création tout à fait française.
C’est « notre » personnage, et on s’y attache ! Ce petit Gaulois, c’est quand
même notre ancêtre ! Je m’en sens proche. Si je lui ressemble, c’est surtout au
niveau de l’énergie et de la vivacité. Comme lui, je suis toujours en mouvement
!
« Je suis
heureux que la voix que j’ai créée pour Astérix soit une partie de son
incarnation. Des gens de tous âges m’en parlent. Sa voix n’est d’ailleurs pas
très éloignée de la mienne à la ville. A chaque fois que je le retrouve, sa
voix me revient aussitôt. En moi, j’ai comme une bibliothèque où toutes mes
voix sont classées. »
Entretien avec Lorant Deutsch – Anglaigus
Etes-vous ou avez-vous été un fan d'Astérix ?
Je n'étais pas spécialement fan d'Astérix... Pour être
honnête, je préférais les Tuniques blues et les grands espaces américains aux
champs de menhirs gaulois !
Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?
Astérix fait partie de notre patrimoine national : les
aventures de ces deux Gaulois, leur langage, leurs jeux de mots et leur
irrédentisme nous sont familiers. La BD a connu un tel succès auprès des
lecteurs - toutes générations confondues - qu'on vit au quotidien avec cet
univers. Par ailleurs, j'avais déjà incarné Goudurix dans un autre film, et
j'étais donc ravi de me replonger dans un nouveau projet Astérix. J'étais
convaincu que l'alliage allait être détonant !
Alexandre Astier a apporté sa propre "patte" à
l'univers d'Astérix...
Il s'est mis lui-même au service d'Astérix puisqu'il a
décidé dans l'écriture du scénario de respecter les codes et les contraintes de
langage. Parfois, il lui est arrivé de tordre un peu la réalité de la BD, mais
au final Astérix reste souverain... Alexandre Astier, qui est un vrai créateur
– on lui doit l'invention du monde de Kaamelott –, a réussi à s'éloigner de son
propre univers et à se plier aux exigences d'Astérix.
Vous aviez envie de travailler avec Alexandre Astier...
Bien sûr ! Alexandre est un type à la fois original et
fascinant. J'ai eu un vrai coup de cœur quand je l'ai rencontré sur le tournage
de Kaamelott. À 7h du mat', il vous accueille en pyjama pour travailler sur le
scénario ! Avec lui, tout se passe sur un mode familial, débonnaire et
convivial.
Comment décrire votre personnage, Anglaigus ?
C'est un petit architecte qui vocifère beaucoup et donne des
ordres : il est censé défigurer les forêts gauloises pour les transformer en
zone de civilisation romaine avec du marbre, et des statues… Il est censé
incarner la civilisation avec les thermes et l'eau courante. C'est lourd à
porter pour un si petit homme, mais l'ensemble du projet est supervisé par
César. Et il ne se rend pas compte que son ennemi est invincible. C'est un
petit bonhomme très drôle qui me fait penser à Numérobis, le personnage que
jouait Djamel Debbouze dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Il est à la
fois plein de malice, un rien veule, avec un corps un peu égrotant, mais il va
au bout de ses pensées.
Vous aviez déjà prêté votre voix dans plusieurs films
d'animation américains. L'expérience d'Astérix est-elle très différente ?
Comme on a débuté par la captation des voix, le personnage
s'appuie sur la voix du comédien. Cet enregistrement s'est effectué très en
amont, du coup c'est à ce moment-là que les personnages ont commencé à prendre
vie. Toute cette phase a été supervisée par Alexandre Astier : c'est lui qui a
été décisionnaire. Ensuite, ce sont les graphistes qui se sont appuyés sur les
répliques pour réaliser les images. C'était donc une expérience très différente
de mes collaborations pour Pixar ou Blue Sky, où le cadre est assez rigide
puisque les images existent déjà, et qu'il n'y a pas de possibilité de changer
les dialogues.
Comment se sont passés les enregistrements ?
C'était formidable car Alexandre jouait avec nous et nous
donnait la réplique. Cela m'a fait penser aux dramatiques radio : on est dans
un studio et on joue l'un en face de l'autre ! C'est comme du théâtre enregistré.
Comment Alexandre Astier vous a-t-il dirigé ?
Il sait exactement ce qu'il veut. Par ailleurs, Louis Clichy
savait comment rebondir, accélérer le débit ou ralentir la voix. Astier avait le soutien et les conseils d'un
technicien pour régler le timbre au plus juste.
Dans quelle direction Alexandre vous a-t-il demandé de
travailler votre voix ?
On m'a demandé de rendre le personnage hystérique et hyper
volubile ! Ce qui me correspondait déjà pas mal puisque je suis moi-même rapide
et pressé !
A-t-on besoin d'entrer dans la peau du personnage, plus
encore que dans un film traditionnel ?
Curieusement, pour moi, c'est un peu le même travail. Car
même pour les scènes préparées en amont, la vérité n'existe que sur le plateau
ou dans le studio d'enregistrement. Pendant la phase de préparation, on imagine
un passé à notre personnage, on tente de se glisser dans sa peau, mais ensuite
c'est sur le plateau qu'il faut être prêt et juste.
Qu'avez-vous pensé du film ?
Le résultat est prodigieux : sans être dans le réel, les
graphistes ont réussi grâce à une technicité incroyable à donner du relief et
une réalité aux tissus en travaillant les textures et les motifs. Il s'agit
bien sûr d'images de synthèse, mais le rendu est magnifique, les objets, les personnages
et les décors ont une certaine densité, et une certaine profondeur. Par
exemple, l'eau a un aspect translucide, mais également un aspect fantasmé
Entretien avec Elie Semoun – Cubitus
Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?
Le même univers qui a attiré Alexandre Astier et qui séduit
des milliers de gens. Dans ma jeunesse, j'ai lu tout Astérix et Le Domaine des
Dieux ou encore La Zizanie m'ont beaucoup plus marqué que d'autres albums.
Astérix fait partie de notre culture ! J'ai donc accepté de participer au
projet pour mille raisons, mais surtout pour celle-ci.
Qu'est-ce qui vous a plu dans la relecture qu'en propose
Alexandre Astier ?
Alexandre est un ami depuis longtemps : tout le monde sait
qu'il a du talent et je lui fais entièrement confiance. Quand on a enregistré
nos voix, les dessins n'étaient pas terminés et je pense donc qu'il s'est
largement inspiré des inflexions de nos voix pour créer les personnages. D'une
certaine façon, on a un peu avancé à l'aveugle, mais encore une fois, j'étais
très confiant avec Alexandre.
Comment décrire votre personnage ?
Il a une voix un peu aiguë, et il est constamment dans la
revendication. Il est affilié à la CGT, à FO, et à SUD RAIL et il est toujours
en train de râler ! (rires) C'est le genre de personnage qu'Alexandre aime bien
me voir interpréter ! Il a cette petite réplique lorsqu'il se retrouve devant
Obélix, et qu'il va se faire massacrer : "Ah ! ça va pas être la même
limonade !" et je trouve cette réplique super ! C'est un personnage ridiculement
drôle!
Vous aviez déjà prêté votre voix dans L'Age de Glace.
L'expérience d'Astérix est-elle très différente ?
Quand on fait le doublage d'un film américain, le dessin
animé est terminé, et on n'a donc pas une grande liberté. On ne peut pas
vraiment inventer, d'abord parce qu'il y a des textes anglais avec une
traduction approchante, parfois approximative, et ensuite parce qu'on ne peut
pas rajouter beaucoup de choses.
Comment Alexandre Astier vous a-t-il dirigé ?
Alexandre connait par cœur le scénario, puisque c'est lui
qui l'a écrit. Et il sait mieux que nous comment prononcer nos répliques, car
il envisage parfaitement toutes les situations. En tant que comédien, on a
besoin de ses indications. C'est essentiel d'avoir un directeur de plateau. On
se fait rire mutuellement, et on s'apprécie vraiment. Du coup, il m'a laissé
ajouter des tas de petites touches personnelles. C'est un bonheur de travailler
ensemble !
Entretien avec Géraldine Nakache – Dulcia
Avez-vous toujours été fan d'Astérix ? Qu'est-ce qui vous
touche et vous amuse dans cet univers ?
Astérix évoque tout d'abord pour moi un parc d'attractions
et un film d'Alain Chabat. Je n'ai pas du tout la culture BD, même si j'en
voyais trainer chez moi des dizaines, car j'ai un grand frère qui a
probablement lu tous les albums qui existaient à l'époque ! En revanche, j'ai vu toutes les adaptations
cinématographiques, en particulier celle d'Alain Chabat, qui correspond pour ma
génération à un véritable événement, et qui représente sans doute une des
comédies françaises les plus drôles. Quant au parc d'attraction, il s'agit de
bons souvenirs d'enfance : j'allais au centre aéré à Puteaux, et les moniteurs
adoraient nous accompagner au parc Astérix…
Qu'est-ce qui vous a séduite dans ce projet ?
J'avais très envie de retrouver Alexandre Astier : on avait
déjà collaboré sur les épisodes de Kaamelott – aux côtés d'Alain Chabat
d'ailleurs ! Retravailler sous sa direction était une évidence pour moi, quel
que soit le projet. Plus tard, il m'a parlé du film d'animation. Il incarne le "geek" absolu, le vrai
connaisseur de la BD. Je me suis dit que sous sa plume, le projet allait être
formidable. Je me suis alors intéressée à cet album d'Astérix, et j'ai découvert
que c'était le préféré de mon frère et de mon neveu… Du coup, j'ai pensé que
j'allais gagner des points dans ma famille en participant à ce projet ! (rires)
Et puis, j'ai trouvé cela très drôle car c'est un vrai film d'aventures.
Comment se sont déroulées les prises de son ?
Dans la bonne humeur et avec beaucoup de gaieté, car on a une
grande part de liberté quand on prête sa voix : on peut vraiment y aller si on
est bien dirigé ! La première demi-heure est un peu difficile : il faut
rapidement se mettre dans le bain, vite entrer dans la peau du personnage. Au
départ, on peut se sentir un peu à l'étroit, et puis on se rend compte que
c'est l'inverse : avec la voix, il est possible de recréer plein de choses. Il
ne faut pas se départir de son corps lorsqu'on est en studio, même si c'est un
peu confiné et qu'on n'est pas tout seul. Utiliser notre corps – pas comme
devant une caméra, bien sûr - permet de donner des impulsions, et de faire de jolies trouvailles.
Alexandre vous a-t-il demandé de travailler votre voix d'une
certaine façon ?
Je n'ai pas eu le sentiment de devoir tricher sur quoi que
ce soit. J'ai joué comme je l'aurais fait sur un plateau de cinéma. Alexandre
ne m'a pas demandé de travestir ma voix. Mais bien évidemment, quand on travaille
en studio, on est amené à refaire les prises pour des questions d'intonations,
et on doit donc bien maîtriser son souffle.
Comment pourriez-vous décrire votre personnage, Dulcia
?
C'est une vraie mère poule, elle est très attentionnée et se
sent très concernée par sa famille. Elle est à la fois extrêmement aimante et
très aimée en retour. Chaque chose est à sa place, elle aime l'ordre et elle va
se retrouver un peu bousculée…Ce qui est plutôt une bonne chose !
Est-ce qu'on a besoin d'entrer dans la peau du personnage,
plus encore que dans un film traditionnel ?
Oui, c'est impératif ! C'est Alexandre qui nous a amenés à
suivre les rails de nos personnages. Avec moi, il a très peu parlé du
personnage, et davantage de la BD, des raisons pour lesquelles il avait choisi
cette BD-là, du genre de l'animation, de la façon dont il voulait diriger ce
film… Grâce à ses explications, on a comme une sorte de partition entre les
mains. On sait qu'on ne se trompera pas avec lui : tout est réglé comme du papier
à musique.
Comment Alexandre Astier dirige-t-il ses acteurs ?
On est dans un cadre
très précis, mais au sein de celui-ci, on est ultra libre, et Alexandre adore
qu'on lui fasse des propositions. On prend le temps de travailler ensemble et
parfois on essaie d'autres notes au moment de la prise de son : c'est le moment
où on tente sans être dans l'improvisation évidemment. Je trouve que c'est
grisant et stimulant pour un acteur d'avoir une partition presque au cordeau.
Est-ce difficile de travailler et d'enregistrer sa voix
quand il n'y a pas de partenaire en face, seulement quelques esquisses ?
On a posé nos voix il y a plusieurs mois et, à ce stade, il
n'y avait alors que quelques ébauches de dessins. En revanche, j'ai eu la
chance de jouer avec mon principal partenaire Artus de Penguern : Alexandre a
tout organisé pour qu'on soit ensemble lors des enregistrements. C'était un
véritable luxe. Contrairement au doublage d'un film d'animation américain pour
lequel j'avais prêté ma voix, cet exercice était beaucoup plus libre : on a été
dirigés, Artus et moi, on a joué ensemble, puis les dessins ont été ajustés en
fonction de nos répliques. C'était très agréable car j'ai vraiment eu le
sentiment de composer un personnage sans être contrainte de coller à quelque
chose de très précis.
Entretien avec François Morel – Ordralfabetix
Avez-vous toujours été fan d'Astérix ?
Oui, j'adore cet univers ! Je crois qu'on est né la même
année, Astérix et moi...en 1959. J'achetais tous les albums qui sortaient. Je
me souviens qu'une fois, j'en avais acheté un avant d'aller en vacances chez ma
grand-mère où je m'ennuyais un peu, et cela coûtait 8 F à l'époque. Il fallait
que j'économise en ramassant des pommes ! Mais c'était à chaque fois un
plaisir...
Qu'est-ce qui vous a séduit et amusé dans le scénario ?
C'est très fidèle à l'esprit d'Astérix, de René Goscinny et
d'Albert Uderzo. Et puis il y a le côté trans-générationnel, on peut rire de
certaines références quand on a plus de 25 ans et aussi trouver ça très drôle
quand on a un regard d'enfant, puis découvrir des choses en grandissant. Je
pense que ce sera pareil pour le film : il y a des anachronismes, comme dans
les albums, il y a aussi des jeux des mots, des personnages inouïs ... On est
vraiment dans l'univers des albums. Alexandre apporte aussi sa patte, comme
Alain Chabat l'avait fait à sa manière. Ce sont tous les deux des enfants de
René Goscinny qui réinventent un esprit.
Comment décrire votre personnage, Ordralfabétix ?
C'est le poissonnier, et j'ai donc passé le film à hurler !
(rires) J'ai malgré tout essayé de le rendre humain. Jusque-là, quand je
doublais des dessins animés, je jouais des chats ou des chiens - comme dans Le
chat du rabbin et Rantanplan ! Ça me change !
En quoi cette expérience est-elle différente des autres
doublages de films d'animation ?
A chaque fois, il s'agit de se mettre au service d'un
réalisateur et de jouer. J'essaie d'utiliser ma petite fantaisie au service
d'un univers. De l'extérieur, on a le sentiment qu'on fait du doublage quand on
prête notre voix pour un dessin animé, alors que ce n'est pas le cas. On part
de la voix et les images viennent après. Et donc, en réalité, on est très
libre. Il arrive de faire des reprises quand les images sont là et qu'il manque
quelques sons, mais le vrai travail est effectué en amont et à ce stade, tout
est possible.
Qu'avez-vous pensé du rendu de votre personnage à l'écran ?
Il était tel que je l'imaginais, mais je me suis surpris à
rire plusieurs fois quand j'ai vu les extraits. C'est donc plutôt encourageant
!
Entretien avec Baptiste Lecaplain - Gladiateur
Avez-vous toujours été attiré par l'univers d'Astérix ?
Oui, d'autant plus qu'il s'agissait de l'un des très rares
dessins animés que je regardais avec mon père et où je le voyais se marrer ! Car ma grand-mère
avait tous les Astérix en dessins animés.
Comment êtes-vous arrivé sur le film ?
Je suis un fan d'Alexandre Astier depuis très longtemps, et
il m'a rencontré parce que je faisais la première partie du spectacle d'Elie
Semoun : Alexandre m'avait envoyé un SMS très encourageant à deux reprises, et
on est devenus amis dans la foulée. Ensuite, on a collaboré à un sketch à
l'occasion d'une soirée d'humour à La Cigale et il m'a demandé de participer à
son film ! Même s'il me demandait de faire une pub pour un porte-clés, je lui
dirais oui ! Et j'étais ravi d'avoir pour partenaire Pascal Demolon, que
j'avais adoré dans Radiostars.
Qu'est-ce qui vous a plu dans le projet ?
Je n'ai pas eu le scénario entre les mains, mais seulement
deux pages de texte. Typiquement, ce qui me plaît dans Kaamelott ou dans
Astérix, c'est l'adaptation très personnelle que peut en tirer Alexandre –
j'aime voir son regard sur une œuvre existante. Même en tant que spectateur,
cela me plaît. J'aime le côté très dialogué, très parlé, très contemporain du
film : il arrive à rendre des dialogues très naturels qui passent
incroyablement bien dans le contexte du film.
Comment décrire votre personnage ?
Avec Pascal, on campe deux gladiateurs prêts à entrer dans
l'arène, proches de deux catcheurs contemporains. Au départ, je devais jouer le
grand et costaud, et Pascal le petit et maigre, mais au final, on a inversé les
rôles, et je crois qu'on a eu raison ! Alexandre voulait que ces deux
gladiateurs soient très gauches et qu'ils aspirent à prendre les choses en
main. Autant dire que je ne me suis pas inspiré de Russell Crowe dans Gladiator
! Et même si c'était difficile de se représenter le personnage visuellement, il
s'inscrivait bien dans la veine des Romains qui pensent être invincibles et qui
tombent sur un os avec les Gaulois.
Parlez-moi de la direction d'acteur.
Alexandre Astier dirige ses acteurs un peu comme sur un
plateau de cinéma. C'est le genre de direction que j'adore : il est très précis
dans ses consignes, et il n'hésite pas à tourner une nouvelle prise dès qu'il a
obtenu ce qu'il veut en nous laissant une totale liberté. Le tout dans une
atmosphère de délire et de rires !
Comment cette liberté s'est-elle exprimée ?
On avait la liberté de s'approprier les phrases. Le plus
fou, c'est qu'Alexandre a une oreille musicale extraordinaire et qu'il me
demandait parfois de corriger de très légères inflexions de voix. Il notait
quand j'hésitais sur un mot, et me le faisait prononcer à nouveau. Pour les scènes d'action, il m'a même demandé
de mimer un combat de gladiateurs en laissant libre cours à mon imagination :
on pouvait faire ce qu'on voulait puisque, de toute façon, la partie animation
n'interviendrait qu'après l'enregistrement de nos voix. C'était un luxe
hallucinant de pouvoir travailler dans de telles conditions.
Entretien avec Florence Foresti – Bonemine
Avez-vous toujours été fan d'Astérix ?
Comme tous les enfants, j'ai eu ma période fan d'Astérix !
C'est dur d'y échapper, on tombe tous dedans. J'ai été élevée à la "potion
magique" façon Astérix.
Qu'est-ce qui vous a séduite et amusée dans le scénario
?
Je n'ai pas lu le scénario car on ne me l'a pas donné ! Mais
j'ai une confiance aveugle en Alexandre Astier et dans les auteurs de la
BD... Alexandre n'explique pas trop : il
reste assez mystérieux, ce qui me plait bien d'ailleurs ! de toute façon, je
suis aussi fan d'Alexandre Astier que d'Astérix, et du coup je ne me suis pas
posée de questions !
Comment décrire votre personnage, Bonemine ?
Elle me ressemble beaucoup. Je l'ai découverte à l'animation
et je la trouve craquante. Elle est très jolie et franchement sexy. J'adore les
personnages petits en taille et forts en gueule car généralement ils sont très
drôles. D'ailleurs, dans la mise en scène, les réalisateurs s'y sont bien pris
: on la regarde toujours d'en haut tandis qu'elle regarde les autres d'en bas.
C'est un trait qui renforce la comédie et qui me plait beaucoup. Elle incarne à
sa manière une petite dictatrice et j'adore ça ! Je la trouve parfaite car elle
peut réaliser dans cette comédie tout ce que je ne saurais faire
Vous aviez déjà prêté votre voix à Lucas, fourmi malgré lui.
C'était très différent ?
Oui, car pour Astérix, il n'y avait pas la voix du comédien
américain, pas de référent, et du coup on se sent beaucoup plus libre. La pression
était plus forte pour Astérix, mais j'ai travaillé avec des gens merveilleux,
aguerris, avec beaucoup d'expérience.
Comment avez-vous travaillé votre voix ?
J'ai ciselé la voix que son physique me suggérait : on ne
l'imagine pas trop avec une voix perchée, aiguë, mais plutôt pleine de
caractère. Elle n'est pas toute jeune selon moi. Au final, j'ai conservé pour
l'essentiel ma voix naturelle.
Comment Alexandre Astier vous a-t-il dirigée ?
Il est comme un chef d'orchestre, car il est davantage dans
la musique que dans les mots. Il est d'une grande précision. C'était agréable
pour moi, car je travaille beaucoup dans le mimétisme, et j'écoutais donc ce
que voulait Alexandre et je répétais. Et ça m'a vraiment plu !
Artus de Penguern – Petiminus
Scénariste, comédien, réalisateur et véritable showman,
Artus de Penguern se destine au départ à des études de gestion avant de
découvrir sa vocation en passant par le cours Simon et le Conservatoire libre
du cinéma français. Il fait ses débuts sur grand écran dans les années 80,
devant la caméra de Maurice Pialat (Police), de Claude Chabrol (Le sang des
autres) et de Roman Polanski (Frantic). Parallèlement, il commence à écrire et
à réaliser des courts métrages empreints d'humour noir et de poésie absurde, et
passe au long avec Grégoire Moulin contre l'humanité en 2001, où il campe un
orphelin malheureux qui connaît de nombreuses péripéties. La même année, il
trouve l'un de ses rôles les plus mémorables dans Le Fabuleux destin d'Amélie
Poulain de Jean-Pierre Jeunet, en incarnant un écrivain raté expliquant, sans
convaincre, que "la vie n'est que l'interminable répétition d'une
représentation qui n'aura jamais lieu". Son humour désenchanté et son
élégance trouvaient aussi à s'exprimer sur scène et dans l'émission matinale de
Pascale Clark sur France Inter. En 2012, il signe un deuxième film, La clinique
de l'amour, croisement réussi entre Mel Brooks et Billy Wilder. Il prête sa
voix inimitable à Petiminus dans Astérix et le domaine des dieux avant de s'éteindre
à l'âge de 56 ans.
Entretien avec Philippe Bony- Producteur
Comment est né ce projet porté par M6 Studio ?
Le Groupe M6 a l’ambition de soutenir fortement le
développement du cinéma d’animation français. Pour initier cette politique,
nous avons donc fait le choix il y a cinq ans, de produire la première
adaptation d’Astérix en animation 3D relief, et de permettre, autour de ce film
événement, la création d’un grand studio de production en France.
Il a d’abord fallu convaincre Albert Uderzo sur le fait que
la technologie 3D pouvait donner une nouvelle vie à ses personnages. Il avait
vu plusieurs films d'animation américains en relief, et trouvait cela
formidable sur le plan de la prouesse technologique, mais il lui semblait que les
attitudes et les émotions des personnages n’étaient pas encore suffisamment
aboutis. Nous avons donc fait des essais avec Louis Clichy et Patrick Delage
(le directeur d’animation), et il a été conquis en découvrant les premières
expressions sur le visage d’Obélix ! Ce rendez-vous avec Albert Uderzo il y a
environ 4 ans a été vraiment déterminant.
Pourquoi avez-vous choisi de confier ce projet à Alexandre
Astier et Louis Clichy ?
Alexandre fait partie de la famille M6 depuis longtemps ! Et
nous avons toujours été séduits par les dialogues de Kaamelott, et les
situations qu'il met en scène. De son côté, il nous avait dit à plusieurs
reprises son admiration pour l’œuvre de René Goscinny et Astérix. C'est donc le
premier auquel j'ai pensé pour écrire une nouvelle aventure d'Astérix : il
possède à la fois le style et le talent pour réaliser un formidable film
d'animation pour toute la famille. J'étais convaincu qu'avec son savoir-faire,
les enfants comme les parents y prendraient beaucoup de plaisir. Je lui ai donc
proposé d’écrire ce film, mais j'appréhendais un peu car il n'avait jamais
signé d'adaptation et que c'est un créateur qui aime avant tout inventer ses
propres univers. Et puis, réaliser un film d'animation vous mobilise pendant
trois ou quatre ans et implique une grande part de collaboration et de travail
d'équipe. Ce dont Alexandre n'avait pas vraiment l'habitude, puisqu'en général
il est seul maître à bord. Mais l'envie de pouvoir se confronter aux
personnages d'Astérix l'a emporté : il n'a formulé qu'un souhait – adapter son
album préféré, Le domaine des dieux.
Quant à Louis Clichy, il a travaillé chez Pixar...
Je ne le connaissais pas du tout : c'est Natalie Altmann, la
productrice exécutive du film, qui me l'a présenté. Il a un pédigrée
hallucinant puisqu'après l'école des Gobelins, il a effectivement travaillé
chez Pixar pendant trois ou quatre ans sur l’animation de films comme Là-haut,
Ratatouille ou Wall-E. Mais pour Astérix, nous lui proposions d’être le
réalisateur – et donc de diriger tout l’artistique du film, et piloter une
équipe de 250 personnes. C’était pour nous un enjeu très important. Avant de
partir aux États-Unis, il avait eu l'occasion de réaliser un court-métrage en
2D sur une chanson de Piaf, "ça sert à quoi l'amour ?" : c’était un
univers très éloigné de celui d'Astérix,
mais j’ai été fasciné par ce court métrage qui témoignait déjà d'un vrai
talent et d'une formidable maîtrise artistique, du rythme, de la musique, de la
comédie, et du passage des émotions : c'est peut-être au
final ce petit film qui m'a convaincu que
Louis Clichy était la bonne personne. Sur Astérix, il s’est affirmé
comme un grand réalisateur et a réussi un travail formidable
La décision de produire le film en France et en français
s’est-elle imposée d’entrée de jeu ?
Nous ne pouvions pas imaginer produire un film aussi gaulois
qu'Astérix à l'étranger ! En plus, des talents formidables sont formés chaque
année dans différentes écoles françaises comme les Gobelins, Georges Méliès,
Sup Info Com, ArtFX ou l'ESRA 3D. D'ailleurs, les Américains viennent jusqu'ici
recruter graphistes et dessinateurs pour leurs propres studios. Produire le
film en Inde ou au Canada nous semblait aberrant. Evidemment les contraintes
budgétaires ont été très conséquentes
pour le groupe M6, mais artistiquement, il était primordial pour nous de
produire ce film non seulement en France mais surtout en français, contrairement
à ce qui se fait sur tous les films d’animation. Nous tenions à ce que notre
Astérix respire à chacune de ses étapes en français. Avec Alexandre et Louis,
nous avons choisi d'écrire le scénario en français et d'enregistrer les voix en
français. Et toutes les étapes d'animation ont été réalisées à partir des voix
françaises. C'était un élément culturel important. Ce choix s'est décidé très
en amont et joue pour beaucoup dans la perception du film : c'est aussi de
cette manière qu'il se distingue de tous les films américains et anglo-saxons
que peuvent voir nos enfants. Cela lui confère une originalité et une tonalité
très particulières.
Parlez-moi de la création du studio.
Un film de cette envergure-là ne s'était jamais fait à
partir de voix françaises. Il a donc fallu qu'on construise un studio ex
nihilo. Avec Natalie Altmann, Louis,
Patrick et le directeur artistique, nous avons fait le tour des studios
d'effets spéciaux, pour lesquels la France est en pointe, et c’est avec la
société Mikros, qui venait de remporter l'Oscar pour son court-métrage
d’animation Logorama, que nous avons trouvé la plus forte cohérence artistique.
Grâce à ce formidable projet, Mikros a pu créer son studio d’animation, à
Levallois, dans un garage désaffecté. Un film d’animation de cette ambition,
c’est d’abord une aventure artistique, dont le but ultime est de partager un
grand moment de cinéma avec toute la famille, mais c'est aussi une aventure
industrielle puisqu'il a fallu adapter et inventer des logiciels, pour créer
des personnages qui ont des moustaches, des poils et des gros nez, et qui
volent dans les airs, ou courent dans la forêt… Ce sont des spécificités
artistiques très particulières qui ont imposé de monter une équipe d'une
vingtaine d'ingénieurs pour transcrire la volonté des graphistes en images de
synthèse. Ce film a permis de créer environ 250 personnes sur toute la durée de
la production : nous avons eu besoin de la collaboration d'informaticiens,
d'ingénieurs, de graphistes, d'animateurs...
Est-ce un projet qui a été particulièrement difficile à
financer ?
On a la chance qu'Astérix soit un personnage très fort, non
seulement en France, mais aussi en Europe. Le dernier album s'est vendu à plus
de 2 millions d'exemplaires dans l'hexagone, et c'est de très loin la première
vente de BD en France. En Allemagne
aussi, d'ailleurs. Les personnages sont très appréciés du
grand public en Europe et ont également rencontré un certain succès en Asie. Ce
phénomène nous a permis de pré- vendre le film à des partenaires étrangers, et
notamment à la Belgique, qui représente 20% du financement, à l'Allemagne, et à
la Russie. Le film a été vendu dans 35 territoires avant même d'avoir été
produit.
Comment le choix des voix a-t-il été fait ?
Nous voulions des voix qui incarnent parfaitement les
personnages. Car nous souhaitions, comme je l'ai dit, que ce soient les voix
françaises qui définissent les personnages et c'est à partir des voix que les
équipes d'animation ont conçu les images. Nous avons aussi filmé les acteurs,
qui prêtaient leur voix, pendant qu'ils enregistraient, ce qui a servi aux
animateurs pour retranscrire les expressions de visages et les mimiques des
personnages. C'est un projet très fort qui appartient à la culture de tous les
Français : du coup, nous n’avons pas eu le moindre refus de la part des acteurs
qu'on a contactés. Les comédiens ont aussi
pris un grand plaisir à travailler avec Alexandre et ils étaient
enchantés de participer à un Astérix en animation. Ils ont donc tous accepté
sans hésiter.
Entretien avec Philippe Rombi – Auteur de la musique
Avez-vous toujours été fan d'Astérix ?
Quand j'étais petit, je piquais les BD d'Astérix à mon
frère, qui était plus âgé que moi : les personnages m'intriguaient, même si je
ne comprenais pas encore grand-chose aux histoires. Quand j'ai eu l'âge de
mieux les apprécier, j'ai dévoré tous les albums d'Astérix ! C'est aussi pour
cela que j'ai accepté de participer au projet. D'ailleurs, quand j'ai rencontré
Louis, je lui ai confié que Les Douze travaux d'Astérix avait été un moment
marquant de mon enfance. Il a ouvert son tiroir qui contenait un seul album de
la saga : Les Douze travaux d'Astérix ! L'aventure démarrait sous de bons
auspices.
Comment avez-vous abordé la musique pour Astérix et le
Domaine des dieux ?
C'était délicat car je ne savais pas du tout ce qu'on allait
me demander. Je savais que les deux réalisateurs recherchaient une partition
originale et qu'ils avaient pas mal d'exigences, car ils ont un goût prononcé
pour la musique de film : non seulement Louis Clichy est un vrai béophile et
joue également du piano, mais Alexandre Astier a de plus une formation de
musicien classique. Autant dire que j'allais avoir des interlocuteurs avertis !
En définitive, je ne suis pas arrivé sur ce projet avec des idées préconçues :
je voulais savoir à qui j'avais affaire et connaître la "couleur" de
cet Astérix. Et on s'est découvert, Louis, Alexandre et moi, des affinités sur
les intentions et les pièges à éviter. On rêvait de musique tous les trois et
on se rejoignait sur des héritages, des styles et des compositeurs. J'ai pu
apprécier les premières illustrations de Louis, j'aimais le ton d'Alexandre,
bref l'aventure pouvait commencer !
Sur quoi êtes-vous tombés d'accord ?
D'emblée, on voulait éviter une musique trop enfantine : ce
n'est pas parce qu'on travaillait sur un film d'animation qu'on devait
forcément avoir une musique illustrative ou "cartoonesque". On
voulait considérer la musique comme s'il s'agissait d'un film d'aventures, avec
de l'action, de l'émotion, de l'humour… On souhaitait donc une partition plus
ample et, dans les rêves de gosses de Louis et d'Alexandre, on allait pouvoir
se référer à John Williams, Jerry
Goldsmith ou Alan Silvestri, -- autrement dit, une musique symphonique issue de
l'héritage de Ravel, Tchaïkovski, Prokofiev ou encore Stravinski. Ayant souvent
eu l'occasion de composer pour de grandes formations symphoniques, cela faisait
aussi partie de mon univers, de certaines couleurs de ma palette, et nous n'avons pas eu
de mal à nous comprendre sur la tonalité à adopter.
Comment s'est passée la composition ?
J'ai d'abord eu un animatique entre les mains. Contrairement
à d'autres films où la musique se compose dans un délai court, le processus
s'est ici étalé par étapes sur un an. J'ai même eu plusieurs versions de
l'animatique : au départ, c'étaient des cartons qui
s'enchaînaient, davantage que des images qui s'animaient. On
entendait les dialogues enregistrés et en fermant les yeux, on pouvait imaginer
le film.
Très vite, le thème d'Astérix a été le plus déterminant :
j'ai composé des variations autour de lui, en favorisant la dimension épique,
émotionnelle ou parfois folklorique du village gaulois. Ensuite, j'ai demandé à
Louis s'il y avait des séquences
prioritaires qui pouvaient influer sur le tempo ou le rythme de l'animation :
il m'a montré la scène où les esclaves se passent des pierres pour construire
l'édifice puis une première version du générique début. J'ai composé ces
morceaux qui nous ont permis de créer nos premières interactions entre musique
et images.
Et ensuite ?
Progressivement, j'ai voulu avancer dans l'ordre du film :
j'aime bien que d'un morceau à l'autre, on ait une cohérence d'harmonies et de
modulations. La difficulté, en effet, était de trouver une unité à l'ensemble
du film qui emprunte à divers registres et de passer par exemple d'une bataille
épique avec 90 musiciens à la bossanova présente au Domaine des Dieux que j'ai
baptisée "Bossastérix " et qui
fait appel à une formation différente et à un style décalé. D'autre part, les
intentions de Louis et d'Alexandre pouvaient
parfois contraster sur le ton ou l'humeur à donner à un passage d'une
séquence. Donc, nous en parlions ensemble et il s'agissait ensuite d'harmoniser
nos trois points de vue.
Quelles étaient vos sources d'inspiration ?
Jamais je ne me pose ce genre de question quand je commence
un film en général. J'essaie d'être le plus instinctif possible : je n'écoute
rien, ce qui peut parfois surprendre, et j'essaie de voir ce qui transpire du
film, de l'équipe, de la vision du réalisateur… autant de choses qui me
poussent à aller dans une direction. Puis, si le réalisateur me fait écouter ou
me parle d'une musique, je prends cela
comme une manière pour lui d'exprimer une intention, et non pas comme une
référence musicale figée. Je n'ai donc pas écouté les musiques des précédents
films d'Astérix, et j'ai agi comme je fais d'habitude, sans chercher à imposer
un concept, ou à "faire moderne" pour être prétendument moderne. Je
cherche donc à être naturel et à éviter la caricature. Quand on compose, on
sent si on est en harmonie avec le projet, et c'est un équilibre à trouver
entre son univers à soi et l'œuvre d'autrui.
C'est la première fois que vous collaborez à un film
d'animation ?
Oui, et c'est drôle parce que lorsque j'étais étudiant à
l'école Normale supérieure de Paris sous la direction d'Antoine Duhamel, lors
du premier cours, j'ai travaillé sur un dessin animé ! Et aujourd'hui, avec
Astérix, j'ai le sentiment que la boucle est bouclée ! C'est aussi ce qui m'a
plu : alors que j'étais en plein travail sur le nouveau film de François Ozon,
je savais que j'allais expérimenter autre chose. J'avais un ou deux projets en
cours, mais avec Astérix, je me suis dit que j'allais pouvoir faire des choses
que je ne pouvais pas me permettre ailleurs et ça me plaisait.
Autre post du blog lié à ASTÉRIX – LE DOMAINE DES DIEUX : http://epixod.blogspot.fr/2014/11/back-to-future_15.html
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