Arts Martiaux/Action/Fantastique/Un bon divertissement entre romance fleur bleue, un Japon féodal revisité et une histoire fantastique
Réalisé par Carl Erik Rinsch
Avec Keanu Reeves, Hiroyuki Sanada, Kô Shibasaki, Tadanobu Asano, Min Tanaka, Rinko Kikuchi, Jin Akanishi, Masayoshi Haneda...
Long-métrage Américain
Durée : 1h59m
Année de production : 2013
Distributeur : Universal Pictures International France
Twitter : https://twitter.com/UniversalFR et #47Ronin
Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2013
Date de sortie sur nos écrans : 2 avril 2014
Résumé : Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité.
Bande annonce (VOSTFR)
Featurettes (VOSTFR)
- Keanu Reeves
- Samouraï Action
Ce que j'en ai pensé : 47 RONIN a été une bonne surprise. Alliant fantastique et incursion dans une culture Japonaise ancestrale revisitée, il s'est avéré très divertissant. Cela tombe bien car c'est ce que j'en attendais. Les effets spéciaux sont vraiment sympas et bien maîtrisés. L'atmosphère du film est originale. Elle oscille entre magie, romantisme fleur bleue, sévérité d'une culture japonaise féodale et intrigues de prise de pouvoir. C'est incongru mais cela fonctionne. J'ai apprécié les multiples décors et le soin apporté aux nombreux costumes.
47 RONIN conte une légende, le réalisme importe donc finalement peu. Le scénario est fluide l'histoire se suit facilement même avec tous les éléments fantastiques qui viennent se greffer aux aventures humaines.
Keanu Reeves, que j'ai eu plaisir à retrouver dans ce rôle, interprète Kaï. Il est aussi bon pour exprimer la force maîtrisée que la modestie et la loyauté. Tout ne tourne pas autour de son personnage. Du coup, le scénario nous permet de connaître plusieurs protagonistes et on s'intéresse à ce qui peut leur arriver.
La réalisation offre de jolies scènes d'action et de belles prise de vue sur les villes et autres décors sur fond de symboles japonais ou asiatiques en général. Elle n'est pas parfaite sur certaines scènes mais du coup un certain charme décalé ressort de ce film.
Keanu Reeves, que j'ai eu plaisir à retrouver dans ce rôle, interprète Kaï. Il est aussi bon pour exprimer la force maîtrisée que la modestie et la loyauté. Tout ne tourne pas autour de son personnage. Du coup, le scénario nous permet de connaître plusieurs protagonistes et on s'intéresse à ce qui peut leur arriver.
47 RONIN est un divertissement un peu étrange parce que c'est un mélange de genres étonnants mais il est très sympathique. J'ai réellement passé un bon moment. C'est une découverte à faire pour connaître la légende de ces 47 samouraïs déchus.
Définition Rônin : Les rônin sont d'anciens Samouraïs exclus de la société japonaise féodale, pour plusieurs raisons : la mort de leur seigneur, leurs propres fautes ou leur défaite au combat (source Wikipédia)
Définition Rônin : Les rônin sont d'anciens Samouraïs exclus de la société japonaise féodale, pour plusieurs raisons : la mort de leur seigneur, leurs propres fautes ou leur défaite au combat (source Wikipédia)
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)
Quand le réalisateur Carl Rinsch lut la première version du
scénario de 47 RONIN, il reconnaît avoir été intrigué par l’histoire d’amour
intemporelle, la richesse des décors et des paysages et les créatures
fantastiques qui y étaient décrits, le tout sur un fond de réalité historique.
Il se souvient : « Je
connaissais un peu le contexte historique des rônins, mais il s’agissait là
d’une interprétation artistique. » Et pour la productrice Pamela Abdy : « Les thèmes du film - l’honneur, la
vengeance et l’amour - sont universels. On peut facilement s’identifier à ces
personnages, à leurs émotions, leurs désirs et leurs peines. En suivant le
parcours du héros, on est happé dans une aventure fantastique, mais au cœur du
film se trouve une aspiration purement humaine : celle de vouloir redresser les
torts dont on a été victime. »
L’équipe ne cherchait pas seulement à réaliser un film
qui divertirait le public, elle était résolue à rendre hommage à cette histoire
constitutive de l’identité nationale japonaise. La légende des 47 rônins est
chérie par tous au Japon : un jour férié leur est consacré, et l’histoire est
transmise de génération en génération, la tradition, appelée chushingura, encourageant les multiples
itérations et élaborations, à travers différents médiums, qui retiennent la
trame historique initiale tout en enrichissant et embellissant la légende. « La tradition du chushingura correspond à la réitération des faits
historiques ayant trait aux 47 rônins. Notre objectif était de garder les
émotions et les thèmes constitutifs de l’histoire, en la rendant accessible à
un public contemporain»,
explique le réalisateur. « Les
spectateurs d’aujourd’hui ont été initiés au cinéma fantastique, à la science-fiction
et aux super-héros. Mon intention était de donner au chushingura japonais une portée internationale en
utilisant le meilleur de ce que nous offre la production hollywoodienne à ce
jour. »
Au
cours de ses recherches, le réalisateur trouva l’inspiration dans les œuvres
d’artistes japonais tels qu’Hayao Miyazaki, Katsushika Hokusai et Utagawa
Hiroshige. Il déclare : « Quand
j’ai étudié ces gravures et ces estampes, j’ai pris conscience qu’un monde fantastique
existait sous mes yeux. Et j’ai pensé que si je parvenais à lui donner vie, j’accomplirai
quelque chose de rare. »
Carl Rinsch et son équipe se mirent à étudier la composante fantastique de 47 RONIN, dont des créatures qui font depuis longtemps partie du
folklore japonais. Ils furent stupéfaits par l’étendue de ce qu’ils trouvèrent.
« Il y a le yokai, le oni
qui est une sorte d’énorme ogre japonais,
les tengu qui sont des oiseaux guerriers. Il y a
toute une ménagerie de personnages fantastiques qui nous ont offert une
multitude de directions à explorer. »
En finalisant le scénario et en entamant la pré-production,
ils découvrirent que la clé de la réussite tenait dans l’équilibre entre le
fabuleux et le fantastique et les personnages, leurs émotions et leurs
rapports. La productrice déclare : « L’histoire
s’intéresse au sentiment amoureux, à la souffrance et au chagrin qui appellent des
moments de calme, mais elle se veut également emphatique et audacieuse. Nous
avons essayé d’harmoniser l’action et le spectacle avec les scènes centrées sur
personnages. »
À la découverte de Kaï
: Keanu Reeves rejoint les rangs
Il fallut tout d’abord trouver l’acteur avec la présence,
la capacité physique et l’endurance nécessaires pour interpréter Kaï, ce héros
issu de deux mondes. Très largement apprécié du public pour son rôle dans la
trilogie MATRIX (Andy & Lana Wachowski, 1999-2003), où il sert de repère
humain au cœur d’un monde fantastique complexe et inventif, Keanu Reeves était
le candidat idéal et est rapidement devenu un partenaire essentiel dans la mise
en œuvre du film. « Nous
avons contacté Keanu très en amont », déclare Pamela Abdy. « Il nous a rejoint presque deux ans et demi avant le début du
tournage et a très activement participé à l’élaboration du film. Il est non
seulement l’acteur rêvé, mais a été un collaborateur enthousiaste à tous les
niveaux de la production. »
« J’étais attiré par l’univers de ce film », avoue-t-il. « Il me parle en tant qu’Occidental, grâce
l’universalité de ses thèmes : l’honneur, la vengeance et l’amour. »
L’acteur collabora avec les
scénaristes Chris Morgan et Hossein Amini avant même de rencontrer le
réalisateur, mais c’est lors de cette rencontre qu’il fut frappé par l’approche
de Carl Rinsch et sa maîtrise du langage visuel nécessaire pour donner vie à
cette histoire. « Carl a
un rapport au film basé sur les émotions, et il est ouvert au partage et à la
collaboration. C’est un styliste hors pair et il est parvenu à donner à ce
monde fantasmatique une véritable présence », commente Keanu Reeves.
Au réalisateur de lui rendre la
pareille : « Keanu
est plus qu’un acteur. C’est un collaborateur, à tous les niveaux. Ses réponses
sont toujours judicieuses, quelle que soit la question. » Dans cette réinvention de la fable
des 47 rônins, et dans la tradition du chushingura, le personnage de Kaï est un nouveau venu.
Orphelin bâtard qui ne fait confiance à personne, Kaï est la personnification
de l’étranger qui tente de trouver sa place dans une culture profondément
attachée à son identité nationale. « Kaï
se bat pour être inclus et accepté. C’est le cas de beaucoup de gens et de
beaucoup d’immigrants en particulier : cette volonté d’être accepté, tout en
gardant son individualité »,
estime l’acteur. « Comme
toutes les grandes et belles histoires, la nôtre fonctionne à une échelle
universelle. »
Un casting international
Pour réunir le reste de la distribution, réalisateur,
producteurs et acteur principal se penchèrent avec grand intérêt sur la crème
du cinéma asiatique. Des vétérans des films d’action aux stars montantes, en passant
par des acteurs nominés aux Oscars, les cinéastes sélectionnèrent une
attrayante galerie d’interprètes pour leur épopée. Hiroyuki Sanada, récemment
vu dans WOLVERINE : LE COMBAT DE L’IMMORTEL (James Mangold, 2013), avec à son actif
6 nominations et 2 victoires aux prix de l’Académie japonaise, interprète Oïshi,
le chef des samouraïs. L’acteur nippon connaît la légende des 47 rônins depuis
sa plus tendre enfance : « J’ai
d’abord vu cette histoire à la télévision, quand j’avais 7 ans environ. Avec
mon frère, nous jouions à être des rônins. Quand je suis devenu acteur, à un
très jeune âge, je me suis demandé quand je jouerais enfin Oïshi. J’ai dû
attendre longtemps, et le fait que la proposition soit venue d’une production
américaine fut une agréable surprise ! » « Mais ce
n’était pas sans anxiété que j’ai abordé le rôle, parce que le personnage a été
joué par de nombreux acteurs que j’admire », ajoute Hiroyuki Sanada. « Cette nouvelle interprétation est très différente
des versions traditionnelles. L’intention et les émotions demeurent les mêmes,
mais Oïshi est beaucoup plus humain, avec des faiblesses, des doutes et des
revers. Le film est un astucieux mélange d’authenticité et de fantastique, et
c’est une formidable opportunité de faire connaître cette histoire à la
nouvelle génération japonaise, ainsi que la culture japonaise au restant du monde.
Les gens du monde entier peuvent s’y reconnaître. L’histoire n’est pas
strictement japonaise. Elle traite du respect, de l’amitié et de l’amour : des
thèmes universels. »
Pour le réalisateur : « Oïshi est une lampe qui brûle en plein jour, et on ne comprend
sa force que quand il commence à faire sombre. Hiro Sanada est un acteur
stoïque et puissant qui explose quand les choses se compliquent. » Et pour la productrice, « Hiroyuki est l’incarnation même d’Oïshi.
C’est un acteur généreux et il nous a beaucoup aidés à comprendre et embrasser sa
culture. Il sait tout gérer avec grâce et élégance, ce qui transparaît dans son
jeu. » Pour le
rôle de Mika, une princesse prête à défier les traditions, la production se
tourna vers la jeune star montante de la scène musicale japonaise et actrice
prometteuse Kô Shibasaki. Son partenaire de jeu résume la relation entre Kaï et
Mika : « Le paria et la princesse
: un amour impossible. Ceci étant, le désir de Kaï est un important moteur de
l’histoire. »
« Kô est une véritable rock star. Elle sait
tout faire, et son jeu est empreint de vulnérabilité, d’élégance et de beauté », confie encore Keanu Reeves. Et pour
l’intéressée, elle estime que « les
Japonais sont en général des gens de nature timide et ils expriment rarement
leur opinion ouvertement. Carl m’encourageait tout le temps à me laisser porter
par mes émotions et à les exprimer d’avantage. » Mika est courtisée par Kaï, mais
aussi par le perfide seigneur Kira qui cherche à s’emparer des terres du
seigneur Asano.
Dans le rôle de Kira, on retrouve Tadanobu Asano, connu
internationalement pour son interprétation de ICHI THE KILLER (Takashi Miike, 2001) et pour le rôle d’Hogun dans les
blockbusters THOR (Kenneth Branagh & Joss Whedon,
2011) et THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES (Alan Taylor & James Gunn, 2013). L’acteur
explique : « Mika
est une personne très importante à Ako. En contrôlant la princesse, Kira
obtiendrait les terres qu’il courtise depuis toujours. Au niveau intime, il
voit en elle une capacité à aimer qu’il ne possède pas lui-même et qu’il
cherche également à contrôler. » « Quand
j’étais petit, j’ai vu des versions des 47 rônins au cinéma et à la télévision,
et ma grand-mère me disait : « Toi aussi, tu es un Asano. » L’ironie du sort a
voulu que je joue son ennemi juré», nous confie-t-il encore. Il explique sa façon de
s’identifier à son personnage de méchant : « Il est arrogant et assoiffé de pouvoir, mais en changeant
légèrement de point de vue, on peut l’appréhender comme un homme charmant. Il y
a quelque chose de fondamentalement tordu chez lui, mais c’est ce qui en fait
un personnage si intéressant à jouer. » Même si Tadanobu Asano et Keanu Reeves ne partagent
aucune scène, l’acteur américain a pris du plaisir à observer le travail de son
homologue japonais : « C’est
un formidable méchant. Il traverse la vie comme si tout lui appartenait. J’ai
vu un gros plan de lui lors d’une scène avec des danseuses, et on pouvait lire
sur son visage : « Bien sûr que vous dansez pour moi. Tout ici est là pour moi.
La lune est là pour moi, le soleil, etc. »
Rinko Kikuchi, la jeune actrice nominée à l’Oscar pour son
impressionnante performance dans BABEL (Alejandro
González Iñárritu, 2006) et qu’on a pu voir plus récemment dans PACIFIC RIM (Guillermo del Toro, 2013), nous confie
: « Je connais l’histoire des 47 rônins depuis l’école,
mais ce film est différent des versions que le public japonais a pu voir jusqu’alors.
Les créatures, les décors et les personnages sont totalement renouvelés. » Ici, elle interprète la sournoise
sorcière. « Elle
n’existe pas dans les versions précédentes. Elle apporte une dose de fantastique
à l’histoire et j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer un personnage féminin si extravagant.
Carl m’avait prévenue que le rôle serait licencieux, sexy et délirant. La
sorcière peut prendre des apparences multiples, elle est extralucide et joue
des tours, mais ce n’est pas une sorcière comme les autres. Elle a le cœur d’une
femme et est gouvernée par son instinct. » « Les
Japonais souhaitent également voir quelque chose de nouveau. Ce film est un
parfait mélange d’universalité et d’inventivité », conclut la jeune actrice.
Jin Akanishi est lui aussi un phénomène musical au Japon.
Il interprète Chikara, le fils d’Oïshi. Pour Pamela Abdy, « Chikara est contraint de grandir très vite,
et Oïshi, comme n’importe quel parent, cherche à le protéger. Jin a fait du
très bon boulot. Il a beaucoup appris sur ce tournage et je suis ravie que nous
l’ayons choisi pour ce rôle. » Quant à l’intéressé, il déclare : « Au début, Chikara n’est qu’un garçon qui
souhaite devenir un samouraï, et on le voit progressivement devenir un homme. » La productrice se souvient avoir
demandé au jeune acteur et chanteur si lui et ses amis connaissaient la légende
des 47 rônins : « Il
a répondu : « Non, c’est une chose dont nos grands-pères et nos pères parlaient.
» Mais en découvrant l’univers du film, il a dit : « Cool. Mes potes vont
adorer ça. » »
Et pour compléter la horde de guerriers samouraïs, on
découvre les acteurs japonais Masayoshi Haneda (Yasuno), Hiroshi Sogabe (Hazama),
Takato Yonemoto (Basho), Hiroshi Yamada (Hara) et Shu Nakajima (Horibe). Masayuki
Deai interprète Isogaï, Yorick Van Wageningen le Kapitan de l’île des
Hollandais et Gedde Watanabe le meneur de la troupe d’acteurs qui aide les
hommes d’Oïshi à attaquer la forteresse de Kira. Natsuki Kunimoto est Riku, la
femme d’Oïshi et mère de Chikara. Enfin, aux côtés du très respecté Min Tanaka,
dans le rôle du seigneur Asano, l’acteur émérite et expert en arts martiaux
Cary-Hiroyuki Tagawa interprète le shogun Tsunayoshi qui règne en maître
suprême sur ce Japon féodal.
De Londres à Budapest : les décors
47 RONIN a été tourné en studio à Budapest et sur les
immenses terrains extérieurs des studios Shepperton, près de Londres, l’objectif
de la production étant de concevoir et élaborer de A à Z une vision sublimée du
Japon. Le producteur Eric McLeod explique : « Beaucoup de gens qui n’ont jamais mis un pied au Japon s’en sont
créé une image mentale. Le film va encore plus loin dans ce sens : notre Japon
est encore plus verdoyant et lumineux. » À Pamela Abdy d’ajouter : « À partir du scénario de Chris et Hossein et
avec un tournage réparti entre Londres et Budapest, nous avions pour objectif
de recréer un Japon féodal. Il nous fallait une batterie de gens talentueux
pour arriver à nos fins. »
L’équipe savait que pour rendre justice à leur vision de l’histoire, il fallait
voir grand. Mais il leur tenait aussi à cœur de rendre compte des
particularités et des détails de la vie au Japon au 18e siècle. Carl Rinsch
explique : « Nous
avons fait des recherches approfondies, pour nous familiariser à la culture
japonaise, et lui rendre hommage à notre façon. Au Japon, tous les gestes, même
les plus simples, sont codifiés, et les Occidentaux doivent être vigilants pour
ne pas commettre d’impairs. Ainsi il fallait s’assurer que les kimonos étaient toujours
portés côté gauche sur côté droit. Seuls les morts sont habillés dans des
kimonos croisés dans le sens inverse. Si vous n’êtes pas attentifs, vous finissez
avec une troupe de morts vivants. » « Les
décors sont gigantesques et élaborés », continue la productrice. « Ils incluent des effets visuels, mais sont
également très détaillés et aussi authentiques que possible, comme avec les
accessoires pour servir le thé, les tatamis, etc. : tout a été documenté et
vérifié. »
Jan Roelfs, le chef décorateur nominé à deux reprises aux
Oscars et qui a récemment signé les décors du blockbuster international FAST & FURIOUS 6 (Justin Lin, 2013), s’attela à la création
de ce Japon idéalisé. À Budapest, son équipe construisit les énormes décors de
la cour à Ako, de l’île de Dejima et de la forêt des Tengu, et les studios de
Shepperton servirent pour les scènes d’extérieur à Ako et pour la grande scène finale
dans la forteresse du seigneur Kira. Eric McLeod commente : « Les détails sont impressionnants. Sur le
décor d’Ako, les cerisiers étaient en fleurs. C’est une image emblématique du
Japon. Le contraste entre Ako et la noirceur de la forteresse de Kira colle
parfaitement à notre histoire. » 15 000 fleurs de cerisier artificielles furent attachées
à la main sur les branches, et les arbres eux-mêmes étaient si gigantesques
qu’il fallut les démonter pour les expédier au Royaume-Uni. Les décors figurent
également 300 bambous de 15 mètres de haut, venus d’Italie, et des bonsaïs de 90
centimètres, dont certains ont plus de 100 ans. Keanu Reeves nous décrit le
dernier acte du film, le siège de la forteresse de Kira, tourné sur les
plateaux extérieurs des studios de Shepperton : « Les 47 rônins ont obtenu l’aide de la
troupe d’acteurs qui doit jouer pour le seigneur ce soir-là. Ils pénètrent dans
le château et cherchent des positions stratégiques pour tenter d’éliminer Kira
et libérer la princesse.
» Pour Tadanobu Asano, « le
décor était parfait : laid, froid, dépouillé, à l’image du seigneur Kira. »
Et son homologue américain continue : « D’un côté, il y a les effets spéciaux et
les créatures, et de l’autre, ces décors gigantesques avec beaucoup de figurants,
de costumes, de lumières, comme au bon vieux temps. Et on peut se délecter de
la façon dont une poignée d’hommes, les rônins, s’empare d’une armée entière.
Il y a des flèches, des bagarres, des combats de sabre, le tout à travers ce
dédale de cours intérieures. » Dans cette nouvelle version de la légende, Kaï a grandi
dans la forêt des Tengu, un décor élaboré par Jan Roelfs et son équipe à
Budapest. C’est également à Budapest qu’ils construisirent les environs de
l’île de Dejima, un comptoir hollandais qui a, par la suite, disparu lors de
l’assèchement de la baie de Nagasaki. C’est à Dejima que Kaï et Oïshi
s’échangent des coups alors que ce dernier tente de libérer Kaï de sa
captivité. Pour Eric McLeod, personne mieux que Jan Roelfs n’aurait pu créer
l’univers de 47 RONIN : « Il
prend tout en compte : ses designs incorporent la complexité des cascades et
des effets visuels. »
Oiseaux de proie : les cascades et les arts
martiaux
Gary Powell, le coordinateur de cascades de SKYFALL (Sam Mendes, 2012), QUANTUM OF SOLACE (Marc Forster, 2008), UNSTOPPABLE (Tony Scott, 2010) et LA VENGEANCE DANS LA PEAU (Paul Greengrass, 2007), était responsable de la
constitution de ses effectifs et des scènes de combat. « Gary a fait un boulot incroyable », se réjouit le réalisateur. « Nous voulions réaliser la majorité des
cascades sans effets spéciaux, et il a obtenu des prouesses de son équipe. » Keanu Reeves n’est pas un novice. Il
s’est formé à plusieurs arts martiaux pour son rôle dans la trilogie MATRIX et son premier film comme réalisateur MAN OF TAI CHI (2013). Pour 47 RONIN,
il lui fallut apprendre à maîtriser les techniques de combat japonaises et le
maniement des armes. « J’ai
commencé à m’entraîner au maniement du katana (sabre des samouraïs) six
semaines avant le début du tournage, pour acquérir les bases », explique-t-il. La façon de se
battre de Kaï mélange les techniques traditionnelles et le style unique et mythique
des maîtres Tengu. Elle a également été influencée par sa captivité sur l’île
de Dejima, où il est devenu, comme le qualifie lui-même l’acteur, « un chien de combat. » « Kaï combine l’enseignement des samouraïs, les techniques de sabre
des Tengu et son expérience dans l’arène. » Une des scènes-clés du film se joue sous forme d’affrontement
entre Kaï et Oïshi à Dejima, sous l’œil implacable du contremaître. « Au cours du combat, on apprend à se
connaître à travers notre style et nos intentions. Kaï a perdu la raison. On a
fait de lui une machine à tuer. Mais Oïshi lui offre son salut », déclare encore l’acteur.
À Hiroyuki Sanada d’ajouter : « Oïshi maîtrise l’art du sabre, mais à cette
époque, le Japon était en paix et peu de samouraïs utilisaient leur arme. Kaï a
grandi avec les Tengu et son style de combat est plus violent. Au cours de leur
périple, Kaï et Oïshi s’initient réciproquement à leur style respectif. » « Sanada-san a été formé à l’art traditionnel du sabre. Pour lui,
tout doit avoir un sens. Il refuse l’action pour l’action. Ses coups
s’enchaînent avec une maîtrise totale », s’enthousiasme Keanu Reeves.
Sur l’île des Hollandais, Kaï est confronté au Oni, sorte
d’ogre fantastique tiré du folklore japonais, joué par Neil Fingleton qui
interprète également le géant cuirassé au début du fi lm. L’homme le plus grand
d’Angleterre, trônant à 2,35 mètres de haut, se bat ainsi à deux reprises
contre Kaï. Et Keanu Reeves estime que son combat contre le Oni est l’un des
plus rudes de sa carrière d’acteur : « C’était
un vrai défi . Comment se battre contre quelqu’un de cette taille ? En termes
d’offensive, il s’agissait pour moi de jouer avec la hauteur : le haut et le
bas. Neil est un athlète professionnel et a de grandes aptitudes physiques,
même s’il était novice comme cascadeur. » À Neil Fingleton d’ajouter : « J’ai toujours été très fier de ma taille.
Keanu est quelqu’un de bien et je suis heureux d’avoir fait sa connaissance.
Pour les combats, il s’agissait pour nous de comprendre les mouvements de l’autre,
et je pense qu’il en a bavé parce qu’il devait toujours regarder en l’air... Je
devais sans arrêt regarder en bas, mais j’ai l’habitude ! »
Quant à Jin Akanishi (Chikara), il déclare avoir été
enthousiasmé par le côté physique de son rôle : « Je me suis entraîné à manier le sabre et à
monter à cheval, ce que je n’avais jamais fait auparavant. C’était fun et ce sont
de très bons acquis pour la suite. »
Imaginer le Japon d’antan : les effets
visuels
Le superviseur des effets visuels Christian Manz, nominé à
l’Oscar pour son travail sur HARRY
POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT – 1ère PARTIE
(David Yates, 2010), et la société
Framestore furent chargés de créer les créatures fantastiques qui peuplent
l’univers de 47 RONIN, ainsi que les extensions et les arrière-plans des
prodigieux décors du film. Christian Manz explique que l’approche du
réalisateur était essentiellement artistique : « Lors de nos premières discussions, nous
avons parlé de l’aspect créatif, plus que technique, du travail. J’ai été
conquis par toutes les œuvres hors du commun qu’il m’a montrées. »
En tant que réalisateur ayant fait
ses classes dans la publicité, Carl Rinsch a cherché l’inspiration dans de
multiples sources. Mais les deux hommes partageaient une importante référence
commune. « Nous avons abordé le
film comme une version en prises de vues réelles des dessins animés d’Hayao
Miyazaki », se
souvient le superviseur des effets visuels. « Le défi était de rester cohérent à cet univers, à tous les
niveaux. Nous voulions un monde majoritairement réaliste, avec une pointe de fantastique.
C’est un Japon auquel on croit, mais qui n’a réellement existé que dans les peintures
et les estampes d’Hokusai.
» Collaborant étroitement avec le chef décorateur Jan Roelfs, l’équipe des
effets visuels travailla d’arrache-pied pour agrandir et compléter les
multiples cours et rizières d’Ako, ou créer un arrière-plan sombre et
dramatique à la forteresse de Kira, perchée sur des montagnes enneigées et entourée
de ravins abrupts. Ils élaborèrent également les créatures fantastiques : le
dragon, le Oni et le Kirin. Le film débute avec une séquence spectaculaire de
poursuite dans la forêt pour venir à bout du Kirin, et la productrice s’amuse à
dire : « C’est notre grosse
course-poursuite, sans voiture, mais avec une énorme créature dans les bois. »
Pour Christian Manz, cette séquence représentait
le plus important défi du film : « Il
s’agit d’une bête majestueuse qui a été infectée par la rage. Il a fallu coordonner
notre travail avec l’équipe des cascades et des décors pour arriver au résultat
voulu. Tout tient à la définition de la trajectoire du Kirin et à ses
interactions avec les acteurs et le décor, afinn d’être à même, plus tard, de
l’intégrer à la scène de façon réaliste. » Pour Hiroyuki Sanada, cette scène est essentielle : « Elle établit le fait qu’il s’agit d’un film
de samouraïs, avec une importante composante fantastique. Cette scène donne le
ton du film, et elle nous montre la nature de Kaï, le pouvoir de son esprit et
son talent au combat. La scène a été difficile à tourner pour les acteurs, parce
que le Kirin n’était pas physiquement présent. Il a donc fallu user de son
imagination. »
Pour Neil Fingleton, la scène de combat contre Kaï sur l’île
de Dejima le mit face aux contraintes des effets visuels. « En gros, je me suis baladé déguisé en
carotte pendant une semaine, ce qui n’est pas un plaisant souvenir », ironise-t-il. « Le Oni est un monstre gigantesque, armé
d’une faucille et d’un boulet au bout d’une chaîne. Le combat est titanesque,
et au final, Kaï me décapite, ce qui n’est pas très cool non plus pour moi. » Christian Manz explique : « Gary Powell a chorégraphié le combat entre
Kaï et le Oni. Carl a dirigé les deux acteurs, puis nous avons superposé la
créature sur Neil qui est donc devenu un géant rosacé en post-production. »
Habiller le fantastique : les costumes
La création des costumes nécessitait non seulement
d’adhérer précisément aux us et aux styles du Japon du 18e siècle, mais de le
faire pour 900 figurants, en plus de la distribution principale. Ces tenues
complexes furent pour la plupart réalisées à la main et le département des
costumes déploya de longs efforts pour confectionner des kimonos chatoyants et
des armures élaborées. Il s’agissait avant tout d’appréhender une période de
l’histoire et un pays montagneux peu connu des Occidentaux.
Pour la chef
costumière Penny Rose, habituée des projets historiques et fantastiques
incluant quatre PIRATES
DES CARAÏBES, mais
aussi PRINCE OF PERSIA – LES SABLES DU TEMPS (Mike Newell, 2010), LE ROI ARTHUR (Antoine Fuqua, 2004) et LES OMBRES DU COEUR (Richard Attenborough, 1993), la
première étape consistait naturellement à faire des recherches. « Nous ne savions pas grand-chose du Japon du
18e siècle. Deux membres de notre équipe se sont rendus sur place et ont visité
tous les musées de Tokyo pour commencer à amasser de la documentation. Nous ne
souhaitions pas reproduire des costumes à l’identique, parce qu’il s’agit d’un
univers fantastique, mais nous cherchions des bases à partir desquelles
élaborer »,
confie-t-elle. Carl Rinsch décrit leur collaboration : « Penny est une amie. Je la connaissais avant
le film. Dès le début du projet, nous avons envisagé d’utiliser des styles
vestimentaires traditionnels et de leur insuffler quelque chose de nouveau.
Elle a su créer des silhouettes marquées pour l’ensemble des personnages, avec
les couleurs et les textures adaptées. »
Quant à la chef costumière, elle déclare : « Carl voit toujours l’image dans son ensemble.
Il accepte les suggestions et regorge également d’idées. Son enthousiasme pour l’aspect
visuel du film est communicatif. » Une de ces idées fut de recréer un paravent japonais
avec les costumes. « Pour les
servantes de Mika, nous avons confectionné des capes avec un motif d’arbre en fleurs
dans le dos »,
explique Penny Rose. « Quand
elles se regroupent, l’arbre apparaît dans son intégralité. Ça fonctionne
magnifiquement bien. »
La difficile tâche des costumiers commença avec la confection de plus de 1000
sous kimonos blancs qui sont la base de chaque costume. « Nous nous sommes conformés à la tradition
en ce qui concerne l’élaboration des costumes, et nous sommes permis des digressions
avec les tissus
», confie-t-elle encore. Comme ce fut le cas pour tous les autres départements,
celui des costumes dut collaborer étroitement avec l’équipe des décors, et Penny
Rose déclare : « Ce fut
un réel honneur de travailler avec Jan Roelfs. Ses décors sont splendides. Nous
avons défini ensemble les formes et les couleurs qui s’accorderaient avec ses
designs, en nous assurant que les motifs ne juraient pas. »
Le design s’immisce dans tous les
détails du film, qu’il s’agisse des armures des cavaliers ou des costumes
apparemment simples des villageois, le public pourra rapidement identififier l’allégeance
des personnages. « Ako est
un endroit heureux où le rouge domine, alors que le monde de Kira est dans les pourpres,
et celui du shogun est doré avec des touches de turquoise », confie la costumière. 400 armures
en plastiques furent fabriquées dans un atelier de Budapest, offrant la
légèreté nécessaire pour les multiples scènes de batailles et prévenant une
fatigue excessive pour les acteurs. Un prototype fut confectionné en cuir (le
matériau original des armures) et un procédé révolutionnaire permit de le
recréer à l’identique en plastique. La costumière travailla sur les contrastes entre
les choix vestimentaires de Kaï et d’Oïshi : « Kaï est un orphelin et un paria. Il est
toujours habillé avec des guenilles et des vêtements rapiécés, alors qu’Oïshi
est très glamour. Chacune de ses tenues est constituée de
quatre ou cinq pièces de vêtements, et il en arbore une bonne dizaine dans le
film. »
Pour le personnage de Mika, Penny Rose chercha l’inspiration
dans la haute couture. « Nous avons regardé chez tous les couturiers qui avaient dessiné
des collections d’inspiration orientale, comme Dior dans les années 90,
Givenchy dans les années 60 et Alexander McQueen, bien sûr. Nous avons pris
certains éléments de ces lignes et les avons mélangés à l’esthétique
traditionnelle. Mika a sa propre palette de couleurs : pêche, mandarine et des
tons pastel très doux. La soie prédomine et elle porte un col haut. » La chef costumière
décrit le seigneur Kira comme le dandy du lot : « Il porte des bijoux et des
décorations, le tout sur une silhouette large d’épaules. Il est toujours
parfaitement habillé. »
Quant à Rinko Kikuchi, elle s’enthousiasme : « Les costumes que Penny a créés pour mon personnage m’ont permis de
comprendre la nature profonde de la sorcière. Je peux même dire que mon personnage ne s’est réellement mis à exister
qu’après avoir enfilé ces costumes. Ceux-ci sont complétés par des lentilles de contact de
différentes couleurs. « Ces
lentilles me donnent un air effrayant et fou », s’amuse l’actrice. «Le
simple fait de les porter donne
l’impression d’avoir des pouvoirs magiques. »
Et la chef costumière dut créer ces costumes en prenant
en compte le fait que la sorcière peut changer de forme et de nature, passant
d’un renard à une pièce de tissu. La productrice est enchantée du résultat : J’adore ce que Penny a fait avec les tenues
féminines, on dirait de la haute couture. Elle est partie des vêtements
traditionnels et y a ajouté sa propre touche de modernité. »
À
Christian Manz de conclure, « La sorcière est un personnage à part
entière. Elle change de forme avec elle, d’une façon inédite. »
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