Réalisé par Peter Jackson
Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage, Orlando Bloom, Evangeline Lilly, Aidan Turner, Luke Evans, Lee Pace, Billy Connolly, Graham McTavish, Stephen Fry, Dean O'Gorman, James Nesbitt, Conan Stevens, Sylvester McCoy, Ken Stott, Mikael Persbrandt, William Kircher, Peter Hambleton, Adam Brown, Jed Brophy, Stephen Hunter, John Bell, Mark Hadlow, Benedict Cumberbatch...
Long-métrage Américain/Néo-zélandais
Durée : 02h41mn
Année de production : 2013
Distributeur : Warner Bros. France
Titre original : The Hobbit : The Desolation of Smaug
Date de sortie sur les écrans américains : 13 décembre 2013
Date de sortie sur les écrans néo-zélandais. : 12 décembre 2013
Date de sortie sur nos écrans : 11 décembre 2013
Résumé : LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG est le deuxième volet de la trilogie consacrée au Hobbit signée Peter Jackson, réalisateur oscarisé, d'après le chef d'oeuvre de J.R.R. Tolkien. Les trois films se déroulent dans la Terre du Milieu, 60 ans avant l'époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX, qui a fait l'objet d'une trilogie réalisée par Peter Jackson (dont l'épisode du RETOUR DU ROI a remporté l'Oscar).
LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG raconte la suite des aventures de Bilbon Sacquet, parti reconquérir le Mont Solitaire et le Royaume perdu des Nains d'Erebor, en compagnie du magicien Gandalf le Gris et des 13 nains, dont le chef n'est autre que Thorin Écude- Chêne.
Après avoir survécu à un périple inattendu, la petite bande s'enfonce vers l'Est, où elle croise Beorn, le Changeur de Peau, et une nuée d'araignées géantes au coeur de la Forêt Noire qui réserve bien des dangers. Alors qu'ils ont failli être capturés par les redoutables Elfes Sylvestres, les Nains arrivent à Esgaroth, puis au Mont Solitaire, où ils doivent affronter le danger le plus terrible – autrement dit, la créature la plus terrifiante de tous les temps qui mettra à l'épreuve le courage de nos héros, mais aussi leur amitié et le sens même de leur voyage : le Dragon Smaug.
LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG raconte la suite des aventures de Bilbon Sacquet, parti reconquérir le Mont Solitaire et le Royaume perdu des Nains d'Erebor, en compagnie du magicien Gandalf le Gris et des 13 nains, dont le chef n'est autre que Thorin Écude- Chêne.
Après avoir survécu à un périple inattendu, la petite bande s'enfonce vers l'Est, où elle croise Beorn, le Changeur de Peau, et une nuée d'araignées géantes au coeur de la Forêt Noire qui réserve bien des dangers. Alors qu'ils ont failli être capturés par les redoutables Elfes Sylvestres, les Nains arrivent à Esgaroth, puis au Mont Solitaire, où ils doivent affronter le danger le plus terrible – autrement dit, la créature la plus terrifiante de tous les temps qui mettra à l'épreuve le courage de nos héros, mais aussi leur amitié et le sens même de leur voyage : le Dragon Smaug.
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : Avec LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG, Peter Jackson, le réalisateur, nous offre une histoire épique et spectaculaire. J'ai adoré. Il y a une telle richesse en terme de personnages, de lieux, d'actions, de situations, d'ambiances, de costumes... La liste pourrait s'étendre encore et encore. Il s'agit de l'opus intermédiaire mais il est tout aussi complet en terme d'aventures que le premier. J'ai même eu le sentiment qu'il se passait encore plus d'événements.
En terme de cinéma de divertissement, Peter Jackson atteint des sommets. Certes, il ne faut pas être trop regardant sur certains détails scénaristiques. Mais ce n'est vraiment rien au regard de la magie du voyage qu'il nous propose pendant 2h41.
Dès les premières secondes, grâce à la superbe musique d'Howard Shore, on est transporté dans cet univers fantastique. Les paysages sont splendides. Les décors sont non seulement variés mais aussi imaginatifs, beaux, et superbement détaillés.
L'ensemble du casting est parfait. Martin Freeman, qui interprète Bilbon Sacquet, apporte beaucoup de petites expressions ou gestes spécifiques à son personnage. Cela rend le hobbit attachant et lui confère une personnalité bien à part des autres protagonistes.
On retrouve avec un plaisir immense tous les Nains, ainsi que Gandalf, Légolas...
Peter Jackson équilibre très bien l'humour, l'aventure et l'émotion. Il fait de ce long-métrage un excellent divertissement familial à partager avec ses enfants (attention à leur âge cependant - certains personnages vont effrayer les plus petits et le film dure trop longtemps pour l'attention des très jeunes) ou à voir entre adultes.
Il a également travaillé la 3D pour la rendre amusante et surprenante. Je n'ai pas vu le temps passer. Il y a tant de surprises à découvrir, c'est un pur plaisir que de se laisser entraîner dans cette aventure. Les scènes avec Smaug, le dragon, sont tout simplement prodigieuses. Je ne vous en dis pas plus à part 'Allez-y!'. Il ne faut surtout pas rater LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG sur grand écran.
NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)
Peter Jackson, le réalisateur, sur le tournage du film |
UN CONTE QUI N'EN FINIT PAS D'ÊTRE CONTÉ
LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU, premier volet de la trilogie du
HOBBIT sorti fin 2012, a connu un immense succès public dans le monde entier et
comblé les fans de tous les âges, suscitant un regain d'intérêt pour le chef
d'oeuvre atemporel de J.R.R. Tolkien dont s'inspire la trilogie.
"L'univers de Tolkien est
extrêmement riche",
reconnaît le réalisateur oscarisé Peter Jackson. "On a presque l’impression de
tourner les pages d’un livre d’histoire, de revenir dans cet univers en
commençant un nouveau chapitre et de faire la connaissance de nouveaux
personnages, créatures et lieux inconnus jusqu'alors".
En choisissant d'adapter "Le Hobbit"
en trois longs métrages, Jackson et ses scénaristes – Fran Walsh, Philippa
Boyens, et Guillermo del Toro – ont décidé de ne rien condenser de l'intrigue
du livre mais d’y intégrer le contenu des 125 pages d'annexes que Tolkien avait
inclus à la fin du "Seigneur des Anneaux". Grâce à ces informations
complètes sur le régime politique et la vie des habitants de la Terre du Milieu
à l'époque où se déroule "Le Hobbit", Tolkien a fourni le lien
indispensable entre le voyage de Bilbon Sacquet et le combat final pour
reconquérir la Terre du Milieu telle qu'il est raconté dans "Le Seigneur
des Anneaux".
Pour l'homme qui a porté ces trois volumes à l'écran il y a
une décennie, avec LE SEIGNEUR DE ANNEAUX, la trilogie du HOBBIT représentait
un défi irrésistible : explorer les mystères et les dangers décrits dans ces
annexes et dans "Le Hobbit", tout en refusant tout compromis quant à
la tonalité d’une oeuvre avant tout destinée à la jeunesse.
"Le challenge, en réalisant ces
films, est de rester fidèle à l'esprit du livre sans s'éloigner du style du SEIGNEUR
DES ANNEAUX, d'autant plus que nous étions bien conscients des différences de
ton", remarque la
scénariste et productrice Fran Walsh. " 'Le Hobbit' est un livre plus léger, mais dans la seconde
moitié du roman, certains thèmes plus sombres, ultérieurement abordés par
Tolkien, dans la trilogie font leur apparition : la nature du pouvoir et du
courage, de l'envie et du sacrifice. Il était donc naturel que ce deuxième opus
ait un ton légèrement plus sombre".
Comme les 15 personnages principaux sont connus depuis le premier
épisode, Jackson et ses collaborateurs ont pu adopter dans ce deuxième film ce
que Jackson décrit comme étant le "rythme haletant" du livre. "On peut reprendre l'histoire
exactement là où le premier long métrage s'est interrompu : il n'y avait donc
pas besoin de scènes d'exposition", explique-t-il.
"En
même temps, avec ce deuxième film, le défi était d'accentuer le conflit et de
renforcer les obstacles pour nos personnages. Je voulais que ce soit un peu
comme un thriller, au fur et à mesure que les événements et les enjeux
s'intensifient. C'est ce que je trouve exaltant dans ce projet : il y a une
continuité avec le premier volet, mais il vous entraîne dans un univers totalement
différent. Nous voyageons dans de nouveaux lieux, rencontrons de nouvelles
créatures et bien sûr, on assiste à la confrontation emblématique de Bilbon
avec le Dragon".
Le
titre du film renvoie à la destruction provoquée par l'assaut brutal de Smaug
le Dragon contre le Royaume perdu des Nains d'Erebor, contrée de terres
calcinées et de villes en ruines dont la population est en pleine détresse.
"Les Dragons aiment l'or, et ce
Dragon-là, cruel et vorace, s'appelle Smaug", explique Philippa Boyens, experte es-Tolkien
autoproclamée parmi les scénaristes. "Il a fondu par surprise sur les Nains et a détruit non
seulement le Royaume d'Erebor mais aussi la Cité du Val qui se trouve au pied
du Mont Solitaire. Son attaque a été si violente qu'elle a détruit les terres alentours
sur des kilomètres à la ronde, et cette région porte désormais le nom de la
Désolation de Smaug".
DANGERS À L'EST : L'HISTOIRE ET LES PERSONNAGES
"Les Nains n'avaient pas emprunté cette route depuis de
nombreuses années,
mais Gandalf oui, et il savait combien le Mal avait prospéré
dans la Nature Sauvage
depuis que les Dragons avaient fait fuir les hommes de
leurs terres".
– Le
Hobbit, de J.R.R. Tolkien
Le jeune Prince des Nains, Thorïn Écu-de-Chêne, a assisté à l'attaque
dévastatrice de Smaug contre Erebor, au cours de laquelle il a perdu sa
famille, son titre et son foyer. Après des décennies d'exil, Thorïn est décidé
à reconquérir son Royaume perdu. Sa destinée l'a mené vers l'Est, sur le chemin
du Mont Solitaire, en compagnie des 12 Nains : Balïn (Ken Stott), Daïn (Graham
McTavish), Fili (Dean O’Gorman), Kili (Aidan Turner), Bofur (James Nesbitt), Bombur
(Stephen Hunter), Bifur (William Kircher), Oïn (John Callen), Gloïn (Peter
Hambleton), Dori (Mark Hadlow), Nori (Jed Brophy) et Ori (Adam Brown), ainsi
qu'un cambrioleur – un certain Hobbit nommé Bilbon Sacquet – interprété par
Martin Freeman.
C'est le sage et parfois facétieux magicien Gandalf le Gris qui
guide la troupe, campé de nouveau par Ian McKellen : "Gandalf essaie toujours de tout
contrôler",
remarque le célèbre comédien de cinéma et de théâtre. "Ses détracteurs pourraient le
qualifier de fouineur. Mais il a un côté paternel et il se sent responsable non
seulement de Bilbon, mas aussi de Thorïn, qui a bien besoin qu'on veille sur
lui.
Ce dernier est un Nain qui a pas mal de problèmes : il sourit rarement et
il a une haute opinion de l'importance de sa destiné, ce qui peut s'avérer
assez préoccupant lorsque cela met les autres en danger".
Dans le premier film de la trilogie, la
Compagnie se rassemble à Cul-de-Sac, la petite maison chaleureuse de Bilbon à
Hobbitbourg. Alors qu'ils mettent le cap vers l'Est, ils rencontrent le
magicien Radagast le Brun qui avertit Gandalf des changements terribles
survenus dans ses bois bien aimés, dorénavant appelés Forêt Noire.
Après un
séjour inconfortable mais instructif chez les Elfes de Fontcombe, Bilbon et les
Nains s'aventurent dans les Monts Brumeux, où ils se retrouvent rapidement
mêlés à un affrontement avec des Géants de pierre, pourchassés dans les tunnels
de la cité des Gobelins, sauvagement attaqués par les Orques et sauvés en s’enfuyant
sur le dos des Aigles géants.
Au début du deuxième épisode, Gandalf, Bilbon et
la Compagnie sont épuisés et bouleversés par leurs aventures mais loin d'être
désespérés… Celui qui a sans doute le plus changé, c'est Bilbon Sacquet
lui-même : "Je
pense que plus le voyage avance, plus Bilbon est à même de voir le monde tel
qu'il est", dit
Martin Freeman. "Il
est toujours le même et, il est toujours effrayé. Ce n'est ni un guerrier ni un
aventurier… mais se retrouver confronté à des créatures qui veulent le tuer ou
le dévorer… inutile de dire que cela change tout, et Bilbon trouve en lui un
courage qu'il ne soupçonnait pas et, plus important encore, qu'aucun des autres
ne soupçonnait".
Depuis
qu'il a rencontré, dans une grotte située sous les tunnels des Gobelins,
Gollum, créature émaciée et fourbe, Bilbon semble avoir acquis bien plus que le
courage : il a réussi à dérober le "précieux anneau" de Gollum, qui a
le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte.
"Bilbon commence à avoir une relation
étrange avec cet anneau d'or", explique Philippa Boyens. "Il commence à percevoir qu'il y a quelque chose
d'anormal à son sujet. C'est une décision difficile pour lui de l'enfiler et de
disparaître, et il l'enlève dès qu'il le peut. Quand on travaille avec un
acteur aussi formidable que Martin, cela permet de rendre crédible l'idée qu'il
ne s'agit pas seulement d'un bijou magique pouvant vous rendre invisible : les
choix qu'il a faits dans cette grotte sous la montagne ne sont pas tous de bons
choix…"
Bilbon
décide de cacher cette information à Gandalf et pour McKellen, l'interprétation que livre Freeman de son personnage illustre bien là le talent
de l'acteur : "Martin
est très subtil et souvent cette subtilité est imprévisible", analyse l'acteur. "Il n'aime pas répéter la même chose
face à la caméra et quand on fait plusieurs prises, dans chacune d'entre elles,
Martin donne une nuance, une couleur et un aspect différents du personnage
qu'il est en train de jouer. On ne sait jamais trop ce qui va se passer et
c'est ce qui rend la réaction de ses partenaires encore plus réelles. À chaque
prise, j'ai appris quelque chose de nouveau sur Bilbon".
C'est Thorïn Écu-de-Chêne, chef des Nains et
prétendant au trône, une fois encore joué par Richard Armitage, qui mène la
Compagnie, et, bien qu'il soit entouré de ses neveux Fili et Kili, de son
conseiller Balïn et d'autres loyaux compagnons, il se sent en fait
douloureusement seul : "Je
pense que ce qui caractérise Thorïn avant tout, c'est son incapacité à faire
confiance à autrui",
explique Armitage. "Il
a hérité du besoin de vengeance de son père, et c'est quelque chose de bien
lourd à porter. Il est fier et arrogant, mais sa tendance paranoïaque à croire
qu'il n'est pas un assez bon chef le tire vers le bas. En même temps, je pense
qu'il a le potentiel de s'améliorer".
Le manque d'assurance de Thorïn est encore accentué par la présence
d'une autre figure d'autorité – Gandalf –, et lorsque Bilbon s'illustre par des
actes de loyauté et de courage, Thorïn voit sa confiance basculer du magicien
vers le Hobbit.
"L'amitié
entre Bilbon et Thorïn a été durement gagnée", ajoute Freeman. "Tout être sensible – et Dieu sait
que Bilbon est sensible – peut voir que Thorïn n'est pas heureux et quand on
voit quelqu'un de malheureux se punir, ce n'est pas très agréable, mais on a aussi
envie de l'aider. Bilbon pense que Thorïn, au fond, est un excellent Nain et un
homme bon".
La Quête
de Thorïn est loin d'être simple et chaque étape semble les mener vers des contrées
de plus en plus dangereuses : "Cette Quête solitaire des Nains a suscité l'attention et
l'intérêt de nombreuses autres créatures qui sèment leur parcours
d'embûches", déclare
Jackson. Les Orques continuent de les pourchasser à travers le Val de l'Anduin,
à dos d’Ouargues, ces créatures géantes qui s'apparentent à des loups.
Cette
poursuite sans fin pousse Gandalf et la Compagnie à trouver refuge auprès de
l'étrange et redoutable Beorn, homme de taille extraordinaire susceptible de se
transformer en un ours plus gigantesque encore. Créature particulièrement
contradictoire, Beorn peut virer du calme à la colère en un clin d'oeil.
"Il faut prêter attention à son
humeur de façon à savoir à quelle facette de sa personnalité on est
confronté",
suggère McKellen. Tandis que Beorn n'apprécie pas les Nains, il a encore plus
de raisons de détester les Orques, qui ont traqué ces "changeurs de
forme" quasiment jusqu'à leur extinction. "Il est le dernier de son espèce sur
la Terre du Milieu et il ne s’allie à personne. Il peut être terriblement
dangereux lorsqu'il se transforme en ours mais son cœur est bon et il adore
les animaux. Il est en revanche difficile de savoir s'il arrive à se contrôler
lorsqu'il est ours",
reprend Peter Jackson.
Pour ce rôle complexe, les auteurs du film ont pensé à
l'acteur suédois Mikael Persbrandt. "Beorn est un personnage formidable à jouer et une
création vraiment à part", signale Philippa Boyens. "Gandalf le décrit merveilleusement bien lorsqu'il dit
qu'il n'est 'sous l'influence d'aucun sortilège sauf le sien', et quand on a
commencé à réfléchir à la manière dont nous donnerions vie à ce personnage, on
a pensé aux grandes mythologies nordiques, et aux peuples qui vivent dans la
nature. Et dès que nous avons rencontré Mikael, nous tenions notre Beorn".
Même si son personnage est dangereux et
imprévisible, Persbrandt voit en lui une certaine sensibilité. "Il est humain, mais pas à 100
%", admet l'acteur. "Il est assez agressif, et même sous
sa forme humaine, il n'est pas comme vous et moi : il y a quelque chose de
sombre, mélancolique et fougueux chez lui, qu'on ne peut jamais totalement
cerner".
La
production a demandé à Persbrandt de conserver son accent suédois pour le rôle
et il a travaillé avec le coach vocal Leith McPherson pour parvenir à moduler
subtilement ses intonations : "La façon dont il s'exprime est légèrement datée, et sa
langue 'sonne' d'une manière peu ordinaire. Ce que Beorn a à dire est profond
et il choisit soigneusement son vocabulaire", indique McPherson.
Comme Beorn est très proche
des animaux, les chefs costumiers ont voulu qu'il porte des vêtements qui ne
soient pas issus de fibres animales, y compris ses chaussures de toile. Comme l'explique
le chef costumier Bob Buck : "On a dû adopter des modèles très simples, mais comme il
est doué de ses mains, sa boucle de ceinture est une magnifique pièce de bois
sculpté, dont les deux parties rappellent sa dualité avec, d'un côté, la tête
d'un ours et, de l'autre, celle d'un homme".
Cette ambivalence se retrouve dans le travail du
maquillage, puisque le chef maquilleur et coiffeur Peter Swords King et son
équipe ont conçu des prothèses qui donnent au visage de Beorn la forme d'un
animal et l'affublent de crocs d'ours, tout en lui permettant de conserver un aspect
bel et bien humain. King s'est procuré du crin de cheval et l'a teint de
plusieurs couleurs pour créer la perruque de style 'iroquois' qui couvre tout
son dos le long de sa fausse colonne vertébrale. "Sa prothèse est très large pour
montrer que même sous sa forme humaine, il y a encore de l'ours en lui. En un
sens, c'est comme si son poil était toujours hérissé, et cela suggère à quel
point il est un dangereux prédateur. Il est toujours sur le point de se
transformer, mais quand il se métamorphose en ours, on reconnaît toujours ses
yeux qui sont très caractéristiques", explique King.
Peter Jackson a collaboré avec les graphistes et
Weta Digital pour s'assurer que, sous sa forme humaine ou animale, on ne puisse
avoir aucun doute sur l'identité de Beorn. "Beaucoup d'efforts ont été faits pour rendre non
seulement la ressemblance physique mais aussi émotionnelle entre l'homme et l'ours", précise le superviseur Effets visuels Joe
Letteri. "On
voulait lui donner un aspect animal empreint de mythologie, mais aussi
souligner sa détermination et son âge, car il est le dernier représentant de
son espèce".
Après
avoir passé la nuit auprès de Beorn, la compagnie est prête à poursuivre sa
route vers l'Est. Mais un obstacle majeur se dresse sur leur chemin, la Forêt
Noire, et contourner cette forêt qui semble infinie prendrait deux fois plus de
temps. Gandalf peut les guider jusqu'au chemin le plus sûr mais ne peut les
accompagner : il doit en effet régler des affaires pressantes en Terre du
Milieu. "Gandalf
est toujours du côté de la Terre du Milieu, pour y prévenir les dangers
potentiels et essayer d'y parer", commente McKellen. "Et il ne peut être à deux endroits à la fois, même s'il
le souhaiterait parfois.
Ce qui le rend aussi intéressant, c'est cette lueur
dans son regard et le fait qu'il soit toujours prêt à dire un bon mot, même s'il
est très sérieux et qu'il sait parfaitement de quoi il parle. Il s'impatiente
quand les gens ne font pas immédiatement ce qu'il pense être juste, mais il
doit parfois les quitter afin que ces derniers découvrent leurs propres forces
et poursuivent leur destinée". La quête de Gandalf le mène dans l'univers 'étendu' du
"Hobbit" que les scénaristes ont nourri grâce aux annexes fournies
par Tolkien dans "Le Seigneur des Anneaux". "Dans le livre, Gandalf disparaît
plusieurs fois et ses absences ne sont pas toujours expliquées", note Peter Jackson. "Plusieurs années plus tard, Tolkien
a trouvé une facon d’expliquer les absences de Gandalf qui s’avèrent liées aux événements
qui surviennent dans 'Le Seigneur des Anneaux'.
Et dans ce film, on a
rétrospectivement pu remplir ces passages manquants : c'était une opportunité
trop belle pour pour la laisser passer". Gandalf pense que le mystérieux Nécromancien qui
est apparu dans la forteresse abandonnée de Dol Guldur est lié aux changements
qu'il perçoit en Terre du Milieu. L'épée antique retrouvée à Dol Guldur par le
magicien Radagast le Brun (Sylvester McCoy) n'appartient pas à ce monde et ne
fait que confirmer les craintes de Gandalf, comme on a pu le voir dans le premier
épisode. "Il
commence à sentir le que le Mal est de retour en Terre du Milieu", reprend le réalisateur. "Il pensait qu'il avait été éradiqué
des années auparavant mais il commence à percevoir des signes qui indiquent que
ce n'est peut-être pas le cas".
Philippa Boyens explique que les préceptes de la mission de Gandalf
ont été édictés dans le premier film, lors de la réunion du Concile Blanc, par
la reine des Elfes Dame Galadriel, interprétée par Cate Blanchett : "Galadriel lui a dit 'Quelque chose
rôde dans les ombres, quelque chose que nous ne pouvons pas voir'. Elle a
conscience que des atrocités peuvent exister dans le monde et que le Mal peut s'épanouir
en passant inaperçu. C'est vrai de l'époque à laquelle Tolkien écrivait ses
romans et ça l'est encore de nos jours". Dol Guldur se trouve à la frontière méridionale de la Forêt Noire,
et la vague maléfique s'est propagée dans la forêt et l'a contaminée.
Auparavant appelée Vertbois-le-Grand, la forêt est devenue malade et est
dorénavant un terrible piège qui se referme sur les voyageurs qui osent s'y aventurer.
C'est ce que Thorïn et les Nains vont découvrir à leurs dépens, bien qu'ils
soient alors tout près du but de leur voyage. "On sent très fortement que la vieille forêt a une
volonté propre, le Mal y réside et pousse les gens à s'y perdre", précise Philippa Boyens. Cet environnement
toxique obscurcit leur jugement et leur fait baisser la garde.
"Une fois qu'on perd son chemin dans
le Forêt Noire, il est fort possible de ne plus jamais le retrouver, et on n'y
survivrait probablement pas longtemps", affirme Jackson. "Il y a des choses dans ces bois qui relèvent du
cauchemar, en tout cas des miens !"
Parmi les arbres qui forment comme un labyrinthe, les Nains
deviennent des proies faciles pour les Araignées Géantes qui s'y cachent. Ces
créatures féroces et rapides ont de larges crocs et mandibules, mais Bilbon a
son épée et fait tâter de sa lame aux Araignées.
"Se faire attaquer par ces Araignées
est vraiment répugnant quand on y pense, mais à ce stade, il s'agit de sauver
sa peau et celle de ses compagnons de voyage, remarque Freeman.
"Je trouve que ce qu'il fait est très courageux car il y
a quelque chose de viscéral chez ces Araignées et j'espère qu'elles vont
effrayer le public – moi, en tout cas, elles m'ont effrayé !"
Mais la Forêt Noire recèle des périls encore
plus dangereux pour la Compagnie des Nains…
"PLUS DANGEREUX ET MOINS SAGES" – LES ELFES SYLVESTRES
En patrouillant dans la Forêt Noire, les Elfes du Royaume des Forêts
dispersent les Araignées, mais ce n'est pas par bienveillance envers les Nains.
Décrits par Tolkien comme "plus dangereux et moins sages" que les
Elfes de la Terre du Milieu, les Elfes Sylvestres, sous le règne du Roi
Thranduil, mènent l'attaque avec férocité et dextérité à l'aide de leurs
flèches enflammées. Legolas, encore une fois incarné par Orlando Bloom, et
Tauriel, jouée par Evangeline Lilly, sont à la tête de ces guerriers. Bien que
ces deux personnages ne figurent pas dans le "Hobbit", les
producteurs ont pensé que les incarner à l'écran permettrait de mettre
davantage en valeur le vaste univers de Tolkien qu'on découvre dans le film.
Legolas Verte-Feuille est le fils du Roi des Elfes Thranduil, superviseur du
Royaume des Forêts dans le roman.
"Quand Legolas apparaît dans le 'Seigneur des Anneaux',
on apprend qu'il est le fils de Thranduil", explique le réalisateur. "Du coup, quand nous visitons le Royaume
des Forêts dans le film, y faire apparaître de nouveau Legolas était une
magnifique opportunité, d'autant qu'on a dorénavant une image complète de
l'arbre généalogique de la famille de Thranduil. Les Elfes sont immortels et
donc les 60 ans qui séparent les deux histoires n'importent guère et,
heureusement, Orlando n'a pas changé d'un pouce en 10 ans !", ajoute–t-il en souriant.
Bloom était ravi de
reprendre l'arc de Legolas plus de dix ans après sa prestation dans la trilogie
du SEIGNEUR DE ANNEAUX. "C'est
fantastique d'être de retour, car les films du SEIGNEUR
DES ANNEAUX ont été une expérience extraordinaire pour moi et je suis ravi
d'avoir l'opportunité d'endosser de nouveau ce rôle – et mieux encore, de
retrouver mon vieux costume et de voir qu'il me va encore"!, déclare l'acteur.
Quand Bloom est apparu sur
le plateau, costumé et maquillé, "c'était comme rencontrer un vieil ami", explique Fran Walsh. "C'est vraiment génial qu'après
toutes ces années Orlando soit de retour et incarne de nouveau Legolas. Voir ce
personnage que nous avons tous apprécié en Terre du Milieu nous donne le
sentiment d'être en terrain connu".
S'interrogeant au départ sur la place de Legolas dans
l'intrigue, Bloom a été rassuré quand il a compris la relation de son
personnage avec le Royaume des Forêts, ainsi que la présence des 13 Nains, dont
l'un d'entre eux, Gloïn, est le père de son futur compagnon de la Communauté de
l'Anneau, Gimli. "Nous
sommes tous des fans du livre et je savais que Peter, Fran et Philippa ne s'en éloigneraient
pas trop",
dit-il. "Ce qui
est fabuleux dans l'histoire qu'ils ont conçue, c'est qu'on voit comment il va devenir
le Legolas du SEIGNEUR DES ANNEAUX. On comprend également dans ce film d'où
vient son antipathie pour les Nains. Tout cela crée une dynamique et un ancrage
historique pour ce personnage". Peter Jackson et ses collaborateurs tenaient à insérer des scènes
d'action, en orchestrant le genre de séquences qui avaient rendu la présence de
Legolas dans la précédente trilogie emblématique, ce qui a poussé l'acteur à
subir un entraînement et un travail intenses, notamment pour les cascades. "Il [Legolas] a des scènes assez
sympas, et cela fait partie de son identité. Il intervient et ne dit pas grand
chose, agit et fait les choses comme il se doit. Simple et efficace ", dit l'acteur de son personnage.
Le chef
cascadeur Glenn Boswell précise quant à lui qu' "Orlando maîtrise très rapidement la chorégraphie
d'une cascade et cela a été fort utile puisque nous n'avions souvent que très
peu de temps pour l'entraîner avant de tourner la scène. Lui et Evangeline ont
été des partenaires de combat fantastiques. Chaque personnage a son propre
style, ce qui donne un résultat brillant à l'écran". Le personnage d'Evangeline Lilly, Tauriel, est
capitaine de la garde de Thranduil : il s'agit d'une invention par rapport à
l'ouvrage. "Nous
avons toujours pensé qu'il fallait rester fidèle au livre mais aussi au film
que nous souhaitions voir", remarque Fran Walsh. "Il y a toujours des différences entre les deux car les
films ont d'autres exigences dramaturgiques, et l'une des choses que nous
tenions à rectifier est le déficit de personnages féminins et Tauriel comble ce
manque d'une belle manière. Evangeline était parfaite pour ce rôle : elle comprenait
les caractéristiques de la Terre du Milieu et même si Tauriel est un personnage
inventé, elle tenait à ce qu'il s'inscrive dans l'esprit du livre".
L'actrice, qui adore l'univers de Tolkien depuis
l'enfance, était on ne peut plus ravie de se voir proposer un rôle dans la
trilogie. Mais cette offre est tombée jute après la naissance de son premier
enfant : "Je me
disais que j'allais plonger dans une vie un peu terne de maman et d'écrivain, mais
là il s'agissait d'une opportunité que je ne pouvais laisser passer", souligne Evangeline Lilly. "'Le Hobbit' était mon livre préféré
à l'école, et je rêvais d'être un Elfe, et du coup, se voir proposer le rôle
d'un Elfe de la Forêt Noire est un rêve devenu réalité. C'est ce que j'ai fait
de plus dur en tant qu'actrice, mais c'est un défi que j'ai adoré relever".
Tauriel a grandi en défendant les frontières du
Royaume des Forêts et elle est donc un Elfe d'un genre totalement différent de
ceux rencontrés au cours du premier épisode, précise l'actrice. "Ces Elfes sont plus dangereux, et
Tauriel est une guerrière, experte dans le maniement des dagues ainsi que des
arcs et des flèches. Elle est à la tête de la Garde Sylvestre, et elle est par
conséquent assez téméraire et sans doute bien moins sage que les Elfes plus
âgés. Même si elle sait être chaleureuse et réfléchie grâce à sa proximité avec
la terre, elle est aussi très compétente dans ce qu'elle fait, c'est-à-dire
tuer", ajoute-t-elle.
Tout
comme les autres acteurs de la trilogie, Evangeline Lilly a travaillé avec le chorégraphe
Terry Notary pour maîtriser une allure gracieuse et bondissante. Elle s'est
également initiée aux arts martiaux et entraînée avec l'équipe de cascadeurs
pour ses scènes de combat difficiles. "Evangeline a une très bonne aptitude pour les
cascades",
précise Boswell. "Elle
avait une excellente idée de la façon dont Tauriel devait se battre, et qui
s'inspire notamment d'un style de combat asiatique avec des dagues à deux
lames".
Du bout
de ses flèches à la couleur de ses plumes, l'arc de Tauriel possède une
esthétique qui rappelle la forêt, tandis que sa dague a une forme élancée à
l'image des poignards moyenorientaux. Ces armes, qui lui sont propres, ont été
conçues grâce à une collaboration entre différents artistes, comme le graphiste
John Howe, et Weta Workshop. "Comme elle se définit en tant qu'Elfe 'ninja', tout doit
être en accord avec le feuillage afin qu'elle puisse se fondre dans la
nature",
précise Richard Taylor, des studios Weta.
Son costume aussi se fond dans
l'atmosphère du Royaume des Forêts et a une tonalité plus masculine que les
drapés de soie portés par les autres personnages féminins elfiques aperçus en
Terre du Milieu. Le département des costumes a créé une garde-robe aux couleurs
sylvestres en cuir, daim et soie, ainsi que des bottines de cuir sur-mesure.
Son allure affirmée se reflète aussi dans son maquillage et sa coiffure, et
King lui a créé d'autres accessoires : de grandes prothèses d'oreilles ainsi
qu'une abondante chevelure rousse. Comme on a pu le voir, ces Elfes ne sont pas
particulièrement bienveillants envers les Nains.
"Les Elfes du Royaume des Forêts, y
compris Legolas, représentent pour les Nains une présence mystérieuse et
quelque peu menaçante, et ils ne sont pas là pour les aider dans leur
Quête",
observe le réalisateur. Pour Thorïn, se retrouver dans la salle du trône du Roi
des Elfes est difficile à vivre, étant donné son contentieux avec Thranduil
qu'on a découvert dans le prologue du premier épisode.
"Quand Erebor est tombé, Thorïn ne
pouvait pas comprendre que les Elfes n'agissent pas", explique Armitage. "Thranduil est resté là sans rien
faire et Thorïn trouve cela impardonnable. Ils ont laissé les Nains se faire
tuer, ce que Thorïn ne pourra jamais oublier". Lee Pace, qui rejoint la distribution sous les
traits du roi Thranduil, sent que le manque d'empathie de son personnage pour
le sort des Nains remonte à très longtemps.
"Ma théorie, c'est que lorsque Thranduil découvre les
pièces d'Erebor remplies d'or, cela le fait basculer", dit-il. "Il a vu tout l'or amassé par les Nains et
s'est dit 'vous allez brûler et être punis pour votre cupidité'. Mais quand le
Dragon a débarqué, les Elfes avaient le pouvoir d'intervenir, mais ils ont
choisi de ne pas le faire".
Jackson et ses collaborateurs avaient vu Lee Pace en 2006 dans le
film LA CHUTE et se sont spécialement rendus à New York pour le rencontrer. "C'est difficile de trouver les
interprètes des Elfes car ils demandent une qualité presque indéfinissable", explique Jackson. "C'est un mélange d'élégance, de beauté,
et de quelque chose d'intemporel. Il faut donc accepter de faire un saut dans
l'inconnu avec son acteur et sentir qu'il pourrait être immortel, mais aussi
qu'il a connu des choses difficiles au cours de sa longue existence. Lee réunissait
toutes ces qualités, et bien d'autres encore".
Dans le film, Pace, Lily et Bloom dialoguent en
"Elvish", l'ancien langage elfique. Tolkien a en effet créé deux
langues elfiques pour la Terre du Milieu : le Sindarin, plus courant, et le Quenyan,
plus soutenu. Comme les autres films de Jackson se déroulent dans la Terre du
Milieu, les producteurs du film ont engagé David Salo, chercheur spécialiste de
Tolkien qui a passé sa vie à étudier la grammaire et le vocabulaire de ces
langues, afin qu'il traduise certaines parties du scénario avant que les
acteurs ne se fassent aider par le répétiteur McPherson pour maîtriser l'elfique
: "Evangeline parle français, elle est
douée pour les langues, et elle a une bonne oreille. Orlando a déjà une
expérience de l'elfique. Il est passionné par son travail, possède une
insatiable curiosité et sa bonne humeur est communicative, et c'est donc un
plaisir de travailler avec lui. Quant à Lee, il a pu incarner Thranduil et
rendre parfaitement à l'écran sa maîtrise de l'elfique en lui donnant une
présence vocale profonde et riche", résume McPherson.
La conception de cette nouvelle race d'Elfes a
été très stimulante pour Taylor et son équipe. "Les Elfes des Forêts ont une
présence, un pouvoir et une vitalité incroyables", dit-il. "Mais alors qu'ils sont très beaux physiquement, il est
important de garder en tête que ce sont néanmoins des tueurs, et on ne voulait donc
pas qu'ils paraissent faibles ou apathiques en rendant leur armure trop florale
ou délicate".
Pour le
roi des Elfes, Weta Workshop et les chefs costumiers ont créé un ensemble de longues
robes et manteaux flottants qui reflètent son statut royal. Une des couronnes
qu'il porte a été réalisée par David Falconer, des studios Weta, directement à
partir de la description dans le livre d'une couronne de feuilles, d'épines et
de baies. Enfin, son élégante épée a été forgée à partir d'une seule pièce de
métal.
"Il y a
quelque chose de puritain dans cette épée épurée qui convient à l'arrogance et à
l'intransigeance de Thranduil", signale Falconer. Pour Pace, si l'on veut comprendre Thranduil, il
faut accepter le fait que les Elfes ne sont pas humains : "Tolkien a écrit 'Il était le Roi
des Elfes de l'autre côté de la Nature Sauvage"", cite l'acteur, "Il [Thranduil] est dangereux mais
pas parce qu'il est mauvais. Il est raffiné, froid et calculateur, mais il est également
sensible, et par là je ne veux pas dire émotionnellement. Je pense qu'il n'y a
pas une feuille qui ne puisse trembler dans cette forêt sans qu'il le ressente.
Et il regarde ces Nains en se disant 'On ne réveille pas un dragon à moins
d'être sûr de le tuer. Et comme vous ne pouvez pas le tuer, je vais vous garder
dans mes donjons jusqu'à ce que vous vous ôtiez cette idée de la tête'".
En effet, dépouillant les Nains de leurs armures
et de leurs armes, il les enferme au plus profond de ses donjons souterrains.
Mais la détermination de Thranduil est déjouée par l'ingénieux Bilbon qui se
glisse sans se faire voir dans le Royaume afin de délivrer ses compagnons, son
plan étant de les cacher dans les tonneaux vides des caves des Elfes, tonneaux qu'il
fait ensuite basculer dans la rivière. Même s'il risque pour cela la vengeance
des Elfes, le Hobbit est fidèle aux Nains.
"Finalement, les Nains sont parmi les créatures les plus
positives qu'il rencontre", explique Freeman. "Les
Elfes sont plus cultivés et civilisés, mais ce que Bilbon voit dans les Nains
va au-delà de cela, et le fait qu'il décide de les aider est très courageux :
d'ailleurs, c'est intéressant parce qu'il n'a pas à le faire. Ce n'est pas
comme si toute la Terre du Milieu était menacée s'il ne le faisait pas, mais il
pense que ce que les Nains ont à faire en vaut la peine. Et je pense que si on
décide de quitter son foyer, les gens avec qui on s'en va deviennent, d'une
certaine façon, un foyer et une famille, même s'ils sont totalement différents
de soi".
Le point
de vue de Thranduil est tout à fait différent. Il pense que la Quête de Thorïn annonce
une lutte bien plus dangereuse à laquelle, pense-t-il, les Elfes n'ont pas à
participer. "Thranduil
a pris la décision des années auparavant de protéger son peuple du destin des
autres races résidant à l'extérieur des frontières de son Royaume. Et cette
règle fait loi", ajoute
Philippa Boyens. Désobéissant à son roi, Tauriel accompagne les Nains le long
de la rivière et Legolas la suit, tiraillé entre l'interdit de son père et la
sincérité des convictions de Tauriel.
"Le projet des Nains d'atteindre le Mont Solitaire a quelque
chose de fou", note
Bloom. "Ils ont
de grandes ambitions, mais cela peut les mener au chaos, et c'est du moins ce
que pense Thranduil. Legolas sait que Tauriel est imprudente et il s'inquiète
pour elle. Il veut la protéger, même si cela l'oppose à son père. Cette
dynamique est très complexe, car Legolas grandit et devient un homme – celui-là
même qui appartiendra à la Communauté de l'Anneau".
Tauriel n'est pas au courant du différend qui
existe entre son roi et les Nains et elle compatit à la difficulté de leur
Quête. "Mais
par dessus-tout, elle veut arrêter l'invasion des Orques qui sont venus dans le
Royaume pour tuer et semer la destruction", ajoute Evangeline Lilly. "Elle ne peut laisser passer cela et
doit agir". Les deux
guerriers elfiques se retrouvent face-à-face avec les Orques et les Nains qui surgissent
aux confins de la Rivière de la Forêt, où ces derniers deviennent des proies
faciles.
Pour Bloom, les événements qui se déroulent alors sont "une phénoménale tuerie
d'Orques". Censé
avoir été tué il y a longtemps, lors de la grande bataille entre Orques et
Nains, Azog le Gobelin a lâché sa meute de tueurs pour chasser et exterminer
jusqu'au dernier les membres de la Compagnie des Nains.
"Azog a ses raisons de vouloir
empêcher Thorïn d'atteindre le Mont Solitaire", suggère Philippa Boyens. "Gandalf craint que sa poursuite de
Thorïn ait un rapport avec un accord qu'il a lui-même conclu et avec les forces
auxquelles il obéit dorénavant. Il éprouve aussi une haine viscérale pour tout
ce qui est vivant, les Nains en particulier, et surtout Thorïn et la
Compagnie". Afin
qu'Azog et Bolg incarnent de véritables menaces, Jackson a décidé de les créer
en utilisant la même technique de "performance capture" qui a donné
vie à Gollum.
"Réaliser
Azog était difficile car il est le principal méchant, et nous voulions qu'il
soit mobile, expressif et aussi terrifiant que possible", explique le réalisateur. "La perspective de concevoir un
Orque numérique était stimulante et nous a donné plus de liberté quant à sa taille
et à sa silhouette car nous n'étions plus obligés de nous rattacher à des proportions
humaines". Pour
incarner le commandant des Orques, Azog le Gobelin, Manu Bennett a été choisi, tandis
que Lawrence Makoare, qui a déjà joué Lurtz l'Huruk Hai dans les adaptations du
"Seigneur des Anneaux", s'est vu confier le rôle de son fils, Bolg.
Les acteurs ont joué leurs scènes devant un écran de "performance
capture" et Benett a vite appris comment bouger comme un Orque massif.
"Si je me
déplaçais à mon allure habituelle, Azog avait l'ait trop petit, trop humain.
J'ai dû faire en sorte d'avoir la capacité respiratoire et la masse musculaire
de cette créature cruelle : il ne suffisait pas de se mouvoir comme une
araignée, il a fallu bouger comme un dinosaure", note Bennett.
Même si on a découvert le
personnage d'Azog dans le premier film, son descendant Bolg apparaît, lui, dans
LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG, et Letteri tout comme les membres de son
équipe chez Weta Digital ont été on ne peut plus ravis de pouvoir créer un nouvel
Orque : "Peter
voulait un type de guerrier vraiment effrayant. Il est tellemt scarifié qu'on a
décidé de pousser le concept encore plus loin et de faire en sorte que son
armure soit comme incrustée dams sa chair. Il doit avoir l'air costaud mais
agile car il se bat constamment. Ces caractéristiques rendaient notre travail
intéressant", souligne
Letteri.
L'armée d'Orques tueurs d'Azog est composée d'un mélange de vrais
acteurs et de créatures numériques qui sont impossibles à discerner les uns des
autres. "Les
sentinelles Orques, comme on les appelle, sont à pied, armés légèrement et
principalement composés d'archers, et ils sont donc très dangereux", conclut Taylor.
LES HOMMES D’ESGAROTH
À bout de force, affamés et sans défense, les Nains ne sont pas en
état de mener l'assaut final sur le Mont Solitaire. Mais l'espoir renaît sous
les traits d'un batelier d'Esgaroth, ville voisine, qui rencontre la Compagnie
en triste état, alors qu'il récupère des tonneaux vides flottant sur la rivière,
en provenance du Royaume des Forêts. Même s'il les menace d'une flèche, Barde
finit par accepter de les aider, convaincu par le sage Balïn. Luke Evans campe
Barde, un homme d'Esgaroth qui trompe son monde. "Barde est un personnage très
important du livre, mais, dans le film, cet humble batelier est une énigme à
bien des égards", insiste
Jackson.
"Son
métier n'est pas à la hauteur de son talent caché. Il possède une compétence
très particulière qu'il ne dévoile pas mais que l'on révèle plus tard dans
l'histoire. Ainsi, c'était très intéressant de chercher et de trouver un acteur
pour le personnage de Barde car nous avons décidé de raconter une partie de
l'histoire du point de vue des Nains, et à leurs yeux, il est énigmatique.
C'est pourquoi nous voulions un acteur qui donnerait au personnage un côté
inquiétant.
Et Luke Evans répondait à tous les critères. Car, outre ses zones
d'ombre, Luke peut être un héros de film d'action épatant en cas de
besoin". Même si
Barde ne connaît pas le vrai but de la mission des Nains, il est tout de suite
sur ses gardes et ne leur fait pas confiance, craignant de percevoir ce qu'ils
préparent.
"Barde
est père de trois enfants et ils vivent au jour le jour dans cette ville. Il
veut que ses enfants soient sains et saufs, et pour les protéger, il est prêt à
tout. S'il peut agir sans effusion de sang, c'est encore mieux. Mais il sait
qu'il a affaire à des Nains arrogants qu'il ne peut pas contrôler", explique Evans. Evans a été heureux de décrocher
le rôle, mais également d'apprendre que son accent gallois serait intégré à
l'identité même d'Esgaroth.
C'est son affinité personnelle pour le pays de Galles
qui a donné l'idée à Jackson de s'en inspirer pour créer la cité du Val, dont
les habitants fuient vers Esgaroth quand la ville est détruite par le souffle
brûlant du Dragon. C'est ainsi que les descendants du Val parlent tous dans un
dialecte gallois.
"Je
me représenterai toujours Le Val comme le pays de Galles, et c'est vraiment un
sentiment agréable", note
Evans. "La
terrible tragédie qui a frappé les aïeux de Barde font de lui un personnage
très intriguant et qui n'a rien des héros habituels", ajoute Philippa Boyens. "Il a un côté instinctif et ça n'a
rien à voir avec le fait qu'il soit le plus grand ou le plus fort, mais plutôt
avec son sens du respect, une témérité farouche et une empathie pour les
autres. L'enjeu est encore plus grand pour lui car il a des enfants, ce qui le
pousse à vouloir tout faire pour les protéger. Et ça tombait bien, car nous
avions trouvé Peggy et Mary Nesbitt, deux fantastiques jeunes actrices, qui venaient
justement d'arriver en Nouvelle-Zélande avec leur père".
Peggy et sa soeur cadette Mary sont les filles
de James Nesbitt, qui incarne le nain Bofur. Pour jouer leur frère, Baïn, c'est
John Bell qui a été choisi, mais au cours du tournage, l'adolescent de 15 ans a
grandi de plus de 10 cm ! L'équipe de costumiers a dû faire preuve
d'ingéniosité en ajoutant des manchettes à son costume, qu'ils modifiaient pour
accompagner et déguiser sa croissance.
"Je pense que j'ai dû changer deux fois de taille de
bottes", dit Bell
en riant. Même si Barde est capable de subvenir aux besoins de sa famille grâce
à ses maigres ressources, il vit entouré de gens qui vivent dans la misère.
Jackson décrit Esgaroth "un
peu comme une ville ouvrière dont les usines auraient cessé toute activité. Ça
donne l'impression que les opportunités et les richesses du passé ont disparu
de la ville, offrant une occasion toute trouvée à des politiciens véreux comme
le Maître d'Esgaroth de prospérer en exploitant la détresse des habitants. Il a
pour assistant Alfrid, interprété par Ryan Gage, et à eux deux ils règnent sur
cette misérable petite ville au milieu de nulle part".
Pendant que les habitants de sa ville essaient
de joindre les deux bouts et souffrent de la faim, le Maître d'Esgaroth est
sans scrupule, accumule des quantités extravagantes de nourriture et dissimule
des richesses. Rien ne pourrait plus le différencier de Barde. "Barde est un personnage très malin
et débrouillard, c'est pour cette raison qu'il a survécu aussi longtemps dans
cet environnement hostile, et ça met le Maître hors de lui", continue-t-il.
"Le Maître s'arrange pour maintenir les habitants au bord
de la famine, les laissant trop affaiblis pour se révolter, mais Barde semble
avoir toujours une longueur d'avance sur lui. À bien des égards, Barde devient
un rayon de lumière et d'espoir dans le monde de ténèbres dans lequel ils
vivent".
Pour
tenir le rôle de ce politicien accompli, les producteurs ont réussi à
convaincre le célèbre acteur britannique Stephen Fry. "Ce serait manquer de tact si je
disais que Stephen était parfait pour le rôle ! Mais dans le livre, le
personnage du Maître fait preuve d'énormément d'ironie et tient beaucoup du dandy.
Nous avons voulu garder ça dans le film, faisant de Stephen un choix tout
trouvé. C'est un acteur formidable capable de saisir le côté raffiné et
charmeur du Maître, qui sait également jouer avec les mots, tout en faisant
ressentir combien il est vénal et cupide, ce que Stephen n'est absolument
pas", raconte
Jackson avec un sourire.
En ce qui le concerne, le Maître se voit "en héros et en dirigeant plutôt
important. Il pense que les gens l'aiment et le respectent, et que personne ne
peut suspecter sa cupidité ni qu'il est corrompu. Je crois que d'une certaine
façon, il est une figure réellement emblématique qui a réussi à se faire élire
Maître et à maintenir les choses en ordre, soit grâce à son intelligence, soit
grâce à sa fourberie innée. Pour lui, l'essentiel consiste à lever l'impôt et à
s'assurer qu'Esgaroth reste loin des conflits", ajoute Fry.
Autrefois d'un raffinement
vestimentaire digne d'un roi, le Maître est devenu un rustre et un goinfre qui
a maintenant perdu de sa superbe et porte des vêtements élimés. Cela a forcé le
département des costumes à mettre systématiquement en lambeaux des étoffes
luxueuses.
"Imaginez
un motif chamarré ornant un magnifique brocard du Moyen-âge qui serait
désormais tout crotté de boue et un peu brûlé par endroits : un vrai
désastre", décrit
Ann Maskrey, la chef costumière. "Par conséquent, le Maître apparaît comme quelqu’un de
vulgaire, sale, négligé et un peu ridicule". Créer les visages du Maître et de son seigneur
Alfrid a procuré énormément de plaisir aux maquilleurs qui s’en sont donnés à
coeur joie.
"Peter
nous a dit que nous pouvions rendre le Maître aussi répugnant que nous le
voulions", raconte
King. "Alors,
nous ne nous sommes pas gênés. Nous lui avons fait un crâne dégarni avec une
vilaine mèche peu attrayante, il a des dents pourries et son visage est
recouvert d’un léger duvet.
Pour Alfrid, Ryan Gage arbore des cheveux gras et
des dents sales et noires que nous peignions chaque matin avec un émail spécial
pour les dents". Parce
qu’il cherche toujours un nouveau moyen de faire du profit, le Maître suspend
sa politique isolationniste quand la rumeur commence à se répandre que des
étrangers se cachent chez Barde.
"Le Maître n’apprécie pas les gens comme Thorïn Écu de
Chêne, qui veulent se lancer dans des aventures et se battre contre les gens
qui se dressent sur leur chemin. Des gens comme ça n’attirent que les
ennuis", commente
Fry.
"Il croit que cela causera leur
perte et pense qu’il vaut mieux s’abstenir de ce genre d’excentricités et ne
pas accueillir de gens qui ont des idées aussi absurdes que de vouloir gravir
des montagnes et déloger des dragons. Mais
il existe une prophétie à Esgaroth qui prédit que Thorïn et ses compagnons
délivreront la ville de la misère une fois que le Mont retentira à nouveau du
martellement de leurs instruments dans les mines d’or".
LE DRAGON DE LA MONTAGNE
Malgré les forces à l’oeuvre pour contrecarrer leur quête, Bilbon et
les Nains empruntent le chemin du Mont Solitaire et, à quelques minutes de la
fin du jour de Durïn, ils finissent par atteindre la porte secrète qui mène à
Erebor. Et grâce aux indications de la carte secrète et à la clef de son père,
Thorïn arrive à l’ouvrir.
Philippa Boyens trouve qu’Armitage joue avec un
dépouillement qui se prête parfaitement à la scène. "Ce devrait être un moment triomphal
pour Thorïn, au lieu de quoi la séquence est tout en sobriété et en
émotion". "Quand la porte s’ouvre, Thorïn est le premier à respirer
l’air qui s’échappe du Mont resté scellé pendant longtemps , et toute son
enfance et ses souvenirs du Royaume d’Erebor lui reviennent brusquement à
l’esprit", témoigne
Armitage.
"C’est
un moment très important pour Thorïn et j’ai partagé sa joie. Mais dans l’air
vicié, il sent aussi l’odeur du Dragon Smaug qui a décimé son peuple, l’odeur
de pierre brûlée et les souvenirs des disparus : c’est l’odeur de la
mort".
Il se
peut qu’une dangereuse sentinelle continue de veiller sur le trésor des Nains, menaçant
de brûler et de détruire tout être assez téméraire ou assez fou pour tenter de
s’en emparer. Bilbon comprend que la Quête dans laquelle il se retrouve
embarqué a tout l’air d’une mission-suicide.
"Dans ce film, nous apprenons que les Nains ont besoin de
quelqu’un pour voler quelque chose de spécial", remarque Jackson. "Il s’agit de l’Arkenstone, un
rocher magique que les Nains ont découvert profondément enfoui dans le Mont
Solitaire. L’Arkenstone n’a pas réellement de pouvoir mais il est d’une importance
capitale pour Thorïn". "Les Nains savent combien la tâche de Bilbon
est difficile, conscients que le Dragon est très probablement toujours en
vie", ajoute
Ken Scott, qui joue Balïn.
"Balïn
trouve qu’il n’y aurait pas de honte à vouloir abandonner, mais Bilbon ne
renonce pas car il a donné sa parole qu’il irait jusqu'au bout, et il fait
preuve d’un sacré courage". En explorant les souterrains d’Erebor, Bilbon découvre qu’au coeur de
ces tas d’or et de trésors est tapi un Dragon encore endormi. "En dehors de sa taille, une chose
différencie Smaug des autres Dragons : la personnalité que Tolkien lui
attribue. Ce n’est pas un simple Dragon qui parle et veut dévorer des gens. Il
est mégalo et extrêmement intelligent", précise Jackson.
Benedict Cumberbatch tient le rôle emblématique de
Smaug le Terrible. Dès les auditions, les producteurs ont été abasourdis par la
perfection de son incarnation de Smaug. "Dans le livre, Tolkien a créé un personnage
spectaculaire de toute beauté. C’est un magnifique archétype à adapter à
l’écran, et quand nous avons vu que Benedict était capable de moduler sa voix
de façon extraordinaire, nous savions qu’il était notre Smaug. Il savait
parfaitement qui était Smaug et comment le jouer, et ça correspondait
parfaitement à notre conception du personnage", raconte Frances Walsh avec entrain.
L’acteur
anglais se souvient de cette créature dont il a découvert l’existence lorsque
son père lui lisait "Le Hobbit" enfant. "Mon père était un acteur
merveilleux et il savait donner vie à l’univers fantastique déjà très vivant
des Hobbits et des Dragons", raconte Cumberbatch. "Quelle façon fabuleuse de découvrir un livre aussi
fascinant ! Alors quoi de plus réjouissant dans la vie d’un acteur que de
pouvoir rentrer chez lui et annoncer à son père, 'Je vais jouer Smaug et c’est
à toi que je le dois' ? Il me jouait Smaug comme une créature mythique qui
grogne et parle avec une voix rauque, et du coup, on peut dire que je me suis
littéralement inspiré de mon père", ajoute-t-il en souriant.
Freeman est ravi de retrouver son ami, à qui
il donne la réplique dans la célèbre série de la BBC, SHERLOCK, même si
Cumberbatch tient ici le rôle de son ennemi juré. "Nous avons tous les deux passé
notre audition à Londres pendant que nous tournions la première saison de
SHERLOCK. Il était ravi de le faire et j’ai trouvé que ce serait vraiment
génial. Ben est un très bon acteur, il a un physique parfait et une voix
fantastique", note
Freeman avec plaisir. Leith McPherson, le répétiteur chargé de faire travailler
les dialectes aux acteurs, a collaboré avec Cumberbatch pour parfaire sa
prestation vocale et a été très impressionné par la qualité de travail de
l’acteur.
"Il a
testé l’impact de ses postures et de sa gestuelle sur son élocution et a joué
de toutes les variations et nuances de sa voix jusqu’à ce qu’il trouve
exactement ce qui correspondait à Smaug à ce moment-là. C’est un processus de
création absolument extraordinaire à observer. Je sais que Smaug est cause de terreur
et de désespoir, mais il ne m’a apporté que de la joie", raconte McPherson.
La présence physique de Smaug
est le fruit du travail des artistes de Weta Digital, mais les autres
graphistes du film y ont également contribué, ainsi que les décorateurs de Weta
Workshop et de Weta Digital.
"Tout le monde attend beaucoup de ce personnage, ce qui
est à double tranchant car si nous n’assurons pas avec Smaug, c’est la
catastrophe", reconnaît
Jackson. "J'étais
loin d’avoir une idée précise de Smaug quand nous avons commencé à travailler.
La seule chose dont j’étais certain dès le début, c'est qu’il devait être
gigantesque, beaucoup plus grand qu’on ne l’imaginerait, parce qu'au-delà de
son esprit aiguisé et fourbe, je voulais que par sa seule présence il terrifie
le petit Hobbit ".
Dès
le premier volet, Jackson et son équipe ont donné un aperçu de la taille
vertigineuse de Smaug quand le réalisateur a exigé que la tête soit de "la taille d’un bus". Ce bref aperçu du monstre suffit à indiquer
quelle est sa taille dans LA DÉSOLATION DE SMAUG. "Nous avons pu réunir beaucoup
d’artistes de talent pour travailler sur Smaug, et même si on donne quelques
paramètres, il est bon de leur laisser une certaine liberté de création", continue Jackson.
"J’adore ça parce que cela me permet
d’étudier plusieurs idées et de commencer à assembler différents aspects du
personnage pour lui donner vie". John Howe, l’illustrateur bien connu de Tolkien, a passé les
dernières décennies à illustrer les personnages de la Terre du Milieu, mais il
a laissé courir son imagination dans ses premiers dessins. "Tolkien ne nous dit pas grand-chose
du Dragon, mais il excelle dans l’art de l’évocation qu’il préfère aux descriptions
fastidieuses", explique
Howe.
"En
quelques mots, nous savons que Smaug est grand, qu’il a une peau rouge mordoré
et des ailes et qu'il crache du feu. C’était exaltant de pouvoir insuffler une
énergie à ce personnage, et une fois que sa forme et son allure ont été
définies, nous avons travaillé les détails, comme l’aspect de ses griffes vues
de près".
Dans les
studios de Weta Digital, le Dragon a été construit par étapes et couches successives,
en commençant par la forme de son squelette jusqu’à la façon dont il se déplace
et la texture de sa peau qui a été ensuite retravaillée par Gino Acevedo, le
directeur artistique et responsable des textures, dont l’équipe a consacré deux
ans et demi à Smaug.
"C’est
un personnage si gigantesque qu’il faut beaucoup de peau pour le
recouvrir", explique
Acevedo. Pour construire un Dragon numérique avec la
présence physique et la personnalité démesurées voulues par Jackson, les
animateurs ont dû travailler à partir du graphisme du Dragon lui-même et de la
prestation de Cumberbatch. Pour donner les inflexions appropriées à sa voix lorsque
le Dragon se déplace, Cumberbatch a enregistré ses dialogues sur scène, en
tenue complète pour la "motion capture" et guidé par Dejan
Momcilovic, en charge du processus de capture de mouvements. Même si le
personnage n’est pas créé à partir d’une "performance capture", les
séances de travail de Cumberbatch ont fourni une base de travail aux
animateurs.
"Il
est évident que le faciès d’un dragon n’a rien d’un visage humain. Mais nous avons
repris beaucoup d’idées de Benedict pour son jeu et les avons intégrées à la
personnalité de Smaug", explique Letteri. "Nous
nous sommes aussi inspirés de toutes les idées qui nous venaient en nous
assurant que cela fonctionne à l’écran. Cela supposait de s’intéresser de plus
près aux détails et d’être très précis, par exemple, sur la taille des écailles
autour de ses yeux, ou sur la manière dont elles se fondent les unes dans les
autres pour rendre la texture de la peau et des paupières".
Toutes les écailles de Smaug ont été peintes
numériquement à la main afin de mieux rendre les imperfections, les défauts et
les marques du temps. "Quand
on le regarde de près, on doit voir qu’il a le visage couvert de cicatrices,
causées par des combats avec d’autres dragons ou par les nombreux assauts qu’il
a menés", précise
Letteri. Smaug se montre à Bilbon dans toute sa splendeur
dès que le Dragon sent qu’il n’est plus tout seul dans son antre, après de
longues années de sommeil.
"C’est
un prédateur", indique Cumberbatch.
"Ses sens sont extrêmement aiguisés
et il est intrigué dès qu’il sait qu’il y a un intrus. Il décide de jouer avec
Bilbon, ce qui est génial parce qu’il recourt à la logique humaine pour
l’attirer à lui et lui faire dire qui il est". Freeman s’est amusé à chaque instant de sa
rencontre avec l’énorme Dragon. "Les échanges et la relation entre Gollum et Bilbon sont
légendaires dans le livre, mais ce qui se passe entre Smaug et Bilbon l’est aussi",
précise Freeman, "C’est un beau combat d’esprits,
même si dans le cas de Bilbon, il s’agit moins d’esprit que de tenter de
survivre. Il ne se sent pas du tout spirituel, mais il fait ce qu’il a à faire,
et à ses dépens". Alors
qu'ils jouent au chat et à la souris, la loyauté de Bilbon et le courage qu’il
s'est découvert récemment sont mis à l'épreuve par le tempérament psychotique
de Smaug.
"On a
beau être intelligent, Smaug l’est encore plus. On ne peut pas lui raconter de
bobards car il les repère. Au premier abord, il sait se montrer charmant, mais
on sent le fil tranchant de ses propos après coup. Par moments, il peine à maîtriser
sa rage mégalomaniaque, ce qui le rend imprévisible et dangereux. C’est ce qui
était drôle et amusant en écrivant ce rôle, et Benedict le joue
admirablement", révèle
volontiers Jackson.
Veillant jalousement sur son or, Smaug devient fou de rage
à l'idée de perdre ne serait-ce qu’une pièce. "Et c’est ce qui montre son degré de cupidité. Smaug est
le symbole suprême de la corruption par la puissance. C’est un serpent
somnolent sur son tas d’or. Ça ne lui apporte rien, seulement une retraite
froide et humide, sans joie ni humour. Il est vaniteux et fier de son pouvoir
et de sa richesse qui l’a au final réduit à cet état", constate Cumberbatch.
Pour Jackson, cette
rencontre fatidique représente un tournant essentiel dans l’histoire et prend
toute son ampleur dans le dernier volet de la trilogie. "C’est ce qui est amusant quand on
réalise une fresque autour du voyage inattendu de ces personnages : ils doivent
relever des défis et déjouer de nombreux pièges au cours des trois films",
souligne Jackson.
"La dynamique de l’histoire commence
à les faire réagir, pas seulement en raison de ce qui leur arrive, mais à cause
de ce que cela produit chez eux. Le grand privilège, quand on réalise la trilogie
du HOBBIT, c'est cette capacité à modifier la destinée de ces personnages à
travers trois films, et de développer sans cesse l’histoire au fil des
épisodes".
VERS L’INCONNU : LA DÉCOUVERTE DE NOUVELLES CONTRÉES EN TERRE DU
MILIEU
"Je n’aurais jamais dû quitter Cul-de-Sac, ça a été ma première
erreur.
Nous avons un dicton dans la Comté, nous l’apprenons dès le berceau :
Ne
jamais s’aventurer à l’Est !"
- Bilbon Sacquet
Les trois films de la trilogie du HOBBIT ont été tournés
simultanément au cours d’une première période de 266 jours. L’équipe s’est
ensuite retrouvée ultérieurement pour tourner des plans supplémentaires pour LE
HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG. Le tournage a occupé la totalité des 32 000 m2 des Stone Street Studios, complexe de 6 plateaux installé à Miramar
en Nouvelle-Zélande. Pour camper les vastes étendues que la Compagnie traverse pendant
son voyage vers sa destination finale, Erebor, les acteurs et l’équipe
technique ont aussi parcouru les deux îles de La Nouvelle-Zélande. "Dans ce film, nous découvrons de
nouveaux paysages de la Terre du Milieu que nous n’avions encore jamais
explorés",
commente Jackson.
"On
se retrouve embarqués dans une aventure qui traverse maintenant des territoires
inexplorés, et qui dépeint des univers encore jamais rencontrés jusqu’à
présent". Jackson
et son équipe se sont attachés à créer une Terre du Milieu aussi riche de
détails que possible, mettant l'accent sur la cohérence et le réalisme et
répercutant cette attention dans tous les aspects du tournage, des dessins
préliminaires au montage définitif. Un tel degré d’exigence nécessitait que
l'ensemble des départements artistiques collaborent harmonieusement : en effet,
les dessins et les graphiques issus de leur réflexion commune s'affinaient progressivement
au fil des mois, voire des années.
Comme pour la trilogie du SEIGNEUR DES
ANNEAUX, l'un des points de départ du projet est l'oeuvre des grands
illustrateurs de Tolkien, John Howe et Alan Lee. Leurs dessins ont servi de
base de travail pour créer les nombreux personnages et les grandes lignes des
paysages du film. "Ce
qui est très intéressant chez Peter [Jackson], c'est sa façon de décrire ce
qu'il visualise de la même manière que Tolkien dans le livre", fait remarquer Howes. "Il ne nous dit pas comment doivent
être les choses ; il nous raconte quelles émotions il veut ressentir quand il
les regarde. Par exemple, il dira qu'il veut que ça ait l'air effrayant et
inquiétant ou bien charmant et attirant. Il nous donne sa réaction en tant que
spectateur plutôt que de nous dresser une liste incroyablement précise de notes
de conception, ce qui rend le travail plus stimulant, car ça signifie que nous sommes libres de créer. C'est un
processus vraiment amusant pour nous tous".
Lee ajoute d'ailleurs en souriant, "John et moi avons beaucoup d'idées,
mais Peter va toujours apporter un détail intéressant ou adopter une approche
différente qui va nous ouvrir des possibilités que nous n'avions pas
envisagées. Il comprend parfaitement chacun de nos dessins déjà réalisés, mais il
est aussi capable de nous montrer ce que nous pourrions faire en plus. Il fait
souvent référence à des dessins que je ne me rappelle même pas avoir
faits". Dan
Hennah, chef décorateur nommé à l'Oscar pour son travail sur LE HOBBIT : UN VOYAGE
INATTENDU, Simon Bright, directeur artistique et décorateur de plateau, et Ra Vincent,
ensemblier, ont supervisé le département artistique qui a dû travailler en
continu 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour construire en un temps record
des décors entiers extrêmement détaillés. Grâce à ce vaste vivier d'esprits
créatifs, Hennah et son équipe ont créé une Terre du Milieu virtuelle en modèle
réduit, soit 94 maquettes pour la totalité de la trilogie, toutes à l'échelle de
1/16e ou 1/25e.
Hennah a ensuite supervisé la construction
grandeur nature des décors, susceptibles d'apporter davantage de réalisme aux
différentes étapes du voyage de la Compagnie, qu'il s'agisse de la qualité
rustique du foyer de Beorn, des quartiers délabrés et disparates d'Esgaroth, ou
du monticule d'or enfoui dans les profondeurs d'Erebor. Le département
artistique a engagé sur place légion de techniciens, d'artistes et d'artisans à
travers toute la Nouvelle-Zélande afin de garantir une authenticité à tous les
stades de fabrication : des sculpteurs, des ingénieurs, des potiers, des
maquettistes, des tisserands, des plâtriers, des fabricants de rideaux, des
forgerons, des fileurs de laine, des couteliers, des fabricants de filets, des
constructeurs de bateaux, des menuisiers, des sculpteurs sur bronze, un fabricant
de vitraux, un styliste culinaire, un joailler et un calligraphe.
Pour Weta
Workshop, l’entreprise néo-zélandaise mondialement connue pour ses effets spéciaux,
et sous la direction de Richard Taylor, cofondateur et directeur de création, le
deuxième film de la trilogie a mis la barre beaucoup plus haut encore en
matière de graphisme et de confection. En plus de recourir à des prothèses pour
Bilbon et les Nains dans le premier volet, Taylor et son équipe ont dû
concevoir des armures, des armes et des prothèses pour un grand nombre de
personnages issus de nouvelles cultures. Ils ont aussi collaboré avec Jackson,
l’équipe de graphistes et Weta Digital, à l’élaboration numérique de plusieurs
créatures et personnages qui peuplent ce deuxième opus.
Weta Workshop s’est
beaucoup développé depuis son travail initial sur LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, déjà
révolutionnaire : désormais, les artistes utilisent ZBrush, procédé de
modélisation 3D, au lieu de la traditionnelle sculpture à l’argile. L'équipe possède
par ailleurs dix robots.
"Même
si nous avons passé 12 ans sur la Terre du Milieu, nous voulons utiliser des
techniques innovatrices pour créer les créatures marquantes de cet univers pour
que les spectateurs n’aient pas l’impression d’avoir déjà vu tout ça", souligne Taylor. "Mais en même temps, nous devons
nous assurer que tout fonctionne au niveau du style, et Peter est seul juge du
rendu final. J’ai pourtant l’impression qu’il s’est laissé une grande liberté
de manoeuvre sur la trilogie du HOBBIT, parce qu’il a déjà fait le travail
préparatoire pour jeter les bases d'un univers crédible. Il peut désormais se
permettre de jouer encore un peu plus avec ça, ce qui est très stimulant pour
nous car cela nous laisse encore plus de liberté d’expression et de création".
Leurs créations viennent compléter le travail de
Peter Swords King, chef coiffeur et maquilleur nommé à l'Oscar pour son travail
sur LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU. La masse de travail fourni par King et son
équipe est phénoménale : 752 perruques et 263 barbes, chaque création étant
faite sur mesure à la fois pour les acteurs principaux et pour leurs différentes
doublures. Rien que pour les 13 Nains, l’équipe de King a créé un total de 91 perruques
! Les chefs costumiers Ann Maskrey et Bob Buck ont pris grand plaisir à
habiller cette nouvelle communauté de la population d’Esgaroth, que Buck décrit
comme "un
mélange éclectique d’Européens de l’Est, de Sibériens et Tibétains, avec des
détails inspirés de l’Asie".
La seule ville d’Esgaroth a nécessité la création de 400 costumes !
Ils ont été conçus pour refléter l'évolution du climat économique de cette
ville autrefois prospère qui traverse maintenant des temps difficiles : les
habits de ses habitants tombés dans la déchéance et dans la pauvreté sont usés
et ternes. "Il y a
beaucoup de fourrure, de raccommodage et d’épaisseurs", souligne Ann Maskrey.
"Nous nous sommes inspirés des
paysans slaves et avons étudié de vieux clichés d'ouvriers et de peintures
russes de la fin du XIXe
siècle et du début du XXe". Outre
les nouvelles communautés, les costumes de la Compagnie des Nains subissent plusieurs
changements souvent importants tout au long du film. "À bien des égards, les Nains sont représentés
par leurs vêtements, et le fait qu’ils les perdent dans le premier film et
doivent porter des habits d’humains les met en colère. Pour un peuple qui vit
en exil, cela représente non seulement une sévère humiliation mais aussi la
perte de leur identité, ce qui ne les rend que plus déterminés à mener leur
quête à bien pour reconquérir leur patrie", raconte Bob Buck.
C'est le même processus
créatif qui a été suivi pour donner une identité aux différentes cultures que
la Compagnie rencontre sur sa route vers Erebor. "Ils se déplacent vers l’Est, si
bien que nous avons utilisé plus d’influences slaves. C’est aussi l’hiver, et
tout paraît donc plus froid et triste. La tension monte, et où qu’ils aillent,
la menace rôde. Cela rend tout plus glacial, voire humide, lorsqu’ils
atteignent Esgaroth. À Erebor, on découvre de gigantesques constructions de
marbre froid. Mais il est clair qu’il y a aussi un petit puits de chaleur qui
devient rapidement assez chaud quand le Dragon se réveille", explique Hennah en plaisantant.
L’hiver
s’installe tandis que les forces du mal s’étendent en Terre du Milieu, et cela
s’en ressent sur le style visuel du deuxième film grâce au travail d’Andrew
Lesnie, directeur de la photographie. "Ce monde est d’une grande richesse, grâce à son histoire
et à son relief, ce qui offre un formidable éventail de possibilités pour
laisser exprimer notre créativité, surtout lorsque les personnages voyagent
dans des contrées totalement inconnues", affirme ce dernier.
Reprenant les techniques de
tournage de pointe du film précédent, LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG a été
tourné en 3D à l'aide de caméras numériques Red Epic à 48 images par seconde.
Compactes et mobiles, les caméras sont faciles à manipuler en travelling, sur
une perche ou à l'épaule, et permettent d’enregistrer un plus grand nombre de
données que les caméras habituelles. L’équipe de cadreurs a également disposé
de 48 caméras Red Epic et 24 systèmes de fixation 3D (propriétés de 3ality,
entreprise spécialisée dans la 3D), ce qui a ouvert le champ des possibles pour
Jackson. "J’adore
tourner des prises de vue avec la profondeur de champ qu'offre la 3D, j’adore
voir les objets bouger les uns par rapport aux autres. Je tourne le film comme
d’habitude, mais pouvoir exploiter cette dimension supplémentaire est vraiment
un avantage. Je voulais que les spectateurs aient le sentiment de pouvoir
réellement entrer dans le film et s'intégrer à cet univers ", souligne le réalisateur.
Lesnie et son équipe
ont dû faire preuve d’imagination pour restituer les éclairages précis nécessités
par certaines prises de vue. Parmi leurs innovations, il y a la fixation
"Colosseum" qui permet de recréer la clarté qui précède immédiatement
l’aube et une ambiance nocturne en toute circonstance grâce à une série de
voiles réalisées à partir de toile d’ombrage de couleur claire, pouvant être
déployées n’importe où sur une étendue de plus de 30 m2. Pour simuler le clair de lune, des plates-formes aérodynamiques
contenant 288 tubes fluorescents Kino d’1 m 20 étaient suspendues au-dessus du
plateau.
Légère et contrôlée par le célèbre protocole d’éclairage dynamique
DMX, cette installation a facilité la tâche de Lesnie qui pouvait ainsi choisir
le nombre de tubes nécessaires pour obtenir la bonne tonalité lumineuse. "Ces deux inventions sont cruciales
car elles nous ont permis de réussir les plateaux labyrinthiques
d’Esgaroth", explique-t-il.
Quand comédiens et techniciens ont quitté les Stone Street Studios pour neuf
semaines de tournage en extérieurs, deux équipes indépendantes sont parties sur
le terrain – l'équipe principale de Jackson et l'équipe secondaire d’Andy
Serkis –, et ont dû affronter des conditions climatiques capricieuses et se
fier à leur GPS pour se rendre dans de nombreux lieux de tournage isolés.
Pour
trouver les nombreux et impressionnants paysages dont il avait besoin pour
restituer le vaste territoire de la Terre du Milieu, le réalisateur a mis au
défi l’équipe de repérages en les emmenant à Rock and Pillar Range, qui sert de
décor pour les collines du Val au pied du Mont Solitaire. Au milieu de la
journée de tournage, un orage a éclaté et ils ont dû évacuer les lieux avant
que les conditions de vol ne se dégradent encore plus. À une altitude de plus
de 1 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, et dans un lieu uniquement
accessible par hélicoptère, la production a été obligée de mettre en place
l’opération Tonnerre : c'est ainsi qu'a été surnommée l'heure et demi
particulièrement stressante au cours de laquelle 10 hélicoptères ont dû tour à
tour descendre de la montagne 120 personnes et, par élingue (fixés au bout d’un
cordage), 15 chargements d’équipement ! Pendant le tournage dans les Stone
Street Studios, Jabez Olssen, le chef-monteur, a travaillé aux côtés du
réalisateur pour permettre à Jackson de visionner l'ensemble des rushes archivés
sur des serveurs. Mais Olssen a aussi dû embarquer son matériel avec lui pour
continuer son travail sur le terrain, étant donné l’étendue des lieux de
tournage en extérieur.
Grâce à un ordinateur portable équipé du système de
montage Avid et à une station de montage mobile installée dans un camping-car
transformé et équipée, elle, d’un Avid complet, Olssen et Jackson ont pu
poursuivre le montage, quels que soient les lieux de tournage. "Il nous est arrivé de transporter
le système portatif sur une berge, ou bien mon assistant et moi escaladions une
montagne pour l’installer sur le lieu du tournage. C’est plutôt inhabituel pour
un monteur de se rendre sur les lieux de tournage en extérieurs et de pouvoir
admirer les magnifiques paysages où le film est tourné. Je peux dire que
l’expérience est fantastique !", se souvient Olssen.
Les effets visuels ont été pilotés par l’équipe
de Weta Digital, sous la direction de Joe Letteri, superviseur Effets spéciaux
chevronné qui a reçu sa 8e nomination à l'Oscar pour son travail sur le
premier film de la trilogie du HOBBIT. Pour accentuer la dimension épique du
film, les effets spéciaux pour LA DÉSOLATION DE SMAUG se concentrent sur
d’énormes espaces créés numériquement, des effets avec l’eau et le feu et une
quantité incalculable de créatures. Eric Saindon, également superviseur en
effets spéciaux, était tous les jours sur le plateau pour vérifier le moindre
élément numérique. Son équipe a pris les vues d’ensemble habituelles du
plateau, soit des milliers de photos référencées, a rassemblé des informations
techniques sur les caméras et utilisé des lecteurs à roulements à billes
chromées spéciaux pour capter la lumière et les couleurs le plus précisément
possible.
L’une des toutes dernières innovations utilisées par la production
est le scanner 3D Lidar, qui permet d’enregistrer les données de chacun des
plateaux et lieux de tournage, allant jusqu’à scanner plus de 3 800 km2 de terrain en deux jours ! En créant des arrière-plans numériques
pour des scènes d’action tournées en direct, l’équipe de Weta Digital a aussi
sollicité l’aide du graphiste Alan Lee qui recevait quotidiennement des piles
de photos montrant des personnages ou des objets photographiés sur fond vert,
ce qui lui permettait d’y incruster des illustrations très élaborées.
"C’est une manière complètement
différente de travailler, puisque chacun donne sa touche personnelle en
dessinant ou en illustrant directement sur l'ordinateur ", relève Lee. Weta Digital a également utilisé une
technique appelée "Faux cap". Cela consiste à placer des caméras de
référence portatives et flexibles tout autour du lieu de l’action pour établir rapidement
et facilement une base pour les mouvements des personnages. Les producteurs ont
ensuite employé une autre innovation, déjà utilisée sur le précèdent film, le "slave
motion control" pour enregistrer les mouvements des acteurs de même taille
de façon à exagérer les différences de gabarit de leurs personnages.
"Le dispositif nous permet de
coupler une caméra à une autre qui retrace automatiquement le
mouvement sur le plateau à fond vert. Le mouvement est donc précisément
coordonné, sauf que l’échelle est différente pour faire croire que Gandalf ou
les Elfes sont beaucoup plus grands qu’un Nain ou un Hobbit. C’est
mathématiquement très compliqué, mais le résultat est plutôt impressionnant",
ajoute Jackson.
DE LA FORÊT NOIRE À EREBOR : LA RECONSTITUTION D'UN
MONDE EN NOUVELLE-ZÉLANDE
On découvre dans LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG de nombreux paysages
de Nouvelle-Zélande. C'est ainsi que la scène où nos héros s'approchent de la
Porte Secrète d'Erebor a été tournée dans le domaine skiable de Turoa; que
Beorn a trouvé un superbe jardin à Paradise; que le Parc de Canaan a servi de
cadre à la vallée d'Anduin; que Glenaray Station a campé les Hauts-Monts; que
Takaro Lodge a campé la frontière méridionale de la Forêt Noire; et que Pelorus
River est devenu, dans le film, la Rivière de la Forêt. Enfin, certains plans du
Chemin du Monteur de Tonneaux, en bordure de la Rivière de la Forêt, ont été
tournés près du Barrage d'Aratiatia du Lac Taupo. "On dirait que tous les décors, sans
exception, ont été conçus par la volonté divine, et on s'en régale pendant
trois heures !", s'enthousiasme
Martin Freeman. "C'est
absolument délirant".
DANS L'ANTRE DU CHANGEUR DE PEAU
La demeure de Beom le Changeur de Peau a été dénichée à Paradise
(Glenorchy), sur l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande. L'extérieur de la maison
de cette gigantesque créature a été construit sur deux plateaux, à 200 m l'un
de l'autre, afin de pouvoir bénéficier du panorama majestueux de la région. L'architecture
de la maison s'inspire de plusieurs sources, qu'il s'agisse d'une cabane tout en
longueur, de style norvégien, telle qu'elle est décrite dans le livre ou de la
nature même de Changeur de Peau de Beom.
"Il est âgé de plusieurs siècles, il est resté en pleine
brousse pour bâtir sa maison, et on s'est donc dit qu'il aurait un physique de
sculpteur", remarque
Hennah. "Il a
gravé des images symboliques dans toutes les poutres, les portes et les
fenêtres, si bien que le bois recèle tout un ensemble de significations qu'on
ne remarque pas au premier regard". Il a fallu le savoir-faire du chef-décorateur et d'artisans recrutés
sur place pour réaliser ces pièces d'ébénisterie. "Je me suis surtout inspiré des
Stavkirkes typiques de Norvège [église en bois debout, NdT] et des sculptures
sur bois des Vikings, et j'ai également inséré quelques motifs nordiques par
endroits", indique
John Howe.
"Cependant,
la plupart des sculpteurs qui ont construit les décors sont Maoris ou connaissent
l'artisanat maori, et leur travail s'en ressent admirablement. Au final, le
style de la maison est à la fois bien connu et exotique, ce qui correspond
parfaitement à l'esprit de la Terre du Milieu". Les intérieurs ont été bâtis à l'échelle des Nains
sur un plateau de Wellington : le décor était donc presque deux fois plus grand
qu'un décor traditionnel afin de faire en sorte que Beorn, qui mesure 3 m de
haut, semble dominer les Nains.
Pour la ménagerie du personnage, des animaux de
grande taille ont été spécialement acheminés sur le plateau : "Des cochons aussi grands que des
vaches, des vaches aussi grandes que des chevaux, et des chevaux… eh bien,
c'étaient sans doute les chevaux les plus imposants du monde", note McKellen.
AU CŒUR DE LA FORÊT
La Forêt Noire est un immense décor qui a posé de nombreux problèmes
pratiques à la production. Pour transposer ces passages décisifs du livre à
l'écran, il fallait que le site soit évocateur de danger et de déclin, tout en
étant à même d'accueillir des scènes d'action spectaculaires aux nombreux
effets visuels. Le superviseur Prévisualisation Christian Rivers a collaboré
avec le réalisateur pour mettre la scène au point bien en amont du tournage
afin d'établir les fondations des décors et de régler les problèmes techniques.
Cette gigantesque forêt toxique réunit une trentaine d'immenses arbres tortueux
en polystyrène, de 9 m de haut, qui pouvaient être aménagés diversement pour
composer plusieurs décors différents. Les arbres ont ensuite été recouverts
d'écorce en latex et chaque élément de la forêt – champignons, branches et
feuillage – a été peint dans des tons vifs pour mettre en valeur la dimension
hallucinatoire des lieux, même si les couleurs n'apparaissent pas aussi
éclatantes qu'on pourrait le croire à l'image. Une fois les images de la forêt
désaturées en postproduction, le teint de Bilbon et des Nains semble plus pâle,
comme si les arbres pompaient leur énergie. Comme le remarque Jackson en
plaisantant, "C'est
comme si on était revenu en 1967".
Les Araignées Géantes qui poursuivent la Compagnie à travers les
arbres ont été créées en infographie et animées manuellement par Weta Digital. "Peter voulait que toutes ces scènes
se déroulent dans la strate supérieure de la forêt, puisque les Araignées se
déplacent de branche en branche grâce aux toiles qu'elles tissent", souligne Joe Letteri. "Comme tout se déroule dans
l'espace, on pouvait vraiment jouer sur les effets de volume, mais il nous
fallait régler précisément les déplacements des Araignées et déterminer les mouvementent
de leurs pattes afin d'utiliser au mieux ces plans". Néanmoins, les toiles gigantesques dans
lesquelles les Araignées attrapent les Nains ont été réalisées à l'aide
d'effets mécaniques.
"Ils
nous ont enserré dans des sortes de sangles comme s'il s'agissait d'un
emballage en plastique, et une fois qu'on s'est retrouvés dans cette position,
on ne pouvait plus bouger", se souvient Dean O'Gorman qui campe Fili. "C'était assez rigolo parce qu'on ne
voyait rien, mais on sentait parfois un bout d'épaule ou de jambe. Pendant
qu'on était là à attendre, on entendait les gémissements de l'ensemble des
Nains. Et puis, dès qu'on entendait 'Action !', on avait le droit de s'extirper
de nos liens, ce qui était assez réconfortant".
Pour que les acteurs ne se débattent pas dans le
vide, le chef-cascadeur Glenn Boswell a fait en sorte que ses cascadeurs
portent des costumes de "Kermit" (surnommés ainsi en raison des
combinaisons vertes les enveloppant de la tête aux pieds) qui, par la suite,
ont été remplacés par les Araignées. "On ne peut pas agiter une arme dans le vide ou asséner
un coup et donner l'impression qu'on a vraiment touché son adversaire", affirme Boswell. "Du coup, on a donné aux comédiens
des cibles – comme des coussins et des bâtons verts – qu'ils pouvaient
atteindre physiquement".
On retrouve le motif sylvestre dans la forteresse de Thranduil,
nichée au coeur de la Forêt Noire : il s'agit d'un ensemble de grottes de
calcaire creusées dans la montagne, parcourues d'énormes racines d'arbres et
d'une rivière. "La
décoration rappelle les éléments Art Nouveau qu'on a utilisés à Fondcombe, mais
dans un espace beaucoup plus clos", précise Hennah.
"Les
Elfes Sylvestres viennent de la forêt et ont découvert un refuge au cœur de la
montagne qu'ils sont à même de protéger, mais ils y ont apporté l'influence de
leurs origines, si bien que tous les piliers sont creusés comme des arbres. Ce
n'est pas une simple grotte car elle dispose de ravins, de passages et
d'immenses ponts en calcaire grâce auxquels on peut la traverser".
En raison de ses dimensions imposantes, la
grotte a dû être conçue presque entièrement en infographie – à l'exception de
quelques décors construits en dur, comme la majestueuse salle du trône de
Thranduil, la cave à vins des Elfes et les cellules où les Nains sont enfermés.
La séquence où ils s'enfuient sur des tonneaux en descendant un ravin, puis en
rejoignant la rivière au fort courant, a représenté l'un des plus grands défis
pour l'équipe technique. "Même
par temps calme, c'est difficile de tourner sur l'eau", explique Jackson. "Mais pour la scène des tonneaux,
telle qu'on l'avait imaginée, il ne nous fallait pas une rivière calme : on
voulait que les acteurs soient à l'intérieur des tonneaux, sans le couvercle,
et qu'ils descendent les rapides les plus dangereux au monde ! On n'a donc pas envisagé
un seul dispositif, mais plusieurs …"
Afin de permettre à Jackson de travailler avec les acteurs dans un
environnement parfaitement maîtrisé et sécurisé, le département artistique,
l'équipe Effets spéciaux et les cascadeurs ont conçu une rivière intérieure,
évoquant, selon Jackson, "le
genre d'attraction qui se pratique à bord d'un bateau en forme de rondin".
Le bassin à remous réniforme a été construit de
sorte à pouvoir laisser passer deux tonneaux dans sa partie la plus étroite :
le superviseur Effets spéciaux Steve Ingram et son équipe ont installé des jets
d'eau d'une puissance de plus de 372 000 Watts afin de brasser près de 30 m3 d'eau.
Pour assurer la sécurité des acteurs, Boswell et les
cascadeurs ont plongé pour vérifier la flottabilité des tonneaux, en utilisant
des tubes remplis d'air et des lests en acier. Pour les plans larges en
extérieurs tournés sur une rivière aux eaux plus calmes, la production s'est
ensuite rendue sur le fleuve Pelorus. Bien qu'il soit spectaculaire, ce fleuve serpente
le long d'une gorge étroite, si bien qu'il est quasiment impossible d'y
acheminer du matériel de tournage. Il a donc fallu déployer 90 m d'échafaudages
depuis le parking, puis le faire enjamber le fleuve.
Le régisseur d'extérieurs
Jared Connon raconte : "On
avait positionné notre grue TechnoCrane de 2 tonnes sur un piton rocheux, on
avait installé des Jets Skis dans l'eau et disposé des équipements pour les
cascades un peu partout, tandis que les gars des effets spéciaux mettaient en
place une petite cascade". Mais vers la fin du tournage, une pluie diluvienne s'est abattue,
inondant quasiment l'intégralité du dispositif. Jackson souhaitait également
filmer les tonneaux pris dans des rapides d'une violence extrême, ce qui était
presque impossible à faire en Nouvelle-Zélande.
Mais le cinéaste s'est souvenu
qu'il avait visité le Barrage d'Aratiatia, près du Lac Taupo, avec ses parents
quand il était petit. "Sous
le barrage, il y a un ravin rocailleux qui serpente sur près de 2 km", indique-t-il. "La plupart du temps, il est à sec, mais toutes les trois
ou quatre heures, lorsque les vannes du barrage s'ouvrent, il se transforme en un
fleuve redoutable qui emporte tout sur son passage". Consciente qu'il était impossible d'installer
des acteurs dans les tonneaux lorsque les rapides se déchaînent, la production
les a alors remplacés par des avatars numériques.
La séquence a été
intégralement préparée en prévisualisation : les éléments composant chaque plan
ont alors été soigneusement séquencés et élaborés. Christian Rivers et une
équipe de Weta Digital se sont ainsi rendus au Barrage d'Aratiatia pour tourner
autant d'images de l'ouverture des vannes que possible et pour se synchroniser
précisément avec la centrale hydroélectrique qui contrôle le Barrage. Une fois
les caméras postées à des endroits stratégiques tout le long de la gorge, les tonneaux
soigneusement lestés – équipés, pour certains, de caméras numériques GoPro
destinées à enregistrer des plans subjectifs – se sont élancés dans les rapides
pendant les dix minutes d'ouverture des vannes.
"Et puis, les vannes se sont
refermées, les tonneaux ont été évacués, et on a pu savourer une bonne tasse de
thé", ajoute
Jackson en souriant. Selon Letteri, les hommes de Weta Digital ont travaillé
sur la quasi-totalité des plans de la séquence, en créant des décors et des
personnages numériques ou en simulant des courants. "Pour nous, c'était ce qu'il y avait
de plus difficile sur le plan des effets visuels", dit-il.
"On passait notre temps à reconstruire et à réaménager
les voies navigables, au fur et à mesure que l'animation s'affinait. D'un point
de vue technique, le plus difficile, c'était la simulation du courant car, dans
le même temps, on balançait des tonnes d'eau dans ces rapides, tandis qu'il
fallait intégrer numériquement les tonneaux et l'animation de manière
adéquate".
"En mêlant prises de vue réelles avec les comédiens et
plans numériques de l'eau en mouvement, je pense que le spectateur aura vraiment
le sentiment de se retrouver à bord de ces tonneaux pris au piège de ces
courants absolument terrifiants", conclut Jackson.
UNE VILLE HABITÉE PAR DES HOMMES
Les Hommes font leur première apparition dans la trilogie, non pas
dans une forteresse bâtie par des Rois, mais dans une ville de maisons de bois
construites sur l'eau par des gens ordinaires.
"Avec Esgaroth, on découvre un
nouveau monde – celui des Hommes", remarque Fran Walsh. "En pénétrant ce nouvel univers, on ressent le petit
frisson qui nous saisit quand on entre en terre inconnue". Comme dans le livre, son style s'inspire des
villages de type celtique qu'on trouve dans la région des lacs en Suisse.
"On s'est aussi inspirés de
l'architecture en bois extraordinaire propre à la Russie", signale John Howe. "Mais sous le bois, on se rend
compte que la ville dissimule les ruines d'une ancienne cité de pierre". Décor particulièrement apprécié par les
comédiens et les techniciens, Esgaroth a été construit à deux endroits : un
immense plateau de 0,2 ha qui a mis 3 mois à être bâti, et plusieurs versions
d'un décor à divers niveaux installé sur le plateau K de Stone Street
s'étendant sur 0,12 ha.
L'ensemblier Ra Vincent s'explique : "On a travaillé l'architecture par
strates. On a construit d'énormes décors pour donner le sentiment que l'espace
était encombré et que la ville était animée – c'est ainsi qu'on aperçoit des
bateaux sillonnant les canaux et des habitants qui pêchent et vaquent à leurs
occupations". Chaque
plateau d'Esgaroth comprenait quelque 40 bâtiments, installés sur roulettes
afin d'être facilement déplacés. Les ouvertures ont également été placées à des
endroits stratégiques dans chaque bâtiment afin de pouvoir les accrocher à une
grue et de les réemployer par la suite.
Et comme l'hiver règne sur Esgaroth, le
décor a été entièrement recouvert de neige composée de sulfate de magnésium,
tandis que des feuilles de cire campaient la glace flottant sur l'eau. Le directeur
artistique en chef Simon Bright note : "Ce qui était difficile, c'est qu'on a construit Esgaroth
sur un plateau déjà humide, si bien qu'on a dû encore le réaménager".
Le tournage des séquences d'Esgaroth a posé de
nombreux problèmes à l'équipe : "On était censés ne tourner les extérieurs que de nuit,
mais inévitablement, on a fini par tourner au crépuscule, au petit matin, le
jour et la nuit, ce qui n'était pas simple", précise le directeur de la photo Andrew Lesnie.
Mais il a pris beaucoup de plaisir à tourner des images nocturnes de la ville :
"C'est un décor complexe, accidenté et
alambiqué, et traversé de ravins, de souterrains et de places, ce qui est
difficile pour des caméras, mis qui crée des conditions formidables pour
composer un plan. Dès lors qu'on plonge la caméra le long d'un étroit canal, on
ressent l'espace qui se referme sur soi, et plus encore en 3D".
Pour Jackson, il était important que la présence
des habitants d'Esgaroth se fasse sentir : "On tenait à ce que le décor nous renseigne sur la
situation actuelle de ces gens, et c'est pour cela que la ville est en déclin
et qu'une certaine tristesse y règne", dit-il.
"Elle
rappelle un peu le Londres de Charles Dickens, mais on voulait aussi créer un
effet mystérieux, qui joue sur les ombres portées et qui évoque le film
noir".
LA VILLE SOUS LA MONTAGNE
Le périple des Nains vers l'Est finit par les ramener au Royaume
Perdu d'Erebor construit sur le Mont Solitaire. "En apparence, on ne distingue
qu'une porte, mais dès qu'on passe cette porte, on découvre un monde fascinant
d'oeuvres artistiques, de richesse, d'architecture et de lumière dorée", indique le réalisateur.
"C'est leur terre – une terre
sacrée, un empire souterrain où les Nains ont exploité une mine de pierres
précieuses et d'or grâce à laquelle ils ont fait fortune. Mais 60 ans après son
apogée, Smaug a trouvé son refuge au milieu d'une mine d'or appartenant aux
Nains".
Pour les
graphistes, Erebor représentait l'occasion d'exprimer la personnalité et le
style des Nains. "Ce
qui est formidable chez les Nains, c'est qu'ils sont petits et trapus, mais
qu'ils se voient énormes et que, du coup, cela se retrouve dans leur
architecture et leurs sculptures", précise Hennah.
La ville elle-même est un bel exemple d'architecture
et reflète l'élégance de l'artisanat propre aux Nains : "À certains endroits, on ne voit que
de la pierre brute, et à d'autres, des colonnes sophistiquées, des passages et
des trônes", reprend
Hennah. "Et dans
chaque trou, les Nains ont exploité de l'or et des pierres précieuses, et y ont
laissé leurs marques". Étant donné que les Nains ont extrait des pierres précieuses dans la
montagne pendant des siècles, la forme des mines correspond aux veines du
marbre vert, si bien qu'elles sont asymétriques et inégales.
Selon Alan Lee, "Les Nains ne dessinent pas de
courbes : tout s'inspire de bijoux et de cristaux à multiples facettes, de
lignes droites et d'angles. C'est leur Royaume perdu, qui doit donner l'air d'être
une sorte de paradis pour Nains, mais il faut que les voûtes et l'architecture
en général soient suffisamment grandes pour que Smaug puisse s'y frayer un
chemin". La
montagne d'or où sommeille le Dragon se compose de plaques de métal gravé, et
de pièces de monnaie en caoutchouc moulé, recouverts sous une strate de 170 000
pièces d'aluminium plaquées en or, et de 2000 gobelets fabriqués à la main, et
de dizaines de colliers, de pépites et de cristaux.
"On a construit tout un studio
rempli d'or qui s'élevait à 12 m au-dessus du sol", ajoute Hennah. Le décor en dur ne représente
qu'une infime partie du repaire de Smaug. Ses proportions gigantesques et le
trésor qu'il renferme ont été générés en infographie par Weta Digital.
"On a dû mettre au point un logiciel
mathématique spécifique pour les pièces d'or en raison du volume impressionnant
que Smaug a amassé", note
Eric Saindon. "Par
ailleurs, le dragon est grand comme deux Boeing 747, si bien que la quantité de
pièces nécessaires pour le recouvrir entièrement était délirante. On fabriquait
20 millions de pièces à la fois, qui s'entrechoquaient lorsque Smaug se roulait
dedans et les jetait en l'air. C'est une scène géniale".
"Smaug est
fasciné par l'or", ajoute
le réalisateur. "Non
pas parce qu'il peut le dépenser, mais parce que ça l'a rendu fou. Il s'y
abandonne avec concupiscence rien qu'en y pensant. Il vit avec cet or depuis
des années, tout en sachant qu'un jour quelqu'un – les Nains ou toute autre
créature – tentera de le lui dérober. Mais lorsque ce jour-là arrive, ce n'est
pas un Nain qui se présente, mais un petit Hobbit".
LA MUSIQUE ET LES EFFETS SONORES : LES NAINS ET LES DRAGONS SONT
À LA FÊTE
Après avoir composé une partition mémorable pour la trilogie du
SEIGNEUR DES ANNEAUX, dont la musique oscarisée du troisième volet, Howard
Shore poursuit son périple musical en Terre du Milieu. Sa composition évoque
les émotions et les réflexions des personnages, et met en valeur chaque étape
de leur aventure, depuis leur terrifiante odyssée à travers le Royaume des
Forêts jusqu'aux dangers qui les guettent à Esgaroth et, bien entendu, au Mont
Solitaire.
Comme il le dit lui-même, "J'avais hâte de trouver un thème pour Smaug. J'ai écrit plusieurs
motifs inédits pour ce deuxième opus, en particulier pour le Dragon, mais aussi
pour Esgaroth, la Forêt Noire et le Royaume des Forêts".
"La musique
de Howard Shore enrichit notre perception des images grâce à des sonorités
uniques au monde", s'enthousiasme
Jackson. "Il a
vraiment su créer un univers musical qui lui est propre". Le compositeur – "le 16ème membre de la Compagnie", selon le cinéaste – ajoute : "Je compose d'abord les thèmes, et puis je me laisse
influencer par les images de Peter. Mais je pars toujours du livre et du scénario
: ce sont les mots de Tolkien qui me servent de guide. Je cherche à bien
comprendre ses idées qui résonnent fortement en moi et à les exprimer
musicalement".
D'autre
part, Shore a collaboré avec Philippa Boyens et Fran Walsh pour mettre au point
les choeurs, s'inspirant de la langue de Tolkien pour leur style et leur
tonalité. "Ces
sonorités sont vraiment propres à Tolkien", signale Philippa Boyens. "Et Howard a réussi à les transposer
en y apportant une grande sincérité. Tout comme pour le premier volet, les
choeurs ont été enregistrés par les London Voices, à Londres, sous la direction
de Terry Edwards". Tandis
que Shore écrivait la partition depuis sa maison de Tuxedo, dans l'État de New York,
Jackson travaillait à la postproduction, tout en assistant aux orchestrations à
Wellington, où Conrad Pope dirigeait le New Zealand Symphony Orchestra.
"J'adore sa musique", dit-il. "Elle est à la fois ample et évocatrice, tout en ayant
son propre style. Grâce à elle, je parvenais à visualiser chaque personnage".
"Avec Peter, on discute de façon détaillée l'utilisation de la musique
pour chaque scène et le résultat qu'on cherche à obtenir", signale Shore.
"On collabore tout au long du tournage pour élaborer les
séquences jusqu'à ce qu'on trouve le bon équilibre". Jackson avait déjà travaillé avec le New Zealand
Symphony Orchestra pour une brève séquence du SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA
COMMUNAUTÉ DE L'ANNEAU et souhaitait lui accorder une place majeure pour ce
nouveau projet. "Je
suis enchanté qu'on ait pu faire appel à cette formation pour l'intégralité de
la bande-originale", dit-il.
"Ce sont des musiciens passionnés,
et ça s'entend. C'est une partition enflammée qui s'assume comme telle".
La bande-originale comprend la chanson originale
"I See Fire", écrite par Ed Sheeran, compositeur et interprète
anglais de 22 ans, cité au Grammy et plusieurs fois disque de platine. "Ed Sheeran est le fan le plus
inconditionnel de cette saga que j'aie jamais rencontré", indique Jackson. "Je l'ai appelé alors qu'il était à
Londres et, dès le lendemain, il prenait l'avion pour venir me rencontrer, et
cette chanson traduit son attachement au film. C'est parfait". Le chanteur était, lui aussi, ravi : "Non seulement Peter est l'un de mes
réalisateurs préférés, mais 'le Hobbit' est le premier livre que j'aie lu quand
j'étais gamin, si bien que, pour moi, c'était extraordinaire de pouvoir écrire
une chanson pour ce film".
La partition a été enregistrée à la mairie de Wellington, bâtiment
d'une centaine d'années. Pour aménager les lieux en studio d'enregistrement,
Jackson a fait appel à l'ingénieur du son Peter Cobbin, d'Abbey Road, qui a
apporté ses propres micros depuis l'Angleterre. Jackson a immédiatement été
séduit par ces micros à tube d'une soixantaine d'années : "Pete a positionné ces micros
astucieusement pour enregistrer non seulement les instruments, mais aussi le
son particulier de cet espace magnifique, et il a su rendre la manière dont la
musique se propageait dans ces lieux centenaires", note le réalisateur.
Pour Cobbin, la 3D
représentait un défi intéressant : "Peter souhaitait que la musique enveloppe, pour ainsi
dire, la salle de cinéma, si bien qu'il a fallu faire quelques acrobaties pour
équilibrer la musique avec la bande-son du film". Pour les ingénieurs du son, ce deuxième volet
mettait en scène de nouveaux personnages nécessitant une "présence"
sonore, à l'image des Araignées géantes, de Beorn le Changeur de Peau, des
Orques qui s'expriment en Parler Noir, du Nécromancien et de Smaug le Dragon.
"Peter savait très précisément ce
qu'il voulait", reprend
Philippa Boyens. "Il
a une excellente oreille et il tient à ce que le son des créatures les plus
surnaturelles soit réaliste et original. Dans certains cas, ces sonorités sont guidées
par la prestation de l'acteur qui 'interprète' la créature". Plusieurs mixeurs oscarisés ont créé la palette
sonore de la Terre du Milieu, comme Michael Semanick qui s'est occupé de la
musique, Mike Hedges des dialogues et Chris Boyes des effets sonores. Citons
encore le superviseur Effets sonores Brent Burge, le superviseur Dialogue/Sons
Chris Ward et les designers sonores David Farmer et David Whitehead. Pour
Semanick, une scène est particulièrement emblématique de son travail – celle
entre Gandalf et Thorin au début du film. "Ils se penchent l'un vers l'autre et les sons tout
autour d'eux s'estompent pour laisser place à la musique, évocatrice de
l'aventure qui les attend", dit-il.
"C'est
le genre de transition sonore qui annonce l'aventure à venir". L'expérience de ce tournage, en compagnie de
Bilbon, Gandalf et de la Compagnie des Nains, a été mémorable – et Jackson
espère que le spectateur sera, lui aussi, comblé : "Quand vous entendez des spectateurs
de 7 à 77 ans vous dire qu'ils ont adoré le premier opus et qu'ils ont hâte de
savoir ce qui va se passer, ça vous inspire pour la suite", souligne le réalisateur.
"Cette fois, les personnages sont en
place et les enjeux bien définis, et on a envie de maintenir la tension et le
suspense jusqu'au bout. C'était un vrai bonheur de se replonger dans cet
univers et de faire vivre au spectateur cette aventure extraordinaire".
Retrouvez mon avis sur LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU en suivant ce lien : http://minu.me/7opk
Autre post du blog lié à LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG : http://minu.me/btuu
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